Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttps://www.hgiguere.net/2024-03-28T18:56:49+01:00Webzine Maker46.814776-71.2https://www.hgiguere.net/favicon.icohttps://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour la fête de la Sainte Famille Année B « La famille de Dieu inclut toutes les familles »2023-12-26T19:06:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-la-Sainte-Famille-Annee-B-La-famille-de-Dieu-inclut-toutes-les-familles_a1153.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/75838296-53431731.jpg2023-12-26T18:00:00+01:00Hermann Giguère
La fête de la Sainte Famille intégrée au calendrier liturgique en 1921 n'est rattachée à la semaine de Noël que depuis 1969. Nous la célébrons toujours dans la lumière de la Nativité. Nous découvrons ainsi que le signe donné par Dieu aux Bergers dans la nuit, le Fils, lumière du monde, vient réaliser toute la promesse faite à Abraham en s’immergeant dans la condition humaine générale, mais aussi en se liant de façon spéciale à une cellule familiale formée de Lui-même et de Marie et Joseph.
I - Le sens de la fête de la Sainte Famille
Avez-vous remarqué que dans les prières et les invocations nous nommons rarement la Sainte Famille? Nous ne disons pas Très Sainte Famille, priez pour nous, mais bien Jésus, Marie, Joseph priez pour nous, aidez-nous. « J.M.J. A.N. » (pour Jésus, Marie, Joseph aidez-nous) écrivaient autrefois les élèves soigneux au début de leur copie de travaux avec à la fin le « A.M.D.G. » ignatien (pour Ad Majorem Dei Gloriam - Pour la plus grande gloire de Dieu).
« Jésus, Marie, Joseph aidez-nous » n’est-ce pas un indice éclairant pour comprendre la dévotion à la Sainte Famille? En effet, celle-ci nous centre sur des personnes et sur les relations qu’elles entretiennent entre elles. La famille n’est pas une réalité abstraite, mais une réalité vivante. C’est pourquoi elle peut revêtir plusieurs configurations selon les cultures ou selon les époques, mais toujours elle souligne et met en avant la solidarité de personnes qui se lient ensemble pour croître, grandir, se soutenir, s’entraider, s’aimer et se perpétuer dans le temps et l’espace.
Voilà le « mystère » que nous célébrons aujourd’hui.
Ce qui est important ici, c’est de bien voir que la Sainte Famille n’est pas seulement la représentation d’une famille idéale, mais bien plutôt un idéal de relations jamais atteint. Un idéal de relations où tout est possible.
II -La foi qui rend tout possible
Cette famille, la Sainte Famille, où toutes les avenues demeurent ouvertes, où l’imprévu de la grâce et de l’action de Dieu trouve un terrain d’ancrage particulier : « Qu’il me soit fait selon ta parole », cette famille, dis-je, nous est présentée par les textes de la célébration d’aujourd’hui sous le signe de la foi au Dieu de l’impossible.
Comme Abraham, Jésus a connu des moments d’hésitations, Marie s’est demandée comment cela se ferait et Joseph a songé à couper les liens avec Marie en apprenant sa grossesse.
Et pourtant, que s’est-il passé? Tous ont plongé dans une foi dépassant leurs certitudes personnelles pour se fier à la Parole d’un Dieu qui s’est fait l’Emmanuel, le Dieu-parmi-nous. Tous ont vécu un abandon total à la volonté de Dieu.
Voilà un message qui aujourd’hui peut nous inspirer.
Dans les conditions qui sont les nôtres au Québec, les avenues d’avenir paraissent bloquées à certains moments, l’élan de la communauté ecclésiale manque de vigueur, le renouvellement du noyau de croyants et croyantes se fait parcimonieusement, et pourtant la force et la puissance de la Parole de Dieu, du Dieu-parmi-nous, ne font pas défaut. Nous sommes renvoyés comme la Sainte Famille, Jésus, Marie et Joseph à une foi qui croit à l’impossible, à une confiance qui ne s’appuie pas sur nos certitudes personnelles, mais sur Celui qui ne nous fait jamais défaut, Celui qui nous accompagne hier, aujourd’hui et demain.
Conclusion
Comment alors ne pas célébrer avec coeur cette fête de la Sainte Famille ? Célébrons dans la foi la présence de Celui qui continue de se faire l’un de nous et qui nous donne de vivre plus près les uns des autres dans un abandon confiant à Dieu.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
26 décembre 2023
LECTURES DE LA MESSE pour la fête de la Sainte Famille
PREMIÈRE LECTURE
« Ton héritier sera quelqu’un de ton sang » (Gn 15, 1-6 ; 21, 1-3)
Lecture du livre de la Genèse
En ces jours-là,
la parole du Seigneur fut adressée à Abram dans une vision :
« Ne crains pas, Abram !
Je suis un bouclier pour toi.
Ta récompense sera très grande. »
Abram répondit :
« Mon Seigneur Dieu, que pourrais-tu donc me donner ?
Je m’en vais sans enfant,
et l’héritier de ma maison, c’est Élièzer de Damas. »
Abram dit encore :
« Tu ne m’as pas donné de descendance,
et c’est un de mes serviteurs qui sera mon héritier. »
Alors cette parole du Seigneur fut adressée à Abram :
« Ce n’est pas lui qui sera ton héritier,
mais quelqu’un de ton sang. »
Puis il le fit sortir et lui dit :
« Regarde le ciel,
et compte les étoiles, si tu le peux... »
Et il déclara :
« Telle sera ta descendance ! »
Abram eut foi dans le Seigneur
et le Seigneur estima qu’il était juste.
Le Seigneur visita Sara
comme il l’avait annoncé ;
il agit pour elle comme il l’avait dit.
Elle devint enceinte,
et elle enfanta un fils pour Abraham dans sa vieillesse,
à la date que Dieu avait fixée.
Et Abraham donna un nom
au fils que Sara lui avait enfanté :
il l’appela Isaac.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(104 (105), 1-2, 3-4, 5-6, 8-9)
R/ Le Seigneur, c’est lui notre Dieu ;
il s’est toujours souvenu de son alliance.
(104, 7a.8a)
Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom,
annoncez parmi les peuples ses hauts faits ;
chantez et jouez pour lui,
redites sans fin ses merveilles.
Glorifiez-vous de son nom très saint :
joie pour les cœurs qui cherchent Dieu !
Cherchez le Seigneur et sa puissance,
recherchez sans trêve sa face.
Souvenez-vous des merveilles qu’il a faites,
de ses prodiges, des jugements qu’il prononça,
vous, la race d’Abraham son serviteur,
les fils de Jacob, qu’il a choisis.
Il s’est toujours souvenu de son alliance,
parole édictée pour mille générations :
promesse faite à Abraham,
garantie par serment à Isaac.
DEUXIÈME LECTURE
La foi d’Abraham, de Sara et d’Isaac (He 11, 8.11-12.17-19)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères,
grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu :
il partit vers un pays
qu’il devait recevoir en héritage,
et il partit sans savoir où il allait.
Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge,
fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance
parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses.
C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort,
a pu naître une descendance aussi nombreuse
que les étoiles du ciel
et que le sable au bord de la mer,
une multitude innombrable.
Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve,
Abraham offrit Isaac en sacrifice.
Et il offrait le fils unique,
alors qu’il avait reçu les promesses
et entendu cette parole :
C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom.
Il pensait en effet
que Dieu est capable même de ressusciter les morts ;
c’est pourquoi son fils lui fut rendu :
il y a là une préfiguration.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse » (Lc 2, 22-40)
Alléluia. Alléluia.
À bien des reprises, Dieu, dans le passé,
a parlé à nos pères par les prophètes ;
à la fin, en ces jours où nous sommes,
il nous a parlé par son Fils.
