Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttp://www.hgiguere.net/2024-03-29T08:09:54+01:00Webzine Maker46.814776-71.2http://www.hgiguere.net/favicon.icohttp://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour le 31e dimanche du temps ordinaire Année A : « Qui s'abaissera sera élevé »2023-10-06T22:34:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-31e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Qui-s-abaissera-sera-eleve_a1144.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/75165669-52590990.jpg2023-10-31T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Le message de l’évangile d’aujourd’hui qui vient d’être lu est clair. Jésus nous invite à fuir l’hypocrisie et à développer l’humilité dans nos vies et dans nos communautés chrétiennes. Le prophète Malachie tient un discours semblable dans la première lecture et saint Paul se décrit plein de douceur et d’affection pour ses frères et sœurs de la ville de Thessalonique en Grèce qu’il a évangélisés. Revenons à l’évangile.
I - Les reproches aux pharisiens
Jésus commence par une charge contre l’hypocrisie des pharisiens. Leur hypocrisie prend divers chemins qu'il dénonce vigoureusement.
Il leur reproche premièrement de ne pas mettre leurs actes et leurs gestes en accord avec ce qu’ils disent. Leur agir n’est pas cohérent avec leurs paroles.
En second lieu, il leur reproche d’imposer aux autres des fardeaux pesants qu’eux se dispensent de porter. Ils chargent les autres d’obligations qu’eux ne respectent pas.
En troisième lieu, et c’est un reproche qu’on retrouve ailleurs, Jésus condamne l’ostentation dont font preuve les pharisiens qui privilégient la façade au lieu de l’intérieur. Ils aiment se montrer pieux en public. Ils portent des signes de dévotion exagérés, de grands phylactères. Il s’agit d’une petite boîte cubique enfermant des bandes de parchemin sur lesquelles sont inscrits des versets de l’Écriture Sainte. Cet usage est encore présent aujourd’hui chez les juifs pieux. Les pharisiens cherchaient à se montrer plus zélés que les autres et s’en glorifiaient.
Ces trois reproches montrent comment s’inscrivent les comportements hypocrites. Ils ne sont pas réservés aux pharisiens. Ils nous guettent encore aujourd’hui. C’est pour cela qu’au début de chaque temps du Carême, l’Église nous invite à relire le passage suivant de saint Mathieu : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer…quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient… Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra ». (Mathieu 6, 5-6)
Voilà des comportements à l’opposé de ceux des pharisiens.
II - L'humilité, fondement de la vie chrétienne
Les premiers chrétiens à qui s’adressent saint Paul et saint Mathieu l’avaient bien compris. Il avaient retenu l’enseignement de Jésus qui figure ici après les reproches aux pharisiens et la condamnation de l’hypocrisie : « Qui s’élèvera sera abaissé et qui s’abaissera sera élevé ». Cet enseignement met de l’avant la vertu d’humilité, une humilité vécue simplement, sans bruit et sans éclats.
La dernière phrase de l’évangile que je viens de citer mérite une petite explication, car à la prendre au pied de la lettre on pourrait croire que l’humilité est comme un jeu de qui perd gagne, une façon de s’élever sans que cela paraisse. Ce qui n’est pas le cas dans le message de Jésus. L’abaissement dont il parle est à comprendre en relation avec le regard et l’amour de Dieu sur chacun et chacune de nous. C’est lui qui « élève » et qui « abaisse ».
La véritable humilité est ainsi une remise entre les mains de Dieu, un abandon confiant comme ce fut le cas de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui avait découvert ce chemin et qui s’en est faite la promotrice dans ce qu’on a appelé la « petite voie ». Elle invitait à laisser la puissance de Dieu agir et à se jeter dans les bras de Dieu, notre Père, comme un enfant.
L’humilité c’est la reconnaissance de notre petitesse devant Dieu. Elle devient ainsi le pilier solide de notre relation à Dieu et aux autres.
III – Des règles pour les disciples
Il y a plusieurs dangers sur le chemin de l’humilité. Jésus les dénonce en les caractérisant par des titres qu’on revendique comme « Rabbi (professeur), Père ou Maître ». Il est direct et invite à ne pas se laisser emporter dans leur sillage. On pourrait dire qu’il récuse ainsi tout ce qui entoure ces titres : l’autoritarisme, le paternalisme, l’exploitation des petits, l’orgueil du savoir etc. L’humilité vraie se traduit dans le service et l’amour fraternel. « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur » dit Jésus.
Les mots que Jésus cite comme « Père » et « Maître » sont utilisés encore aujourd’hui dans l’Église, mais il est à souhaiter que ce qu’ils impliquent comme dérive hypocrite et orgueilleuse ne se matérialise pas. Le pape François est d’un puissant appui sur ce chemin. Ses titres « Pape, Souverain Pontife, Sa Sainteté etc. » font place pour lui à celui d’Évêque de Rome, de Serviteur des serviteurs de Dieu, de Frère parmi ses frères et sœurs. C’est ce que saint Augustin proclamait avec bonheur dans une phrase célèbre que je vous traduis : « Je suis chrétien avec vous, et évêque pour vous ».
Nos communautés chrétiennes et notre Église vivent les exigences évangéliques dans diverses situations sociales et historiques. Elles sont incarnées. Elles pourront avoir des figures concrètes qui empruntent aux usages du temps ou des contrées où elles vivent, mais elles ne devront jamais mettre de côté l’essentiel du message de Jésus qui invite à développer en nous et dans nos communautés des attitudes d’humilité qui favorisent le partage, le service, l’entraide, la compassion, la miséricorde dont notre monde a tant besoin.
Conclusion
Il est important aujourd’hui que le discours chrétien ne soit pas fait seulement de mots. Nous employons volontiers les mots de « frères » et de « sœurs » pour parler de ceux et celles qui partagent notre foi et même pour tous les autres. Demandons au Seigneur au cours de cette messe que ces mots ne soient pas seulement des mots, mais qu’ils deviennent pour nous des réalités vécues concrètement.
À chaque Eucharistie nous pourrons alors en vérité célébrer une rencontre fraternelle qui ouvre sur la rencontre parfaite où avec le Christ ressuscité nous nous retrouverons pour louer et chanter la gloire de Dieu pour l’éternité.
Redisons avec humilité, si vous le voulez bien, cette prière du psaume 130 que nous avions comme chant de méditation :
Garde mon âme dans la paix près de toi, Seigneur.
Seigneur, je n'ai pas le cœur fier
ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins,
ni merveilles qui me dépassent.
Non, mais je tiens mon âme
égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
31 octobre 2023
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute » (Ml 1, 14b – 2, 2b.8-10)
Lecture du livre du prophète Malachie
Je suis un grand roi – dit le Seigneur de l’univers –,
et mon nom inspire la crainte parmi les nations.
Maintenant, prêtres, à vous cet avertissement :
Si vous n’écoutez pas,
si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon nom
– dit le Seigneur de l’univers –,
j’enverrai sur vous la malédiction,
je maudirai les bénédictions que vous prononcerez.
Vous vous êtes écartés de la route,
vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude,
vous avez détruit mon alliance avec mon serviteur Lévi,
– dit le Seigneur de l’univers.
À mon tour je vous ai méprisés,
abaissés devant tout le peuple,
puisque vous n’avez pas gardé mes chemins,
mais agi avec partialité dans l’application de la Loi.
Et nous, n’avons-nous pas tous un seul Père ?
N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ?
Pourquoi nous trahir les uns les autres,
profanant ainsi l’Alliance de nos pères ?
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 130 (131), 1, 2, 3)
R/ Garde mon âme dans la paix
près de toi, Seigneur.
Seigneur, je n’ai pas le cœur fier
ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins,
ni merveilles qui me dépassent.
Non, mais je tiens mon âme
égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.
Attends le Seigneur, Israël,
maintenant et à jamais.
DEUXIÈME LECTURE
« Nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais même nos propres vies » (1 Th 2, 7b-9.13)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Frères,
nous avons été pleins de douceur avec vous,
comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons.
Ayant pour vous une telle affection,
nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu,
mais jusqu’à nos propres vies,
car vous nous étiez devenus très chers.
Vous vous rappelez, frères, nos peines et nos fatigues :
c’est en travaillant nuit et jour,
pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous,
que nous vous avons annoncé l’Évangile de Dieu.
Et voici pourquoi nous ne cessons de rendre grâce à Dieu :
quand vous avez reçu la parole de Dieu
que nous vous faisions entendre,
vous l’avez accueillie pour ce qu’elle est réellement,
non pas une parole d’hommes,
mais la parole de Dieu
qui est à l’œuvre en vous, les croyants.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Ils disent et ne font pas » (Mt 23, 1-12)
Alléluia. Alléluia.
Vous n’avez qu’un seul Père,
celui qui est aux cieux ;
vous n'avez qu'un seul maître, le Christ.
Alléluia. (cf. Mt 23, 9b.10b)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,
et il déclara :
« Les scribes et les pharisiens enseignent
dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire,
faites-le et observez-le.
Mais n’agissez pas d’après leurs actes,
car ils disent et ne font pas.
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter,
et ils en chargent les épaules des gens ;
mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens :
ils élargissent leurs phylactères
et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners,
les sièges d’honneur dans les synagogues
et les salutations sur les places publiques ;
ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi,
car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner,
et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père,
car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres,
car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé,
qui s’abaissera sera élevé. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute » (Ml 1, 14b – 2, 2b.8-10)
Lecture du livre du prophète Malachie
Je suis un grand roi – dit le Seigneur de l’univers –,
et mon nom inspire la crainte parmi les nations.
Maintenant, prêtres, à vous cet avertissement :
Si vous n’écoutez pas,
si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon nom
– dit le Seigneur de l’univers –,
j’enverrai sur vous la malédiction,
je maudirai les bénédictions que vous prononcerez.
Vous vous êtes écartés de la route,
vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude,
vous avez détruit mon alliance avec mon serviteur Lévi,
– dit le Seigneur de l’univers.
À mon tour je vous ai méprisés,
abaissés devant tout le peuple,
puisque vous n’avez pas gardé mes chemins,
mais agi avec partialité dans l’application de la Loi.
Et nous, n’avons-nous pas tous un seul Père ?
N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ?
Pourquoi nous trahir les uns les autres,
profanant ainsi l’Alliance de nos pères ?
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 130 (131), 1, 2, 3)
R/ Garde mon âme dans la paix
près de toi, Seigneur.
Seigneur, je n’ai pas le cœur fier
ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins,
ni merveilles qui me dépassent.
Non, mais je tiens mon âme
égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.
Attends le Seigneur, Israël,
maintenant et à jamais.
DEUXIÈME LECTURE
« Nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais même nos propres vies » (1 Th 2, 7b-9.13)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Frères,
nous avons été pleins de douceur avec vous,
comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons.
Ayant pour vous une telle affection,
nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu,
mais jusqu’à nos propres vies,
car vous nous étiez devenus très chers.
Vous vous rappelez, frères, nos peines et nos fatigues :
c’est en travaillant nuit et jour,
pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous,
que nous vous avons annoncé l’Évangile de Dieu.
