Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttps://www.hgiguere.net/2024-03-28T18:50:21+01:00Webzine Maker46.814776-71.2https://www.hgiguere.net/favicon.icohttps://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour la Fête-Dieu, la fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ Année C : « Donnez-leur vous-mêmes à manger »2022-06-12T23:18:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-Fete-Dieu-la-fete-du-Saint-Sacrement-du-Corps-et-du-Sang-du-Christ-Annee-C-Donnez-leur-vous-memes-a_a1069.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/63484658-45758183.jpg2022-06-14T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Le récit de la multiplication des pains que nous venons de lire permet de revisiter et de revoir notre dévotion à l’Eucharistie, dans l’adoration eucharistique et surtout dans la célébration de l’Eucharistie dominicale ou quotidienne.
En effet la Fête-Dieu que la liturgie nomme la Solennité du Très Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ est une fête qui nous fait entrer au cœur du mystère de Jésus qui se donne à nous et au cœur de notre union mystérieuse avec Lui dans les sacrements, notamment dans le sacrement de l’Eucharistie que nous célébrons de façon particulière aujourd’hui.
I – Une nourriture qui est au-delà du pain matériel
Revenons au récit de l’évangile. Que nous dit-il? Il surprend, bien entendu, surtout si on se demande comment cela a-t-il pu se réaliser avec si peu de ressources? Si nous en restons à cette question nous perdons un peu notre temps. Car nous devons déclarer forfait : on n’en sait rien. Par ailleurs, si nous reprenons le récit en détail, on découvre que les apôtres sont représentés comme les agents nécessaires du geste que Jésus va faire pour nourrir toute la foule : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » « Faites-les asseoir par groupes de cinquante » « Il les donna à ses disciples pour qu’il les distribuent à tout le monde » « L’on ramassa les morceaux qui restaient, cela remplit douze paniers ».
La participation des apôtres au geste de Jésus en fait des instruments pour continuer de répandre une nourriture qu’ils n’ont pas créée, qui les dépasse et qui s’adresse à tous ceux et celles qui en veulent. L'homme ne se nourrit pas seulement de pain.
Jésus offre par sa Parole et par sa vie cette nourriture qui n'est pas seulement matérielle, elle est une nourriture spirituelle, elle réconforte, elle soutient, elle est communion avec Lui et avec la communauté, elle ne se tarit jamais. Jésus se présente ici comme porteur et donneur de vie, tel est le message de cet épisode de la multiplication des pains.
II – Un devoir de transmission
C’est dans le sillage de ce message que Jésus le soir du Jeudi Saint en consacrant le Pain et le Vin lui donnera tout son sens. « En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson» (Jean 6, 55) avait-il dit dans le discours sur le Pain de vie après un autre geste de multiplication des pains. Et à la Cène, avant de mourir, il se donne tout entier en disant « Ceci est mon Corps » sur le pain et « Ceci est mon Sang » sur la coupe de vin.
Les premières communauté chrétiennes ont, très tôt (aux environs de 65 après Jésus-Christ) comme on le voit dans la lettre de saint Paul aux Corinthiens, fait mémoire de ces gestes et les ont transmis aux générations subséquentes. La Cène du Seigneur que raconte saint Paul c’est la même que notre Eucharistie dominicale. Les paroles et les gestes qui nous y faisons témoignent de la présence de Jésus ici et maintenant en nous rappelant sa mort et sa résurrection « jusqu’à ce qu’il vienne ».
Vous voyez qu’il y a une continuité entre la multiplication des pains et l’Eucharistie que nous célébrons. Ici rassemblés, nous offrons, comme les chrétiens de Corinthe autour de saint Paul, le Pain et le Vin pour rendre grâces à Dieu et faire mémoire de son Fils Jésus dont le Corps et le Sang sont pour nous la nourriture qui nous donne la vie, « la vie en abondance » (Jean 10, 10).
III – La dévotion au Très Saint-Sacrement
C’est en entrant à fond dans la dynamique de l’Eucharistie que les chrétiens à partir du Moyen Âge ont vénéré de façon particulière l’Hostie qui est le Corps du Christ et le Vin consacré qui est son Sang.
Fasciné par la grandeur de ce mystère et aussi par son incroyable défi à la raison, on a insisté alors sur le caractère surnaturel et extraordinaire de ce mystère en vénérant de façon particulière la présence du Christ dans toutes les hosties et même dans chaque parcelle de celles-ci : « La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l'une et l'autre espèce » écrit saint Thomas d’Aquin dans l’hymne Lauda Sion Salvatorem qui sert de séquence, y trouvant là le signe d’une proximité avec chaque personne baptisée dans une intimité à nulle autre pareille.
Ainsi s’est développé l’usage de moments d’adoration en présence de l’Hostie consacrée puis, plus tard, on a institué une fête où celle-ci était portée en procession d’une église à une autre sous les acclamations et les chants de la foule. Ce furent les processions du Très Saint-Sacrement que j’ai connues dans ma jeunesse alors qu’on faisait un « reposoir » très décoré près de chez nous pour accueillir la procession qui y faisait un arrêt avant de retourner à l’église.
Les congrès eucharistiques internationaux, comme celui tenu à Québec en 2008, entretiennent ces manifestations de foi au niveau international.
Même si les processions du Très Saint-Sacrement sont de plus en plus rares, la pratique de l’adoration eucharistique connaît une popularité constante dans des chapelles qui lui sont consacrées en plusieurs villes.
Depuis Vatican II, le sens de celle-ci s’est enrichi d’un lien continuel avec la célébration de l’Eucharistie. Il ne s’agit plus seulement d’un colloque intime avec Jésus mais aussi d’une communion à son action dans l’Église et dans le monde. Ainsi les adorateurs et adoratrices s’offrent en union avec l’Église toute entière et avec Jésus qui continue de le faire partout et à toute heure dans les célébrations eucharistiques aux quatre coins de la planète.