Alléluia. (cf. He 1, 1-2)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse
pour la purification,
les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem
pour le présenter au Seigneur,
selon ce qui est écrit dans la Loi :
Tout premier-né de sexe masculin
sera consacré au Seigneur.
Ils venaient aussi offrir
le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur :
un couple de tourterelles
ou deux petites colombes.
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon.
C’était un homme juste et religieux,
qui attendait la Consolation d’Israël,
et l’Esprit Saint était sur lui.
Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce
qu’il ne verrait pas la mort
avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.
Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus
pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,
Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain,
tu peux laisser ton serviteur s’en aller
en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations
et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant
s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit,
puis il dit à Marie sa mère :
« Voici que cet enfant
provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël.
Il sera un signe de contradiction
– et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – :
ainsi seront dévoilées les pensées
qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète,
Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser.
Elle était très avancée en âge ;
après sept ans de mariage,
demeurée veuve,
elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.
Elle ne s’éloignait pas du Temple,
servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même,
elle proclamait les louanges de Dieu
et parlait de l’enfant
à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur,
ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait,
rempli de sagesse,
et la grâce de Dieu était sur lui.
– Acclamons la Parole de Dieu.
ou lecture brève
ÉVANGILE
« L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse » (Lc 2, 22.39-40)
Alléluia. Alléluia.
À bien des reprises, Dieu, dans le passé,
a parlé à nos pères par les prophètes ;
à la fin, en ces jours où nous sommes,
il nous a parlé par son Fils.
Alléluia. (cf. He 1, 1-2)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse
pour la purification,
les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem
pour le présenter au Seigneur.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur,
ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait,
rempli de sagesse,
et la grâce de Dieu était sur lui.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 26e dimanche du temps ordinaire Année A : « Se convertir non en paroles, mais en actes »2023-09-26T21:37:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-26e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Se-convertir-non-en-paroles-mais-en-actes_a1139.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/74927093-52310330.jpg2023-09-26T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Les textes des lectures d’aujourd’hui et de l’évangile nous placent au cœur du Royaume de Dieu parmi nous. Ce Royaume n’est plus seulement annoncé par Jésus. Il est là. Il nous revient de le recevoir. Jésus dans l’évangile présente deux façons de le recevoir qu’il applique par la suite à ses interlocuteurs.
I – Deux réponses
Comme souvent, Jésus, ici encore, donne son enseignement en racontant une histoire, une parabole. Celle d’aujourd’hui est très courte et très simple. Elle met en scène deux fils qui répondent de façon différente à leur père qui leur demande d’aller travailler à sa vigne.
Le premier fils se montre récalcitrant devant la demande de son père. Il répond tout de suite qu’il refuse. Mais il n’est pas satisfait de sa réponse. On imagine qu’il mijote les raisons de la demande et qu’il se pose des questions sur sa réponse trop rapide. On pourrait dire qu’il se met en état de discernement face à cet appel qu’il n’attendait peut-être pas. Finalement il change sa réponse pour un oui en allant travailler à la vigne de son père.
Le second est plutôt sympathique au premier abord. Il a l’air généreux et répond sans hésitation à son père qu’il ira faire le travail demandé. Mais une fois cette promesse faite il ne se présente pas sur le terrain. A-t-il oublié ? S’est-il lancé dans d’autres travaux ? L’histoire ne le dit pas. Quoiqu’il en soit, il reste qu’il fait faux bond à son père. Il n’est pas fiable. Il se contente de sauver la face. Il est une manière de « yes man » dans l’argot québécois ou de « béni oui-oui » dans l’argot français. Il s’évertue à plaire aux autorités pour faire belle figure. Il n’y a aucune profondeur dans ses choix. C’est seulement la façade, l’extérieur qui compte.
Le second fils reste dans le monde des apparences. Il ne pense qu’à sauver sa face. Le premier fils est plus mûr. Il hésite. De prime abord, il n’est pas intéressé, mais à la réflexion il passe de la parole de refus à des gestes qui restaurent le lien avec son père et répondent à sa demande.
II – Message de la parabole
Jésus commente ce récit en demandant à ses auditeurs « Lequel des deux a fait la volonté du père? - Le premier, disent-ils ». Et Jésus, en partant de cette réponse qui loue l’attitude du premier fils qui s’est rebuté d’abord mais qui a changé de comportement en faisant la volonté de son père comme celui-ci le désirait, explique à ses auditeurs que le second fils représente les pharisiens qui, comme ce fils, se contentent de sauver la face, qui se complaisent dans les gestes extérieurs sans y mettre leur cœur, qui manquent de cohérence entre ce qu’ils disent et ce qu’ils font.
C’est ce qui le fera les traiter par Jésus de « sépulcres blanchis » (Mathieu 23, 27). Ils ont entendu la prédication des prophètes annonçant la venue du Royaume de Dieu. Ils écoutent celle de Jésus qui leur proclame que le Royaume de Dieu est déjà là, mais ils font la sourde oreille et se réfugient dans leurs pratiques extérieures.
Leur cœur reste fermé, tandis que c’est le contraire chez ceux et celles que Jésus appellent les publicains et les courtisanes, deux catégories de personnes loin des pharisiens. Les publicains souvent volent les gens en collectant les impôts pour les Romains et les courtisanes sont des filles de mauvaise vie.
Jésus les compare ici au premier fils en les louant, non de leurs fautes, mais de leur conversion et de leur acceptation de l’invitation du Père du ciel que représente le père des deux fils. « Je vous le dis en vérité, les publicains et les courtisanes vous devancent dans le Royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n'avez pas cru en lui; mais les publicains et les courtisanes ont cru en lui; et vous, qui avez vu, vous ne vous êtes pas repentis même par la suite pour croire en lui ». Le prophète Ezékiel fait dire à Dieu quelque chose de semblable dans la première lecture : « Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Il a ouvert les yeux et s’est détourné de ses crimes. C’est certain, il vivra, il ne mourra pas ».
La véritable conversion ne se réalise pas par des paroles uniquement, mais par des actes. Jésus dira un jour : « Ce n’est pas en me disant : ‘Seigneur, Seigneur !’ qu’on entrera dans le Royaume des cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux.» (Mathieu 7, 21). C’est que font ces publicains et ces courtisanes convertis par la parole de Jésus.
III – Application
Nous pouvons, à la suite de ce message de Jésus qui s’adresse d’abord aux personnes qui l'écoutent faire un pas de plus et nous demander quelle sorte d’auditeur ou d’auditrice nous sommes.
La question est tout à fait pertinente, car il y a en nous un mélange, dans des proportions variables, des deux fils et de leurs réponses, des pharisiens et des publicains. Nous avons à combattre pour laisser se manifester le meilleur en nous. Saint Paul dira aux chrétiens de Rome qu’il fait le mal qu’il ne voudrait pas et qu’il ne fait pas le bien qu’il voudrait (Romains 7, 19).
La demande du Père du ciel d’aller à sa vigne retentit toujours pour nous. Elle nous est transmise par Jésus lorsqu’il nous dit « Vous êtes le sel de la terre… vous êtes la lumière du monde » (Mathieu 5, 13-14). C’est une invitation qui s’adresse à toutes et à tous quelles que soient nos situations personnelles de péché qui nous éloignent de Dieu. Malgré nos fautes, nos erreurs, nos petitesses, Dieu nous regarde et nous dit comme le père des deux fils : « Allez à ma vigne ».
Cette invitation nous est faite avec douceur, avec miséricorde, car c’est le cœur que Dieu regarde et il n’est jamais trop tard pour aller à sa vigne, pour faire sa volonté.
Conclusion
Cette Eucharistie que nous célébrons ensemble nous met en action pour entrer de mieux en mieux dans la volonté de Dieu sur nous et sur le monde. Nous sommes soutenus dans cette démarche par la certitude de la présence réelle de Jésus qui, ressuscité, est toujours vivant.
