Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttp://www.hgiguere.net/2024-03-28T17:41:38+01:00Webzine Maker46.814776-71.2http://www.hgiguere.net/favicon.icohttp://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour le 32e dimanche du temps ordinaire Année C « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants »2019-11-07T02:42:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-32e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Il-n-est-pas-le-Dieu-des-morts-mais-des-vivants_a919.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/37667028-33178306.jpg2019-11-05T18:00:00+01:00Hermann Giguère
La lecture de ce texte de l’évangile de saint Luc m’a rappelé mes conversations du dimanche avec ma mère décédée à 95 ans quelques années après mon père avec qui elle avait vécu un grand amour. Elle me demandait souvent : « Est-ce que je vais pouvoir le revoir quand je vais mourir ? Comment il va être ? Est-ce que je vais le reconnaître ? »
Autant de questions qu’elle n’est pas la seule à s’être posées. Elles sont derrière la situation évoquée par les Sadducéens pour embêter Jésus.
I – La question des Sadducéens
La situation présentée à Jésus par les Sadducéens où une épouse a eu plusieurs maris n’est pas incongrue même si le nombre de sept est hors norme et leurs morts subites aussi. On comprend qu’il s’agit d’un cas hypothétique soumis à Jésus pour le piéger.
En effet, il faut savoir que les Sadducéens, un groupe de notables juifs, ne croyaient pas à la résurrection des morts et à la vie éternelle. Leurs adversaires, les Pharisiens, eux y croyaient en s'appuyant sur des textes comme ceux de la première lecture qui, en racontant la mort des sept frères arrêtés avec leur mère, dévoile cette foi que chacun proclame à sa façon. En effet le quatrième frère sur le point d’expirer déclare : « Le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle… Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu ».
Les Sadducéens veulent montrer que cette croyance est absurde. C’est le but de leur histoire qui se veut une illustration parfaite de cette absurdité. « Cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? » demandent-ils à Jésus. Ils transposent dans la vie éternelle, sans adaptation aucune, la vie d’ici-bas.On voit bien que la question posée comme cela ne peut recevoir de réponse satisfaisante. Il faut donc conclure que la résurrection des morts et la vie éternelle n’existent pas. Il faut se concentrer sur la vie d’ici-bas où le temps passe et…les maris aussi. Les liens disparaissent avec la mort qui les emporte. Pas de vie éternelle, encore moins de résurrection des morts.
II – La réponse de Jésus
Cette histoire présentée par les Sadducéens nous vaut une réponse de Jésus qui a alimenté la foi des premiers chrétiens et qui est encore inspirante pour nous aujourd'hui.
En effet, saint Luc met dans la bouche de Jésus une réponse qui exprime bien l’essentiel de la foi chrétienne : « Ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection ».
« Enfants de la résurrection ». Cette réponse est toute entière illuminée par la lumière de la résurrection de Jésus. Au moment où saint Luc écrit son évangile, entre 70 et 85 après Jésus-Christ très probablement, les premières communautés chrétiennes existent un peu partout et elles vivent dans la foi en Jésus ressuscité, toujours vivant que les premiers témoins ont rencontré après le Vendredi Saint. Il est donc logique pour eux de mettre dans la bouche de Jésus une affirmation claire de la résurrection des morts et de la vie éternelle qui font partie de leur foi : « Ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection » dit Jésus.
Cette réponse met devant nos yeux la réalité de la vie après la mort dans une perspective de foi qui se fonde sur la résurrection du Christ qui fera dire à Saint Paul : « S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité ». ( I Corinthiens 15, 13)
Ceci étant dit, qu’en est-il de la question de ma mère semblable à celle des Sadducéens ?
III – Une vie porteuse de vie éternelle
Je ne suis pas certain que la question soit bien posée, car comme le dit l’évangile « ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges ».
Les questions qui nous habitent sont calquées sur les réalités sensibles que nous vivons, mais après la mort ces réalités sont transformées. Les personnes défuntes continuent de vivre mais elles sont dans un état différent du nôtre. Comme pour les anges et comme pour le Christ ressuscité, les frontières du temps et de l’espace n’existent plus. Elles sont devenues des êtres nouveaux tout en restant elles-mêmes mais d’une façon différente de celle qu’elles avaient sur la terre.
C’est pourquoi, par exemple, lors des apparitions du Christ ressuscité, souvent on ne le reconnaît pas tout de suite ou encore comme Marie Madeleine on le prend pour une autre personne. Dans son cas, elle le prend pour le jardinier avant de le reconnaître dans la foi. « S’étant retournée, est-il écrit dans l’évangile de saint Jean, elle lui dit en hébreu : ‘’ Rabbouni !’’, c’est-à-dire : ‘’Maître’’. Jésus reprend : ‘’ Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ‘’ ». (Jean 20, 17)
Vous voyez que le message de l’évangile d'aujourd'hui nous rejoint toutes et tous car il ouvre la porte sur nos questions concernant ce mystère de la résurrection des morts et de la vie éternelle. C’est dans la foi que nous recevons la réponse de Jésus qui invite à faire confiance à Celui qui est notre Père et Maître de l’univers. Le « comment de la vie éternelle » nous échappe, mais la réalité de celle-ci fait partie de notre foi.
Nous sommes ainsi invités, non pas à discuter comme les Sadducéens, mais à plonger dans cette foi en la résurrection et en la vie éternelle dont Jésus nous montre le chemin par sa propre Résurrection.
Conclusion
Cette homélie dominicale vous a peut-être rappelé les homélies de funérailles auxquelles vous avez participé à l’occasion. C’est juste, car le questionnement des Sadducéens pour mettre Jésus en boite, n’est pas farfelu. Il nous habite nous aussi comme c’était le cas pour ma mère. Nous sommes toutes et tous invités à dépasser nos questions et à faire le saut dans la foi que nous proclamons à chaque Eucharistie lorsque nous faisons notre profession de foi : « Je crois à la résurrection de la chair, à la vie éternelle ».
Nous serons soutenus pour faire ce saut dans la foi par la certitude que nous donne l’Eucharistie qui nous fait rencontrer à chaque messe le Christ Ressuscité et toujours vivant. Dans la liturgie que nous célébrons à la messe nous nous unissons à la liturgie qui se célèbre dans le ciel où Jésus se tient devant son Père avec nos frères et sœurs défunts dans une louange et un bonheur éternels que je nous souhaite à toutes et à tous.
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
5 novembre 2019
Lectures de la messe du 32e dimanche du temps ordinaire Année C
Première lecture
« Le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle » (2 M 7, 1-2.9-14)
Lecture du deuxième livre des Martyrs d’Israël
En ces jours-là,
sept frères avaient été arrêtés avec leur mère.
À coups de fouet et de nerf de bœuf,
le roi Antiocos voulut les contraindre
à manger du porc, viande interdite.
L’un d’eux se fit leur porte-parole et déclara :
« Que cherches-tu à savoir de nous ?
Nous sommes prêts à mourir
plutôt que de transgresser les lois de nos pères. »
Le deuxième frère lui dit, au moment de rendre le dernier soupir :
« Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente,
mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois,
le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. »
Après cela, le troisième fut mis à la torture.
Il tendit la langue aussitôt qu’on le lui ordonna
et il présenta les mains avec intrépidité,
en déclarant avec noblesse :
« C’est du Ciel que je tiens ces membres,
mais à cause de ses lois je les méprise,
et c’est par lui que j’espère les retrouver. »
Le roi et sa suite furent frappés de la grandeur d’âme de ce jeune homme
qui comptait pour rien les souffrances.
Lorsque celui-ci fut mort,
le quatrième frère fut soumis aux mêmes sévices.
Sur le point d’expirer, il parla ainsi :
« Mieux vaut mourir par la main des hommes,
quand on attend la résurrection promise par Dieu,
tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie. »
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 16 (17), 1ab.3ab, 5-6, 8.15)
R/ Au réveil, je me rassasierai de ton visage, Seigneur. (Ps 16, 15b)
Seigneur, écoute la justice !