Et voici pourquoi nous ne cessons de rendre grâce à Dieu :
quand vous avez reçu la parole de Dieu
que nous vous faisions entendre,
vous l’avez accueillie pour ce qu’elle est réellement,
non pas une parole d’hommes,
mais la parole de Dieu
qui est à l’œuvre en vous, les croyants.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Ils disent et ne font pas » (Mt 23, 1-12)
Alléluia. Alléluia.
Vous n’avez qu’un seul Père,
celui qui est aux cieux ;
vous n'avez qu'un seul maître, le Christ.
Alléluia. (cf. Mt 23, 9b.10b)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,
et il déclara :
« Les scribes et les pharisiens enseignent
dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire,
faites-le et observez-le.
Mais n’agissez pas d’après leurs actes,
car ils disent et ne font pas.
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter,
et ils en chargent les épaules des gens ;
mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens :
ils élargissent leurs phylactères
et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners,
les sièges d’honneur dans les synagogues
et les salutations sur les places publiques ;
ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi,
car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner,
et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père,
car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres,
car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé,
qui s’abaissera sera élevé. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 26e dimanche du temps ordinaire Année A : « Se convertir non en paroles, mais en actes »2023-09-26T21:37:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-26e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Se-convertir-non-en-paroles-mais-en-actes_a1139.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/74927093-52310330.jpg2023-09-26T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Les textes des lectures d’aujourd’hui et de l’évangile nous placent au cœur du Royaume de Dieu parmi nous. Ce Royaume n’est plus seulement annoncé par Jésus. Il est là. Il nous revient de le recevoir. Jésus dans l’évangile présente deux façons de le recevoir qu’il applique par la suite à ses interlocuteurs.
I – Deux réponses
Comme souvent, Jésus, ici encore, donne son enseignement en racontant une histoire, une parabole. Celle d’aujourd’hui est très courte et très simple. Elle met en scène deux fils qui répondent de façon différente à leur père qui leur demande d’aller travailler à sa vigne.
Le premier fils se montre récalcitrant devant la demande de son père. Il répond tout de suite qu’il refuse. Mais il n’est pas satisfait de sa réponse. On imagine qu’il mijote les raisons de la demande et qu’il se pose des questions sur sa réponse trop rapide. On pourrait dire qu’il se met en état de discernement face à cet appel qu’il n’attendait peut-être pas. Finalement il change sa réponse pour un oui en allant travailler à la vigne de son père.
Le second est plutôt sympathique au premier abord. Il a l’air généreux et répond sans hésitation à son père qu’il ira faire le travail demandé. Mais une fois cette promesse faite il ne se présente pas sur le terrain. A-t-il oublié ? S’est-il lancé dans d’autres travaux ? L’histoire ne le dit pas. Quoiqu’il en soit, il reste qu’il fait faux bond à son père. Il n’est pas fiable. Il se contente de sauver la face. Il est une manière de « yes man » dans l’argot québécois ou de « béni oui-oui » dans l’argot français. Il s’évertue à plaire aux autorités pour faire belle figure. Il n’y a aucune profondeur dans ses choix. C’est seulement la façade, l’extérieur qui compte.
Le second fils reste dans le monde des apparences. Il ne pense qu’à sauver sa face. Le premier fils est plus mûr. Il hésite. De prime abord, il n’est pas intéressé, mais à la réflexion il passe de la parole de refus à des gestes qui restaurent le lien avec son père et répondent à sa demande.
II – Message de la parabole
Jésus commente ce récit en demandant à ses auditeurs « Lequel des deux a fait la volonté du père? - Le premier, disent-ils ». Et Jésus, en partant de cette réponse qui loue l’attitude du premier fils qui s’est rebuté d’abord mais qui a changé de comportement en faisant la volonté de son père comme celui-ci le désirait, explique à ses auditeurs que le second fils représente les pharisiens qui, comme ce fils, se contentent de sauver la face, qui se complaisent dans les gestes extérieurs sans y mettre leur cœur, qui manquent de cohérence entre ce qu’ils disent et ce qu’ils font.
C’est ce qui le fera les traiter par Jésus de « sépulcres blanchis » (Mathieu 23, 27). Ils ont entendu la prédication des prophètes annonçant la venue du Royaume de Dieu. Ils écoutent celle de Jésus qui leur proclame que le Royaume de Dieu est déjà là, mais ils font la sourde oreille et se réfugient dans leurs pratiques extérieures.
Leur cœur reste fermé, tandis que c’est le contraire chez ceux et celles que Jésus appellent les publicains et les courtisanes, deux catégories de personnes loin des pharisiens. Les publicains souvent volent les gens en collectant les impôts pour les Romains et les courtisanes sont des filles de mauvaise vie.
Jésus les compare ici au premier fils en les louant, non de leurs fautes, mais de leur conversion et de leur acceptation de l’invitation du Père du ciel que représente le père des deux fils. « Je vous le dis en vérité, les publicains et les courtisanes vous devancent dans le Royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n'avez pas cru en lui; mais les publicains et les courtisanes ont cru en lui; et vous, qui avez vu, vous ne vous êtes pas repentis même par la suite pour croire en lui ». Le prophète Ezékiel fait dire à Dieu quelque chose de semblable dans la première lecture : « Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Il a ouvert les yeux et s’est détourné de ses crimes. C’est certain, il vivra, il ne mourra pas ».
La véritable conversion ne se réalise pas par des paroles uniquement, mais par des actes. Jésus dira un jour : « Ce n’est pas en me disant : ‘Seigneur, Seigneur !’ qu’on entrera dans le Royaume des cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux.» (Mathieu 7, 21). C’est que font ces publicains et ces courtisanes convertis par la parole de Jésus.
III – Application
Nous pouvons, à la suite de ce message de Jésus qui s’adresse d’abord aux personnes qui l'écoutent faire un pas de plus et nous demander quelle sorte d’auditeur ou d’auditrice nous sommes.
La question est tout à fait pertinente, car il y a en nous un mélange, dans des proportions variables, des deux fils et de leurs réponses, des pharisiens et des publicains. Nous avons à combattre pour laisser se manifester le meilleur en nous. Saint Paul dira aux chrétiens de Rome qu’il fait le mal qu’il ne voudrait pas et qu’il ne fait pas le bien qu’il voudrait (Romains 7, 19).
La demande du Père du ciel d’aller à sa vigne retentit toujours pour nous. Elle nous est transmise par Jésus lorsqu’il nous dit « Vous êtes le sel de la terre… vous êtes la lumière du monde » (Mathieu 5, 13-14). C’est une invitation qui s’adresse à toutes et à tous quelles que soient nos situations personnelles de péché qui nous éloignent de Dieu. Malgré nos fautes, nos erreurs, nos petitesses, Dieu nous regarde et nous dit comme le père des deux fils : « Allez à ma vigne ».
Cette invitation nous est faite avec douceur, avec miséricorde, car c’est le cœur que Dieu regarde et il n’est jamais trop tard pour aller à sa vigne, pour faire sa volonté.
Conclusion
Cette Eucharistie que nous célébrons ensemble nous met en action pour entrer de mieux en mieux dans la volonté de Dieu sur nous et sur le monde. Nous sommes soutenus dans cette démarche par la certitude de la présence réelle de Jésus qui, ressuscité, est toujours vivant.
À travers les signes du Pain et du Vin nous le recevons comme le Fils Premier-Né qui nous donne l’exemple de l’accomplissement parfait de la volonté de notre Père des cieux non seulement en paroles, mais en actes. C’est ce que je nous souhaite à toutes et à tous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
26 septembre 2023
LECTURES DE LA MESSE pour le 26e dimanche du temps ordinaire Année A
PREMIÈRE LECTURE
« Si le méchant se détourne de sa méchanceté, il sauvera sa vie » (Ez 18, 25-28)
Lecture du livre du prophète Ézékiel
Ainsi parle le Seigneur :
« Vous dites :
‘La conduite du Seigneur n’est pas la bonne’.
Écoutez donc, fils d’Israël :
est-ce ma conduite qui n’est pas la bonne ?
N’est-ce pas plutôt la vôtre ?
Si le juste se détourne de sa justice,
commet le mal, et meurt dans cet état,
c’est à cause de son mal qu’il mourra.
Si le méchant se détourne de sa méchanceté
pour pratiquer le droit et la justice,
il sauvera sa vie.
Il a ouvert les yeux
et s’est détourné de ses crimes.
C’est certain, il vivra, il ne mourra pas. »
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.
Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m’oublie pas.
Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.
DEUXIÈME LECTURE
« Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 1-11)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
Frères,
s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres,
si l’on s’encourage avec amour,
si l’on est en communion dans l’Esprit,
si l’on a de la tendresse et de la compassion,
alors, pour que ma joie soit complète,
ayez les mêmes dispositions,
le même amour,
les mêmes sentiments ;
recherchez l’unité.
Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux,
mais ayez assez d’humilité
pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes.
Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ;
pensez aussi à ceux des autres.
Ayez en vous les dispositions
qui sont dans le Christ Jésus :
ayant la condition de Dieu,
il ne retint pas jalousement
le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes.
Reconnu homme à son aspect,
il s’est abaissé,
devenant obéissant jusqu’à la mort,
et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté :
il l’a doté du Nom
qui est au-dessus de tout nom,
afin qu’au nom de Jésus
tout genou fléchisse
au ciel, sur terre et aux enfers,
et que toute langue proclame :
« Jésus Christ est Seigneur »
à la gloire de Dieu le Père.
– Parole du Seigneur.
Ou bien, lecture brève :
OU LECTURE BREVE
DEUXIÈME LECTURE
« Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 1-5)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
Frères,
s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres,
si l’on s’encourage avec amour,
si l’on est en communion dans l’Esprit,
si l’on a de la tendresse et de la compassion,
alors, pour que ma joie soit complète,
ayez les mêmes dispositions,
le même amour,
les mêmes sentiments ;
recherchez l’unité.
Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux,
mais ayez assez d’humilité
pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes.
Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ;
pensez aussi à ceux des autres.
Ayez en vous les dispositions
qui sont dans le Christ Jésus.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« S’étant repenti, il y alla » (Mt 21, 28-32)
Alléluia. Alléluia.
Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ;
moi, je les connais, et elles me suivent.
Alléluia. (Jn 10, 27)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
« Quel est votre avis ?
Un homme avait deux fils.
Il vint trouver le premier et lui dit :
‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’
Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’
Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.
Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière.
Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’
et il n’y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? »
Ils lui répondent :
« Le premier. »
Jésus leur dit :
« Amen, je vous le déclare :
les publicains et les prostituées
vous précèdent dans le royaume de Dieu.
Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice,
et vous n’avez pas cru à sa parole ;
mais les publicains et les prostituées y ont cru.