Conclusion
Vous voyez la Fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ est une fête proche de notre vie de tous les jours. Elle arrive un fois par année, mais elle se vit tous les jours car le Christ dans l’Eucharistie continue de se donner pour le monde et nous entraîne à faire de même.
Il nous donne son Corps et son Sang pour que nous devenions à notre tour capables de donner notre corps et notre sang comme Lui afin que le monde où nous vivons voit les signes de l’amour et de la miséricorde de Dieu qui continuent de se répandre sur tous et toutes sans regarder leurs péchés, leurs fautes ou leurs erreurs.
Que cette fête aujourd’hui soit pour nous une occasion de devenir une offrande agréable à Dieu en union avec Jésus hier, aujourd’hui et demain.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
14 juin 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
Melkisédek offre le pain et le vin (Gn 14, 18-20)
Lecture du livre de la Genèse
En ces jours-là,
Melkisédek, roi de Salem,
fit apporter du pain et du vin :
il était prêtre du Dieu très-haut.
Il bénit Abram en disant :
« Béni soit Abram par le Dieu très-haut,
qui a fait le ciel et la terre ;
et béni soit le Dieu très-haut,
qui a livré tes ennemis entre tes mains. »
Et Abram lui donna le dixième de tout ce qu’il avait pris.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 109 (110), 1, 2, 3, 4)
R/ Tu es prêtre à jamais,
selon l’ordre de Melkisédek. (cf. Ps 109, 4)
Oracle du Seigneur à mon seigneur :
« Siège à ma droite,
et je ferai de tes ennemis
le marchepied de ton trône. »
De Sion, le Seigneur te présente
le sceptre de ta force :
« Domine jusqu’au cœur de l’ennemi. »
Le jour où paraît ta puissance,
tu es prince, éblouissant de sainteté :
« Comme la rosée qui naît de l’aurore,
je t’ai engendré. »
Le Seigneur l’a juré
dans un serment irrévocable :
« Tu es prêtre à jamais
selon l’ordre du roi Melkisédek. »
DEUXIÈME LECTURE
« Chaque fois que vous mangez ce pain et buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur » (1 Co 11, 23-26)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères
j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur,
et je vous l’ai transmis :
la nuit où il était livré,
le Seigneur Jésus prit du pain,
puis, ayant rendu grâce,
il le rompit, et dit :
« Ceci est mon corps, qui est pour vous.
Faites cela en mémoire de moi. »
Après le repas, il fit de même avec la coupe,
en disant :
« Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang.
Chaque fois que vous en boirez,
faites cela en mémoire de moi. »
Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain
et que vous buvez cette coupe,
vous proclamez la mort du Seigneur,
jusqu’à ce qu’il vienne.
– Parole du Seigneur.
SÉQUENCE
()
Cette séquence (ad libitum) peut être dite intégralement ou sous une forme abrégée à partir de : « Le voici, le pain des anges ».
Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.
Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
tu ne peux trop le louer.
Le Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.
Au repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.
Louons-le à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !
C’est en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet divin
la première institution.
À ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.
L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
et la lumière, la nuit.
Ce que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.
Instruits par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut.
C’est un dogme pour les chrétiens
que le pain se change en son corps,
que le vin devient son sang.
Ce qu’on ne peut comprendre et voir,
notre foi ose l’affirmer,
hors des lois de la nature.
L’une et l’autre de ces espèces,
qui ne sont que de purs signes,
voilent un réel divin.
Sa chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier demeure
sous chacune des espèces.
On le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.
Qu’un seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux autres,
il nourrit sans disparaître.
Bons et mauvais le consomment,
mais pour un sort bien différent,
pour la vie ou pour la mort.
Mort des pécheurs, vie pour les justes ;
vois : ils prennent pareillement ;
quel résultat différent !
Si l’on divise les espèces,
n’hésite pas, mais souviens-toi
qu’il est présent dans un fragment
aussi bien que dans le tout.
Le signe seul est partagé,
le Christ n’est en rien divisé,
ni sa taille ni son état
n’ont en rien diminué.
* Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on ne peut jeter aux chiens.
D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal immolé,
par la manne de nos pères.
Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.
Toi qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton héritage,
en compagnie de tes saints.
Amen.
ÉVANGILE
« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés » (Lc 9, 11b-17)
Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel, dit le Seigneur ;
si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.
Alléluia. (Jn 6, 51)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus parlait aux foules du règne de Dieu,
et guérissait ceux qui en avaient besoin.
Le jour commençait à baisser.
Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent :
« Renvoie cette foule :
qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs
afin d’y loger et de trouver des vivres ;
ici nous sommes dans un endroit désert. »
Mais il leur dit :
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Ils répondirent :
« Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons.
À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture
pour tout ce peuple. »
Il y avait environ cinq mille hommes.
Jésus dit à ses disciples :
« Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. »
Ils exécutèrent cette demande
et firent asseoir tout le monde.
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons,
et, levant les yeux au ciel,
il prononça la bénédiction sur eux,
les rompit
et les donna à ses disciples
pour qu’ils les distribuent à la foule.
Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ;
puis on ramassa les morceaux qui leur restaient :
cela faisait douze paniers.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour la Fête-Dieu, le Très Saint Sacrement du Corps du Christ Année B « Ceci est mon Corps...Ceci est mon Sang »2021-06-17T02:44:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-Fete-Dieu-le-Tres-Saint-Sacrement-du-Corps-du-Christ-Annee-B-Ceci-est-mon-Corps-Ceci-est-mon-Sang_a1011.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/55346659-41453817.jpg2021-06-01T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Avez-vous déjà pensé à ce que vous aimeriez laisser à quelqu’un pour que la personne se rappelle de vous quand vous ne serez plus là?
De l’argent ? Une maison ? Peut-être. Des moments où vous lui avez donné de l’amour, de la tendresse? Autre chose?
En tout cas, c’est en se posant cette question qu’on peut comprendre un peu le sens de la fête du Corps et du Sang du Christ que nous célébrons aujourd’hui et qu’on appelle communément la Fête-Dieu.