Entends ma plainte, accueille ma prière.
Tu sondes mon cœur, tu me visites la nuit,
tu m’éprouves, sans rien trouver.
J’ai tenu mes pas sur tes traces,
jamais mon pied n’a trébuché.
Je t’appelle, toi, le Dieu qui répond :
écoute-moi, entends ce que je dis.
Garde-moi comme la prunelle de l’œil ;
à l’ombre de tes ailes, cache-moi,
Et moi, par ta justice, je verrai ta face :
au réveil, je me rassasierai de ton visage.
Deuxième lecture
« Que le Seigneur vous affermisse « en tout ce que vous pouvez faire et dire de bien » (2 Th 2, 16 – 3, 5)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
Frères,
que notre Seigneur Jésus Christ lui-même,
et Dieu notre Père qui nous a aimés
et nous a pour toujours donné réconfort et bonne espérance par sa grâce,
réconfortent vos cœurs
et les affermissent en tout ce que vous pouvez faire et dire de bien.
Priez aussi pour nous, frères,
afin que la parole du Seigneur poursuive sa course,
et que, partout, on lui rende gloire comme chez vous.
Priez pour que nous échappions aux gens pervers et mauvais,
car tout le monde n’a pas la foi.
Le Seigneur, lui, est fidèle :
il vous affermira et vous protégera du Mal.
Et, dans le Seigneur, nous avons toute confiance en vous :
vous faites et continuerez à faire ce que nous vous ordonnons.
Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l’amour de Dieu
et l’endurance du Christ.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Lc 20, 27-38)
Alléluia. Alléluia.
Jésus Christ, le premier-né d’entre les morts,
à lui, la gloire et la souveraineté
pour les siècles des siècles.
Alléluia. (Ap 1, 5a.6b)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
quelques sadducéens
– ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection –
s’approchèrent de Jésus
et l’interrogèrent :
« Maître, Moïse nous a prescrit :
Si un homme a un frère qui meurt
en laissant une épouse mais pas d’enfant,
il doit épouser la veuve
pour susciter une descendance à son frère.
Or, il y avait sept frères :
le premier se maria et mourut sans enfant ;
de même le deuxième,
puis le troisième épousèrent la veuve,
et ainsi tous les sept :
ils moururent sans laisser d’enfants.
Finalement la femme mourut aussi.
Eh bien, à la résurrection,
cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse,
puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »
Jésus leur répondit :
« Les enfants de ce monde prennent femme et mari.
Mais ceux qui ont été jugés dignes
d’avoir part au monde à venir
et à la résurrection d’entre les morts
ne prennent ni femme ni mari,
car ils ne peuvent plus mourir :
ils sont semblables aux anges,
ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection.
Que les morts ressuscitent,
Moïse lui-même le fait comprendre
dans le récit du buisson ardent,
quand il appelle le Seigneur
le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob.
Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.
Tous, en effet, vivent pour lui. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
OU LECTURE BREVE
Évangile
« Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Lc 20, 27.34-38)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
quelques sadducéens
– ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection –
s’approchèrent de Jésus
et l’interrogèrent.
Jésus leur répondit :
« Les enfants de ce monde prennent femme et mari.
Mais ceux qui ont été jugés dignes
d’avoir part au monde à venir
et à la résurrection d’entre les morts
ne prennent ni femme ni mari,
car ils ne peuvent plus mourir :
ils sont semblables aux anges,
ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection.
Que les morts ressuscitent,
Moïse lui-même le fait comprendre
dans le récit du buisson ardent,
quand il appelle le Seigneur
le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob.
Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.
Tous, en effet, vivent pour lui. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 21e dimanche du temps ordinaire Année C « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite »2019-08-28T01:10:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-21e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Efforcez-vous-d-entrer-par-la-porte-etroite_a907.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/32551018-30318964.jpg2019-08-20T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Vous avez sûrement constaté ce qui suit : quand il s’agit de l’amour, de l‘amitié, des sentiments, des décisions même…on peut dire qu’il n’y a rien de garanti à vie. Comprenons-nous bien. Je ne veux pas dire qu’il n’y a rien qui dure, mais je veux dire qu’il n’y a rien qu’on doit prendre pour acquis pour toujours.
Pourquoi ? Parce que pour que ça dure - des sentiments, une amitié, un amour - il faut l’entretenir. C’est comme dans l’éducation des enfants, par exemple. Il faut recommencer, repartir, revenir à la charge. Les enthousiasmes doivent être soutenus sinon ils disparaissent.
I – Les paroles de Jésus
Hé ! bien c’est un peu, je pense, ce que nous dit Jésus aujourd’hui dans l’évangile « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. » Vous êtes mes disciples. Vous êtes des chrétiens et des personnes baptisées. Mais votre foi et votre amour de Dieu ne sont pas des choses que vous devez considérer comme acquises une fois pour toutes. Ce n’est pas garanti à vie.
Dieu lui vous aime toujours, c'est sûr, mais vous, vos sentiments, votre amour de Dieu vous devez les entretenir. Vous devez accepter de recommencer souvent, de cheminer. Votre vie chrétienne est comme un chemin à défricher, à entretenir, à soigner.
II – Le nombre des élus
Ce « efforcez-vous d’entrer par la porte étroite » est la réponse de Jésus à la question piège sur le nombre des élus. Ceux qui la posent aimeraient que la réponse de Jésus se résume à un oui ou à un non. Ou bien tous sont sauvés, alors pourquoi s’en faire. Ou bien aucun, ce qui amène à la même conclusion. Ainsi, on ne sent pas concerné.
Or Jésus répond sur un autre plan en insistant sur la participation personnelle de chacune et de chacun dans ce chemin vers Dieu qu’est notre vie ici-bas. Et il ajoute que le Maître va en tenir compte. Les dernières phrases de l’évangile que je viens de lire « ''Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice.'’ Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors », peuvent faire peur, mais ce n’est pas le but de Jésus, car tout de suite après il dit : « Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. » Et il ajoute « Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers ».
Notre salut dépendra de notre décision personnelle, de nos gestes de chaque jour, de notre amour de chaque instant, de nos efforts soutenus par la grâce de Dieu
III - Un entraînement spirituel nécessaire
Il en va de notre cheminement spirituel un peu comme de celui d’un athlète olympique ou encore de n’importe quelle compétition, ce que saint Paul souligne avec à-propos dans sa première Lettre aux Corinthiens : « Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. (I Corinthiens 9, 25). Notre cheminement est comme un entrainement spirituel. Il faut s’exercer et persévérer.
Pour ceux et celles qui entrent sur le chemin de la suite de Jésus et qui y mettent leurs efforts, aucune porte n’est fermée. Au contraire la porte est ouverte pour toutes et tous sans considération de leurs qualités ou de leurs dons. « Des derniers seront premiers ». « Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. » Ces paroles reprennent la promesse que nous lisons dans la première lecture tirée du prophète Isaïe ; « Ainsi parle le Seigneur : je viens rassembler toutes les nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire. »
Vous le voyez bien le but de Jésus ici n’est pas de nous faire peur, mais c’est plutôt une invitation à agir sérieusement pour vivre notre foi en lui. Cette foi qui est la nôtre n'est pas un cadeau reçu pour toujours et qui se conserve sans effort. Elle est provoquée et soumise à des épreuves parfois. Elle peut s'amoindrir ou presque disparaitre, si nous ne nous donnons pas les moyens de l'entretenir.
Retenons des lectures d'aujourd’hui qu’il nous revient de devenir des artisans actifs de cette foi reçue de Dieu qui est en nous. Ceci s’exprime et se vit de diverses manières, mais surtout notre foi doit se nourrir aussi comme tout amour et toute amitié. C’est le message qui tient dans ce mot qui le résume bien « Efforcez-vous ».