Tandis que vous, après avoir vu cela,
vous ne vous êtes même pas repentis plus tard
pour croire à sa parole. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour la fête de saint Joseph, époux de la Vierge Marie, patron du Canada « Homme juste, époux et serviteur fidèle »2021-03-19T01:30:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-saint-Joseph-epoux-de-la-Vierge-Marie-patron-du-Canada- Homme-juste-epoux-et-serviteur_a1009.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/54817680-41194761.jpg2021-03-19T00:30:00+01:00Hermann Giguère
J’ai été baptisé à la paroisse saint Joseph en Beauce et j’ai toujours eu une grande dévotion à saint Joseph. Je me rappelle avec nostalgie les invocations chantées à saint Joseph, protecteur des maisons religieuses à la fin de la prière du soir durant mes études classiques comme pensionnaire. Et que dire de la fête de saint Joseph que nous célébrions ici avec éclat. Les mots de la préface particulière pour la fête de saint Joseph au début de la Prière eucharistique m’ont inspiré les réflexions qui suivent.
I – L’homme juste que tu donnas comme époux à la Vierge Marie
Joseph est reconnu ici comme un homme juste. La richesse de ce terme dépasse l’usage qui en est fait lorsqu’il est appliqué au domaine financier. Dans la Bible le juste est quelqu’un d’accompli, un être épanoui et ouvert. Le juste est loué parce qu’il ne se regarde pas d’abord lui-même. Il porte avant tout son regard sur Celui qui l’a fait et qu’il sert : Dieu son créateur et son protecteur.
Dire que Joseph fut un homme juste, c’est le situer dans un environnement où ce n’est pas d’abord ce que tu fais, ce que tu gagnes, ce que tu réalises qui compte, mais c’est ce que tu es. C’est mettre de l’avant non pas le faire mais l’être. C’est pourquoi, l’humble artisan, le charpentier, que fut Joseph peut servir de modèle à tous ceux et celles qui demandent avec raison dans notre monde d’être reconnus dans leur dignité de personne humaine.
Joseph, l’homme juste, ne s’est pas renfermé sur lui. Il a accueilli, comme le raconte saint Luc dans son évangile, Marie de Nazareth comme épouse. Il a épousé en elle non seulement la jeune fille qu’il aimait, mais le destin que Dieu lui préparait. Ce qui l’amena à devenir comme le dit la préface à laquelle je me référais tout à l’heure « le serviteur fidèle et prudent à qui tu confias la sainte Famille ».
II- Serviteur fidèle et prudent
Ce rôle unique de Joseph auprès de Marie et de Jésus en fait une figure exceptionnelle. Tous les parents ici savent ce qu’il en coûte de temps et d’amour pour qu’une famille s’épanouisse et vive dans l’harmonie et le bonheur. Celle de Joseph, la Sainte Famille, a réalisé à la perfection sa mission en permettant à ses membres d’être ce qu’ils étaient appelés à être de toute éternité.
Sur les chemins de la vie quotidienne, la famille de Joseph a connu, c’est sûr, des hivers et des étés, des hauts et des bas, des questionnements même, mais Joseph ne mit jamais de côté cette foi et cette confiance en la Parole de Dieu qui se manifestaient dans son cœur et dans son intelligence.
Nous savons qu’il fut présent à Jésus et à Marie durant l’enfance de Jésus puisqu’on le retrouve avec eux au Temple lorsque Jésus avait 12 ans. On ne connaît pas ce qui s’est passé par la suite. Joseph disparaît du décor et au moment où Jésus commence à prêcher la Bonne nouvelle, il n’est plus question de lui dans les évangiles.
N’est-ce pas le lot d’un bon serviteur de laisser la place au Maître et de rester dans l’ombre ? Joseph s’est réalisé pleinement en donnant à sa façon Jésus au monde. C’est pourquoi, vous remarquerez que les statues et les tableaux de saint Joseph le présente habituellement tenant Jésus dans ses bras.
III – Un modèle pour aujourd’hui et un modèle de toujours
Dans notre la vie de tous les jours, tous et toutes, qui que nous soyons, nous sommes disciples de Jésus et, comme Joseph, nous le portons en nous, dans nos mains, dans nos gestes, dans nos actions. C’est à travers nous qu’il est encore présenté au monde aujourd’hui comme hier. Quelle belle mission que celle de présenter Jésus au monde.
Vous le savez les conditions où nous nous trouvons sont difficiles : décrochage et baisse de la pratique religieuse, sécularisation galopante, crise de confiance envers l’Église etc.
Le chrétien croyant baptisé chemine comme Joseph dans la foi et la confiance. Il n’attend pas de changements magiques. Il se tient là toujours prêt à recevoir ce que Dieu donne.
Nous sommes invités à être aujourd’hui, comme Joseph, de bons serviteur qui laissent la place au Maître et acceptent de rester dans l’ombre. Remplis de foi nous gardons une confiance inébranlable dans l’action du Seigneur. Même si nous ne la voyons pas toujours, nous y croyons de tout notre cœur.
Conclusion
Que cette Eucharistie où nous nous retrouvons ensemble comme frères et sœurs réunis pas une même foi manifeste à travers les gestes de Jésus à la dernière Cène notre désir de le suivre toujours de mieux en mieux, car « le maître, c’est le Christ; vous êtes à son service » comme le rappelle saint Paul aux Colossiens. « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père. » (Colossiens 3,17)
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 27e dimanche du temps ordinaire Année C « Si vous aviez la foi... »2019-10-03T01:37:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-27e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Si-vous-aviez-la-foi_a913.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/34112383-31266062.jpg2019-10-01T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Jésus est en marche vers Jérusalem depuis sa Galilée natale ce qui fait un peu plus de 100 kilomètres. Il fait cette longue marche à pied. Il la fait avec ses apôtres et plusieurs personnes qui le suivent. Tout ce beau monde monte à Jérusalem pour la Pâque. Durant cette marche, on prend des pauses, on cause et Jésus communique soit aux apôtres qu'il prend à part parfois soit à toute le monde ses pensées sur l’Alliance avec Dieu vécue par Israël en annonçant qu’elle deviendra une nouvelle Alliance dont il est porteur comme il l'a dit à Nazareth devant se concitoyens. En effet, c'est là qu'un jour, après avoir lu les paroles du prophète Isaïe décrivant la venue du Messie, il a proclamé : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ».(cf. Luc 4, 21)
I - Les exigences de la Nouvelle Alliance
Dans sa prédication publique et dans ses conversations privées, Jésus promet l’accomplissement de ce que Dieu a promis. Pour entrer dans son Royaume, les exigences sont radicales toutefois, elles vont bien au-delà des exigences de la Loi de Moïse. Les gens sont surpris, mais intéressés et gagnés à cette nouvelle façon de voir les relations de l'humanité avec Dieu, un Dieu qui n'est pas seulement une Maître exigeant mais un père pour ses enfants.
C’est ainsi que devant ces nouvelles exigences et l’incitation à choisir ce camp par opposition à celui des gens remplis d’eux-mêmes et profiteurs des réalités de ce monde comme le riche dont parlait l’évangile de dimanche dernier, les disciples sont un peu dépassés. Ils comprennent ce que Dieu attend d’eux. Ils sont prêts à adhérer à la vision de Jésus, mais ils ne sentent pas assez de force pour réussir à vivre ces nouvelles exigences.
C’est pourquoi ils demandent à Jésus d’augmenter leur foi, de leur donner une foi plus forte. Cette foi qu’ils demandent c’est l’abandon à la volonté de Dieu, c'est d’être capables de se laisser guider par les enseignements de Jésus dans toute leur vie.
Pour leur répondre, Jésus utilise une comparaison surprenante et il leur dit que s’ils avaient un peu de foi ils diraient à l’arbre qu'ils voient devant eux de se planter dans la mer et il le ferait! Par cette image, il leur indique que pour Dieu un tout petit peu de foi peut transformer toute une vie. Rien n'est impossible à Dieu. Il compare ce petit peu de foi à une graine de moutarde qui est une des plus petites graines qu’on trouve en Palestine. Elle est toute petite mais elle donne une plante vigoureuse. Ainsi de la foi.
Comme les apôtres, demandons au Seigneur d'augmenter notre foi car bien souvent nous laissons les visions humaines obscurcir celle-ci alors qu’en vivant dans l'abandon nous sommes sûrs que Dieu lui-même fera des merveilles et même des miracles.
II – La fidélité dans la foi
Le disciple qui s'abandonne dans une foi confiante est un disciple vivant la fidélité comme le souhaite la fin du texte lu dans la première lecture où il est dit « le juste vivra par sa fidélité ». Jésus, dans la petite parabole qui suit ses paroles sur la foi, explique que la fidélité du disciple est comparable à celle d’un ouvrier ou serviteur sur une ferme. Il fait son travail et en plus dans les mœurs du temps, il s’occupe du ravitaillement et de la bouffe. C’est tout un contrat, mais il est clair quand il accepte de boulot.
Sans juger des exigences de ce type de contrat, Jésus, retient que pour son disciple, il en va de même. Il a été choisi. Son engagement avec son Maître qui est Dieu est un engagement qu’il doit respecter en tout temps. Les deux ne sont pas sur le même pied. Le disciple, pour Jésus, est comme le serviteur. Il ne peut rien exiger de Dieu. C'est toujours Dieu qui a l’initiative dans son mouvement d’amour qui l’a rejoint et l’a sauvé. Le disciple ne peut prétendre imposer ses exigences à son Dieu.
Nous l’oublions parfois, hélas! lorsque nous sommes tentés de dire dans nos prières. « Mon Dieu, si tu me donnes cela, je te remercierai par un don à l’Église, mais si tu ne me donnes pas cela je bouderai, je laisserai de côté mes rencontres avec toi et je filerai mon chemin sans toi ». On sera toujours tentés de négocier comme cela avec Dieu alors que Jésus ici nous dit : « On ne négocie pas avec Dieu. Il sait ce dont vous avez besoin, vous êtes des serviteurs un point c’est tout ».
III – Application
J’aurais aimé être dans le groupe autour de Jésus pour l’entendre de vive voix faire ces recommandations et lui poser mes questions. Mais à bien y penser, il me permet de le faire aujourd’hui encore car il est toujours présent. Vivant et ressuscité il ne nous a pas quittés. C’est lui que je rencontre dans la célébration eucharistique en ce moment. Je fais confiance à l’Esprit Saint pour qu’il ouvre mon cœur et mon intelligence à la compréhension et à l’acceptation de son message.
Le message de Jésus, la Bonne Nouvelle, son Évangile a nourri des générations de disciples, dont ce matin la deuxième lecture nous présente un témoin exceptionnel. Il s’agit de Timothée qui a été converti par saint Paul et qu’il a choisi comme un de ses successeurs. Il lui rappelle dans cette lettre qu’il a reçu un esprit de force, d’amour et de pondération pour garder le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous. (Cf. 2 Timothée 1, 6-7 )
Cet Esprit est toujours à l’œuvre dans l’Église aujourd’hui, dans ceux et celles qui veulent suivre Jésus comme Timothée. Ne l’oublions pas.
Conclusion
Demandons au Seigneur de se manifester en nous par un abandon confiant à la parole du Seigneur Jésus, d'« augmenter notre foi » et soyons sûrs qu’il veille à ce que l’Esprit Saint fasse fructifier ce qui a été semé en nous.