À travers les signes du Pain et du Vin nous le recevons comme le Fils Premier-Né qui nous donne l’exemple de l’accomplissement parfait de la volonté de notre Père des cieux non seulement en paroles, mais en actes. C’est ce que je nous souhaite à toutes et à tous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
26 septembre 2023
LECTURES DE LA MESSE pour le 26e dimanche du temps ordinaire Année A
PREMIÈRE LECTURE
« Si le méchant se détourne de sa méchanceté, il sauvera sa vie » (Ez 18, 25-28)
Lecture du livre du prophète Ézékiel
Ainsi parle le Seigneur :
« Vous dites :
‘La conduite du Seigneur n’est pas la bonne’.
Écoutez donc, fils d’Israël :
est-ce ma conduite qui n’est pas la bonne ?
N’est-ce pas plutôt la vôtre ?
Si le juste se détourne de sa justice,
commet le mal, et meurt dans cet état,
c’est à cause de son mal qu’il mourra.
Si le méchant se détourne de sa méchanceté
pour pratiquer le droit et la justice,
il sauvera sa vie.
Il a ouvert les yeux
et s’est détourné de ses crimes.
C’est certain, il vivra, il ne mourra pas. »
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.
Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m’oublie pas.
Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.
DEUXIÈME LECTURE
« Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 1-11)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
Frères,
s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres,
si l’on s’encourage avec amour,
si l’on est en communion dans l’Esprit,
si l’on a de la tendresse et de la compassion,
alors, pour que ma joie soit complète,
ayez les mêmes dispositions,
le même amour,
les mêmes sentiments ;
recherchez l’unité.
Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux,
mais ayez assez d’humilité
pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes.
Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ;
pensez aussi à ceux des autres.
Ayez en vous les dispositions
qui sont dans le Christ Jésus :
ayant la condition de Dieu,
il ne retint pas jalousement
le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes.
Reconnu homme à son aspect,
il s’est abaissé,
devenant obéissant jusqu’à la mort,
et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté :
il l’a doté du Nom
qui est au-dessus de tout nom,
afin qu’au nom de Jésus
tout genou fléchisse
au ciel, sur terre et aux enfers,
et que toute langue proclame :
« Jésus Christ est Seigneur »
à la gloire de Dieu le Père.
– Parole du Seigneur.
Ou bien, lecture brève :
OU LECTURE BREVE
DEUXIÈME LECTURE
« Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 1-5)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
Frères,
s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres,
si l’on s’encourage avec amour,
si l’on est en communion dans l’Esprit,
si l’on a de la tendresse et de la compassion,
alors, pour que ma joie soit complète,
ayez les mêmes dispositions,
le même amour,
les mêmes sentiments ;
recherchez l’unité.
Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux,
mais ayez assez d’humilité
pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes.
Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ;
pensez aussi à ceux des autres.
Ayez en vous les dispositions
qui sont dans le Christ Jésus.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« S’étant repenti, il y alla » (Mt 21, 28-32)
Alléluia. Alléluia.
Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ;
moi, je les connais, et elles me suivent.
Alléluia. (Jn 10, 27)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
« Quel est votre avis ?
Un homme avait deux fils.
Il vint trouver le premier et lui dit :
‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’
Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’
Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.
Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière.
Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’
et il n’y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? »
Ils lui répondent :
« Le premier. »
Jésus leur dit :
« Amen, je vous le déclare :
les publicains et les prostituées
vous précèdent dans le royaume de Dieu.
Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice,
et vous n’avez pas cru à sa parole ;
mais les publicains et les prostituées y ont cru.
Tandis que vous, après avoir vu cela,
vous ne vous êtes même pas repentis plus tard
pour croire à sa parole. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 2e dimanche du temps ordinaire Année A : « Un tournant dans la vie d’un jeune juif fervent » 2023-01-14T13:44:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-2e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Un-tournant-dans-la-vie-d-un-jeune-juif-fervent_a1101.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/69669425-48683430.jpg2023-01-10T18:00:00+01:00Hermann Giguère
L’évangile de saint Jean ne raconte rien de la vie de Jésus avant sa rencontre avec son cousin Jean-Baptiste sur les bords du Jourdain. Ce qui nous est présenté aujourd’hui au début du récit de la vie et de la prédication de Jésus, c’est le moment où la vie de Jésus a pris un tournant qui sera sans retour en arrière et qui le mènera jusqu’à la Passion où il mourra sur la croix pour ressusciter trois jours plus tard.
Regardons d’un peu plus près ce qu’a été ce tournant fondamental dans la vie de Jésus
I – Un jeune juif comme les autres
Nous savons par les autres évangélistes, notamment, saint Luc, que Jésus a été élevé à Nazareth auprès de son père, Joseph, et de sa mère, Marie et avec la nombreuse parenté dont parlent les évangiles en plusieurs endroits.. C’est là, qu’après son adolescence dont saint Luc raconte un épisode, celui de la disparition et du recouvrement de Jésus au Temple de Jérusalem lors d’un pèlerinage (Luc 2, 41-50), il a grandi « en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Luc 2, 52).
Il semblerait qu’il soit demeuré avec ses parents comme un bon enfant juif. Il exerçait le même métier que son père Joseph : le métier de charpentier (Marc 6, 3 et Mathieu 13, 55).
Qu’est-ce qui va l’amener à quitter Nazareth pour venir se faire baptiser par Jean-Baptiste? On peut penser qu’il s’agit d’une décision mûrement réfléchie. Jésus est vraisemblablement dans la trentaine. Ses perceptions de la religion juive qu’il connaît bien et qu’il pratique avec ferveur lui indiquent une voie qui le rejoint et qui éveille ce qui est déjà en lui par la main de Dieu. Il se sent destiné à autre chose qu'au métier de charpentier.
C’est pourquoi, on peut penser qu’après une bonne réflexion et un bon discernement, il décide, en ces jours où il entend parler de son cousin qui prêche sur les bords du Jourdain, de prendre son courage à deux mains, pourrait-on dire, et de se lancer sans filet de secours, de s'engager dans un tournant où il accepte d’avance de ne revenir en arrière pour aucune raison.
Nous avons donc devant nous un homme mûr, dans la trentaine, qui décide par lui-même de se manifester comme serviteur de Dieu. Il est enflammé par le désir de consacrer sa vie au service du Dieu de l'Alliance avec Abraham, du Dieu de son peuple, du Dieu qui remplit sa vie depuis toujours. Il le fait de son plein gré. C’est une décision humaine généreuse comme chez bien d’autres personnes avant lui.
Ce qui est différent ce sont les résultats immédiats de cette décision que l’évangile nous présente.
II – La manifestation de l’Esprit en Jésus
Réécoutons le témoignage de Jean-Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu … si je suis venu baptiser dans l’eau c’est pour qu’il soit manifesté à Israël... J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit ‘ Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint. Moi, j’ai vu et je rends témoignage que c’est lui le Fils de Dieu ».
« C’est lui le Fils de Dieu ». Le jeune juif de Nazareth, venu humblement se consacrer à Dieu, entend cette révélation extraordinaire. Il ne peut qu’en être bouleversé au plus haut point. Le tournant qui l’a amené sur les bords du Jourdain prend une direction qui lui donne un éclairage nouveau sur ce qu’il est et ce que Dieu attend de Lui. Ces mots résonnent pour lui comme quelque chose qu’il sentait en lui depuis longtemps. Ils sont une confirmation de ce qu’il vit dans son être profond.