I – Le dernier repas de Jésus
En effet, regardez l’évangile de ce matin. Avant de mourir Jésus rassemble ses disciples autour d’une table pour un repas. Et il leur dit « Faites-ceci en mémoire de moi ». Ce qu’il veut ainsi c’est que l’on se souvienne de lui autour d’une table où l’on mange bien sûr, mais, vous le savez bien, où l’on parle aussi, où l’on échange, où l’on crée des liens de tendresse d’amour et de partage.
Mais pour le repas de Jésus, dans le « Faites ceci en mémoire de moi » il y a plus qu’un souvenir. Jésus nous dit que lorsque l’on se réunit ensemble dans ce repas que nous appelons l'Eucharistie, son Corps et son Sang sont réellement présents : « Ceci est mon Corps » et « Ceci est mon Sang ». C'est plus qu'un souvenir, c'est luis qui est présent avec nous.
Et alors , Jésus est vraiment là présent dans sa mission de Sauveur, dans son amour pour nous, avec toute sa personne, Corps donné et Sang versé. Il accomplit ainsi ce qui, dans la première lecture, était annoncé par Moïse qui purifiait le peuple par le sang des taureaux.(Exode 24, 8) Jésus est lui-même le Sang de l’Alliance Nouvelle conclue entre Dieu et toute l’humanité et non plus seulement entre Dieu et le peuple d’Israël, il sauve toute l'humanité.
Voyez-vous, c’est quelque chose de spécial qu’aucune religion n’a et que les chrétiens ont. Leur chef, leur fondateur, est toujours vivant et à chaque Eucharistie, il redevient présent parmi nous. Il continue d’accomplir sa mission de salut pour le monde. Il n’est pas seulement un souvenir, il est aussi une présence réelle.
II- Conséquences
Cette conviction est au cœur de notre foi. Elle s’exprime dans le sacrement de l’Eucharistie où le Corps et le Sang du Christ sont reçus et vénérés. Ainsi, à chaque messe nous communions au Corps du Christ.
On a aussi pris l’habitude, après la messe, de conserver dans le tabernacle les hosties qui n’ont pas servies, pour adorer, prier devant la présence réelle du Christ dans le prolongement de la célébration eucharistique. Ce qui a donné naissance à l’adoration eucharistique. On a ainsi dans plusieurs églises des « chapelles d’adoration eucharistique » ouvertes en tout temps et, dans certains lieux publics, le Très-Saint-Sacrement est exposé toute la journée à la vénération des fidèles ou pendant une certaine période comme à la Chapelle Notre-Dame de Lourdes à Montréal où chaque jour, après la messe du midi, le Très Saint Sacrement demeure exposé sur l’autel jusqu’à 16h45, ce qui, malheureusement, ne peut plus se faire en temps de pandémie.
La solennité d’aujourd’hui qui a pris le nom de Fête-Dieu a été marquée dans le passé par la procession avec le Très Saint Sacrement dans les rues des villages et des villes qui exprimait ainsi publiquement cette foi dans la présence réelle de Jésus au Très Saint Sacrement. Les personnes plus âgées parmi nous peuvent se rappeler les cantiques qu’on chantait alors comme le traditionnel « Loué soit à tout moment, Jésus au Saint Sacrement ».
Au Québec, ces processions, sauf à Montréal, ont disparues alors qu’elles sont encore présentes dans de nombreux pays. Je me rappelle avec émotion avoir suivie, il y a déjà plusieurs années, celle de Rome allant de la basilique de Saint Jean-de-Latran vers la basilique de Sainte Marie Majeure conduite par saint Jean-Paul II.
Conclusion
Je souhaite qu’aujourd’hui, en cette fête du Corps et du Sang du Christ, notre foi en l’Eucharistie se manifeste et se raffermisse et que, comme Jésus, nous devenions un pain de vie pour les autres en étant à leur écoute et en les soutenant de notre mieux lorsque l’occasion se présente.
Ainsi, se perpétuera le dernier repas de Jésus qui ne prendra jamais fin ici-bas, mais qui se conclura dans le banquet éternel de la gloire du ciel.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
1 juin 2021
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Quelques notes sur la Fête-Dieu tirées de Wikipedia
L’origine de la Fête-Dieu est due à un miracle qui a eu lieu au XIIIe siècle à Bolsena en 1263. Ce miracle est relaté par les fresques de la Cathédrale d’Orvieto. On raconte qu'n prêtre de Bohême, Pierre de Prague, avait fait un pèlerinage et avait de grands doutes spirituels notamment sur la présence du Christ dans l’Eucharistie. Lors d’une messe célébrée par le prêtre, lors de la consécration, l’hostie aurait pris une couleur rosée et des gouttes de sang seraient tombées sur le corporal et sur le pavement. Le prêtre interrompit la messe pour porter à la sacristie les saintes espèces. Le Pape Urbain IV vint alors constater ce qui était survenu. Le pape, ancien confesseur de sainte Julienne de Cornillon institua alors à sa demande la fête du Corpus Domini par la bulle "Transiturus de hoc mundo" le 8 septembre 1264. Il la fixa au jeudi après l’octave de la Pentecôte et confia la rédaction des textes liturgiques à saint Thomas d’Aquin. La Fête-Dieu ne fut reçue dans toutes les églises latines qu'au temps de Clément V, à l'époque du Concile de Vienne (1311 - 1312) où on renouvela la constitution d'Urbain IV.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Voici le sang de l’Alliance que le Seigneur a conclue avec vous » (Ex 24, 3-8)
Lecture du livre de l’Exode
En ces jours-là,
Moïse vint rapporter au peuple
toutes les paroles du Seigneur et toutes ses ordonnances.
Tout le peuple répondit d’une seule voix :
« Toutes ces paroles que le Seigneur a dites,
nous les mettrons en pratique. »
Moïse écrivit toutes les paroles du Seigneur.
Il se leva de bon matin et il bâtit un autel au pied de la montagne,
et il dressa douze pierres pour les douze tribus d’Israël.