Notre foi se nourrira par la Parole de Dieu, par l’Eucharistie que nous recevons et qui est la nourriture que Jésus nous donne, par le service des pauvres, par l’amour fraternel et la prière en particulier. Ce sont des moyens pour entretenir notre cheminement vers Dieu et pour pratiquer ce que j'ai appelé un entraînement spirituel.
Conclusion
Que note Eucharistie soit aujourd’hui un moyen de prise de conscience où nous ouvrons notre cœur aux paroles de Jésus et où nous reprenons avec sérieux la décision de le suivre avec amour et avec confiance.
Il est toujours là près de nous et pour nous. Pour tous et toutes la porte est ouverte. Il se tient derrière et il dit « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Apocalypse 3, 20)
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
20 août 2019
____________________________________________________________________
Lectures de la messe pour le 21e dimanche du temps ordinaire Année C
Première lecture
« De toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères » (Is 66, 18-21)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Ainsi parle le Seigneur :
connaissant leurs actions et leurs pensées,
moi, je viens rassembler toutes les nations,
de toute langue.
Elles viendront et verront ma gloire :
je mettrai chez elles un signe !
Et, du milieu d’elles, j’enverrai des rescapés
vers les nations les plus éloignées,
vers les îles lointaines
qui n’ont rien entendu de ma renommée,
qui n’ont pas vu ma gloire ;
ma gloire, ces rescapés l’annonceront
parmi les nations.
Et, de toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères,
en offrande au Seigneur,
sur des chevaux et des chariots, en litière,
à dos de mulets et de dromadaires,
jusqu’à ma montagne sainte, à Jérusalem,
– dit le Seigneur.
On les portera comme l’offrande qu’apportent les fils d’Israël,
dans des vases purs, à la maison du Seigneur.
Je prendrai même des prêtres et des lévites parmi eux,
– dit le Seigneur.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 116 (117), 1, 2)
R/ Allez dans le monde entier.
Proclamez l’Évangile.
ou : Alléluia ! (Mc 16, 15)
Louez le Seigneur, tous les peuples ;
fêtez-le, tous les pays !
Son amour envers nous s’est montré le plus fort ;
éternelle est la fidélité du Seigneur !
Deuxième lecture
« Quand Dieu aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons » (He 12, 5-7.11-13)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères,
vous avez oublié cette parole de réconfort,
qui vous est adressée comme à des fils :
Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur,
ne te décourage pas quand il te fait des reproches.
Quand le Seigneur aime quelqu’un,
il lui donne de bonnes leçons ;
il corrige tous ceux qu’il accueille comme ses fils.
Ce que vous endurez est une leçon.
Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ;
et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ?
Quand on vient de recevoir une leçon,
on n’éprouve pas de la joie mais plutôt de la tristesse.
Mais plus tard, quand on s’est repris grâce à la leçon,
celle-ci produit un fruit de paix et de justice.
C’est pourquoi,
redressez les mains inertes et les genoux qui fléchissent,
et rendez droits pour vos pieds les sentiers tortueux.
Ainsi, celui qui boite ne se fera pas d’entorse ;
bien plus, il sera guéri.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« On viendra de l’orient et de l’occident prendre place au festin dans le royaume de Dieu » (Lc 13, 22-30)
Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, dit le Seigneur ;
personne ne va vers le Père sans passer par moi.
Alléluia. (Jn 14, 6)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
tandis qu’il faisait route vers Jérusalem,
Jésus traversait villes et villages en enseignant.
Quelqu’un lui demanda :
« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? »
Jésus leur dit :
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite,
car, je vous le déclare,
beaucoup chercheront à entrer
et n’y parviendront pas.
Lorsque le maître de maison se sera levé
pour fermer la porte,
si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte,
en disant :
‘Seigneur, ouvre-nous’,
il vous répondra :
‘Je ne sais pas d’où vous êtes.’
Alors vous vous mettrez à dire :
‘Nous avons mangé et bu en ta présence,
et tu as enseigné sur nos places.’
Il vous répondra :
‘Je ne sais pas d’où vous êtes.
Éloignez-vous de moi,
vous tous qui commettez l’injustice.’
Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents,
quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob,
et tous les prophètes
dans le royaume de Dieu,
et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors.
Alors on viendra de l’orient et de l’occident,
du nord et du midi,
prendre place au festin dans le royaume de Dieu.
Oui, il y a des derniers qui seront premiers,
et des premiers qui seront derniers. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
la réponse de Jésus à la question piège sur le nombre des élus. Ceux qui la posent aimeraient que la réponse de Jésus se résume à un oui ou à un non. Ou bien tous sont sauvés, alors pourquoi s’en faire. Ou bien aucun, ce qui amène à la même conclusion. Ainsi, on ne sent pas concerné.
Or Jésus répond sur un autre plan en insistant sur la participation personnelle de chacune et de chacun dans ce chemin vers Dieu qu’est notre vie ici-bas. Et il ajoute que le Maître va en tenir compte. Les dernières phrases de l’évangile que je viens de lire « ''Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice.'’ Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors », peuvent faire peur, mais ce n’est pas le but de Jésus, car tout de suite après il dit : « Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. » Et il ajoute « Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers ».
Notre salut dépendra de notre décision personnelle, de nos gestes de chaque jour, de notre amour de chaque instant, de nos efforts soutenus par la grâce de Dieu
III - Un entraînement spirituel nécessaire
Il en va de notre cheminement spirituel un peu comme de celui d’un athlète olympique ou encore de n’importe quelle compétition, ce que saint Paul souligne avec à-propos dans sa première Lettre aux Corinthiens : « Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas. (I Corinthiens 9, 25). Notre cheminement est comme un entrainement spirituel. Il faut s’exercer et persévérer.
Pour ceux et celles qui entrent sur le chemin de la suite de Jésus et qui y mettent leurs efforts, aucune porte n’est fermée. Au contraire la porte est ouverte pour toutes et tous sans considération de leurs qualités ou de leurs dons. « Des derniers seront premiers ». « Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. » Ces paroles reprennent la promesse que nous lisons dans la première lecture tirée du prophète Isaïe ; « Ainsi parle le Seigneur : je viens rassembler toutes les nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire. »
Vous le voyez bien le but de Jésus ici n’est pas de nous faire peur, mais c’est plutôt une invitation à agir sérieusement pour vivre notre foi en lui. Cette foi qui est la nôtre n'est pas un cadeau reçu pour toujours et qui se conserve sans effort. Elle est provoquée et soumise à des épreuves parfois. Elle peut s'amoindrir ou presque disparaitre, si nous ne nous donnons pas les moyens de l'entretenir.
Retenons des lectures d'aujourd’hui qu’il nous revient de devenir des artisans actifs de cette foi reçue de Dieu qui est en nous. Ceci s’exprime et se vit de diverses manières, mais surtout notre foi doit se nourrir aussi comme tout amour et toute amitié. C’est le message qui tient dans ce mot qui le résume bien « Efforcez-vous ».
Notre foi se nourrira par la Parole de Dieu, par l’Eucharistie que nous recevons et qui est la nourriture que Jésus nous donne, par le service des pauvres, par l’amour fraternel et la prière en particulier. Ce sont des moyens pour entretenir notre cheminement vers Dieu et pour pratiquer ce que j'ai appelé un entraînement spirituel.
Conclusion
Que note Eucharistie soit aujourd’hui un moyen de prise de conscience où nous ouvrons notre cœur aux paroles de Jésus et où nous reprenons avec sérieux la décision de le suivre avec amour et avec confiance.
Il est toujours là près de nous et pour nous. Pour tous et toutes la porte est ouverte. Il se tient derrière et il dit « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Apocalypse 3, 20)
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
20 août 2019
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Lectures de la messe pour le 21e dimanche du temps ordinaire Année C
Première lecture
« De toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères » (Is 66, 18-21)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Ainsi parle le Seigneur :
connaissant leurs actions et leurs pensées,
moi, je viens rassembler toutes les nations,
de toute langue.
Elles viendront et verront ma gloire :
je mettrai chez elles un signe !
