Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttp://www.hgiguere.net/2024-03-28T18:50:31+01:00Webzine Maker46.814776-71.2http://www.hgiguere.net/favicon.icohttp://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour le 3e dimanche du temps ordinaire Année B : « Croyez à l'Évangile »2024-01-15T15:18:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-3e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Croyez-a-l-Evangile_a1158.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/76400432-54594694.jpg2024-01-16T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Nous sommes entrés depuis dimanche dernier dans ce que l’Église appelle le Temps ordinaire. C’est un temps où la liturgie nous déroule plus en détail la mission et la prédication de Jésus. Elle le fait cette année avec l’évangéliste saint Marc qui a consigné les façons de faire des premières communautés chrétiennes et les témoignages des personnes survivantes qui avaient connu Jésus. On dit que la dernière de ces personnes serait l’apôtre saint Jean mort en l’an 101 après Jésus-Christ à l’âge de 90 ans.
I – La mission de Jésus dans la mémoire des premières communautés chrétiennes
Le texte de l’évangile que nous venons d’entendre présente les souvenirs des débuts de la prédication de Jésus qu'on a gardés dans les premières communautés chrétiennes . On y voit Jésus se lançant à son corps défendant sur les routes de Palestine pour proclamer ce qu’il a dans le cœur depuis longtemps. Il a, semble-t-il, attendu que la mission de Jean-Baptiste qui l’avait présenté comme l’Agneau de Dieu se termine puisque par ordre d’Hérode celui-ci est arrêté. L’arrestation de Jean-Baptiste est comme un signal pour Jésus.
Désormais, Jésus sort de l’ombre de Nazareth. Il parcourt la Galilée. Il se rend dans les villes plus peuplées. C’est là qu’il sort de sa réserve de jeune juif observant la loi mosaïque à la lettre pour annoncer une autre loi, une autre alliance qui remplacera l’ancienne.
Ce message est simple c’est, en un mot, un Évangile, une Bonne Nouvelle, ce que veut dire le mot « évangile » en grec. « Croyez à l’Évangile ». Saint Marc le rapporte explicitement en écrivant que Jésus disait : « Les temps sont accomplis le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».
La tâche d’annoncer cette Bonne Nouvelle est immense. Jésus perçoit tout de suite, au commencement de son ministère, qu’il ne peut se contenter d’y aller en solo. Il choisit de s’adjoindre des aides, des personnes qui collaboreront avec lui au fil des jours, qui le suivront, qui l’aimeront et qui le soutiendront.
Nous avons dans l’évangile de ce matin, les souvenirs aussi du choix des premières personnes qui s’attacheront à Jésus de façon radicale et absolue.
II – Les premiers appelés
Ces personnes ont des noms précis qu’on a retenus. Certains, comme l’évangéliste saint Marc, les ont connus en personne. Ils étaient pêcheurs sur le lac de Galilée près de Nazareth. Ils s’appellent Simon et André – Simon recevra de Jésus plus tard le nom de Pierre -. Ils sont des disciples de Jean-Baptiste qui ont déjà rencontré Jésus comme nous l’avons vu dans l’évangile de dimanche dernier. Puis il y a Jacques et Jean, les fils de Zébédée.
Ce quatuor de pêcheurs est interpellé par Jésus de façon claire et directe. On voit que Jésus est décidé à s’entourer d’aides et de disciples qui s’attacheront à lui. En effet, il ne se contente pas de leur dire « J’ai besoin de vous ». Il les invite à le suivre, à vivre avec lui et à quitter leurs occupations actuelles. Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ».
C’est toute une invitation pour des pêcheurs qui ne sont jamais sortis de chez eux. C’est une surprise car ils ne se sentent pas à la hauteur de cet appel. Et pourtant, ils décident de passer à un niveau supérieur dans leur vie. Ils acceptent de quitter la pêche qui les fait vivre et de plonger dans un avenir inconnu que Jésus leur décrit avec les mots « je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ».
Du point de vue de Jésus, leur réponse affirmative lui révèle l’attention de Dieu qui lui donne la force et les moyens de réaliser l’annonce de la Bonne nouvelle, de l’Évangile, en mettant dans le cœur de ces premiers appelés le courage et l’audace de répondre oui.
Ces premiers disciples sont des gens qui croient à l’Évangile et qui se mettent à la suite de Jésus, non seulement de façon symbolique mais de façon concrète. Ils quittent tout. Ils l’accompagnent dans son quotidien, dans ses tournées de prédication. Ils l’écoutent avidement. Et petit à petit, ils entrent dans le même chemin où Jésus a accepté d’aller. Ils ne savent pas encore où cela les conduira, mais ils le suivent avec confiance et avec amour.
III – Application
Ces premiers disciples de Jésus sont pour nous des modèles comme ils le furent pour les premiers chrétiens. Après la Résurrection de Jésus et après la descente de l’Esprit sur eux à la Pentecôte, ils sillonnèrent le monde méditerranéen, le monde connu d’alors en proclament la Bonne Nouvelle que Jésus est toujours vivant et qu’il ne meurt plus (cf. Actes des Apôtres 2, 29-36 Discours de Pierre). Avec des compagnons et des compagnes animés du même feu, ils créèrent les premières Églises dont parlent saint Paul : l’Église de Corinthe, l’Église d’Éphèse, l’Église de Thessalonique, l’Église de Rome etc. Ils ont pu dire alors « l’Évangile, la Bonne Nouvelle, est proclamée à toute créature dans le monde entier » comme le souhaitait Jésus (Marc 16, 15).
Nous sommes leur descendance dans la foi en cette Bonne Nouvelle de l'Évangile toujours actuelle. Comme eux nous sommes invités par Jésus à le suivre et à marcher derrière lui. La seule différence c’est que notre suite de Jésus n’est pas une suite physique sur des chemins géographiques, elle est, sur de nouveaux chemins, une imitation de ce qu’il a été.
Ces chemins que nous tracent l’imitation de Jésus sont aussi variés que le sont les personnes et les groupes qui décident de l'accepter comme leur Seigneur et Sauveur, mais ils se résument tous dans le seul et unique commandement de l’Alliance nouvelle : « Aimez-vous les uns les autres ». Le dernier des apôtres saint Jean l’avait bien compris et ses disciples aussi qui lui faisaient dire dans une lettre qui lui est attribuée : « Mes petits enfants… Tel est le message que vous avez entendu depuis le commencement : aimons-nous les uns les autres ». (1 Jean 3, 11)
Nous sommes chanceux de pouvoir nous rattacher à une lignée de personnes témoins de la Bonne nouvelle au fil des âges et nous sommes invités à l’être nous aussi dans notre temps. Une société telle que la nôtre, même si elle apporte bien des réponses aux désirs des humains, ne donne pas toutes les réponses.
Au contraire, elle nous invite à regarder plus loin et plus haut. Elle nous donne l’occasion de partager comme les pêcheurs de Galilée notre amour de Celui que nous avons décidé de suivre et d’imiter. C’est dans des petits gestes à notre portée qu’apparaitra la lumière qui nous habite, la Bonne nouvelle de l’amour gratuit de Dieu pour chaque personne car, quelle qu’elle soit, elle a du prix aux yeux de Dieu, notre Père.
Conclusion
Nous nous retrouvons chaque dimanche pour un moment de pause et de ressourcement dans la messe dominicale. Nous y rencontrons, sous les signes du Pain et du Vin, Jésus lui-même. Sa voix résonne en notre cœur comme pour les premiers disciples : « Venez à ma suite ». N’ayons pas peur de quitter nos filets et de répondre à son invitation. C'est la grâce que je nous souhaite de tout coeur.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
16 janvier 2024
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Les gens de Ninive se détournèrent de leur conduite mauvaise » (Jon 3, 1-5.10)
Lecture du livre de Jonas
La parole du Seigneur fut adressée de nouveau à Jonas :
« Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne,
proclame le message que je te donne sur elle. »
Jonas se leva et partit pour Ninive,
selon la parole du Seigneur.
Or, Ninive était une ville extraordinairement grande :
il fallait trois jours pour la traverser.
Jonas la parcourut une journée à peine
en proclamant :
« Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! »
Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu.
Ils annoncèrent un jeûne,
et tous, du plus grand au plus petit,
se vêtirent de toile à sac.
En voyant leur réaction,
et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise,
Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.
Rappelle-toi,Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Dans ton amour, ne m’oublie pas,
en raison de ta bonté, Seigneur.
Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.
DEUXIÈME LECTURE
« Il passe, ce monde tel que nous le voyons » (1 Co 7, 29-31)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères,
je dois vous le dire : le temps est limité.
Dès lors,
que ceux qui ont une femme
soient comme s’ils n’avaient pas de femme,
ceux qui pleurent,
comme s’ils ne pleuraient pas,
ceux qui ont de la joie,
comme s’ils n’en avaient pas,
ceux qui font des achats,
comme s’ils ne possédaient rien,
ceux qui profitent de ce monde,
comme s’ils n’en profitaient pas vraiment.
Car il passe,
ce monde tel que nous le voyons.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 14-20)
Alléluia. Alléluia.
Le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.
Alléluia. (Mc 1, 15)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Après l’arrestation de Jean le Baptiste,
Jésus partit pour la Galilée
proclamer l’Évangile de Dieu ;
il disait :
« Les temps sont accomplis :
le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Passant le long de la mer de Galilée,
Jésus vit Simon et André, le frère de Simon,
en train de jeter les filets dans la mer,
car c’étaient des pêcheurs.
Il leur dit :
« Venez à ma suite.
Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets,
ils le suivirent.
Jésus avança un peu
et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean,
qui étaient dans la barque et réparaient les filets.
Aussitôt, Jésus les appela.
Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers,
ils partirent à sa suite.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 2e dimanche du temps ordinaire Année B : « Où demeures-tu ? »2024-01-14T02:46:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-2e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Ou-demeures-tu_a1157.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/76399912-54591251.jpg2024-01-09T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Ce beau passage de l’évangile de saint Jean qui vient d’être lu me remplit toujours d’une grande émotion par la question « Où demeures-tu? » et celui du livre du prophète Samuel résonne en moi avec les paroles du chant de Robert Lebel : « Seigneur que veux-tu que je fasse? »
Pourquoi autant d’émotion devant ces textes me suis-je demandé ? Je vais essayer de trouver la réponse avec vous.
I – André et l’autre disciple de Jean-Baptiste
Pour commencer disons que les détails du passage de l'évangile selon saint Jean sonnent vrais et nous renvoient à des souvenirs de certaines de nos rencontres les plus importantes dans notre vie. On peut penser volontiers qu’André et l’autre disciple restent avec Jésus de 4 heures de l’après-midi jusqu’aux petites heures du matin.
Ils sont déjà en recherche de Dieu puisqu’ils sont venus près de Jean-Baptiste qui invitait à une conversion radicale et à une remise de sa vie à Dieu. Devant Celui que Jean-Baptiste désigne par le titre « Agneau de Dieu » que nous reprenons à chaque messe surgit un désir de le connaître plus intimement. De là leur question « Où demeures-tu ? ». La réponse de Jésus les comble « Venez et voyez ».
André et l’autre disciple de Jean-Baptiste dont le nom n’est pas donné le suivent et demeurent avec lui. On peut imaginer leur partage au soleil couchant dans une hutte de terre battue remplie de lumière, de joie et d’ouverture au plan de Dieu annoncé par les prophètes de l’Ancien Testament dont ils se rappellent des passages appris à la synagogue. Ce colloque et ces échanges brûlent leurs cœurs. Ils en sortent emballés et André amène son frère Pierre à Jésus en lui disant « Nous avons trouvé le Messie ». Ils ont saisi toute la profondeur de ce titre l’« Agneau de Dieu » qui est une façon de désigner le Messie attendu par Israël.
Ce titre donne le sens profond de la destinée de Jésus qui l'amènera sur la croix. Jésus a sûrement été surpris lui-même de cette désignation lourde de sens dans l’Écriture, car l’ « Agneau de Dieu » annoncé par les prophètes est un Messie souffrant pour le salut de tous. Jésus et les premiers disciples savent qu’ils s’ouvrent à quelque chose d’inconnu et qui les dépasse.
C’est ce qui arrive à Samuel dans le récit de la première lecture
II – Le prophète Samuel
Le jeune Samuel est déjà consacré au Seigneur par sa mère. On imagine qu’il a suivi religieusement ses conseils en acceptant de demeurer au temple. Sa vie se déroule de façon précise et ordonnée. Il fait le service qui lui est demandé. Il est bon serviteur du grand prêtre Eli. Et que se passe-t-il? Cette voix qui par trois fois le réveille vient de Dieu. Il ne le réalise pas tout de suite. Le grand prêtre en homme sage et avisé lui conseille de répondre « Parle, ton serviteur écoute ». C’est la réponse qui changera toute la vie du jeune Samuel.
Il ne sait pas exactement, lui aussi, comme les disciples et Jésus, ce qui se passera concrètement dans sa vie, mais il fait un pas irréversible en répondant "Me voici! Parle, ton serviteur écoute" et ces mots le mettent en état d’écoute permanente et d’ouverture à la volonté de Dieu sur lui.
On sait que, par la suite, il aura à réaliser une mission difficile de prophète et de messager du Seigneur. Il sera celui qui consacrera Salomon, puis David comme rois d’Israël. Le service du prophète Samuel s'est déroulé durant une période de transition de l’histoire d’Israël. Il a été reconnu comme un des grands personnages de l'histoire du peuple d'Israël. Pendant 80 ans, il a gardé une ouverture totale à Dieu dans des situations difficiles. Il fut un témoin fidèle de l'Alliance de Dieu avec Abraham et David que Jésus viendra mener à sa perfection.
III - Application
En vous racontant à ma façon ces deux scènes, j’ai compris pourquoi elles me remplissaient de tant d’émotion. La réponse c’est qu’elles rejoignent de grands pans de ma vie.
Encore jeune, comme Samuel, j’ai entendu l’appel du Seigneur. Mes éducateurs et mes parents m’ont encouragé à répondre « Me voici! Parle, ton serviteur écoute ». Eux, comme moi, ne connaissaient pas tout le parcours qui suivrait, mais celui-ci m’a conduit au Grand Séminaire et au presbytérat.
Je suis devenu prêtre au service de mes frères et sœurs dans des années de grands changements au Québec et aussi de belles réalisations où la présence du Seigneur se manifestait sous diverses formes toutes plus surprenantes les unes que les autres. Il serait trop long de raconter en détail les chemins de mon ministère. Je continue de me lever et de dire, à un âge avancé, « Me voici, Seigneur, parle ton serviteur écoute ».
Les retombées du texte de l’évangile se concentrent pour moi dans le « Venez et voyez ».
« Venez et voyez » c’est pour moi prendre du temps pour la prière personnelle, pour la lecture de la Parole de Dieu et pour la méditation de celle-ci. C’est aussi me garder des espaces de paix et de calme chez moi ou à la campagne où la présence de Dieu dans la nature et aussi sa présence cachée se manifestent à mon cœur. Il se peut que ces chemins vous rejoignent vous aussi.
La familiarité avec Jésus n’est pas de trop dans une recherche de Dieu et dans une volonté de répondre à ses appels dans notre vie de tous les jours, dans notre profession, dans la vie de couple, dans l’éducation des enfants, dans les projets pastoraux, dans notre témoignage de foi etc.
Ce qui est important c’est l’attention à la présence du Christ qui se manifeste de diverses façons dans nos vies.
Il se trouve partout où un de mes frères ou une de mes soeurs est dans le besoin.
Il est là au milieu de nous lorsque deux ou trois sont réunis en son nom.
Il est présent de façon spéciale dans les signes qu’Il a donné à son Église, les sacrements de la foi.
Ouvrons nos yeux et nos coeurs pour reconnaître cette présence à nulle autre pareille qui nous rejoint au plus profond de notre être.
Conclusion
À mesure que les lectures d’aujourd’hui s’enracinaient en moi, cette homélie est devenue comme un témoignage personnel que je ne pouvais éviter si je voulais rendre l’émotion qu’elles suscitaient en moi.
À chacune et à chacun de savoir demander « Où demeures-tu » et après être allé et avoir vu, de pouvoir répondre « Me voici! Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
9 janvier 2024
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 S 3, 3b-10.19)
Lecture du premier livre de Samuel
En ces jours-là,
le jeune Samuel était couché dans le temple du Seigneur à Silo,
où se trouvait l’arche de Dieu.
Le Seigneur appela Samuel, qui répondit :
« Me voici ! »
Il courut vers le prêtre Éli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Éli répondit :
« Je n’ai pas appelé. Retourne te coucher. »
L’enfant alla se coucher.
De nouveau, le Seigneur appela Samuel.
Et Samuel se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Éli répondit :
« Je n’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. »
Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur,
et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée.
De nouveau, le Seigneur appela Samuel.
Celui-ci
se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Alors Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant,
et il lui dit :
« Va te recoucher,
et s’il t’appelle, tu diras :
“Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.” »
Samuel alla se recoucher à sa place habituelle.
Le Seigneur vint, il se tenait là
et il appela comme les autres fois :
« Samuel ! Samuel ! »
Et Samuel répondit :
« Parle, ton serviteur écoute. »
Samuel grandit.
Le Seigneur était avec lui,
et il ne laissa aucune de ses paroles sans effet.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd)
R/ Me voici, Seigneur,
je viens faire ta volonté. (cf. 39, 8a.9a)
D’un grand espoir, j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi.
En ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.
Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens.
« Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles. »
Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.
J’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.
DEUXIÈME LECTURE
« Vos corps sont les membres du Christ » (1 Co 6, 13c-15a. 17-20)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères,
le corps n’est pas pour la débauche,
il est pour le Seigneur,
et le Seigneur est pour le corps ;
et Dieu, par sa puissance, a ressuscité le Seigneur
et nous ressuscitera nous aussi.
Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont les membres du Christ.
Celui qui s’unit au Seigneur
ne fait avec lui qu’un seul esprit.
Fuyez la débauche.
Tous les péchés que l’homme peut commettre
sont extérieurs à son corps ;
mais l’homme qui se livre à la débauche
commet un péché contre son propre corps.
Ne le savez-vous pas ?
Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint,
lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ;
vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes,
car vous avez été achetés à grand prix.
Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui » (Jn 1, 35-42)
Alléluia. Alléluia. En Jésus Christ, nous avons reconnu le Messie :
par lui sont venues la grâce et la vérité. Alléluia. (cf. Jn 1, 41.17)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples.
Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit :
« Voici l’Agneau de Dieu. »
Les deux disciples entendirent ce qu’il disait,
et ils suivirent Jésus.
Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient,
et leur dit :
« Que cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent :
« Rabbi – ce qui veut dire : Maître –,
où demeures-tu ? »
Il leur dit :
« Venez, et vous verrez. »
Ils allèrent donc,
ils virent où il demeurait,
et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.
C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi).
André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples
qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus.
Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit :
« Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ.
André amena son frère à Jésus.
Jésus posa son regard sur lui et dit :
« Tu es Simon, fils de Jean ;
tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 2e dimanche du temps ordinaire Année A : « Un tournant dans la vie d’un jeune juif fervent » 2023-01-14T13:44:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-2e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Un-tournant-dans-la-vie-d-un-jeune-juif-fervent_a1101.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/69669425-48683430.jpg2023-01-10T18:00:00+01:00Hermann Giguère
L’évangile de saint Jean ne raconte rien de la vie de Jésus avant sa rencontre avec son cousin Jean-Baptiste sur les bords du Jourdain. Ce qui nous est présenté aujourd’hui au début du récit de la vie et de la prédication de Jésus, c’est le moment où la vie de Jésus a pris un tournant qui sera sans retour en arrière et qui le mènera jusqu’à la Passion où il mourra sur la croix pour ressusciter trois jours plus tard.
Regardons d’un peu plus près ce qu’a été ce tournant fondamental dans la vie de Jésus
I – Un jeune juif comme les autres
Nous savons par les autres évangélistes, notamment, saint Luc, que Jésus a été élevé à Nazareth auprès de son père, Joseph, et de sa mère, Marie et avec la nombreuse parenté dont parlent les évangiles en plusieurs endroits.. C’est là, qu’après son adolescence dont saint Luc raconte un épisode, celui de la disparition et du recouvrement de Jésus au Temple de Jérusalem lors d’un pèlerinage (Luc 2, 41-50), il a grandi « en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Luc 2, 52).
Il semblerait qu’il soit demeuré avec ses parents comme un bon enfant juif. Il exerçait le même métier que son père Joseph : le métier de charpentier (Marc 6, 3 et Mathieu 13, 55).
Qu’est-ce qui va l’amener à quitter Nazareth pour venir se faire baptiser par Jean-Baptiste? On peut penser qu’il s’agit d’une décision mûrement réfléchie. Jésus est vraisemblablement dans la trentaine. Ses perceptions de la religion juive qu’il connaît bien et qu’il pratique avec ferveur lui indiquent une voie qui le rejoint et qui éveille ce qui est déjà en lui par la main de Dieu. Il se sent destiné à autre chose qu'au métier de charpentier.
C’est pourquoi, on peut penser qu’après une bonne réflexion et un bon discernement, il décide, en ces jours où il entend parler de son cousin qui prêche sur les bords du Jourdain, de prendre son courage à deux mains, pourrait-on dire, et de se lancer sans filet de secours, de s'engager dans un tournant où il accepte d’avance de ne revenir en arrière pour aucune raison.