Puis il chargea quelques jeunes garçons parmi les fils d’Israël
d’offrir des holocaustes,
et d’immoler au Seigneur des taureaux en sacrifice de paix.
Moïse prit la moitié du sang et le mit dans des coupes ;
puis il aspergea l’autel avec le reste du sang.
Il prit le livre de l’Alliance et en fit la lecture au peuple.
Celui-ci répondit :
« Tout ce que le Seigneur a dit,
nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. »
Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit :
« Voici le sang de l’Alliance
que, sur la base de toutes ces paroles,
le Seigneur a conclue avec vous. »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18)
R/ J’élèverai la coupe du salut,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
ou : Alléluia ! (115, 13)
Comment rendrai-je au Seigneur
tout le bien qu’il m’a fait ?
J’élèverai la coupe du salut,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?
Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple.
DEUXIÈME LECTURE
« Le sang du Christ purifiera notre conscience » (He 9, 11-15)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères,
le Christ est venu, grand prêtre des biens à venir.
Par la tente plus grande et plus parfaite,
celle qui n’est pas œuvre de mains humaines
et n’appartient pas à cette création,
il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire,
en répandant, non pas le sang de boucs et de jeunes taureaux,
mais son propre sang.
De cette manière, il a obtenu une libération définitive.
S’il est vrai qu’une simple aspersion
avec le sang de boucs et de taureaux, et de la cendre de génisse,
sanctifie ceux qui sont souillés,
leur rendant la pureté de la chair,
le sang du Christ fait bien davantage,
car le Christ, poussé par l’Esprit éternel,
s’est offert lui-même à Dieu
comme une victime sans défaut ;
son sang purifiera donc notre conscience
des actes qui mènent à la mort,
pour que nous puissions rendre un culte au Dieu vivant.
Voilà pourquoi il est le médiateur d’une alliance nouvelle,
d’un testament nouveau :
puisque sa mort a permis le rachat des transgressions
commises sous le premier Testament,
ceux qui sont appelés
peuvent recevoir l’héritage éternel jadis promis.
– Parole du Seigneur.
SÉQUENCE
« Lauda Sion » (ad libitum) ()
Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.
Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
tu ne peux trop le louer.
Le Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.
Au repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.
Louons-le
à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !
C’est en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet divin
la première institution.
À ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.
L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
et la lumière, la nuit.
Ce que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.
Instruits par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut.
C’est un dogme pour les chrétiens
que le pain se change en son corps,
que le vin devient son sang.
Ce qu’on ne peut comprendre et voir,
notre foi ose l’affirmer,
hors des lois de la nature.
L’une et l’autre de ces espèces,
qui ne sont que de purs signes,
voilent un réel divin.
Sa chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier demeure
sous chacune des espèces.
On le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.
Qu’un seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux autres,
il nourrit sans disparaître.
Bons et mauvais le consomment,
mais pour un sort bien différent,
pour la vie ou pour la mort.
Mort des pécheurs, vie pour les justes ;
vois : ils prennent pareillement ;
quel résultat différent !
Si l’on divise les espèces,
n’hésite pas, mais souviens-toi
qu’il est présent dans un fragment
aussi bien que dans le tout.
Le signe seul est partagé,
le Christ n’est en rien divisé,
ni sa taille ni son état
n’ont en rien diminué.
* Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on ne peut jeter aux chiens.
D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal immolé,
par la manne de nos pères.
Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.
Toi qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton héritage,
en compagnie de tes saints.
Amen.
ÉVANGILE
« Ceci est mon corps, ceci est mon sang » (Mc 14, 12-16.22-26)
Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel,
dit le Seigneur ;
si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.
Alléluia. (Jn 6, 51)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Le premier jour de la fête des pains sans levain,
où l’on immolait l’agneau pascal,
les disciples de Jésus lui disent :
« Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs
pour que tu manges la Pâque ? »
Il envoie deux de ses disciples en leur disant :
« Allez à la ville ;
un homme portant une cruche d’eau
viendra à votre rencontre.
Suivez-le,
et là où il entrera, dites au propriétaire :
“Le Maître te fait dire :
Où est la salle
où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?”
Il vous indiquera, à l’étage,
une grande pièce aménagée et prête pour un repas.
Faites-y pour nous les préparatifs. »
Les disciples partirent, allèrent à la ville ;
ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit,
et ils préparèrent la Pâque.
Pendant le repas,
Jésus, ayant pris du pain
et prononcé la bénédiction,
le rompit, le leur donna,
et dit :
« Prenez, ceci est mon corps. »
Puis, ayant pris une coupe
et ayant rendu grâce,
il la leur donna,
et ils en burent tous.
Et il leur dit :
« Ceci est mon sang,
le sang de l’Alliance,
versé pour la multitude.
Amen, je vous le dis :
je ne boirai plus du fruit de la vigne,
jusqu’au jour où je le boirai, nouveau,
dans le royaume de Dieu. »
Après avoir chanté les psaumes,
ils partirent pour le mont des Oliviers.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour la Fête-Dieu, la fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ Année A « La multitude que nous sommes est un seuI corps » 2020-06-09T18:54:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-Fete-Dieu-la-fete-du-Saint-Sacrement-du-Corps-et-du-Sang-du-Christ-Annee-A-La-multitude-que-nous-sommes_a955.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/45085466-36568076.jpg2020-06-09T18:00:00+02:00Hermann Giguère
La fête du Corpus Christi, la Fête-Dieu, est une fête qui remonte au XIIIe siècle (voir à la fin). Elle s’est développée pour mettre en valeur la dévotion à la Sainte Eucharistie. Elle s’est employée à célébrer la présence toute spéciale de Jésus à travers les signes que sont le pain et le vin qui deviennent à chaque messe le Corps et le Sang du Christ. Présence incroyable, présence mystérieuse, accessible dans la foi au Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ.
À partir des textes de l’Écriture qui nous ont été lus, essayons dans un court moment de nous laisser habiter par ce mystère de la présence eucharistique.
