Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttp://www.hgiguere.net/2024-03-29T06:42:43+01:00Webzine Maker46.814776-71.2http://www.hgiguere.net/favicon.icohttp://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour le 4e dimanche du temps ordinaire Année A « Heureux, êtes-vous si... » : Les Béatitudes du Royaume2023-01-23T19:15:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-4e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Heureux-etes-vous-si-Les-Beatitudes-du-Royaume_a1103.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/69908453-48824686.jpg2023-01-24T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Vous connaissez bien ces paroles de Jésus qui se nomment les « Béatitudes ». Elles inaugurent un grand entretien que présente saint Mathieu au chapitre 5 de son évangile et qu'on a appelé le « Discours sur la montagne ». Les « Béatitudes » sont la porte d’entrée de ce « Discours ou sermon sur la montagne » dont les prochains dimanches nous présenteront des extraits. Ce matin, laissons-nous interpeller par les paroles de Jésus au début de son entretien qui nous donnent ce qui pour lui est l’essentiel de son message.
I– Un message qui renverse les perspectives habituelles
Notons tout d’abord le caractère non seulement percutant mais à contre-courant de ces paroles. Dans une perspective humaine à courte vue, comme il arrive souvent, le bonheur se retrouve dans les possessions de toutes sortes, dans la reconnaissance sociale, et dans la réussite à tous les niveaux.
Or, Jésus prend la contrepartie de cette vision et proclame heureuses les personnes qui sont pauvres de cœur, celles qui pleurent, celles qui ont faim et soif de justice, celles qui sont persécutées. Avouez que c’est un message qui renverse nos façons habituelles de voir. Et pourtant, Jésus en fait la base de sa prédication du Royaume de Dieu parmi nous.
Pourquoi? La réponse se trouve dans la vie entière de Jésus lui-même, l’Envoyé du Père des cieux pour nous révéler sa bonté, son amour et sa miséricorde. En effet, Jésus qui se présentera comme le Fils de Dieu apporte un message d’amour universel destiné d’abord aux humbles et aux petits comme l’annonce le prophète Sophonie dans le texte de la première lecture: « Vous tous, les humbles du pays, ... cherchez la justice, cherchez l'humilité... Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit : il prendra pour abri le nom du Seigneur ».
Notre Dieu ne se présente pas comme un Maître souverain, éloigné et distant. Il s’incarne dans la vie de Jésus et à travers Lui il prend nos misères et nos faiblesses sur ses épaules. Il se fait proche.
II – Une invitation à se mettre en marche
C'est important de bien saisir que le message de Jésus est avant tout la révélation d’un Dieu bon et miséricordieux qui se préoccupe de chacun et chacune de nous avec attention et avec amour, car c'est le cœur de l’Évangile annoncé par Jésus, de la Bonne Nouvelle proclamée par Jésus
Ainsi, en commençant sa prédication sur les routes de Palestine, Jésus pose au point de départ ce qui doit servir de vision fondamentale pour tout le reste. Il le fait dans des phrases qui sont restées présentes au cours des siècles malgré leur formulation surprenante. En effet, Jésus emploie « heureux » ou « bienheureux » pour désigner ceux et celles qui sont le plus loin des réussites humaines habituelles. Ils sont «heureux » parce que dans leurs situations particulières, ils vivent la présence de Dieu qui est avec eux et avec elles, qui les consolent non seulement dans le futur, mais qui est déjà en action dans leur vie.
Cette idée est mise de l'avant par un traducteur de la Bible d’origine juive, André Chouraqui, qui propose de rendre le mot hébreu qu’on a traduit par « heureux » par « en marche » au sens de se lever debout et de marcher avec confiance dès maintenant sans attendre. Quelle belle traduction qui nous donne le goût de relire les béatitudes avec un regard nouveau en leur restituant leur caractère subversif et révolutionnaire! Je vous lis ce que cela donne comme traduction :
En marche, les humiliés du souffle! Oui, le royaume des ciels est à eux!
En marche, les endeuillés! Oui, ils seront réconfortés!
En marche, les humbles! Oui, ils hériteront la terre!
En marche, les affamés et les assoiffés de justice! Oui, ils seront rassasiés!
En marche, les matriciels [les miséricordieux] ! Oui, ils seront matriciés [ils obtiendront miséricorde] !
En marche, les cœurs purs! Oui, ils verront Dieu. [Chouraqui écrit Élohims, qui est un des noms de Dieu dans l’Ancien Testament].
En marche, les faiseurs de paix! Oui, ils seront criés fils de Dieu!
