La résurrection de Lazare est le dernier des signes que rapporte saint Jean avant la Passion de Jésus. Ce signe annonce la Résurrection de Jésus. Il la préfigure. Il en est comme l’avant-première. Il nous permet ainsi de saisir l’essentiel de notre Baptême qui nous fait passer avec Jésus de la mort à la vie. « Si nous mourrons avec lui, avec lui nous vivrons » dit Saint Paul (Romains 14, 7).
Voilà en quelques mots l’enseignement que nous pouvons retenir de cet épisode des plus parlants de la vie de Jésus qui vient de nous être rappelé. Arrêtons-nous un peu plus longtemps pour le méditer.
I- La scène
Dans ce récit de la résurrection de Lazare nous avons plusieurs personnes qui sont mises en scène Marthe, Marie, les amis, Lazare et Jésus bien sûr. On est entraîné dans une scène de la vie courante. Jésus est au milieu de gens qui l’aiment et qu’il aime, de gens éprouvés par la peine, de gens qui se questionnent sur les événements qu’ils vivent, éprouvés par la perte d’un être cher.
C’est une chose qui m’a frappé dans ce récit. Jésus est ici dans une grande famille, dans un groupe auquel il se rattache par des liens d’amitié, par une convivialité répétée. Jésus n’apparaît pas comme quelqu’un au-dessus des autres ou séparé de leurs préoccupations. Il est inséré dans la vie humaine ordinaire. C’est cela le mystère de l’Incarnation. Il est vraiment humain. Il a des amis, il pleure la mort de l’un d’eux, il console sa famille…et il fera pour elle un geste extraordinaire où se révèle sa nature divine, sa proximité particulière avec Dieu. Ce qu’il fait n’est pas prévu et surprend tout le monde. Il fait revenir son ami Lazare à la vie.
Mais avant ce signe éclatant, il prend le temps d’en donner le sens et de l’expliquer. Ce qui nous vaut le magnifique dialogue avec Marthe qui précède la résurrection de son frère. Jésus ainsi veut que les gens autour de lui ne se laissent pas prendre uniquement par le miracle qui suivra, mais par son sens et sa signification pour leur foi.
Les miracles de Jésus pour l’évangéliste saint Jean sont toujours des signes de sa mission. Vous vous souvenez de celui de Cana où il change l’eau en vin. Le récit qui en est fait se termine par ces mots « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.» (Jean 2, 11). Celui de la résurrection de Lazare est le dernier des signes que fait Jésus avant de passer de ce monde au père, avant sa mort et sa résurrection.
Réécoutons ce dialogue de Jésus avec Marthe à l’entrée du village alors qu’il arrive à Béthanie où Marthe et Marie l’attendent depuis quelques jours.
II- Le sens du signe de la résurrection de Lazare
Marthe commence par un doux reproche à Jésus « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort » et elle continue en lui exprimant une confiance absolue : « Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui répond en lui annonçant que son frère ressuscitera, ce qui ne surprend pas Marthe qui croit déjà à la résurrection des morts et qui dit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour ».
La réponse qui suit de la part de Jésus, en plus d’être inattendue pour elle, est renversante. Jésus lui demande un acte de foi totale. Il se révèle à elle en disant « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra : quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » Et il la provoque directement en lui demandant « Crois-tu cela? ».
Marthe fait ici la plus belle profession de foi qui puisse se faire : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde ». On peut penser que depuis le temps qu’ils connaissaient Jésus, Marthe ainsi que sa sœur Marie et son frère Lazare avaient saisi avec les yeux de la foi ce qu’était profondément cet ami qu’ils aimaient bien. Ils l’avaient entendu prêcher. Ses paroles les avaient remués. Ils les avaient méditées dans leur cœur et pour eux son caractère divin ne faisait pas de doute. C’est ce que Marthe exprime avec tout son cœur.
