Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttp://www.hgiguere.net/2024-03-28T19:57:00+01:00Webzine Maker46.814776-71.2http://www.hgiguere.net/favicon.icohttp://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour le 30e dimanche du temps ordinaire Année A : « Le grand commandement »2023-11-01T21:06:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-30e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Le-grand-commandement_a1143.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/75165642-52590978.jpg2023-10-24T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Dans le système parlementaire britannique qui est le nôtre au Québec et au Canada, on appelle les partis d’opposition la « Loyale Opposition de Sa Majesté » et à Ottawa, la capitale du Canada, le chef de l’opposition officielle jouit même d’une demeure et d’un budget de fonction.
S’il en est ainsi c’est qu’on considère dans notre système démocratique que l’opposition par ses questions et ses interventions permet d’en connaître plus sur les véritables intentions du gouvernement.
Toutes proportions gardées, dans les passages des derniers dimanches que l’évangile selon saint Mathieu nous a racontés, les opposants à Jésus par leurs questions - souvent dans le but de l’embêter comme celle sur le paiement de l’impôt à l’empereur romain– jouent un rôle similaire. C’est grâce à ces interventions que Jésus livre l’originalité de son message,
Nous en avons un autre exemple ce matin avec la question d'un opposant à Jésus sur le grand commandement.
I - Une nouveauté?
Commençons par noter que la réponse de Jésus faisant état de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain à placer au cœur de son message reprend des invitations que déjà l’Ancien Testament proposait au peuple d’Israël.
Ainsi dans la fameuse prière du Schema Israël [en français : Écoute Israël] que les Juifs récitent encore deux fois par jour aujourd’hui, on dit : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. (Deutéronome 6, 4-5). Et dans le livre des Lévites, parmi de nombreuses recommandations pratiques, on trouve celle-ci : « Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur. » (Lévitique 19, 18).
Vous voyez que la réponse de Jésus a un côté qui ne surprend sûrement pas ses auditeurs. Ils connaissent déjà ces commandements. Leur question « Quel est le grand commandement ? » vise à ce que Jésus leur indique dans les 613 commandements qu’ils recensaient dans lesi [Écritures]i lesquels viennent en premier. Voilà la question.
La réponse de Jésus sans les surprendre va apporter un éclairage à cet ensemble de prescriptions qu’on appelait des commandements et qui étaient répartis dans les divers livres des Écritures qu’on nommait la Loi et les Prophètes.
II - Le pivot de toute la Loi et les Prophètes
En référant à ces enseignements de la Loi et des Prophètes, Jésus leur donne une orientation nouvelle. Cette nouveauté réside dans la jonction essentielle entre les deux commandements qu’il rappelle. Réécoutons la réponse de Jésus : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes ».
Dans cette réponse deux mots expriment la nouveauté apportée par Jésus « semblable » et « dépend ».
« Semblable » : Jésus met un lien insécable et indéfaisable entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Il refuse de répondre aux pharisiens en mettant une priorité. L’un et l’autre commandement sont unis de telle sorte que l’un ne va pas sans l’autre.
Les premiers chrétiens l’ont compris dès les débuts de l’Église et la première lettre attribuée à l’apôtre saint Jean le proclame dans un texte percutant que vous avez sûrement entendu et retenu et que je vous cite. « Si quelqu’un dit : ‘ J’aime Dieu’, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (I Jean 4, 20-21).
L’enseignement de Jésus ne peut être mieux résumé.
L’autre terme que j’ai noté pour nous dans la réponse de Jésus c’est le mot « dépend » : « De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes ».
Le mot « dépend » traduit un mot grec qui implique que tout se tient ensemble et que l’une ou l’autre des parties ne peut être isolée. Tout se résume dans ces deux commandements, non pas que les autres disparaissent, mais parce qu’ils les inspirent tous et leur donnent sens.
Toutes les Écritures qui sont la Parole de Dieu ne peuvent se lire, se comprendre, se vivre en dehors de cette perspective. Le mouvement vertical – l’amour de Dieu – et le mouvement horizontal – l’amour du prochain – se croisent et se confondent comme les deux bras de la Croix.
III – Le chemin de l’amour vrai
Le chemin de l’amour de Dieu et du prochain prend sa source en Dieu lui-même qui est Amour. Ce chemin est constitué d’étapes que nous découvrons et vivons dans les situations concrètes de notre vie de couple, de célibataire, de consacré. Pour toutes et pour tous, ce chemin les amène à quitter le registre d’un amour égoïste où l’on aime l’autre (Dieu ou le prochain) pour ce que cela nous rapporte, pour notre bénéfice personnel, pour les dons qu’on reçoit.
Saint Bernard, un grand docteur de l’Église, qualifie cet amour d’amour servile ou intéressé. Il incite à marcher petit à petit vers un amour désintéressé où c’est l’autre en lui-même qui est l’objet de notre amour. Cet amour saint Bernard l’appelle amour filial et fraternel qui peut s’épanouir jusqu’au sommet de l’amour mystique.
Ce chemin de l’amour nous y sommes engagés depuis notre baptême. Le chrétien est un être que Dieu a rempli de son amour (que le Nouveau Testament appelle agapè) pour qu’il en vive et témoigne ainsi que notre Dieu est Amour.
C’est donc une Bonne nouvelle qui retentit pour nous aujourd’hui. Suivre Jésus n’est pas une affaire compliquée, remplie de prescriptions, de commandements de toutes sortes. Suivre Jésus c’est aimer comme Lui : aimer comme Dieu notre Père aime ses enfants les regardant avec des yeux toujours remplis de bonté, de compassion et de miséricorde.
Conclusion
Prenons conscience ce matin que nous sommes tous aimés de Dieu et que cet amour nous grandit et nous permet d’aimer nous aussi comme lui.
Que cette Eucharistie vienne par la communion au Corps et au Sang du Christ enraciner en nous l’amour éternel du Père pour chacun et chacune de nous et rendons lui grâces de ce don merveilleux.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
24 octobre 2023
LECTURES DE LA MESSE pour le 30e dimanche du temps ordinaire Année A
PREMIÈRE LECTURE
« Si tu accables la veuve et l’orphelin, ma colère s’enflammera » (Ex 22, 20-26)
Lecture du livre de l’Exode
Ainsi parle le Seigneur :
« Tu n’exploiteras pas l’immigré,
tu ne l’opprimeras pas,
car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte.
Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin.
Si tu les accables et qu’ils crient vers moi,
j’écouterai leur cri.
Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée :
vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins.
Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple,
à un pauvre parmi tes frères,
tu n’agiras pas envers lui comme un usurier :
tu ne lui imposeras pas d’intérêts.
Si tu prends en gage le manteau de ton prochain,
tu le lui rendras avant le coucher du soleil.
C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ;
c’est le manteau dont il s’enveloppe,
la seule couverture qu’il ait pour dormir.
S’il crie vers moi, je l’écouterai,
car moi, je suis compatissant ! »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 17 (18), 2-3, 4.20, 47.51ab)
R/ Je t’aime, Seigneur, ma force. (Ps 17, 2a)
Je t’aime, Seigneur, ma force :
Seigneur, mon roc, ma forteresse,
Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite,
mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !
Louange à Dieu ! Quand je fais appel au Seigneur,
je suis sauvé de tous mes ennemis.
Lui m’a dégagé, mis au large,
il m’a libéré, car il m’aime.
Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher !
Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire !
Il donne à son roi de grandes victoires,
il se montre fidèle à son messie.
DEUXIÈME LECTURE
« Vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles afin de servir Dieu et d’attendre son Fils » (1 Th 1, 5c-10)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Frères,
vous savez comment nous nous sommes comportés chez vous
pour votre bien.
Et vous-mêmes, en fait, vous nous avez imités, nous et le Seigneur,
en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves,
avec la joie de l’Esprit Saint.
Ainsi vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants
de Macédoine et de Grèce.
Et ce n’est pas seulement en Macédoine et en Grèce
qu’à partir de chez vous la parole du Seigneur a retenti,
mais la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout
que nous n’avons pas besoin d’en parler.
En effet, les gens racontent, à notre sujet,
l’accueil que nous avons reçu chez vous ;
ils disent comment vous vous êtes convertis à Dieu
en vous détournant des idoles,
afin de servir le Dieu vivant et véritable,
et afin d’attendre des cieux son Fils
qu’il a ressuscité d’entre les morts,
Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 34-40)
Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ;
mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui.
Alléluia. (Jn 14, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
les pharisiens,
apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens,
se réunirent,
et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus
pour le mettre à l’épreuve :
« Maître, dans la Loi,
quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur,
de toute ton âme et de tout ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et le second lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements
dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 5e dimanche de Pâques Année C : « Un amour qui fait tomber les murs »2022-05-20T20:40:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-5e-dimanche-de-Paques-Annee-C-Un-amour-qui-fait-tomber-les-murs_a1062.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/62256405-45177988.jpg2022-05-10T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Reprenons la dernière phrase de Jésus qu’on vient d’entendre : « Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. ».
I – Un amour fraternel en acte
Ce commandement nouveau a un lien direct avec la première lecture. En effet, c’est l’amour mutuel que les chrétiens vivaient qui nous donne la meilleure explication de la diffusion rapide de la Bonne Nouvelle qui se répand comme une traînée de poudre tout autour de la Méditerranée avec Paul et Barnabé qui relaient le message de Jésus aux nouveaux disciples. Lorsqu’ils entrent dans la communauté, ceux-ci sont accueillis au nom de Jésus envoyé par Dieu pour rassembler son peuple, rassembler toute l'humanité. Leur entrée dans les communautés se fait dans le partage, même le partage des biens matériels. « Ils n’avaient qu’un cœur et qu’une âme » témoigne saint Luc dans les Actes des Apôtres (Actes 4, 32)
La suite de l'histoire montre que les nouveaux disciples de Jésus ont attiré plein de gens avec eux parce qu'ils mettaient en pratique ce commandement de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres ». C'est ainsi qu'on voit les premières communautés, en plus du partage et de la mise en commun, développer l'hospitalité, prendre soin des nécessiteux comme le montre l'épisode des sept personnes choisies pour s'occuper des veuves ans les Actes des apôtres au chapitre 6 (versets 1-7), les ancêtres des diacres permanents d'aujourd'hui.
Puis au cours de l'histoire de l’Église cet élan et cette inspiration ont continué de souffler dans la vie des communautés chrétiennes : au temps des persécutions les chrétiens des catacombes se soutenaient dans un amour mutuel qui faisait l'admiration de leurs persécuteurs. Au Moyen Âge commencent à se mettre sur pied les hospices, les léproseries, les hôpitaux pour accueillir les malades souvent délaissés par les familles ou mis au ban de la société. Puis ce sont les soubresauts des révolutions en Europe qui suscitent un renouveau dans la société au service de l’éducation, des travailleurs, des personnes déplacées, des opprimés de toutes sortes qui culmine dans le Concile Vatican II.