En marche, les persécutés à cause de la justice! Oui, le royaume des ciels est à eux!
En marche, quand ils vous outragent et vous persécutent, en mentant vous accusent de tout crime, à cause de moi.
Au lieu de lire ces maximes comme des promesses de récompense à venir, lisons-les plutôt comme des réalisations à chérir et à privilégier dans le temps présent.
III – Les béatitudes du pape François pour aujourd’hui
C’est ce qu’a fait le pape François dans une homélie lors de la messe de la Toussaint en 2016 en Suède. « Les béatitudes, dit-il, sont de quelque manière la carte d’identité du chrétien, qui l’identifie comme disciple de Jésus ». Et le pape de poursuivre avec une application actualisée des béatitudes de Jésus en ajoutant aux béatitudes de l’Évangile, six béatitudes d’aujourd’hui que je vous livre, en terminant.
Voici les six « nouvelles béatitudes» proposées par le pape François pour vivre les souffrances et les angoisses de notre époque avec un esprit renouvelé:
Bienheureux ceux qui supportent avec foi les maux que d’autres leur infligent et pardonnent du fond du cœur ;
bienheureux ceux qui regardent dans les yeux les rejetés et les marginalisés en leur manifestant de la proximité ;
bienheureux ceux qui reconnaissent Dieu dans chaque personne et luttent pour que d’autres le découvrent aussi ;
bienheureux ceux qui protègent et sauvegardent la maison commune ;
bienheureux ceux qui renoncent à leur propre bien-être pour le bien d’autrui ;
bienheureux ceux qui prient et travaillent pour la pleine communion des chrétiens… ils sont tous porteurs de la miséricorde et de la tendresse de Dieu, et ils recevront certainement de lui la récompense méritée.
Conclusion
Laissons-nous habiter, dans cette Eucharistie, par le présence vivifiante de Jésus qui est au cœur de notre vie et de la vie de l’Église. C’est en le suivant avec confiance et en nous laissant remuer par ses paroles que les Béatitudes seront l'inspiration de nos vies et que nous développerons, de plus en plus, un regard nouveau sur nos frères et sœurs à l’image de celui de Dieu notre Père.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
29 janvier 2023
___
Nathan André Chouraqui(né le 11 août 1917 à Aïn Témouchent, Algérie et mort le 9 juillet 2007 à Jérusalem), était un avocat, écrivain, penseur et homme politique franco-israélien, connu pour sa traduction de la Bible, dont la publication, à partir des années 1970, donne un ton différent à sa lecture.
Pour la traduction des Béatitudes de Mathieu au chapitre 5 , Chouraqui précise : en hébreu, le mot (qu’on traduit habituellement par « Heureux » en français) que Jésus aurait utilisé est "ashreï" qui est une exclamation au pluriel construit, d'une racine "ashar" qui implique, non pas l'idée d'un vague bonheur hédoniste, mais la rectitude, "iashar", de l’homme en marche sur une route qui va droit vers Dieu.
ECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit » (So 2, 3 ; 3, 12-13)
Lecture du livre du prophète Sophonie
Cherchez le Seigneur,
vous tous, les humbles du pays,
qui accomplissez sa loi.
Cherchez la justice,
cherchez l’humilité :
peut-être serez-vous à l’abri
au jour de la colère du Seigneur.
Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit ;
il prendra pour abri le nom du Seigneur.
Ce reste d’Israël ne commettra plus d’injustice ;
ils ne diront plus de mensonge ;
dans leur bouche, plus de langage trompeur.
Mais ils pourront paître et se reposer,
nul ne viendra les effrayer.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 145 (146), 7, 8, 9ab.10b)
R/ Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux ! ou : Alléluia ! (Mt 5, 3)
Le Seigneur fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain,
le Seigneur délie les enchaînés.
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.
Le Seigneur protège l’étranger,
il soutient la veuve et l’orphelin,
le Seigneur est ton Dieu pour toujours.
DEUXIÈME LECTURE
« Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi » (1 Co 1, 26-31)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères,
vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien :
parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes,
ni de gens puissants ou de haute naissance.
Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour couvrir de confusion les sages ;
ce qu’il y a de faible dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour couvrir de confusion ce qui est fort ;
ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde,
ce qui n’est pas,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour réduire à rien ce qui est ;
ainsi aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu.
C’est grâce à Dieu, en effet, que vous êtes dans le Christ Jésus,
lui qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu,
justice, sanctification, rédemption.
Ainsi, comme il est écrit :
Celui qui veut être fier,
qu’il mette sa fierté dans le Seigneur.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Heureux les pauvres de cœur » (Mt 5, 1-12a)
Alléluia. Alléluia.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux !
Alléluia. (Mt 5, 12)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
voyant les foules,
Jésus gravit la montagne.
Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés.
Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
]]>
Homélie pour le 26e dimanche du temps ordinaire Année B : « Au nom de Jésus... »2021-09-20T19:25:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-26e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Au-nom-de-Jesus_a1027.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/57702655-42716104.jpg2021-09-21T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Le fil conducteur des textes d'aujourd'hui nous est donné par la première lecture du livre des Nombres où Eldad et Médad (avis aux parents en recherche de prénoms originaux) où Eldad et Médad, dis-je, prophétisent dans le camp des Israélites. Josué demande de les arrêter et Moïse, le libérateur d'Israël, répond "Serais-tu jaloux pour moi?" et il souhaite que tout le peuple, à l'instar d'Eldad et Médad devienne un peuple de prophètes et que le Seigneur mette son esprit sur tous.
C'est sur le même terrain que nous amène la première partie du texte de l'évangile qui vient d'être lu. Nous nous limiterons à cette partie, car le reste de l'évangile sur le scandale mériterait une autre homélie. Dans le texte retenu, à propos, de quelqu'un qui vient de chasser les esprits mauvais, Jésus dit aux Apôtres qui veulent l'en empêcher : "N'empêchez pas celui qui agit en mon nom".
"Agir au nom de Dieu, de Jésus", voilà le message des lectures d'aujourd'hui. Regardons-y de plus près.
I - Les gestes posés
Tous les baptisés, comme dit saint Paul aux Romains, reçoivent de l’Esprit des dons qui diffèrent selon la grâce qui leur est accordée (Romains 12, 6). Et Dieu répand ces dons à profusion selon la vocation de chaque personne.
On constate que les gestes et les actions des personnes remplies de la présence de l'Esprit suscitent parfois étonnement et interrogations. Ce ne sont pas alors des gestes anonymes. On dirait qu'ils échappent aux personnes. Ils sont qualifiés de "miracles" par Jésus à propos des esprits mauvais qui sont chassés. J'ai connu quelqu'un dans cette situation où il exerçait une ministère particulier de guérison qu'il n'avait pas recherché. Il s'agit du Père Émilien Tardif m.s.c. prédicateur reconnu dans le monde entier. Pour les québécois, on peut penser aussi au saint Frère André, thaumaturge qui remettait à Dieu à travers saint Joseph tout le crédit des faveurs qu'il obtenait.
Mais, ne nous méprenons pas, ce sont aussi des gestes de la vie ordinaire qui sont remplies de la présence de l'Esprit comme donner un verre d'eau dit Jésus : "Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de vote appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense".
"Agir au nom de Jésus" dans l'Esprit ce n'est pas toujours faire des choses éclatantes. C'est d'abord laisser apparaître dans la vie de tous les jours la source où on s'abreuve. Dans ta famille, auprès des gens que tu rencontres, dans tes intérêts et tes loisirs, tu laisses transparaître, même lorsque tu n'y penses pas, cette source qui est en toi. Ton appartenance au Christ n'est pas une fantaisie, mais elle est ta vie. Tu peux vraiment dire alors comme saint Paul "Ma vie c'est le Christ" (Philippiens 1, 21). Tu peux, sans orgueil et avec humilité, affirmer que tu agis "au nom de Jésus" parce que tu l'as laissé prendre toute la place en toi.
II - Le secret de l'union à Jésus
Pour y arriver, il faut se reconnaître pécheur. il est nécessaire de se redire souvent "Seigneur Jésus, Fils de Dieu Sauveur, aie pitié de moi, pécheur" (Formule de la tradition orientale de la "prière de Jésus" dans les Récits d'un pèlerin russe). Le pape François rappelle fréquemment qu'il est lui-même pécheur et demande alors de prier pour lui. Il le fait presqu'à chacune de ses interventions.
Quel modèle! En effet, "agir au nom de Jésus" ne nous mets pas sur un piédestal. Au contraire, cela nous enfouit dans le coeur du Christ miséricordieux et ouvre notre coeur de plus en plus à ceux et celles qui nous entourent et à ceux et celles des périphéries comme le souligne souvent le pape François.