Faisons, si vous le voulez bien, cette belle prière qu'on trouve dans la liturgie des ordinations presbytérales et diaconales : « Achève en nous, Seigneur, ce que tu as commencé ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
1 octobre 2019
Lectures de la messe pour le 27e dimanche du temps ordinaire Année C
Première lecture
« Le juste vivra par sa fidélité » (Ha 1, 2-3 ; 2, 2-4)
Lecture du livre du prophète Habacuc
Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler,
sans que tu entendes ?
crier vers toi : « Violence ! »,
sans que tu sauves ?
Pourquoi me fais-tu voir le mal
et regarder la misère ?
Devant moi, pillage et violence ;
dispute et discorde se déchaînent.
Alors le Seigneur me répondit :
Tu vas mettre par écrit une vision,
clairement, sur des tablettes,
pour qu’on puisse la lire couramment.
Car c’est encore une vision pour le temps fixé ;
elle tendra vers son accomplissement, et ne décevra pas.
Si elle paraît tarder, attends-la :
elle viendra certainement, sans retard.
Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite,
mais le juste vivra par sa fidélité.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9)
R/ Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur,
mais écoutez la voix du Seigneur ! (cf. Ps 94, 8a.7d)
Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !
Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.
Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »
Deuxième lecture
« N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur » (2 Tm 1, 6-8.13-14)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée
Bien-aimé,
je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu
ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains
Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné,
mais un esprit de force, d’amour et de pondération.
N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur,
et n’aie pas honte de moi, qui suis son prisonnier ;
mais, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances
liées à l’annonce de l’Évangile.
Tiens-toi au modèle donné par les paroles solides
que tu m’as entendu prononcer
dans la foi et dans l’amour qui est dans le Christ Jésus.
Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté,
avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Si vous aviez de la foi ! » (Lc 17, 5-10)
Alléluia. Alléluia.
La parole du Seigneur demeure pour toujours ;
c’est la bonne nouvelle qui vous a été annoncée.
Alléluia. (cf. 1 P 1, 25)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
les Apôtres dirent au Seigneur :
« Augmente en nous la foi ! »
Le Seigneur répondit :
« Si vous aviez de la foi,
gros comme une graine de moutarde,
vous auriez dit à l’arbre que voici :
‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’,
et il vous aurait obéi.
Lequel d’entre vous,
quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes,
lui dira à son retour des champs :
‘Viens vite prendre place à table’ ?
Ne lui dira-t-il pas plutôt :
‘Prépare-moi à dîner,
mets-toi en tenue pour me servir,
le temps que je mange et boive.
Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ?
Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur
d’avoir exécuté ses ordres ?
De même vous aussi,
quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné,
dites :
‘Nous sommes de simples serviteurs :
nous n’avons fait que notre devoir’ »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 25e dimanche du temps ordinaire Année B « De quoi discutiez-vous en chemin ? »2018-09-18T14:33:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-25e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-De-quoi-discutiez-vous-en-chemin_a853.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/22786329-25333355.jpg2018-09-18T20:00:00+02:00Hermann Giguère
Saint Marc dans l’évangile de ce matin nous fait entrer dans les conversations de Jésus au cours de ses déplacements en Galilée. Ce sont des souvenirs qu’il a reçu de ceux et celles qui étaient avec Jésus dans ces moments-là ou qui les ont entendus de d’autres. Il ne se préoccupe pas de les organiser selon un plan défini. Ce sont des sentences, des phrases qui sont rapportées un peu à bâtons rompus, pourrait-on dire.
Dans le texte de l’évangile qui vient d’être proclamé il y a trois sujets qui sont retenus par l’évangéliste dans le but d’aider les premières communautés à mieux connaitre Jésus et à le suivre.
I – La deuxième annonce de la Passion
Le premier sujet est grave. Saint Marc relève que Jésus avance dans sa mission et qu'elle approche désormais de son terme. Ce terme est celui de sa Passion et de sa Mort sur la croix. « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
En annonçant cette mort sur la croix avec les souffrances qui l’accompagneront, Jésus fait entrer ses disciples dans le mystère de l'amour de Dieu qui l’envoie porter les péchés du monde et réconcilier l’humanité avec Lui.
L’Ancien Testament l’annonçait. Les paroles du Livre de la Sagesse qu’on peut appliquer à Jésus en témoignent : « Soumettons-le à des outrages et à des tourments, nous saurons ce que vaut sa douceur ».
Les apôtres ont déjà entendu ce discours qui avait révolté Pierre et que Jésus avait rabroué. Nous avions cet épisode dans l’évangile de dimanche dernier. Ici, Jésus se contente de confirmer aux disciples que tel est bien la destinée vers où il se dirige. Il leur donnera plus de détails quand l’heure sera venue. Après cette annonce, saint Marc passe à un autre sujet.
II – Le désir d’être en premier
Cet autre sujet c’est la discussion des disciples entre eux pour savoir qui est le plus grand. Et quand Jésus leur demande « De quoi discutiez-vous en chemin ? », ils sont un peu mal à l’aise et ne répondent pas. Ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand nous dit saint Marc. Leurs préoccupations et leurs conversations apparaissent ainsi tout à fait dans l’esprit du monde, l’esprit « mondain » que dénonce souvent le pape François.
Dans la deuxième lecture, la Lettre de saint Jacques dénonce cette mentalité mondaine : « D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes ? Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. »
Les premiers chrétiens n’étaient pas indemnes de tentations comme celle des apôtres. Être le plus grand et briller par le pouvoir et par les honneurs exercent toujours un certain attrait qu’il faut reconnaître et combattre. Nous ne sommes pas différents d’eux. C’est pourquoi, comme eux nous avons à encore à apprendre de Jésus la véritable attitude du disciple. C’est le troisième sujet qui invite à créer dans les premières communautés chrétiennes un cadre de vie à l’inverse des valeurs que la société leur propose.
III – Le cadre du service et de l’amour mutuel
Ce cadre de vie est celui du service et de l’amour mutuel. Voilà le troisième sujet abordé par Jésus ce matin.
Saint Marc rappelle cette parole de Jésus qui a été conservé soigneusement : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ».
Dans la communauté chrétienne les valeurs de promotion personnelle, de compétition et de réussite ne sont pas ce qui est recherché d’abord et avant tout. C’est le service qui met les uns et les autres sur le même pied, c’est l’amour mutuel. C'est le « aimez-vous les uns les autres ».
Et pour illustrer, ce cadre particulier du service et de l’amour mutuel dans la communauté, saint Marc rappelle les paroles de Jésus sur les enfants. Il montre même Jésus qui prend un enfant, le place au milieu des disciples et l’embrasse en leur disant : « Quiconque accueille en mon nom, un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé ».
On peut penser que cet enfant représente le disciple qui se fait, tel un enfant, petit et accueillant et qui s’en remet à Dieu comme l’enfant s’en remet à ses parents pour grandir et se développer Ce fut la découverte de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui disait « Je suis petite et Dieu mon Père fait tout pour moi. Je me contente de me laisser aimer car par moi-même je ne puis rien ». Saint Paul ne parlait pas autrement lorsqu’il écrivait que Dieu se manifeste dans la faiblesse « Et lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort de la force de Dieu » (2 Corinthiens 12, 10).
Conclusion
Voilà trois belles considérations pour nous inspirer cette semaine. Demandons au Seigneur dans cette Eucharistie d'entrer de plus en plus dans cette révélation que Jésus nous fait de lui-même et prions-le de nous accorder de devenir nous aussi comme les premiers chrétiens des disciples attentifs à le découvrir de plus en plus.
Que par la coupe et par le pain partagés nous le recevions déjà afin qu’il nous rende de plus en plus semblables à lui et que nous pussions dire comme saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi ». (Galates 2, 20)
Amen.
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
18 septembre 2018
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 31e dimanche du temps ordinaire Année A « Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé »2017-11-03T13:18:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-31e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Qui-s-elevera-sera-abaisse-qui-s-abaissera-sera-eleve_a798.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/17348919-21860458.jpg2017-10-31T20:00:00+01:00Hermann Giguère
Le message de l’évangile d’aujourd’hui qui vient d’être lu est clair. Jésus nous invite à fuir l’hypocrisie et à développer l’humilité dans nos vies et dans nos communautés chrétiennes. Le prophète Malachie tient un discours semblable dans la première lecture et saint Paul se décrit plein de douceur et d’affection pour ses frères et sœurs de la ville de Thessalonique en Grèce qu’il a évangélisés. Revenons à l’évangile.
I - Les reproches aux pharisiens
Jésus commence par une charge contre l’hypocrisie des pharisiens. Leur hypocrisie prend divers chemins qu'il dénonce vigoureusement.
Il leur reproche premièrement de ne pas mettre leurs actes et leurs gestes en accord avec ce qu’ils disent. Leur agir n’est pas cohérent avec leurs paroles.
En second lieu, il leur reproche d’imposer aux autres des fardeaux pesants qu’eux se dispensent de porter. Ils chargent les autres d’obligations qu’eux ne respectent pas.
En troisième lieu, et c’est un reproche qu’on retrouve ailleurs, Jésus condamne l’ostentation dont font preuve les pharisiens qui privilégient la façade au lieu de l’intérieur. Ils aiment se montrer pieux en public. Ils portent des signes de dévotion exagérés, de grands phylactères. Il s’agit d’une petite boîte cubique enfermant des bandes de parchemin sur lesquelles sont inscrits des versets de l’Écriture Sainte. Cet usage est encore présent aujourd’hui chez les juifs pieux. Les pharisiens cherchaient à se montrer plus zélés que les autres et s’en glorifiaient.
Ces trois reproches montrent comment s’inscrivent les comportements hypocrites. Ils ne sont pas réservés aux pharisiens. Ils nous guettent encore aujourd’hui. C’est pour cela qu’au début de chaque temps du Carême, l’Église nous invite à relire le passage suivant de saint Mathieu : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer…quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient… Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra ». (Mathieu 6, 5-6)
Voilà des comportements à l’opposé de ceux des pharisiens.
II - L'humilité, fondement de la vie chrétienne
Les premiers chrétiens à qui s’adressent saint Paul et saint Mathieu l’avaient bien compris. Il avaient retenu l’enseignement de Jésus qui figure ici après les reproches aux pharisiens et la condamnation de l’hypocrisie : « Qui s’élèvera sera abaissé et qui s’abaissera sera élevé ». Cet enseignement met de l’avant la vertu d’humilité, une humilité vécue simplement, sans bruit et sans éclats.
La dernière phrase de l’évangile que je viens de citer mérite une petite explication, car à la prendre au pied de la lettre on pourrait croire que l’humilité est comme un jeu de qui perd gagne, une façon de s’élever sans que cela paraisse. Ce qui n’est pas le cas dans le message de Jésus. L’abaissement dont il parle est à comprendre en relation avec le regard et l’amour de Dieu sur chacun et chacune de nous. C’est lui qui « élève » et qui « abaisse ».
La véritable humilité est ainsi une remise entre les mains de Dieu, un abandon confiant comme ce fut le cas de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui avait découvert ce chemin et qui s’en est faite la promotrice dans ce qu’on a appelé la « petite voie ». Elle invitait à laisser la puissance de Dieu agir et à se jeter dans les bras de Dieu, notre Père, comme un enfant.