II – La force de transformation de l’amour fraternel
Oui! la Parole de Dieu reçue et mise en pratique dans l'amour mutuel est capable de créer des "cieux nouveaux, une terre nouvelle" comme le dit la deuxième lecture. Notre monde d'aujourd'hui comme celui d’hier a besoin de ce témoignage. Les pentes vers le rétrécissement des aspirations - "moi, je m'en fous" "moi je n'ai rien à faire des autres" - l'aveuglement de la consommation à outrance et les luttes de pouvoir pour dominer le marché, les dérives des radicalismes ne peuvent être guéris que si les disciples de Jésus savent apporter, avec confiance et avec l'aide de l'Esprit Saint, le témoignage qu'autre chose est possible en vivant cette charité fraternelle qui va au- delà des conflits et au-delà des frontières de toutes sortes.
L’amour mutuel fait l’objet d’un commandement car c’est ainsi qu’on entre dans le sillage de l’amour même de Dieu pour l’humanité. C’est parce qu’ils suivent Jésus et qu’ils sont ses disciples que les chrétiens désirent témoigner et vivre d’un amour fraternel au-delà des normes sociales et humaines, signe de l’amour de Dieu pour l’humanité (que le Nouveau Testament appelle « agapè »).
L’amour fraternel dans la vie quotidienne et dans les situations concrètes de la vie manifeste la présence d'un Dieu-Amour. Les chrétiens deviennent ainsi comme le dit Jésus le « sel de la terre » et la « lumière du monde ». Ils ne se présentent pas comme supérieurs à leurs concitoyens, mais ils témoignent, en s'aimant les uns les autres, qu'ils sont remplis d'un amour qui les dépasse et qui les fait entrer dans le mystère d’un Dieu qui est Amour car, dit saint Jean, « si Dieu nous a aimé ainsi, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres » (I Jean 4, 1).
III – Un horizon ouvert sans murs
Notons en terminant que lorsque l’amour fraternel se laisse habiter par l’amour même de Dieu il se transforme tout naturellement en amour miséricordieux. En effet, la miséricorde est le fruit de l’amour. Elle est cette sensibilité intérieure à la misère de nos frères et sœurs et à la nôtre.
Cette misère est souvent vécue comme un poids qui écrase. Elle recouvre toutes les limites que nous rencontrons dans nos cheminements divers. Elle se nomme rejet, haine, envie, égoïsme, domination, fermeture, orgueil. Cette misère c’est notre péché qui prend diverses teintes car nous sommes tous pécheurs. Ce sont les murs que nous érigeons autour de nous et en nous, des murs qui nous referment sur nous, qui bloquent les horizons. C’est pourquoi, le pape François avec humilité demande souvent de prier pour lui en se reconnaissant limité et pécheur devant Dieu ayant besoin comme nous tous de la miséricorde de Dieu.
On pourrait dire que lorsque l’amour fraternel est enrobé de miséricorde, il s’épanouit alors à son meilleur. En effet, à quoi servirait un prétendu amour fraternel qui ne serait pas capable de nous garder conscients de nos péchés et de notre besoin de l’amour miséricordieux du Père.
Conclusion
Tournons maintenant, en terminant, notre regard vers le parfait visage de l’amour miséricordieux du Père qu’est le Seigneur Jésus Ressuscité. Il est là « au cœur de nos vies » comme on le chante parfois à la messe. Nous le rencontrons maintenant dans le Pain et le Vin consacrés qu'il donne pour la vie du monde.
Nous pouvons être sûrs qu’il continue, par cette nourriture spirituelle, de développer dans le cœur de ceux et celles qui se déclarent ses disciples, malgré leurs limites, des merveilles d’amour et de don pour leurs frères et sœurs qui attendent, sans le savoir parfois, des paroles et des gestes libérateurs...que l'Esprit vous inspirera au cours de la semaine j'en suis sûr.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
15 mai 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Ayant réuni l’Église, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux » (Ac 14, 21b-27)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
En ces jours-là,
Paul et Barnabé,
retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche de Pisidie ;
ils affermissaient le courage des disciples ;
ils les exhortaient à persévérer dans la foi,
en disant :
« Il nous faut passer par bien des épreuves
pour entrer dans le royaume de Dieu. »
Ils désignèrent des Anciens pour chacune de leurs Églises
et, après avoir prié et jeûné, ils confièrent au Seigneur
ces hommes qui avaient mis leur foi en lui.
Ils traversèrent la Pisidie et se rendirent en Pamphylie.
Après avoir annoncé la Parole aux gens de Pergé,
ils descendirent au port d’Attalia,
et s’embarquèrent pour Antioche de Syrie,
d’où ils étaient partis ;
c’est là qu’ils avaient été remis à la grâce de Dieu
pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie.
Une fois arrivés, ayant réuni l’Église,
ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux,
et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 144 (145), 8-9, 10-11, 12-13ab)
R/ Mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
ou : Alléluia. (Ps 144, 1)
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.
Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.
Ils annonceront aux hommes tes exploits,
la gloire et l’éclat de ton règne :
ton règne, un règne éternel,
ton empire, pour les âges des âges.
DEUXIÈME LECTURE
« Il essuiera toute larme de leurs yeux » (Ap 21, 1-5a)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean,
j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle,
car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés
et, de mer, il n’y en a plus.
Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle,
je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu,
prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari.
Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône.
Elle disait :
« Voici la demeure de Dieu avec les hommes ;
il demeurera avec eux,
et ils seront ses peuples,
et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu.
Il essuiera toute larme de leurs yeux,
et la mort ne sera plus,
et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur :
ce qui était en premier s’en est allé. »
Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara :
« Voici que je fais toutes choses nouvelles. »
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres » (Jn 13, 31-33a.34-35)
Alléluia. Alléluia.
Je vous donne un commandement nouveau,
dit le Seigneur :
« Aimez-vous les uns les autres,
comme je vous ai aimés. »
Alléluia. (cf. Jn 13, 34)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples,
quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara :
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié,
et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui,
Dieu aussi le glorifiera ;
et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants,
c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous.
Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés,
vous aussi aimez-vous les uns les autres.
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples :
si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 4e dimanche du temps ordinaire Année C : « Jésus à Nazareth : un accueil plutôt froid »2022-01-29T22:06:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-4e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Jesus-a-Nazareth-un-accueil-plutot-froid_a1047.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/60107188-44032950.jpg2022-01-25T18:00:00+01:00Hermann Giguère
C’est l’évangile de saint Luc qui nous accompagnera tout au cours de cette année pour les dimanches du temps ordinaire car, comme vous le savez, le choix des lectures des évangiles dominicaux en cette année liturgique qu’on désigne comme l’« Année C » nous réfère à l’évangile de Luc. Pour l’« Année A » on utilise celui de Mathieu et pour l’« Année B » celui de Marc.
Saint Luc développe son exposé en empruntant le thème de la route, des déplacements de Jésus. Il structure son évangile en suivant Jésus sur les chemins de la Palestine. Il présente trois grands périples de Jésus avec ses apôtres. Ce matin commence le premier de ces périples qui se passe dans sa Galilée natale (4, 14 - 9, 51), les autres seront sa montée vers Jérusalem en trois étapes (9, 51 - 13, 21) puis son entrée et son enseignement dans la Ville Sainte avant la Passion (13, 22 – 21, 38).
I – Le message et le messager
Le passage de l’évangile de saint Luc que je viens de lire prend place au tout début du parcours de la vie publique de Jésus. Intentionnellement, saint Luc le situe à Nazareth où Jésus a grandi, alors que saint Marc le situe plus tard dans le ministère de Jésus (cf. Marc 6,1-6a).
Les deux visites diffèrent beaucoup. Celle de saint Luc, placée dès le début de la prédication et du ministère de Jésus, est tragique et se termine presque par une tentative d'assassinat. Celle de saint Marc, après la tempête apaisée, sera plus anodine.
De quoi est-il question ici ? Pour saint Luc, la mise en scène qu’il utilise lui permet de situer les réactions non seulement au message que Jésus apporte, mais au messager qu’il est. Et on voit que ses concitoyens entendant son message sont prêts à tirer sur le messager, comme on dit.
Et pourtant Jésus se situe dans la foulée des prophètes qui l’ont précédé. On peut lui appliquer ce qui est dit de Jérémie dans la première lecture : « Je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations ». Jésus est conscient qu’il avance lui aussi comme les autres prophètes sur un chemin rempli d’embûches. Sa visite à Nazareth est comme un test.
II - Les destinataires du message
Comment vont réagir les destinataires du message de Jésus, de la Bonne Nouvelle de Dieu pour son peuple ?
Dans un premier temps, on voit que les gens sont touchés par les paroles de Jésus qui se situe au coeur de l’Alliance de Dieu avec son peuple, une Alliance qui offre un salut qui n’est la propriété de personne, mais qui est pour tous ceux et celles qui veulent bien le recevoir.
Saint Luc qui a peut-être des informations particulières sur les réactions des concitoyens de Jésus à Nazareth - car il dit au début de son évangile qu’il a fait des recherches personnelles avant de l’écrire (cf. Luc 1, 3 « après avoir recueilli avec précision des informations ») – note que « tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche ».
Mais à mesure que Jésus parle, un mouvement de refus se dessine. Il ne peut être comme les prophètes. Il est un simple ouvrier, un artisan que les gens de son village connaissent bien. Ils manifestent alors leur opposition à son discours, à sa prédication : « À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. »
Ils seraient peut-être prêts à accepter le message mais ils ne veulent rien savoir du messager. Or dans le plan de Dieu, le message c’est aussi le messager, pas moyen de séparer l’un de l’autre. Jésus annonce la Bonne nouvelle et il est la Bonne Nouvelle.
III - Nos lenteurs et nos fermetures
Ces réactions des gens de Nazareth sont très éclairantes pour nous aujourd’hui. Ce qui est en cause ici c’est la foi. Les gens de Nazareth ne veulent pas faire le pas nécessaire pour accueillir le message, la Bonne Nouvelle ou l’Évangile qui est le terme grec pour dire Bonne Nouvelle (note: le mot« évangile » est emprunté au grec ancien εὐαγγέλιον / euaggélion qui se traduit littéralement par « bonne nouvelle »).
Pourquoi? Parce qu’ils réduisent la Bonne Nouvelle, l'Évangile à des enseignements seulement, à des lois et des préceptes comme ils sont habitués de le faire avec leurs Écritures. Or la Loi Nouvelle qu’annonce Jésus est au-delà des normes et des obligations auxquels ils sont habitués, elle est la Loi de l’Amour. Les disciples de saint Jean le comprendront très bien lorsqu’ils écriront dans une lettre qui nous a été conservée : « Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui… ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés » (I Jean 4, 8-10).