I – Une nourriture spéciale
Le texte de la première lecture nous donne une clé intéressante pour comprendre ce mystère. Celui-ci est à situer dans le prolongement de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Cette Alliance ne se résume pas à des mots. Elle est une façon de vivre, elle est une vie nouvelle. C’est pourquoi, Dieu ne se contente pas d’écouter et de protéger son peuple, il le nourrit. Il lui donne ce qui le fait vivre et cette nourriture est spéciale, elle n’est pas comme les autres nourritures, elle remplit non seulement le corps, mais elle remplit le cœur. Elle n’est semblable à aucune autre. Moïse l’appelle la « manne » « cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue, pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. »
Voilà le don de Dieu à son peuple, celui d’une nourriture spirituelle qui vient apaiser nos faims de toutes sortes : faim d’amour, faim d’être reconnu et apprécié, faim d’absolu. La nourriture du ciel dont parle Moïse permet au peuple d’aller plus loin, de continuer son chemin à travers les embûches et les défis du désert vers la terre promise.
II – La Chair et le Sang du Christ
Le texte de l’évangile que nous venons de lire nous fait faire un pas de plus. C’est Jésus lui-même qui le propose à ses disciples après le miracle de la multiplication des pains. Voici en résumé ce qu’il propose.
Vous avez bien mangé, dit-il, mais attendez un peu avant de partir, je veux vous dire quelque chose d’important. Comme Moïse l’a fait comprendre au peuple, le Dieu de l’Alliance est généreux et il s’occupe de donner à son peuple la nourriture dont il a besoin pour vivre spirituellement et avancer dans la connaissance et l’amour de Dieu. Mais ce n’est pas tout, cette nourriture n’est plus la « manne », mais elle est désormais mon Corps et mon Sang.
C’est un peu fort se disent certains de ceux qui entendent ces paroles. Et en vérité, c’est un mystère profond que ce mystère de la nouvelle Alliance qui est célébré dans le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, cette nouvelle Alliance inaugurée par Jésus où Dieu se fait tellement proche de nous qu’il prend un corps humain et qu’il verse son sang sur la croix pour le salut de tous. Oui, Jésus peut dire avec raison« Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ». Dieu à travers Jésus descend dans nos vies. Jésus se fait nourriture spirituelle dans le pain et le vin que nous partageons. « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure ne lui ».
Quelle beauté que cette union si intime entre Jésus et moi. Les mots sont forts « mange ma chair » et « boit mon sang ». Il ne s'agit pas de cannibalisme. Ces mots ne sont pas à prendre au pied de la lettre quoiqu'ils signifient une présence réelle. Ils expriment, en effet, la profondeur et la nouveauté de cette union avec Dieu que Jésus rend possible, qui accomplit les promesses de l’Ancienne Alliance.
Écoutons le grand théologien saint Thomas D'Aquin qui le dit tellement bien dans dans le poème appelé séquence Lauda Sion Salvatorem que nous venons de lire après le chant de méditation : "Ce dogme est donné aux chrétiens : le pain se change en chair, et le vin en sang. Ce que tu ne comprends ni ne vois, une ferme foi te l'assure, hors de l'ordre naturel. Sous diverses espèces, signes seulement et non réalités, des réalités sublimes se cachent. La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l'une et l'autre espèce."
III– Une vie de communion
La vie de Dieu en nous développée par la nourriture spirituelle qu’est le Christ lui-même dans son Corps et dans son Sang ne se limite pas à l’individu qui est rejoint. Bien sûr, c’est l’individu qui s’avance pour recevoir le Corps du Christ à chaque messe, mais il y a quelque chose de plus dans cette démarche que nous faisons lorsque nous nous avançons pour communier.
Saint Paul dans la deuxième lecture nous ouvre les yeux sur les retombées communautaires de l’Eucharistie que nous partageons en groupe chaque dimanche : « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ».
Voilà! À chaque messe, à chaque célébration eucharistique, je me joins à une communauté de croyantes et de croyants qui forment le Corps mystique du Christ. Je ne suis pas isolé dans la vie et dans mon chemin vers Dieu. Je fais partie d’une multitude de gens qui se reconnaissent frères et sœurs, disciples d’un même Maître et serviteurs de leurs frères et sœurs.
Conclusion
Pour terminer ces quelques réflexions, disons qu’on comprend mieux que la Fête-Dieu ait parcouru tant de chemin depuis le temps où elle est apparue. Nous n’avons plus ici, sauf en de rares occasions, les processions que nous avons connues autrefois, mais le message reste toujours là : le Corps et le Sang du Christ présent dans l’Eucharistie nous sont données « pour que le monde ait la vie ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Séminaire de Québec
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
L’origine de la Fête-Dieu est due à un miracle qui a eu lieu au XIIIe siècle à Bolsena en 1263. Une hostie aurait suinté du sang. Ce miracle est relaté par les fresques de la Cathédrale d’Orvieto en Italie. Le Pape Urbain IV vint alors constater ce qui était survenu. Le pape, ancien confesseur de sainte Julienne de Cornillon institua alors à sa demande la fête du Corpus Domini par la bulle "Transiturus de hoc mundo" le 8 septembre 1264. Il la fixa au jeudi après l’octave de la Pentecôte et confia la rédaction des textes liturgiques à saint Thomas d’Aquin. La Fête-Dieu ne fut reçue dans toutes les églises latines qu'au temps de Clément V, à l'époque du Concile de Vienne (1311 - 1312) où il renouvela la constitution d'Urbain IV.
L’épisode de la multiplication des pains – il y en a deux dans les évangiles – a été retenu et conservé par les premiers chrétiens comme une image du mystère de l’Eucharistie. Le choix de l’évangile est donc en relation directe avec la Fête-Dieu qui se nomme officiellement la fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Il y aurait tant à dire sur sujet. Je me contenterai ce matin d’un commentaire qui fait ressortir quatre verbes qu’on retrouve non seulement dans le récit de la multiplication des pains, mais aussi dans les autres lectures ainsi que dans nos célébrations eucharistiques : « apporter», « bénir », « rompre », et « distribuer ».