L’humilité c’est la reconnaissance de notre petitesse devant Dieu. Elle devient ainsi le pilier solide de notre relation à Dieu et aux autres.
III – Des règles pour les disciples
Il y a plusieurs dangers sur le chemin de l’humilité. Jésus les dénonce en les caractérisant par des titres qu’on revendique comme « Rabbi (professeur), Père ou Maître ». Il est direct et invite à ne pas se laisser emporter dans leur sillage. On pourrait dire qu’il récuse ainsi tout ce qui entoure ces titres : l’autoritarisme, le paternalisme, l’exploitation des petits, l’orgueil du savoir etc. L’humilité vraie se traduit dans le service et l’amour fraternel. « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur » dit Jésus.
Les mots que Jésus cite comme « Père » et « Maître » sont utilisés encore aujourd’hui dans l’Église, mais il est à souhaiter que ce qu’ils impliquent comme dérive hypocrite et orgueilleuse ne se matérialise pas. Le pape François est d’un puissant appui sur ce chemin. Ses titres « Pape, Souverain Pontife, Sa Sainteté etc. » font place pour lui à celui d’Évêque de Rome, de Serviteur des serviteurs de Dieu, de Frère parmi ses frères et sœurs. C’est ce que saint Augustin proclamait avec bonheur dans une phrase célèbre que je vous traduis : « Je suis chrétien avec vous, et évêque pour vous ».
Nos communautés chrétiennes et notre Église vivent les exigences évangéliques dans diverses situations sociales et historiques. Elles sont incarnées. Elles pourront avoir des figures concrètes qui empruntent aux usages du temps ou des contrées où elles vivent, mais elles ne devront jamais mettre de côté l’essentiel du message de Jésus qui invite à développer en nous et dans nos communautés des attitudes d’humilité qui favorisent le partage, le service, l’entraide, la compassion, la miséricorde dont notre monde a tant besoin.
Conclusion
Il est important aujourd’hui que le discours chrétien ne soit pas fait seulement de mots. Nous employons volontiers les mots de « frères » et de « sœurs » pour parler de ceux et celles qui partagent notre foi et même pour tous les autres. Demandons au Seigneur au cours de cette messe que ces mots ne soient pas seulement des mots, mais qu’ils deviennent pour nous des réalités vécues concrètement.
À chaque Eucharistie nous pourrons alors en vérité célébrer une rencontre fraternelle qui ouvre sur la rencontre parfaite où avec le Christ ressuscité nous nous retrouverons pour louer et chanter la gloire de Dieu pour l’éternité.
Redisons avec humilité, si vous le voulez bien, cette prière du psaume 130 que nous avions comme chant de méditation :
Garde mon âme dans la paix près de toi, Seigneur.
Seigneur, je n'ai pas le cœur fier
ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins,
ni merveilles qui me dépassent.
Non, mais je tiens mon âme
égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
31 octobre 2017
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Le prêtre selon un séminariste d'aujourd'hui2013-11-05T20:37:00+01:00http://www.hgiguere.net/Le-pretre-selon-un-seminariste-d-aujourd-hui_a552.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/5817494-8673382.jpg2013-09-04T04:38:00+02:00léandre zéfack
Alors que la société connaît de multiples mutations à grande vitesse, on entend souvent dire dans les médias et ailleurs que l’Église doit suivre et s’adapter à son époque, d’où de nombreuses critiques sur la gestion des affaires de l’Église, des accusations à l’encontre des prêtres, religieux et religieuses, et même le rejet de Dieu dans certains cas. Lorsque j’ai fait part à des proches de mon appel vocationnel et de ma décision de suivre le Christ dans le sacerdoce, à plusieurs reprises il m’a été demandé si je n’avais pas peur de m’engager dans une institution aussi ringarde que l’Église Catholique ? Si la baisse des vocations et la désertification des églises ne me faisaient pas peur ? Si le célibat des prêtres ne me faisait pas peur ? Si j’étais conscient que je m’en allais pour devenir un pédophile ? Si ça ne me dérangeait pas de me retrouver dans une institution bornée, sectaire, fermée sur des questions tel l’accueil des personnes homosexuelles au sein de l’Église, l’ordination des femmes, le mariage des prêtres, etc.
Voilà autant de questions qui m’ont davantage motivé dans mon discernement vocationnel et surtout conforté dans mon choix de suivre le Christ malgré tous ces questionnements et ces critiques contre l’Église. Voilà autant de questions qui ont motivé la rédaction de cet article sur ce qui me semble être le prêtre d’aujourd’hui et de demain pour l’Église et la société, ainsi que le type de prêtre que je désire être plus tard si la vocation au sacerdoce se confirme au terme des années de discernement à venir.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain, c’est d’abord un « baptisé », un chrétien qui vit pleinement sa foi, qui est enraciné dans une culture, qui vit au milieu d’un peuple. On a longtemps mis le prêtre sur un autre pied d’escale, on même souvent fait de lui un superhomme. Pourtant, c’est un homme simple, un pauvre pécheur, un baptisé qui doit vivre son chemin de conversion au quotidien comme tout chrétien. Ceci signifie que le prêtre n’est pas un homme à part ni un homme extraordinaire, c’est un baptisé. Dans nos communautés chrétiennes, il est donc urgent que nous réapprenions à nous affirmer comme baptisés, et à mettre le prêtre dans cette même « catégorie », que nous acception que c’est un homme simple qui a besoin d’être porté par toute la communauté, et cela à tous les niveaux, que c’est seulement avec sa communauté qu’il vit pleinement sa vocation de prêtre au service de l’Église et du peuple de Dieu.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain, c’est d’abord un serviteur et non un maître. Suivre le Christ dans le sacerdoce c’est devenir un autre Christ, c’est-à-dire marcher à sa suite dans un détachement des choses matérielles pour une recherche sans fin des choses d’en haut. C’est accepter de quitter un certain confort pour vivre une proximité avec les plus pauvres. Un chrétien qui n’a jamais de pauvres à sa table est-ce vraiment un chrétien ? Est-ce vraiment un autre Christ ? Un chrétien qui ne se met jamais au service des autres, qui ne recherche que son propre intérêt est-il véritablement chrétien ? Il est de même pour le prêtre, car comme évoqué précédemment, c’est d’abord un baptisé.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain c’est d’abord un homme de prière. Pour aller vers ses frères et sœurs, pour se faire serviteur, si le prêtre ne va pas d’abord à la source s’abreuver, comment pourra-t-il avoir les ressources nécessaires pour son ministère ? C’est un homme qui vit une intimité profonde avec le Christ, qui repose sa tête sur le cœur du Christ et porte au Père l’humanité tout entière. Sans la prière, le prêtre n’est rien, il est réduit à un pauvre fonctionnaire qui remplit des tâches, et l’Église devient par la même occasion une simple ONG.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme qui vit de la Parole de Dieu, qui s’y conforme. Car la révélation et tous les enseignements du Christ s’y trouvent. C’est en le voyant vivre de cette Parole que toute la communauté chrétienne pourra s’en émerveiller et marcher elle aussi à la suite du Christ.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme qui n’a pas peur de refuser d’entrer dans un moule, qui ose aller à contre-courant de tout ce qui va à l’encontre de l’enseignement du Christ : l’Amour. C’est un homme qui refuse toute hypocrisie et dénonce jusqu’au prix de sa vie tout ce qui opprime l’Homme, tout ce qui éloigne l’Homme de son créateur, tout ce qui sépare les Hommes. C’est un homme qui donne sa vie gratuitement pour emmener l’humanité tout entière à Dieu sans distinction de race, de sexe, d’orientation sexuelle, etc. Il n’est pas le juge des âmes, mais celui qui les emmène au Christ. Il n’est pas l’ami de tous ces types de riches capitalistes qui ont pour seule devise « le profit, peu importe les moyens employés », mais l’ami des pauvres, des petits, des gens sans défense, des personnes marginalisées.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme de son temps, qui vit dans le monde sans être du monde, qui vit au cœur des préoccupations politiques, économiques, sociales, etc., des hommes et des femmes de son époque. C’est un homme qui va à la rencontre des autres, qui n’attend pas dans son confort que le monde vienne à lui. Le prêtre n’aura jamais la prétention de changer le monde à sa manière, il doit accepter que les églises soient vides, il doit être un homme d’écoute qui se laisse mouvoir par les motions de l’Esprit-Saint, un homme qui permet que la volonté de Dieu se fasse et non la sienne, qui fait advenir le règne de Dieu.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme fidèle à l’Église du Christ et à sa doctrine comme un époux envers son épouse. S’il n’aime pas l’Église et ne la défend pas au prix de sa vie, à quoi lui sert-il d’être chrétien ? C’est donc une attitude que doit avoir tout baptisé, et non pas seulement le prêtre. Mais, ce dernier doit être un exemple. Il doit aimer l’Église avec ses faiblesses et ses forces, et emmener tous les chrétiens et chrétiennes à vivre ce même Amour pour le Corps du Christ que forme l’Église.
Le prêtre aura beau avoir de grandes qualités humaines, des charismes particuliers, etc., si le Christ, la Parole et l’Amour ne sont pas au centre de sa vie, s’ils ne constituent pas son essence, il demeurera un fonctionnaire et un carriériste. Il est alors un véritable danger pour les âmes dont il a la charge et une plaie pour l’Église du Christ. Car point n’est besoin d’être prêtre pour être au service des autres. De nombreuses personnes se donnent corps et âmes, elles consacrent leur vie pour des causes louables et diverses : humanitaires, écologiques, etc., et font un travail remarquable. Si la vocation sacerdotale vient à être réduite à cela, il ne sera donc pas surprenant que le Christ et son Église soient bafoués et tirés vers le bas.
Léandre.
3 septembre 2013
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« Serviteur de l'Évangile » - Homélie pour l'anniversaire du décès de monsieur l'abbé Henri Beaumont2013-06-13T03:37:00+02:00http://www.hgiguere.net/Serviteur-de-l-Evangile-Homelie-pour-l-anniversaire-du-deces-de-monsieur-l-abbe-Henri-Beaumont_a417.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/3021009-4302993.jpg2011-06-11T16:58:00+02:00Hermann Giguère
C’est le souvenir de monsieur l'abbé Henri Beaumont (1920-2010) qui nous rassemble ce matin. Il nous a quittés le 22 juin 2010 de façon assez rapide et tout doucement, sans faire de bruit. Cette image d'un homme discret et effacé reste dans nos mémoires.
Le personnage de saint Barnabé que nous fêtons en ce jour et dont la première lecture nous raconte l'envoi en mission est, à première vue, à l'opposé de ce que fut monsieur Beaumont. Et pourtant, les deux personnages nous révèlent le coeur de l'Église qui se nourrit de la complémentarité des charismes de ses membres. Le Corps mystique du Christ qui est l'Église est formé de divers membres avec leurs talents, leurs ressources et leur vocation propre qui en manifestent la beauté et la richesse.