Voilà l’essentiel du message de Jésus. Pour le recevoir, il faut accepter de se laisser dépouiller de ses fermetures et de ses sécurités. Il faut prendre le risque de la foi. Il faut sortir de ses certitudes pour faire confiance à quelqu’un qui nous aime, un Dieu bon et miséricordieux qui ne saurait nous écraser car il nous regarde tous et toutes comme ses enfants.
L'amour-charité si bellement décrit par saint Paul dans la deuxième lecture prend ses racines dans cet amour infini de Dieu qui nous aime. « S’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. etc. »
Devant la contestation violente des gens de Nazareth, Jésus, rempli de l’Esprit de Dieu, s’élève au-dessus de leurs réactions mesquines. Il les met de côté ostensiblement en fendant la foule d’un pas assuré et il va son chemin. « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin ».
C’est sur d’autres routes qu’il continuera sa prédication jusqu’à celle du Calvaire où la Croix l’attend.
Conclusion
Le Dieu Amour prêché par Jésus attend de nous une réponse de foi et de confiance malgré les incertitudes et les questionnements. Même lorsque nous sommes déroutés, nous pouvons regarder Jésus qui sera notre modèle, notre frère, notre ami tout en demeurant notre Seigneur et notre Maître.
Que cette célébration eucharistique nous renouvelle dans notre adhésion de foi à Jésus, messager de la Bonne Nouvelle qui est lui-même. Ressuscité et bien vivant, il est présent dans tous les rassemblements dominicaux comme le nôtre qui se tiennent dans le monde entier.
Unissons-nous à nos frères et sœurs qui, en ce moment, comme nous, font mémoire de la présence vivifiante du Seigneur Ressuscité en partageant son Corps et son Sang sous les espèces du Pain et du Vin.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
25 janvier 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Je fais de toi un prophète pour les nations » (Jr 1, 4-5.17-19)
Lecture du livre du prophète Jérémie
Au temps de Josias,
la parole du Seigneur me fut adressée :
« Avant même de te façonner dans le sein de ta mère,
je te connaissais ;
avant que tu viennes au jour,
je t’ai consacré ;
je fais de toi un prophète pour les nations.
Toi, mets ta ceinture autour des reins et lève-toi,
tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai.
Ne tremble pas devant eux,
sinon c’est moi qui te ferai trembler devant eux.
Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée,
une colonne de fer, un rempart de bronze,
pour faire face à tout le pays,
aux rois de Juda et à ses princes,
à ses prêtres et à tout le peuple du pays.
Ils te combattront,
mais ils ne pourront rien contre toi,
car je suis avec toi pour te délivrer
– oracle du Seigneur. »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 70 (71), 1-2, 3, 5-6ab, 15ab.17)
R/ Sans fin, je proclamerai
ta justice et ton salut. (cf. Ps 70, 15)
En toi, Seigneur, j’ai mon refuge :
garde-moi d’être humilié pour toujours.
Dans ta justice, défends-moi, libère-moi,
tends l’oreille vers moi, et sauve-moi.
Sois le rocher qui m’accueille,
toujours accessible ;
tu as résolu de me sauver :
ma forteresse et mon roc, c’est toi !
Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
mon appui dès ma jeunesse.
Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m’as choisi dès le ventre de ma mère.
Ma bouche annonce tout le jour
tes actes de justice et de salut.
Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse,
jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles.
DEUXIÈME LECTURE
« Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1 Co 12, 31 – 13, 13)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères,
recherchez avec ardeur les dons les plus grands.
Et maintenant, je vais vous indiquer le chemin par excellence.
J’aurais beau parler toutes les langues
des hommes et des anges,
si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour,
je ne suis qu’un cuivre qui résonne,
une cymbale retentissante.
J’aurais beau être prophète,
avoir toute la science des mystères
et toute la connaissance de Dieu,
j’aurais beau avoir toute la foi
jusqu’à transporter les montagnes,
s’il me manque l’amour,
je ne suis rien.
J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés,
j’aurais beau me faire brûler vif,
s’il me manque l’amour,
cela ne me sert à rien.
L’amour prend patience ;
l’amour rend service ;
l’amour ne jalouse pas ;
il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ;
il ne fait rien d’inconvenant ;
il ne cherche pas son intérêt ;
il ne s’emporte pas ;
il n’entretient pas de rancune ;
il ne se réjouit pas de ce qui est injuste,
mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ;
il supporte tout, il fait confiance en tout,
il espère tout, il endure tout.
L’amour ne passera jamais.
Les prophéties seront dépassées,
le don des langues cessera,
la connaissance actuelle sera dépassée.
En effet, notre connaissance est partielle,
nos prophéties sont partielles.
Quand viendra l’achèvement,
ce qui est partiel sera dépassé.
Quand j’étais petit enfant,
je parlais comme un enfant,
je pensais comme un enfant,
je raisonnais comme un enfant.
Maintenant que je suis un homme,
j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant.
Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ;
ce jour-là, nous verrons face à face.
Actuellement, ma connaissance est partielle ;
ce jour-là, je connaîtrai parfaitement,
comme j’ai été connu.
Ce qui demeure aujourd’hui,
c’est la foi, l’espérance et la charité ;
mais la plus grande des trois,
c’est la charité.
– Parole du Seigneur.
OU LECTURE BREVE
DEUXIÈME LECTURE
« Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1 Co 13, 4-13)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
L’amour prend patience ;
l’amour rend service ;
l’amour ne jalouse pas ;
il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ;
il ne fait rien d’inconvenant ;
il ne cherche pas son intérêt ;
il ne s’emporte pas ;
il n’entretient pas de rancune ;
il ne se réjouit pas de ce qui est injuste,
mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ;
il supporte tout, il fait confiance en tout,
il espère tout, il endure tout.
L’amour ne passera jamais.
Les prophéties seront dépassées,
le don des langues cessera,
la connaissance actuelle sera dépassée.
En effet, notre connaissance est partielle,
nos prophéties sont partielles.
Quand viendra l’achèvement,
ce qui est partiel sera dépassé.
Quand j’étais petit enfant,
je parlais comme un enfant,
je pensais comme un enfant,
je raisonnais comme un enfant.
Maintenant que je suis un homme,
j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant.
Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ;
ce jour-là, nous verrons face à face.
Actuellement, ma connaissance est partielle ;
ce jour-là, je connaîtrai parfaitement,
comme j’ai été connu.
Ce qui demeure aujourd’hui,
c’est la foi, l’espérance et la charité ;
mais la plus grande des trois,
c’est la charité.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
Jésus, comme Élie et Élisée, n’est pas envoyé aux seuls Juifs (Lc 4, 21-30)
Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur m’a envoyé,
porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération.
Alléluia. (Lc 4, 18cd)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
dans la synagogue de Nazareth,
après la lecture du livre d’Isaïe,
Jésus déclara :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture
que vous venez d’entendre »
Tous lui rendaient témoignage
et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche.
Ils se disaient :
« N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »
Mais il leur dit :
« Sûrement vous allez me citer le dicton :
‘Médecin, guéris-toi toi-même’,
et me dire :
‘Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm :
fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !’ »
Puis il ajouta :
« Amen, je vous le dis :
aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays..
En vérité, je vous le dis :
Au temps du prophète Élie,
lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie,
et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre,
il y avait beaucoup de veuves en Israël ;
pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles,
mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon,
chez une veuve étrangère.
Au temps du prophète Élisée,
il y avait beaucoup de lépreux en Israël ;
et aucun d’eux n’a été purifié,
mais bien Naaman le Syrien. »
À ces mots, dans la synagogue,
tous devinrent furieux.
Ils se levèrent,
poussèrent Jésus hors de la ville,
et le menèrent jusqu’à un escarpement
de la colline où leur ville est construite,
pour le précipiter en bas.
Mais lui, passant au milieu d’eux,
allait son chemin.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le Baptême du Seigneur Année C : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé »2022-01-06T19:13:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-Bapteme-du-Seigneur-Annee-C-Toi-tu-es-mon-Fils-bien-aime_a1044.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/60059336-44011159.jpg2022-01-04T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Nous avons vécu dimanche dernier la fête de l'Épiphanie. Aujourd'hui avec la solennité du Baptême du Seigneur, nous célébrons une théophanie (du grec théos – Dieu et phanein – éclairer) c'est-à-dire une manifestation de Dieu, une illumination ou un éclairage sur ce qu'il fait pour nous.
I – La prédication de Jean-Baptiste
Cette scène se produit au désert où prêche Jean-Baptiste qui est celui qu’annonce le prophète Isaïe que nous avons entendu dans la première lecture lorsqu’il dit : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu ».
C’est la mission de Jean-Baptiste de préparer le chemin du Seigneur, de tracer une route pour notre Dieu qui vient sauver son Peuple en lui envoyant son Fils Bien-Aimé, que le prophète Isaïe dans ses enseignements appelle « Emmanuel » ce qui veut dire « Dieu-avec-nous » (Isaïe 7, 1). Jean-Baptiste a été consacré dès sa naissance pour cette mission de préparation du chemin du Seigneur.
Devenu adulte, il s’isole dans les déserts autour de Jérusalem qui bordent le fleuve le Jourdain. On nous le présente ailleurs dans l’évangile comme quelqu’un de détaché de lui-même, tout entier à sa mission, se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage, vêtu de poil de chameaux avec une ceinture de cuir autour des reins (Marc 1, 6), à l’écoute des signes que Dieu lui fait. Il est bien conscient qu’il doit attendre Celui que Dieu envoie et qui n’est pas lui-même : « Il est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales ».
Le désert où il vit est le lieu de toutes les possibilités. C’est à travers le désert que Dieu a fait cheminer son Peuple pour l’amener à la Terre promise et c’est dans le désert que Jean-Baptiste appelle à la conversion. Éloignés de la vie ordinaire, les gens qui le rejoignent se laissent interpeller. Ils ne sont pas surpris de son enseignement car, comme lui, ils attendent Celui qui doit venir.
Pour vivre cette attente, un geste important leur est proposé par Jean-Baptiste : le baptême.
II – Un geste de conversion : le baptême
Le baptême de Jean consiste à inviter les gens à entrer dans l’eau du Jourdain qui est versée sur les personnes acceptant ainsi de se laisser purifier par Dieu pour rendre leur attente de Celui qui vient dégagée des égoïsmes, des orgueils et des vanités qui risquent de les enfermer dans leur satisfaction de faire partie du Peuple élu. Le baptême de Jean-Baptiste est un geste de conversion.
Jean-Baptiste en reprenant les paroles d’Isaïe invite au changement d'attitudes, à la « métanoia », à un nouveau départ : « Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée ! »
Ce message de conversion retentit avec force, car Jean-Baptiste dans sa vie dépouillée est l’image parfaite du juif croyant qui n'a pas d’autre attente que celle de voir l'Envoyé de son Seigneur, le Messie attendu. Vivant à une époque où Israël est sous la domination de Rome, il ne cherche pas de chef militaire ou politique. Il s’inscrit dans le message des prophètes d’Israël qui annoncent la venue d’un Messie-Serviteur qui transforme l’histoire d’Israël.