Pour avoir un coeur semblable à celui du Christ miséricordieux, il est nécessaire d'acquérir une liberté intérieure qui permette d'entrer dans ses sentiments. Ce cheminement vers une liberté intérieure de plus en plus grande passe par des renoncements difficiles parfois, mais... "si ta main t'entraîne au péché, dit Jésus, coupe-la, si ton pied fait de même, coupe-le". Ces phrases ne sont pas à prendre à la lettre, bien sûr, mais dans leur expression imagée, elles nous donnent le ton : celui d'une volonté ferme de suivre Jésus, d'être à son écoute avant tout.
Saint Jacques dans la deuxième lecture redit la même chose dans des termes très puissants. "Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés par les mites, votre or et votre argent sont rouillés... vous avez recherché sur la terre le plaisir et le luxe ".
Ces exhortations sont des invitations à cultiver la liberté intérieure dont je parlais. Les possessions humaines: talents, argent, renommée etc. toutes bonnes qu'elle soient, peuvent éloigner du chemin de l'imitation et de l'union à Jésus. C'est pourquoi, il faut demander au Seigneur qu'elles ne deviennent jamais notre raison de vivre car nous n'avons qu'une demeure et elle est dans les cieux auprès du Père (cf. Philippiens 3, 20)..
III- Le chemin de la reconnaissance de la primauté de Jésus
Pour arriver à progresser sur le chemin de notre union au Christ, la prière est une des voies privilégiées. Se recueillir soit en privé soit en groupe autour de la Parole de Dieu nourrit notre proximité avec Jésus. La prière ainsi permet d'entendre dans notre coeur les inspirations que Jésus lui-même y met.
Et alors, nous pouvons, avec modestie et en toute confiance, aller "au nom de Jésus" qui nous envoie et qui nous donne les dons nécessaires à cet envoi. Le baptisé est toujours quelqu'un qui est en mission, envoyé non pour parler de lui, mais pour annoncer la Bonne Nouvelle qui le fait vivre, celle de Jésus, Seigneur, ressuscité des morts et toujours vivant.
Et c'est avec joie que nous reprenons la confession de foi dans l'hymne célèbre de la lettre aux Phillippiens : "C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a conféré le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. (Philippiens 2, 9-11) .
Conclusion
Le fil conducteur de nos lectures nous a menés sur la route "au nom de Jésus". Oui, c'est toujours "en son nom" que le baptisé proclame sa foi dans la vie à ras de terre, dans le quotidien.
Que ce parcours s'incarne maintenant au cours de cette Eucharistie dans les gestes et les paroles de la célébration eucharistique où le prêtre "agissant au nom du Christ" (Décret sur le Ministères et la Vie des prêtres de Vatican II n. 2 et n. 12) refait les gestes et redit les paroles mêmes de Jésus qui ainsi continue d'être le coeur et la vie de la communauté et de chaque fidèle qui l'accueillent dans la foi.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Séminaire de Québec
26 septembre 2021
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » (Nb 11, 25-29)
Lecture du livre des Nombres
En ces jours-là,
le Seigneur descendit dans la nuée
pour parler avec Moïse.
Il prit une part de l’esprit qui reposait sur celui-ci,
et le mit sur les 70 anciens.
Dès que l’esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser,
mais cela ne dura pas.
Or, deux hommes étaient restés dans le camp ;
l’un s’appelait Eldad, et l’autre Médad.
L’esprit reposa sur eux ;
eux aussi avaient été choisis,
mais ils ne s’étaient pas rendus à la Tente,
et c’est dans le camp qu’ils se mirent à prophétiser.
Un jeune homme courut annoncer à Moïse :
« Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! »
Josué, fils de Noun, auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse,
prit la parole :
« Moïse, mon maître, arrête-les ! »
Mais Moïse lui dit :
« Serais-tu jaloux pour moi ?
Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple
un peuple de prophètes !
Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 18 (19), 8, 10, 12-13, 14)
R/ Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur. (Ps 18, 9ab)
La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.
La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.
Aussi ton serviteur en est illuminé ;
à les garder, il trouve son profit.
Qui peut discerner ses erreurs ?
Purifie-moi de celles qui m’échappent.
Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil :
qu’il n’ait sur moi aucune emprise.
Alors je serai sans reproche,
pur d’un grand péché.
DEUXIÈME LECTURE
« Vos richesses sont pourries » (Jc 5, 1-6)
Lecture de la lettre de saint Jacques
Vous autres, maintenant, les riches !
Pleurez, lamentez-vous
sur les malheurs qui vous attendent.
Vos richesses sont pourries,
vos vêtements sont mangés des mites,
votre or et votre argent sont rouillés.
Cette rouille sera un témoignage contre vous,
elle dévorera votre chair comme un feu.
Vous avez amassé des richesses,
alors que nous sommes dans les derniers jours !
Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers
qui ont moissonné vos champs,
le voici qui crie,
et les clameurs des moissonneurs
sont parvenues aux oreilles du Seigneur de l’univers.
Vous avez mené sur terre une vie de luxe et de délices,
et vous vous êtes rassasiés
au jour du massacre.
Vous avez condamné le juste et vous l’avez tué,
sans qu’il vous oppose de résistance.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la » (Mc 9, 38-43.45.47-48)
Alléluia. Alléluia.
Ta parole, Seigneur, est vérité ;
dans cette vérité, sanctifie-nous.
Alléluia. (cf. Jn 17, 17ba)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
Jean, l’un des Douze, disait à Jésus :
« Maître, nous avons vu quelqu’un
expulser les démons en ton nom ;
nous l’en avons empêché,
car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit :
« Ne l’en empêchez pas,
car celui qui fait un miracle en mon nom
ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
celui qui n’est pas contre nous
est pour nous.
Et celui qui vous donnera un verre d’eau
au nom de votre appartenance au Christ,
amen, je vous le dis,
il ne restera pas sans récompense.
Celui qui est un scandale, une occasion de chute,
pour un seul de ces petits qui croient en moi,
mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou
une de ces meules que tournent les ânes,
et qu’on le jette à la mer.
Et si ta main est pour toi une occasion de chute,
coupe-la.
Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains,
là où le feu ne s’éteint pas.
Si ton pied est pour toi une occasion de chute,
coupe-le.
Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
Si ton œil est pour toi une occasion de chute,
arrache-le.
Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu
que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,
là où le ver ne meurt pas
et où le feu ne s’éteint pas. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
]]>
Homélie pour le 3e dimanche de l'Avent Année A « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi »2020-09-28T19:56:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-3e-dimanche-de-l-Avent-Annee-A-Voici-que-j-envoie-mon-messager-en-avant-de-toi_a924.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/38701202-33651656.jpg2019-12-10T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Dans la vie il arrive parfois qu’on se demande si l’on a pris la bonne décision, par exemple, en faisant couple avec telle personne, en décidant d’avoir une famille ou en choisissant de changer de travail. Qu’on se pose des questions va de soi. C’est même un signe de sagesse et de sérieux.
I – Le questionnement de Jean-Baptiste
Hé bien! ce matin, l’évangile nous présente Jean-Baptiste au moment où, quelques années après avoir baptisé Jésus et l’avoir présenté comme celui que le Seigneur envoie pour sauver son peuple, il commence à se poser des questions. Jésus est-il bien celui qui est l’envoyé promis ?
Le pourquoi de ces questions vient du fait que comme les autres juifs Jean-Baptiste attend un Messie rempli de puissance qui va changer les choses et ramener à Dieu le peuple qui s’en éloigne comme le dit la première lecture tirée du prophète Isaïe : « Dites aux gens qui s’affolent : ‘ Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver’’ ».
Jean-Baptiste entre dans cette vision des prophètes qui annoncent que l’avènement du Messie sera une manifestation de puissance de la part du Dieu d’Israël qui a ramené son peuple de l’exil à Babylone et lui donne maintenant un pouvoir sur ses ennemis.
Cette vision de l’Ancien Testament est comme contredite par ce que Jean-Baptiste entend dire du ministère de Jésus. Voilà la raison des doutes de Jean-Baptiste.
Jésus, loin de s’installer à la façon d’un roi puissant, fréquente les pauvres et les laissés pour compte. Il se fait proche de ceux et celles qui souffrent. Il guérit les malades. Il prêche un royaume de paix où les plus grands sont ceux et celles qui se mettent au service des autres. Il prévient ses proches en leur disant : « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » (Luc 17, 200-21)
C’est le Royaume des petits, des sans grade, des pauvres de toutes sortes. La table du maître est ouverte à tous même aux non-juifs qu’on appelle les Gentils
II – La promesse de Écritures
Jean-Baptiste est un peu déboussolé – on le comprend - et il demande à ses disciples de l’aider à lever les doutes qui commencent à s’installer en lui concernant Jésus. Ses disciples s’en vont sur les pas de Jésus et font enquête auprès de ceux et celles qui l’entendent prêcher. Ils procèdent en deux temps.
Dans un premier temps, ils relisent les Écritures Saintes et ils découvrent que celles-ci ne parlent pas toujours d’un Messie puissant. Entre autres le grand prophète Isaïe a des paroles très fortes où il le présente comme un agneau qu’on mène à l’abattoir. Il en fait non pas un roi puissant, mais un Serviteur qui donne sa vie pour ses frères et sœurs leur permettant de renouer le fil de leur alliance avec Dieu et de devenir un peuple nouveau. (Cf. Isaïe chapitre 53) Ce peuple nouveau pour lequel le Serviteur consacre sa vie et va même jusqu'à mourir pour lui est le vrai peuple de Dieu tel que voulu par Lui de toute éternité.