Et, du milieu d’elles, j’enverrai des rescapés
vers les nations les plus éloignées,
vers les îles lointaines
qui n’ont rien entendu de ma renommée,
qui n’ont pas vu ma gloire ;
ma gloire, ces rescapés l’annonceront
parmi les nations.
Et, de toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères,
en offrande au Seigneur,
sur des chevaux et des chariots, en litière,
à dos de mulets et de dromadaires,
jusqu’à ma montagne sainte, à Jérusalem,
– dit le Seigneur.
On les portera comme l’offrande qu’apportent les fils d’Israël,
dans des vases purs, à la maison du Seigneur.
Je prendrai même des prêtres et des lévites parmi eux,
– dit le Seigneur.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 116 (117), 1, 2)
R/ Allez dans le monde entier.
Proclamez l’Évangile.
ou : Alléluia ! (Mc 16, 15)
Louez le Seigneur, tous les peuples ;
fêtez-le, tous les pays !
Son amour envers nous s’est montré le plus fort ;
éternelle est la fidélité du Seigneur !
Deuxième lecture
« Quand Dieu aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons » (He 12, 5-7.11-13)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères,
vous avez oublié cette parole de réconfort,
qui vous est adressée comme à des fils :
Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur,
ne te décourage pas quand il te fait des reproches.
Quand le Seigneur aime quelqu’un,
il lui donne de bonnes leçons ;
il corrige tous ceux qu’il accueille comme ses fils.
Ce que vous endurez est une leçon.
Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ;
et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ?
Quand on vient de recevoir une leçon,
on n’éprouve pas de la joie mais plutôt de la tristesse.
Mais plus tard, quand on s’est repris grâce à la leçon,
celle-ci produit un fruit de paix et de justice.
C’est pourquoi,
redressez les mains inertes et les genoux qui fléchissent,
et rendez droits pour vos pieds les sentiers tortueux.
Ainsi, celui qui boite ne se fera pas d’entorse ;
bien plus, il sera guéri.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« On viendra de l’orient et de l’occident prendre place au festin dans le royaume de Dieu » (Lc 13, 22-30)
Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, dit le Seigneur ;
personne ne va vers le Père sans passer par moi.
Alléluia. (Jn 14, 6)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
tandis qu’il faisait route vers Jérusalem,
Jésus traversait villes et villages en enseignant.
Quelqu’un lui demanda :
« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? »
Jésus leur dit :
« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite,
car, je vous le déclare,
beaucoup chercheront à entrer
et n’y parviendront pas.
Lorsque le maître de maison se sera levé
pour fermer la porte,
si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte,
en disant :
‘Seigneur, ouvre-nous’,
il vous répondra :
‘Je ne sais pas d’où vous êtes.’
Alors vous vous mettrez à dire :
‘Nous avons mangé et bu en ta présence,
et tu as enseigné sur nos places.’
Il vous répondra :
‘Je ne sais pas d’où vous êtes.
Éloignez-vous de moi,
vous tous qui commettez l’injustice.’
Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents,
quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob,
et tous les prophètes
dans le royaume de Dieu,
et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors.
Alors on viendra de l’orient et de l’occident,
du nord et du midi,
prendre place au festin dans le royaume de Dieu.
Oui, il y a des derniers qui seront premiers,
et des premiers qui seront derniers. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour des funérailles (Luc 12, 35-38,40) : « La vie n’est pas détruite » 2019-11-10T13:51:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-des-funerailles-Luc-12-35-3840-La-vie-n-est-pas-detruite_a691.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8870990-14051196.jpg2016-01-30T03:04:00+01:00Hermann Giguère
Lorsque je suis allé au salon funéraire hier après-midi après avoir offert mes sympathies à Carole, Dave, Marie-Ève et aux sœurs de Gaston, je me suis arrêté longuement devant les photos qui étaient offertes sur un écran dans le fond de la salle.
J’y ai vu un homme heureux dans diverses circonstances de sa vie comme son mariage où je figure sur la photo, un homme entouré des siens : de son épouse, de ses enfants, de ses petits- enfants qu’il embrasse avec affection sur plusieurs clichés, un homme fidèle aux Chevaliers de Colomb, à ses hobbies etc.
Je m’arrête car, au début de notre célébration, Dave a déjà décrit ce qu’a été son père et le but d’une homélie aux funérailles n’est pas de rendre hommage au défunt, mais de nous aider à vivre la disparition d’un être cher en relisant certains textes de la Parole de Dieu, de l’Écriture, qui peuvent alors pour les croyants que nous sommes, et même les non-croyants, apporter un peu de lumière sur ce passage qu’est la mort que nous vivrons tous un jour ou l’autre
I- Le moment de la mort est un mystère
Dans l’évangile que je viens de lire, Jésus nous dit : « Tenez-vous prêts, c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». C’est ce qui est arrivé pour Gaston qui était en pleine forme et qui ne se doutait pas qu’il recevait une annonce de mort prochaine le 11 décembre 2015 lorsque son médecin lui a indiqué qu’il était gravement atteint.
À 62 ans, on ne pense pas beaucoup à la mort. Dans le contexte d’aujourd’hui où l’espérance de vie s’allonge toujours, à 62 ans on rêve de pouvoir profiter de ce qu’on a réalisé, de voir grandir ses petits-enfants, de rendre service avec plus de disponibilité etc. On ne pense pas que le passage de la mort nous attend au détour du chemin.
Et pourtant, c’est ce qui s’est produit pour à Gaston. En quelques semaines, il a vu la vie lui échapper. Et comme l’a souligné Dave, après un moment de déstabilisation bien normal, il a vécu petit à petit un abandon de croyant confiant. Sa foi qui est aussi celle de plusieurs parmi nous lui a donné la clé pour comprendre ce qui se passait.
II – Une vie qui ne finit pas
La vie qu’il avait reçue lui échappait, dis-je, mais il comprenait que cette vie-là n’était pas finie. En effet, on peut dire que le chrétien qui croit en Jésus Christ ne meurt pas vraiment. Comme on le dit dans la préface de la Prière eucharistique que je proclamerai tout à l’heure : « La vie n’est pas détruite, elle est transformée ». Écoutez bien ce beau texte si éclairant pour nous : « ... pour ceux et celles qui croient en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée et lorsque prend fin leur séjour sur la terre, ils ont déjà une demeure éternelle dans les cieux ».
On peut toujours se demander comment sera cette demeure. C’est une question légitime. Mais, malgré toutes les recherches qui sont possibles aujourd’hui, on ne peut y répondre. Nous avons la chance comme chrétiens d’avoir, nous, une réponse qui est celle de notre foi que saint Paul résume ainsi dans sa lettre aux chrétiens de Rome : " Aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur." (Romains 14, 7).
Qu’est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que la vie que nous avons, nous l’avons reçu comme un cadeau, comme un don, elle ne nous appartient pas, nous n’en sommes pas les propriétaires. Elle vient de Dieu par l’intermédiaire de nos parents et elle se continue avec Dieu après notre mort. C’est cela « vivre pour le Seigneur » et « mourir pour le Seigneur ». Notre vie appartient à Dieu.
C’est ce que nous disons sans nous en rendre compte lorsque nous disons « adieu » à quelqu’un. Ce mot « adieu » peut s’écrire en deux mots « À » et « Dieu ». Le pape François a fait un beau commentaire de ce mot lors d’une homélie. Je vous le partage. : «À Dieu, je confie mon âme ; à Dieu je confie mon histoire ; à Dieu je confie les miens ; à Dieu, je confie tout. Nous serons tous amenés un jour, continue le pape, à dire cette parole …Que le Christ mort et ressuscité nous envoie l’Esprit Saint, afin que nous apprenions cette parole, que nous apprenions à la dire, de toute nos forces : la dernière parole, À Dieu … »
C’est ce que Gaston a fait de façon admirable.