Et au moment où il donne le baptême à Jésus qui s’est mêlé simplement aux personnes présentes, le choix de Dieu retentit. Des paroles se font entendre, et un signe matériel sous la forme d’une colombe se produit.
Le voilà le Messie-Serviteur, l'Élu de Dieu.
III – La théophanie
Cet agencement du récit de saint Luc s’appelle une théophanie, une manifestation de Dieu, comme nous l'avons dit en commençant. Ce qui était un baptême parmi d’autres devient un événement qui marquera la vie de Jésus de façon indélébile. Au sortir de son baptême, il prend conscience qu’il est particulièrement aimé de Dieu. Il fait partie des personnes que Jean baptise, mais il s’en distingue par cette attention que lui porte Dieu et qu’exprime, dans le récit de saint Luc, une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ».
Cette voix n’est pas faite de sons uniquement, elle exprime une réalité fondamentale dans la mission de Jésus. L’image de la colombe renvoie à l’Esprit Saint qui en est la source. Ainsi dans cette théophanie, Jésus sort de l’ombre car il est Celui qui doit venir, le Fils même de Dieu qu’il appellera son Père car il y a entre Dieu et lui un lien unique comme celui d'un père qui regarde son fils : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ». Cette révélation se complète dans l'affirmation qui l’accompagne « en toi, je trouve ma joie ». Cette joie c’est le débordement de l’amour de Dieu, cet amour par lequel Dieu s’aime lui-même et ce qui est extérieur à lui qu’on appelle « agapè » ou « charité ». Cet « agapè » remplira totalement Jésus au point qu’il dira avant de mourir : « Il n’y a pas de plus grand amour de que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». (Jean 15, 13)
Les disciples de saint Paul avaient bien compris le sens de la mission de Jésus et le texte de la Lettre à Tite en donne un résumé saisissant en mettant notre baptême en relation avec celle-ci. Je me contenterai de relire la fin de ce passage que nous fournit la deuxième lecture ce matin et qui est on ne peut plus clair. Voici ce passage : « Lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle. »
Voilà où aboutit la mission de Jésus qui s’inaugure aujourd’hui par son baptême dans le Jourdain : « nous rendre justes par la grâce de Dieu et nous faire devenir héritiers de la vie éternelle ».
Conclusion
Dans chaque Eucharistie nous nous unissions de façon réelle à Jésus dans sa mission que nous partageons. Baptisés en Lui, avec Lui nous vivons tout entiers pour Dieu. La célébration de sa Mort et de sa Résurrection sous les signes du Pain et du Vin consacrés est une proclamation qu’il est toujours vivant. Nous en témoignons aujourd’hui, chacun et chacune à notre façon dans nos vies quotidiennes, par une foi renouvelée et agissante « jusqu’à ce qu’il vienne » comme dit saint Paul (I Corinthiens 11, 26).
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
4 janvier 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« La gloire du Seigneur se révélera, et tout être de chair verra » (Is 40, 1-5.9-11)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Consolez, consolez mon peuple,
– dit votre Dieu –
parlez au cœur de Jérusalem.
Proclamez que son service est accompli,
que son crime est expié,
qu’elle a reçu de la main du Seigneur
le double pour toutes ses fautes.
Une voix proclame :
« Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ;
tracez droit, dans les terres arides,
une route pour notre Dieu.
Que tout ravin soit comblé,
toute montagne et toute colline abaissées !
que les escarpements se changent en plaine,
et les sommets, en large vallée !
Alors se révélera la gloire du Seigneur,
et tout être de chair verra
que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne,
toi qui portes la bonne nouvelle à Sion.
Élève la voix avec force,
toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem.
Élève la voix, ne crains pas.
Dis aux villes de Juda :
« Voici votre Dieu ! »
Voici le Seigneur Dieu !
Il vient avec puissance ;
son bras lui soumet tout.
Voici le fruit de son travail avec lui,
et devant lui, son ouvrage.
Comme un berger, il fait paître son troupeau :
son bras rassemble les agneaux,
il les porte sur son cœur,
il mène les brebis qui allaitent.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 103 (104), 1c-3a, 3bc-4, 24-25, 27-28, 29-30)
R/ Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! (Ps 103, 1)
Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière !
Comme une tenture, tu déploies les cieux,
tu élèves dans leurs eaux tes demeures.
Des nuées, tu te fais un char,
tu t’avances sur les ailes du vent ;
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteurs, les flammes des éclairs.
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
Tout cela , ta sagesse l’a fait ;
la terre s’emplit de tes biens.
Voici l’immensité de la mer,
son grouillement innombrable d’animaux grands et petits.
Tous, ils comptent sur toi
pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
Tu donnes : eux, ils ramassent ;
tu ouvres la main : ils sont comblés.
Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ;
tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.
DEUXIÈME LECTURE
« Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint » (Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite
Bien-aimé,
la grâce de Dieu s’est manifestée
pour le salut de tous les hommes.
Elle nous apprend à renoncer à l’impiété
et aux convoitises de ce monde,
et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable,
avec justice et piété,
attendant que se réalise la bienheureuse espérance :
la manifestation de la gloire
de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ.
Car il s’est donné pour nous
afin de nous racheter de toutes nos fautes,
et de nous purifier
pour faire de nous son peuple,
un peuple ardent à faire le bien.
Lorsque Dieu, notre Sauveur,
a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes,
il nous a sauvés,
non pas à cause de la justice de nos propres actes,
mais par sa miséricorde.
Par le bain du baptême, il nous a fait renaître
et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint.
Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance,
par Jésus Christ notre Sauveur,
afin que, rendus justes par sa grâce,
nous devenions en espérance
héritiers de la vie éternelle.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Comme Jésus priait, après avoir été baptisé, le ciel s’ouvrit » (Lc 3, 15-16.21-22)
Alléluia. Alléluia.
Voici venir un plus fort que moi,
proclame Jean Baptiste ;
c’est lui qui vous baptisera
dans l’Esprit Saint et le feu.
Alléluia. (cf. Lc 3, 16)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente,
et tous se demandaient en eux-mêmes
si Jean n’était pas le Christ.
Jean s’adressa alors à tous :
« Moi, je vous baptise avec de l’eau ;
mais il vient, celui qui est plus fort que moi.
Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales.
Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser
et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait,
le ciel s’ouvrit.
L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe,
descendit sur Jésus,
et il y eut une voix venant du ciel :
« Toi, tu es mon Fils bien-aimé ;
en toi, je trouve ma joie. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 6e dimanche de Pâques Année B « Le testament spirituel de Jésus » 2021-03-08T21:21:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-6e-dimanche-de-Paques-Annee-B- Le-testament-spirituel-de-Jesus_a1005.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/54516033-41023005.jpg2021-05-04T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Ce passage de l’évangile de saint Jean s’inscrit dans une longue réflexion que saint Jean place au moment de la Cène, le Jeudi Saint, après le lavement des pieds des apôtres que Jésus vient de faire. On l’a appelé le « Discours des adieux ». On a ici comme le testament spirituel de Jésus. Le passage qui nous est proposé ce matin se comprend bien si on le situe dans un parcours d'amour qui part de l’amour de Dieu, puis qui se concentre en Jésus et qui se manifeste en nous. Si vous le voulez bien, essayons de suivre ce parcours.
I- L’amour en Dieu
Commençons par l’amour de Dieu. On en parle volontiers, et dans notre langage courant quand on dit l'« amour de Dieu » on pense spontanément à l’amour que j’ai pour Dieu comme on dit l’« amour du sport ». ou l'« amour du tennis ».
Or il n’en va pas ainsi lorsqu’il est question de l’amour de Dieu. Quand les Écritures, en particulier les Évangiles et les Lettres de saint Paul, parlent de l’amour de Dieu, il s’agit toujours de l'amour que Dieu a pour nous, pour l’humanité. L’amour vient de Dieu. L’amour de Dieu ne vient pas de nous. « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés » dit clairement l’extrait de la Lettre de saint Jean que nous avons lu dans la deuxième lecture.
Saint Paul pour exprimer cette belle réalité a utilisé pour parler de l’amour qui vient de Dieu le mot « agapè ». En latin on dit « caritas » qui a donné le mot « charité » en français. On veut dire par là que c’est Dieu qui nous aime d’abord et que nous, nous répondons à un amour qui nous précède.
Quelle réalité extraordinaire à se rappeler sans cesse comme disciples de Jésus ! Le pape François va dans ce sens en dénonçant dans son Exhortation apostolique sur la sainteté publiée le 9 avril 2018 ceux et celles qu’il appelle des « nouveaux pélagiens » qui pensent aller à Dieu par leurs propres moyens, alors que si nous allons à Dieu c’est que Dieu lui-même nous a déjà rejoints. Le pape écrit au numéro 56 de cette Exhortation qu’il a nommée Gaudete et Exultate : « C’est seulement à partir du don de Dieu, librement accueilli et humblement reçu, que nous pouvons coopérer par nos efforts à nous laisser transformer de plus en plus. Il faut d’abord appartenir à Dieu » .
II - L’amour du Christ
Passons maintenant à l'amour du Christ. Dans le testament de Jésus que l'évangile de saint Jean nous rapporte Jésus se révèle comme celui qui s’est laissé remplir totalement par la puissance de l’amour de Dieu, au point de vivre cet amour tellement à fond qu’il porte les péchés de l’humanité et s’offre pour le salut de tous.
Voyez comment fonctionne le don de Jésus pour notre salut. D’un côté, il se laisse remplir de l’amour de Dieu. De l’autre, parce qu’il en est rempli, il peut à son tour laisser se répandre et transparaître cet amour autour de lui : « Comme le Père m’a aimé, dit-il au début de l’évangile de ce jour, moi aussi je vous ai aimés ».
Vous voyez : le mouvement d’amour qui part de Dieu se cristallise d'une certaine manière dans son Fils Jésus qui reçoit cet amour en lui, qui le cultive et qui se l’approprie totalement. C’est par cet amour qu’il se tourne vers ses frères et sœurs et qu’il se donne pour eux et pour elles.
On est dans une logique de don qui se répand et non d’utilisation de l’autre. L'amour de Dieu, l' « amour-agapè », est tourné vers l’autre. Il est comme une bonne senteur qui se dégage de la personne qui en vit. C’est cet « amour-agapè » qui a illuminé toute la vie de Jésus. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » dit Jésus dans notre passage de son testament spirituel et il ajoute pour rendre cela encore plus clair « je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître ».