1- Ouvrier de l'Évangile
On peut dire sans exgération que notre confrère monsieur Beaumont fut comme saint Barnabé un ouvrier remarquable de l'Évangile. Comme lui c'est par l'imposition des mains reçue à son ordination au presbytérat qu'il a été consacré dans sa vocation de prêtre. Comme Barnabé et Paul, il a accepté d'être séparé, mis à part, pour le service de l'Évangile.
Il n'a pas pour autant laissé de côté les membres de sa famille ici présents. Il fut toujours pour eux un soutien, un conseiller et un confident même dans les moments difficiles. Mais ce que je retiens, c'est la fidélité durable à un appel entendu dans sa jeunesse et à une vocation qui s'est manifesté dans un service auprès des autres qui a pris diverses formes.
Son intelligence, son discernement et son jugement furent sans cesse mis à contribution dans son enseignement à la Faculté de théologie et de sciences religieuses, auprès des couples, comme juge au tribunal matrimonial diocésain, comme supérieur et directeur spirituel au Grand Séminaire pour ne citer que quelques-uns des terrains où s'est réalisé sa vocation de prêtre.
2 - À l'écoute
Ouvrier de l'Évangile, monsieur Beaumont, fut aussi comme saint Barnabé, mais à sa façon, un apôtre ouvert aux personnes et aux nouveautés de l'Esprit. On voit dans la première lecture Paul et Barnabé qui prennent du temps avec les gens à Antioche "...pendant toute une année, est-il écrit, ils furent les hôtes de l'Église, ils instruisirent une foule considérable.
Tel fut monsieur Beaumont : présence assidue et constante; écoute attentive et ouverte; annonce claire et sentie de l'amour de Jésus. Les heures passées à son bureau comme conseiller spirituel furent les plus belles de sa vie, disait-il. À la retraite, il ne cessait de recevoir ceux et celles qui se présentaient.
Cette facette de la vie de monsieur Beaumont ne le confinait pas dans l'individuel et l'intime, Il a su comme Paul et Barnabé "instruire une foule considérable", c'est-à-dire guider et encadrer avec compétence et sagesse de nombreux étudiants et étudiantes au cours de sa carrière de professeur d'Éthique et Morale. On pourrait dire de lui ce que l'auteur des Actes des Apôtres écrit de Barnabé ; "c'était un homme de valeur, rempli d'Esprit Saint et de foi" (Actes, 11, 24).
3 - Dépouillé et donné aux autres
Si nous laissons maintenant les paroles de l'évangile de Matthieu résonner en nous, celles-ci, rapportant certaines des consignes données par Jésus à ses disciples, me paraissent s'incarner profondément dans la vie de monsieur Beaumont : surtout son détachement proverbial et son attention au vécu des personnes.
"Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement" conseille Jésus aux Apôtres. Restez libres "ni or ni argent... ni sac, ni sandales, ni bâton." Monsieur Beaumont avait bien compris cette consigne. Il fut un homme libre dans sa vie personnelle, dans ses opinions, dans son enseignement, dans ses conseils. "Serviteur de l'Évangile", il trouvait dans ces Paroles de vie la source de cette liberté.
"Informez-vous pour savoir qui est digne de vous accueillir...rester chez lui..." dit Jésus aux Apôtres. Je trouve dans cette autre consigne de Jésus une illustration du soin que mettait monsieur Beaumont à ne pas s'imposer, à procéder lentement, à regarder les personnes en face, à les accueillir en ce qu'elles étaient sans jamais les juger.
Son attention au vécu des personnes était proverbiale. Plutôt que de transmettre une théorie, une réflexion abstraite, monsieur Beaumont s'intéressait à la vie concrète, aux situations particulières. Casuiste, disait-on de lui sans être péjoratif, il l'était admirablement. On reconnaissait ainsi son souci continuel d'aller dans les détails des situations pour mieux les peser, les évaluer et porter un jugement équilibré.
Je m'arrête dans cet éloge qui ne nous éloigne pas cependant des lectures du jour puisqu'il nous donne l'occasion de reconnaître en saint Barnabé dont c'est la fête et en monsieur Beaumont dont nous faisons mémoire d'admirables "serviteurs de l'Évangile" chacun à leur façon.
Conclusion
Baptisés et disciples de Jésus, nous sommes invités à marcher dans la même voie. Les obstacles ne manquent pas. La route est difficile parfois. Comme le prophète Élie nous risquons de manquer de force pour aller jusqu'au bout. La force et la nourriture spirituelle dont nous avons besoin nous les trouvons dans l'Eucharistie.
Que cette célébration en mémoire de notre frère Henri ravive notre foi, soutienne notre espérance et nous enflamme d'amour. C'est ce que je nous souhaite à tous.
Amen!
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« Serviteur fidèle et prudent » - Homélie aux funérailles de monsieur l'abbé Henri Beaumont par le cardinal Ouellet2010-09-07T23:11:00+02:00http://www.hgiguere.net/Serviteur-fidele-et-prudent-Homelie-aux-funerailles-de-monsieur-l-abbe-Henri-Beaumont-par-le-cardinal-Ouellet_a360.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/2194328-3059465.jpg2010-07-02T19:02:00+02:00Hermann Giguère
Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte.
Chers confrères, évêques et prêtres,
Chers membres de la communauté des prêtres du Séminaire de Québec,
Chers membres de la famille de l’abbé Beaumont, chers amis,
Nous sommes rassemblés pour un dernier adieu à l’abbé Henri Beaumont, prêtre du Séminaire de Québec, qui est entré au Petit Séminaire de Québec à l’âge de 11 ans, puis au Grand Séminaire jusqu’à son ordination sacerdotale le 15 juin 1946. Il exerça ensuite son ministère sacerdotal comme formateur au Grand Séminaire et comme professeur à la Faculté de théologie de l’Université Laval. Peu de prêtres ont vécu comme lui toute leur vie dans la même institution, dont 64 années de sacerdoce consacrées à l’enseignement, à l’accompagnement spirituel des séminaristes, des prêtres, des couples et aussi des religieuses, car il a exercé un ministère important comme aumônier des Ursulines et des Sœurs de la Sainte-Famille de Bordeaux.
Conseiller recherché, professeur compétent et pasteur très dévoué, l’abbé Beaumont a exercé une influence profonde sur un nombre incalculable de personnes engagées dans la vie de l’Église. Nous sommes tous conscients de perdre une figure de premier plan de notre Église, une figure peu connue peut-être du grand public, mais tellement significative pour la vie spirituelle et intellectuelle de beaucoup d’entre nous. Par son témoignage de longue fidélité et sa manière d’être, humble et discrète, Monsieur Beaumont était en quelque sorte une institution dans l’institution, une référence, un prêtre estimé de tous et un sage très consulté jusque dans son grand âge.
« Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées ». Ces paroles de l’Évangile me semblent bien correspondre à la vie de ce prêtre remarquable par sa constance et sa sagesse. C’était un homme de foi profonde et de mure réflexion, de tempérament timide et introverti qui fuyait les feux de l’actualité, mais qui gardait la tenue de service par sa disponibilité et la qualité de son ministère. Il priait de façon fervente et assidue. Ses cours et ses homélies étaient toujours soigneusement préparées. Si le ton de ses enseignements pouvait paraître terne à certains, leur contenu impressionnait et rendait réellement service. L’abbé Beaumont était d’une intelligence pénétrante, très au fait de l’évolution des idées, ouvert d’esprit et de cœur au dialogue, respectueux dans la manière de s’exprimer, surtout quand il formulait quelque réserve sur un livre ou une opinion théologique, notamment dans le domaine de la théologie morale. Les nobles qualités de ce prêtre et ses états de service font honneur à la Faculté de théologie et à la Communauté des Prêtres du Séminaire de Québec qui lui doivent beaucoup.
Nous nous recueillons au chevet de sa dépouille en pensant au mystère du sacerdoce que la Parole de Dieu éclaire aujourd’hui d’une vive lumière. « Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Vraiment, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour ». Le prêtre est un serviteur de Dieu au milieu de son peuple. Il représente le Christ Jésus, le Bon Pasteur qui annonce le Royaume, qui s’abaisse pour laver les pieds de ses disciples et qui donne sa vie pour ses brebis. L’abbé Beaumont a servi le Christ, Prêtre et Pasteur, de diverses manières, durant 64 ans de ministère, apportant à ses frères et sœurs la sagesse de l’Église à laquelle il était indéfectiblement attaché. En évoquant la mémoire de ce prêtre rayonnant de bonté, prenons conscience plus profondément de ce que signifie la prêtrise pour l’Église et le monde. Le prêtre est l’homme de la Parole, de la prière et de l’unité. Il rassemble et sanctifie la communauté des croyants au nom du Christ et de l’Église. Ce n’est qu’un pauvre serviteur de la grâce mais il demeure néanmoins indispensable.
Chers membres de la famille, amis et proches de l’abbé Henri Beaumont, notre Église a besoin de prêtres. Notre Église a un urgent besoin de prêtres, de diacres, de personnes consacrées et de laïcs ardents qui témoignent de l’Évangile en esprit de solidarité et de communion. Devant l’urgence d’une nouvelle évangélisation et l’appauvrissement en ressources, prions le Maître de la moisson, avec humilité et persévérance, d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Notre Église a besoin de prêtres, qui, comme l’abbé Beaumont, sauront apporter un éclairage judicieux sur les questions de théologie morale qui sont souvent délicates, mais nécessaires pour guider la route des baptisés avec une conscience éclairée.
Gardons vivant le témoignage édifiant de l’abbé Beaumont en devenant personnellement plus engagés pour demander des vocations à la prêtrise et pour les accompagner de notre mieux; encourageons les familles et les communautés chrétiennes à redécouvrir la grandeur et l’importance du sacerdoce ministériel au sein de la mission de l’Église; n’hésitons pas à inviter des jeunes à fréquenter le Petit Séminaire diocésain et à soutenir les candidats qui entrent au Grand Séminaire. C’est la responsabilité de toute la communauté ecclésiale et c’est la nôtre aujourd’hui, en présence de ce serviteur fidèle de l’Évangile, de promouvoir avec une nouvelle ardeur et de nouveaux moyens les vocations au sacerdoce. Puisse le Bienheureux François de Laval, fondateur de notre Église de Québec, obtenir pour nous du Maître de la moisson, des ministres de la Parole et de l’Autel qui soient de la trempe de ce bon prêtre que nous portons à son dernier repos.
Au moment où nous allons poursuivre l’Eucharistie, rappelons-nous du rôle irremplaçable et unique du prêtre à la messe. Laissons-nous inspirer par les paroles de la Constitution sur la Divine liturgie du Concile Vatican II : « Le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques. Le Christ est présent dans le sacrifice de la messe et dans la personne du ministre, « le même offrant maintenant par le ministère des prêtres, qui s’offrit alors lui-même sur la croix et, au plus haut point sous les espèces eucharistiques ». (S.C. 7).
« Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Vraiment, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour ». Chers amis, c’est ce mystère qui s’accomplit maintenant pour nous. Le Maître nous invite à sa table, Il nous sert le mets le plus précieux et le plus inimaginable en nous offrant humblement son corps à manger et son sang à boire, comme remède d’immortalité et nourriture de vie éternelle. Rendons grâces à Dieu. Ce mystère ineffable, c’est par le prêtre qu’il s’accomplit. Amen!