Conclusion
Que cette messe soit pour nous un moment de pause dans nos activités et nos préoccupations. Et qu’elle permette de dire nous aussi « À Dieu » dans la foi avec sérénité… lorsqu’arrivera notre heure finale,
Comme le saint homme Job, mettons notre confiance en Celui qui s’est fait le Rédempteur, le frère et le Sauveur de nous tous et toutes,et disons dans notre coeur : « Oui je sais que mon Libérateur est vivant et que je verrai Dieu de mes yeux ».
C’est ce que je souhaite à tous et à toutes.
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
30 janvier 2016
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Homélie pour le 32e dimanche du temps ordinaire Année C : "L’Alliance de Dieu avec l’humanité traverse la mort "2017-11-08T01:18:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-32e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-L-Alliance-de-Dieu-avec-l-humanite-traverse-la-mort_a561.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/6036594-9004407.jpg2013-11-11T02:20:00+01:00Marc Bouchard
Permettez-moi de commencer cet entretien en vous faisant part d’un souvenir personnel ! J’ai concélébré, il y quelque temps, à l’eucharistie des funérailles d’un chanteur, un homme très connu, ici à Québec et aussi aux plans provincial et même international. Il a chanté dans les églises tout au long de sa carrière de chanteur professionnel, et chanter à l’église, pour lui c’était prier.
Au début de la célébration liturgique, son fils a fait son éloge et a souligné la grande foi de son père, et avec raison. Il a raconté qu’avant de mourir, son père a dit à sa famille rassemblée autour de son lit : « Je me prépare à vivre le plus beau jour de ma vie, celui de la rencontre avec le Seigneur, pour vivre avec Lui la fête éternelle dans la maison du Père ».
Le jour de sa mort, le plus beau jour de sa vie ! Pour lui, la mort faisait partie de la vie, elle était le passage de cette vie à cette autre vie qui avait toujours été son espérance, cette espérance qu’il avait si souvent chantée. Le jour de sa mort était le jour de la rencontre du Seigneur, le jour où il entrait dans la maison de Dieu pour la grande fête éternelle. Son fils a terminé en disant : « Bonne fête papa ».
Si cela est revenu à ma mémoire en préparant cette homélie, c’est que cet impressionnant témoignage de foi devant la mort, de foi en la résurrection me paraissait rejoindre ce que nous dit la Parole de Dieu de ce dimanche. Nous sommes appelés à ressusciter pour aller vivre la fête éternelle du Royaume de Dieu. Telle est l’espérance chrétienne, telle est notre espérance !
Dans la première lecture, l’un des sept frères martyrs disait : Le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. Et dans le récit évangélique, Jésus parlait de ceux et celles qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection. Il ajoutait que Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.
Des sondages nous disent qu’actuellement plus de la moitié des gens, et même des chrétiens, ne croient pas en la vie au-delà de la mort; pour eux, la mort est la fin de tout. Ce n’est pas là une opinion si moderne qu’on peut le penser. Il y a plus de deux mille ans, au temps de Jésus, les Sadducéens, des croyants, niaient eux aussi la résurrection après la mort.
Jésus parle de la résurrection justement à la suite de ce que lui racontent ce groupe de Sadducéens, une histoire qu’ils inventent, une histoire étonnante et même un peu loufoque, celle d’une femme qui a aurait sept maris, sept frères. Ils évoquaient alors une prescription du livre du Deutéronome qui voulait qu’une femme, à la mort de son mari, si elle n’avait pas eu d’enfant avec lui, pouvait épouser son frère. Il est clair que ces Sadducéens voulaient mettre Jésus dans l’embarras. Ils ne l’interrogeaient pas sur le mariage, mais bien plutôt sur la résurrection. C’est la foi en la résurrection qu’ils voulaient tourner en dérision.
Au temps de Jésus, la foi en la résurrection était quelque chose de nouveau et ce n’est pas tout le monde qui partageait cette croyance. C’est d’ailleurs la raison qui a fait choisir ce récit du Livre des Martyrs d’Israël comme première lecture. Ce texte marque une étape importante dans le développement de la foi juive : c'est l'une des premières fois qu’est affirmée la résurrection des morts.
Le peuple élu vit alors une terrible persécution. De nombreux Juifs préfèrent mourir plutôt que de désobéir à la Loi de Dieu. C’est durant cette persécution que des juifs très religieux expriment leur foi en la résurrection. Sept martyrs, sept frères, torturés et exécutés. Cette extraordinaire découverte de la foi en la Résurrection les a soutenus : Puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. La découverte de la foi en la résurrection n'a été possible qu'après une longue expérience de la fidélité de Dieu.
Une étape capitale sur le chemin de la connaissance de Dieu, mais une étape qui sera dépassée. On envisageait la résurrection seulement pour les justes morts à cause de leur fidélité à Dieu. Il faudra l'éducation patiente de Dieu, la venue de son Fils pour que la foi en la résurrection des morts soit affirmée sans restriction, comme nous l'affirmons clairement dans notre Credo que nous proclamons chaque dimanche : Je crois à la résurrection de la chair, à la vie éternelle, ou, selon l’autre formule, J'attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir.
Aux Sadducéens, Jésus, comme cela lui arrive si souvent, se réfère aux Écritures. Il leur rappelle que Dieu s’est révélé à Moïse comme le Dieu de nos Pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants.
L’Alliance de Dieu avec l’humanité traverse la mort. Nous savons que cette Alliance a été renouvelée en Jésus, cette Alliance nouvelle et éternelle, comme nous le disons chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie. Cette Alliance, dont le peuple de Dieu a saisi peu à peu toutes les dimensions, a atteint sa plénitude en Jésus : en lui, Dieu a noué avec chacun, chacune de nous et nous tous ensemble un lien d'amour que rien ne pourra défaire. Vous êtes filles et fils de Dieu, nous dit Jésus, et donc héritiers de la résurrection.
Notre foi nous dit qu’il y a une vie au-delà de la mort mais elle ne nous dit pas ce qu’elle sera. Ceux et celles qui sont morts sont semblables aux anges : par ces mots, Jésus nous invite à ne pas chercher à percer ce mystère qui accompagne notre foi en la vie éternelle, en ce monde que Jésus nous a annoncé, le Royaume céleste de Dieu.
Ce sera d’ailleurs ce que vivront les disciples après la résurrection quand Jésus leur apparaîtra. Ils ne sauront pas le reconnaître. La résurrection de Jésus n’a pas été une réanimation comme dans le cas de Lazare, ni une réincarnation dans un autre être. C’est toujours lui, l’homme Jésus, mais pour lui les frontières de notre monde ont éclaté. De ce monde dans lequel il est entré, nous ne savons pas parler, nous sommes incapables d’expliquer cette nouvelle manière d’exister.
Croire en la résurrection de Jésus, c’est accepter l’inconnu de la foi, c’est aimer suffisamment pour faire confiance. Et c’est dans ce monde complètement nouveau de la résurrection que nous sommes appelés à entrer nous aussi, là que notre vie se poursuivra. Là où je suis, vous serez vous aussi, a-t-il promis à ses disciples. Telle est notre foi, telle est notre espérance.
Quand la mort viendra, si cette grâce nous est accordée de la voir venir, notre foi et notre espérance nous feront-elles dire : Je me prépare à vivre le plus beau jour de ma vie, celui de la rencontre du Seigneur, pour vivre avec lui la fête éternelle dans la maison du Père.
Monsieur le chanoine Marc Bouchard
Séminaire de Québec
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« Lampe sur mes pas, ta Parole, lumière sur ma route » Homélie pour des funérailles 2012-09-17T21:51:00+02:00http://www.hgiguere.net/Lampe-sur-mes-pas-ta-Parole-lumiere-sur-ma-route-Homelie-pour-des-funerailles_a449.html2012-01-22T20:07:00+01:00Hermann Giguère
Je suis arrêté souhaiter la Bonne Année au défunt le samedi 7 janvier quelques jours avant son décès. Il m’a entretenu avec charme de ses premières années dans son commerce en me racontant comme il l’avait mis sur pied en 1938 et en se rappelant ses premières rencontres avec son épouse. Il me disait qu’il refaisait souvent le parcours de sa vie qu’il ne voyait plus très longue, ce qui est bien normal quand on approche de 97 ans, et il concluait : « Tu sais, tout compte fait, j’ai eu une belle vie. » Il était serein et en paix.