Cette nouvelle lecture des Écritures par les disciples de Jean-Baptiste provoque des ajustements dans leur vision du Messie. Ils décident donc d’aller sur le terrain voir ce qui en est de Jésus. C'est le deuxième temps de leur démarche.
III – Le Messie et son messager
Arrivés près de Jésus, ils l’interrogent et lui demandent de préciser pour eux sa mission. Et c’est là que la réponse de Jésus devient pour eux d’une limpidité éclatante.
En effet, en l’entendant, ils croient entendre Isaïe et les autres prophètes qu’ils ont redécouverts. Jésus, en effet, cite explicitement ceux-ci lorsqu'il leur répond : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ». (cf. Isaïe 35, 5-6, 42, 18 et 61,1)
C’est le portrait du Messie que les disciples de Jean-Baptiste attendaient. Ils retournent vers lui et lui annonce que Jésus est bien l'Envoyé de Dieu qu'il a reconnu sur les bords du Jourdain.
Après le départ des disciples de Jean-Baptiste, qu’est-ce que fait Jésus ? Loin de réprimander Jean-Baptiste pour ses doutes, au contraire, il le loue avec une certaine admiration. « Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste. »
Jésus reconnaît à Jean-Baptiste son rôle de Précurseur du Messie. Les doutes de Jean-Baptiste n’altèrent pas sa mission, au contraire. Elle la rende encore plus vraie et authentique. Il sera le messager qui prépare les voies du Seigneur, les chemins de Dieu pour rencontrer l’humanité dans la personne de Jésus, le Fils bien-aimé du Père.
Malgré la grandeur et la beauté de la mission de Jean-Baptiste, celui ou celle qui sait se faire petit et se mettre à l’écoute de Jésus avec humilié devient le plus grand dans son Royaume. Le critère de la grandeur pour Jésus réside dans le cœur des personnes qui savent accueillir la Parole de Dieu avec foi comme le fit la Vierge Marie lorsqu'elle répondit à l’ange à l’Annonciation « Que tout m’advienne selon ta parole ». (Luc 1, 38)
Conclusion
Comment ne pas être dans la joie en voyant ce que Dieu fait pour son peuple ? Les premiers mots de l’antienne d’ouverture empruntés à saint Paul pour ce dimanche qui est aussi appelé dimanche de Gaudete le disent : « Soyez dans la joie avec le Seigneur, soyez toujours dans la joie » (en latin : Gaudete in Domino semper : iterum dico, gaudete). La joie du disciple de Jésus résulte de l’amour de Dieu qui vient vers lui parce Dieu donne à l’humanité son Fils comme Sauveur.
À Noël, la vue du Fils de Dieu dans une crèche nous interpelle. Comme Jean-Baptiste, nous sommes peut-être déroutés, menacés par le doute. Mais c'est là, dans la crèche que le mystère de l’Amour de Dieu se révèle. L'amour de Dieu se manifeste de façon simple et incarnée dans la vie d’une famille pareille à toutes les autres et dans un enfant qui deviendra l’un de nous en tous points semblables aux autres humains.
Que cette messe soit pour nous un moment d’action de grâces et de préparation à la célébration attendue de ce don de Dieu à Noël.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
10 décembre 2019
Lectures de la messe
Première lecture
« Dieu vient lui-même et va vous sauver » (Is 35, 1-6a.10)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Le désert et la terre de la soif,
qu’ils se réjouissent !
Le pays aride, qu’il exulte
et fleurisse comme la rose,
qu’il se couvre de fleurs des champs,
qu’il exulte et crie de joie !
La gloire du Liban lui est donnée,
la splendeur du Carmel et du Sarone.
On verra la gloire du Seigneur,
la splendeur de notre Dieu.
Fortifiez les mains défaillantes,
affermissez les genoux qui fléchissent,
dites aux gens qui s’affolent :
« Soyez forts, ne craignez pas.
Voici votre Dieu :
c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu.
Il vient lui-même et va vous sauver. »
Alors se dessilleront les yeux des aveugles,
et s’ouvriront les oreilles des sourds.
Alors le boiteux bondira comme un cerf,
et la bouche du muet criera de joie.
Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent,
ils entrent dans Sion avec des cris de fête,
couronnés de l’éternelle joie.