I – Apporter et bénir
Le premier verbe « apporter » est l’indication d’une démarche à faire. Regardez la scène dans l’évangile. Jésus provoque ses disciples en leur disant : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Ceux-ci sont dépourvus. Ils lui apportent cinq pains et deux poissons en disant « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. ». C’est à partir de cet apport modeste que la puissance de Dieu va se manifester. Melkisédek fit ainsi, lit-on dans la première lecture : « Melkisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était prêtre du Dieu très-haut ».
C'est une figure de ce que Dieu attend de nous. En effet, dans la célébration de l’Eucharistie à chaque dimanche nous sommes invités à apporter non seulement le pain et le vin, mais nos intentions, nos peurs, nos besoins, tout ce qui fait notre vie. Cet apport modeste comme celui des disciples est d’ailleurs bien symbolisé par la goutte d’eau que le prêtre verse dans le calice à la présentation des dons.
Le deuxième verbe est « bénir ». Dans la suite du récit de la multiplication des pains, on lit « Jésus dit à ses disciples : "Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ". Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux ». Saint Paul dans le deuxième lecture rappelle aux fidèles de la ville de Corinthe que Jésus a fait de même le soir du Jeudi-Saint « Le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce... »
Bénir c’est rendre grâces à Dieu, lui exprimer une confiance absolue et s’en remettre à sa puissance bienveillante. Pour Jésus ce moment est crucial, car il lui permet de mettre en œuvre sa relation particulière avec son Père. Jésus le prie de la manifester de façon visible en multipliant ce modeste apport des disciples. Cette multiplication de ce qui est apporté est le signe de la prévenance de Dieu pour ses enfants qu'Il nourrit abondamment.
La suite de cette démarche échappe à nos limites humaines, ce qu’indiquent les deux autres verbes « rompre » et « distribuer ».
II – Rompre et distribuer
Dans le récit de la multiplication des pains qui est comme une image de l’Eucharistie, avons-nous dit, Jésus fait un geste très signifiant celui de rompre ce qui est devant lui et il demande à ses disciples de distribuer ce qui est rompu.
« Rompre » ici est un geste physique, mais ce n'est pas seulement cela. C'est un geste qui exprime symboliquement la Passion où Jésus verra son corps et son sang rompus, séparés et donnés. À travers ces souffrances Jésus donne sa vie pour le salut de la multitude. Écrasé aux yeux humains, Jésus sera relevé par son Père qui le ressuscite pour en faire le Seigneur de nos vies et le Roi de gloire. Cet évènement de la Passion qu'indique le verbe « rompre » n’est pas fermé sur lui-même. Il nous mène dans l’intimité de Dieu dans laquelle Jésus est entré pour toujours entraînant avec lui ses frères et ses sœurs. Avec lui, nous devenons cohéritiers du royaume de Dieu que Jésus a annoncé et qui est parmi nous. Le corps rompu et le sang versé sont représentés par le pain et le vin.
Tel est le mystère que saint Thomas d’Aquin chante dans ce bel hymne que le pape lui avait demandé d’écrire et que nous avons lu avant la lecture de l’évangile. En voici un extrait que je vous relit : « C’est un dogme pour les chrétiens que le pain se change en son corps, que le vin devient son sang. Ce qu’on ne peut comprendre et voir, notre foi ose l’affirmer, hors des lois de la nature. »
Revenons à la multiplication des pains. Toute la démarche racontée par saint Luc : les cinq pains et les trois poissons apportés, Jésus qui prie et rompt ce qui est devant lui, toute cette démarche, dis-je, ne sert à rien si le pain et les poissons ne sont pas distribués. Jésus « les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule ». Ceux-ci le font sans parcimonie, mais avec générosité. Il y en a pour tout le monde. Et les gens sont rassasiés. « Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ». Ce qui est une indication des plus intéressantes pour ce qui se passe dans chaque Eucharistie où le Pain et le Vin consacrés sont distribués.
La grâce de Dieu n’est jamais épuisée. Elle dépasse toujours nos attentes et nous pouvons compter sur une abondance qui n’a pas de limites. Que nous soyons quelques personnes ou que nous soyons des milliers, la même nourriture est là en abondance. « Qu’un seul ou mille communient, dit saint Thomas d'Aquin, il se donne à l’un comme aux autres, il nourrit sans disparaître».
III – La Fête-Dieu
Ces quelques mots sur le sacrement de l'Eucharistie en montre la beauté et la grandeur. On comprend facilement que les chrétiens au cours des âges ont développé une grande dévotion au Sacrement de l’Eucharistie qu’on appelle aussi le Très Saint-Sacrement le mettant ainsi au-dessus de tous les autres et en faisant comme le pilier des sept sacrements.
C’est ce que la dévotion populaire veut exprimer dans la procession de la Fête-Dieu qui est associée à la fête du Très Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Au Québec, elle connut de belles heures. Elle a lieu encore en quelques endroits. Dans d’autres parties du monde c’est un témoignage de foi qui perdure avec éclat comme à Rome où, guidée par le pape, elle va de la basilique Saint- Jean-de-Latran à la basilique Sainte-Marie-Majeure.
En effet, l’essentiel de la dévotion à l’Eucharistie c’est la foi en la présence de Jésus dans le Sacrement de l’Eucharistie. C'est la reconnaissance que dans les gestes qui sont posés dans nos assemblées qui célèbrent l'Eucharistie, comme dans les assemblées du temps de saint Paul, le Christ ressuscité est présent et bien vivant.
Nous le proclamons publiquement lorsque nous vénérons, exposée dans l’ostensoir ou conservée dans le tabernacle, l’hostie consacrée au cours d'un rassemblement eucharistique. Ainsi la procession de la Fête-Dieu et l’adoration eucharistique ne nous éloignent pas de la Cène du Jeudi-Saint que rappelle saint Paul, mais elles nous gardent dans son sillage et nous font entrer dans le partage des sentiments qui furent ceux de Jésus dans son don total au Père.
