
Le précurseur, saint Jean, le Baptiste, par Tiziano Vecellio, dit le Titien (1489/1490-1576) Huile sur toile – 185 x 114 cm El Escorial, Monastère (Domaine public)
Nous retrouvons ce matin Jean, le Baptiste, qui nous a interpellé la semaine dernière dans l’évangile du 2e dimanche de l’Avent par une prédication inspirante et dérangeante. Nous le retrouvons aujourd'hui alors qu’il est en prison, enfermé parce que son franc-parler lui a mis à dos les autorités politiques représentées par le roi Hérode.
I- Un questionnement légitime
Dans ces moments à l’écart, ses pensées flottent et les doutes l’assaillent : « Jésus qu’il a baptisé dans le Jourdain, est-il bien le Messie qui doit venir? » Il va s’en ouvrir à ses disciples qui le visitent et ceux-ci vont se charger d’aller poser la question à Jésus lui-même. Au nom de Jean, le Baptiste, ils demandent à Jésus « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre? » Une question qui nous rejoint tous et toutes car nous sommes souvent « emprisonnés » dans nos habitudes, nos péchés, nos limites et notre foi en souffre. Les doutes nous assaillent comme dans le cas de Jean, le Baptiste. Comment les surmonter?
Revenons à la réponse de Jésus qui nous éclairera. Jésus ne répond pas directement à la question des disciples de Jean. Il les renvoie à eux-mêmes. « Prenez la peine de regarder autour de vous. Examinez le signes qui accompagnent mon ministère » leur dit-il. Et en toute humilité il les énumère : « Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. »
Les envoyés de Jean ont leur réponse. Ils s’en vont le retrouver dans sa prison.
II- Reconnaître les signes de la promesse
Qu’est-ce qui se passe alors? L’évangile ne le dit pas explicitement. Mais on peut penser que Jean, le Baptiste, est plus que rassuré, il voit se confirmer ce qu’il avait entrevu au baptême de Jésus : « Celui-ci est bien l’Envoyé du Père ». Pourquoi? Parce que les signes donnés par Jésus sont ceux que les prophètes donnaient. Il se rappelle les paroles du prophète Isaïe qu’il connait bien et que la première lecture nous a présentées : Quand la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu se manifestera, dit Isaïe, « alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ».
Tels sont les signes de la Venue du Sauveur, de la Manifestation de Dieu, qu’Isaïe donne et ce sont les mêmes signes que Jésus communiquent aux disciples de Jean. Car le Sauveur est là, il n’est plus seulement entrevu et attendu, il est venu. En Lui, Dieu s’est manifesté définitivement comme le Dieu bon et miséricordieux qui veut que toutes les personnes soient sauvées et se retrouvent dans son Royaume, dans sa maison.
III- L’inclusion dans le Royaume
Un temps nouveau est commencé avec la Venue du Sauveur annoncé. Le Royaume de Dieu est arrivé. Il inclut tout le monde à commencer par les plus petits, les pauvres, les exclus. « Bienheureux les pauvres, les doux, ceux qui ont faim et soif de justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix ceux qui sont persécutés pour la justice» dira Jésus dans sa prédication, dans ces béatitudes que vous connaissez bien qui sont comme la charte du Royaume de Dieu (Mathieu 5, 3-12).
Dans ce Royaume, il a un renversement total de nos perceptions. Même un grand prophète comme Jean, le Baptiste, cède le pas devant le pauvre et le petit parce, lui, il a été le Précurseur, annonçant le Royaume, sans hélas! y entrer directement, tandis que, comme le dit Jésus, maintenant tous peuvent y entrer et « le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui, [Jean, le Baptiste] » parce que ce « plus petit » est devenu enfant de Dieu, héritier de Dieu, héritier du Royaume avec Jésus (Romains 8, 16-17). Ce qui est une belle nouvelle pour chacun et chacune d’entre nous. En effet, la mesure de l’amour de Dieu est d’aimer sans mesure toutes les personnes avec leurs limites, qui qu’elles soient, de les aimer pour elles-mêmes pour les faire grandir.
Pour chacun et chacun d’entre nous, ce qui est important c’est la réponse à cet amour sans mesure. L’apôtre saint Jacques dans la deuxième lecture, en fin connaisseur de l’âme humaine, nous recommande la patience et l’endurance. Il nous donne l’image du cultivateur qui attend les fruits de la terre avec patience jusqu’à la récolte précoce ou tardive. C’est ce qui est important : tenir ferme dans la foi en l’amour de Dieu révélé en Jésus-Christ à travers les événements et les situations de toutes sortes dans nos vies, dans l’Église et dans notre monde.
Conclusion
Réunis autour de la table du Seigneur, en ce 3e dimanche de l’Avent qui est appelé le « Dimanche de la joie », n’ayons pas peur de laisser éclater notre joie d’être appelés à vivre de nouveau la Venue du Seigneur. Préparons-nous y le mieux possible pendant le temps de l’Avent par une fidélité plus grande à la prière et à l’entraide fraternelle.