III – L’amour des autres
En troisième lieu regardons ce qui se passe en nous. Les disciples de Jésus ne font pas autre chose que de recevoir cet « amour-agapè » qu’il leur transmet. C'est par lui que l'amour de Dieu nous rejoint. Il est le canal par lequel passe l’amour reçu de Dieu. Il est important de se dire souvent « Je me laisse aimer par Jésus » parce que cet amour il le reçoit de Dieu lui-même et tout ce qu’il a reçu de son Père il le donne. Cet amour est répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint comme le dit saint Paul dans sa Lettre aux Romains : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ». (Romains 5, 5)
Vous comprenez maintenant que l’invitation à aimer nos frères et sœurs, le commandement nouveau que Jésus donne à ses disciples, et que nous rappellent l'évangile et la deuxième lecture, n’est autre chose que de vivre dans le concret l’amour reçu de Dieu, l'« amour-agapè ».
Cet amour comme tout amour ne peut rester enfermé dans le cœur des personnes, car l’amour est communicatif. Il se diffuse, il produit des fruits autour de nous parce que Dieu nous a choisis. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis pour que vous portiez du fruit. » Le fruit principal de l'amour c'est la rencontre et l'accueil de tous ceux et celles qui nous entourent, mais aussi de ceux et celles qui sont loin pour diverses raisons. Nous sommes invités, à l'exemple de saint Pierre dans la première lecture, à accueillir à bras ouverts tous ceux et celles que Dieu a déjà rejoints et qui croisent notre chemin comme Corneille, le centurion de l’armée romaine.
Conclusion
Ces quelques phrases du testament spirituel de Jésus nous ont permis d’aller au cœur de la Révélation chrétienne, celle d’un Dieu qui aime le monde. Jésus, son Fils est rempli de cet amour et il le répand dans le cœur des personnes qui l'accueillent dans la foi.
Les chrétiens se situent dans la ligne directe de l’amour de Dieu, l’amour infini et éternel qui est en Dieu, l’ « amour-agapè ». Ils sont actifs dans les tâches du monde, ouverts aux besoins de leurs frères et sœurs et soucieux des plus démunis et des pauvres. Cette attitude est pour eux une exigence de leur être de personne baptisée renouvelée par l’amour reçu de Dieu dans lequel ils sont entraînés par le Christ Ressuscité.
Que cette célébration soit comme un moment de pause où nous prenons le temps de goûter ce riche don de l’amour de Dieu en Jésus et en chacun et chacune d‘entre nous. Rendons gloire à Dieu pour ce don que nous n’avons pas mérité, qui nous dépasse incroyablement et qui se continue tout au cours des âges.
Que notre Eucharistie fasse croître en nous l’ « amour-agapè », la « charité », afin que nous devenions de plus en plus semblables à notre Dieu qui est le Dieu Amour.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
4 mai 2021
LECTURES DE LA MESSE pour le 6e dimanche de Pâques Année B
PREMIÈRE LECTURE
« Même sur les nations païennes, le don de l’Esprit Saint avait été répandu » (Ac 10, 25-26.34-35.44-48)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
Comme Pierre arrivait à Césarée
chez Corneille, centurion de l’armée romaine,
celui-ci vint à sa rencontre,
et, tombant à ses pieds, il se prosterna.
Mais Pierre le releva en disant :
« Lève-toi.
Je ne suis qu’un homme, moi aussi. »
Alors Pierre prit la parole et dit :
« En vérité, je le comprends,
Dieu est impartial :
il accueille, quelle que soit la nation,
celui qui le craint
et dont les œuvres sont justes. »
Pierre parlait encore
quand l’Esprit Saint descendit
sur tous ceux qui écoutaient la Parole.
Les croyants qui accompagnaient Pierre,
et qui étaient juifs d’origine,
furent stupéfaits de voir que, même sur les nations,
le don de l’Esprit Saint avait été répandu.
En effet, on les entendait parler en langues
et chanter la grandeur de Dieu.
Pierre dit alors :
« Quelqu’un peut-il
refuser l’eau du baptême
à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint
tout comme nous ? »
Et il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ.
Alors ils lui demandèrent
de rester quelques jours avec eux.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4)
R/ Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations.
ou : Alléluia ! (Ps 97, 2)
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s’est assuré la victoire.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d’Israël.
La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !
DEUXIÈME LECTURE
« Dieu est amour » (1 Jn 4, 7-10)
Lecture de la première lettre de saint Jean
Bien-aimés,
aimons-nous
les uns les autres,
puisque l’amour vient de Dieu.
Celui qui aime est né de Dieu
et connaît Dieu.
Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu,
car Dieu est amour.
Voici comment l’amour de Dieu
s’est manifesté parmi nous :
Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde
pour que nous vivions par lui.
Voici en quoi consiste l’amour :
ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu,
mais c’est lui qui nous a aimés,
et il a envoyé son Fils
en sacrifice de pardon pour nos péchés.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 9-17)
Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole,
dit le Seigneur ;
mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui.
Alléluia. (Jn 14, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Comme le Père m’a aimé,
moi aussi je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour,
comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père,
et je demeure dans son amour.
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous,
et que votre joie soit parfaite.
Mon commandement, le voici :
Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour
que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis
si vous faites ce que je vous commande.
Je ne vous appelle plus serviteurs,
car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ;
je vous appelle mes amis,
car tout ce que j’ai entendu de mon Père,
je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi,
c’est moi qui vous ai choisis et établis
afin que vous alliez,
que vous portiez du fruit,
et que votre fruit demeure.
Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom,
il vous le donnera.
Voici ce que je vous commande :
c’est de vous aimer les uns les autres. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 30e dimanche du temps ordinaire Année A « Le grand commandement »2023-09-12T20:58:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-30e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Le-grand-commandement_a974.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/48955065-38234016.jpg2020-10-20T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Dans le système parlementaire britannique qui est le nôtre au Québec et au Canada, on appelle les partis d’opposition la « Loyale Opposition de Sa Majesté » et à Ottawa, la capitale du Canada, le chef de l’opposition officielle jouit même d’une demeure et d’un budget de fonction.
S’il en est ainsi c’est qu’on considère dans notre système démocratique que l’opposition par ses questions et ses interventions permet d’en connaître plus sur les véritables intentions du gouvernement.
Toutes proportions gardées, dans les passages des derniers dimanches que l’évangile selon saint Mathieu nous a racontés, les opposants à Jésus par leurs questions - souvent dans le but de l’embêter comme celle sur le paiement de l’impôt à l’empereur romain– jouent un rôle similaire. C’est grâce à ces interventions que Jésus livre l’originalité de son message,
Nous en avons un autre exemple ce matin avec la question d'un opposant à Jésus sur le grand commandement.
I - Une nouveauté?
Commençons par noter que la réponse de Jésus faisant état de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain à placer au cœur de son message reprend des invitations que déjà l’Ancien Testament proposait au peuple d’Israël.
Ainsi dans la fameuse prière du Schema Israël [en français : Écoute Israël] que les Juifs récitent encore deux fois par jour aujourd’hui, on dit : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. (Deutéronome 6, 4-5). Et dans le livre des Lévites, parmi de nombreuses recommandations pratiques, on trouve celle-ci : « Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur. » (Lévitique 19, 18).
Vous voyez que la réponse de Jésus a un côté qui ne surprend sûrement pas ses auditeurs. Ils connaissent déjà ces commandements. Leur question « Quel est le grand commandement ? » vise à ce que Jésus leur indique dans les 613 commandements qu’ils recensaient dans lesi [Écritures]i lesquels viennent en premier. Voilà la question.
La réponse de Jésus sans les surprendre va apporter un éclairage à cet ensemble de prescriptions qu’on appelait des commandements et qui étaient répartis dans les divers livres des Écritures qu’on nommait la Loi et les Prophètes.
II - Le pivot de toute la Loi et les Prophètes
En référant à ces enseignements de la Loi et des Prophètes, Jésus leur donne une orientation nouvelle. Cette nouveauté réside dans la jonction essentielle entre les deux commandements qu’il rappelle. Réécoutons la réponse de Jésus : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes ».
Dans cette réponse deux mots expriment la nouveauté apportée par Jésus « semblable » et « dépend ».
« Semblable » : Jésus met un lien insécable et indéfaisable entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Il refuse de répondre aux pharisiens en mettant une priorité. L’un et l’autre commandement sont unis de telle sorte que l’un ne va pas sans l’autre.
Les premiers chrétiens l’ont compris dès les débuts de l’Église et la première lettre attribuée à l’apôtre saint Jean le proclame dans un texte percutant que vous avez sûrement entendu et retenu et que je vous cite. « Si quelqu’un dit : ‘ J’aime Dieu’, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (I Jean 4, 20-21).
L’enseignement de Jésus ne peut être mieux résumé.
L’autre terme que j’ai noté pour nous dans la réponse de Jésus c’est le mot « dépend » : « De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes ».
Le mot « dépend » traduit un mot grec qui implique que tout se tient ensemble et que l’une ou l’autre des parties ne peut être isolée. Tout se résume dans ces deux commandements, non pas que les autres disparaissent, mais parce qu’ils les inspirent tous et leur donnent sens.
Toutes les Écritures qui sont la Parole de Dieu ne peuvent se lire, se comprendre, se vivre en dehors de cette perspective. Le mouvement vertical – l’amour de Dieu – et le mouvement horizontal – l’amour du prochain – se croisent et se confondent comme les deux bras de la Croix.
III – Le chemin de l’amour vrai
Le chemin de l’amour de Dieu et du prochain prend sa source en Dieu lui-même qui est Amour. Ce chemin est constitué d’étapes que nous découvrons et vivons dans les situations concrètes de notre vie de couple, de célibataire, de consacré. Pour toutes et pour tous, ce chemin les amène à quitter le registre d’un amour égoïste où l’on aime l’autre (Dieu ou le prochain) pour ce que cela nous rapporte, pour notre bénéfice personnel, pour les dons qu’on reçoit.
Saint Bernard, un grand docteur de l’Église, qualifie cet amour d’amour servile ou intéressé. Il incite à marcher petit à petit vers un amour désintéressé où c’est l’autre en lui-même qui est l’objet de notre amour. Cet amour saint Bernard l’appelle amour filial et fraternel qui peut s’épanouir jusqu’au sommet de l’amour mystique.
Ce chemin de l’amour nous y sommes engagés depuis notre baptême. Le chrétien est un être que Dieu a rempli de son amour (que le Nouveau Testament appelle agapè) pour qu’il en vive et témoigne ainsi que notre Dieu est Amour.
C’est donc une Bonne nouvelle qui retentit pour nous aujourd’hui. Suivre Jésus n’est pas une affaire compliquée, remplie de prescriptions, de commandements de toutes sortes. Suivre Jésus c’est aimer comme Lui : aimer comme Dieu notre Père aime ses enfants les regardant avec des yeux toujours remplis de bonté, de compassion et de miséricorde.