Nous avons donc devant nous un homme mûr, dans la trentaine, qui décide par lui-même de se manifester comme serviteur de Dieu. Il est enflammé par le désir de consacrer sa vie au service du Dieu de l'Alliance avec Abraham, du Dieu de son peuple, du Dieu qui remplit sa vie depuis toujours. Il le fait de son plein gré. C’est une décision humaine généreuse comme chez bien d’autres personnes avant lui.
Ce qui est différent ce sont les résultats immédiats de cette décision que l’évangile nous présente.
II – La manifestation de l’Esprit en Jésus
Réécoutons le témoignage de Jean-Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu … si je suis venu baptiser dans l’eau c’est pour qu’il soit manifesté à Israël... J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit ‘ Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint. Moi, j’ai vu et je rends témoignage que c’est lui le Fils de Dieu ».
« C’est lui le Fils de Dieu ». Le jeune juif de Nazareth, venu humblement se consacrer à Dieu, entend cette révélation extraordinaire. Il ne peut qu’en être bouleversé au plus haut point. Le tournant qui l’a amené sur les bords du Jourdain prend une direction qui lui donne un éclairage nouveau sur ce qu’il est et ce que Dieu attend de Lui. Ces mots résonnent pour lui comme quelque chose qu’il sentait en lui depuis longtemps. Ils sont une confirmation de ce qu’il vit dans son être profond.
Il ne s’agit plus d’un tournant comme un changement de carrière, il s’agit ici d’un tournant qui touche l’être même de la personne. Vous avez peut-être déjà vécu des situations un peu semblables. Par exemple, vous vous rapprochez d’une personne ou vous fréquentez un groupe, vous vous y engagez et hop ! vous avez la vocation, vous avez le feu sacré, vous êtes dans votre élément, vous êtes comblés. C’est un exemple, mais qui est encore bien loin de ce que Jésus vit sur les bords du Jourdain. Il n’est pas seulement comblé. Son être est profondément touché. Il l’est au point où il sera pour toujours consacré à faire la volonté de son Père et à la manifester à ses contemporains et au monde entier par ses disciples après la Pentecôte.
Comme le dit Jean-Baptiste, c’est lui le Fils de Dieu et nul ne pourra connaître le Père si ce n’est par lui (Jean 10, 30). En ce moment, tout est là, mais c’est au cours des années à venir que cette réalité se laissera mieux découvrir par Jésus et qu’elle le mènera sur les chemins de la Palestine pour annoncer l’amour de Dieu, son Père, pour l’humanité tout entière. Comme l'annonce le prophète Isaïe dans la première lecture en mettant les paroles suivantes dans la bouche du Seigneur : « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre ».
III- Application
Après avoir médité sur la venue de Dieu à la crèche de Bethléem dans un enfant nouveau-né, nous sommes maintenant invités à regarder non plus un enfant, mais un homme adulte qui se lance dans un chemin inédit et qui décide d’aller jusqu’au bout sur ce chemin.
Le jeune juif de Nazareth s’est transformé en un homme qui se sent investi par l’Esprit d’une mission à nulle autre pareille : révéler au monde l'amour d’un Dieu Père qui amènera à leur achèvement les promesses de l’Alliance faite avec Abraham, Isaac et Jacob, avec le peuple d'Israël.
Son message risque de créer des peurs ou des oppositions. C’est ce qui se passera au cours des années de la vie publique et de la prédication de Jésus, comme nous le verrons dans les dimanches qui viennent, avant de culminer dans le drame de la Passion où l’Agneau sera immolé.
Nous sommes invités ce matin à fixer nos yeux sur Jésus, à le regarder avec attention dans ses gestes d'homme qui nous révèlent les attentes de Dieu sur lui et sur ceux et celles qui voudront bien le suivre.
L’appel à le suivre retentit encore de nos jours. Sommes-nous prêts nous aussi à prendre les tournants que Dieu nous prépare? Ils peuvent être de toutes sortes : réconciliation, pardon, acceptation d’une maladie, d’une diminution, de la mort, de l’incompréhension, de la venue d'un enfant, du départ de ses parents pour une résidence de personnes âgées etc.
Conclusion
Que le Corps et le Sang du Christ partagés en communauté nous rendent de plus en plus ouverts aux tournants que la vie nous amène. Soyons assurés que dans nos décisions de prendre les tournants qui se présentent dans nos vies, l’Esprit de Jésus sera toujours là et que notre abandon permettra à Dieu de transformer ce qui doit l’être et de faire grandir en nous celui ou celle qu’il a aimé de toute éternité, car, comme le dit si bien le prophète Isaïe dans la première lecture, c’est Lui qui nous a façonné de toute éternité .
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
10 janvier 2023
Commentaire reçu d'un fidèle lecteur
Bonjour Hermann, ce texte d’homélie me rappelle à un travail de collégial que j’avais intitulé La foi de Jésus.Mon professeur m’avait indiqué que c’était une bizarre d’idée de parler ainsi de Jésus comme un croyant puisqu’il était Fils de Dieu. Cependant de lire les évangiles avec l’intention de tenter de lire la foi de cet homme-là, juif, croyant, spirituel, bien ancré dans la réalité de son temps, visionnaire aussi, et de le voir se découvrir fils, au fil des jours, fils de Dieu tout en étant fils de Marie et Joseph. Et il a tenu des propos révolutionnaires sur la justice, la recherche de vérité, la relation intime au Père (Quand tu veux prier, entre dans ta chambre , ferme la porte. N’en fais pas l’étalage pour être vu), l’attention au plus petit, le jugement sur la profondeur des actes posés, tant de propos qui culminent dans les béatitudes. J’ai depuis longtemps pensé que ce n’est pas un petit enfant qu’on rencontre dans la crèche, mais l’espoir qu’on met en lui : l’attente n’est pas finie, elle commence, déjà là, mais encore à venir. Et ce regard me porte à penser que c’est le même regard qu’il faut porter sur soi-même et notre prochain. Bonne journée. Alain
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49, 3.5-6)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Le Seigneur m’a dit :
« Tu es mon serviteur, Israël,
en toi je manifesterai ma splendeur. »
Maintenant le Seigneur parle,
lui qui m’a façonné dès le sein de ma mère
pour que je sois son serviteur,
que je lui ramène Jacob,
que je lui rassemble Israël.
Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur,
c’est mon Dieu qui est ma force.
Et il dit :
« C’est trop peu que tu sois mon serviteur
pour relever les tribus de Jacob,
ramener les rescapés d’Israël :
je fais de toi la lumière des nations,
pour que mon salut parvienne
jusqu’aux extrémités de la terre. »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd)
R/ Me voici, Seigneur,
je viens faire ta volonté. (cf. Ps 39, 8a.9a)
D’un grand espoir j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi
Dans ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.
Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens. »
Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles.
Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.
J’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.
DEUXIÈME LECTURE
« À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ » (1 Co 1, 1-3)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Paul, appelé par la volonté de Dieu
pour être apôtre du Christ Jésus,
et Sosthène notre frère,
à l’Église de Dieu qui est à Corinthe,
à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus
et sont appelés à être saints
avec tous ceux qui, en tout lieu,
invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ,
leur Seigneur et le nôtre.
À vous, la grâce et la paix,
de la part de Dieu notre Père
et du Seigneur Jésus Christ.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29-34)
Alléluia. Alléluia.
« Le Verbe s’est fait chair,
il a établi parmi nous sa demeure.
À tous ceux qui l’ont reçu,
il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. »
Alléluia. (cf. Jn 1, 14a.12a)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
voyant Jésus venir vers lui,
Jean le Baptiste déclara :
« Voici l’Agneau de Dieu,
qui enlève le péché du monde ;
c’est de lui que j’ai dit :
L’homme qui vient derrière moi
est passé devant moi,
car avant moi il était.
Et moi, je ne le connaissais pas ;
mais, si je suis venu baptiser dans l’eau,
c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. »
Alors Jean rendit ce témoignage :
« J’ai vu l’Esprit
descendre du ciel comme une colombe
et il demeura sur lui.
Et moi, je ne le connaissais pas,
mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit :
‘Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer,
celui-là baptise dans l’Esprit Saint.’
Moi, j’ai vu, et je rends témoignage :
c’est lui le Fils de Dieu. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 23e dimanche du temps ordinaire Année C : « Si quelqu’un vient à moi... »2022-09-02T02:11:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-23e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Si-quelqu-un-vient-a-moi_a1080.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/64229164-46109519.jpg2022-08-30T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Le début du texte de saint Luc que je viens de lire est abrupt, provoquant et même choquant. Il faut toutefois noter que le terme « haïr » en hébreu traduit ici une priorité. Il veut dire littéralement et plus justement « préférer ». Nous y reviendrons. Quoiqu’il en soit, nous sommes devant une invitation percutante de Jésus. Regardons-y de plus près.
I – Un monde nouveau
Jésus ne vient pas annoncer un monde nouveau où l’amour est condamné. Au contraire, comme l’ont retenu les disciples de saint Jean, Jésus a prêché l’amour et non la haine : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » comme il est répété de nombreuses fois dans la première lettre de saint Jean (1 Jean 2, 9-10 et 4, 20).
Pourquoi alors ces formules si provocantes? Comme je l’ai dit en commençant, la traduction « me préférer » nous donne la clé. « Haïr » dans le langage des juifs, dans la langue hébraïque qui est une langue sémitique, c’est synonyme de mettre consciemment au deuxième rang.
Père, mère, femme, enfants, frères, sœurs et même sa propre vie, tout cela doit être bien situé après Jésus qui doit être mis au centre de sa vie. Pour suivre Jésus, il est indispensable que Jésus soit placée au-dessus de tout, qu’il y ait de notre part un jugement de valeur qui le reconnaisse comme la Voie, la Vérité et la Vie, comme le seul et unique Sauveur de nos vies, comme la révélation parfaite du Père, car en lui seul réside le salut.
Les premiers disciples l’avaient bien compris : pas de salut possible sans reconnaître que ce salut vient par Jésus, sans donner à Jésus la priorité absolue, sans en faire le centre de notre vie. Les apôtres Pierre et Jean appelés à se justifier devant le tribunal du Sanhédrin d’une guérison qu’ils avaient faite à la sortie du Temple le proclament avec conviction : « Il n’y a aucun salut ailleurs qu’en lui, car il n’y a dans le ciel aucun autre nom offert aux hommes qui soit nécessaire à notre salut » (Actes des apôtres 4, 12).
II – De la nécessité de s’asseoir
Cet enseignement tiré du début du texte de saint Luc me semble demander deux commentaires complémentaires.
Le premier commentaire nous est fourni par la lecture des deux petites paraboles qui accompagnent le début du texte de saint Luc que je viens de commenter. Ces deux paraboles, l'une qui prend l'image d'une construction et l'autre l'image d’une guerre à bien conduire, nous invitent à ne pas nous décider à la légère pour le Christ. Elles nous demandent de nous asseoir, de réfléchir, de tenir conseil avec nous-même. Être disciple de Jésus c’est un choix réfléchi, libre, ce n’est pas seulement une question d’enthousiasme du moment, car cela nous amène forcément sur le même chemin que celui de Jésus où la croix ne fera pas défaut. : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi, ne peut être mon disciple » dit Jésus.
Il y a un point de départ, des reprises même de départ, et cela peut se vivre à tout âge - sainte Thérèse d’Avila a vécu ce départ réel dans la quarantaine - et c’est au point de départ que Jésus doit être préféré à tout, c’est au point de départ qu’il faut faire un choix lucide, réfléchi. C’est ce qui manque chez plusieurs au Québec qui se disent chrétiens sans vraiment en faire un véritable choix. Ils ont peur de s’afficher croyants ou catholiques et s’en vont ainsi sans jamais se compromettre pour Jésus.
Ceci étant dit, venons-en au second commentaire
III – Les vocations particulières et la vocation universelle à la sainteté
Jésus demande à tous le même sérieux à sa suite. Tous ceux et celles qui entendent son appel à la conversion et à la foi en son message et qui répondent oui sincèrement sont des disciples de Jésus.
Mais il y a aussi des vocations, des appels particuliers. C’est ça mon second commentaire. Certains et certaines vont suivre Jésus en renonçant au mariage « pour le Royaume de Dieu » (Mathieu 19, 12), en renonçant à l‘argent et à la propriété. Ils vont faire les vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance dans un ordre ou une congrégation religieuse.
Si tous sont appelés à préférer Jésus à tout, à le recevoir comme Sauveur. Tous ne sont pas appelés à vivre de la même façon le renoncement évangélique dont parle l’Évangile. Zachée n’a pas tout abandonné (Luc 19, 10). Les femmes de Galilée qui ont suivi Jésus ne renoncent pas à tout ce qu’elles possèdent (Luc 8, 3).
Il y a ici le mystère des vocations et des appels particuliers à respecter, mais tous sont appelés à la sainteté. L’appel à la sainteté est universel comme le proclame le Concile Vatican II dans la Constitution sur l’Église, sainteté dans son état de vie, dans sa vocation particulière et dans son histoire personnelle. La sainteté n’est pas réservée aux religieux et aux religieuses comme on l’a trop souvent laissé entendre autrefois. La mère de famille, la femme au travail, le médecin, le plombier, l’étudiant, l’écolier peuvent eux aussi marcher sur la voie de la sainteté. Le pape François dans son Exhortation apostolique portant sur la sainteté publiée le 9 avril 2018 nous invite à aller dans ce sens en considérant « la grande nuée de témoins » de la sainteté « et parmi eux, écrit-il, il peut y avoir notre propre mère, une grand-mère ou d’autres personnes proches (cf. 2 Tm 1, 5). Peut-être leur vie n’a-t-elle pas toujours été parfaite, mais, malgré des imperfections et des chutes, ils sont allés de l’avant et ils ont plu au Seigneur. » (GE 3) Il les appelle « les saints de la porte d’à côté » ou « la classe moyenne de la sainteté » (GE 7).
On en a de beaux modèles d'une sainteté vécue dans son état de vie et sa vocation personnelle dans les enfants de Fatima, François et Jacinthe, qui ont été reconnus saints par le pape Jean-Paul II et béatifiés le 13 mai 2000, dans cette femme médecin, Jeanne Beretta Molla qui s’est sacrifiée pour son enfant (béatifiée le 24 avril 1994), ou encore dans cet étudiant sportif, alpiniste et rassembleur, Pier Giorgio Frassati (1901-1925) béatifié le 20 mai 1990 à Rome et tout récemment en Carlo Acutis, un jeune crack d'informatique mort à 15 ans et béatifié par le pape François le 10 octobre 2020.
Conclusion
Frères et sœurs, demandons au Seigneur de renouveler notre désir lucide de suivre Jésus et que cette Eucharistie nous donne la force d’aller jusqu’au bout comme Jésus lui-même,
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
30 août 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » (Sg 9, 13-18)
Lecture du livre de la Sagesse
Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ?
Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?
Les réflexions des mortels sont incertaines,
et nos pensées, instables ;
car un corps périssable appesantit notre âme,
et cette enveloppe d’argile
alourdit notre esprit aux mille pensées.
Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre,
et nous trouvons avec effort ce qui est à notre portée ;
ce qui est dans les cieux, qui donc l’a découvert ?
Et qui aurait connu ta volonté,
si tu n’avais pas donné la Sagesse
et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ?
C’est ainsi que les sentiers des habitants de la terre
sont devenus droits ;
c’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît
et, par la Sagesse, ont été sauvés.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 89 (90), 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc)
R/ D’âge en âge, Seigneur,
tu as été notre refuge. (Ps 89, 1)
Tu fais retourner l’homme à la poussière ;
tu as dit : « Retournez, fils d’Adam ! »
À tes yeux, mille ans sont comme hier,
c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit.
Tu les as balayés : ce n’est qu’un songe ;
dès le matin, c’est une herbe changeante :
elle fleurit le matin, elle change ;
le soir, elle est fanée, desséchée.
Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.
Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu !
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains.
DEUXIÈME LECTURE
« Accueille-le, non plus comme un esclave, mais comme un frère bien-aimé » (Phm 9b-10.12-17)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Philémon
Bien-aimé,
moi, Paul, tel que je suis, un vieil homme
et, qui plus est, prisonnier maintenant à cause du Christ Jésus,
j’ai quelque chose à te demander pour Onésime,
mon enfant à qui, en prison, j’ai donné la vie dans le Christ.
Je te le renvoie,
lui qui est comme mon cœur.
Je l’aurais volontiers gardé auprès de moi,
pour qu’il me rende des services en ton nom,
à moi qui suis en prison à cause de l’Évangile.
Mais je n’ai rien voulu faire sans ton accord,
pour que tu accomplisses ce qui est bien,
non par contrainte mais volontiers.
S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps,
c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement,
non plus comme un esclave,
mais, mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé :
il l’est vraiment pour moi,
combien plus le sera-t-il pour toi,
aussi bien humainement que dans le Seigneur.
Si donc tu estimes que je suis en communion avec toi,
accueille-le comme si c’était moi.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » (Lc 14, 25-33)
Alléluia. Alléluia.
Pour ton serviteur, que ton visage s’illumine :
apprends-moi tes commandements.
Alléluia. (Ps 118, 135)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
de grandes foules faisaient route avec Jésus ;
il se retourna et leur dit :
« Si quelqu’un vient à moi
sans me préférer à son père, sa mère, sa femme,
ses enfants, ses frères et sœurs,
et même à sa propre vie,
il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix
pour marcher à ma suite
ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d’entre vous
qui, voulant bâtir une tour,
ne commence par s’asseoir
pour calculer la dépense
et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?
Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever,
tous ceux qui le verront vont se moquer de lui :
‘Voilà un homme qui a commencé à bâtir
et n’a pas été capable d’achever !’
Et quel est le roi
qui, partant en guerre contre un autre roi,
ne commence par s’asseoir
pour voir s’il peut, avec dix mille hommes,
affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?
S’il ne le peut pas,
il envoie, pendant que l’autre est encore loin,
une délégation pour demander les conditions de paix.
Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas
à tout ce qui lui appartient
ne peut pas être mon disciple. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 13e dimanche du temps ordinaire Année C : « Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem »2022-05-20T20:44:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-13e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Jesus-le-visage-determine-prit-la-route-de-Jerusalem_a1070.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/64153137-46080209.jpg2022-06-21T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Commençons par le portrait qui est donné de Jésus dans ce passage de l’évangile de saint Luc qui vient d’être lu : « Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem ».
I – Le visage déterminé
Jésus prend la route de Jérusalem en sachant qu’il n’en reviendra pas. Il le fait avec détermination. C’est un moment de choix important pour lui. Certains font des choix semblables parfois.
J’ai un ami qui, il y a quelques années, à la suite de son fils qui l’avait fait, a décidé de faire à pied le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle. Il est parti de Paris et a parcouru pendant un mois environ 850 kilomètres à pied. Il y allait avec détermination car cela représentait pour lui non seulement un défi mais une rencontre avec lui-même et avec Dieu. Il avait fait déjà un pèlerinage en Terre Sainte, mais cette marche de pèlerin vers saint Jacques de Compostelle avait un sens encore plus fort pour lui. Il a tenu bon et il en est aujourd’hui, non seulement heureux, mais transformé. Il rayonne de la joie de l’Évangile et il est un témoin de l'amour du Christ dans son milieu de travail auprès des personnes âgées et autour de lui. Il s’est réconcilié avec son fils dont il s’était séparé depuis plusieurs années.
Jésus commence ici un pèlerinage particulier. Il est en mesure déjà de prévoir les tenants et les aboutissants de sa route vers Jérusalem. Il entrevoit que ce sera pour lui la rencontre finale avec sa mission de Sauveur qui le conduira sur le Calvaire où il donnera sa vie pour le salut du monde.
C’est pourquoi, on peut voir cet épisode comme un point tournant dans la vie de Jésus. Jésus en partant accepte résolument non seulement d’annoncer l’amour du Père, mais de vivre cet amour en donnant sa propre vie pour ses frères et sœurs. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » dira-t-il la veille de sa mort pendant son dernier repas avec des disciples. (Jean 15, 13).
II - Les routes de Galilée
Cette décision de Jésus d’aller vers Jérusalem avec détermination ne le renferme pas sur lui-même, loin de là. Jésus est sur les routes depuis quelques années. Et il rencontre plein de gens. Il a avec lui des compagnons et des compagnes qui le suivent. Il sillonne le pays à pied.
Quand on parcourt une route en marchant à pied - mon ami l'a fait en allant à St-Jacques de Compostelle - le temps s’écoule lentement, on réfléchit en marchant et il survient plein de situations de toutes sortes. On rencontre des gens, on profite du beau temps, on doit se mettre à l’abri, on est fatigué, on se retire à l’écart, on passe dans des endroits inconnus, on rencontre des gens différents etc.
À pied sur la route, on se doit d’être ouverts à tous les imprévus. C’est ce qui se passe dans le reste de l’épisode de l’évangile de saint Luc que nous venons d’entendre.
III – Les appels de Dieu
Le premier imprévu vient des disciples qui sont avec Jésus. Ils sont tellement imprégnés de son enseignement, ils l'admirent tellement qu’ils veulent forcer l’adhésion de ces samaritains qu’ils croisent, même en le faisant avec violence, avec le feu du ciel. Devant cette fougue injustifiée, Jésus les réprimande car son message est proposé et non pas imposé. Il en est toujours de même. Dans l’histoire de l’Église on l’a oublié parfois. Nous, les messagers d'aujourd’hui, les disciples-missionnaires comme nous appelle le pape François, nous avons à proposer notre foi et non à l’imposer. Il nous revient de trouver les moyens adaptés pour ce faire.
