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Homélie pour le 4e dimanche du Carême Année C : « Le Père miséricordieux et ses deux fils » (Luc 15, 1-3.11-32)

Homélie pour le 4e dimanche du Carême Année C le 6 mars 2016 par Mgr Hermann Giguère P. H., Séminaire de Québec. Textes: Josué 5, 10-12, 2 Corinthiens 5, 17-21 et Luc 15, 1-3.11-32.



Le retour du fils prodigue par Rembandt.Tableau de Rembrandt, peint en 1668. Cette huile sur toile de grandes dimensions, est depuis 1766 conservée au musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg (Domaine public via Wikimedia Commons).
Le retour du fils prodigue par Rembandt.Tableau de Rembrandt, peint en 1668. Cette huile sur toile de grandes dimensions, est depuis 1766 conservée au musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg (Domaine public via Wikimedia Commons).
Auparavant, cette parabole de l’Évangile de saint Luc que nous venons de lire avait comme titre la parabole de l’Enfant prodigue ou encore du Fils prodigue. Maintenant on préfère la nommer la parabole du Père miséricordieux. L’accent n’est plus mis sur les fautes, le péché, mais sur le pardon et la miséricorde.

Le terme miséricorde se dit en hébreu, la langue principale de la Bible dans l’Ancien Testament, « rahamim » qui est un pluriel qui signifie « entrailles » [Voir à la fin la citation de l’abbé Yves Guillemette]. Être miséricordieux, c’est être ému dans ses entrailles. La miséricorde ainsi est vue comme venant du dedans, comme une émotion remplie de bienveillance et d’amour comme celle d’une mère pour son enfant qu’elle a porté dans ses entrailles.

C’est avec cet arrière-fond qu’il faut entendre aujourd’hui la parabole du Père miséricordieux.

I - Le récit de saint Luc

Cette histoire comme toute parabole n’est pas anodine. Elle est montée avec art pour donner un enseignement, faire comprendre un aspect du message de Jésus.

Jésus a utilisé abondamment ce style des paraboles. Comme celle qui nous occupe, elles sont remplies de détails très visuels. Ici, c’est, entre autres, la demande de son héritage par le fils, le départ pour un pays lointain, le fils dans la soue à cochons, puis le fils rentrant en lui-même, le père embrassant le fils à son retour à la maison, le frère ainé courroucé, le festin préparé par le père.

Et au terme de ce tableau coloré tombe le message que Jésus veut qu’on retienne : « Mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé ».

Le même message sera repris par Jésus plusieurs fois dans sa prédication. Dans la parabole de la brebis perdue, par exemple, qui précède immédiatement celle du Père miséricordieux, le récit se termine avec ces mots. «  Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Luc 15, 7)

II – Les deux fils

La phrase du père citée plus haut : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » est reprise par le père en face de son fils aîné qui rabroue son père devant tant de bonté pour un fils qui l’a abandonné : « Ton frère, dit le père - ce n'est plus mon fils, mais ton frère - que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »

En d’autres termes, le père dit à son fils aîné : « Mon fils prodigue c’est aussi ton frère. Tu ne peux pas, toi comme moi, ne pas laisser tes entrailles être touchées. Ne regarde pas seulement ce qu’il a fait, mais accueille ce qu’il veut devenir en revenant à la maison avec nous. Accueille ce qu'il a désir d'être sans te poser de questions. »

Tout un contrat qui est proposé ainsi au fils aîné. C’est ce qui nous est proposé à nous aussi.

III- Des bras ouverts à tous et à toutes

Vous voyez, la leçon de cette parabole est simple : notre Dieu est là pour nous tous et toutes qui que nous soyons. Il est un Dieu qui pardonne et qui a toujours les bras grand ouverts. En un mot, notre Dieu est miséricorde, il ne fait pas de distinction de personnes.

À l'inverse de cette ouverture miséricordieuse, nous sommes hélas! souvent tentés de cataloguer les gens comme bons ou mauvais. D’un côté, les gens bien, toujours fidèles, comme le fils aîné et, de l’autre, les étourdis, les exploiteurs, les pécheurs de toutes sortes comme le fils prodigue. C’est une tentation récurrente que celle de diviser le monde ainsi.

Bien sûr, le royaume de lumière et le royaume des ténèbres existent, mais saint Jean qui le rappelle souvent insiste pour nous rappeler qu'ils ne sont pas extérieurs à nous (Jean 3, 20-21). C'est ce que constatait saint Paul lorsqu'il écrivait aux chrétiens de Rome : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas. » (Romains 7, 19)

Mes frères, mes soeurs, marchons avec confiance à la suite de Jésus, car le Père des cieux, symbolisé par le père de la parabole, accueille chacun et chacune, tel et telle qu'il est, malgré ses faiblesses et ses fautes, comme un Père miséricordieux.

Il en est ainsi de notre Église, le Corps du Christ. Comme nous, elle a en elle du bon et du mauvais. Elle est malheureusement parfois infidèle, elle a des erreurs à se faire pardonner, de grandes fautes commises au cours son l’histoire et encore aujourd’hui, mais elle peut se tourner avec confiance vers Dieu qui lui dit « Tu étais perdue, tu es revenue à la vie, faisons un festin ».

Conclusion

Ce matin, cette invitation retentit pour nous ici réunis ensemble dans la foi au même Dieu et autour de la table préparée par son Fils bien-aimé pour nous accueillir malgré nos manques et nos fautes, car ce Fils bien-aimé est venu pour chercher et sauver ce qui était perdu (Luc 19, 10).

Au cours des prochaines semaines qui nous préparent à Pâques, laissons nos entrailles s’émouvoir comme celles du Père de la parabole et faisons place en nous à la miséricorde pour nos frères et sœurs humains, car « la miséricorde peut changer l’histoire » comme le soulignait, avec raison, le pape François dans sa catéchèse lors de l’audience générale 24 février 2016 sur la place Saint-Pierre.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec


1 mars 2016





Citation de l’abbé Yves Guillemette, ptre tirée du site Interbible, le portail biblique francophone (Montréal, Québec)
http://www.interbible.org/interBible/ecritures/mots/2002/mots_020222.htm

Le mot hébreux rahamim est un pluriel qui signifie « entrailles ». Les hébreux considéraient que les entrailles, en tant que siège de tous les sentiments, pouvaient s'émouvoir sous le coup de la douleur ou d'une peine. C'est peut-être en ressentant des « papillons dans le ventre », comme on dit, qu'ils en étaient arrivés à considérer la miséricorde, comme un sentiment qui a son origine au sein même de la personne. La miséricorde apparaît alors comme l'attachement d'un être à un autre. Mais le terme rahamim désigne surtout l'attachement qui unit Dieu à l'être humain, comme si les « entrailles de Dieu » frémissaient en pensant à l'homme. Ainsi Dieu s'émeut avec tendresse comme un père ou une mère à l'égard de leurs enfants.


Le fils prodigue qui réfléchit et rentre en lui-même Luc 15, 17  (Crédits photo : Bernadette Lopez, alias Berna dans Évangile et peinture )
Le fils prodigue qui réfléchit et rentre en lui-même Luc 15, 17 (Crédits photo : Bernadette Lopez, alias Berna dans Évangile et peinture )

Mardi 1 Mars 2016
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