Le dialogue avec Marthe se complète avec l’arrivée de Marie, sa sœur, toute éplorée, qui y va, elle aussi, d’un doux reproche comme Marthe : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». Jésus continue son chemin et parvenu au tombeau, il rend grâces au Père et le miracle se produit. Lazare revient à la vie. Il sort de son tombeau, comme Jésus sortira du tombeau le troisième jour après la Passion.
III- Application au Baptême
Ce miracle, ce signe, est l’annonce de la résurrection de Jésus qui passe de la mort à la vie et aussi de notre Baptême. Le Baptême est un passage, en effet. Par le Baptême, nous sommes ensevelis avec le Christ et avec lui nous naissons à une vie nouvelle dans l’Esprit. C’est ce que signifie bien le baptême par immersion que font nos frères orthodoxes et que nous ne faisons plus, nous contentant de verser de l’eau sur la tête de la personne qui est baptisée, alors que nos frères orthodoxes, comme les premiers chrétiens, plongent la personne baptisée dans une cuve d’eau ou dans un ruisseau. Le symbolisme de la naissance à une vie nouvelle est ainsi beaucoup plus parlant.
Quoiqu’il en soit, être baptisé c’est mourir avec le Christ pour ressusciter avec lui, c’est passer de la vie ancienne à la vie nouvelle avec le Christ vivant totalement pour Dieu. « Car il est mort, et c`est pour le péché qu'il est mort une fois pour toutes; il est revenu à la vie, et c'est pour Dieu qu'il vit. » (Romains 6, 10).
Notre itinéraire baptismal éclairé cette année par trois grands récits : celui de la Samaritaine, celui de l’aveugle-né et aujourd’hui celui de la résurrection de Lazare nous a permis de nous préparer de façon remarquable à la Semaine Sainte où nous suivrons Jésus dans les derniers jours de sa vie. Être baptisé, en effet, c’est suivre Jésus, marcher sur ses traces et entrer avec lui dans le Dessein de Salut de Dieu pour l’humanité tout entière. Avec lui nous portons les péchés du monde, avec lui nous ressusciterons, avec lui nous verrons Dieu.
Conclusion
Que notre Eucharistie aujourd’hui soit pour nous une nouvelle occasion de faire comme Marthe une profession de foi totale en Jésus en lui disant : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
28 mars 2017
Voilà en quelques mots l’enseignement que nous pouvons retenir de cet épisode des plus parlants de la vie de Jésus qui vient de nous être rappelé. Arrêtons-nous un peu plus longtemps pour le méditer.
I- La scène
Dans ce récit de la résurrection de Lazare nous avons plusieurs personnes qui sont mises en scène Marthe, Marie, les amis, Lazare et Jésus bien sûr. On est entraîné dans une scène de la vie courante. Jésus est au milieu de gens qui l’aiment et qu’il aime, de gens éprouvés par la peine, de gens qui se questionnent sur les événements qu’ils vivent, éprouvés par la perte d’un être cher.
C’est une chose qui m’a frappé dans ce récit. Jésus est ici dans une grande famille, dans un groupe auquel il se rattache par des liens d’amitié, par une convivialité répétée. Jésus n’apparaît pas comme quelqu’un au-dessus des autres ou séparé de leurs préoccupations. Il est inséré dans la vie humaine ordinaire. C’est cela le mystère de l’Incarnation. Il est vraiment humain. Il a des amis, il pleure la mort de l’un d’eux, il console sa famille…et il fera pour elle un geste extraordinaire où se révèle sa nature divine, sa proximité particulière avec Dieu. Ce qu’il fait n’est pas prévu et surprend tout le monde. Il fait revenir son ami Lazare à la vie.
Mais avant ce signe éclatant, il prend le temps d’en donner le sens et de l’expliquer. Ce qui nous vaut le magnifique dialogue avec Marthe qui précède la résurrection de son frère. Jésus ainsi veut que les gens autour de lui ne se laissent pas prendre uniquement par le miracle qui suivra, mais par son sens et sa signification pour leur foi.