Il ne s’agit plus d’un tournant comme un changement de carrière, il s’agit ici d’un tournant qui touche l’être même de la personne. Vous avez peut-être déjà vécu des situations un peu semblables. Par exemple, vous vous rapprochez d’une personne ou vous fréquentez un groupe, vous vous y engagez et hop ! vous avez la vocation, vous avez le feu sacré, vous êtes dans votre élément, vous êtes comblés. C’est un exemple, mais qui est encore bien loin de ce que Jésus vit sur les bords du Jourdain. Il n’est pas seulement comblé. Son être est profondément touché. Il l’est au point où il sera pour toujours consacré à faire la volonté de son Père et à la manifester à ses contemporains et au monde entier par ses disciples après la Pentecôte.
Comme le dit Jean-Baptiste, c’est lui le Fils de Dieu et nul ne pourra connaître le Père si ce n’est par lui (Jean 10, 30). En ce moment, tout est là, mais c’est au cours des années à venir que cette réalité se laissera mieux découvrir par Jésus et qu’elle le mènera sur les chemins de la Palestine pour annoncer l’amour de Dieu, son Père, pour l’humanité tout entière. Comme l'annonce le prophète Isaïe dans la première lecture en mettant les paroles suivantes dans la bouche du Seigneur : « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre ».
III- Application
Après avoir médité sur la venue de Dieu à la crèche de Bethléem dans un enfant nouveau-né, nous sommes maintenant invités à regarder non plus un enfant, mais un homme adulte qui se lance dans un chemin inédit et qui décide d’aller jusqu’au bout sur ce chemin.
Le jeune juif de Nazareth s’est transformé en un homme qui se sent investi par l’Esprit d’une mission à nulle autre pareille : révéler au monde l'amour d’un Dieu Père qui amènera à leur achèvement les promesses de l’Alliance faite avec Abraham, Isaac et Jacob, avec le peuple d'Israël.
Son message risque de créer des peurs ou des oppositions. C’est ce qui se passera au cours des années de la vie publique et de la prédication de Jésus, comme nous le verrons dans les dimanches qui viennent, avant de culminer dans le drame de la Passion où l’Agneau sera immolé.
Nous sommes invités ce matin à fixer nos yeux sur Jésus, à le regarder avec attention dans ses gestes d'homme qui nous révèlent les attentes de Dieu sur lui et sur ceux et celles qui voudront bien le suivre.
L’appel à le suivre retentit encore de nos jours. Sommes-nous prêts nous aussi à prendre les tournants que Dieu nous prépare? Ils peuvent être de toutes sortes : réconciliation, pardon, acceptation d’une maladie, d’une diminution, de la mort, de l’incompréhension, de la venue d'un enfant, du départ de ses parents pour une résidence de personnes âgées etc.
Conclusion
Que le Corps et le Sang du Christ partagés en communauté nous rendent de plus en plus ouverts aux tournants que la vie nous amène. Soyons assurés que dans nos décisions de prendre les tournants qui se présentent dans nos vies, l’Esprit de Jésus sera toujours là et que notre abandon permettra à Dieu de transformer ce qui doit l’être et de faire grandir en nous celui ou celle qu’il a aimé de toute éternité, car, comme le dit si bien le prophète Isaïe dans la première lecture, c’est Lui qui nous a façonné de toute éternité .
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
10 janvier 2023
Commentaire reçu d'un fidèle lecteur
Bonjour Hermann, ce texte d’homélie me rappelle à un travail de collégial que j’avais intitulé La foi de Jésus.Mon professeur m’avait indiqué que c’était une bizarre d’idée de parler ainsi de Jésus comme un croyant puisqu’il était Fils de Dieu. Cependant de lire les évangiles avec l’intention de tenter de lire la foi de cet homme-là, juif, croyant, spirituel, bien ancré dans la réalité de son temps, visionnaire aussi, et de le voir se découvrir fils, au fil des jours, fils de Dieu tout en étant fils de Marie et Joseph. Et il a tenu des propos révolutionnaires sur la justice, la recherche de vérité, la relation intime au Père (Quand tu veux prier, entre dans ta chambre , ferme la porte. N’en fais pas l’étalage pour être vu), l’attention au plus petit, le jugement sur la profondeur des actes posés, tant de propos qui culminent dans les béatitudes. J’ai depuis longtemps pensé que ce n’est pas un petit enfant qu’on rencontre dans la crèche, mais l’espoir qu’on met en lui : l’attente n’est pas finie, elle commence, déjà là, mais encore à venir. Et ce regard me porte à penser que c’est le même regard qu’il faut porter sur soi-même et notre prochain. Bonne journée. Alain
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49, 3.5-6)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Le Seigneur m’a dit :
« Tu es mon serviteur, Israël,
en toi je manifesterai ma splendeur. »
Maintenant le Seigneur parle,
lui qui m’a façonné dès le sein de ma mère
pour que je sois son serviteur,
que je lui ramène Jacob,
que je lui rassemble Israël.
Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur,
c’est mon Dieu qui est ma force.
Et il dit :
« C’est trop peu que tu sois mon serviteur
pour relever les tribus de Jacob,
ramener les rescapés d’Israël :
je fais de toi la lumière des nations,
pour que mon salut parvienne
jusqu’aux extrémités de la terre. »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd)
R/ Me voici, Seigneur,
je viens faire ta volonté. (cf. Ps 39, 8a.9a)
D’un grand espoir j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi
Dans ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.
Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens. »
Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles.
Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.
J’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.
DEUXIÈME LECTURE
« À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ » (1 Co 1, 1-3)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Paul, appelé par la volonté de Dieu
pour être apôtre du Christ Jésus,
et Sosthène notre frère,
à l’Église de Dieu qui est à Corinthe,
à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus
et sont appelés à être saints
avec tous ceux qui, en tout lieu,
invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ,
leur Seigneur et le nôtre.
À vous, la grâce et la paix,
de la part de Dieu notre Père
et du Seigneur Jésus Christ.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29-34)
Alléluia. Alléluia.
« Le Verbe s’est fait chair,
il a établi parmi nous sa demeure.
À tous ceux qui l’ont reçu,
il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. »
Alléluia. (cf. Jn 1, 14a.12a)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
voyant Jésus venir vers lui,
Jean le Baptiste déclara :
« Voici l’Agneau de Dieu,
qui enlève le péché du monde ;
c’est de lui que j’ai dit :
L’homme qui vient derrière moi
est passé devant moi,
car avant moi il était.
Et moi, je ne le connaissais pas ;
mais, si je suis venu baptiser dans l’eau,
c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. »
Alors Jean rendit ce témoignage :
« J’ai vu l’Esprit
descendre du ciel comme une colombe
et il demeura sur lui.
Et moi, je ne le connaissais pas,
mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit :
‘Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer,
celui-là baptise dans l’Esprit Saint.’
Moi, j’ai vu, et je rends témoignage :
c’est lui le Fils de Dieu. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour la fête de la Sainte Famille Année B 27 décembre 2020 « La famille de Dieu inclut toutes les familles »2020-12-26T13:59:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-la-Sainte-Famille-Annee-B-27-decembre-2020-La-famille-de-Dieu-inclut-toutes-les-familles_a985.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/51127355-39317090.jpg2020-12-22T18:00:00+01:00Hermann Giguère
La fête de la Sainte Famille intégrée au calendrier liturgique en 1921 n'est rattachée à la semaine de Noël que depuis 1969. Cette fête se situe pour nous aujourd'hui au lendemain de Noël. Nous la célébrons donc dans la lumière de la Nativité. Nous découvrons ainsi que le signe donné par Dieu aux Bergers dans la nuit, le Fils, lumière du monde, vient réaliser toute la promesse faite à Abraham en s’immergeant dans la condition humaine générale, mais aussi en se liant de façon spéciale à une cellule familiale formée de Lui-même et de Marie et Joseph.