À la suite de la scène des disciples exaltés que Jésus refrène. Il y a trois autres imprévus, des rencontres de personnes qui permettent à Jésus de mettre les points sur les i pourrait-on dire.
La première personne rencontrée est remplie d’enthousiasme et dit à Jésus « Je te suivrai partout où tu iras. ». Jésus la renvoie et lui indique qu’il est important pour ceux et celles qui veulent le suivre de se garder libres des attaches de toutes sortes qui les guettent : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Dans le deuxième cas c’est Jésus qui interpelle une personne : « Suis-moi. ». La personne invoque les funérailles de son père, mais Jésus sent qu’il s’agit là d’une excuse pour se dérober et il lui réplique : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu ». Il n’y a pas ici de refus des rites funéraires comme nous en faisons volontiers, mais c'est une invitation à placer les appels de Dieu au-dessus de tout.
Dans le troisième cas, la réponse de Jésus va dans le même sens. À une autre personne que Jésus interpelle et qui lui répond qu’elle doit d’abord faire des adieux à sa famille, il lui répond, avec la belle image du labour avec une charrue, qu’il propose un choix radical: « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »
Conclusion
Aujourd’hui, en fin de compte, les textes proposés à notre méditation sont des textes qui nous rappellent que comme Jésus, comme Élisée dont parle la première lecture, comme les trois personnes interpellées par Jésus, nous aussi, sur la route de la vie qui est la nôtre nous avons des vocations, des appels particuliers, chacun et chacune.
Ces appels sont variés et différents selon nos situations de vie, mais ils ont en commun qu’ils nous demandent d’avancer le regard fixé en avant et de façon déterminée, pas seulement dans des à peu près. C’est le message à retenir ce matin je pense.
Demandons au Seigneur qu’il nous aide par son Esprit Saint à découvrir comment avancer toujours avec confiance dans notre vie chrétienne de femmes baptisées et d'hommes baptisés désirant devenir de plus en plus des disciples de Celui que est le seul et vrai Maître digne d’être suivi et demandons à Dieu de savoir reconnaitre ses voies dans nos vies.
Confions cette intention à la Vierge Marie, la patronne de cette chapelle qui lui est dédiée - Notre-Dame du Lac Poulin - qui a su le faire à la perfection et qui peut nous aider à le faire malgré nos limites et nos faiblesses.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
21 juin 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Élisée se leva et partit à la suite d’Élie » (1 R 19, 16b.19-21)
Lecture du premier livre des Rois
En ces jours-là,
le Seigneur avait dit au prophète Élie :
« Tu consacreras Élisée, fils de Shafath,
comme prophète pour te succéder. »
Élie s’en alla.
Il trouva Élisée, fils de Shafath, en train de labourer.
Il avait à labourer douze arpents,
et il en était au douzième.
Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau.
Alors Élisée quitta ses bœufs, courut derrière Élie,
et lui dit :
« Laisse-moi embrasser mon père et ma mère,
puis je te suivrai. »
Élie répondit :
« Va-t’en, retourne là-bas !
Je n’ai rien fait. »
Alors Élisée s’en retourna ;
mais il prit la paire de bœufs pour les immoler,
les fit cuire avec le bois de l’attelage,
et les donna à manger aux gens.
Puis il se leva, partit à la suite d’Élie
et se mit à son service.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 15 (16), 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11)
R/ Dieu, mon bonheur et ma joie ! (cf. Ps 15, 2.11)
Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »
Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.
Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !
DEUXIÈME LECTURE
« Vous avez été appelés à la liberté » (Ga 5, 1.13-18)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
Frères,
c’est pour que nous soyons libres
que le Christ nous a libérés.
Alors tenez bon,
ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage.
Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté.
Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte
pour votre égoïsme ;
au contraire, mettez-vous, par amour,
au service les uns des autres.
Car toute la Loi est accomplie
dans l’unique parole que voici :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres,
prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres.
Je vous le dis :
marchez sous la conduite de l’Esprit Saint,
et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair.
Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit,
et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair.
En effet, il y a là un affrontement
qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez.
Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit,
vous n’êtes pas soumis à la Loi.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem » « Je te suivrai partout où tu iras » (Lc 9, 51-62)
Alléluia. Alléluia.
Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ;
Tu as les paroles de la vie éternelle.
Alléluia. (cf. 1 S 3,9 ; Jn 6, 68c)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Comme s’accomplissait le temps
où il allait être enlevé au ciel,
Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem.
Il envoya, en avant de lui, des messagers ;
ceux-ci se mirent en route
et entrèrent dans un village de Samaritains
pour préparer sa venue.
Mais on refusa de le recevoir,
parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
Voyant cela,
les disciples Jacques et Jean dirent :
« Seigneur, veux-tu que nous ordonnions
qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? »
Mais Jésus, se retournant, les réprimanda.
Puis ils partirent pour un autre village.
En cours de route, un homme dit à Jésus :
« Je te suivrai partout où tu iras. »
Jésus lui déclara :
« Les renards ont des terriers,
les oiseaux du ciel ont des nids ;
mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Il dit à un autre :
« Suis-moi. »
L’homme répondit :
« Seigneur, permets-moi d’aller d’abord
enterrer mon père. »
Mais Jésus répliqua :
« Laisse les morts enterrer leurs morts.
Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »
Un autre encore lui dit :
« Je te suivrai, Seigneur ;
mais laisse-moi d’abord faire mes adieux
aux gens de ma maison. »
Jésus lui répondit :
« Quiconque met la main à la charrue,
puis regarde en arrière,
n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 3e dimanche du Carême Année C : « L'inattendu de Dieu »2022-03-13T21:43:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-3e-dimanche-du-Careme-Annee-C-L-inattendu-de-Dieu_a1054.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/61778892-44951739.jpg2022-03-15T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Vous est-il déjà arrivé dans votre vie de tous les jours un événement inattendu ? Je serais surpris que ce ne soit pas le cas. Ce peut être un accident comme dans le cas de la chute d’une tour dont parle l’Évangile ou de l'effondrement d'un toit sous le poids de la neige comme il arrive parfois durant l'hiver au Québec, ce peut être une rencontre qui change la vie comme dans le cas de Moïse, mais peu importe l'évènement, très souvent il ne s’agit pas de simples aléas, de simples coïncidences. Ces événements peuvent, sur un plan spirituel, se révéler comme des visites spéciales, des rencontres avec le Dieu de l’inattendu qui nous invite ainsi à aller plus loin.
I – La vocation de Moïse
C’est ce qui s’est produit avec Moïse dans l’épisode du buisson ardent que nous présente la première lecture. On y retrouve Moïse qui s’est enfui d’Égypte après avoir tué un égyptien. Il s’est installé au désert. Il fait paître les moutons de son beau-père. Il s’est créé une vie simple sans problème et se contente de filer des jours heureux.
Mais voilà que dans le déroulement de sa vie bien ordinaire, sans préparation spéciale, il est visité par Dieu. C’est cette visite qui nous a été racontée il y a un instant. Cette visite va changer la vie de Moïse pour toujours. Si Dieu l’a choisi depuis longtemps, Moïse, lui, ne le sait pas. Il est un bon Israélite vénérant le Dieu de ses pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Et voilà qu’il va être l’objet d’une révélation qui va changer la suite de l’histoire d'Israël. Le buisson en feu ne se consume pas. Une voix sort de celui-ci. « Moïse ! Moïse ! ». Le Dieu de ses pères l’appelle et Moïse répond : « Me voici ». Il reçoit la mission d’être le porte-parole de Dieu auprès de son peuple. « Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël ».
Pour réaliser sa mission, Moïse désire, à juste titre, connaître celui pour qui il va parler et donner sa vie. « Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? ». Et il entend une réponse qui donne le nom de son Dieu : « Je suis qui je suis ». Dieu se laisse chercher, il est celui qui est, « Je suis qui je suis » ou encore « Je serai qui je serai ». En d'autres mots, entre en relation avec moi et tu sauras qui je suis. C'est la rencontre avec Dieu qui est importante. Elle est ineffable. Les mots ne peuvent jamais bien l'exprimer.
Le nom de Dieu donné à Moïse s'écrit dans une formule en quatre lettres en hébreu. C'est ce qu'on appelle le « tétragramme sacré » (יהוה est le tétragramme composé des lettres yōḏ (י), hē (ה), wāw (ו), hē (ה) et retranscrit YHWH). Il est très difficile de le traduire exactement car nous n’avons pas les voyelles qui vont avec ces quatre lettres. Dans plusieurs traductions modernes de la Bible on a utilisé le terme « Yaweh » comme nom du Dieu de Moïse et d’Israël, mais la traduction liturgique est plus précise et donne le sens profond de cette révélation de Dieu à Moïse « Je suis qui je suis ».
C’est toute la richesse de l’image du buisson ardent que de nous permettre d’entrer dans un mouvement de relation avec Dieu, dans une dynamique de rencontre. Nous sommes tous et toutes un peu comme Moïse. Il est arrivé ou il arrivera que Dieu se fera présent à notre cœur. Il viendra déranger notre train-train quotidien avec une présence inattendue. Saurons-nous lui répondre « Me voici » comme Moïse? À chacun de se préparer à ces visites. Je connais quelqu'un, un ami, qui a fait cette rencontre en vivant un dépouillement de son intégrité physique dû à la maladie de Parkinson. Ces moments furent pour lui, disait-il, des moments d’intense remise à Dieu et il en est ressorti plus que jamais à l’écoute de la présence de Celui qui est la vie.
II – La vie courante et ses surprises
L’histoire de Moïse et celle de mon ami revêtent un caractère exceptionnel. Notre Dieu de l’inattendu se manifesterait-il uniquement ainsi ?
Hé bien non! L’évangile nous en donne deux exemples pris dans l’actualité du temps de Jésus : celui des galiléens massacrés par Pilate et celui des personnes tuées par la chute de la Tour de Siloé. « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? » demande Jésus et il répond « Eh bien, je vous dis : pas du tout ! ». Et les personnes tuées par la Tour de Siloé « Pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? » demande Jésus et il donne la même réponse « Eh bien, je vous dis : pas du tout ! ».
Mais remarquez la suite des réponses de Jésus. Elles nous invitent, comme dans le cas de Moïse, à la rencontre avec Dieu qui se manifeste dans ces événements inattendus. Jésus invite à avoir un coeur ouvert et des yeux prêts à voir les visites de Dieu. Il invite à la conversion. « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Cette invitation n’est pas une culpabilisation, mais une incitation à aller plus loin que ce qui est visible. La conversion est de cet ordre. Elle est un retournement du cœur, une manière de se mettre le cœur à la bonne place, pourrait-on dire. La conversion ouvre la porte à la reconnaissance de l’action de Dieu dans nos vies.
En effet, Dieu est toujours à l’œuvre, mais bien souvent nous ne le voyons pas ou nous ne prenons pas la peine d’y porter attention. Voilà pourquoi Dieu parfois nous fait des signes inattendus qui sont pour nous des chemins nouveaux qui s’ouvrent.
III – Application
Il nous revient d’entrer ou non dans ces chemins. Nous avons le choix de devenir comme le figuier stérile de l'évangile qui ne produit aucun fruit ou de nous mettre à l'oeuvre en sachant que le propriétaire qui est Dieu et le vigneron qui est Jésus nous laissent toujours la chance de bêcher et de cultiver notre jardin.
Toute vie humaine est parsemée de visites inattendues de Dieu. Ces visites ont commencées avec notre baptême. Elles se continuent à chaque dimanche dans l’Eucharistie. Elles s'expriment dans la prière. Elles se vivent dans la rencontre du pauvre, du prisonnier, du réfugié, de la personne exploitée, du démuni, d'enfants autistes comme dans le cas d'un de mes amis etc. qui sont Jésus parmi nous. « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli etc. » (Mathieu 25, 35).
Saint Paul ne dit pas autre chose lorsque, dans la deuxième lecture, il reprend l’image du Rocher d’où est sortie de l’eau dans l’Ancien Testament. Il fait une application directe de cette image à Jésus Ressuscité qu’il compare à ce rocher. En effet, la vie du Peuple de Dieu qui est l’Église et le Corps mystique du Christ est la vie même de Jésus. Il n’y pas d’autre vie pour le baptisé que d’être plongé dans la vie du Seigneur Ressuscité.
Conclusion
Frères et sœurs, buvons nous aussi à ce Rocher qui est le Christ. Partageons entre nous les visites qu’il nous fait et qu’il fait dans notre monde. Demandons-lui de savoir les reconnaître et d’en témoigner.
Lorsque nous aurons accepté de nous laisser déranger, de nous laisser surprendre par le Dieu de l’inattendu au cœur de nos vies, nous ne serons plus jamais les mêmes personnes.
Peut-être que notre Carême est un moment de visite inattendue de Dieu dans notre vie ? Pourquoi pas?
Laissons la grâce de Dieu en nous ouvrir nos cœurs et nos yeux aux signes de sa présence toujours vivante dans notre monde et dans nos vies. Telle est la prière que je fais ce matin pour chacune et chacun d'entre nous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Lavail
Séminaire de Québec
15 mars 2022
Pour prolonger votre méditation, voir l'article intitulé l'Inattendu de de Dieu (lien visité le 24 janvier 2022) de Véronique Lang du Centre de spiritualité Manrèse à Québec où elle écrit « Dieu vient souvent à nous dans l’inattendu, ce qui n’était pas prévu. Il affectionne, dirait-on, les surprises et les chemins de traverse. J’oserais même affirmer qu’il est bon de s’attendre à l’inattendu, de s’y préparer. »
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : Je-suis » (Ex 3, 1-8a.10.13-15)
Lecture du livre de l’Exode
En ces jours-là,
Moïse était berger du troupeau de son beau-père Jéthro,
prêtre de Madiane.
Il mena le troupeau au-delà du désert
et parvint à la montagne de Dieu, à l’Horeb.
L’ange du Seigneur lui apparut
dans la flamme d’un buisson en feu.
Moïse regarda : le buisson brûlait
sans se consumer.
Moïse se dit alors :
« Je vais faire un détour
pour voir cette chose extraordinaire :
pourquoi le buisson ne se consume-t-il pas ? »
Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour voir,
et Dieu l’appela du milieu du buisson :
« Moïse ! Moïse ! »
Il dit :
« Me voici ! »
Dieu dit alors :
« N’approche pas d’ici !
Retire les sandales de tes pieds,
car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! »
Et il déclara :
« Je suis le Dieu de ton père,
le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. »
Moïse se voila le visage
car il craignait de porter son regard sur Dieu.
Le Seigneur dit :
« J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple
qui est en Égypte,
et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants.
Oui, je connais ses souffrances.
Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens
et le faire monter de ce pays
vers un beau et vaste pays,
vers un pays, ruisselant de lait et de miel.
Maintenant donc, va !
Je t’envoie chez Pharaon :
tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. »
Moïse répondit à Dieu :
« J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai :
‘Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous.’
Ils vont me demander quel est son nom ;
que leur répondrai-je ? »
Dieu dit à Moïse :
« Je suis qui je suis.
Tu parleras ainsi aux fils d’Israël :
‘Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : Je-suis’. »
Dieu dit encore à Moïse :
« Tu parleras ainsi aux fils d’Israël :
‘Celui qui m’a envoyé vers vous,
c’est Le Seigneur,
le Dieu de vos pères,
le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob’.
C’est là mon nom pour toujours,
c’est par lui que vous ferez mémoire de moi, d’âge en d’âge. »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 6-7, 8.11)
R/ Le Seigneur est tendresse et pitié. (Ps 102, 8a)
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.
Le Seigneur fait œuvre de justice,
il défend le droit des opprimés.
Il révèle ses desseins à Moïse,
aux enfants d’Israël ses hauts faits.
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint.
DEUXIÈME LECTURE
La vie de Moïse avec le peuple au désert, l’Écriture l’a racontée pour nous avertir (1 Co 10, 1-6.10-12)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères,
je ne voudrais pas vous laisser ignorer
que, lors de la sortie d’Égypte,
nos pères étaient tous sous la protection de la nuée,
et que tous ont passé à travers la mer.
Tous, ils ont été unis à Moïse par un baptême
dans la nuée et dans la mer ;
tous, ils ont mangé la même nourriture spirituelle ;
tous, ils ont bu la même boisson spirituelle ;
car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait,
et ce rocher, c’était le Christ.
Cependant, la plupart n’ont pas su plaire à Dieu :
leurs ossements, en effet, jonchèrent le désert.
Ces événements devaient nous servir d’exemple,
pour nous empêcher de désirer ce qui est mal
comme l’ont fait ces gens-là.
Cessez de récriminer
comme l’ont fait certains d’entre eux :
ils ont été exterminés.
Ce qui leur est arrivé devait servir d’exemple,
et l’Écriture l’a raconté pour nous avertir,
nous qui nous trouvons à la fin des temps.
Ainsi donc, celui qui se croit solide,
qu’il fasse attention à ne pas tomber.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » (Lc 13, 1-9)
Gloire au Christ,
Sagesse éternelle du Dieu vivant.
Gloire à toi, Seigneur.
Convertissez-vous, dit le Seigneur,
car le royaume des Cieux est tout proche.
Gloire au Christ,
Sagesse éternelle du Dieu vivant.
Gloire à toi, Seigneur. (Mt 4, 17)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens
que Pilate avait fait massacrer,
mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient.
Jésus leur répondit :
« Pensez-vous que ces Galiléens
étaient de plus grands pécheurs
que tous les autres Galiléens,
pour avoir subi un tel sort ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout !
Mais si vous ne vous convertissez pas,
vous périrez tous de même.
Et ces dix-huit personnes
tuées par la chute de la tour de Siloé,
pensez-vous qu’elles étaient plus coupables
que tous les autres habitants de Jérusalem ?
Eh bien, je vous dis : pas du tout !
Mais si vous ne vous convertissez pas,
vous périrez tous de même. »
Jésus disait encore cette parabole :
« Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne.
Il vint chercher du fruit sur ce figuier,
et n’en trouva pas.
Il dit alors à son vigneron :
‘Voilà trois ans que je viens
chercher du fruit sur ce figuier,
et je n’en trouve pas.
Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?’
Mais le vigneron lui répondit :
‘Maître, laisse-le encore cette année,
le temps que je bêche autour
pour y mettre du fumier.
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir.
Sinon, tu le couperas.’ »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour la fête de la Sainte Famille Année C le 26 décembre 20212021-12-25T15:51:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-la-Sainte-Famille-Annee-C-le-26-decembre-2021_a1042.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/60004942-43983969.jpg2021-12-21T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Nous fêtons aujourd’hui la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. L’évangile nous présente un épisode des plus intéressants de la vie familiale de Jésus avec ses parents. C’est d’ailleurs le seul qui nous est rapporté avant qu’il ne quitte sa famille pour aller prêcher sur les routes de Palestine.
Regardons de plus près cette scène de Jésus au Temple pour en tirer une nourriture spirituelle pour aujourd’hui.
I – La scène de Jésus au Temple
Je ne sais si vous êtes comme moi, mais, de prime abord, je suis surpris de cette scène. Ce n’est pas tous les adolescents du temps de Jésus qui se sentaient le goût de rencontrer des gens avertis dans leur foi et des maîtres comme ceux que saint Luc appelle les docteurs de la Loi. Par quels détours Jésus est-il passé pour arriver à cette rencontre ? On peut imaginer divers stratagèmes pour ce faire, mais on ne sait vraiment pas comment Jésus a fait pour se rendre auprès des docteurs de la Loi.
Pour moi, là n'est pas la question. La question importante est plutôt pourquoi cette démarche lui tenait-elle à cœur ? Voilà la question qui m'a intéressé. Pour y répondre j'ai vu un jeune Jésus, un jeune comme les autres, imprégné des usages juifs et de la Parole de Dieu qu’il écoutait tous les sabbats à Nazareth. En passant à l’adolescence. comme la plupart des adolescents, il se posait des questions sur ce qu’il deviendrait. Il connaissait l’histoire de Samuel - racontée dans la première lecture - offert par ses parents au service du Seigneur à sa naissance et qui devint un grand prophète, celle aussi d'autres prophètes comme Isaïe, Ézéchiel ou Jérémie. Lui, Jésus, que deviendrait-il?
Ce cheminement se faisait dans le silence éclairé par la lumière que Dieu avait mise en lui depuis sa naissance. J’imagine que déjà Jésus comprenait qu’il était appelé à une mission spéciale. Et sa réponse à ses parents qui le retrouvent après des jours de recherche en donne l’essentiel : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Reconnaissons dans cette réponse que saint Luc met dans la bouche du jeune Jésus la perception et l’affirmation d’un lien particulier avec Dieu, un lien d’intimité et d’union qui se démarque des images d’un Dieu vengeur, culpabilisant ou justicier au profit d’un Dieu proche et miséricordieux comme un père. On voit déjà poindre la figure du père de l’enfant prodigue qui sera au coeur de l'enseignement de Jésus. Et sur la croix une de ses dernières paroles sera adressée à son Père: « Père entre tes mains, je remets mon esprit » (Luc 23, 46).