Oui, il a eu une belle vie, une vie qui ne fut pas sans épreuves, sans sacrifices, mais une vie comme la vie des justes dont parle la première lecture, une vie « dans la main de Dieu »
I- La foi, une lumière sur la route
Le défunt était de la race de ces croyantes et croyants pour qui la foi n’était pas seulement une convention encore moins une fuite dans l’imaginaire, mais une lumière constante sur leur route. comme le dit le psaume « Une lampe sur mes pas, ta Parole, une lumière sur ma route" (Ps 118 [119], 105), une rencontre entretenue avec Dieu dans la vie quotidienne par la prière, l’attention à ses proches, par la fidélité à ce qu’on on appelé souvent le « devoir d’état ».
Je ne sais si notre ami lisait la Bible souvent, mais sa présence constante jusqu’à un âge avancé à la messe le dimanche, son attention aux homélies le remplissaient de la Parole de Dieu. Il reprendrait volontiers, j’en suis sûr, les paroles de Marthe à Jésus dans l’Évangile : « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde » (Jean 11, 27).
Vous voyez cette profession de foi de Marthe est celle que tous les chrétiens sont invités à faire de diverses façons au cours d’une vie. Professer sa foi n’est pas d’abord en faire étalage et s’en glorifier en rabaissant les autres, Professer sa foi c’est accepter de vivre une rencontre avec Jésus, de le questionner comme Marthe, de chercher des réponses et de rester ouverts à l’amour de Dieu qui nous rejoints tous qui que nous soyons. Ainsi, c’est Dieu lui-même qui nous rend croyant, « juste » comme le dit la première lecture.
II- Professer sa foi aujourd’hui
Mais, me demanderez-vous, comment professer sa foi aujourd’hui?
Avoir la foi et la professer c’est d’abord témoigner de ce qui nous fait vivre dans l’écoute de la Parole de Dieu et dans la suite du Christ. Ainsi, la foi ne s’impose pas, elle se propose. « Aujourd’hui, comme le répète souvent notre nouvel archevêque Mgr Lacroix, je n’ai pas envie d’imposer ma foi à quiconque, je veux seulement donner le témoignage de quelqu’un qui est heureux à la suite du Christ, qui remplit ma vie. C’est ça pour moi évangéliser aujourd’hui. »
L’attachement à la personne de Jésus voilà le cœur de la foi. Et pour le chrétien-croyant, ce Jésus qu’il suit n’est pas disparu pour toujours, non! Il est toujours vivant, il est ressuscité. Il est au milieu de nous : il est là dans le pauvre, le malade, le prisonnier, le délaissé. Rappelez-vous cette phrase de l’évangile de saint Mathieu : J’étais malade et vous m’avez visité, j’étais affamé et vous m’avez donné à manger…venez les bénis de mon Père. « dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25, 40).
Notre ami décédé a su tout au cours de sa vie, mais surtout dans les 10 dernières années reconnaître le Christ dans son épouse malade et diminuée qu’il a accompagnée et soutenue sans jamais se décourager et avec un amour admirable. C’est Jésus qu’il a servi en elle. Il a entendu maintenant, j’en suis sûr, Jésus lui dire « Viens, béni de mon Père ».
Conclusion
Oui, comme je le disais au début de la messe, la mort est d’une certaine façon une « nouvelle naissance ». Mais cette « nouvelle naissance » est préparée. Nous vivrons pour toujours ce que nous avons commencé à vivre aujourd’hui.
Dans cette Eucharistie, prenons conscience à travers les signes du Pain et du Vin, présence réelle de Jésus, que la vie éternelle est déjà présente et qu’à la suite du Christ nous sommes entrés dans une vie nouvelle qui ne se terminera pas par la mort mais qui se transformera en vie éternelle…que je nous souhaite à toutes et à tous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
le 21 janvier 2012
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« Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable » Homélie des funérailles du chanoine Louis-Joseph Lépine par Mgr Gérald C. Lacroix2011-08-30T23:09:00+02:00http://www.hgiguere.net/Dieu-a-cree-l-homme-pour-une-existence-imperissable-Homelie-des-funerailles-du-chanoine-Louis-Joseph-Lepine-par-Mgr_a408.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/2936396-4162552.jpg2011-05-02T19:30:00+02:00Mgr Gérald C. Lacroix
Le passage du livre de la Sagesse qui nous a été proclamé était un dialogue entre croyants et incroyants. Bien sûr, ces questions sur notre destinée suscitent en nous bien des interrogations.
Pour certains, l’espérance d’une vie éternelle est une invention pour nous consoler de la disparition de ceux que nous avons aimés, une façon de conjurer la peur. Pourtant, depuis les temps préhistoriques, des hommes et des femmes de toutes religions, y ont cru et l’ont espérée. Tout être qui réfléchit, est amené à se demander, un jour ou l’autre, s’il y a en lui quelque chose d’immortel. Il y a en nous une réelle soif d’absolu !
Chrétiens, disciples du Christ ressuscité, nous ne croyons pas au hasard. Au-dessus de nous, Quelqu’un veille sur nous et prend soin de nous ; c’est Dieu, notre Père. Notre foi chrétienne nous permet d’affirmer que Dieu est plus fort que la mort, Il l’a vaincu.
Depuis la venue du Christ, depuis sa mort sur la Croix et sa résurrection le matin de Pâques, une espérance fiable nous habite. Notre Pasteur, c’est Jésus Christ. Il compare la mort à une porte où il se tient, pour nous ouvrir le moment venu. La mort n’est donc pas une impasse, mais un passage. D’ailleurs, c’est ce que veut dire le mot « Pâques », passage. Passage de la mort à la vie et des ténèbres à la lumière. Notre frère, le chanoine Louis-Joseph, était profondément habité par la foi en Jésus Christ. C’est pourquoi, même à travers de rudes épreuves de santé, il ne s’est pas découragé. Son regard de foi lui permettait de voir plus loin, plus haut. Il se savait attendu à la porte par Celui qui est la Porte, Jésus Christ.
Il me semble que nous pourrions facilement mettre sur ses lèvres ce poème du grand mystique espagnol, saint Jean de la Croix :
Ce qui se passera de l’autre côté,
quand tout, pour moi,
aura basculé dans l’éternité,
je ne le sais pas…
Je crois seulement
qu’un amour m’attend.
Je sais pourtant qu’alors, il me faudra faire,
pauvre et sans poids,
le bilan de moi,
mais ne pensez pas que je désespère…
Je crois, je crois tellement
qu’un amour m’attend…
Si je meurs, ne pleurez pas ;
c’est un amour qui m’attend.
Si j’ai peur, et pourquoi pas ?
Rappelez-moi simplement
qu’un amour, un amour m’attend.
Il va m’ouvrir tout entière
à sa joie, à sa lumière.
Oui, Père, je viens à Toi
dans le vent,
dont on ne sait ni d’où il vient, ni où il va.
Vers ton amour,
ton amour qui m’attend.
C’est cette qualité de confiance, de foi en la promesse de Dieu qui habitait le chanoine Louis-Joseph. C’est pourquoi les mots du livre de la Sagesse nous sont d’un grand réconfort aujourd’hui: « Ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur comprendront la vérité; ceux qui sont fidèles resteront avec lui dans son amour, car il accorde à ses élus grâce et miséricorde ».
