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Homélie pour le 32e dimanche du temps ordinaire Année A : « L'Époux s'en vient »

Homélies dominicales pour les temps liturgiques. Homélie pour le 32e dimanche du temps ordinaire Année A 12 novembre 2023 du temps ordinaire Année A par Mgr Hermann Giguère P.H. Textes : Sagesse 6, 12-16 , 1 Thessaloniciens 4, 13-18 et Mathieu 25, 1-13.



Les jeunes filles prévoyantes et des jeunes filles insouciantes (qu’autrefois on nommait les vierges sages et les vierges folles). Icone byzantine moderne (Crédits photo : iconreader.wordpress.com )

L’histoire des jeunes filles prévoyantes et des jeunes filles insouciantes (qu’autrefois on nommait les vierges sages et les vierges folles) est bien étrange pour des oreilles du 21e siècle. Les jeunes filles d’aujourd’hui ne s’y retrouvent nullement.

C’est donc un récit marqué par les usages du temps de Jésus. Si nous nous donnons la peine d’y entrer cependant, il en ressort un très beau message concernant la venue de Jésus aujourd’hui dans nos vies et à la fin des temps.

I – La parabole des jeunes filles

La parabole fait référence aux rites des noces en Palestine au temps de Jésus. Deux cortèges de jeunes filles sont mis en scène. Leurs déplacements s’expliquent par le fait que l’époux quittait sa résidence pour venir rencontrer celle qu’il épousait. Celle-ci l’attendait. Ses amies, ses dames d’honneur, formaient un cortège pour aller chercher le futur époux et l’accompagner aux noces.

C’est au cours de ces déplacements que nous voyons deux genres de jeunes filles : le prévoyantes (les sages) et les insouciantes (les folles).

Les premières ont rempli leur lampe d’huile et en ont apporté en réserve. Les secondes sont parties sans se poser de question. Et ce qui devait arriver arriva, l’époux tarde on ne sait trop pourquoi. Les jeunes filles s’endorment et c’est en entendant le cri « Voici l’Époux » qu’elles se réveillent et rallument leurs lampes. Les prévoyantes ont ce qu’il faut tandis que pour le insouciantes l’huile fait défaut. Elles manqueront la fête et resteront en dehors car la porte leur sera fermée.

II – Les images et les symboles

Les images de cette parabole sont faciles à comprendre pour nous.

L’époux représente, bien sûr, Jésus lui-même qui veut s’unir à chaque disciple dans une relation personnelle d’amour et de fidélité où toute la vie de la personne est engagée.

L’huile qui remplit les lampes est l’Évangile lui-même, la Parole de Dieu, qui permet d’être éclairé, de se tenir dans l’attente, d’accompagner l’Époux et de vivre avec lui les noces éternelles, les Noces de l’Agneau (Apocalypse 19, 7).

Les jeunes filles représentent les disciples de Jésus. Elles nous interrogent sur le genre de disciples que nous voulons être.

Arrêtons-nous un moment sur leurs comportements.

Les jeunes filles insouciantes ne sont pas de mauvaises personnes. Elles vont à la recherche de l’Époux qui est Jésus-lui-même comme nous l'avons dit. Elles écoutent la Parole de Dieu mais celle-ci ne s’enracine pas comme Jésus le dira dans la parabole du semeur (Matthieu 13, 1-23). Leurs actes ne correspondent pas à cette Parole. L’Évangile se résume à des mots. Il ne remplit pas leur vie comme l’huile remplit la lampe. Elles crient « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous », mais encore là ce sont des mots. Et on peut penser que Jésus leur dira comme il l'a fait pour les pharisiens « ce n’est pas en me disant : ‘ Seigneur! Seigneur !’ qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mathieu 7, 21).

« Faire la volonté du Père des cieux... » Voilà le chemin qu’ont choisi les jeunes filles prévoyantes (les vierges sages). Elles sont prêtes à suivre l’Époux et à aller jusqu’au bout. Elles remplissent leur lampe de cette huile qu'est l’Évangile lui-même. Cela signifie qu’elles savent reconnaître les appels et les passages de l’Époux. Voilà notre modèle de disciples. C’est un chemin qui n'est pas toujours facile, car l’Évangile vient déranger nos sécurités, brûler nos égoïsmes, élargir nos étroitesses et ouvrir nos cœurs.

III- Application

Dans cette parabole Jésus reconnaIt ceux et celles qui savent le reconnaître. Notre relation avec Dieu c'est un échange, une alliance, une vie où les mots doivent se manifester dans des actes et des œuvres.

Aujourd’hui dans notre monde, il y a beaucoup de manifestations de l’Époux qui est Jésus lui-même. Est-ce que nous savons être vigilants? Là est toute la question. Notre rencontre du Seigneur ne nous sépare pas du monde. Au contraire, la Parole de Dieu reçue et aimée s’incarne dans toute la vie. La vigilance qui nous est demandée est de porter attention à la présence de Jésus parmi nous maintenant et lors de son retour à la fin des temps dont la seconde lecture fait état et que nous espérons.

La vigilance se traduit dans la prière et dans des actes concrets : service, partage, compassion, accueil etc. Elle s'appuie sur l’espérance qui nous inscrit dans la durée. Cette belle vertu de l’espérance est une des trois vertus théologales. Elle nous fait transcender les temps en nous gardant les yeux fixés vers l’invisible que nous attendons pour être « pour toujours avec le Seigneur » comme le dit saint Paul dans la seconde lecture.

Le Catéchisme de l’Église catholique l’exprime bien lorsqu’il présente la vertu d’espérance. Je cite : « L’espérance est la vertu théologale par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la Vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit. » (Catéchisme de l’Église catholique n. 1817)

Vous voyez que cette histoire des jeunes filles prévoyantes et des jeunes filles insouciantes, malgré son caractère suranné, porte un message qui, lui, ne l’est pas du tout. Cette invitation à la vigilance concerne non seulement les individus disciples de Jésus, mais toutes les communautés chrétiennes. C’est important d’être conscient que tous ensemble nous formons le Peuple de Dieu et que je ne suis disciple prévoyant ou prévoyante dont la lampe est remplie de l'Évangile, de la Parole de Dieu, que si je le suis en communion avec mes frères et sœurs.

Conclusion

Que notre communion au Corps et au Sang du Christ raffermisse en nous l’espérance joyeuse de son Retour. Qu'elle nous garde vigilants et unis dans une espérance tenace avec tous nos frères et sœurs. Ainsi nous découvrirons cette Sagesse dont parle la première lecture qui nous apparaîtra avec un visage souriant, et qui viendra à notre rencontre (Sagesse 6, 16). C'est ce que je nous souhaite à toutes et à tous!

Amen!


Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec


7 novembre 2023


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