Allégresse et joie les rejoindront,
douleur et plainte s’enfuient.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 145 (146), 7, 8, 9ab.10a)
R/ Viens, Seigneur, et sauve-nous !
ou : Alléluia ! (cf. Is 35, 4)
Le Seigneur fait justice aux opprimés,
aux affamés, il donne le pain,
le Seigneur délie les enchaînés.
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.
Le Seigneur protège l’étranger,
il soutient la veuve et l’orphelin.
D’âge en âge, le Seigneur régnera.
Deuxième lecture
« Tenez ferme vos cœurs car la venue du Seigneur est proche » (Jc 5, 7-10)
Lecture de la lettre de saint Jacques
Frères,
en attendant la venue du Seigneur,
prenez patience.
Voyez le cultivateur :
il attend les fruits précieux de la terre avec patience,
jusqu’à ce qu’il ait fait la récolte précoce et la récolte tardive.
Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme
car la venue du Seigneur est proche.
Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres,
ainsi vous ne serez pas jugés.
Voyez : le Juge est à notre porte.
Frères, prenez pour modèles d’endurance et de patience
les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 2-11)
Alléluia. Alléluia.
L’Esprit du Seigneur est sur moi :
il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres.
Alléluia. (cf. Is 61, 1)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison,
des œuvres réalisées par le Christ.
Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda :
« Es-tu celui qui doit venir,
ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit :
« Allez annoncer à Jean
ce que vous entendez et voyez :
Les aveugles retrouvent la vue,
et les boiteux marchent,
les lépreux sont purifiés,
et les sourds entendent,
les morts ressuscitent,
et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient,
Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean :
« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ?
un roseau agité par le vent ?
Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ?
un homme habillé de façon raffinée ?
Mais ceux qui portent de tels vêtements
vivent dans les palais des rois.
Alors, qu’êtes-vous allés voir ?
un prophète ?
Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.
C’est de lui qu’il est écrit :
Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,
pour préparer le chemin devant toi.
Amen, je vous le dis :
Parmi ceux qui sont nés d’une femme,
personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ;
et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux
est plus grand que lui. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
]]>
Homélie pour le 26e dimanche du temps ordinaire Année B (Marc 9, 38-43.5.47-48) : « En mon nom... »2018-09-23T23:02:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-26e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Marc-9-38-43-5-47-48-En-mon-nom_a662.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8297115-12986277.jpg2015-09-22T13:48:00+02:00Hermann Giguère
Le fil conducteur des textes d'aujourd'hui nous est donné par la première lecture du livre des Nombres où Eldad et Médad (avis aux parents en recherche de prénoms originaux) où Eldad et Médad, dis-je, prophétisent dans le camp des Israélites. Josué demande de les arrêter et Moïse, le libérateur d'Israël, répond "Serais-tu jaloux pour moi?" et il souhaite que tout le peuple, à l'instar d'Eldad et Médad devienne un peuple de prophètes et que le Seigneur mette son esprit sur tous.
C'est sur le même terrain que nous amène le texte de l'évangile qui vient d'être lu. À propos, de quelqu'un qui vient de chasser les esprits mauvais, Jésus dit aux Apôtres qui veulent l'en empêcher : "N'empêchez pas celui qui agit en mon nom".
"Agir au nom de Dieu, de Jésus", voilà le message des lectures d'aujourd'hui. Regardons-y de plus près.
I - Les gestes posés
Tous les baptisés, comme dit saint Paul aux Romains, reçoivent de l’Esprit des dons qui diffèrent selon la grâce qui leur est accordée (Romains 12, 6). Et Dieu répand ces dons à profusion selon la vocation de chaque personne.
On constate que les gestes et les actions des personnes remplies de la présence de l'Esprit suscitent parfois étonnement et interrogations. Ce ne sont pas alors des gestes anonymes. On dirait qu'ils échappent aux personnes. Ils sont qualifiés de "miracles" par Jésus à propos des esprits mauvais qui sont chassés. J'ai connu quelqu'un dans cette situation où il exerçait une ministère particulier de guérison qu'il n'avait pas recherché. Il s'agit du Père Émilien Tardif m.s.c. prédicateur reconnu dans le monde entier. Pour les québécois, on peut penser aussi au saint Frère André, thaumaturge qui remettait à Dieu à travers saint Joseph tout le crédit des faveurs qu'il obtenait.
Mais, ne nous méprenons pas, ce sont aussi des gestes de la vie ordinaire comme donner un verre d'eau dit Jésus : "Et celui qui vous donnera un verre d'eau au nom de vote appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense".