I - Le sens de la fête de la Sainte Famille
Avez-vous remarqué que dans les prières et les invocations nous nommons rarement la Sainte Famille? Nous ne disons pas Très Sainte Famille, priez pour nous, mais bien Jésus, Marie, Joseph priez pour nous, aidez-nous. « J.M.J. A.N. » (pour Jésus, Marie, Joseph aidez-nous) écrivaient autrefois les élèves soigneux au début de leur copie de travaux avec à la fin le « A.M.D.G. » ignatien (pour Ad Majorem Dei Gloriam - Pour la plus grande gloire de Dieu).
« Jésus, Marie, Joseph aidez-nous » n’est-ce pas un indice éclairant pour comprendre la dévotion à la Sainte Famille? En effet, celle-ci nous centre sur des personnes et sur les relations qu’elles entretiennent entre elles. La famille n’est pas une réalité abstraite, mais une réalité vivante. C’est pourquoi elle peut revêtir plusieurs configurations selon les cultures ou selon les époques, mais toujours elle souligne et met en avant la solidarité de personnes qui se lient ensemble pour croître, grandir, se soutenir, s’entraider, s’aimer et se perpétuer dans le temps et l’espace.
Voilà le « mystère » que nous célébrons aujourd’hui.
Ce qui est important ici, c’est de bien voir que la Sainte Famille n’est pas seulement la représentation d’une famille idéale, mais bien plutôt un idéal de relations jamais atteint. Un idéal de relations où tout est possible.
II -La foi qui rend tout possible
Cette Famille, la Sainte Famille, où toutes les avenues demeurent ouvertes, où l’imprévu de la grâce et de l’action de Dieu trouve un terrain d’ancrage particulier : « Qu’il me soit fait selon ta parole », cette Famille, dis-je, nous est présentée par les textes de la célébration d’aujourd’hui sous le signe de la foi au Dieu de l’impossible.
Comme Abraham, Jésus a connu des moments d’hésitations, Marie s’est demandée comment cela se ferait et Joseph a songé à couper les liens avec Marie en apprenant sa grossesse.
Et pourtant, que s’est-il passé? Tous ont plongé dans une foi dépassant leurs certitudes personnelles pour se fier à la Parole d’un Dieu qui s’est fait l’Emmanuel, le Dieu-parmi-nous. Tous ont vécu un abandon total à la volonté de Dieu.
Voilà un message qui aujourd’hui peut nous inspirer.
Dans les conditions qui sont les nôtres au Québec, les avenues d’avenir paraissent bloquées à certains moments, l’élan de la communauté ecclésiale manque de vigueur, le renouvellement du noyau de croyants et croyantes se fait parcimonieusement, et pourtant la force et la puissance de la Parole de Dieu, du Dieu-parmi-nous, ne font pas défaut. Nous sommes renvoyés comme la Sainte Famille, Jésus, Marie et Joseph à une foi qui croit à l’impossible, à une confiance qui ne s’appuie pas sur nos certitudes personnelles, mais sur Celui qui ne nous fait jamais défaut, Celui qui nous accompagne hier, aujourd’hui et demain.
Conclusion
Comment alors ne pas célébrer avec coeur cette fête de la Sainte Famille ? Célébrons dans la foi la présence de Celui qui continue de se faire l’un de nous et qui nous donne de vivre plus près les uns des autres dans un abandon confiant à Dieu.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
22 décembre 2020
LECTURES DE LA MESSE pour la fête de la Sainte Famille
PREMIÈRE LECTURE
« Ton héritier sera quelqu’un de ton sang » (Gn 15, 1-6 ; 21, 1-3)
Lecture du livre de la Genèse
En ces jours-là,
la parole du Seigneur fut adressée à Abram dans une vision :
« Ne crains pas, Abram !
Je suis un bouclier pour toi.
Ta récompense sera très grande. »
Abram répondit :
« Mon Seigneur Dieu, que pourrais-tu donc me donner ?
Je m’en vais sans enfant,
et l’héritier de ma maison, c’est Élièzer de Damas. »
Abram dit encore :
« Tu ne m’as pas donné de descendance,
et c’est un de mes serviteurs qui sera mon héritier. »
Alors cette parole du Seigneur fut adressée à Abram :
« Ce n’est pas lui qui sera ton héritier,
mais quelqu’un de ton sang. »
Puis il le fit sortir et lui dit :
« Regarde le ciel,
et compte les étoiles, si tu le peux... »
Et il déclara :
« Telle sera ta descendance ! »
Abram eut foi dans le Seigneur
et le Seigneur estima qu’il était juste.
Le Seigneur visita Sara
comme il l’avait annoncé ;
il agit pour elle comme il l’avait dit.
Elle devint enceinte,
et elle enfanta un fils pour Abraham dans sa vieillesse,
à la date que Dieu avait fixée.
Et Abraham donna un nom
au fils que Sara lui avait enfanté :
il l’appela Isaac.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(104 (105), 1-2, 3-4, 5-6, 8-9)
R/ Le Seigneur, c’est lui notre Dieu ;
il s’est toujours souvenu de son alliance.
(104, 7a.8a)
Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom,
annoncez parmi les peuples ses hauts faits ;
chantez et jouez pour lui,
redites sans fin ses merveilles.
Glorifiez-vous de son nom très saint :
joie pour les cœurs qui cherchent Dieu !
Cherchez le Seigneur et sa puissance,
recherchez sans trêve sa face.
Souvenez-vous des merveilles qu’il a faites,
de ses prodiges, des jugements qu’il prononça,
vous, la race d’Abraham son serviteur,
les fils de Jacob, qu’il a choisis.
Il s’est toujours souvenu de son alliance,
parole édictée pour mille générations :
promesse faite à Abraham,
garantie par serment à Isaac.
DEUXIÈME LECTURE
La foi d’Abraham, de Sara et d’Isaac (He 11, 8.11-12.17-19)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères,
grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu :
il partit vers un pays
qu’il devait recevoir en héritage,
et il partit sans savoir où il allait.
Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge,
fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance
parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses.
C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort,
a pu naître une descendance aussi nombreuse
que les étoiles du ciel
et que le sable au bord de la mer,
une multitude innombrable.
Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve,
Abraham offrit Isaac en sacrifice.
Et il offrait le fils unique,
alors qu’il avait reçu les promesses
et entendu cette parole :
C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom.
Il pensait en effet
que Dieu est capable même de ressusciter les morts ;
c’est pourquoi son fils lui fut rendu :
il y a là une préfiguration.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse » (Lc 2, 22-40)
Alléluia. Alléluia.
À bien des reprises, Dieu, dans le passé,
a parlé à nos pères par les prophètes ;
à la fin, en ces jours où nous sommes,
il nous a parlé par son Fils.
Alléluia. (cf. He 1, 1-2)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse
pour la purification,
les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem
pour le présenter au Seigneur,
selon ce qui est écrit dans la Loi :
Tout premier-né de sexe masculin
sera consacré au Seigneur.
Ils venaient aussi offrir
le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur :
un couple de tourterelles
ou deux petites colombes.
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon.
C’était un homme juste et religieux,
qui attendait la Consolation d’Israël,
et l’Esprit Saint était sur lui.
Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce
qu’il ne verrait pas la mort
avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.
Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus
pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,
Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain,
tu peux laisser ton serviteur s’en aller
en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations
et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant
s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit,
puis il dit à Marie sa mère :
« Voici que cet enfant
provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël.
Il sera un signe de contradiction
– et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – :
ainsi seront dévoilées les pensées
qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète,
Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser.
Elle était très avancée en âge ;
après sept ans de mariage,
demeurée veuve,
elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.
Elle ne s’éloignait pas du Temple,
servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même,
elle proclamait les louanges de Dieu
et parlait de l’enfant
à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur,
ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait,
rempli de sagesse,
et la grâce de Dieu était sur lui.