II – La réaction de Marie et de Joseph
Regardons maintenant Marie et Joseph. Ils sont très près de leur fils. Ils le connaissent bien, mais là ils sont mystifiés en entendant une réponse qu'ils ne comprennent pas. En effet, ils sont de bons parents. Ils sont revenus sur leurs pas pour retrouver leur fils. Ils ne sont pas loin de penser à une fugue. Mais ils découvrent tout autre chose. Un adolescent qui, épris de la Parole de Dieu, a voulu la connaître encore mieux à l’écoute de ceux qui la proclament avec autorité. Et dans le temps qu'il passe avec eux, il se laisse aller à partager ce qu’il en vit. Et ô surprise! les savants sont fascinés par cet adolescent. Ils lui posent leurs questions. Ils écoutent ses réponses.
On peut penser que Jésus, de son côté, est surpris de lui-même. Et c’est dans cette rencontre avec les docteurs de la Loi que saint Luc situe l’éveil messianique de Jésus qui se découvre une vocation qui dépasse le contexte familial habituel. Il entrevoit qu’il est le Fils bien-aimé de Dieu. Cette révélation mûrira pendant de nombreuses années, mais elle ne disparaîtra jamais de son esprit et de sa vie.
Remercions saint Luc de nous avoir gardé le souvenir de cette première irruption de Dieu Père dans la vie de Jésus, une irruption qui laissera de nombreuses traces dans sa prédication plus tard et qu’il mettra au cœur de sa prière et de celle de ses disciples dont nous sommes à qui il dit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. » (Luc 11, 2)
III – Application
Quel lien avec la fête de la Saint Famille pouvons-nous faire à partir de ces considérations ? C’est une bonne question.
Une première réponse pourrait être que dans toute famille la priorité est aux relations entre les personnes, des relations d’intimité et de respect comme on le voit dans cette scène où Marie et Joseph respectent la réponse de Jésus même s'ils ne la comprennent pas encore. La vie de la famille fournit une voie pour aller à Dieu. C’est à l’intérieur de sa famille humaine que le jeune Jésus chemine et qu’il découvre sa mission. Il est respecté dans ses choix et il est aimé par son père et sa mère. Il en est de même encore aujourd'hui pour nos jeunes.
Deuxième réponse : la famille n’est pas exempte de tensions et de moments difficiles parfois, comme les craintes et les peurs qu’ont vécues Marie et Joseph en constatant la disparition de leur fils et en le cherchant jusqu'à Jérusalem. La vie familiale est faite de hauts et de bas. C’est pourquoi, la prière et le dialogue sont une nécessité dans toute vie familiale : les parents avec les enfants, les enfants entre eux, avec d’autres familles lorsque l’occasion se présente.
La troisième réponse nous amène sur le terrain des vocations de chaque personne dans les familles. Il est essentiel que chaque personne dans la famille soit reconnue pour elle-même avec ses qualités et ses limites aussi, qu’elle soit soutenue et surtout qu’elle ne soit jamais dévalorisée par des comparaisons blessantes. La couleur particulière de chaque personne enrichit la famille qui ainsi devient de plus en plus en plus l’image de la richesse de l’amour de Dieu pour ses enfants : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes » nous dit la deuxième lecture.
Bien sûr, ces trois réponses présentent un idéal de vie familiale. La réalité concrète est souvent plus contrastée, mais ne laissons pas celle-ci nous enlever le goût de mettre nos efforts pour arriver à une vie familiale sur le modèle de celle de Jésus, Marie et Joseph que l’Église nous invite à célébrer même si nous n’en connaissons pas les circonstances concrètes hormis cet épisode de Jésus au Temple.
Ce n’est pas une raison pour nous priver de l’imaginer et de prier pour que nous soyons de plus en plus comme Jésus « chez notre Père », car Dieu est notre famille.
Conclusion
La fête de la Sainte Famille a été très importante au Québec jusqu’à tout récemment. Elle prenait place au milieu des célébrations familiales du temps des Fêtes et du Jour de l’An. Elle était l’occasion d’échanges et de réjouissances. Les plus anciens s’en rappellent avec joie. Les temps ont changé. Les familles sont parfois éclatées ou sont reconstituées. Cela ne doit pas nous empêcher d’y mettre ce qui est au cœur de toutes nos relations : l’amour.
Que cette Eucharistie qui nous nourrit au Sacrement de l’amour nous en remplisse et que nous devenions pour tous ceux et celles que nous fréquentons des frères et des sœurs, car nous sommes tous et toutes, fils et filles d’un même Père des cieux, appelés enfants de Dieu comme le dit saint Paul.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
21 décembre 2021
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Samuel demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie » (1 S 1, 20-22.24-28)
Lecture du premier livre de Samuel
Elcana s’unit à Anne sa femme,
et le Seigneur se souvint d’elle.
Anne conçut
et, le temps venu, elle enfanta un fils ;
elle lui donna le nom de Samuel (c’est-à-dire : Dieu exauce)
car, disait-elle,
« Je l’ai demandé au Seigneur. »
Elcana, son mari, monta au sanctuaire
avec toute sa famille
pour offrir au Seigneur le sacrifice annuel
et s’acquitter du vœu pour la naissance de l’enfant.
Mais Anne n’y monta pas.
Elle dit à son mari :
« Quand l’enfant sera sevré,
je l’emmènerai :
il sera présenté au Seigneur,
et il restera là pour toujours. »
Lorsque Samuel fut sevré,
Anne, sa mère, le conduisit à la maison du Seigneur, à Silo ;
l’enfant était encore tout jeune.
Anne avait pris avec elle un taureau de trois ans,
un sac de farine et une outre de vin.
On offrit le taureau en sacrifice,
et on amena l’enfant au prêtre Éli.
Anne lui dit alors :
« Écoute-moi, mon seigneur, je t’en prie !
Aussi vrai que tu es vivant,
je suis cette femme qui se tenait ici près de toi
pour prier le Seigneur.
C’est pour obtenir cet enfant que je priais,
et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande.
À mon tour je le donne au Seigneur pour qu’il en dispose.
Il demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie. »
Alors ils se prosternèrent devant le Seigneur.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 83 (84), 2-3, 5-6, 9-10)
R/ Heureux les habitants de ta maison, Seigneur ! (Ps 83, 5a)
De quel amour sont aimées tes demeures,
Seigneur, Dieu de l’univers.
Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ;
mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant !
Heureux les habitants de ta maison :
ils pourront te chanter encore !
Heureux les hommes dont tu es la force :
des chemins s’ouvrent dans leur cœur !
Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ;
écoute, Dieu de Jacob.
Dieu, vois notre bouclier,
regarde le visage de ton messie.
DEUXIÈME LECTURE
« Nous sommes appelés enfants de Dieu – et nous le sommes » (1 Jn 3, 1-2.21-24)
Lecture de la première lettre de saint Jean
Bien-aimés,
voyez quel grand amour nous a donné le Père
pour que nous soyons appelés enfants de Dieu
– et nous le sommes.
Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas :
c’est qu’il n’a pas connu Dieu.
Bien-aimés,
dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu,
mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.
Nous le savons : quand cela sera manifesté,
nous lui serons semblables
car nous le verrons tel qu’il est.
Bien-aimés,
si notre cœur ne nous accuse pas,
nous avons de l’assurance devant Dieu.
Quoi que nous demandions à Dieu,
nous le recevons de lui,
parce que nous gardons ses commandements,
et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux.
Or, voici son commandement :
mettre notre foi
dans le nom de son Fils Jésus Christ,
et nous aimer les uns les autres
comme il nous l’a commandé.
Celui qui garde ses commandements
demeure en Dieu,
et Dieu en lui ;
et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous,
puisqu’il nous a donné part à son Esprit.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs de la Loi » (Lc 2, 41-52)
Alléluia. Alléluia.
Seigneur, ouvre notre cœur
pour nous rendre attentifs aux paroles de ton Fils.
Alléluia. (cf. Ac 16, 14b)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem
pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans,
ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume.
À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient,
le jeune Jésus resta à Jérusalem
à l’insu de ses parents.
Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins,
ils firent une journée de chemin
avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem,
en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple,
assis au milieu des docteurs de la Loi :
il les écoutait et leur posait des questions,
et tous ceux qui l’entendaient
s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement,
et sa mère lui dit :
« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ?
Vois comme ton père et moi,
nous avons souffert en te cherchant ! »
Il leur dit :
« Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ?
Ne saviez-vous pas
qu’il me faut être chez mon Père ? »
Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth,
et il leur était soumis.
Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.
Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce,
devant Dieu et devant les hommes.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 28e dimanche du temps ordinaire Année B : « Il le regarda et il l’aima »2021-10-05T19:14:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-28e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Il-le-regarda-et-il-l-aima_a1029.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/58818992-43329034.jpg2021-10-05T18:00:00+02:00Hermann Giguère
On ne peut commenter cet épisode très connu de l’évangile selon saint Marc sans s'arrêter à la petite phrase : « Il le regarda et il l’aima » qui a traversé les siècles. Ce jeune homme riche est devenu, pour des générations de personnes croyantes, un symbole de l’appel de Jésus à chacune et à chacun d’entre nous. Commençons par écouter cet appel au jeune homme riche avant de nous arrêter au nôtre.
I – L’appel du jeune homme riche
Le contexte de cette rencontre est situé par saint Marc dans le cadre d’un enseignement de Jésus sur la richesse. C’est ce qui rend l’appel du jeune homme riche si percutant.
En effet, après que le jeune homme se soit défilé en entendant le « Si tu veux être parfait », Jésus commente cette attitude d’une façon forte en disant que pour entrer dans le Royaume de Dieu les riches ne l’aurons pas facile. C’est comme passer par le trou d’une aiguille, dit-il.
Il faut donc prendre acte de ce contexte pour comprendre le sens de cet épisode que saint Marc nous raconte pour le bénéfice des premiers chrétiens et pour le nôtre.
Si on y regarde de près, on voit que l’appel du jeune homme riche est un appel qui ne s’adresse pas à lui seulement. Il redit l’appel qui est fait à tous les chrétiens quels qu’ils soient. Il est porteur d’une invitation qui reprend celles des Béatitudes dont la première est « Bienheureux les pauvres car ils verront Dieu ».
D’ailleurs, en d’autres endroits de l’évangile, Jésus met en garde contre les richesses, comme par exemple, dans la parabole où il raconte comment un riche fermier amassait plein de réserves de blé et à qui Dieu dit : « Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » À quoi te serviront toutes ces possessions.
Ici l'évangile de saint Marc ne dit pas que le jeune homme riche s’est éloigné et séparé de Dieu en quittant avec un air penaud, mais il veut nous montrer que le jeune homme a comme manqué une occasion qui lui était présentée d’aller au bout de son engagement de croyant, ce qui aurait fait de lui un disciple remarquable de Jésus comme l’ont été les apôtres Pierre, Jacques, Jean et les autres.
Passons maintenant à nous.
III- Notre appel
Le jeune homme riche représente chacun et chacune d’entre nous.
Dans nos vies, il se présente plusieurs situations où comme le jeune homme riche le Seigneur nous lance un appel. Ce peut être à l’occasion d’une perte, d’un séparation, de diminutions physiques, de problèmes de santé, d’amitiés et de joies partagés, d’une étape de vie comme le départ des enfants de la maison ou comme le passage à la retraite etc.
Ces situations nous posent forcément la question « Que me faut-il faire? » Et c’est là que la scène du jeune homme riche nous est précieuse.
Tout d’abord, il faut se souvenir que les appels de Dieu sont une grâce qui nous est donnée. « Jésus le regarda et il l’aima ». Ils sont le regard et l’amour de Jésus qui nous sont manifestés
Nous pouvons répondre comme le jeune homme riche, « Seigneur, j'ai bien vécu et j’ai été un bon chrétien ». « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse ». C’est déjà beaucoup si nous pouvons dire cela. Mais ce que l’évangile d’aujourd’hui illustre c’est que cet appel est toujours à l’œuvre et qu’il n’a pas de limites. Il n’y a pas deux appels un pour les gens parfaits et un pour les autres. L’appel à suivre Jésus est le même pour tous et toutes comme l’évangile est le même pour tous et toutes.
Saint Paul l’avait bien compris quand il écrivait à ses chrétiens d’Éphèse : « Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. » (Éphésiens 4, 4-7)
« Selon la mesure du don fait par le Christ ». C’est important de se le redire car on peut sombrer dans une espèce de classification ou de compétition où on se dit : « plus j’en fais, plus je suis proche de Jésus », alors qu’il faut se dire : « plus je réponds à ce qu’il me demande dans ma situation de vie, plus je suis proche de lui ».
III- La sainteté pour toutes et tous
C’est sur cette base que s’est appuyé le pape François dans son Exhortation apostolique sur la sainteté publiée le 9 avril 2018 lorsqu’il écrit : « Ce qui importe c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Corinthiens 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui ». (Numéro 11)
Il n’y pas deux sortes de sainteté. Il y a des hommes et des femmes qui se laissent regarder par Jésus qui les aime et qui répondent selon l’inspiration de leur cœur et selon leurs possibilités. Ils forment une « grande nuée de témoins ». « Et parmi eux, continue le pape, il peut y avoir notre propre mère, une grand-mère ou d’autres personnes proches (cf. 2 Timothée 1, 5). Peut-être leur vie n’a-t-elle pas toujours été parfaite, mais, malgré des imperfections et des chutes, ils sont allés de l’avant et ils ont plu au Seigneur. » (Numéro 3) Le pape François les appelle « les saints de la porte d’à côté » ou « la classe moyenne de la sainteté ». (Numéro 7)
Les chemins de la sainteté, pour nous comme pour le jeune homme riche, ne peuvent faire l’économie des appels évangéliques que Jésus a lancés tout au cours de sa vie et qui sont résumés dans les Béatitudes. Le pape François les présente comme le chemin toujours à reprendre et toujours là. « À travers celles-ci, écrit le pape, se dessine le visage du Maître que nous sommes appelés à révéler dans le quotidien de nos vies. Le mot “heureux” ou “bienheureux”, devient synonyme de “saint”, parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur ». (Numéros 63 et 64)
Conclusion
« Il le regarda et il l’aima », cette phrase, avec raison, a été retenue parce que Jésus ressuscité continue de regarder et d’aimer ceux et celles qui s’approchent de lui, qui l'abordent comme un Maître de vie et qui désirent le suivre.
Que notre rencontre fraternelle en ce dimanche soit pour nous un soutien sur les chemins de la vie et, comme les premiers chrétiens auxquels s’adresse saint Marc, redisons notre désir de suivre Jésus quels que soient les difficultés et les détachements à faire, car, avec lui, nous entrons déjà dans le Royaume de Dieu qu’il est venu non seulement annoncer mais qui est déjà présent parmi nous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
5 octobre 2021
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« À côté de la sagesse, j’ai tenu pour rien la richesse » (Sg 7, 7-11)
Lecture du livre de la Sagesse
J’ai prié,
et le discernement m’a été donné.
J’ai supplié,
et l’esprit de la Sagesse est venu en moi.
Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ;
à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ;
je ne l’ai pas comparée à la pierre la plus précieuse ;
tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable,
et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue.
Plus que la santé et la beauté, je l’ai aimée ;
je l’ai choisie de préférence à la lumière,
parce que sa clarté ne s’éteint pas.
Tous les biens me sont venus avec elle
et, par ses mains, une richesse incalculable.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 89 (90), 12-13, 14-15, 16-17)
R/ Rassasie-nous de ton amour, Seigneur :
nous serons dans la joie. (cf. Ps 89, 14)
Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.
Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Rends-nous en joies tes jours de châtiment
et les années où nous connaissions le malheur.
Fais connaître ton œuvre à tes serviteurs
et ta splendeur à leurs fils.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu !
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains ;
oui, consolide l’ouvrage de nos mains.
DEUXIÈME LECTURE
« La parole de Dieu juge des intentions et des pensées du cœur » (He 4, 12-13)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères,
elle est vivante, la parole de Dieu,
énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ;
elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit,
des jointures et des moelles ;
elle juge des intentions et des pensées du cœur.
Pas une créature n’échappe à ses yeux,
tout est nu devant elle, soumis à son regard ;
nous aurons à lui rendre des comptes.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Vends ce que tu as et suis-moi » (Mc 10, 17-30)
Alléluia. Alléluia.
Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux !
Alléluia. (Mt 5, 3)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
Jésus se mettait en route
quand un homme accourut
et, tombant à ses genoux, lui demanda :
« Bon Maître, que dois-je faire
pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Jésus lui dit :
« Pourquoi dire que je suis bon ?
Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
Tu connais les commandements :
Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d’adultère,
ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère. »
L’homme répondit :
« Maître, tout cela, je l’ai observé
depuis ma jeunesse. »
Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima.
Il lui dit :
« Une seule chose te manque :
va, vends ce que tu as
et donne-le aux pauvres ;
alors tu auras un trésor au ciel.
Puis viens, suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre
et s’en alla tout triste,
car il avait de grands biens.
Alors Jésus regarda autour de lui
et dit à ses disciples :
« Comme il sera difficile
à ceux qui possèdent des richesses
d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.
Jésus reprenant la parole leur dit:
« Mes enfants, comme il est difficile
d’entrer dans le royaume de Dieu !
Il est plus facile à un chameau
de passer par le trou d’une aiguille
qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
De plus en plus déconcertés,
les disciples se demandaient entre eux :
« Mais alors, qui peut être sauvé ? »
Jésus les regarde et dit:
« Pour les hommes, c’est impossible,
mais pas pour Dieu ;
car tout est possible à Dieu. »
Pierre se mit à dire à Jésus :
« Voici que nous avons tout quitté
pour te suivre. »
Jésus déclara :
« Amen, je vous le dis :
nul n’aura quitté,
à cause de moi et de l’Évangile,
une maison, des frères, des sœurs,
une mère, un père, des enfants ou une terre
sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple :
maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres,
avec des persécutions,
et, dans le monde à venir,
la vie éternelle. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
OU LECTURE BREVE
ÉVANGILE
« Vends ce que tu as et suis-moi » (Mc 10, 17-27)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
Jésus se mettait en route
quand un homme accourut
et, tombant à ses genoux, lui demanda :
« Bon Maître, que dois-je faire
pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Jésus lui dit :
« Pourquoi dire que je suis bon ?
Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
Tu connais les commandements :
Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d’adultère,
ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère. »
L’homme répondit :
« Maître, tout cela, je l’ai observé
depuis ma jeunesse. »
Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima.
Il lui dit :
« Une seule chose te manque :
va, vends ce que tu as
et donne-le aux pauvres ;
alors tu auras un trésor au ciel.
Puis viens, suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre
et s’en alla tout triste,
car il avait de grands biens.
Alors Jésus regarda autour de lui
et dit à ses disciples :
« Comme il sera difficile
à ceux qui possèdent des richesses
d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.
Jésus reprenant la parole leur dit:
« Mes enfants, comme il est difficile
d’entrer dans le royaume de Dieu !
Il est plus facile à un chameau
de passer par le trou d’une aiguille
qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
De plus en plus déconcertés,
les disciples se demandaient entre eux :
« Mais alors, qui peut être sauvé ? »
Jésus les regarde et dit:
« Pour les hommes, c’est impossible,
mais pas pour Dieu ;
car tout est possible à Dieu. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 3e dimanche du temps ordinaire Année B « Croyez à l'Évangile »2021-01-18T13:05:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-3e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Croyez-a-l-Evangile_a990.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/51939820-39744326.jpg2021-01-19T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Nous sommes entrés depuis dimanche dernier dans ce que l’Église appelle le Temps ordinaire. C’est un temps où la liturgie nous déroule plus en détail la mission et la prédication de Jésus. Elle le fait cette année avec l’évangéliste saint Marc qui a consigné les façons de faire des premières communautés chrétiennes et les témoignages des personnes survivantes qui avaient connu Jésus. On dit que la dernière de ces personnes serait l’apôtre saint Jean mort en l’an 101 après Jésus-Christ à l’âge de 90 ans.
I – La mission de Jésus dans la mémoire des premières communautés chrétiennes
Le texte de l’évangile que nous venons d’entendre présente les souvenirs des débuts de la prédication de Jésus qu'on a gardés dans les premières communautés chrétiennes . On y voit Jésus se lançant à son corps défendant sur les routes de Palestine pour proclamer ce qu’il a dans le cœur depuis longtemps. Il a, semble-t-il, attendu que la mission de Jean-Baptiste qui l’avait présenté comme l’Agneau de Dieu se termine puisque par ordre d’Hérode celui-ci est arrêté. L’arrestation de Jean-Baptiste est comme un signal pour Jésus.
Désormais, Jésus sort de l’ombre de Nazareth. Il parcourt la Galilée. Il se rend dans les villes plus peuplées. C’est là qu’il sort de sa réserve de jeune juif observant la loi mosaïque à la lettre pour annoncer une autre loi, une autre alliance qui remplacera l’ancienne.
Ce message est simple c’est, en un mot, un Évangile, une Bonne Nouvelle, ce que veut dire le mot « évangile » en grec. « Croyez à l’Évangile ». Saint Marc le rapporte explicitement en écrivant que Jésus disait : « Les temps sont accomplis le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ».
La tâche d’annoncer cette Bonne Nouvelle est immense. Jésus perçoit tout de suite, au commencement de son ministère, qu’il ne peut se contenter d’y aller en solo. Il choisit de s’adjoindre des aides, des personnes qui collaboreront avec lui au fil des jours, qui le suivront, qui l’aimeront et qui le soutiendront.
