UNE SURPRISE PASTORALE
Hermann Giguère

Fondé en lan 2000, dans lélan des JMJ de Paris pour les mineurs qui navaient pas lâge de participer à ces rencontres internationales , le Pèlé-jeunes de Strasbourg sest développé dune manière étonnante. « Le bouche-à-oreille, les jeunes entre eux », explique modestement Marie-Marguerite Ancel, mère de famille, responsable de ces journées de prière, de partage et de fête. Ancienne du Frat, le pèlerinage des lycéens dÎle-de-France, elle a mis son expérience au service du diocèse de Strasbourg à la suite dun déménagement familial.
« Nous avons formé un réseau de correspondants dans toutes les zones du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, nous appuyant beaucoup sur les jeunes prêtres qui avaient vécu le pèlerinage comme séminaristes », détaille le P. Franck Guichard, ordonné depuis un an, qui participe à cette rencontre de Lourdes depuis sa première année de séminaire.
Un de ces prêtres, Fabien Oppé, est décédé des suites dun cancer à 40 ans, à Noël 2005, après avoir été la « locomotive » de lévénement au plan diocésain, posant partout des passerelles pour dynamiser la pastorale des jeunes Alsaciens.
«Il est toujours avec nous, il veille spirituellement sur ce pèlerinage dont le succès a quelque chose de surnaturel», confie Jauffrey Walter, diacre, qui a décidé dentrer au séminaire à la suite du pèlerinage de 2001, après un temps de prière à la grotte.
Un phénomène étonnant
Fabien Lejeusne, prêtre assomptionniste, considère pour sa part que si le pèlerinage a pris une telle ampleur, cest parce que « ce projet nattend pas les structures, elles suivent comme elles peuvent ». Il sagit en effet dun phénomène étonnant, qui inverse totalement léquilibre ancien des pèlerinages diocésains. « Avec à peine 150 adultes dAlsace inscrits, nous nous trouvons vraiment entraînés par ces jeunes de 13-17 ans, et cela dépasse tous les plans pastoraux de nos mouvements chrétiens parfois bien essoufflés », constate Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg qui accompagne le rassemblement.
Il est tatoué dun « M » sur son bras, une marque faite à tous avec un tampon encreur lors de louverture du pèlerinage « Je suis personnellement témoin de conversions ici, notamment celle de Mathieu, il y a trois ans, qui ma demandé depuis de laider à grandir dans la foi », dit avec émotion Mgr Kratz.
Samedi 25 août, de nombreux jeunes se sont confessés, souvent dans les larmes, après avoir vécu un très original « chemin des saints », le matin, dans la basilique souterraine. En petits groupes de « carrefours », les jeunes ont médité devant les immenses portraits de saints installés dans cette basilique.
"Penser aux autres avant de penser à soi"
« Jai été touché par ce que le P. Vincent Fleury nous a dit de Thérèse de Lisieux, elle nous ressemble tellement ! », lance Morgan, 18 ans, baptisée après le pèlerinage de 2003. CAP de coiffeuse en poche, elle va coiffer bénévolement les personnes âgées en maison de retraite et résume en peu de mots lessentiel du secret des saints : « penser aux autres avant de penser à soi ».
« Ces jeunes découvrent à Lourdes à la fois une relation nouvelle et personnelle avec le Christ et une vie dÉglise. Notre mission est ensuite de les accueillir dans les paroisses et les mouvements. Le pèlerinage est un tremplin, il faut des relais sur le terrain », insiste le P. Marc Schmitt, bras droit de Marie-Marguerite Ancel, tandis que le départ de Lourdes est donné dans la nuit de lundi à mardi en direction de Taizé, pour « une journée sur la colline, à la suite de Frère Roger ».
François VAYNE, à Lourdes
tiré d'un article publié dans le journal LA CROIX du 28 août 2007
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