Marc Cardinal Ouellet
Archevêque de Québec et Primat du Canada
28 juin 2010.
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Homélie pour la fête de saint Joseph, travailleur - Saint Joseph : homme juste, époux et serviteur fidèle2017-05-01T17:25:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-saint-Joseph-travailleur-Saint-Joseph-homme-juste-epoux-et-serviteur-fidele_a346.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/2067554-2868650.jpg2010-05-01T03:32:00+02:00Hermann Giguère
J’ai été baptisé à la paroisse de saint Joseph en Beauce et j’ai toujours eu une grande dévotion à saint Joseph. Je me rappelle avec nostalgie les invocations chantées à saint Joseph, protecteur des maisons religieuses à la fin de la prière du soir durant mes études classiques comme pensionnaire. C’est pourquoi, je suis heureux de présider cette messe du premier anniversaire du décès de notre confrère l’abbé Edmond Labrecque en la fête de saint Joseph, travailleur. Cette fête, introduite dans l'année liturgique par le pape Pie XII en 1955, nous permet de nous laisser toucher par cet humble artisan et travailleur que fut saint Joseph. Les mots de la préface qui lui est consacrée au début de la Prière eucharistique m’ont inspiré les réflexions qui suivent.
I – L’homme juste que tu donnas comme époux à la Vierge Marie
Joseph est reconnu ici comme un homme juste. La richesse de ce terme dépasse l’usage qui en est fait lorsqu’il est appliqué au domaine financier. Dans la Bible le juste est quelqu’un d’accompli, un être épanoui et ouvert. Le juste est loué parce qu’il ne se regarde pas d’abord lui-même. Il porte avant tout son regard sur Celui qui l’a fait et qu’il sert : Dieu son créateur et son protecteur.
Dire que Joseph fut un homme juste, c’est le situer dans un environnement où ce n’est pas d’abord ce que tu fais, ce que tu gagnes, ce que tu réalises qui compte, mais c’est ce que tu es. C’est mettre de l’avant non pas le faire mais l’être. C’est pourquoi, l’humble artisan, le charpentier, que fut Joseph peut servir de modèle à tous les travailleurs et travailleuses qui demandent avec raison dans notre monde d’être reconnus dans leur dignité de personne humaine et de ne pas être traités seulement comme un ressource interchangeable des entreprises où ils deviennent hélas! parfois une simple monnaie d’échange.
Joseph, l’homme juste, ne s’est pas renfermé sur lui. Il a accueilli, comme le raconte saint Luc dans son évangile, Marie de Nazareth comme épouse. Il a épousé en elle non seulement la jeune fille qu’il aimait, mais le destin que Dieu lui préparait. Ce qui l’amena à devenir comme le dit la préface à laquelle je me référais tout à l’heure « le serviteur fidèle et prudent à qui tu confias la sainte Famille ».
II- Serviteur fidèle et prudent
Ce rôle unique de Joseph auprès de Marie et de Jésus en fait une figure exceptionnelle. Tous les parents qui sont ici savent ce qu’il en coûte de temps et d’amour pour qu’une famille s’épanouisse et vive dans l’harmonie et le bonheur. Celle de Joseph, la Sainte Famille, a réalisé à la perfection sa mission en permettant à ses membres d’être ce qu’ils étaient appelés à être de toute éternité.
Sur les chemins de la vie quotidienne, la famille de Joseph a connu, c’est sûr, des hivers et des étés, des hauts et des bas, des questionnements même, mais Joseph ne mit jamais de côté cette foi et cette confiance en la Parole de Dieu qui se manifestaient dans son cœur et dans son intelligence.
Nous savons qu’il fut présent à Jésus et à Marie durant l’enfance de Jésus puisqu’on le retrouve avec eux au Temple lorsque Jésus avait 12 ans. On ne connaît pas ce qui s’est passé par la suite. Joseph disparaît du décor et au moment où Jésus commence à prêcher la Bonne nouvelle, il n’est plus question de lui dans les évangiles.
N’est-ce pas le lot d’un bon serviteur de laisser la place au Maître et de rester dans l’ombre? Joseph s’est réalisé pleinement en donnant à sa façon Jésus au monde. C’est pourquoi, vous remarquerez que les statues et les tableaux de saint Joseph le présente habituellement tenant Jésus dans ses bras (comme celui de Murillo qui illustre ce texte).
III – Un modèle pour aujourd’hui et un modèle de toujours
Je me permets de relier notre confrère Edmond Labrecque à cette image de saint Joseph. Dans sa vie, il fut bien souvent effacé et dans l’ombre, mais il portait, par son ordination comme prêtre, Jésus dans ses mains et il le présentait au monde. Il l’a fait bien humblement, mais quelle belle mission que celle de présenter Jésus au monde.
C’est cette mission qui nous incombe encore aujourd’hui comme hier. Vous le savez les conditions où nous nous trouvons sont difficiles : décrochage et baisse de la pratique religieuse, apostasies même pour certaines personnes, sécularisation galopante, crise de confiance envers l’Église à cause des scandales liés à la pédophilie etc.
Le chrétien croyant baptisé chemine à la suite du Christ dans l’histoire humaine et il n’attend pas de changements magiques. Il se met à la suite de Jésus qui a invité les siens à la persévérance et à la confiance, car comme le disait le bienheureux François de Laval « la semence de la Parole de Dieu porte du fruit dans la patience ».
Nous sommes invités à être aujourd’hui être des semeurs de l’Évangile, d’une Bonne nouvelle qui s’adresse à tous et qui apporte joie, paix, bonheur, compassion, respect qui culminent dans l’amour de nos frères et sœurs, dans le « Aimons-nous les uns les autres comme Dieu nous a aimés. »
Conclusion
Demandons au Seigneur de nous faire entrer de plus en plus dans ce chemin de l’amour fraternel qui est le commandement nouveau que Jésus nous a laissé.
Et que cette Eucharistie où nous nous retrouvons ensemble comme frères et sœurs réunis pas une même foi manifeste à travers les gestes de Jésus à la dernière Cène notre désir de le suivre toujours de mieux en mieux, car « le maître, c’est le Christ; vous êtes à son service » comme le rappelle saint Paul aux Colossiens dans la première lecture (Colossiens 3, 24).
Comme le dit si bien l’antienne de communion tirée de cette lecture : « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père » (Colossiens 3,17).
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
1 mai 2010
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« Serviteur du Christ » - Homélie des funérailles de monsieur le chanoine Jean-Charles Racine2010-02-28T05:59:00+01:00http://www.hgiguere.net/Serviteur-du-Christ-Homelie-des-funerailles-de-monsieur-le-chanoine-Jean-Charles-Racine_a323.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/1834842-2504123.jpg2010-01-23T23:53:00+01:00Denis Bélanger
Monsieur Racine avait demandé de ne pas parler de lui à ses funérailles, sauf de dire : prions pour notre frère Jean-Charles Racine qui a essayé d’être le serviteur du Christ.
Sans doute, rapporter publiquement ces paroles est déjà faire une certaine entorse à son vœu. Mais assurément, respecter sa demande, c’est contempler non le serviteur, mais le Maître. C’est tourner notre regard non pas vers le passé, mais devant nous, vers Celui qui est notre avenir et qui est lui-même la vie éternelle : le Christ vivant et ressuscité.
En effet, l’amour éternel du Père, en Jésus s’est fait homme et l’Esprit Saint l’a semé en nous pour que son germe éclate en vie éternelle. Nous en faisons l’expérience en nous-mêmes, la vie éternelle est déjà commencée. Désormais, il en est de l’histoire du monde comme du déroulement des saisons : sous la neige qui a tout figé veille tout de même le printemps, et dans les hivers du monde qui paralysent les cœurs, germe irrésistiblement le renouveau apporté par Jésus.
Jésus disait : « Moi, je suis le bon pasteur ». Aucun juif qui l’écoutait ne pouvait se méprendre sur le sens de ses paroles : Jésus reprenait à son compte une image qui, dans l’Ancien Testament, était réservée à Dieu seul : lui était le berger qui fait paître son troupeau; il était le vrai pasteur de son peuple.
En Jésus, c’est donc Dieu qui est venu rassembler l’humanité pour la guider vers les pâturages de l’éternité. Jésus connaît chacune des brebis, le secret de chaque vie et il les aime jusqu’à donner sa vie pour elles. Parmi les baptisés portés et inspirés par la force de cet amour divin, des hommes et des femmes ont consacré leur vie dans un don qu’ils ont voulu sans partage, sans réserve et sans retour.
Cela était vrai hier, ça l’est encore aujourd’hui et grâce à Dieu, ça le sera demain. Sans doute, hélas, il y a plus de funérailles de prêtres que d’ordinations. On aimerait naturellement qu’ils soient plus nombreux, mais quelque soit leur nombre, ils ne sont pas une multiplicité de pasteurs, les uns à côté des autres. Ils vivent un mystère d’unité non seulement parce qu’ils se rassemblent autour de leur évêque, mais d’abord parce qu’ils se retrouvent en un seul pasteur : le Christ.
Tout prêtre est conscient de cela et aussi de sa pauvreté par rapport à l’immensité du trésor qu’il est appelé à transmettre.
Laissé à lui-même, ce qu’un prêtre a fini par comprendre du mystère de l’amour de Dieu se réduirait rapidement à la petitesse de la nature humaine. Heureusement, c’est l’Esprit Saint et l’Église qui gardent à sa portée l’océan d’amour contenu dans le trésor de la Parole de Dieu. On raconte que saint Augustin s’était étonné de voir un enfant au bord de la mer qui avait creusé un trou dans le sable et qui essayait d’y verser l’océan. L’enfant lui aurait dit : tu fais la même chose, toi qui essaie de verser dans un cœur humain l’océan de l’amour de Dieu.
Voilà la mission. Et les prêtres sont appelés à la grande tâche d’être pasteurs du peuple de Dieu à la manière de Jésus pour que la voix du bon berger passe à travers eux et se répande dans les cœurs disponibles.
Aujourd’hui, alors que nous prions pour notre frère Jean-Charles qui a essayé d’être le serviteur du Christ, priez aussi pour les prêtres que vous connaissez et qui constatent bien leurs limites personnelles et leur handicap dans le domaine de l’amour, eux qui président la sainte eucharistie en mémorial de ce repas où Jésus a demandé de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés.
Notre frère Jean-Charles s’est endormi dans la mort. « Endormi », c’est une belle image de saint Paul parce que si quelqu’un s’endort, c’est qu’il se réveillera. Nous savons que nos amis défunts restent dans le Christ membres de son corps. Ils entreront dans l’éternité avec tous ceux qu’ils ont été appelés à aimer et à servir, et le Père dira à chacun comme à tous : entre dans la joie de ton maître, en toi mon enfant, j’ai mis tout mon amour.