Nous avons dans l’évangile de ce matin, les souvenirs aussi du choix des premières personnes qui s’attacheront à Jésus de façon radicale et absolue.
II – Les premiers appelés
Ces personnes ont des noms précis qu’on a retenus. Certains, comme l’évangéliste saint Marc, les ont connus en personne. Ils étaient pêcheurs sur le lac de Galilée près de Nazareth. Ils s’appellent Simon et André – Simon recevra de Jésus plus tard le nom de Pierre -. Ils sont des disciples de Jean-Baptiste qui ont déjà rencontré Jésus comme nous l’avons vu dans l’évangile de dimanche dernier. Puis il y a Jacques et Jean, les fils de Zébédée.
Ce quatuor de pêcheurs est interpellé par Jésus de façon claire et directe. On voit que Jésus est décidé à s’entourer d’aides et de disciples qui s’attacheront à lui. En effet, il ne se contente pas de leur dire « J’ai besoin de vous ». Il les invite à le suivre, à vivre avec lui et à quitter leurs occupations actuelles. Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ».
C’est toute une invitation pour des pêcheurs qui ne sont jamais sortis de chez eux. C’est une surprise car ils ne se sentent pas à la hauteur de cet appel. Et pourtant, ils décident de passer à un niveau supérieur dans leur vie. Ils acceptent de quitter la pêche qui les fait vivre et de plonger dans un avenir inconnu que Jésus leur décrit avec les mots « je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes ».
Du point de vue de Jésus, leur réponse affirmative lui révèle l’attention de Dieu qui lui donne la force et les moyens de réaliser l’annonce de la Bonne nouvelle, de l’Évangile, en mettant dans le cœur de ces premiers appelés le courage et l’audace de répondre oui.
Ces premiers disciples sont des gens qui croient à l’Évangile et qui se mettent à la suite de Jésus, non seulement de façon symbolique mais de façon concrète. Ils quittent tout. Ils l’accompagnent dans son quotidien, dans ses tournées de prédication. Ils l’écoutent avidement. Et petit à petit, ils entrent dans le même chemin où Jésus a accepté d’aller. Ils ne savent pas encore où cela les conduira, mais ils le suivent avec confiance et avec amour.
III – Application
Ces premiers disciples de Jésus sont pour nous des modèles comme ils le furent pour les premiers chrétiens. Après la Résurrection de Jésus et après la descente de l’Esprit sur eux à la Pentecôte, ils sillonnèrent le monde méditerranéen, le monde connu d’alors en proclament la Bonne Nouvelle que Jésus est toujours vivant et qu’il ne meurt plus (cf. Actes des Apôtres 2, 29-36 Discours de Pierre). Avec des compagnons et des compagnes animés du même feu, ils créèrent les premières Églises dont parlent saint Paul : l’Église de Corinthe, l’Église d’Éphèse, l’Église de Thessalonique, l’Église de Rome etc. Ils ont pu dire alors « l’Évangile, la Bonne Nouvelle, est proclamée à toute créature dans le monde entier » comme le souhaitait Jésus (Marc 16, 15).
Nous sommes leur descendance dans la foi en cette Bonne Nouvelle de l'Évangile toujours actuelle. Comme eux nous sommes invités par Jésus à le suivre et à marcher derrière lui. La seule différence c’est que notre suite de Jésus n’est pas une suite physique sur des chemins géographiques, elle est, sur de nouveaux chemins, une imitation de ce qu’il a été.
Ces chemins que nous tracent l’imitation de Jésus sont aussi variés que le sont les personnes et les groupes qui décident de l'accepter comme leur Seigneur et Sauveur, mais ils se résument tous dans le seul et unique commandement de l’Alliance nouvelle : « Aimez-vous les uns les autres ». Le dernier des apôtres saint Jean l’avait bien compris et ses disciples aussi qui lui faisaient dire dans une lettre qui lui est attribuée : « Mes petits enfants… Tel est le message que vous avez entendu depuis le commencement : aimons-nous les uns les autres ». (1 Jean 3, 11)
Nous sommes chanceux de pouvoir nous rattacher à une lignée de personnes témoins de la Bonne nouvelle au fil des âges et nous sommes invités à l’être nous aussi dans notre temps. Une société telle que la nôtre, même si elle apporte bien des réponses aux désirs des humains, ne donne pas toutes les réponses.
Au contraire, elle nous invite à regarder plus loin et plus haut. Elle nous donne l’occasion de partager comme les pêcheurs de Galilée notre amour de Celui que nous avons décidé de suivre et d’imiter. C’est dans des petits gestes à notre portée qu’apparaitra la lumière qui nous habite, la Bonne nouvelle de l’amour gratuit de Dieu pour chaque personne car, quelle qu’elle soit, elle a du prix aux yeux de Dieu, notre Père.
Conclusion
Nous nous retrouvons chaque dimanche pour un moment de pause et de ressourcement dans la messe dominicale. Nous y rencontrons, sous les signes du Pain et du Vin, Jésus lui-même. Sa voix résonne en notre cœur comme pour les premiers disciples : « Venez à ma suite ». N’ayons pas peur de quitter nos filets et de répondre à son invitation. C'est la grâce que je nous souhaite de tout coeur.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
19 janvier 2021
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Les gens de Ninive se détournèrent de leur conduite mauvaise » (Jon 3, 1-5.10)
Lecture du livre de Jonas
La parole du Seigneur fut adressée de nouveau à Jonas :
« Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne,
proclame le message que je te donne sur elle. »
Jonas se leva et partit pour Ninive,
selon la parole du Seigneur.
Or, Ninive était une ville extraordinairement grande :
il fallait trois jours pour la traverser.
Jonas la parcourut une journée à peine
en proclamant :
« Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! »
Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu.
Ils annoncèrent un jeûne,
et tous, du plus grand au plus petit,
se vêtirent de toile à sac.
En voyant leur réaction,
et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise,
Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.
Rappelle-toi,Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Dans ton amour, ne m’oublie pas,
en raison de ta bonté, Seigneur.
Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.
DEUXIÈME LECTURE
« Il passe, ce monde tel que nous le voyons » (1 Co 7, 29-31)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères,
je dois vous le dire : le temps est limité.
Dès lors,
que ceux qui ont une femme
soient comme s’ils n’avaient pas de femme,
ceux qui pleurent,
comme s’ils ne pleuraient pas,
ceux qui ont de la joie,
comme s’ils n’en avaient pas,
ceux qui font des achats,
comme s’ils ne possédaient rien,
ceux qui profitent de ce monde,
comme s’ils n’en profitaient pas vraiment.
Car il passe,
ce monde tel que nous le voyons.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 14-20)
Alléluia. Alléluia.
Le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.
Alléluia. (Mc 1, 15)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Après l’arrestation de Jean le Baptiste,
Jésus partit pour la Galilée
proclamer l’Évangile de Dieu ;
il disait :
« Les temps sont accomplis :
le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Passant le long de la mer de Galilée,
Jésus vit Simon et André, le frère de Simon,
en train de jeter les filets dans la mer,
car c’étaient des pêcheurs.
Il leur dit :
« Venez à ma suite.
Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets,
ils le suivirent.
Jésus avança un peu
et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean,
qui étaient dans la barque et réparaient les filets.
Aussitôt, Jésus les appela.
Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers,
ils partirent à sa suite.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 2e dimanche du temps ordinaire Année B « Où demeures-tu ? »2021-01-12T15:19:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-2e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Ou-demeures-tu_a989.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/51939786-39744317.jpg2021-01-12T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Ce beau passage de l’évangile de saint Jean qui vient d’être lu me remplit toujours d’une grande émotion par la question « Où demeures-tu? » et celui du livre du prophète Samuel résonne en moi avec les paroles du chant de Robert Lebel : « Seigneur que veux-tu que je fasse? »
Pourquoi autant d’émotion devant ces textes me suis-je demandé ? Je vais essayer de trouver la réponse avec vous.
I – André et l’autre disciple de Jean-Baptiste
Pour commencer disons que les détails du passage de l'évangile selon saint Jean sonnent vrais et nous renvoient à des souvenirs de certaines de nos rencontres les plus importantes dans notre vie. On peut penser volontiers qu’André et l’autre disciple restent avec Jésus de 4 heures de l’après-midi jusqu’aux petites heures du matin.
Ils sont déjà en recherche de Dieu puisqu’ils sont venus près de Jean-Baptiste qui invitait à une conversion radicale et à une remise de sa vie à Dieu. Devant Celui que Jean-Baptiste désigne par le titre « Agneau de Dieu » que nous reprenons à chaque messe surgit un désir de le connaître plus intimement. De là leur question « Où demeures-tu ? ». La réponse de Jésus les comble « Venez et voyez ».
André et l’autre disciple de Jean-Baptiste dont le nom n’est pas donné le suivent et demeurent avec lui. On peut imaginer leur partage au soleil couchant dans une hutte de terre battue remplie de lumière, de joie et d’ouverture au plan de Dieu annoncé par les prophètes de l’Ancien Testament dont ils se rappellent des passages appris à la synagogue. Ce colloque et ces échanges brûlent leurs cœurs. Ils en sortent emballés et André amène son frère Pierre à Jésus en lui disant « Nous avons trouvé le Messie ». Ils ont saisi toute la profondeur de ce titre l’« Agneau de Dieu » qui est une façon de désigner le Messie attendu par Israël.
Ce titre donne le sens profond de la destinée de Jésus qui l'amènera sur la croix. Jésus a sûrement été surpris lui-même de cette désignation lourde de sens dans l’Écriture, car l’ « Agneau de Dieu » annoncé par les prophètes est un Messie souffrant pour le salut de tous. Jésus et les premiers disciples savent qu’ils s’ouvrent à quelque chose d’inconnu et qui les dépasse.
C’est ce qui arrive à Samuel dans le récit de la première lecture
II – Le prophète Samuel
Le jeune Samuel est déjà consacré au Seigneur par sa mère. On imagine qu’il a suivi religieusement ses conseils en acceptant de demeurer au temple. Sa vie se déroule de façon précise et ordonnée. Il fait le service qui lui est demandé. Il est bon serviteur du grand prêtre Eli. Et que se passe-t-il? Cette voix qui par trois fois le réveille vient de Dieu. Il ne le réalise pas tout de suite. Le grand prêtre en homme sage et avisé lui conseille de répondre « Parle, ton serviteur écoute ». C’est la réponse qui changera toute la vie du jeune Samuel.
Il ne sait pas exactement, lui aussi, comme les disciples et Jésus, ce qui se passera concrètement dans sa vie, mais il fait un pas irréversible en répondant "Me voici! Parle, ton serviteur écoute" et ces mots le mettent en était d’écoute permanente et d’ouverture à la volonté de Dieu sur lui.
On sait que, par la suite, il aura à réaliser une mission difficile de prophète et de messager du Seigneur. Il sera celui qui consacrera Salomon, puis David comme rois d’Israël. Le service du prophète Samuel s'est déroulé durant une période de transition de l’histoire d’Israël. Il a été reconnu comme un des grands personnages de l'histoire du peuple d'Israël. Pendant 80 ans, il a gardé une ouverture totale à Dieu dans des situations difficiles. Il fut un témoin fidèle de l'Alliance de Dieu avec Abraham et David que Jésus viendra mener à sa perfection.
III - Application
En vous racontant à ma façon ces deux scènes, j’ai compris pourquoi elles me remplissaient de tant d’émotion. La réponse c’est qu’elles rejoignent de grands pans de ma vie.
Encore jeune, comme Samuel, j’ai entendu l’appel du Seigneur. Mes éducateurs et mes parents m’ont encouragé à répondre « Me voici! Parle, ton serviteur écoute ». Eux, comme moi, ne connaissaient pas tout le parcours qui suivrait, mais celui-ci m’a conduit au Grand Séminaire et au presbytérat.
Je suis devenu prêtre au service de mes frères et sœurs dans des années de grands changements au Québec et aussi de belles réalisations où la présence du Seigneur se manifestait sous diverses formes toutes plus surprenantes les unes que les autres. Il serait trop long de raconter en détail les chemins de mon ministère. Je continue de me lever et de dire, à un âge avancé, « Me voici, Seigneur, parle ton serviteur écoute ».
Les retombées du texte de l’évangile se concentrent pour moi dans le « Venez et voyez ».
« Venez et voyez » c’est pour moi prendre du temps pour la prière personnelle, pour la lecture de la Parole de Dieu et pour la méditation de celle-ci. C’est aussi me garder des espaces de paix et de calme chez moi ou à la campagne où la présence de Dieu dans la nature et aussi sa présence cachée se manifestent à mon cœur. Il se peut que ces chemins vous rejoignent vous aussi.
La familiarité avec Jésus n’est pas de trop dans une recherche de Dieu et dans un volonté de répondre à ses appels dans notre vie de tous les jours, dans notre profession, dans la vie de couple, dans l’éducation des enfants, dans les projets pastoraux, dans notre témoignage de foi etc.
Ce qui est important c’est l’attention à la présence du Christ qui se manifeste de diverses façons dans nos vies.
Il se trouve partout où un de mes frères ou une de mes soeurs est dans le besoin.
Il est là au milieu de nous lorsque deux ou trois sont réunis en son nom.
Il est présent de façon spéciale dans les signes qu’Il a donné à son Église, les sacrements de la foi.
Ouvrons nos yeux et nos coeurs pour reconnaître cette présence à nulle autre pareille qui nous rejoint au plus profond de notre être.
Conclusion
À mesure que les lectures d’aujourd’hui s’enracinaient en moi, cette homélie est devenue comme un témoignage personnel que je ne pouvais éviter si je voulais rendre l’émotion qu’ils suscitaient en moi.
À chacune et à chacun de savoir demander « Où demeures-tu » et après être allé et avoir vu, de pouvoir répondre « Me voici! Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
12 janvier 2021
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Parle, Seigneur, ton serviteur écoute » (1 S 3, 3b-10.19)
Lecture du premier livre de Samuel
En ces jours-là,
le jeune Samuel était couché dans le temple du Seigneur à Silo,
où se trouvait l’arche de Dieu.
Le Seigneur appela Samuel, qui répondit :
« Me voici ! »
Il courut vers le prêtre Éli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Éli répondit :
« Je n’ai pas appelé. Retourne te coucher. »
L’enfant alla se coucher.
De nouveau, le Seigneur appela Samuel.
Et Samuel se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Éli répondit :
« Je n’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. »
Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur,
et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée.
De nouveau, le Seigneur appela Samuel.
Celui-ci
se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Alors Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant,
et il lui dit :
« Va te recoucher,
et s’il t’appelle, tu diras :
“Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.” »
Samuel alla se recoucher à sa place habituelle.
Le Seigneur vint, il se tenait là
et il appela comme les autres fois :
« Samuel ! Samuel ! »
Et Samuel répondit :
« Parle, ton serviteur écoute. »
Samuel grandit.
Le Seigneur était avec lui,
et il ne laissa aucune de ses paroles sans effet.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd)
R/ Me voici, Seigneur,
je viens faire ta volonté. (cf. 39, 8a.9a)
D’un grand espoir, j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi.
En ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.
Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens.
« Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles. »
Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.
J’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.
DEUXIÈME LECTURE
« Vos corps sont les membres du Christ » (1 Co 6, 13c-15a. 17-20)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères,
le corps n’est pas pour la débauche,
il est pour le Seigneur,
et le Seigneur est pour le corps ;
et Dieu, par sa puissance, a ressuscité le Seigneur
et nous ressuscitera nous aussi.
Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont les membres du Christ.
Celui qui s’unit au Seigneur
ne fait avec lui qu’un seul esprit.
Fuyez la débauche.
Tous les péchés que l’homme peut commettre
sont extérieurs à son corps ;
mais l’homme qui se livre à la débauche
commet un péché contre son propre corps.
Ne le savez-vous pas ?
Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint,
lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ;
vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes,
car vous avez été achetés à grand prix.
Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui » (Jn 1, 35-42)
Alléluia. Alléluia. En Jésus Christ, nous avons reconnu le Messie :
par lui sont venues la grâce et la vérité. Alléluia. (cf. Jn 1, 41.17)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples.
Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit :
« Voici l’Agneau de Dieu. »
Les deux disciples entendirent ce qu’il disait,
et ils suivirent Jésus.
Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient,
et leur dit :
« Que cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent :
« Rabbi – ce qui veut dire : Maître –,
où demeures-tu ? »
Il leur dit :
« Venez, et vous verrez. »
Ils allèrent donc,
ils virent où il demeurait,
et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.
C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi).
André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples
qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus.
Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit :
« Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ.
André amena son frère à Jésus.
Jésus posa son regard sur lui et dit :
« Tu es Simon, fils de Jean ;
tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le Baptême du Seigneur Année B « Une inauguration à nulle autre pareille »2021-01-06T03:02:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-Bapteme-du-Seigneur-Annee-B-Une-inauguration-a-nulle-autre-pareille_a987.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/51708124-39623094.jpg2021-01-05T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Vous avez probablement participé à une inauguration d'un monument, d'un édifice ou du mandat de quelqu’un pour une nouvelle fonction : député, maire etc. Tous ces événements ont en commun un format particulier, à quelques exceptions près. En premier lieu, on rappelle le chemin qui a mené là, en deuxième lieu, on présente l'événement en l'entourant soit d'un décorum particulier soit d'éléments d'animation comme une vidéo par exemple, enfin, en troisième lieu, une inauguration nous projette en avant dans un avenir en partie inconnu.
Ce format s'applique admirablement au Baptême du Seigneur, le Baptême de Jésus dans le Jourdain, que nous fêtons aujourd'hui. Cet événement est un événement inaugural, l’inauguration du ministère de Jésus. C'est ainsi que le voit l'évangéliste saint Marc qui le place au tout début de son évangile Reprenons, si vous le voulez bien, les trois aspects d'une inauguration signalés il y a un instant.
I- Le Baptême de Jésus : un événement attendu
Le premier aspect : quel est le chemin qui a mené jusque-là ?
Le Baptême de Jésus s'est préparé depuis longtemps. En effet, les prophètes et le dernier de ceux-ci, Jean-Baptiste, qui précède Jésus sur les bords du Jourdain espéraient et annonçaient la venue d'un Sauveur. Leur foi ne se laissait pas ébranler même lorsque tout paraissait perdu. Isaïe en témoigne ici dans la première lecture. « Consolez mon peuple…Voici votre Dieu… Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits. »
Jean-Baptiste, lui, reconnaît que les temps sont venus où Dieu va manifester de façon éclatante son amour pour ses enfants en leur envoyant son Fils lui-même. C'est le grand mérite de Jean-Baptiste d'avoir su reconnaître en Jésus l'Envoyé du Père, celui qu'on attendait. « Moi, je vous baptise avec de l’eau : mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. » lit-on dans l’évangile qui vient d’être proclamé.
Liturgiquement, cette solennité du Baptême du Seigneur arrive à la fin du temps de Noël et dans le sillage de l'Épiphanie, la manifestation du Christ aux nations. Elle est, elle aussi, une manifestation de la mission de Jésus pour le salut du monde dont elle marque l’inauguration publique de façon percutante.
II- Le Baptême de Jésus : une scène puissante et resplendissante
Comment se passe cette inauguration du ministère de Jésus? C'est le deuxième aspect que je voudrais développer maintenant en suivant le texte de saint Marc..
Regardons le récit de saint Marc. Jésus arrive de Nazareth. Il vient vers Jean-Baptiste pour se faire baptiser. Jean-Baptiste, textuellement « Jean le Baptiseur », donne depuis quelque temps, dans l’eau du Jourdain, un baptême de conversion qui invite les gens à changer leur cœur et à se tourner résolument vers Dieu, « à préparer à travers le désert le chemin du Seigneur… une route aplanie pour Dieu » comme le souhaitait Isaïe.
Pour Jean-Baptiste, Jésus est le Sauveur promis « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ». Pour lui Jésus n'a pas besoin de ce genre de conversion. Cependant, en se mêlant à tout le peuple, Jésus fait comprendre à Jean-Baptiste qu'il désire être baptisé lui aussi, non parce qu'il a besoin de se convertir, mais parce qu'il porte les péchés et le poids des souffrances de ses frères et sœurs qu'il est venu libérer et sauver. Jésus en entrant dans le Jourdain assume cette mission extraordinaire qui sera la sienne : donner sa vie pour la multitude. Il sera ce Serviteur souffrant dont a parlé le prophète Isaïe (Isaïe 53, 1-12). Il ira jusqu'au bout et mourra sur une croix pour le salut du monde.
La scène du Baptême de Jésus telle que racontée par saint Marc prend une allure théophanique. Elle revêt un éclat particulier. Des symboles l'accompagnent : les cieux se déchirent, l'Esprit descend sous la forme d'une colombe et une voix se fait entendre. Ces trois symboles viennent confirmer à Jean-Baptiste qu'il a vu juste.
Voilà comment se passe l'inauguration du ministère de Jésus. Venons-en maintenant au troisième aspect d'une inauguration que nous retrouvons dans la scène du Baptême de Jésus.
III- Le Baptême de Jésus : un commencement
Le troisième aspect d'une inauguration, comme on l'a dit au début, ouvre sur un avenir qu'on espère, mais qui n'est pas exempt d'inconnu. Il en est ainsi du Baptême de Jésus. Jésus en descendant dans l'eau du Jourdain s'engage à suivre le chemin que Dieu son Père lui a tracé. Il dit déjà dans son cœur de qu'il dira au Jardin des Oliviers lors de son agonie : « Père que ta volonté se fasse et non la mienne ». (Luc 22,42).