Conclusion
Prenons conscience ce matin que nous sommes tous aimés de Dieu et que cet amour nous grandit et nous permet d’aimer nous aussi comme lui.
Que cette Eucharistie vienne par la communion au Corps et au Sang du Christ enraciner en nous l’amour éternel du Père pour chacun et chacune de nous et rendons lui grâces de ce don merveilleux.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
20 octobre 2020
On entre dans le mystère de la Sainte Trinité par le chemin de l’expérience intérieure et non pas par la simple réflexion théologique. La Trinité n’est pas seulement un mystère, une vérité à croire, un dogme central de notre foi, c’est le cœur de la vie chrétienne.
Notre expérience du mystère de la Sainte Trinité s'est commencée au moment de notre baptême. Lorsque quelqu’un est baptisé la personne qui célèbre dit « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ». Par ces paroles et par l’eau qu’on verse sur son front, elle est comme plongé dans l’amour de Père, du Fils et du Saint Esprit.
Ce jour de la fête de la Sainte Trinité est donc une belle occasion de poursuivre ce qui a débuté à notre Baptême. Suivons le chemin que nous indique chacune des personnes de la Trinité : l'Esprit Saint, le Fils bien-aimé et le Père.
I - La personne de l’Esprit Saint
Le chemin à prendre pour entrer dans le mystère de la Sainte Trinité commence avec l'Esprit Saint. C'est la personne de la Trinité qui est souvent oubliée, mais c'est peut-être la plus importante. L’Esprit Saint en effet est comme un souffle. (cf. Jean 3, 8) Il ne donne pas des ordres comme un supérieur, un maître ou un surveillant. Il inspire les personnes. Il agit dans leur intérieur. Il ouvre leur cœur, il éclaire leur intelligence, il fortifie leur volonté dans les bons choix.
L’enseignement de l’Église a retenu comme signes de l'action de l’Esprit dans la vie des personnes baptisées la liste de sept dons qu’on appelle les dons du Saint Esprit. Je ne vous demande pas de les nommer – encore que certaines personnes, j’en suis sûr, pourraient le faire avec brio – mais je prends le temps de vous les énumérer : le don de sagesse, le don d’intelligence, le don de science, le don de force, le don de conseil, le don de piété et le don de crainte de Dieu. Ces sept dons sont accompagnés des fruits de l'Esprit. Saint Paul dans sa lettre au Galates résume ainsi les fruits de l’Esprit « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi ». (Galates 5, 22-23).
Tous ces dons et ces fruits se résument dans celui de l’amour- agapè qu’on nomme aussi la charité, cet amour qui, non seulement vient de Dieu, mais qui est en Dieu, qui est l’amour même du Père pour le Fils et l’Esprit, du Fils pour le Père et l’Esprit et de l’Esprit pour le Père et le Fils car comme le dit l’Écriture : Dieu est Amour. Et « l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » rappelle avec justesse saint Paul dans l’extrait de sa lettre au Galates que nous venons de lire dans la deuxième lecture.
II - La personne du Fils
Continuons notre chemin pour entrer dans le mystère de la Sainte Trinité avec le Fils bien aimé, la deuxième personne de la Trinité. L'amour au sein de la Trinité dont on vient de parler s’est manifesté par la venue du Fils bien-aimé dans le monde. Celui-ci s’est fait homme en Jésus sans quitter sa vie avec le Père et l’Esprit. C’est pourquoi, si souvent dans les évangiles et notamment dans l’évangile de saint Jean Jésus nous parle de son union avec le Père « Le Père et moi, nous sommes UN » (Jean 10, 30). L’évangile de ce matin nous le redit : « Tout ce que possède le Père est à moi ».
Cette union de Jésus avec le Père a fait l’objet de nombreuses discussions de théologiens, surtout dans les premiers siècles de l’Église où deux Conciles se sont penchés sur cette question car il y avait des déviations. Certains voyaient Jésus comme étant le Fils de Dieu qui avait fait semblant d’être comme nous, un genre de robot humain, et d’autres ne voulaient pas que Jésus fut plus qu’un être humain. Ces hérésies ont été condamnées et on a toujours tenu que le mystère de la Trinité fait partie de la révélation du vrai Dieu qui se manifeste d’abord à Abraham comme un seul Dieu, puis qu’on découvre dans le Nouveau Testament, avec l’enseignement de Jésus, comme un Dieu Un et Trine, un seul Dieu en trois personnes.
Retenons que le Fils bien-aimé se fait l’un de nous tout en demeurant au sein de la Trinité. Jésus est vrai homme et vrai Dieu. Et comme le dit saint Paul, « ayant la condition de Dieu, ( il ) ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes ». (Philippiens 2, 6-7)
III – La personne du Père
Au terme de notre chemin pour entrer dans le mystère de la Sainte Trinité, nous rencontrons la figure du Père éternel qui envoie son Fils dans le monde pour nous sauver en se faisant l’un de nous. C’est le mystère de l’Incarnation et en parlant de mystère de l’Incarnation, on est amené à se tourner vers Dieu le Père car c’est lui qui est vu comme l’origine et le commencement de tout. Ce qui fait dire à saint Jean « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». (Jean 3, 16)
Ce don va permettre à Dieu de se révéler sous un jour encore jamais atteint avec le peuple d’Israël. Cette révélation est extraordinaire. Elle nous révèle que notre Dieu est Père. Dans la prédication de Jésus, en effet, celui-ci ne se contente pas de parler de son Père, mais il enseigne à ses disciples à dire à Dieu « Notre Père ». (Mathieu 6, 9 et ss.) La paternité de Dieu qui est représentée de façon particulière par Dieu le Père est une paternité qui se réalise dans le Fils bien-aimé, le Fils « par nature » disent les théologiens, et cette paternité se donne des fils et les filles « par adoption » que nous sommes. Saint Paul l’avait compris et le rappelait ainsi aux chrétiens de Rome : « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; nous crions ‘ Abba ! ‘ c’est-à-dire : Père ! » (Romains 8, 15)
Conclusion
Je m’arrête, car vous voyez que le mystère de la Trinité est inépuisable. Il n’est pas seulement un dogme de la foi que nous proclamons chaque dimanche dans le Je crois en Dieu . Il est le chemin dans lequel depuis notre baptême nous sommes entrés et dans lequel nous avançons en reconnaissant, dans l'Esprit Saint, Jésus comme le Fils bien-aimé de Dieu, notre Père, jusqu’au jour où, comme dit saint Paul, « nous le verrons face à face » (1 Corinthiens 13, 12). Ce que je nous souhaite à toutes et à tous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
11 juin 2019
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Lectures de la messe de la solennité de la Très Sainte Trinité
Première lecture
La Sagesse a été conçue avant l’apparition de la terre (Pr 8, 22-31)
Lecture du livre des Proverbes
Écoutez ce que déclare la Sagesse de Dieu :
« Le Seigneur m’a faite pour lui,
principe de son action,
première de ses œuvres, depuis toujours.
Avant les siècles j’ai été formée,
dès le commencement, avant l’apparition de la terre.
Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée,
quand n’étaient pas les sources jaillissantes.
Avant que les montagnes ne soient fixées,
avant les collines, je fus enfantée,
avant que le Seigneur n’ait fait la terre et l’espace,
les éléments primitifs du monde.
Quand il établissait les cieux, j’étais là,
quand il traçait l’horizon à la surface de l’abîme,
qu’il amassait les nuages dans les hauteurs
et maîtrisait les sources de l’abîme,
quand il imposait à la mer ses limites,
si bien que les eaux ne peuvent enfreindre son ordre,
quand il établissait les fondements de la terre.
Et moi, je grandissais à ses côtés.
Je faisais ses délices jour après jour,
jouant devant lui à tout moment,
jouant dans l’univers, sur sa terre,
et trouvant mes délices avec les fils des hommes. »
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 8, 4-5, 6-7, 8-9)
R/ Ô Seigneur, notre Dieu,
qu’il est grand, ton nom,
par toute la terre ! (Ps 8, 2)
À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu fixas,
qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui,
le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?
Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu,
le couronnant de gloire et d’honneur ;
tu l’établis sur les œuvres de tes mains,
tu mets toute chose à ses pieds.
Les troupeaux de bœufs et de brebis,
et même les bêtes sauvages,
les oiseaux du ciel et les poissons de la mer,
tout ce qui va son chemin dans les eaux.
Deuxième lecture
Vers Dieu par le Christ dans l’amour répandu par l’Esprit (Rm 5, 1-5)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères,
nous qui sommes devenus justes par la foi,
nous voici en paix avec Dieu
par notre Seigneur Jésus Christ,
lui qui nous a donné, par la foi,
l’accès à cette grâce
dans laquelle nous sommes établis ;
et nous mettons notre fierté
dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu.
Bien plus, nous mettons notre fierté
dans la détresse elle-même,
puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ;
la persévérance produit la vertu éprouvée ;
la vertu éprouvée produit l’espérance ;
et l’espérance ne déçoit pas,
puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs
par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Tout ce que possède le Père est à moi ; l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 12-15)
Alléluia. Alléluia.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit :
au Dieu qui est, qui était et qui vient !
Alléluia. (Ap 1, 8)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière.
En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même :
mais ce qu’il aura entendu, il le dira ;
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera,
car il recevra ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
L’Esprit reçoit ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 27e dimanche du temps ordinaire Année B (Marc 10, 2-12) : « L'amour est notre mission »2018-05-04T03:14:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-27e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Marc-10-2-12-L-amour-est-notre-mission_a665.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8321465-13032550.jpg2015-09-30T03:16:00+02:00Hermann Giguère
Dans le sillage de la VIIIe Rencontre internationale des familles qui s'est terminée à Philadelphie dimanche dernier 27 septembre 2015, les textes des lectures d'aujourd'hui nous permettent de nous en approprier le thème qui était "L'amour est notre mission : la famille pleinement vivante". Sans l'amour du couple, homme et femme, la famille est un vain mot, elle s'étiole et perd sa vie. En effet, au coeur du couple, homme et femme, c'est l'amour qui explique tout, qui vivifie tout, qui s'épanouit.
Regardons ensemble le parcours de l'amour dans le couple et la famille.
I - La source
Commençons par en chercher la source. Et c'est le pape François qui nous guidera vers elle.
Pour répondre à cette question, le pape François dans son intervention improvisée à la Veillée de prière le samedi soir à Philadelphie a raconté l'épisode suivant de sa vie. Un jour, dit-il, un enfant me demande à brûle-pourpoint après une catéchèse sur la création : qu'est-ce que faisait Dieu avant de créer le monde? J'ai été surpris de la question, continue le pape, puis j'ai réfléchi rapidement et la réponse m'est venue. Je vous la donne.