Comme le dit le Chant d’entrée liturgique dont les premiers mots ont servi pour qualifier le 3e dimanche de l’Avent de « Dimanche de la joie » : « Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche » (Philippiens 4, 4-5).
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
6 décembre 2016
I- Un questionnement légitime
Dans ces moments à l’écart, ses pensées flottent et les doutes l’assaillent : « Jésus qu’il a baptisé dans le Jourdain, est-il bien le Messie qui doit venir? » Il va s’en ouvrir à ses disciples qui le visitent et ceux-ci vont se charger d’aller poser la question à Jésus lui-même. Au nom de Jean, le Baptiste, ils demandent à Jésus « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre? » Une question qui nous rejoint tous et toutes car nous sommes souvent « emprisonnés » dans nos habitudes, nos péchés, nos limites et notre foi en souffre. Les doutes nous assaillent comme dans le cas de Jean, le Baptiste. Comment les surmonter?
Revenons à la réponse de Jésus qui nous éclairera. Jésus ne répond pas directement à la question des disciples de Jean. Il les renvoie à eux-mêmes. « Prenez la peine de regarder autour de vous. Examinez le signes qui accompagnent mon ministère » leur dit-il. Et en toute humilité il les énumère : « Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. »
Les envoyés de Jean ont leur réponse. Ils s’en vont le retrouver dans sa prison.
II- Reconnaître les signes de la promesse
Qu’est-ce qui se passe alors? L’évangile ne le dit pas explicitement. Mais on peut penser que Jean, le Baptiste, est plus que rassuré, il voit se confirmer ce qu’il avait entrevu au baptême de Jésus : « Celui-ci est bien l’Envoyé du Père ». Pourquoi? Parce que les signes donnés par Jésus sont ceux que les prophètes donnaient. Il se rappelle les paroles du prophète Isaïe qu’il connait bien et que la première lecture nous a présentées : Quand la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu se manifestera, dit Isaïe, « alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ».
Tels sont les signes de la Venue du Sauveur, de la Manifestation de Dieu, qu’Isaïe donne et ce sont les mêmes signes que Jésus communiquent aux disciples de Jean. Car le Sauveur est là, il n’est plus seulement entrevu et attendu, il est venu. En Lui, Dieu s’est manifesté définitivement comme le Dieu bon et miséricordieux qui veut que toutes les personnes soient sauvées et se retrouvent dans son Royaume, dans sa maison.
III- L’inclusion dans le Royaume
Un temps nouveau est commencé avec la Venue du Sauveur annoncé. Le Royaume de Dieu est arrivé. Il inclut tout le monde à commencer par les plus petits, les pauvres, les exclus. « Bienheureux les pauvres, les doux, ceux qui ont faim et soif de justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix ceux qui sont persécutés pour la justice» dira Jésus dans sa prédication, dans ces béatitudes que vous connaissez bien qui sont comme la charte du Royaume de Dieu (Mathieu 5, 3-12).
Dans ce Royaume, il a un renversement total de nos perceptions. Même un grand prophète comme Jean, le Baptiste, cède le pas devant le pauvre et le petit parce, lui, il a été le Précurseur, annonçant le Royaume, sans hélas! y entrer directement, tandis que, comme le dit Jésus, maintenant tous peuvent y entrer et « le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui, [Jean, le Baptiste] » parce que ce « plus petit » est devenu enfant de Dieu, héritier de Dieu, héritier du Royaume avec Jésus (Romains 8, 16-17). Ce qui est une belle nouvelle pour chacun et chacune d’entre nous. En effet, la mesure de l’amour de Dieu est d’aimer sans mesure toutes les personnes avec leurs limites, qui qu’elles soient, de les aimer pour elles-mêmes pour les faire grandir.
Pour chacun et chacun d’entre nous, ce qui est important c’est la réponse à cet amour sans mesure. L’apôtre saint Jacques dans la deuxième lecture, en fin connaisseur de l’âme humaine, nous recommande la patience et l’endurance. Il nous donne l’image du cultivateur qui attend les fruits de la terre avec patience jusqu’à la récolte précoce ou tardive. C’est ce qui est important : tenir ferme dans la foi en l’amour de Dieu révélé en Jésus-Christ à travers les événements et les situations de toutes sortes dans nos vies, dans l’Église et dans notre monde.
Conclusion
Réunis autour de la table du Seigneur, en ce 3e dimanche de l’Avent qui est appelé le « Dimanche de la joie », n’ayons pas peur de laisser éclater notre joie d’être appelés à vivre de nouveau la Venue du Seigneur. Préparons-nous y le mieux possible pendant le temps de l’Avent par une fidélité plus grande à la prière et à l’entraide fraternelle.
Comme le dit le Chant d’entrée liturgique dont les premiers mots ont servi pour qualifier le 3e dimanche de l’Avent de « Dimanche de la joie » : « Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche » (Philippiens 4, 4-5).
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
6 décembre 2016