– Acclamons la Parole de Dieu.
ou lecture brève
ÉVANGILE
« L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse » (Lc 2, 22.39-40)
Alléluia. Alléluia.
À bien des reprises, Dieu, dans le passé,
a parlé à nos pères par les prophètes ;
à la fin, en ces jours où nous sommes,
il nous a parlé par son Fils.
Alléluia. (cf. He 1, 1-2)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse
pour la purification,
les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem
pour le présenter au Seigneur.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur,
ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait,
rempli de sagesse,
et la grâce de Dieu était sur lui.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 14e dimanche du temps ordinaire Année A « Les secrets de Dieu »2020-07-04T02:02:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-14e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Les-secrets-de-Dieu_a958.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/45619833-36760118.jpg2020-06-30T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Si c’était nécessaire, je donnerais comme titre à cette homélie : « les secrets de Dieu ». Il représenterait bien, je pense, le message de l’évangile d’aujourd’hui qui nous parle de Dieu et de notre relation à lui.
I - Un secret
Un secret ? Qu'est-ce que c’est ? Ça peut être deux choses.
D’abord, cela peut être quelque chose qu’on veut cacher, qu'on ne veut pas que les autres sachent : le montant de son salaire, par exemple pour prendre un exemple anodin. Cela peut aussi être plus sérieux parfois.
Un secret, aussi ça peut être quelque chose de très intime, personnel, qu’on ne dit pas à tout le monde. On le partage seulement avec ses amis, sa famille, ceux et celles qu’on aime. Et aussi quand on le partage, on s’attend que l’autre personne soit responsable, qu’elle ne rit pas de nous, qu’elle nous respecte.
Cela m’est arrivé souvent comme conseilleur spirituel, de partager ainsi des secrets. Parfois après plusieurs rencontres avec un séminariste, dans la confiance, il me révélait ce qui le faisait souffrir, le manque d’amour de son père, ses difficultés pour étudier, son manque d’argent …que sais-je… des choses encore plus intimes parfois.
II – Le lien avec l’évangile
Hé bien! C’est ce genre de secret, cette intimité, que Dieu veut partager avec nous. Il ne veut rien nous cacher, mais il attend pour se révéler, nous révéler son amour, que se crée avec lui une confiance, une intimité, un partage. C’est ce que dit le texte de l’évangile lorsqu’on y lit : « Personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. » Et la suite : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ».
Bien sûr pour pouvoir entrer dans les secrets de Dieu, il faut le vouloir, il faut chercher…et pas seulement avec sa tête (les savants dont parle Jésus), avec son argent et ses influences (les puissants et les sages), mais d’abord et avant tout avec son cœur. C’est pourquoi, ce passage extraordinaire de l’évangile de saint Mathieu est au cœur de l’enseignement et de la prédication de Jésus. Dieu se révèle aux tout-petits. Et qui que nous soyons, devant Dieu nous sommes toujours des tout-petits, nous avons besoin de lui.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus dont la popularité dans le peuple de Dieu ne se dément pas l’avait bien compris. Pour Thérèse, nous n'avons pas à devenir petits, nous le sommes. Et c'est là que l'amour de Dieu nous rejoint et nous rencontre. Thérèse sait qu'elle est petite. Et elle prend conscience que Dieu aime ceux qui sont assez petits pour reconnaître qu'ils manquent de quelque chose
III- Application
La problématique aujourd’hui dans notre société riche exalte la performance et la réussite personnelle. Cette orientation - qui n’est pas mauvaise en soi - peut entraîner hélas! un manque d’ouverture à Dieu, aux choses spirituelles. On a presque tout : le confort, des biens en grand nombre, des connaissances. On risque de s'y enfermer et ainsi de ne plus désirer autre chose. On n’a plus besoin de Dieu. On ne reconnaît pas sa petitesse, sa pauvreté car, comme le souligne souvent le pape François, les petits et les pauvres s’en remettent plus facilement à Dieu.
C’est ce qu’un confrère missionnaire de retour du Paraguay en Amérique du Sud me confiait en me disant comment il trouvait cela dur depuis son retour au Québec. Je lui demandais pourquoi et il me répondait que là-bas les gens sont pauvres et démunis, mais ils se tournent facilement vers Dieu. Ils ne sont pas plus saints que nous autres, mais ils aiment partager, prier, manifester leur foi. La foi en Dieu fait partie intégrante de leur vie.
Ses réflexions me faisaient penser à l’évangile d’aujourd’hui et je me disais, oui, ici au Québec, peut-être qu'on se pense trop savants, trop fins, trop performants, trop bons. C’est pourquoi on ne sent plus le besoin de s’ouvrir à Dieu, d'aller vers des valeurs non uniquement matérielles, mais spirituelles comme l’amour, le pardon, la bonté, le partage, la foi en Dieu.
En tout cas, l’évangile d’aujourd’hui nous invite à faire confiance à l’amour de Dieu pour nous dans notre vie. Dieu s’attend qu’on lui partage nos secrets car il nous respecte dans ce que nous sommes. « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Conclusion
Oui, notre relation à Dieu est comme celle qu’on a avec quelqu’un dont on partage les secrets. On se confie à lui, on vit une intimité avec lui et on lui fait confiance en tout.
Que cette messe soit l’occasion d’ouvrir à Dieu notre cœur et nous pouvons être sûrs qu’en retour Dieu nous apportera la paix, la joie, le repos. C’est ce que je vous souhaite à toutes et à tous
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
1 juillet 2020
« Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint, soient avec vous » nous a dit saint Paul dans la deuxième lecture. C’est le souhait qu’il faisait en terminant sa seconde lettre aux chrétiens de Corinthe.
Cette petite phrase résume toute la foi de l’Église que nous partageons et que nous redisons chaque dimanche dans le « Je crois en Dieu ». Le Dieu des chrétiens est un Dieu unique en trois personnes, ce qui lui donne une couleur particulière que je vais essayer de mieux découvrir avec vous.
Essayer de mieux le découvrir? Est-ce possible? La Sainte Trinité est un mystère avons-nous appris. Et un mystère, on ne peut pas le comprendre.
Vous avez raison. Mais quand vous dites « un mystère on ne peut pas le comprendre », vous vous placez sur le registre de la raison humaine. Et sur ce plan, toutes nos explications, toutes nos recherches, ne pourront jamais nous faire entrer dans le mystère. Elles nous en montreront les contours. Elles en décriront l’essentiel, mais elles ne l’expliqueront pas.
Alors, on s'arrête là ? Non, car il y a une autre voie pour mieux découvrir le mystère de la Sainte Trinité, c’est d’y entrer avec son cœur et non avec sa raison. Je vous invite à le faire avec moi en suivant le chemin des noms de Dieu dans la Bible.
I – Le nom de Dieu dans l'Ancien Testament
Dans l’Ancien Testament, Dieu se présente, non pas divisé, éparpillé dans diverses créatures ou leurs représentations. Il est le Créateur. Il se présente Un et unique (Deutéronome 6,4), toujours le même, à Abraham, Isaac et Jacob, et à leur descendance croyante (Exode 3, 6). Le nom du Dieu unique est «JE SUIS». Le juifs ne le prononcent pas et disent plutôt « LE SEIGNEUR » ou « ADONAÏ ». On dit parfois Yahweh ou Yahvé. (Exode 3, 6 cf. aussi 34, 5-6)
Le Nom divin ne peut être attribué à quoi que ce soit et à qui que ce soit d’autre que l’unique Dieu. C’est le sens du premier commandement de la Loi que Moïse a transmise de la part de Dieu (Exode 20, 3-4; Deutéronome 5,7). Le deuxième, c'est de ne pas invoquer le nom divin à tout propos, de façon insignifiante, ou même pour faire le mal (Exode 20, 7; Deutéronome 5, 11).