Jésus sait que la route ne sera pas toujours facile, mais il accepte de la prendre avec générosité et sans regarder en arrière. Il gardera ses oreilles attentives aux paroles entendues « C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Soutenu par cette conviction et par cette assurance, il ira de l'avant dans la voie d'un amour fou pour ses frères et sœurs. Il rétablira la créature blessée dans sa beauté originelle et, comme l’explique saint Paul aux Romains, par le baptême il fera de toute personne qui le suit une créature nouvelle « vivant pour Dieu ». « Car [le Christ] qui est mort, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. » (Romains 6, 10-11).
Conclusion
Quelle belle fête que cette solennité du Baptême du Seigneur. Elle fixe notre regard sur Jésus quittant sa vie tranquille d'humble artisan à Nazareth pour celle du prédicateur, du messager de l'amour de Dieu pour l'humanité toute entière. Nous le voyons répondre avec confiance à cette vocation qui est la sienne et qu'il suivra sans faillir même dans les pires souffrances. Et ainsi il deviendra par sa mort et sa résurrection le Premier-né d'une multitude de frères et de sœurs. Demandons-lui de nous garder, comme Lui, confiants en Dieu qui dit aujourd'hui à chacun et à chacune de nous : « Tu es mon fils bien-aimé, ma fille bien-aimée et je t'aime ».
Redisons, en terminant, les mots que nous avions dans la Prière d’ouverture : « Dieu éternel et tout-puissant, quand le Christ fut baptisé dans le Jourdain, et que l’Esprit Saint reposa sur lui, tu l’as désigné comme ton Fils bien-aimé, accorde à tes fils et filles adoptifs, nés de l’eau et de l’Esprit, de se garder toujours dans ta sainte volonté. »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
5 janvier 2021
LECTURES DE LA MESSE pour le Baptême du Seigneur Année B
PREMIÈRE LECTURE
« Venez, voici de l’eau ! Écoutez, et vous vivrez » (Is 55, 1-11)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Ainsi parle le Seigneur :
Vous tous qui avez soif,
venez, voici de l’eau !
Même si vous n’avez pas d’argent,
venez acheter et consommer,
venez acheter du vin et du lait
sans argent, sans rien payer.
Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses,
vous vous régalerez de viandes savoureuses !
Prêtez l’oreille ! Venez à moi !
Écoutez, et vous vivrez.
Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle :
ce sont les bienfaits garantis à David.
Lui, j’en ai fait un témoin pour les peuples,
pour les peuples, un guide et un chef.
Toi, tu appelleras une nation inconnue de toi ;
une nation qui ne te connaît pas accourra vers toi,
à cause du Seigneur ton Dieu,
à cause du Saint d’Israël, car il fait ta splendeur.
Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ;
invoquez-le tant qu’il est proche.
Que le méchant abandonne son chemin,
et l’homme perfide, ses pensées !
Qu’il revienne vers le Seigneur
qui lui montrera sa miséricorde,
vers notre Dieu
qui est riche en pardon.
Car mes pensées ne sont pas vos pensées,
et vos chemins ne sont pas mes chemins,
– oracle du Seigneur.
Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre,
autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins,
et mes pensées, au-dessus de vos pensées.
La pluie et la neige qui descendent des cieux
n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre,
sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer,
donnant la semence au semeur
et le pain à celui qui doit manger ;
ainsi ma parole, qui sort de ma bouche,
ne me reviendra pas sans résultat,
sans avoir fait ce qui me plaît,
sans avoir accompli sa mission.
– Parole du Seigneur.
CANTIQUE
(Is 12, 2, 4bcd, 5-6)
R/ Exultant de joie, vous puiserez les eaux
aux sources du salut ! (Is 12, 3)
Voici le Dieu qui me sauve :
j’ai confiance, je n’ai plus de crainte.
Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.
Rendez grâce au Seigneur,
proclamez son nom,
annoncez parmi les peuples ses hauts faits !
Redites-le : « Sublime est son nom ! »
Jouez pour le Seigneur, il montre sa magnificence,
et toute la terre le sait.
Jubilez, criez de joie, habitants de Sion,
car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !
DEUXIÊME LECTURE
« L’Esprit, l’eau et le sang » (1 Jn 5, 1-9)
Lecture de la première lettre de saint Jean
Bien-aimés,
celui qui croit que Jésus est le Christ,
celui-là est né de Dieu ;
celui qui aime le Père qui a engendré
aime aussi le Fils qui est né de lui.
Voici comment nous reconnaissons
que nous aimons les enfants de Dieu :
lorsque nous aimons Dieu
et que nous accomplissons ses commandements.
Car tel est l’amour de Dieu :
garder ses commandements ;
et ses commandements ne sont pas un fardeau,
puisque tout être qui est né de Dieu
est vainqueur du monde.
Or la victoire remportée sur le monde,
c’est notre foi.
Qui donc est vainqueur du monde ?
N’est-ce pas celui qui croit
que Jésus est le Fils de Dieu ?
C’est lui, Jésus Christ,
qui est venu par l’eau et par le sang :
non pas seulement avec l’eau,
mais avec l’eau et avec le sang.
Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit,
car l’Esprit est la vérité.
En effet, ils sont trois qui rendent témoignage,
l’Esprit, l’eau et le sang,
et les trois n’en font qu’un.
Nous acceptons bien le témoignage des hommes ;
or, le témoignage de Dieu a plus de valeur,
puisque le témoignage de Dieu,
c’est celui qu’il rend à son Fils.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Mc 1, 7-11)
Alléluia. Alléluia.
Voyant Jésus venir à lui, Jean déclara :
« Voici l’Agneau de Dieu,
qui enlève le péché du monde. »
Alléluia. (Jn 1, 29)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
Jean le Baptiste proclamait :
« Voici venir derrière moi
celui qui est plus fort que moi ;
je ne suis pas digne de m’abaisser
pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ;
lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
En ces jours-là,
Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée,
et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.
Et aussitôt, en remontant de l’eau,
il vit les cieux se déchirer
et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe.
Il y eut une voix venant des cieux :
« Tu es mon Fils bien-aimé ;
en toi, je trouve ma joie. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le Baptême du Seigneur Année B « Une inauguration à nulle autre pareille »2024-01-09T14:33:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-Bapteme-du-Seigneur-Annee-B-Une-inauguration-a-nulle-autre-pareille_a1160.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/76400495-54595007.jpg2021-01-05T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Vous avez probablement participé à une inauguration d'un monument, d'un édifice ou du mandat de quelqu’un pour une nouvelle fonction : député, maire etc. Tous ces événements ont en commun un format particulier, à quelques exceptions près. En premier lieu, on rappelle le chemin qui a mené là, en deuxième lieu, on présente l'événement en l'entourant soit d'un décorum particulier soit d'éléments d'animation comme une vidéo par exemple, enfin, en troisième lieu, une inauguration nous projette en avant dans un avenir en partie inconnu.
Ce format s'applique admirablement au Baptême du Seigneur, le Baptême de Jésus dans le Jourdain, que nous fêtons aujourd'hui. Cet événement est un événement inaugural, l’inauguration du ministère de Jésus. C'est ainsi que le voit l'évangéliste saint Marc qui le place au tout début de son évangile Reprenons, si vous le voulez bien, les trois aspects d'une inauguration signalés il y a un instant.
I- Le Baptême de Jésus : un événement attendu
Le premier aspect : quel est le chemin qui a mené jusque-là ?
Le Baptême de Jésus s'est préparé depuis longtemps. En effet, les prophètes et le dernier de ceux-ci, Jean-Baptiste, qui précède Jésus sur les bords du Jourdain espéraient et annonçaient la venue d'un Sauveur. Leur foi ne se laissait pas ébranler même lorsque tout paraissait perdu. Isaïe en témoigne ici dans la première lecture. « Consolez mon peuple…Voici votre Dieu… Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits. »
Jean-Baptiste, lui, reconnaît que les temps sont venus où Dieu va manifester de façon éclatante son amour pour ses enfants en leur envoyant son Fils lui-même. C'est le grand mérite de Jean-Baptiste d'avoir su reconnaître en Jésus l'Envoyé du Père, celui qu'on attendait. « Moi, je vous baptise avec de l’eau : mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. » lit-on dans l’évangile qui vient d’être proclamé.
Liturgiquement, cette solennité du Baptême du Seigneur arrive à la fin du temps de Noël et dans le sillage de l'Épiphanie, la manifestation du Christ aux nations. Elle est, elle aussi, une manifestation de la mission de Jésus pour le salut du monde dont elle marque l’inauguration publique de façon percutante.
II- Le Baptême de Jésus : une scène puissante et resplendissante
Comment se passe cette inauguration du ministère de Jésus? C'est le deuxième aspect que je voudrais développer maintenant en suivant le texte de saint Marc..
Regardons le récit de saint Marc. Jésus arrive de Nazareth. Il vient vers Jean-Baptiste pour se faire baptiser. Jean-Baptiste, textuellement « Jean le Baptiseur », donne depuis quelque temps, dans l’eau du Jourdain, un baptême de conversion qui invite les gens à changer leur cœur et à se tourner résolument vers Dieu, « à préparer à travers le désert le chemin du Seigneur… une route aplanie pour Dieu » comme le souhaitait Isaïe.
Pour Jean-Baptiste, Jésus est le Sauveur promis « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ». Pour lui Jésus n'a pas besoin de ce genre de conversion. Cependant, en se mêlant à tout le peuple, Jésus fait comprendre à Jean-Baptiste qu'il désire être baptisé lui aussi, non parce qu'il a besoin de se convertir, mais parce qu'il porte les péchés et le poids des souffrances de ses frères et sœurs qu'il est venu libérer et sauver. Jésus en entrant dans le Jourdain assume cette mission extraordinaire qui sera la sienne : donner sa vie pour la multitude. Il sera ce Serviteur souffrant dont a parlé le prophète Isaïe (Isaïe 53, 1-12). Il ira jusqu'au bout et mourra sur une croix pour le salut du monde.
La scène du Baptême de Jésus telle que racontée par saint Marc prend une allure théophanique. Elle revêt un éclat particulier. Des symboles l'accompagnent : les cieux se déchirent, l'Esprit descend sous la forme d'une colombe et une voix se fait entendre. Ces trois symboles viennent confirmer à Jean-Baptiste qu'il a vu juste.
Voilà comment se passe l'inauguration du ministère de Jésus. Venons-en maintenant au troisième aspect d'une inauguration que nous retrouvons dans la scène du Baptême de Jésus.
III- Le Baptême de Jésus : un commencement
Le troisième aspect d'une inauguration, comme on l'a dit au début, ouvre sur un avenir qu'on espère, mais qui n'est pas exempt d'inconnu. Il en est ainsi du Baptême de Jésus. Jésus en descendant dans l'eau du Jourdain s'engage à suivre le chemin que Dieu son Père lui a tracé. Il dit déjà dans son cœur de qu'il dira au Jardin des Oliviers lors de son agonie : « Père que ta volonté se fasse et non la mienne ». (Luc 22,42).
Jésus sait que la route ne sera pas toujours facile, mais il accepte de la prendre avec générosité et sans regarder en arrière. Il gardera ses oreilles attentives aux paroles entendues « C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Soutenu par cette conviction et par cette assurance, il ira de l'avant dans la voie d'un amour fou pour ses frères et sœurs. Il rétablira la créature blessée dans sa beauté originelle et, comme l’explique saint Paul aux Romains, par le baptême il fera de toute personne qui le suit une créature nouvelle « vivant pour Dieu ». « Car [le Christ] qui est mort, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. » (Romains 6, 10-11).
Conclusion
Quelle belle fête que cette solennité du Baptême du Seigneur. Elle fixe notre regard sur Jésus quittant sa vie tranquille d'humble artisan à Nazareth pour celle du prédicateur, du messager de l'amour de Dieu pour l'humanité toute entière. Nous le voyons répondre avec confiance à cette vocation qui est la sienne et qu'il suivra sans faillir même dans les pires souffrances. Et ainsi il deviendra par sa mort et sa résurrection le Premier-né d'une multitude de frères et de sœurs. Demandons-lui de nous garder, comme Lui, confiants en Dieu qui dit aujourd'hui à chacun et à chacune de nous : « Tu es mon fils bien-aimé, ma fille bien-aimée et je t'aime ».
Redisons, en terminant, les mots que nous avions dans la Prière d’ouverture : « Dieu éternel et tout-puissant, quand le Christ fut baptisé dans le Jourdain, et que l’Esprit Saint reposa sur lui, tu l’as désigné comme ton Fils bien-aimé, accorde à tes fils et filles adoptifs, nés de l’eau et de l’Esprit, de se garder toujours dans ta sainte volonté. »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
8 janvier 2024
LECTURES DE LA MESSE pour le Baptême du Seigneur Année B
PREMIÈRE LECTURE
« Venez, voici de l’eau ! Écoutez, et vous vivrez » (Is 55, 1-11)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Ainsi parle le Seigneur :
Vous tous qui avez soif,
venez, voici de l’eau !
Même si vous n’avez pas d’argent,
venez acheter et consommer,
venez acheter du vin et du lait
sans argent, sans rien payer.
Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses,
vous vous régalerez de viandes savoureuses !
Prêtez l’oreille ! Venez à moi !
Écoutez, et vous vivrez.
Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle :
ce sont les bienfaits garantis à David.
Lui, j’en ai fait un témoin pour les peuples,
pour les peuples, un guide et un chef.
Toi, tu appelleras une nation inconnue de toi ;
une nation qui ne te connaît pas accourra vers toi,
à cause du Seigneur ton Dieu,
à cause du Saint d’Israël, car il fait ta splendeur.
Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ;
invoquez-le tant qu’il est proche.
Que le méchant abandonne son chemin,
et l’homme perfide, ses pensées !
Qu’il revienne vers le Seigneur
qui lui montrera sa miséricorde,
vers notre Dieu
qui est riche en pardon.
Car mes pensées ne sont pas vos pensées,
et vos chemins ne sont pas mes chemins,
– oracle du Seigneur.
Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre,
autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins,
et mes pensées, au-dessus de vos pensées.
La pluie et la neige qui descendent des cieux
n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre,
sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer,
donnant la semence au semeur
et le pain à celui qui doit manger ;
ainsi ma parole, qui sort de ma bouche,
ne me reviendra pas sans résultat,
sans avoir fait ce qui me plaît,
sans avoir accompli sa mission.
– Parole du Seigneur.
CANTIQUE
(Is 12, 2, 4bcd, 5-6)
R/ Exultant de joie, vous puiserez les eaux
aux sources du salut ! (Is 12, 3)
Voici le Dieu qui me sauve :
j’ai confiance, je n’ai plus de crainte.
Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.
Rendez grâce au Seigneur,
proclamez son nom,
annoncez parmi les peuples ses hauts faits !
Redites-le : « Sublime est son nom ! »
Jouez pour le Seigneur, il montre sa magnificence,
et toute la terre le sait.
Jubilez, criez de joie, habitants de Sion,
car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !
DEUXIÊME LECTURE
« L’Esprit, l’eau et le sang » (1 Jn 5, 1-9)
Lecture de la première lettre de saint Jean
Bien-aimés,
celui qui croit que Jésus est le Christ,
celui-là est né de Dieu ;
celui qui aime le Père qui a engendré
aime aussi le Fils qui est né de lui.
Voici comment nous reconnaissons
que nous aimons les enfants de Dieu :
lorsque nous aimons Dieu
et que nous accomplissons ses commandements.
Car tel est l’amour de Dieu :
garder ses commandements ;
et ses commandements ne sont pas un fardeau,
puisque tout être qui est né de Dieu
est vainqueur du monde.
Or la victoire remportée sur le monde,
c’est notre foi.
Qui donc est vainqueur du monde ?
N’est-ce pas celui qui croit
que Jésus est le Fils de Dieu ?
C’est lui, Jésus Christ,
qui est venu par l’eau et par le sang :
non pas seulement avec l’eau,
mais avec l’eau et avec le sang.
Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit,
car l’Esprit est la vérité.
En effet, ils sont trois qui rendent témoignage,
l’Esprit, l’eau et le sang,
et les trois n’en font qu’un.
Nous acceptons bien le témoignage des hommes ;
or, le témoignage de Dieu a plus de valeur,
puisque le témoignage de Dieu,
c’est celui qu’il rend à son Fils.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Mc 1, 7-11)
Alléluia. Alléluia.
Voyant Jésus venir à lui, Jean déclara :
« Voici l’Agneau de Dieu,
qui enlève le péché du monde. »
Alléluia. (Jn 1, 29)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
Jean le Baptiste proclamait :
« Voici venir derrière moi
celui qui est plus fort que moi ;
je ne suis pas digne de m’abaisser
pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ;
lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
En ces jours-là,
Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée,
et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.
Et aussitôt, en remontant de l’eau,
il vit les cieux se déchirer
et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe.
Il y eut une voix venant des cieux :
« Tu es mon Fils bien-aimé ;
en toi, je trouve ma joie. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 5e dimanche du temps ordinaire Année C « Laissant tout, ils le suivirent »2022-02-02T14:07:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-5e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Laissant-tout-ils-le-suivirent_a878.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/29468716-28507285.jpg2019-02-05T20:00:00+01:00Hermann Giguère
Les ados d’aujourd’hui comme ceux d’hier se demandent tous un jour ou l’autre ce qu’ils feront dans la vie. C’est une question qu’ils porteront pendant de nombreuses années pour certains et certaines. Pour d’autres la voie est toute tracée. Leur choix ne les préoccupe pas. Ils suivront les traces d’un père ou d’une mère. Ils se lanceront dans un domaine qui les passionne déjà. Pour plusieurs, le chemin sera plus long. Il se fera à travers des hauts et des bas. Des essais et des échecs. C’est la vie dira-t-on… Nous sommes ici sur le terrain du choix d’un travail ou d’une profession.
Il en va ainsi pour la personne croyante qui désire découvrir son chemin, sa vocation car, comme le dit le Concile Vatican II, chacun et chacune a un appel personnel de Dieu à vivre, une vocation personnelle (Constitution sur l’Église nos 40 et 41), ce que le pape François décrit ainsi : « Ce qui importe, écrit-il, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. » (Exhortation Gaudete et Exsultate sur la sainteté n. 11)
Nous avons dans les trois textes des lectures d’aujourd’hui trois récits de vocations qui ont été vécues par des personnes comme nous qui ont été l’objet d’un choix particulier de Dieu. À cause de circonstances particulières, le chemin déjà poursuivi a pris pour elles une direction nouvelle et inattendue. C’est ce qui est arrivé à Isaïe, à saint Paul et aux apôtres Pierre, Jacques et Jean.
I – La vocation du prophète Isaïe
Commençons par Isaïe. Quelle description flamboyante que celle de la vocation du prophète Isaïe! On sait qu’il a vécu au temps du roi Ozias (ou Aazrias) vers 760 avant Jésus-Christ. Il était un juif pieux, dévoué pour les autres et sa vie se déroulait paisiblement. C'est alors qu’est survenu ce moment de rencontre avec Dieu où il entend un appel qu’il ne peut refuser.
Le cadre de cet appel le situe au service de son peuple que Dieu veut stimuler pour qu’il vive mieux l’Alliance conclue avec Abraham. Il sera comme le tisonnier qui ranime la flamme. Il devra parler haut et fort au nom de Dieu, une mission qu’il n’avait jamais entrevue, une mission pour laquelle il se sent démuni.
Et pourtant le Seigneur l’a choisi. Comme plusieurs autres avant lui , notamment le prophète Samuel (cf. Samuel 3, 9-10) sa réponse sera « Me voici : envoie-moi ! »
Sa vie aura basculé pour toujours. Il sera un des quatre grands prophètes de l’Ancien Testament qui sont, en plus de lui, Jérémie, Ézéchiel et Daniel.
II – Le cas de saint Paul
La deuxième vocation particulière qui nous est présentée aujourd'hui est celle de saint Paul comme prédicateur de l'Évangile, un ministère qu'il a rempli pendant de nombreuses années autour de la Méditerranée avant d’être amené à Rome comme prisonnier et d’y être mis à mort.
Son histoire que vous connaissez commence avec une implication comme jeune juif pharisien consacré à l’étude de la Loi et des Écritures Saintes. Il semble y avoir pris beaucoup de plaisir. Et c'est pour défendre cette Loi qu’il devient persécuteur des juifs convertis au message de Jésus, les chrétiens, qui apportent le message d’une Loi Nouvelle reçue d’un certain Jésus de Nazareth. Puis c’est la rencontre de ce Jésus sur le chemin de Damas. Il en sera transformé pour le restant de sa vie. Il deviendra l’apôtre des païens et il passera son temps désormais à annoncer la Bonne Nouvelle reçue en Jésus, son Évangile qui devient sa seule raison de vivre cf. I Corinthiens 9, 16, Philippiens 3, 3-8.
Il sera le plus grand des évangélisateurs, des missionnaires de la religion chrétienne qui nous inspire encore aujourd’hui par ses lettres que nous lisons à chaque dimanche. Humblement mais fièrement, il revendique le nom d'Apôtre au même titre que les Douze choisis par Jésus. La deuxième lecture que nous venons d'entendre en témoigne : « Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi ».