Les miracles de Jésus pour l’évangéliste saint Jean sont toujours des signes de sa mission. Vous vous souvenez de celui de Cana où il change l’eau en vin. Le récit qui en est fait se termine par ces mots « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.» (Jean 2, 11). Celui de la résurrection de Lazare est le dernier des signes que fait Jésus avant de passer de ce monde au père, avant sa mort et sa résurrection.
Réécoutons ce dialogue de Jésus avec Marthe à l’entrée du village alors qu’il arrive à Béthanie où Marthe et Marie l’attendent depuis quelques jours.
II- Le sens du signe de la résurrection de Lazare
Marthe commence par un doux reproche à Jésus « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort » et elle continue en lui exprimant une confiance absolue : « Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui répond en lui annonçant que son frère ressuscitera, ce qui ne surprend pas Marthe qui croit déjà à la résurrection des morts et qui dit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour ».
La réponse qui suit de la part de Jésus, en plus d’être inattendue pour elle, est renversante. Jésus lui demande un acte de foi totale. Il se révèle à elle en disant « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra : quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » Et il la provoque directement en lui demandant « Crois-tu cela? ».
Marthe fait ici la plus belle profession de foi qui puisse se faire : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde ». On peut penser que depuis le temps qu’ils connaissaient Jésus, Marthe ainsi que sa sœur Marie et son frère Lazare avaient saisi avec les yeux de la foi ce qu’était profondément cet ami qu’ils aimaient bien. Ils l’avaient entendu prêcher. Ses paroles les avaient remués. Ils les avaient méditées dans leur cœur et pour eux son caractère divin ne faisait pas de doute. C’est ce que Marthe exprime avec tout son cœur.
Le dialogue avec Marthe se complète avec l’arrivée de Marie, sa sœur, toute éplorée, qui y va, elle aussi, d’un doux reproche comme Marthe : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». Jésus continue son chemin et parvenu au tombeau, il rend grâces au Père et le miracle se produit. Lazare revient à la vie. Il sort de son tombeau, comme Jésus sortira du tombeau le troisième jour après la Passion.
III- Application au Baptême
Ce miracle, ce signe, est l’annonce de la résurrection de Jésus qui passe de la mort à la vie et aussi de notre Baptême. Le Baptême est un passage, en effet. Par le Baptême, nous sommes ensevelis avec le Christ et avec lui nous naissons à une vie nouvelle dans l’Esprit. C’est ce que signifie bien le baptême par immersion que font nos frères orthodoxes et que nous ne faisons plus, nous contentant de verser de l’eau sur la tête de la personne qui est baptisée, alors que nos frères orthodoxes, comme les premiers chrétiens, plongent la personne baptisée dans une cuve d’eau ou dans un ruisseau. Le symbolisme de la naissance à une vie nouvelle est ainsi beaucoup plus parlant.
Quoiqu’il en soit, être baptisé c’est mourir avec le Christ pour ressusciter avec lui, c’est passer de la vie ancienne à la vie nouvelle avec le Christ vivant totalement pour Dieu. « Car il est mort, et c`est pour le péché qu'il est mort une fois pour toutes; il est revenu à la vie, et c'est pour Dieu qu'il vit. » (Romains 6, 10).
Notre itinéraire baptismal éclairé cette année par trois grands récits : celui de la Samaritaine, celui de l’aveugle-né et aujourd’hui celui de la résurrection de Lazare nous a permis de nous préparer de façon remarquable à la Semaine Sainte où nous suivrons Jésus dans les derniers jours de sa vie. Être baptisé, en effet, c’est suivre Jésus, marcher sur ses traces et entrer avec lui dans le Dessein de Salut de Dieu pour l’humanité tout entière. Avec lui nous portons les péchés du monde, avec lui nous ressusciterons, avec lui nous verrons Dieu.
Conclusion
Que notre Eucharistie aujourd’hui soit pour nous une nouvelle occasion de faire comme Marthe une profession de foi totale en Jésus en lui disant : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
28 mars 2017
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