Tout cela exprime à la fois une proximité exclusive que Dieu veut créer avec son peuple et un respect pour la sainteté du Dieu unique. Dans l’Ancien Testament, les actes et les paroles des croyants sont toujours guidés par l’amour du Nom divin. (Deutéronome 6,5)
II – La nouveauté apportée par Jésus
C’est dans cette foi au Dieu unique, révélé à Abraham et à Moïse dans le Nom divin, que Jésus a été élevé car il était juif et membre du peuple de l’Alliance. Sa mission fut d’accomplir et de porter à sa plénitude l’Alliance de Dieu avec Abraham et Moïse.
Jésus met de l'avant une nouvelle image de Dieu. Il donne à Dieu le beau nom de PÈRE (« Abba » en araméen qui se traduit littéralement par PAPA). Déjà à 12 ans au Temple devant les docteurs de la Loi lorsque ses parents le retrouvent il leur dit « Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ». (Luc 2, 49) La prière à Dieu qu'il donne à ses disciples et que nous répétons si souvent commence par « Notre Père ». (Mathieu 6, 9)
Dans sa prédication, Jésus parle souvent de ses relations particulières avec Dieu. Il se dit même « FILS DE DIEU»., ce qui suscitera bien des incompréhensions. On l’accusera de blasphème « Tu as dit : ‘Je suis Fils de Dieu’ » lui reproche le grand prêtre lors de son procès durant la Passion. (Mathieu 26, 62-65)
Pour compléter la révélation du Dieu Un et Trine, faite à Abraham et à Moïse, Jésus décrit le lien qu’il a avec son Père en le comparant au souffle qui nous fait vivre. Ce lien c’est celui de l’amour mutuel à nul autre pareil. Ce souffle de vie prend le nom d'ESPRIT SAINT, amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père. Le Dieu unique est un Dieu en trois personnes,
Telle est la nouveauté apportée par Jésus. Le nom de Dieu n’est pas seulement « JE SUIS ». Il est « JE SUIS PÈRE, FILS ET ESPRIT SAINT », un seul Dieu en trois personnes, ce qui veut dire qu’il est comme une famille. En lui nous pouvons nous reconnaître par les sentiments d’amour, de partage, de don qu’il met dans nos cœurs.
Même plus, Jésus nous dit qu’il habite en nous, qu’il n’est pas extérieur à nous, mais au fond de notre être même. « Si quelqu'un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. (Jean 14, 23)
Voilà, en quelques mots, des pistes de méditation pour la fête de la Sainte Trinité où nous vénérons le Dieu Un et Trine au coeur de notre foi.
III- Application
Les chrétiens ont depuis les tout débuts inscrit cette foi au Dieu Un et Trine dans leur vie et dans leurs célébrations de toutes sortes. Nous le faisons encore aujourd’hui.
Chaque messe commence par le signe de Croix accompagné des paroles « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Nous faisons spontanément la même chose lorsque nous nous mettons en prière à la chapelle, sur le bord de notre lit le soir, avant un repas ou avant le travail.
C’est encore « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » que le prêtre ou le diacre donne la bénédiction soit à la messe soit dans d’autres occasions.
Notre histoire de croyant est commencée à notre baptême où nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit », lorsque la personne qui nous a baptisé a dit en versant l’eau sur notre tête « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ».
Conclusion
Que cette messe qui nous réunit « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » nous aide à entrer dans ce grand mouvement d’amour qui est au cœur de la Trinité qui veut se faire une demeure en nous (Cf. Jean 14, 23). Ouvrons-lui la porte de notre coeur, car « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ». (Jean 3,16)
Je vous refais en terminant le souhait de saint Paul : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint, soient avec vous ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
7 juin 2020
Le nom officiel de la fête de Noël dans la liturgie catholique est la Nativité du Seigneur. En d’autres termes la naissance du Seigneur. Et nous pensons à celle de Jésus dans la crèche à Bethléem. Avec raison. Le chant du « Minuit chrétiens » nous l’a rappelé. Mais – ne soyez pas surpris - il y a trois naissances du Seigneur. Celle de Bethléem est une des trois naissances du Seigneur.
I – Des naissances hors du commun
La première naissance du Seigneur est celle du Fils de Dieu. Saint Jean dans son évangile l’appelle le Verbe de Dieu. Comme on le dit dans le « Je crois en Dieu », il est engendré par le Père de toute éternité. Il naît dans le ciel.
Voilà! Pour faire court résumons en disant que comme chrétiens nous croyons en un Dieu Père, Fils et Esprit Saint. C’est ce que nous avons proclamé au début de la messe en faisant le signe de la croix et en disant « Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ».
Pourquoi, je vous rappelle cela ? Parce que sans cette vision d'un seul Dieu en Trois personnes, on ne comprend pas la deuxième naissance du Seigneur qui a lieu dans la crèche à Bethléem. En effet, comme l’a raconté saint Luc dans l'évangile que je viens de lire les bergers ont entendu les anges qui chantaient « Gloire à Dieu au plus haut des cieux » parce que l’enfant emmailloté qui était dans la crèche était le Fils de Dieu qui s’est fait l’un de nous.
Saint Jean écrit dans le fameux prologue de son évangile : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous », en d’autres mots : Le Fils de Dieu s’est fait humain comme vous et moi, il a eu un corps, une intelligence un cœur. Il a été enfant, puis un adulte.
Vous voyez que cette naissance du Seigneur dans la crèche à Bethléem est loin d’être banale. C’est pourquoi elle a été annoncée à Marie par l’ange qui lui a dit « l’enfant que tu portes est le Fils du Très-Haut » et à son mari, saint Joseph, un autre ange a révélé le nom de ce fils qui est Jésus c’est-à-dire « Le-Seigneur-sauve ».
Ceci étant dit, je vous vois qui vous demandez où est la troisième naissance du Seigneur. C’est deux-là dont nous venons de parler sont bien suffisantes, pourriez-vous me dire. Pourquoi une troisième naissance du Seigneur et où a-t-elle lieu ?
II – La naissance du Verbe dans le cœur des baptisés
Eh bien! La troisième naissance du Seigneur a lieu dans le cœur des baptisés qui le reçoivent dans la foi et dans l’amour comme l’ont reçu Marie et Joseph, les bergers et les Rois Mages.
Cette naissance du Seigneur dans les cœurs est l’essentiel pour moi de la fête de Noël.
Celle-ci est devenue une belle occasion de se laisser habiter par des sentiments de joie, de partage et d’entraide. C’est le côté festif de la fête de Noël avec le magasinage et les visites qu'on se fait. Mais pour les chrétiens qui veulent entrer plus à fond dans le mystère de la naissance du Seigneur dans la crèche à Bethléem, Noël c’est comme une nouvelle naissance de Jésus dans leurs cœurs et dans leurs vies.
Pourquoi ne pas s’arrêter un peu et prendre quelques instants pour dire intérieurement à Jésus qu’on lui fait de la place dans notre hôtellerie, Lui qui n’en a pas eu de son vivant et qui est né dans une crèche. Moment de silence!
III - Application
Permettez-moi, avant de terminer, de prolonger ce moment de méditation par ces phrases du pape François qui rejoignent très bien la naissance du Seigneur dans le cœur de chacune et chacun de nous. Je vous les livre sans commentaires. Je vous invite à en retenir une qui s'applique bien à vous.
Noël, c'est toi quand tu décides de renaître chaque jour et de laisser Dieu pénétrer ton âme.
Le sapin de Noël, c'est toi quand tu résistes vigoureusement aux vents et aux obstacles de la vie.
Les décorations de Noël, c'est toi quand tes vertus sont les couleurs qui ornent ta vie.
La cloche qui sonne Noël, c'est toi quand tu invites à se rassembler, et tentes de réunir.