Le choix de l’Évangile s’imposait, celui des Béatitudes. Les huit béatitudes que rapporte l’évangéliste saint Matthieu, sont le résumé de l’Évangile, la chartre de la vie chrétienne. Ces béatitudes seront notre juge au moment du grand rendez-vous avec le Seigneur. Notre frère Louis-Joseph s’est efforcé de vivre ces béatitudes tout au long de sa vie. Pendant 58 ans, il a servi le Seigneur comme prêtre et a prêché cette Bonne Nouvelle, ce chemin qui conduit au bonheur : « Heureux les pauvres de cœur… heureux les doux… heureux ceux qui pleurent… heureux ceux qui ont faim et soif de la justice… heureux les miséricordieux… heureux les cœurs purs… heureux les artisans de paix… ».
Les confrères qui l’ont bien connu et côtoyé tout au long de sa vie au Séminaire, n’hésitent pas à affirmer que le Chanoine Lépine laisse le témoignage d’une vie entièrement donnée au service de l’Évangile, dans la persévérance et le courage. Enseignant, directeur des études au secondaire, directeur des services pédagogiques au collégial, supérieur général du Séminaire de Québec, Chanoine, et depuis une dizaine d’années, visité par la maladie, il s’est toujours efforcé d’incarner l’esprit des béatitudes dans une grande humilité et avec un esprit de foi remarquable.
Rassemblés aujourd’hui en cette Basilique-cathédrale de Québec, où il venait prier fidèlement l’Office des Laudes chaque matin et concélébrer l’Eucharistie, depuis son entrée dans le Chapitre métropolitain des chanoines en 1984, nous rendons grâce au Seigneur pour sa vie donnée et pour tout le bien qu’il a accompli. Et nous prions le Seigneur, dans sa grande miséricorde, d’accueillir notre frère dans la Ville Habitable, la vie éternelle.
Nous croyons que « Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable ». Pour ceux et celles qui arrivent au terme de leur pèlerinage, comme le chanoine Louis-Joseph, en ayant emprunté le chemin des Béatitudes, nous prions pour que résonnent pour lui et pour tous les défunts, les paroles de Jésus : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! »
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Homélie pour les fidèles défunts : « En cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets »2018-11-02T02:15:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-les-fideles-defunts-En-cette-vie-ou-nous-esperons-le-bonheur-que-tu-promets_a306.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/1682371-2269721.jpg2009-11-02T14:26:00+01:00Hermann Giguère
En ce jour de la Commémoration des fidèles défunts, je vous propose cette année trois mots pour guider notre méditation : «mémoire», «espérance», «promesse». Ils rejoignent bien les textes que nous venons de lire.
I- « Serviteurs fidèles et avisés »
Nous faisons mémoire aujourd’hui de façon spéciale de trois de nos confrères qui nous ont quitté au cours de la dernière année ainsi que de tous nos parents et amis défunts.
Nos confrères furent, chacun à leur manière, des serviteurs fidèles et avisés en réponse à leur appel au ministère presbytéral qu’ils ont exercé avec générosité dans des tâches nombreuses et variées. Nos parents et amis ont cherché à répondre le mieux possible aux appels de Dieu dans leur vie. Notre prière pour les défunts qui nous ont été proches garde non seulement leur mémoire, mais elle manifeste une communion qui défie et transcende le temps et l’espace.
En lien avec eux nous sommes invités à raviver notre espérance et à vivre aujourd’hui dans la confiance en la promesse d’un bonheur éternel qui nous attend comme le dit si bien la prière après le Notre Père : « Seigneur, rassure-nous devant les épreuves en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l’Avènement de Jésus-Christ notre Sauveur. »
C’est en m’inspirant que cette prière que j’aimerais commenter maintenant les deux autres mots que j’ai retenus pour notre méditation : «espérance» et «promesse».
II- « En cette vie où nous espérons... »
« Espérance », la toute petite vertu comme la qualifiait Péguy. « Espérance » qui n’est pas un simple espoir, ni un souhait jeté en l’air sans trop y croire. Petite vertu, peut-être, mais immense mouvement de l’être qui se tend vers l’infini en s’appuyant sur Celui qui ne peut décevoir : le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et le Père de Jésus Sauveur.
C'est dans ce mouvement de l'espérance que « la mort est surpassée, détruite pour toujours » nous dit le prophète Isaïe dans la première lecture : « En lui nous espérions, et il nous a sauvés ». Voilà le résultat : non seulement à venir, mais déjà présent en cette vie. En Jésus, l’amour infini du Père nous rejoint, nous renouvelle, nous sauve. Il nous recrée dans une beauté qui resplendit de sa gloire. Le salut nous est donné comme un don et en même temps un gage d’éternité commencée.
Comme l’explique saint Paul « l’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur; c’est un Esprit qui fait de vous des fils.» Et il continue « Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ. » Tout est dit.
L’espérance chrétienne est ancrée (ne la représente-t-on pas par le symbole de l'ancre dans la tradition iconographique voir les notes à ce sujet plus bas) dans cette certitude d’un amour qui n’a pas de limites, qui est sans retour et dont nous vivons maintenant comme l’ébauche de ce que ce sera dans la pleine lumière. Nous pouvons espérer car nous sommes sauvés, devenus fils et héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ.
Et c’est ici que le terme promesse prend tout son sens.
III- « …le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus Christ, notre Sauveur »
La prière que j’ai citée tout à l’heure précise le sens de la promesse. Il s’agit de bonheur (de béatitude disait saint Thomas d’Aquin). Qu’est-ce à dire? Une promesse de plénitude comme on ne peut l’imaginer, une plénitude qui n’arrive pas au terme d’efforts, aussi héroïques soient-ils, mais qui survient comme un don, celui d’une présence, d’une relation vivante et continue « Là où je suis, là aussi sera mon serviteur ». La promesse c'est le bonheur d'être avec le Christ non seulement maintenant, mais pour toujours lors de son Retour.
Les premiers chrétiens ont pensé un moment que cette présence qui se vérifierait dans le Retour du Christ serait le lot des nouveaux convertis dans un avenir à mesure humaine, de leur vivant même. Mais saint Paul les a amenés à percevoir que cette présence du Christ glorieux les rejoignait déjà de façon mystérieuse sous un mode de relation personnelle, d’une relation filiale dans laquelle il les invite à plonger avec confiance en fils de Dieu, sans esprit de crainte et sans peur.
Mystère tout de même que ce que vivent les fidèles défunts pour lesquels nous offrons nos prières. Mystère de cet espace qui précède la Parousie, le Retour du Christ qui nous emportera avec lui, Ressuscité et Glorieux, où « le Seigneur essuiera les larmes de tous les visages » dans un monde nouveau que nous attendons aujourd’hui dans la foi, mais qui brillera de la Gloire du Père.
Conclusion
En cette célébration nous pouvons porter dans nos « vases fragiles » la certitude que nos défunts connaissent « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’être humain, tout ce que Dieu prépare pour ceux qui l’aiment » (I Corinthiens 2.9). En refaisant les gestes de Jésus sur le pain et le vin nous redisons et nos proclamons notre espérance appuyée sur sa promesse « jusqu’à ce qu’il vienne ».
Amen !
Mgr Hermann Giguère P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 2 novembre 2009
Sculpture dans la pierre qui se trouve dans les Catacombes de Priscille à Rome (IIIe siècle)
L'ancre est une figure voilée de la croix. Devenue le symbole de l'espérance du salut, elle est associée aux poissons qui désignent les nouveaux chrétiens. On trouvera plus bas sur une autre image une variation moderne de ce symbolisme. L'ancre, symbole de la stabilité, était devenue au IIe siècle l'image privilégiée de l'espérance (Hébreux, 6, 19). Clément d'Alexandrie dans le Pédagogue nomme l'ancre parmi les signes qu'il recommande aux fidèles de graver sur leurs anneaux. Ce symbole de l'Église paléochrétienne apparaît dans la première moitié du IIe siècle, connaît son apogée au IIIe pour disparaître au cours du IVe siècle (Tome I, vol 2 col 1999-2031 du Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie.- Paris : Letouzay et Ané, 1907-1951)
Variation moderne d'un artiste québécois, Ulric Bilodeau, pour la patène de mon calice fait par Gilles Beaugrand, orfèvre de Montréal (Canada), en 1962.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour les fidèles défunts : « La vie ne passe pas, elle est transformée »2020-11-01T22:37:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-les-fideles-defunts-La-vie-ne-passe-pas-elle-est-transformee_a220.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/1096089-1395032.jpg2008-11-03T22:10:00+01:00Hermann Giguère
Cette année nous nous réunissons le lendemain de la Commémoration des fidèles défunts puisque celle-ci tombait le dimanche et se célébrait en paroisse. Nous avons tenu à ce que la communauté des prêtres se réunisse autour de la table eucharistique aujourd’hui pour prier ensemble pour nos confrères défunts, en particulier pour monsieur l’abbé Noël Baillargeon décédé le 18 janvier 2008 l’âge de 93 ans et 11 mois et pour qui nous avons célébré une messe des funérailles le 22 janvier suivant à la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. Nous ferons mémoire aussi de tous ceux que nous avons connu et de tous nos devanciers qui ont établi et servi le Séminaire de Québec depuis 345 ans maintenant.