III - Les apôtres Pierre, Jacques et Jean
Venons maintenant à l'évangile qui nous raconte un appel particulier pour les trois apôtres dont il est question dans ce récit de la pêche miraculeuse que nous venons d'entendre. Ce sont Pierre qui s’appelait Simon avant que Jésus le nomme Pierre pour signifier qu’il est le roc sur lequel les autres pourront s’appuyer et les deux frères, Jacques et Jean, remplis d’énergie dont le surnom était « Boanergès » (Marc 3, 17) qui veut dire « fils du tonnerre ».
Ces trois pêcheurs se connaissent depuis longtemps. Ils œuvrent ensemble et se donnent la main pour leur métier. Ils ont déjà rencontré Jésus auparavant en fréquentant Jean-Baptiste. Ils ont décidé de suivre Jésus tout en continuant leur métier. La belle-mère de Pierre a été guérie par Jésus qui fréquentait la maison de Pierre à Capharnaüm. Ce ne sont donc pas des étrangers pour Jésus. Ils sont déjà des gens qui ont choisi de le suivre. Ils ont une totale confiance en lui et sur sa parole ils relancent leurs filets : « Maître, dit Pierre, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Tout surpris, Ils ramènent plein de poissons. Pour Jésus cette pêche miraculeuse est le signe de ce qu'il attend d'eux. Il dit alors à Pierre « « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » », Jésus renvoie ainsi Pierre, Jacques et Jean à l’image de leur métier, mais il en change la teneur. Ils parcourrons la mer du monde pour y rencontrer les gens de toutes nations, de toutes cultures et de tous pays et leur annoncer la Bonne Nouvelle.
Ce qui se passe dans cet épisode de la pêche miraculeuse est un virage majeur que prend leur vie qui ne sera plus jamais la même : leur vocation désormais sera celle d’être apôtres, protagonistes et diffuseurs du message de Jésus. « Et, laissant tout, ils le suivirent ».
Ce qu’ils ont fait avec cœur puisqu’après la Pentecôte ils sont partis chacun de son côté et ils ont jeté les bases de l’Église que nous connaissons aujourd’hui. Ils sont vénérés par tous les chrétiens comme les piliers de l’Église. C’est leur témoignage de la Résurrection de Jésus qu’ils avaient suivi sur les routes de Galilée qui allumera la foi de leurs compatriotes puis des générations subséquentes. L’Évangile grâce à eux et à leurs successeurs se répandra dans le monde entier selon le souhait de leur Maître « « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création ». (Marc 16, 15)
Conclusion
Ces trois récits présentent des vocations spéciales, qui peuvent nous inspirer nous aussi dans la découverte de notre vocation personnelle. Comme Isaïe, Paul, Pierre, Jacques et Jean nous pouvons être ou devenir des personnes qui répondent avec empressement à des appels clairs de Dieu dans nos vies. Ces appels ne sont peut-être pas aussi éclatants que ceux d’Isaïe, de Paul ou de Pierre, Jacques et Jean, mais ils sont bien là. Si on prend le temps d’écouter la voix de l’Esprit en nous, nous découvrirons comment vivre aujourd’hui dans l’amour de Dieu avec confiance et avec conviction. Point n'est besoin de quitter son emploi ou de laisser son foyer. Il suffit de vivre l’instant présent sous le regard de Dieu.
Pour ce faire, je vous conseille, une pratique qui consiste à répéter une ou des phrases qui nous inspirent comme « À toi Seigneur, la gloire, l’honneur et la louange » ou encore la prière dite la prière de Jésus « Seigneur Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur » ou encore « Je te rends grâce, Seigneur, pour telle personne que je viens de rencontrer, pour le soleil qui brille aujourd’hui, pour… etc. »
Que notre messe soit pour nous une action de grâces pour ce que Dieu fait en nous et un moment où nous lui redisons notre disponibilité pour le servir de la façon qu’il a prévue pour nous. « Seigneur me voici! »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
5 février 2019
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Lectures de la messe pour le 5e dimanche du temps ordinaire Année C
Première lecture
« Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 1-2a.3-8)
Lecture du livre du prophète Isaïe
L’année de la mort du roi Ozias,
je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ;
les pans de son manteau remplissaient le Temple.
Des séraphins se tenaient au-dessus de lui.
Ils se criaient l’un à l’autre :
« Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers !
Toute la terre est remplie de sa gloire. »
Les pivots des portes se mirent à trembler
à la voix de celui qui criait,
et le Temple se remplissait de fumée.
Je dis alors :
« Malheur à moi ! je suis perdu,
car je suis un homme aux lèvres impures,
j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures :
et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! »
L’un des séraphins vola vers moi,
tenant un charbon brûlant
qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel.
Il l’approcha de ma bouche et dit :
« Ceci a touché tes lèvres,
et maintenant ta faute est enlevée,
ton péché est pardonné. »
J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait :
« Qui enverrai-je ?
qui sera notre messager ? »
Et j’ai répondu :
« Me voici :
envoie-moi ! »
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 4-5, 7c-8)
R/ Je te chante, Seigneur, en présence des anges. (cf. Ps 137, 1c)
De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.
Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.
Tous les rois de la terre te rendent grâce
quand ils entendent les paroles de ta bouche.
Ils chantent les chemins du Seigneur :
« Qu’elle est grande, la gloire du Seigneur ! »
Ta droite me rend vainqueur.
Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.
Deuxième lecture
« Voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez » (1 Co 15, 1-11)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères,
je vous rappelle la Bonne Nouvelle
que je vous ai annoncée ;
cet Évangile, vous l’avez reçu ;
c’est en lui que vous tenez bon,
c’est par lui que vous serez sauvés
si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ;
autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants.
Avant tout, je vous ai transmis ceci,
que j’ai moi-même reçu :
le Christ est mort pour nos péchés
conformément aux Écritures,
et il fut mis au tombeau ;
il est ressuscité le troisième jour
conformément aux Écritures,
il est apparu à Pierre, puis aux Douze ;
ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois
– la plupart sont encore vivants,
et quelques-uns sont endormis dans la mort –,
ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres.
Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis.
Car moi, je suis le plus petit des Apôtres,
je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre,
puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu.
Mais ce que je suis,
je le suis par la grâce de Dieu,
et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile.
Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ;
à vrai dire, ce n’est pas moi,
c’est la grâce de Dieu avec moi.
Bref, qu’il s’agisse de moi ou des autres,
voilà ce que nous proclamons,
voilà ce que vous croyez.
– Parole du Seigneur.
OU LECTURE BREVE
Deuxième lecture
« Voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez » (1 Co 15, 3-8.11)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères,
avant tout, je vous ai transmis ceci,
que j’ai moi-même reçu :
le Christ est mort pour nos péchés
conformément aux Écritures,
et il fut mis au tombeau ;
il est ressuscité le troisième jour
conformément aux Écritures,
il est apparu à Pierre, puis aux Douze ;
ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois
– la plupart sont encore vivants,
et quelques-uns sont endormis dans la mort –,
ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres.
Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis.
Bref, qu’il s’agisse de moi ou des autres,
voilà ce que nous proclamons,
voilà ce que vous croyez.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Laissant tout, ils le suivirent » (Lc 5, 1-11)
Alléluia. Alléluia.
« Venez à ma suite, dit le Seigneur,
et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Alléluia. (Mt 4, 19)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
la foule se pressait autour de Jésus
pour écouter la parole de Dieu,
tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.
Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ;
les pêcheurs en étaient descendus
et lavaient leurs filets.
Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon,
et lui demanda de s’écarter un peu du rivage.
Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.
Quand il eut fini de parler,
il dit à Simon :
« Avance au large,
et jetez vos filets pour la pêche. »
Simon lui répondit :
« Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ;
mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Et l’ayant fait,
ils capturèrent une telle quantité de poissons
que leurs filets allaient se déchirer.
Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque
de venir les aider.
Ceux-ci vinrent,
et ils remplirent les deux barques,
à tel point qu’elles enfonçaient.
à cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus,
en disant :
« Éloigne-toi de moi, Seigneur,
car je suis un homme pécheur. »
En effet, un grand effroi l’avait saisi,
lui et tous ceux qui étaient avec lui,
devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;
et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée,
les associés de Simon.
Jésus dit à Simon :
« Sois sans crainte,
désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage
et, laissant tout, ils le suivirent.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 13e dimanche du temps ordinaire Année C : « Suivre et regarder en avant » (Luc 9, 51-62)2019-03-26T01:02:00+01:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-13e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Suivre-et-regarder-en-avant-Luc-9-51-62_a717.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/9471705-15194987.jpg2016-06-21T19:00:00+02:00Hermann Giguère
« Suivre sa vocation » tel pourrait être le thème du passage de l’évangile de saint Luc qui vient d’être lu.
Jésus prend avec courage la route de Jérusalem. Dans l’évangile de saint Luc cet épisode de la vie de Jésus est un point tournant. Il monte à Jérusalem qui est dans les montagnes où il se doute qu’il sera trahi, qu’il mourra, qu’il y laissera sa vie. Saint Luc nous présente Jésus au moment où il décide de se lancer, d’aller jusqu’au bout de sa vocation, de sa mission, d’être lui-même. Ce qui n’est pas facile.
I – Radicalisme et radicalismes
On a entendu des témoignages de personnes comme des artistes ou des athlètes qui nous racontent comment ils ont à un moment donné décidé d’aller jusqu’au bout quelles qu’en soit les conséquences. Leurs aspirations, leur vocation demandaient qu’ils mettent ainsi tout leur potentiel dans la poursuite de cet objectif.
Il faut bien sûr noter ici que tous les objectifs ne sont pas interchangeables. On voit aujourd’hui des radicalismes religieux qui font peur. Ces gens nous disent qu’ils sont prêts à aller jusqu’au bout de leurs convictions eux aussi.
Quelle est la différence entre le choix de Jésus et ces choix qui font peur?
Une seule réponse : la motivation.
Chez Jésus, aucune motivation de performance personnelle ou de domination quelconque. Tout est dans le service : humble, constant et fidèle. Jésus se présente à ses concitoyens comme celui qui sert et non comme un maître dominateur. Il se présente comme un bon berger qui s’occupe de chaque personne avec attention, comme un père accueillant pour l’enfant prodigue, comme le défenseur miséricordieux de la femme adultère, comme l’éveilleur du cœur de la Samaritaine etc.
Rien à voir avec ces jeunes qui décident de tout bouleverser au nom d’une idéologie ou d’un radicalisme politique ou religieux
II– Des pièges
Comment conserver une motivation évangélique dans nos choix ? Malgré les hauts et les bas, il s’agit de tenir la route avec persévérance, de suivre Jésus et comme lui de toujours regarder en avant. Dans cette suite et cette imitation de Jésus, celui-ci en réponse aux apôtres et à certains auditeurs nous indique ici quelques pièges à éviter.
Le premier c’est l’intolérance illustrée par l’attitude des apôtres Jacques et Jean qui sont prêts à faire venir la foudre sur les Samaritains « que le feu tombe du ciel pour les détruire ». Nous n’avons pas à devenir des disciples rigides et fermés. D’où l’interpellation vive de Jésus qui ne se reconnaît pas dans cette attitude.
Le deuxième piège que Jésus signale c’est celui de l’attachement désordonné aux biens de ce monde qui passe, aux biens terrestres. Jésus, le Fils de l’homme, n’a pas d’endroit où reposer sa tête. Il se garde libre en tout.
Le troisième piège c’est la remise à plus tard, la fameuse « procrastination ». « Laisse-moi d’abord» enterrer mon père, faire mes adieux, prendre du bon temps, penser à moi... « Laisse-moi d’abord » quelle belle excuse pour ne rien faire maintenant.
III – Une invitation
Aujourd’hui Jésus parle à notre cœur. Il nous interpelle de diverses façons. Ces appels ne sont pas toujours évidents, car nous sommes bien occupés au travail, sur les réseaux sociaux etc. et nos temps d’écoute se font rares parfois. Nous laissons aller la charrue en regardant en arrière alors qu’il faut regarder en avant pour avancer.
Un de mes amis agronome m’a expliqué que cette image de la charrue est très évocatrice pour lui car si on ne surveille pas la charrue continuellement elle peut piquer en terre et on se retrouve avec les manchons en l’air sur la gueule ou encore la charrue sort du sillon, s’en va de travers et il faut recommencer. Alors suivons Jésus en regardant en avant.
Conclusion
C'est ce à quoi nous invite l’évangile d’aujourd’hui. Comme disciples de Jésus n'hésitons pas à mettre la main à la charrue en regardant en avant avec confiance pour suivre Jésus et le laisser devenir de plus en plus le Maître de toute notre vie. Nous témoignons ainsi que Jésus est toujours vivant et présent dans notre monde. On devient ainsi sans prétention le sel de la terre et la lumière du monde (Mathieu 5, 13-14). C’est ce que je nous souhaite à tous et à toutes.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
22 juin 2016
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 28e dimanche du temps ordinaire Année B (Marc 10, 17-27) : « Viens et suis-moi »2018-10-07T21:48:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-28e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Marc-10-17-27-Viens-et-suis-moi_a667.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8334592-13055953.jpg2015-10-06T20:00:00+02:00Hermann Giguère
J'ai été fasciné par une icône d'un couvent de Roumanie qui illustre la scène du jeune homme riche de l'Évangile de façon percutante. On voit ce dernier au milieu du groupe qui tourne le dos à Jésus et qui s'en va en conduisant un immense chameau. [Note pour les internautes : c'est cette icône qui est reproduite ici avec la permission des responsables du site internet où je l'ai trouvée] Pour aborder cette scène bien connue de l'Évangile, j'ai pensé vous décrire plus en détail l'icône dont je viens de parler en ajoutant quelques réflexions. Dans la tradition orientale, l'icône raconte toujours une histoire pour nourrir la foi et la piété des fidèles. Reprenons les principaux éléments de cette mise en scène.
I - Les personnages de l'icône du jeune homme riche
À droite dans l'icône, il y a trois personnages dont l'un est plus jeune et sans barbe alors que les deux dont la chevelure est blanche portent la barbe. Ce sont manifestement des apôtres qui suivent Jésus en route vers Jérusalem dont on voit les murs dans le fond de l'icône. Si on voulait les nommer à partir de cette présentation on les identifierait comme Pierre et son frère André qui furent les premiers à suivre Jésus tandis que le plus jeune représenterait saint Jean. Ce qui est intéressant dans la représentation c'est l'attitude de chacun qui pour nous est une invitation à nous mettre à l'écoute des paroles de Jésus. Le personnage qui est le plus proche de Jésus a les mains ouvertes et le regarde dans une attitude d'accueil manifeste. Le second qui est le plus jeune a aussi une main ouverte tandis que le troisième a la main droite levée en l'air non pour se protéger mais pour appuyer, peut-on penser, les paroles de Jésus.
Au centre de l'icône, on voit Jésus entouré de lettres en grec signifiant « Jésus Christ Sauveur » . Jésus est présenté dans une attitude d'enseignant, de maître. Il a la main droite qui semble faire un mouvement comme pour indiquer le chemin et dans la main gauche on voit un fil et une aiguille référant aux paroles de Jésus « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu ». Enfin à la gauche de l'icône, nous voyons le jeune homme riche conduisant un gros chameau et tournant le dos à Jésus et aux apôtres. C'est l'illustration parfaite du « il s'en alla tout triste » .
II- Le message de Jésus enseignant
Je pense qu'on peut se laisser toucher par une telle représentation parce qu'elle nous met devant les yeux non seulement le récit de l'Évangile, mais aussi parce qu'elle nous permet d'en dégager le message essentiel.
Suivre Jésus est une histoire de relations dans le quotidien de la vie. L'image nous montre les personnages sur la route en marche vers Jérusalem. Notre histoire personnelle est une marche dans la foi qui ne nous donne pas toutes les réponses mais qui nous conduit dans la bonne direction. Cependant comme Jésus le dit ici au jeune homme riche, il y a un choix à faire : « Viens, suis-moi » .
Ce choix n'est pas facile. Les biens matériels sont pour plusieurs un obstacle important. Jésus le souligne de façon paradoxale par l'image du riche qui devrait se faire petit au point de passer par le trou d'une aiguille. Autant dire, mission impossible. Et la suite de l'Évangile va dans le même sens. Jésus invite à quitter à cause de lui et de l'Évangile une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une patrie.
Comment entendre ce message percutant? On peut le mettre sur le plan du langage qui utilise des hyperboles, des mots forts pour asseoir le message. Peut-être est-ce le cas, ici. Mais joint à la scène du jeune homme riche qui a présenté à Jésus une vie correcte et pieuse, il nous interpelle et nous force à faire un pas de plus.
On ne peut échapper ici à la radicalité de l'Évangile. Plusieurs saints et saintes l'ont vécue à fond comme saint François d'Assise. Mais la question se pose : « est-ce la voie à suivre pour tous les chrétiens? Que deviendraient alors la famille, les enfants, l'amour conjugal, la solidarité avec ses frères et sœurs, les ressources matérielles pour l'annonce de l'Évangile etc. » Le présent synode sur la famille serait-il nul et non avenu? Toute une question qui demande une mise en perspective.
III - Application
Mon apport dans cette homélie c'est de vous inviter à demander à l'Esprit que vous avez reçu au baptême de vous indiquer votre voie personnelle, votre vocation personnelle. En effet, je pense que les paroles de Jésus ne sont pas à mettre de côté, mais elles invitent à un choix sage et clair pour le suivre. « Nous avons tout quitté pour te suivre » .
Le « tout quitté » se joue sur plusieurs plans famille, richesses, société etc. mais cela ne veut pas dire que chaque fidèle a le même appel et la même vocation. Donc son rapport aux richesses, à la famille, à la société variera selon sa vocation. Autre est la vocation d'une carmélite, d'un religieux, d'un couple, d'une famille, d'un professionnel ou d'un ouvrier etc. Le concile Vatican II nous enseigne avec raison que la vocation à la sainteté est universelle et que celle-ci peut se réaliser quelle que soit notre situation dans le monde. Il dit au chapitre V numéro 41 dans la Constitution sur l'Église promulguée en 1964 : « Tous les fidèles donc se sanctifieront davantage chaque jour dans leur condition, dans les devoirs de leur état ou les circonstances de leur vie ... à condition de tout accueillir avec foi de la main du Père céleste et de coopérer avec la volonté divine en manifestant à tous, dans l’accomplissement de leur tâche temporelle, la charité dont Dieu a aimé le monde » .
On a toujours dans l'Église, avec raison, reçu les appels de Jésus au détachement et à la radicalité comme un idéal qui ne pouvait se séparer de la vocation particulière à laquelle l'Esprit invitait les personnes dans leur cheminement de vie et dans leur situation.
Conclusion
En conclusion, retenons que le « Viens et suis-moi » adressé au jeune homme riche est aussi adressé à chacun et chacune d'entre nous. Nous sommes invités à y répondre selon notre vocation propre en écoutant ce que l'Esprit nous inspire comme je l'ai noté plus haut. Ce qui est important c'est la réponse à ce « Viens et suis-moi » . Quelle est-elle déjà dans notre vie? Que pourrait-elle être pour être encore plus totale et même plus radicale? C'est à nous d'y répondre au lieu de tourner le dos et de nous en aller tout tristes « avec notre chameau » .
Que cette Eucharistie, mette en nous cette sagesse dont parle la première lecture dont la clarté ne s'éteint pas et qui peut nous guider sûrement dans notre réponse à l'invitation de Jésus qui retentit toujours. Faisons cette prière : « Père, heureux et heureuses ceux et celles qui reçoivent de toi la Sagesse! Donne-nous de la reconnaître à l'œuvre dans nos vies et dans le monde et viens par ton Esprit Saint nous indiquer les moyens concrets de répondre aux appels de l'Évangile et marcher à la suite de ton Fils, Jésus ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Séminaire de Québec
6 octobre 2015
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Grande joie: une ordination diaconale en vue de la prêtrise pour l'Église de Québec, celle d'Alexis L'Heureux2015-09-30T03:52:00+02:00http://www.hgiguere.net/Grande-joie-une-ordination-diaconale-en-vue-de-la-pretrise-pour-l-Eglise-de-Quebec-celle-d-Alexis-L-Heureux_a664.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8307584-13005612.jpg2015-09-24T18:39:00+02:00Hermann Giguère
Je vous transcris le texte de l'invitation d'Alexis et je vous mets en illustration l'image qui l'accompagne. Alexis écrit:
« Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme, du nom de Matthieu, […]. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit. » (Mathieu 9, 9)
"Après un long cheminement et une préparation sérieuse, c’est avec une grande joie que je vous invite à être témoin de mon ordination diaconale en vue du presbytérat. Elle me sera conférée pour l’annonce de l’Évangile et le Service de l’Église, par le don de l’Esprit Saint et l’imposition des mains de Monsieur le Cardinal Gérald Lacroix, Archevêque de Québec et Primat du Canada le samedi 31 octobre 2015."