Conclusion
Que notre Fête-Dieu - aujourd'hui sans procession au Lac Poulin - soit une fête remplie d’amour et de chaleur par la foi que nous mettons dans la présence de Jésus parmi nous de façon spéciale dans son Corps et dans son Sang.
C'est le cas à chaque semaine lors de nos célébrations dominicales, mais aujourd’hui c’est une occasion particulière de vivre cette foi et de la proclamer ensemble en lisant, si vous le voulez bien, les deux dernières strophes du poème de saint Thomas d'Aquin :
« Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.
Toi qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton héritage,
en compagnie de tes saints. »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
18 juin 2019
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Lectures de la messe du Saint-Sacrement
Première lecture
Melkisédek offre le pain et le vin (Gn 14, 18-20)
Lecture du livre de la Genèse
En ces jours-là,
Melkisédek, roi de Salem,
fit apporter du pain et du vin :
il était prêtre du Dieu très-haut.
Il bénit Abram en disant :
« Béni soit Abram par le Dieu très-haut,
qui a fait le ciel et la terre ;
et béni soit le Dieu très-haut,
qui a livré tes ennemis entre tes mains. »
Et Abram lui donna le dixième de tout ce qu’il avait pris.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 109 (110), 1, 2, 3, 4)
R/ Tu es prêtre à jamais,
selon l’ordre de Melkisédek. (cf. Ps 109, 4)
Oracle du Seigneur à mon seigneur :
« Siège à ma droite,
et je ferai de tes ennemis
le marchepied de ton trône. »
De Sion, le Seigneur te présente
le sceptre de ta force :
« Domine jusqu’au cœur de l’ennemi. »
Le jour où paraît ta puissance,
tu es prince, éblouissant de sainteté :
« Comme la rosée qui naît de l’aurore,
je t’ai engendré. »
Le Seigneur l’a juré
dans un serment irrévocable :
« Tu es prêtre à jamais
selon l’ordre du roi Melkisédek. »
Deuxième lecture
« Chaque fois que vous mangez ce pain et buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur » (1 Co 11, 23-26)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères
j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur,
et je vous l’ai transmis :
la nuit où il était livré,
le Seigneur Jésus prit du pain,
puis, ayant rendu grâce,
il le rompit, et dit :
« Ceci est mon corps, qui est pour vous.
Faites cela en mémoire de moi. »
Après le repas, il fit de même avec la coupe,
en disant :
« Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang.
Chaque fois que vous en boirez,
faites cela en mémoire de moi. »
Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain
et que vous buvez cette coupe,
vous proclamez la mort du Seigneur,
jusqu’à ce qu’il vienne.
– Parole du Seigneur.
Séquence
()
Cette séquence (ad libitum) peut être dite intégralement ou sous une forme abrégée à partir de : « Le voici, le pain des anges ».
Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.
Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
tu ne peux trop le louer.
Le Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.
Au repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.
Louons-le à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !
C’est en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet divin
la première institution.
À ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.
L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
et la lumière, la nuit.
Ce que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.
Instruits par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut.
C’est un dogme pour les chrétiens
que le pain se change en son corps,
que le vin devient son sang.
Ce qu’on ne peut comprendre et voir,
notre foi ose l’affirmer,
hors des lois de la nature.
L’une et l’autre de ces espèces,
qui ne sont que de purs signes,
voilent un réel divin.
Sa chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier demeure
sous chacune des espèces.
On le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.
Qu’un seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux autres,
il nourrit sans disparaître.
Bons et mauvais le consomment,
mais pour un sort bien différent,
pour la vie ou pour la mort.
Mort des pécheurs, vie pour les justes ;
vois : ils prennent pareillement ;
quel résultat différent !
Si l’on divise les espèces,
n’hésite pas, mais souviens-toi
qu’il est présent dans un fragment
aussi bien que dans le tout.
Le signe seul est partagé,
le Christ n’est en rien divisé,
ni sa taille ni son état
n’ont en rien diminué.
* Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on ne peut jeter aux chiens.
D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal immolé,
par la manne de nos pères.
Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.
Toi qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton héritage,
en compagnie de tes saints.
Amen.
Évangile
« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés » (Lc 9, 11b-17)
Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel, dit le Seigneur ;
si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.
Alléluia. (Jn 6, 51)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus parlait aux foules du règne de Dieu,
et guérissait ceux qui en avaient besoin.
Le jour commençait à baisser.
Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent :
« Renvoie cette foule :
qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs
afin d’y loger et de trouver des vivres ;
ici nous sommes dans un endroit désert. »
Mais il leur dit :
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Ils répondirent :
« Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons.
À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture
pour tout ce peuple. »
Il y avait environ cinq mille hommes.
Jésus dit à ses disciples :
« Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. »
Ils exécutèrent cette demande
et firent asseoir tout le monde.
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons,
et, levant les yeux au ciel,
il prononça la bénédiction sur eux,
les rompit
et les donna à ses disciples
pour qu’ils les distribuent à la foule.
Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ;
puis on ramassa les morceaux qui leur restaient :
cela faisait douze paniers.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour la Fête-Dieu, la fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ : "La multitude que nous sommes est un seuI corps" (I Corinthiens 10, 17)2020-04-21T03:42:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-Fete-Dieu-la-fete-du-Saint-Sacrement-du-Corps-et-du-Sang-du-Christ-La-multitude-que-nous-sommes-est-un_a599.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/6738191-10299040.jpg2014-06-19T02:40:00+02:00Hermann Giguère
La fête du Corpus Christi, la Fête-Dieu, est une fête qui remonte au XIIIe siècle (voir à la fin). Elle s’est développée pour mettre en valeur la dévotion à la Sainte Eucharistie. Elle s’est employée à célébrer la présence toute spéciale de Jésus à travers les signes que sont le pain et le vin qui deviennent à chaque messe le Corps et le Sang du Christ. Présence incroyable, présence mystérieuse, accessible dans la foi au Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ.