Avant de créer le monde, ai-je dit alors à mon jeune interlocuteur, Dieu vivait l'amour. Le Père aimait le Fils, le Fils aimait le Père et tous les deux aimaient l'Esprit Saint qui à son tour les aimait. Dieu est un foyer d'amour et cet amour, il n'a pas voulu le garder seulement pour lui, c'est pourquoi, il a créé le monde qui est un reflet de son amour. Toute la création est à son image et en particulier les êtres humains qu'il a créés à sa ressemblance et qui peuvent voir et reconnaître ce qu'il a fait, qui peuvent, s'ils le veulent, entrer dans ce grand mouvement d'amour.
Ainsi pour répondre à notre question, la source de notre mission d'amour est dans l'amour de Dieu au sein de la Trinité qui n'arrête jamais de se répandre dans le monde. Pour assurer cette épanchement d'amour continuel, Dieu a créé comme le dit le texte de la Genèse que nous venons de lire l'homme et la femme pour qu'ils ne fassent qu'un dans une seule chair: "Tous deux ne feront plus qu'un." Ce mystère de l'union de l'homme et de la femme est celui du mariage dont parle Jésus dans l'évangile.
II - Le défi
Unis dans une seule chair par le mariage, les époux reflètent sur la terre l'amour qu'il y a en Dieu, dans la Trinité. Cela ne va pas sans tensions ni sans échecs. Ainsi, dans l'Évangile Jésus accueille la question des ses auditeurs qui font état de ces échecs possibles que Moïse dans l'Ancien Testament avaient reconnus en ouvrant la porte à une forme de divorce.
Jésus tout en sachant que la vie dans le mariage est un incroyable défi ne se laisse pas démonter et il préfère regarder la puissance de l'amour que Dieu met dans le coeur des époux. Ceux-ci pour Jésus ne bâtissent pas leur relation en milieu fermé. Ils entrent dans un mouvement d'amour qui les dépasse et ainsi, malgré leurs limites, ils peuvent envisager avec confiance le défi de vivre cette union dans une seule chair en prenant modèle, comme le dira saint Paul plus tard, sur le Christ et l'Église qui ne sont qu'un et dont l'amour est le ciment. En effet, le Christ a tellement aimé l'Église qu'il a donné sa vie pour elle, dira saint Paul (Éphésiens 5, 25).
Il reste que le défi est un défi qui n'est pas affronté une fois pour toutes. C'est un défi quotidien. On a l'habitude de dire que l'on ne se marie pas seulement le jour de l'échange des consentements, mais qu'on se marie à chaque jour. Toute journée devrait se terminer dans une union renouvelée pour les époux et s'il y a eu quelques heurts, il ne faut jamais s'endormir avant de s'être réconciliés. C'est là un énorme défi qui s'ajoute aux autres, mais avec la grâce du sacrement de mariage tout est possible.
III- La récompense
Le chemin du mariage chrétien ne serait pas possible sans la grâce du sacrement de mariage comme nous venons de la dire, mais aussi sans la bénédiction du Seigneur à travers la famille qui se crée autour des époux. Ceux-ci, la plupart du temps, deviennent parents. Leur amour fleurit dans des êtres qu'ils reçoivent de Dieu et qu'ils aiment d'un amour à nul autre pareil dans une "famille pleinement vivante". Ainsi cette grand-maman qui écrivait dans son journal à la fin de sa longue vie : "J'ai tellement aimé mes enfants. Cela a été mon plus grand bonheur....La tendresse et l'amour sont comme une eau qui court. Plus on donne, plus il en vient. "
En effet, l'amour des parents pour leurs enfants continue sur la terre l'amour de Dieu où il prend sa source. Il ne peut se réduire à aucun autre amour, Il unit tout ce que Dieu donne, tout ce que les époux partagent et tout ce qu'ils sont. Il est le mouvement même du don qui ne se referme pas sur soi mais qui, comme l'amour de Dieu, devient créateur. Quelle belle mission! Oui, peuvent dire les couples chrétiens et les familles chrétiennes "l'amour est notre mission".
Comme nous y invite la scène finale du texte de l'évangile qui a été lu tout à l'heure : "Laissez venir à vous les petits enfants" comme le fait Jésus. Ils sont des modèles d'abandon et d'accueil. Leur petitesse les rend fragiles et dépendants, mais en même temps ouverts et confiants. Ils sont la récompense des couples chrétiens qui les reçoivent comme un cadeau précieux, signes de l'amour de Dieu qui "court et se donne" dans jamais retourner en arrière.
Conclusion
Que cette Eucharistie dans le sillage de la Rencontre internationale des familles à Philadelphie et dans la perspective de la deuxième étape du Synode sur la famille dont le pape François a fait l'ouverture solennelle à Saint-Pierre de Rome ce matin soit pour nous un moment fort d'amour et d'abandon confiant à l'amour de la Trinité, Père, Fils et Esprit qui continue de se répandre dans toutes les créatures et particulièrement dans les couples et les familles qui en sont des signes visibles dans notre monde d'aujourd'hui.
Que le Pain de vie partagé soit le soutien et la nourriture de vos couples et de vos familles !
Amen!
Mgr Hermann Giguère
Séminaire de Québec
30 septembre 2015
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« L’Esprit de vérité » - Homélie pour le mercredi de la 6e semaine de Pâques Année B.2012-09-17T21:50:00+02:00http://www.hgiguere.net/L-Esprit-de-verite-Homelie-pour-le-mercredi-de-la-6e-semaine-de-Paques-Annee-B_a470.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/4144459-6292089.jpg2012-05-15T00:52:00+02:00Hermann Giguère
Je me contenterai d’un petit commentaire sur l’évangile, car le merveilleux texte du passage de saint Paul à Athènes m’entraînerait trop loin. J’ai d’ailleurs eu la chance de la commenter lors de l’anniversaire du Supérieur général en 2009. Lire le texte.
I – Contextualisation
Le texte de l’Évangile de saint Jean qui a été lu nous prépare à célébrer dans quelques semaines la fête de la Pentecôte.
Il est extrait du chapitre 15 de saint Jean qui fait partie de ce qu’on appelait autrefois le Discours après la Cène. Ce long texte de saint Jean (chapitres 13-17) est une méditation qui prend place plusieurs années après la mort de Jésus et après l’évènement lui-même de la Pentecôte. Comme vous le savez, saint Jean place cette méditation dans un long discours qu’il situe lui avant la Passion.
Retenons que le discours que Jean met dans la bouche de Jésus ne s’adresse pas uniquement aux apôtres qui sont ses interlocuteurs dans le récit. Il s’adresse à tous les croyants de tous les temps. Il s’agit d’une exhortation et d’une catéchèse pour aujourd’hui.
En effet, saint Jean et ses disciples désirent nous transmettre ce que Jésus a dit et ce qu’ils ont compris pour que les disciples que nous sommes en soient enrichis et s’en imprègnent. L’extrait de la liturgie d’aujourd’hui souligne le rôle de l’Esprit dans la vie du disciple de Jésus.
II – Naître d’en haut
La première chose qui nous frappe dans ce court extrait c’est la nécessité de l’Esprit pour entrer dans le mystère de Jésus « Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître ».
Le message de Jésus ne se comprend pas d’abord par les raisonnements. Il entre en nous par l’action de l’Esprit de vérité, de Celui qui guide vers la vérité toute entière. Cette action se joue dans le cœur de chacun par une action mystérieuse. Jésus l’a comparée au vent lorsqu’il disait à Nicodème qu’il fallait qu’il renaisse de l’Esprit. « Ne t’étonne pas si je t’ai dit : ‘ Il vous faut naître d’en haut’. Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » (Jean 3, 8)
C’est par l’Esprit que les apôtres ont connu, le jour de la Pentecôte, la réalité totale de Jésus ressuscité, qu’ils sont « nés d’en-haut ». Bien sûr, ils avaient connu Jésus au temps de sa vie terrestre. Ils avaient mangé avec lui. Ils l’avaient vu faire des guérisons. Ils l’avaient écouté avec avidité. Mais, ce n’est que dans la foi épurée par la Passion qu’ils ont compris la beauté de l’exaltation du Ressuscité par le Père. C’est dans la force que l’Esprit a mis en eux en leur révélant toute cette beauté qu’ils sont sortis du Cénacle et qu’ils ont partagé cette foi en Jésus, Seigneur et Sauveur.
Vous voyez le rôle essentiel de l’Esprit pour entrer dans le mystère de Jésus. Sans l’Esprit, nul ne peut « naître d’en-haut » et ainsi entrer dans le mystère de Jésus.
III – Devenir enfants de Dieu
Cette entrée dans le mystère de Jésus est aussi l’entrée dans le mystère de Dieu. Voilà la deuxième chose que nous révèle l’extrait du Discours après la Cène que nous venons de lire.
« Tout ce qui appartient au Père est à moi ». Jésus revendique son appartenance toute à fait particulière à Dieu. Il est un envoyé, mais il fait aussi partie de la famille de Dieu. Il vit dans une proximité incroyable avec le Père et avec l’Esprit, une proximité telle qu’il est vraiment juste de dire qu’en Jésus, le Verbe de Dieu s’est fait chair, qu’il a habité parmi nous dans cette gloire « que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père » (Jean 1, 14).
Vous voyez ici un des leitmotivs de toute la littérature johannique qui met au centre du message de Jésus le mystère de l’Incarnation, qui est le mystère d’un Dieu Amour qui se donne sans compter, sans conditions, un Dieu Miséricordieux qui veut que tout homme soit sauvé et parvienne à la connaissance de la vérité.
Quelle bonne nouvelle! Toute personne est aimée de Dieu comme son enfant qu’elle quelle soit. L’amour de Dieu ne s’occupe pas des frontières, ni des systèmes humains que nous créons. Au contraire, cet amour-agapè transcende le temps et l’espace. Cette bonne nouvelle est toujours actuelle. C’est dans cette perspective que nous tentons aujourd’hui d’en témoigner et de la faire connaître de diverses façons. C’est la mission première des disciples.
Conclusion
Le contexte québécois peut paraitre hostile à plusieurs, mais ne serait-il pas, au contraire, en attente d’un Parole qui libère, qui éclaire et qui fait grandir?
C’est ce que Paul avait compris et ce qui le faisait courir tout autour de la Méditerranée pour l’annoncer aux hommes et aux femmes de son temps. Que son exemple et l’action de l’Esprit nous donnent l’élan dont notre Église à tant besoin aujourd’hui.
Que cette célébration eucharistique raffermisse en nous les liens fraternels et qu’elle nous attache de plus en plus par l’Esprit à Celui qui est la Voie, la Vérité et la Vie.