Que la promesse des retrouvailles éternelles garde vivante notre espérance et nous permette de vivre avec plus de sérénité les inévitables épreuves de la vie, de bâtir un monde plus juste en dépit de la grande difficulté que nous avons ici-bas de réaliser une parfaite entente entre les personnes.
En attente de cet aboutissement dans la lumière et dans la paix, puisse la Vierge Marie déposer dans nos cœurs celui qu’elle a porté dans ses bras pour nous aider à continuer notre route et rendre, chacun pour notre part, le monde meilleur.
En faisant eucharistie, prions pour notre propre transformation dans l’amour. Dans toutes ses pages, l’Évangile nous rappelle que nous sommes du transformable à l’infini dans l’amour de Dieu. Amen.
Mgr Denis Bélanger C.S.S.
Curé de la cathédrale Notre-Dame de Québec
Le 23 janvier 2010
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« Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur » - Homélie pour la fête de l’apôtre saint Jacques le Majeur2016-07-04T05:37:00+02:00http://www.hgiguere.net/Celui-qui-veut-devenir-grand-sera-votre-serviteur-Homelie-pour-la-fete-de-l-apotre-saint-Jacques-le-Majeur_a291.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/1504299-2003893.jpg2009-07-25T22:30:00+02:00Hermann Giguère
En juin 1961, nous disent les archives de la Desserte de Notre-Dame du Lac Poulin, la première messe célébrée par l’abbé Jean Poulin l’est dans la salle qui a été construite durant l'hiver, par la municipalité de Lac-Poulin dans le cadre du programme des travaux d'hiver et qui sera vendue par la suite (le 11 avril 1962) à l'Archevêque catholique romain de Québec, au prix de $6265.14 pour qu'elle serve de lieu de culte autour du Lac Poulin et des autres lacs.
La municipalité de Lac-Poulin avait été constituée en 1959 (le 5 mars 1959) par détachement de celle de Saint-Benoît-Labre. C’est l’anniversaire que nous fêtons aujourd’hui. L’abbé Bolduc et moi sommes des plus heureux de nous associer à ces fêtes. Je l’ai suivi de peu pour aider l’abbé Poulin. Lui a commencé en 1964 et moi en 1968.
I- Les rassemblements
Se réunir à l’église pour commencer ces fêtes est une occasion non seulement de rendre grâces, de dire merci au Seigneur, mais c’est aussi une occasion de faire communauté, de vivre des relations vivantes avec ceux et celles qui partagent le même idéal, la même foi.
Bien sûr que le nombre est moins grand qu’autrefois, mais le cœur est tout aussi brûlant et ouvert. Les deux textes qui viennent d’être lus nous renseignent sur la façon dont nous pouvons non seulement nous retrouver mais aussi faire communauté, nous retrouver comme de véritables disciples de Jésus, comme une famille d’esprit et de cœur.
II- Devenir des disciples : un idéal accessible
Cet idéal de devenir des disciples de Jésus demande de se mettre à son écoute, d’entendre son message et de le mettre en pratique le mieux possible dans notre situation de vie. C’est toute une tâche dans nos vies bousculées de diverses façons, alimentées de sollicitations nombreuses à tous les plans : affectif, social, politique, économique. Cette tâche n’écrase pas celui ou celle qui s’y laisse entraîner, au contraire. Devenir disciple est un idéal accessible malgré notre faiblesse, notre petitesse dira saint Thérèse de l'Enfant-Jésus. Même plus, cet idéal se réalise à travers et dans notre faiblesse.
Écoutons saint Paul lorsqu’il présente les Apôtres dans la première lecture. Comme saint Jacques que nous fêtons aujourd'hui, ils étaient des gens simples. Saint Jacques et son frère Jean étaient pêcheurs. Saint Pierre et son frère André aussi. C'est ce qui fait dire à saint Paul qu'ils étaient des gens qui étaient conscients de porter des trésors dans des vases fragiles, « des poteries sans valeur », mais, ajoute saint Paul, loin de se décourager, ils reconnaissaient qu’une force et une liberté extraordinaires leur venaient de Dieu lui-même dans leur faiblesse.
Comme les Apôtres, les disciples de Jésus que nous désirons être expérimentent leur faiblesse, mais ils peuvent s’appuyer sur une force qui ne vient pas d’eux seulement. Ils subissent des épreuves, mais ils ne sont pas écrasés, ils sont désorientés parfois, mais non pas désemparés, ils se sentent combattus, mais pas abandonnés, ils sont même terrassés, mais jamais anéantis.
Quel soulagement et quelle consolation que d’entendre ces paroles qui s’appliquent à nous de façon particulière dans les années que nous vivons. Oui c’est dans la faiblesse que se manifeste la puissance de Dieu. Nous avons besoin d’y revenir pour ne pas céder au découragement et tourner la page sur Dieu comme bien de nos contemporains l’ont fait.
III- Devenir disciple, c’est servir
Le texte du passage de l’évangile de saint Mathieu qui rappelle une discussion de la mère de l’apôtre Jacques que nous fêtons aujourd’hui nous permet de saisir que devenir disciples de Jésus ne se fait pas comme se font les promotions et l’avancement dans la société. La mère de Jacques et de Jean qui fut lui aussi un apôtre est une bonne mère. Elle veut le succès de ses fils et les voyant accrochés à ce Jésus qui lui semble destiné à une belle carrière, elle lui demande de ne pas oublier ses fils.
Jésus engage la conversation avec elle et il lui répond de façon mystérieuse en lui disant qu’ils auront place auprès de lui s’ils le suivent jusqu’au bout : « Ma coupe vous y boirez. ». La mère de Jacques et Jean se réjouit de cette réponse dont elle ne comprend pas sur le coup toutes les implications. Les autres apôtres eux sont offusqués. Et leur mauvaise humeur permet à Jésus de préciser sa réponse en nous donnant la clé nécessaire pour devenir disciples. Devenir disciple de Jésus, c’est se faire serviteur : « Parmi vous…celui qui veut devenir grand sera votre serviteur…le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Cet idéal du service demeure l’idéal du disciple de Jésus. Il nous revient de chercher à le vivre de diverses façons. Ce peut être en privilégiant le service de sa famille, le service des concitoyens, l’aide à des gens dans le besoin, la participation à des associations impliquées socialement etc. L’important n’est pas ce que nous faisons, mais c’est le cœur que nous y mettons, car devenir disciple de Jésus c’est entrer dans une famille où il y a place pour tout le monde et où il y a de l’amour fraternel qui se sent et se voit.
Conclusion
Dans cette messe nous voulons vivre cet amour fraternel en nous réunissant autour de la table où nous partageons la Parole de Dieu et le Corps et le Sang de Jésus. Chaque messe nous permet d’entrer de plus en plus avec nos frères et sœurs dans la famille des disciples de Jésus que les apôtres, comme saint Jacques que nous fêtons aujourd’hui, ont contribué à développer et à soutenir ce que nous sommes appelés à faire nous aussi aujourd’hui, Avec eux nous pouvons reprendre le mot de saint Paul dans la première lecture : « Nous croyons nous aussi, et, c’est pourquoi nous parlons. »
Amen.
Mgr Hermann Giguère P.H.
le 25 juillet 2009
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Serviteur généreux (Lc, 12, 35-38) pour le cardinal Vachon2009-11-01T02:22:00+01:00http://www.hgiguere.net/Serviteur-genereux-Lc-12-35-38-pour-le-cardinal-Vachon_a63.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/463963-569036.jpg2006-10-05T13:42:00+02:00Hermann Giguère
Chers frères et soeurs,
L’héritage d’une personne qui nous quitte ne tient pas uniquement aux choses matérielles qui nous la rappellent, à ses réalisations ou encore aux souvenirs qu’elle nous laisse. Le départ d’un croyant comme fut notre frère en Jésus-Christ, Louis-Albert, nous renvoie aussi à un itinéraire spirituel d’un fils de Dieu et d’un disciple de Jésus.
Pourquoi alors ne pas en profiter pour recueillir en nous des paroles qui l’ont inspiré et qui ont modelé sa vie toute entière?
C’est ce que j’ai essayé de faire lorsqu’on m’a demandé de choisir un texte de l’Évangile qui nous permettrait à nous ici présents de reconnaître en quoi le cardinal Vachon a été un disciple de Jésus. Spontanément m’est venu à l’esprit le texte que vous venez d’entendre.
Pourquoi? Ayant connu le cardinal Vachon à mon entrée au Grand Séminaire en 1958 et par la suite l’ayant eu comme supérieur pendant 16 ans, comme évêque pendant 10 ans et ayant eu la chance de le côtoyer de près, j’ai toujours été fasciné par son esprit de service. L’image du serviteur en train de veiller, attentif aux désirs du Maître, toujours en tenue de service lui sied à merveille. Combien de fois, ne l’ai-je pas entendu dire que malgré ses limites, malgré son âge, si le Seigneur lui indiquait par les autorités une tâche à exercer, il répondait sans hésitation : « Me voici » comme au jour de son ordination? Accepter de devenir évêque à 65 ans après une fructueuse carrière comme recteur de l’Université Laval n’est pas banal et se retrouver à 68 ans à la tête du diocèse de Québec pendant 10 ans relève de cet esprit de service que nous pouvons admirer et imiter.
Où puiser une telle disponibilité si ce n’est en s’appuyant non sur ses qualités personnelles uniquement mais sur une foi sans faille au Maître à qui on a tout donné?
Ce Maître ce soir lui dit : « C’est à mon tour de te servir, bon et généreux serviteur vient t’asseoir à ma table et goûter la joie de ma présence pour toujours ».
Modestement, je n’ai ouvert qu’une petite fenêtre sur un itinéraire spirituel qui pourrait être éclairé par bien d’autres textes de l’Évangile. Il nous revient à chacune et à chacun d’entre nous de laisser l’héritage du cardinal Vachon parler à notre cœur. Je suis sûr qu’il rejoint en nous cette recherche que toutes et tous nous faisons dans ce chemin qui nous conduit vers un ailleurs déjà présent qui se continuera dans une vie éternelle auprès du Père.
Recevoir un héritage comme celui du cardinal Vachon, c’est croire en la vie nouvelle dans l’Esprit où nous sommes entrés avec le Christ par notre baptême.
Recevoir un héritage comme celui du cardinal Vachon, c’est marcher dans la foi malgré les questionnements, sûrs de Celui en qui l’on croit : Jésus-Christ, hier, aujourd’hui et demain.
Recevoir un héritage comme celui du cardinal Vachon, c’est croire en l’Église communauté de croyantes et de croyants, sel de la terre et lumière du monde.
Recevoir un héritage comme celui du cardinal Vachon, c’est avoir la patience du serviteur qui sème en laissant la croissance dans les mains de son Maître.
Que Celui que notre frère Louis-Albert a servi avec tant de cœur et tant de talents vienne le recevoir et lui ouvrir la porte pour qu’il s’assoie pour toujours avec Lui.
Amen!
Hermann Giguère, prêtre, p.h.
le 4 octobre 2006
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Évangile selon saint Luc Chapitre 12
35 Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. 36 Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte. 37 Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. 38 S'il revient vers minuit ou plus tard encore et qu'il les trouve ainsi, heureux sont-ils !
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