"Agir au nom de Jésus" ce n'est pas toujours faire des choses éclatantes. C'est laisser apparaitre dans la vie de tous les jours la source où on s'abreuve. Dans ta famille, auprès des gens que tu rencontres, dans tes intérêts et tes loisirs, tu laisses transparaître, même lorsque tu n'y penses pas, cette source qui est en toi. Ton appartenance au Christ n'est pas une fantaisie, mais elle est ta vie. Tu peux vraiment dire alors comme saint Paul "Ma vie c'est le Christ" (Philippiens 1, 21). Tu peux sans orgueil et avec humilité affirmer que tu agis "au nom de Jésus" parce que tu l'as laissé prendre toute la place en toi.
II - Le secret de l'union à Jésus
Pour y arriver, il est nécessaire de se redire souvent "Seigneur Jésus, Fils de Dieu Sauveur, aie pitié de moi, pécheur" (Formule de la tradition orientale de la "prière de Jésus" dans les Récits d'un pèlerin russe). Le pape François rappelle fréquemment qu'il est lui-même pécheur et demande alors de prier pour lui. Il le fait presqu'à chacune de ses interventions.
Quel modèle! En effet, "agir au nom de Jésus" ne nous mets pas sur un piédestal. Au contraire, cela nous enfouit dans le coeur du Christ miséricordieux et ouvre notre coeur de plus en plus à ceux et celles qui nous entourent et à ceux et celles des périphéries comme le souligne souvent le pape François qui sont représentés de façon percutante en ces jours par les réfugiés qui déferlent sur l'Europe.
Pour avoir un coeur semblable à celui du Christ miséricordieux, il est nécessaire d'acquérir une liberté intérieure qui permette d'entrer dans ses sentiments. Ce cheminement vers une liberté intérieure de plus en plus grande passe par des renoncements difficiles parfois, mais... "si ta main t'entraîne au péché, dit Jésus, coupe-la, si ton pied fait de même, coupe-le". Ces phrases ne sont pas à prendre à la lettre, bien sûr, mais dans leur expression imagée, elles nous donnent le ton: celui d'une volonté ferme de suivre Jésus, d'être à son écoute avant tout.
Saint Jacques dans la deuxième lecture redit la même chose dans des termes très puissants. "Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés par les mites, votre or et votre argent sont rouillés... vous avez recherché sur la terre le plaisir et le luxe ".
Ces exhortations sont des invitations à cultiver la liberté intérieure dont je parlais. Les possessions humaines: talents, argent, renommée etc. toutes bonnes qu'elle soient, peuvent éloigner du chemin de l'imitation et de l'union à Jésus. C'est pourquoi, il faut demander au Seigneur qu'elles ne deviennent jamais notre raison de vivre car nous n'avons qu'une demeure et elle est dans les cieux auprès du Père (cf. Philippiens 3, 20)..
III- Le chemin de la reconnaissance de la primauté de Jésus
Pour arriver à progresser sur le chemin de notre union au Christ, la prière est une des voies privilégiées. Se recueillir soit en privé soit en groupe autour de la Parole de Dieu nourrit notre proximité avec Jésus. La prière ainsi permet d'entendre dans notre coeur les inspirations que Jésus lui-même y met.
Et alors, nous pouvons, avec modestie et en tout confiance, aller "au nom de Jésus" qui nous envoie et qui nous donne les dons nécessaires à cet envoi. Le baptisé est toujours quelqu'un qui est en mission, envoyé non pour parler de lui, mais pour annoncer la Bonne Nouvelle qui le fait vivre, celle de Jésus, Seigneur, ressuscité des morts et toujours vivant.
Et c'est avec joie que nous reprenons la confession de foi dans l'hymne célèbre de la lettre aux Phillippiens : "C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a conféré le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. (Philippiens 2, 9-11) .
Conclusion
Le fil conducteur de nos lectures nous a menés sur la route "au nom de Jésus". Oui, c'est toujours "en son nom" que le baptisé proclame sa foi dans la vie à ras de terre, dans le quotidien.
Que ce parcours s'incarne maintenant au cours de cette Eucharistie dans les gestes et les paroles de la célébration eucharistique où le prêtre "agissant au nom du Christ" (Décret sur le Ministères et la Vie des prêtres de Vatican II n. 2 et n. 12) refait les gestes et redit les paroles mêmes de Jésus qui ainsi continue d'être le coeur et la vie de la communauté et de chaque fidèle qui l'accueillent dans la foi.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Séminaire de Québec
22 septembre 2015
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net