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
16 mai 2012
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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« Demeurez dans mon amour » - Homélie pour la messe anniversaire du décès de l'abbé Gaston Savard, prêtre agrégé du Séminaire de Québec2017-12-31T18:52:00+01:00http://www.hgiguere.net/Demeurez-dans-mon-amour-Homelie-pour-la-messe-anniversaire-du-deces-de-l-abbe-Gaston-Savard-pretre-agrege-du-Seminaire_a325.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/1848304-2525603.jpg2010-01-30T19:32:00+01:00Hermann Giguère
Nous venons d’entendre deux lectures qui illustrent très bien le fond l’âme de notre confrère l’abbé Gaston Savard, votre frère, votre oncle, votre ami. Mettre cette célébration sous le signe de l’amour me paraît être un geste des plus appropriés. L’abbé Savard a su en vivre et le traduire de mille façons jusque dans son testament où il léguait une somme d’argent pour que l’on célèbre des messes aux intentions des membres de sa famille dont il était si proche.
I – L’amour : un chemin de vie
La première lecture que nous avons entendue, celle de la lettre de saint Jean, nous indique que le chemin de l’amour est un chemin de vie. « Parce que nous aimons nos frères, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie. Celui qui n’aime pas reste dans la mort ».
En effet, aimer n’est pas seulement un sentiment, une passion parfois, aimer c’est une proximité, c’est s’approcher de quelqu’un, c’est vivre en sa présence, l’avoir dans son cœur, dans sa pensée, dans ses préoccupations. C’est en somme prendre du temps avec la personne, c’est aussi de cheminer avec elle, de s’intéresser à elle « non pas avec des paroles et des discours » seulement, mais « par des actes et en vérité ».
Mère Teresa et Jean Vanier en donnent de magnifiques exemples. Ce dernier à la Retraite internationale des prêtres en septembre 2009 à laquelle j'ai eu le bonheur de participer invitait les prêtres à refaire en silence, au terme de son enseignement, le geste du lavement des pieds. Ce geste pour Jean Vanier concrétise tout le « Aimons-nous les uns les autres ». C'est l'amour en acte et en vérité. C'est un geste d'amour. « Ayant aimé les siens, il les aima jusqu'à l'extrême » (Jean 13, 1). .En lavant les pieds de ses disciples, Jésus, dit Jean Vanier, a montré à chacun d'eux qu'il avait du prix à ses yeux. Il nous invite ainsi à reconnaître en chaque personne le Temple de l'Esprit Saint.
Notre confrère Gaston a su vivre ce chemin de l’amour d’une façon simple et continue. Sa famille a été le témoin privilégié de son attachement, de ses attentions et de son affection. Et ses élèves et ses confrères se rappellent avec émotion un homme discret, mais toujours à l’écoute et sans cesse préoccupé de l’autre. Il était toujours prêt à se mettre à genoux et à laver les pieds de ses frères et soeurs.
Oui, l’amour ne se réduit pas aux sentiments, il dessine pour chacun et chacune un chemin de vie, un parcours de vie avec ses hauts et ses bas, mais toujours habité de gestes, de pensées et de proximité.
II- Un chemin qui résume tout
Ce chemin de vie qu’est l’amour vécu n’est pas seulement un parcours, mais avec le temps il s’élargit au point de prendre toute la place et se transforme en un lieu où il fait bon demeurer. Le sommet de l’amour c’est d’y être incrusté au point où il n’y a plus d’autres réalités plus importantes. Tout passe par l’amour et tout se résume dans l’amour.
C’est ainsi que je comprends la phrase de l’Évangile que je viens de lire : « Demeurez dans mon amour ». L’amour ne passe pas. Il transforme tout dès maintenant, avant de s’épanouir pour toujours en vie éternelle, car il vient de Dieu. il est l'amour-agapè comme le nomme saint Jean. Il est plus que l'attirance et l'amitié, il est charité, vie de Dieu répandue en nous. Il est ce regard de Dieu en nous qui maintient l'orientation vers le but et la fin : « ...l'espérance ne déçoit point, parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Romains 5, 5). Cet « amour de Dieu » est l'amour dont Dieu nous aime et dont l'Esprit-Saint est un gage. Il est grâce et faveur de vivre dans l'amitié divine. Il produit un « état de grâce » : un « état » rempli de la grâce, de la tendresse, de la faveur de Dieu. Telle est la plénitude que fait surgir l'amour de charité, l'amour-agapè: une plénitude où il fait bon demeurer, une vie à demeure, une vie éternelle.
En effet, la vie éternelle n’est pas autre que celle que nous vivons déjà. Jésus dans le texte de l’évangile de saint Jean nous invite à vivre maintenant ce que nous vivrons tout le temps : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître maintenant, je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père je vous l’ai fait connaître » : « Dieu est Amour »
Ce chemin d’éternité qu’est l’amour est proposé à quiconque veut y entrer. C’est un don qui est fait sans mérite de notre part « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis. »
Si nous acceptons d’y entrer, comme l’a fait notre confrère Gaston, nous pouvons être sûrs que les fruits fleuriront et qu’ils demeureront.
Demandons au Seigneur de nous faire entre de plus en plus dans ce chemin de l’amour qui ouvre sur un Dieu qui « est plus grand que notre cœur ».
Conclusion
En refaisant les gestes de Jésus à la dernière Cène, nous nous unissons à Lui, le Ressuscité, établi pour toujours auprès du Père dans la demeure éternelle où l’Amour règne et s’épanouit en plénitude. Nous commençons dans l’amour que nous avons les uns pour les autres une vie qui n’aura pas de fin et que je nous souhaite à toutes et à tous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
30 janvier 2010
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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« L'Agneau sans défaut et sans tache » - Homélie aux candidats au diaconat permanent de Québec2009-11-01T02:45:00+01:00http://www.hgiguere.net/L-Agneau-sans-defaut-et-sans-tache-Homelie-aux-candidats-au-diaconat-permanent-de-Quebec_a107.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/594530-725815.jpg2007-03-24T21:51:00+01:00Hermann Giguère
24 mars 2007. Samedi de la 4e semaine du Carême Année C. Textes de l'Écriture: Jérémie 11, 18-20; Jn, 7, 40-53.
Il y a dans l’extrait du chapitre 7 de l’Évangile de Jean que nous venons d’entendre plusieurs acteurs. Regardons-y de plus près, si vous le voulez.
I - Un scénario aux multiples acteurs
D’abord la « foule ». Celle-ci n’est pas monolithique. Certains voient en Jésus « le grand Prophète ». D’autres « le Messie ». D’autres s’interrogent. Ces derniers posent des questions pertinentes pour eux : « d’où vient-il? qui est-il? » La « foule » est divisée à son sujet.
Si on continue la lecture du texte, ce sont les « chefs des prêtres » (faisant partie de la classe sacerdotale) et les « Pharisiens » (les intellectuels, pourrait-on dire, spécialistes de l’interprétation de la Loi) qui entrent en scène. Leur hostilité vis-à-vis Jésus ne se dément pas. Ils rejettent même ceux qui ne sont pas de leur avis parmi les « maudits » : « Quand à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits! ».
Un autre groupe, discret mais observateur fait aussi partie du tableau. Il s'agit des gardes. Leur constat est pragmatique et objectif : « Jamais un homme n’a parlé comme cet homme! »
Enfin, on retrouve Nicodème dont l’entretien de nuit avec Jésus est bien connu : celui à qui Jésus annonçait qu’il fallait qu’il renaisse de l’Esprit, celui qui, après la crucifixion, se retrouvera avec Joseph d’Arimathie pour ensevelir le corps de Jésus. Ici, il subit les attaques de ses confrères sans broncher, mais sans se prononcer.
II - Un absent qui ne laisse pas indifférent
Ce tableau dressé par Jean fait partie du séjour de Jésus à Jérusalem au cours de la fête des Tentes qui avait lieu au mois de septembre et qui ressemblait à notre fête de l’Action de grâces. Encore aujourd’hui, plusieurs juifs à Montréal célèbrent cette fête en dressant des tentes et en rendant grâces pour les récoltes abondantes.
L’extrait que nous venons de lire suit la promesse de l’eau vive : « Si quelqu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’il boive », promesse qui suscite aussi des réactions négatives. « Certains voulaient l’arrêter » (7, 44). Il en avait été de même un peu plus haut à l’occasion du « Discours sur le Pain de vie » au chapitre 6.
Dans le texte lu, en plus des personnages dont nous avons parlé, il y en a un qui paraît absent, mais, en fait, il remplit totalement le texte de sa présence. C'est lui qui suscite réactions sur réactions, qui provoque, qui dérange, qui ne laisse pas indifférent. Ce personnage, c'est Jésus.
Pourquoi suscite-t-il toutes ces réactions? Parce que Jésus continue non seulement d’enseigner, mais il se révèle, il révèle où le Père le conduit. Il n’est pas le Roi glorieux attendu par les Juifs. Il est plutôt "comme l’agneau docile qu'on mène à l'abattoir" comme le dit Jérémie. Le texte de l’antienne de communion le rappelle clairement en citant cette phrase de l’épître de Pierre : « Nous avons été rachetés par le sang précieux du Christ, de l’Agneau sans défaut et sans tache » (1 P 1,19). Ses disciples sont invités à tremper leurs tuniques dans le sang de l’Agneau pour entrer avec lui dans la gloire éternelle (Apocalypse 7, 14).
Oui, Jésus, l’Agneau de Dieu, est, par le don total de lui-même, le signe de l’amour absolu du Père qui nous aime le premier, d’un amour de prévenance, d’un amour « agapè », comme le développe le pape Benoît XVI dans sa première encyclique.
« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Cet amour-agapè rejoint toutes les personnes telles qu’elles sont malgré leurs limites, leurs faiblesses. Dieu aime chacun tel qu’il est, chacune telle qu’elle est. Il ne pose pas de préalable à son amour gratuit, à son amour-agapè.
Jésus révèle cette Bonne Nouvelle. Il se donne, disait-il dans le « Discours sur le Pain de Vie », comme Pain de vie, comme nourriture. Il donne sa vie « pour que le monde ait la vie »(Jn 10, 10). Et il incite à le suivre.
III - Une question aussi pour nous dans ce temps de carême
À la fin du chapitre 6, Jean raconte que les gens quittaient par petits groupes après avoir entendu Jésus. Et celui-ci s’adressant aux Douze leur demanda « Voulez partir, vous aussi? » Pierre, prenant la parole lui répondit : « Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. »
C’est la même question qui nous est posée de nouveau dans le chemin du carême où à la suite de Jésus nous montons vers Jérusalem, où nous montons vers Pâques en passant par le Vendredi Saint.
« Voulez-vous partir, vous aussi? ». « Voulez-vous », comme il est dit dans la dernière phrase du texte, « rentrer chacun chez vous? »
Chacun et chacune de nous est invité à se poser la question.
Conclusion
Que cette célébration soit l’occasion de renouveler notre acte de foi en Jésus, Seigneur et Sauveur, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, comme nous le redisons à chaque eucharistie.
Amen!
Hermann Giguère, ptre p.h.
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 24 mars 2007
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net