Alexis L'Heureux
Cette annonce toute simple réfère explicitement à l'Évangile et au récit de l'appel d'un apôtre qui a eu sur le pape François une influence durable comme il le notait le 18 septembre 2015 aux jeunes religieux et religieuses qu'il recevait à l'occasion de l'Année de la Vie consacré en disant :
"Et tu m’as demandé de partager ma mémoire, comment a été ce premier appel, le 21 septembre 1953 [NDLR le 21 septembre est la fête liturgique de saint Mathieu où on lit le passage de l'Évangile qu'Alexis a choisi]. Mais je ne sais pas comment cela s’est passé. Je sais que par hasard, je suis entré dans une église, j’ai vu un confessionnal et je suis sorti différent, je suis sorti d’une autre manière. Ma vie, là, a changé. Et qu’est-ce qui m’a fasciné chez Jésus et dans l’Évangile ? Je ne sais pas… sa proximité avec moi : le Seigneur ne m’a jamais laissé seul, même dans les moments durs et obscurs, même dans les moments de péchés… Parce que nous devons aussi dire cela : nous sommes pécheurs. Et nous le disons en théorie, mais pas dans la pratique ! Je me souviens des miens et j’en ai honte. Même dans ces moments, jamais le Seigneur ne m’a laissé seul. Et pas seulement moi, tous. Le Seigneur n’abandonne jamais personne.
Et j’ai entendu cet appel à devenir prêtre et religieux. Le prêtre qui m’a confessé ce jour-là, que je ne connaissais pas, était là par hasard, parce qu’il avait une leucémie, il suivait des soins, il est mort un an plus tard. Et ensuite, c’est un salésien, comme toi, qui m’a guidé, un salésien qui m’avait baptisé. Je suis allé le trouver et il m’a guidé chez les jésuites… Œcuménisme religieux ! Mais dans les moments plus durs, la mémoire de cette première rencontre m’a beaucoup aidé, parce que le Seigneur nous rencontre toujours définitivement, le Seigneur n’entre pas dans la culture du provisoire : il nous aime pour toujours, il nous accompagne pour toujours.
Et donc : proximité avec les personnes, proximité entre nous ; prophétie par notre témoignage, par notre cœur qui brûle, avec le zèle apostolique qui réchauffe le cœur des autres, même sans paroles, comme ces petites sœurs coréennes ; et mémoire, y revenir sans cesse."
Et le 21 septembre 2015, en la fête de saint Mathieu, à Holguin lors de son voyage à Cuba, le pape François invitait les fidèles à s'identifier à saint Mathieu, apôtre et évangéliste en disant : "Matthieu a lui-même raconté la rencontre qui a marqué sa vie: Un jour, 'alors qu’il était assis à sa table de percepteur, Jésus s’approcha et lui dit Suis-moi.' Il se leva et le suivit. Jésus le regarda. Quelle force d’amour a eu le regard de Jésus pour faire bouger Matthieu?... Matthieu était un publicain, c'est-à-dire qu’il percevait les impôts des Juifs pour les donner aux Romains. Les publicains étaient mal vus et même considérés comme des pécheurs, si bien qu’ils vivaient marginalisés, méprisés par les autres. On ne pouvait pas manger avec eux, ni parler, ni prier. Pour le peuple ils étaient des traîtres qui ils tiraient profit de la situation. Pourtant, Jésus s’est arrêté, il n’est pas rapidement passé au large... Il l’a regardé avec des yeux de miséricorde, comme personne ne l’avait fait auparavant. Et ce regard a ouvert son cœur, l’a rendu libre, l’a guéri, lui a donné l’espérance, une vie nouvelle... Bien que nous n’osions pas lever les yeux vers le Seigneur, lui nous regarde et chacun de nous peut dire Moi aussi je suis un pécheur sur qui Jésus a posé son regard. Je vous invite à méditer, avec gratitude et joie, sur le moment où le regard miséricordieux de Dieu s’est posé sur votre vie. L'amour du Seigneur "nous précède, son regard devance nos besoins. Il sait voir au-delà des apparences, au delà du péché, de l’échec ou de l’indignité. Il sait voir au-delà de la catégorie sociale à laquelle nous appartenons. Il voit au-delà cette dignité de fils, parfois salie par le péché" car il est précisément "venu chercher tous ceux qui se sentent indignes de Dieu. Laissons-nous regarder par Jésus..., laissons son regard nous rendre la joie et l’espérance".
Mgr Hermann Giguère P.H.
Séminaire de Québec
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Témoignage d'un nouveau séminariste du Grand Séminaire de Québec2013-11-18T05:51:00+01:00http://www.hgiguere.net/Temoignage-d-un-nouveau-seminariste-du-Grand-Seminaire-de-Quebec_a560.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/6022111-8981146.jpg2013-11-05T19:27:00+01:00Mathieu Lacerte
Il a donné ce témoignage à la revue La vie est belle Vol. 2 numéro 9, Novembre 2013 p. 50. Voici le texte de ce témoignage que nous reproduisons avec la permission de la rédaction de la revue La vie est belle de Québec.
Trifluvien depuis toujours, déjà à l'adolescence, je disais à ma mère que, plus tard, je serais un prêtre. Dur à comprendre pour des parents qui, sauf à Noël, ne fréquentent pas l'église. J'allais, tel un voleur, emprunter la Bible à reliure bleue que mon père gardait et garde encore. La vingtaine arrive, on veut rester dans le lot, puis j'entre en formation de cuisinier. Il y a deux ans, au CSSS où je travaille, je rencontre l'aumônier Claude Lacaille, qui écoute mon envie d'être prêtre et qui me dit: «Vas-y donc, au Grand Séminaire! »
Bref, je suis séminariste. Oui, oui, séminariste dans le genre de ceux qui aspirent à la prêtrise. Mes quoi? Mes oreilles stretchées ? (voir la note 1) Bien non, ça ne les dérange pas. Dire que mes espadrilles foulent le même plancher que de grands noms de l'histoire du catholicisme au Québec!
À 32 ans, être dans une démarche sacerdotale, c'est un peu fou, vous direz. Mais tellement plein de sens pour moi. Je suis de ceux qui aiment l'humain, qui aiment l'immédiat avec les gens. J'ai toujours souhaité être une aide, disponible à autrui, une présence. Ici, je découvre chaque jour une partie nouvelle du Christ. J'ai beau lire la Bible depuis mon jeune âge, mon côté «pratique» manquait de... pratique.
Je me familiarise avec les laudes, les vêpres, les complies, et je sens intérieurement que ma foi change. D'abord par la prière, qui prend tellement plus de sens, mais surtout par l'expression de mon amour pour Dieu. Je dois, en plus de mes cours ici au Grand Séminaire de Québec et de ceux à l'Université Laval, faire deux heures d'activités caritatives toutes les deux semaines pour être au cœur de ma communauté, être dans le présent, dans l'action immédiate et dans l'écoute, Nos quatre grands pôles de formation sont: formation spirituelle, humaine, intellectuelle et pastorale.
Enfin, ici, on apprend sur nous, sur Dieu et sur la vie. J'espère que vous en redemanderez, Je vous partagerai dans cette rubrique mon Séminaire.
Mathieu Lacerte ex-cuistot
séminariste pour le Diocèse de Trois-Rivières (Québec)
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1 Oreilles stretchées: technique de modification corporelle qui consiste à insérer des objets toujours plus grands dans le lobe de l'oreille dans le but d'étirer (to stretch) la peau de cette partie du corps.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Le prêtre selon un séminariste d'aujourd'hui2013-11-05T20:37:00+01:00http://www.hgiguere.net/Le-pretre-selon-un-seminariste-d-aujourd-hui_a552.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/5817494-8673382.jpg2013-09-04T04:38:00+02:00léandre zéfack
Alors que la société connaît de multiples mutations à grande vitesse, on entend souvent dire dans les médias et ailleurs que l’Église doit suivre et s’adapter à son époque, d’où de nombreuses critiques sur la gestion des affaires de l’Église, des accusations à l’encontre des prêtres, religieux et religieuses, et même le rejet de Dieu dans certains cas. Lorsque j’ai fait part à des proches de mon appel vocationnel et de ma décision de suivre le Christ dans le sacerdoce, à plusieurs reprises il m’a été demandé si je n’avais pas peur de m’engager dans une institution aussi ringarde que l’Église Catholique ? Si la baisse des vocations et la désertification des églises ne me faisaient pas peur ? Si le célibat des prêtres ne me faisait pas peur ? Si j’étais conscient que je m’en allais pour devenir un pédophile ? Si ça ne me dérangeait pas de me retrouver dans une institution bornée, sectaire, fermée sur des questions tel l’accueil des personnes homosexuelles au sein de l’Église, l’ordination des femmes, le mariage des prêtres, etc.
Voilà autant de questions qui m’ont davantage motivé dans mon discernement vocationnel et surtout conforté dans mon choix de suivre le Christ malgré tous ces questionnements et ces critiques contre l’Église. Voilà autant de questions qui ont motivé la rédaction de cet article sur ce qui me semble être le prêtre d’aujourd’hui et de demain pour l’Église et la société, ainsi que le type de prêtre que je désire être plus tard si la vocation au sacerdoce se confirme au terme des années de discernement à venir.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain, c’est d’abord un « baptisé », un chrétien qui vit pleinement sa foi, qui est enraciné dans une culture, qui vit au milieu d’un peuple. On a longtemps mis le prêtre sur un autre pied d’escale, on même souvent fait de lui un superhomme. Pourtant, c’est un homme simple, un pauvre pécheur, un baptisé qui doit vivre son chemin de conversion au quotidien comme tout chrétien. Ceci signifie que le prêtre n’est pas un homme à part ni un homme extraordinaire, c’est un baptisé. Dans nos communautés chrétiennes, il est donc urgent que nous réapprenions à nous affirmer comme baptisés, et à mettre le prêtre dans cette même « catégorie », que nous acception que c’est un homme simple qui a besoin d’être porté par toute la communauté, et cela à tous les niveaux, que c’est seulement avec sa communauté qu’il vit pleinement sa vocation de prêtre au service de l’Église et du peuple de Dieu.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain, c’est d’abord un serviteur et non un maître. Suivre le Christ dans le sacerdoce c’est devenir un autre Christ, c’est-à-dire marcher à sa suite dans un détachement des choses matérielles pour une recherche sans fin des choses d’en haut. C’est accepter de quitter un certain confort pour vivre une proximité avec les plus pauvres. Un chrétien qui n’a jamais de pauvres à sa table est-ce vraiment un chrétien ? Est-ce vraiment un autre Christ ? Un chrétien qui ne se met jamais au service des autres, qui ne recherche que son propre intérêt est-il véritablement chrétien ? Il est de même pour le prêtre, car comme évoqué précédemment, c’est d’abord un baptisé.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain c’est d’abord un homme de prière. Pour aller vers ses frères et sœurs, pour se faire serviteur, si le prêtre ne va pas d’abord à la source s’abreuver, comment pourra-t-il avoir les ressources nécessaires pour son ministère ? C’est un homme qui vit une intimité profonde avec le Christ, qui repose sa tête sur le cœur du Christ et porte au Père l’humanité tout entière. Sans la prière, le prêtre n’est rien, il est réduit à un pauvre fonctionnaire qui remplit des tâches, et l’Église devient par la même occasion une simple ONG.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme qui vit de la Parole de Dieu, qui s’y conforme. Car la révélation et tous les enseignements du Christ s’y trouvent. C’est en le voyant vivre de cette Parole que toute la communauté chrétienne pourra s’en émerveiller et marcher elle aussi à la suite du Christ.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme qui n’a pas peur de refuser d’entrer dans un moule, qui ose aller à contre-courant de tout ce qui va à l’encontre de l’enseignement du Christ : l’Amour. C’est un homme qui refuse toute hypocrisie et dénonce jusqu’au prix de sa vie tout ce qui opprime l’Homme, tout ce qui éloigne l’Homme de son créateur, tout ce qui sépare les Hommes. C’est un homme qui donne sa vie gratuitement pour emmener l’humanité tout entière à Dieu sans distinction de race, de sexe, d’orientation sexuelle, etc. Il n’est pas le juge des âmes, mais celui qui les emmène au Christ. Il n’est pas l’ami de tous ces types de riches capitalistes qui ont pour seule devise « le profit, peu importe les moyens employés », mais l’ami des pauvres, des petits, des gens sans défense, des personnes marginalisées.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme de son temps, qui vit dans le monde sans être du monde, qui vit au cœur des préoccupations politiques, économiques, sociales, etc., des hommes et des femmes de son époque. C’est un homme qui va à la rencontre des autres, qui n’attend pas dans son confort que le monde vienne à lui. Le prêtre n’aura jamais la prétention de changer le monde à sa manière, il doit accepter que les églises soient vides, il doit être un homme d’écoute qui se laisse mouvoir par les motions de l’Esprit-Saint, un homme qui permet que la volonté de Dieu se fasse et non la sienne, qui fait advenir le règne de Dieu.
Le prêtre d’aujourd’hui et de demain est un homme fidèle à l’Église du Christ et à sa doctrine comme un époux envers son épouse. S’il n’aime pas l’Église et ne la défend pas au prix de sa vie, à quoi lui sert-il d’être chrétien ? C’est donc une attitude que doit avoir tout baptisé, et non pas seulement le prêtre. Mais, ce dernier doit être un exemple. Il doit aimer l’Église avec ses faiblesses et ses forces, et emmener tous les chrétiens et chrétiennes à vivre ce même Amour pour le Corps du Christ que forme l’Église.
Le prêtre aura beau avoir de grandes qualités humaines, des charismes particuliers, etc., si le Christ, la Parole et l’Amour ne sont pas au centre de sa vie, s’ils ne constituent pas son essence, il demeurera un fonctionnaire et un carriériste. Il est alors un véritable danger pour les âmes dont il a la charge et une plaie pour l’Église du Christ. Car point n’est besoin d’être prêtre pour être au service des autres. De nombreuses personnes se donnent corps et âmes, elles consacrent leur vie pour des causes louables et diverses : humanitaires, écologiques, etc., et font un travail remarquable. Si la vocation sacerdotale vient à être réduite à cela, il ne sera donc pas surprenant que le Christ et son Église soient bafoués et tirés vers le bas.
Léandre.
3 septembre 2013
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Témoignage de Léandre Syrieix, séminariste du Grand Séminaire de Québec2023-04-02T14:07:00+02:00http://www.hgiguere.net/Temoignage-de-Leandre-Syrieix-seminariste-du-Grand-Seminaire-de-Quebec_a531.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/5414050-8076562.jpg2013-04-13T16:14:00+02:00Léandre Zéfack
Léandre a 29 ans. Il est français d'origine camerounaise. Ingénieur en Génie des Matériaux, il est venu travailler au Québec en 2011 et il a vécu un appel à devenir prêtre qui l'a amené au Grand Séminaire de Québec en septembre dernier.
J’ai commencé, en septembre 2012, ma première année de formation au Grand Séminaire de Québec dans l’enthousiasme, l’excitation, et l’envie folle de donner ma vie au Christ. J’avais cependant de nombreuses appréhensions quand à la culture québécoise, compte tenu du fait que j’arrivais de France où l’histoire et le vécu religieux sont entièrement différents d’ici, où le programme de formation des grands séminaires est propre aux réalités locales, et autres. Rendu presqu’au terme de l’année, je me rends compte que plusieurs bouleversements, des imprévus, des galères et des joies sont survenus dans ma vie.
En effet, le fait d’avoir été confronté à des confrères et à des formateurs (e) tous différents (e) dans leurs caractères m’a permis de prendre conscience de mes propres défauts. J’ai alors vu en cela l’urgence qui s’imposait à moi d’un travail personnel à effectuer au niveau humain. Dans ce sens, la formation humaine proposée a été pour moi un lieu privilégié où j’ai appris au quotidien à entrer en relation de trois manières : avec moi-même, avec les autres et avec Dieu. Cela se poursuit encore aujourd’hui, car c’est pratiquement le travail de toute une vie. Il est souvent très facile de trouver nos confrères dérangeant, mais également plus difficile d’accepter de faire face à son histoire personnelle, à soi-même et à cheminer tout en s’accueillant tel qu’on est, et en se présentant comme tel devant Dieu.. J’ai été marqué par les paroles du recteur à Petit-Cap dès notre arrivée, paroles qui ont été présentes tout au long de l’année : « Mon projet n’est pas mon projet ». Effectivement en entrant au grand séminaire, j’avais beaucoup d’idées de belles choses que je désirais accomplir pour le Christ. Immédiatement j’ai été appelé à écouter d’abord le plan de Dieu pour moi, ensuite à adhérer à un projet d’Église, par le biais de la formation, en toute liberté. J’ai ainsi pu m’épanouir à travers les divers contenus de la formation spirituelle et de la vie communautaire.
La formation intellectuelle a été très dérangeante pour moi en début d’année académique, car j’appréhendais le retour sur les bancs de l’école après quelques années d’expérience professionnelle. J’étais en révolte intérieurement avec le nombre d’année d’études requis dans le cadre de la formation.
Mais j’ai rapidement compris une fois plongée dedans l’importance capitale de sa raison d’être. Puisque la société évolue à grande vitesse, les futurs pasteurs doivent être formés en conséquence. Aujourd’hui, je ne dirai pas que je suis amoureux des études, mais je suis un étudiant joyeux et motivé, plus encore quand j’y vois un gros intérêt pour l’avenir.
La formation pastorale est un pôle que j’ai beaucoup privilégié cette année, car c’est pour moi le lieu de l’inculturation, le lieu de la découverte des réalités locales qui, au moment opportun, m’aidera à décider si je demande l’incardination dans le diocèse ou pas.
L’année a été pleine de découvertes, pleines de désillusions sur ma conception et ma vision du sacerdoce, mais aussi riche en connaissance de soi. Je suis content de ce pas, de toutes les opportunités que j’ai saisies durant cette année de discernement, et je suis convaincu que quelque soit la vocation à laquelle je suis appelé, cela aura été une expérience humaine à vivre.
Léandre Syrieix
le 13 avril 2013
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour la fête de la Sainte Trinité lors du 50e anniversaire d’ordination presbytérale de Mgr Hermann Giguère, P.H.2016-05-18T03:28:00+02:00http://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-la-Sainte-Trinite-lors-du-50e-anniversaire-d-ordination-presbyterale-de-Mgr-Hermann-Giguere-P-H_a479.htmlhttp://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/4342393-6545699.jpg2012-06-03T03:29:00+02:00Hermann Giguère
Pouvez-vous, ceux et celles qui le veulent, faire avec moi le geste du signe de la croix en disant les paroles qui l’accompagnent : « Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. » Voilà le nom des trois personnes de la Sainte Trinité.
I – Un Dieu en trois personnes
En effet, pour les chrétiens qui partagent avec les musulmans et les juifs la croyance en un Dieu unique, le Dieu auquel ils croient est un Dieu en trois personnes qui est comme une famille, pourrait-on dire.
Pourquoi? Parce que leur Dieu se préoccupe des autres. Il n’est pas une Dieu lointain, renfermé dans « son palais de silence ». C’est un Dieu qui donne la vie, qui s’incarne parmi nous en son Fils et qui nous envoie l’Esprit Saint pour nous suivre et nous inspirer qui que nous soyons et pour tous les temps.
Voilà! C’est un résumé rapide de ce que je crois avec mes frères et sœurs chrétiens sur la Sainte Trinité que les catholiques fêtent de façon particulière aujourd’hui dans le monde entier
II – Ma vocation de prêtre
Mais ce qui est le plus intéressant, ce n’est pas uniquement ce que je crois à propos de la Sainte Trinité, mais c’est ce que j’en fais.
En effet, être croyant est une décision personnelle que j’ai prise tout jeune et qui a inspiré mon choix de vie depuis 50 ans. Est-ce à dire que ce choix a été facile? Non, ce ne fut pas toujours facile. Il y eut plusieurs questionnements, mais ce qui m’a soutenu et stimulé était en dehors de moi. Ce furent les gens de toutes sortes, riches et pauvres, instruits et peu instruits, urbains et campagnards etc. pour qui je me suis toujours considéré en service de diverses façons.
Car la vocation de prêtre, c’est bien cela : être un serviteur de ceux et celles qui viennent vers lui, être un signe que Jésus n’est pas mort sur la croix pour rien, donner à chacun et à chacune une raison de vivre et d’espérer, Ce que l’évangile de saint Jean exprime par cette belle phrase mise dans la bouche de Jésus : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jean 10, 10).
« Pour qu’ils aient la vie ». C’est cette phrase que j’avais prise comme devise lors du choix de ma vocation en finissant mon cours classique.
II – La beauté de la foi
Je suis très heureux de partager cette célébration des 50 ans de mon ordination à la prêtrise avec ma famille et quelques amis très chers. Ainsi pour moi, les racines humaines sont toujours présentes et ce que j’ai été et ce que veux continuer à être ne me sépare pas des défis, des questionnements, des enjeux, des peines, des joies de mes frères et sœurs humains.
Pour moi c’est la beauté, de la foi chrétienne que de nous révéler que le Dieu de Jésus-Christ est proche de l’humanité, qu’il ne vient pas nous promettre un avenir séparé de notre vie actuelle. Lorsque je pense à la vie éternelle à laquelle je crois, je pense à ma vie de maintenant qui est le commencement de cette vie qui ne finira pas. C’est bien sûr mystérieux, mais c’est un choix d’y croire ou non.
Vous voyez que je me laisse emporter un peu par la beauté de ce que je crois, mais, que voulez-vous, on ne dure pas 50 ans dans une voie et un chemin difficile parfois, si on y est pas heureux et comblé de quelque façon. Cela a été mon cas. Vous en avez été partie prenante bien souvent sans le savoir et encore aujourd’hui où l’âge s’avance, sans pour autant détruire mon enthousiasme et ma joie.
Mgr Hermann Giguère, ptre p.h.
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 3 juin 2012
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net