I- Une vie après la mort
En faisant mémoire de nos devanciers et en priant pour eux, notre solidarité avec les défunts se manifeste de façon simple, mais riche. En effet, c’est dans une relation toujours actuelle, malgré le changement, que se vit cette relation. La prière pour les défunts nous permet d’entrer dans ce réseau d’amour, de paix, de bonheur dont nous faisons partie avec eux. Ils ont franchi une limite qui nous est familière celle du temps et de l’espace. Leur vie, cependant, comme le dit la préface de la messe des défunts, n’est pas terminée, elle est transformée.
La fête de la Toussaint et la commémoration des fidèles défunts ont quelque chose en commun. Ces deux fêtes nous parlent d’une même vie, d’une vie transformée, une vie éternelle, une vie après la mort. Si nous ne croyions pas à une vie après la mort, il serait contre-indiqué de célébrer la fête de la Toussaint et, encore moins indiqué, de prier pour les défunts.
Par sa résurrection, Jésus ouvre la voie d’ « un lieu où le temps s'arrêtera sur nous pour céder le pas à l'éternité ; où l'amour sera total », comme le dit si bellement le Père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison de sa Sainteté.
Qu’est-ce à dire? Permettez-moi de partager avec vous quelques moments de méditation sur ce thème de la « vie transformée ».
II- Une transformation d’un don reçu
Notre vie ne nous est pas prêtée. Elle nous est donnée. Et ce qui nous est donné nous le recevons. Nous ne sommes pas l’auteur de ce don merveilleux. Benoît XVI le note avec justesse dans son encyclique Spe salvi : "La vie dans le sens véritable, on ne l'a pas en soi, de soi tout seul et pas même seulement par soi: elle est une relation", écrit-Il. Et il poursuit : "Et la vie dans sa totalité est relation avec Celui qui est la source de la vie." (numéro 27)
Bien sûr que nous pouvons, comme l’incroyant dont parle le livre de la Sagesse, nous contenter d’une lecture superficielle, à ras de terre. Notre souffle s’évanouit. La pensée s’éteint. Le corps s’en va en cendres. Il n’y a plus rien. Écoutez-le : « Nous sommes nés par hasard, et après, nous serons comme si nous n’avions pas existé : le souffle de nos narines s’évanouit comme la fumée, et la pensée est une étincelle qui jaillit au battement de notre cœur : si elle s’éteint, le corps s’en ira en cendres, et l’esprit se dissipera comme une brise légère. » (Sg 2, 2-3)
Ne peut-on pas prendre le risque d’aller plus loin que cette lecture sans espérance? Pourquoi ne pas reconnaître que si la vie nous est donnée, elle l’est « pour le temps et l’éternité »? Avouons que nous ne connaissons pas encore toute la richesse du don reçu. Pourquoi ce don devrait-il disparaître? N’est-il pas plus juste de reconnaître, comme nous le faisons dans la foi, que nous n’avons pas pris encore toute la mesure du don reçu?
III- Un don « pour le temps et l’éternité »
Bien sûr l’expérience commune ne peut être mise de côté et rejetée du revers de la main : notre vie change et par la mort elle échappe à nos certitudes et à nos sensations. Le croyant n’évite ni ne fuit l’angoisse du « devoir mourir ».
La foi, cependant, nous dit que la vie après la mort existe. « Vita mutatur, non tollitur.» La vie est changée, elle n’est pas détruite. Le don de la vie est un don « pour le temps et l’éternité ». Après le passage de la mort physique, il continue de se déployer encore, de se livrer, dans une beauté que nous ne pouvons imaginer et dans une plénitude inouïe. C’est l’ « amour total » dont parle le Père Cantalamessa.
Saint Paul n’écrivait-il pas aux Corinthiens : « L’amour ne passera pas » (I Co 13,8), car, voyez-vous, la transformation est déjà commencée. Comme l’expérimente saint Jean de la Croix (1543-1591), le grand docteur mystique espagnol, nous sommes sur le chemin d’une « union transformante », une « union d’amour » (cf. La Montée du Carmel, livre 2, chapitre 4) avec Celui que l’œil ne peut voir et que les mains ne peuvent toucher, une union vécue ici-bas dans le mystère de la nuit bien souvent, derrière le voile qui atténue sa souveraine splendeur, dans la foi en Celui qui est passé par la mort et que le Père a relevé le rendant puissant pour nous sauver et le faisant le Premier-Né d’une multitude.
Ces nuits terribles comme celles que nous découvrons dans les écrits intimes de Mère Teresa de Calcutta (Viens soit ma lumière. Les écrits intimes de la "Sainte de Calcutta", textes édités et commentés par Brian Kolodiejchuk MC - traduit de l'anglais par Cécile Deniard et Delphine Rivet, Éditions Lethielleux, Paris, 2008, 444 pages) sont le signe d’une transformation « totale » que nous attentons dans la foi et l’espérance, attente qui faisait répéter aux premiers chrétiens le célèbre « Maranatha » (Viens, Seigneur, viens).
Ce qui s’ouvre à nos frères et sœurs défunts au moment du passage par la mort c’est l’ « union transformante » totale. Une plénitude de vie. Une relation d’amour qui les fait dire comme le ferait un nouveau-né : « voilà que j’arrive à la pleine lumière », « c’est donc cela que je vivais déjà sans pouvoir en mesurer toute la beauté ».
Il arrivera que certains devront encore progresser dans leur marche vers cette union à nulle autre pareille. Ils sont rendus, mais encore éloignés de quelque façon. Ce sont nos frères et sœurs de l’Église « souffrante », « ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés » comme le dit Catéchisme de l’Église catholique (numéro 1030). Nous offrons pour eux et pour elles la sainte Eucharistie et nous les portons dans notre prière.
Conclusion
L’ « amour total », l’ « union transformante » : voilà, mes frères, ce que le croyant expérimente lorsqu’il attend son maître; voilà ce que le croyant confesse quand il dit : « Je crois à la résurrection des morts et à la vie du monde à venir »; voilà ce que le croyant incarne dans les gestes envers le pauvre, l’affamé, le prisonnier, le malade comme le dit l’évangile de Mathieu au chapitre 25. Le croyant que nous sommes, comme disciple de Jésus, entrevoit un monde autre, transformé. Il espère le retour du Maître et il l’attend.
Le Maître lui aussi l’attend. Il a revêtu la tenue de service, il lave les pieds de ses serviteurs. Il est là à la porte. « Voici que je me tiens à la porte et que je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai, je prendrai le repas avec lui et lui avec moi. » (Apocalypse 3, 20).
Chers frères, c’est déjà ce que nous pouvons vivre dans cette Eucharistie. À travers le signe du Pain et du Vin partagés, laissons nos cœurs s’approcher de celui qui a dit : « Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie, qu’on l’ait en plénitude. » (Jn 10,10).
Amen !
Mgr Hermann Giguère P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
le 3 novembre 2008
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net