À partir des textes de l’Écriture qui nous ont été lus, essayons dans un court moment de nous laisser habiter par ce mystère de la présence eucharistique.
I – Une nourriture spéciale
Le texte de la première lecture nous donne une clé intéressante pour comprendre ce mystère. Celui-ci est à situer dans le prolongement de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Cette Alliance ne se résume pas à des mots. Elle est une façon de vivre, elle est une vie nouvelle. C’est pourquoi, Dieu ne se contente pas d’écouter et de protéger son peuple, il le nourrit. Il lui donne ce qui le fait vivre et cette nourriture est spéciale, elle n’est pas comme les autres nourritures, elle remplit non seulement le corps, mais elle remplit le cœur. Elle n’est semblable à aucune autre. Moïse l’appelle la « manne » « cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue, pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. »
Voilà le don de Dieu à son peuple, celui d’une nourriture spirituelle qui vient apaiser nos faims de toutes sortes : faim d’amour, faim d’être reconnu et apprécié, faim d’absolu. La nourriture du ciel dont parle Moïse permet au peuple d’aller plus loin, de continuer son chemin à travers les embûches et les défis du désert vers la terre promise.
II – La Chair et le Sang du Christ
Le texte de l’évangile que nous venons de lire nous fait faire un pas de plus. C’est Jésus lui-même qui le propose à ses disciples après le miracle de la multiplication des pains. Voici en résumé ce qu’il propose.
Vous avez bien mangé, dit-il, mais attendez un peu avant de partir, je veux vous dire quelque chose d’important. Comme Moïse l’a fait comprendre au peuple, le Dieu de l’Alliance est généreux et il s’occupe de donner à son peuple la nourriture dont il a besoin pour vivre spirituellement et avancer dans la connaissance et l’amour de Dieu. Mais ce n’est pas tout, cette nourriture n’est plus la « manne » mais elle est désormais mon Corps et mon Sang.
C’est un peu fort se disent certains de ceux qui entendent ces paroles. Et en vérité, c’est un mystère profond que celui de la nouvelle Alliance inaugurée par Jésus où Dieu se fait tellement proche de nous qu’il prend un corps humain et qu’il verse son sang sur la croix pour le salut de tous.
C’’est ce mystère de la nouvelle Alliance qui est célébré dans le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ». Dieu à travers Jésus descend dans nos vies. Il se fait proche de chacun et de chacune comme un Père pour ses enfants. Jésus, lui, se fait nourriture spirituelle dans le pain et le vin que nous partageons. « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure ne lui ».
Quelle beauté que cette union si intime entre Jésus et moi. Les mots sont forts « mange ma chair » et « boit mon sang ». Il ne s'agit pas de cannibalisme. Ces mots ne sont pas à prendre au pied de la lettre quoiqu'ils signifient une présence réelle. Ils expriment, en effet, la profondeur et la nouveauté de cette union avec Dieu que Jésus rend possible, qui accomplit les promesses de l’Ancienne Alliance.
"Ce dogme est donné aux chrétiens : le pain se change en chair, et le vin en sang, écrit saint Thomas d'Aquin dans la séquence Lauda Sion Salvatorem. Ce que tu ne comprends ni ne vois, une ferme foi te l'assure, hors de l'ordre naturel. Sous diverses espèces, signes seulement et non réalités, des réalités sublimes se cachent. La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l'une et l'autre espèce."
III– Une vie de communion
La vie de Dieu en nous développée par la nourriture spirituelle qu’est le Christ lui-même dans son Corps et dans son Sang ne se limite pas à l’individu qui est rejoint. Bien sûr c’est l’individu qui s’avance pour recevoir le Corps du Christ à chaque messe, mais il y a quelque chose de plus dans cette démarche que nous faisons lorsque nous nous avançons pour communier.
Saint Paul dans la deuxième lecture nous ouvre les yeux sur les retombées communautaires de l’Eucharistie que nous partageons en groupe chaque dimanche : « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ».
Voilà! À chaque messe, à chaque célébration eucharistique, je me joins à une communauté de croyants et de croyantes qui forment le Corps mystique du Christ. Je ne suis pas isolé dans la vie et dans mon chemin vers Dieu. Je fais partie d’une multitude de gens qui se reconnaissent frères et sœurs, disciples d’un même Maître et serviteurs de leurs frères et sœurs.
Conclusion
Pour terminer ces quelques réflexions, disons qu’on comprend mieux que la Fête-Dieu ait parcouru tant de chemin depuis le temps où elle est apparue. Nous n’avons plus ici, sauf en de rares occasions, les processions que nous avons connues autrefois, mais le message reste toujours là : le Corps et le Sang du Christ présent dans l’Eucharistie nous sont données « pour que le monde ait la vie ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Séminaire de Québec
21 juin 2014
L’origine de la Fête-Dieu est due à un miracle qui a eu lieu au XIIIe siècle à Bolsena en 1263. Ce miracle est relaté par les fresques de la Cathédrale d’Orvieto Cathédrale d'Orvieto. Un prêtre de Bohême, Pierre de Prague, avait fait un pèlerinage et avait de grands doutes spirituels notamment sur la présence du Christ dans l’Eucharistie. Lors d’une messe célébrée par le prêtre, lors de la consécration, l’hostie prit une couleur rosée et des gouttes de sang tombèrent sur le corporal et sur le pavement2. Le prêtre interrompit la messe pour porter à la sacristie les saintes espèces. Le Pape Urbain IV vint alors constater ce qui était survenu. Le pape, ancien confesseur de sainte Julienne de Cornillon institua alors à sa demande la fête du Corpus Domini par la bulle "Transiturus de hoc mundo" le 8 septembre 1264. Il la fixa au jeudi après l’octave de la Pentecôte et confia la rédaction des textes liturgiques à saint Thomas d’Aquin. La Fête-Dieu ne fut reçue dans toutes les églises latines qu'au temps de Clément V, à l'époque du Concile de Vienne (1311 - 1312) où il renouvela la constitution d'Urbain IV.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net