Tu es aussi la lumière de Noël quand tu éclaires de ta présence le chemin des autres par ta bonté, ta patience, ta joie et ta générosité.
Les anges de Noël, c'est toi quand tu chantes au monde un message de paix, de justice et d'amour.
L'étoile de Noël, c'est toi quand tu conduis quelqu'un à la rencontre du Seigneur.
Les vœux de Noël, c'est toi quand tu pardonnes et rétablis la paix, même si tu souffres.
Le réveillon de Noël, c'est toi quand tu rassasies de pain et d'espérance le pauvre qui est auprès de toi.
Tu es la nuit de Noël quand…tu reçois dans le silence de la nuit le Sauveur du monde sans bruit ni grande célébration
(Tiré du livre L'esprit de Noël : fraternité, tendresse, générosité par le pape François, Michel Lafon, Paris, 2016).
Conclusion
J’espère que ces quelques mots vous aideront à entrer dans l’esprit de Noël, car comme l’a écrit un grand auteur : « Celui [ou celle] qui n’a pas Noël dans le cœur ne le trouvera jamais au pied d’un arbre ». (Dr Roy Lemond Smith 1887-1963, historien et pasteur américain méthodiste)
Nous nous lèverons maintenant pour réciter ensemble le « Je crois en Dieu ». Après avoir dit « Je crois en Jésus-Christ… qui a été conçu du Saint Esprit et qui est né de la Vierge Marie » nous nous arrêterons et nous nous mettrons à genoux pendant un moment en adoration et en action de grâce pour le don que Dieu nous a fait en envoyant son Fils naître parmi nous.
Amen!
Poser des questions aux enfants.
À la fin leur faire dire les trois naissances : dans le ciel, dans une crèche à Bethléem et dans notre coeur
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
20 décembre 2019
LECTURES POUR LA MESSE DE LA NUIT DE NOËL
PREMIÈRE LECTURE
« Un enfant nous est né » (Is 9, 1-6)
Lecture du livre du prophète Isaïe
Le peuple qui marchait dans les ténèbres
a vu se lever une grande lumière ;
et sur les habitants du pays de l’ombre,
une lumière a resplendi.
Tu as prodigué la joie,
tu as fait grandir l’allégresse :
ils se réjouissent devant toi,
comme on se réjouit de la moisson,
comme on exulte au partage du butin.
Car le joug qui pesait sur lui,
la barre qui meurtrissait son épaule,
le bâton du tyran,
tu les as brisés comme au jour de Madiane.
Et les bottes qui frappaient le sol,
et les manteaux couverts de sang,
les voilà tous brûlés :
le feu les a dévorés.
Oui, un enfant nous est né,
un fils nous a été donné !
Sur son épaule est le signe du pouvoir ;
son nom est proclamé :
« Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort,
Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. »
Et le pouvoir s’étendra,
et la paix sera sans fin
pour le trône de David et pour son règne
qu’il établira, qu’il affermira
sur le droit et la justice
dès maintenant et pour toujours.
Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc)
R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né :
c’est le Christ, le Seigneur. (cf. Lc 2, 11)
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !
De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !
Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.
Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
car il vient pour juger la terre.
Il jugera le monde avec justice
et les peuples selon sa vérité.
DEUXIÈME LECTURE
« La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes » (Tt 2, 11-14)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite
Bien-aimé,
la grâce de Dieu s’est manifestée
pour le salut de tous les hommes.
Elle nous apprend à renoncer à l’impiété
et aux convoitises de ce monde,
et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable,
avec justice et piété,
attendant que se réalise la bienheureuse espérance :
la manifestation de la gloire
de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ.
Car il s’est donné pour nous
afin de nous racheter de toutes nos fautes,
et de nous purifier
pour faire de nous son peuple,
un peuple ardent à faire le bien.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)
Alléluia. Alléluia.
Je vous annonce une grande joie :
Aujourd’hui vous est né un Sauveur
qui est le Christ, le Seigneur !
Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ces jours-là,
parut un édit de l’empereur Auguste,
ordonnant de recenser toute la terre
– ce premier recensement eut lieu
lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie.
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth,
vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem.
Il était en effet de la maison et de la lignée de David.
Il venait se faire recenser avec Marie,
qui lui avait été accordée en mariage
et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là,
le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Et elle mit au monde son fils premier-né ;
elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire,
car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans la même région, il y avait des bergers
qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs
pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur se présenta devant eux,
et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière.
Ils furent saisis d’une grande crainte.
Alors l’ange leur dit :
« Ne craignez pas,
car voici que je vous annonce une bonne nouvelle,
qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David,
vous est né un Sauveur
qui est le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous est donné :
vous trouverez un nouveau-né
emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable,
qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour la fête de la Sainte Trinité Année C « Tout ce que possède le Père est à moi »2022-03-31T17:50:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-la-Sainte-Trinite-Annee-C-Tout-ce-que-possede-le-Pere-est-a-moi_a897.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/31980362-29954791.jpg2019-06-11T18:00:00+02:00Hermann Giguère
On entre dans le mystère de la Sainte Trinité par le chemin de l’expérience intérieure et non pas par la simple réflexion théologique. La Trinité n’est pas seulement un mystère, une vérité à croire, un dogme central de notre foi, c’est le cœur de la vie chrétienne.
Notre expérience du mystère de la Sainte Trinité s'est commencée au moment de notre baptême. Lorsque quelqu’un est baptisé la personne qui célèbre dit « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ». Par ces paroles et par l’eau qu’on verse sur son front, elle est comme plongé dans l’amour de Père, du Fils et du Saint Esprit.
Ce jour de la fête de la Sainte Trinité est donc une belle occasion de poursuivre ce qui a débuté à notre Baptême. Suivons le chemin que nous indique chacune des personnes de la Trinité : l'Esprit Saint, le Fils bien-aimé et le Père.
I - La personne de l’Esprit Saint
Le chemin à prendre pour entrer dans le mystère de la Sainte Trinité commence avec l'Esprit Saint. C'est la personne de la Trinité qui est souvent oubliée, mais c'est peut-être la plus importante. L’Esprit Saint en effet est comme un souffle. (cf. Jean 3, 8) Il ne donne pas des ordres comme un supérieur, un maître ou un surveillant. Il inspire les personnes. Il agit dans leur intérieur. Il ouvre leur cœur, il éclaire leur intelligence, il fortifie leur volonté dans les bons choix.
L’enseignement de l’Église a retenu comme signes de l'action de l’Esprit dans la vie des personnes baptisées la liste de sept dons qu’on appelle les dons du Saint Esprit. Je ne vous demande pas de les nommer – encore que certaines personnes, j’en suis sûr, pourraient le faire avec brio – mais je prends le temps de vous les énumérer : le don de sagesse, le don d’intelligence, le don de science, le don de force, le don de conseil, le don de piété et le don de crainte de Dieu. Ces sept dons sont accompagnés des fruits de l'Esprit. Saint Paul dans sa lettre au Galates résume ainsi les fruits de l’Esprit « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi ». (Galates 5, 22-23).
Tous ces dons et ces fruits se résument dans celui de l’amour- agapè qu’on nomme aussi la charité, cet amour qui, non seulement vient de Dieu, mais qui est en Dieu, qui est l’amour même du Père pour le Fils et l’Esprit, du Fils pour le Père et l’Esprit et de l’Esprit pour le Père et le Fils car comme le dit l’Écriture : Dieu est Amour. Et « l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » rappelle avec justesse saint Paul dans l’extrait de sa lettre au Galates que nous venons de lire dans la deuxième lecture.
II - La personne du Fils
Continuons notre chemin pour entrer dans le mystère de la Sainte Trinité avec le Fils bien aimé, la deuxième personne de la Trinité. L'amour au sein de la Trinité dont on vient de parler s’est manifesté par la venue du Fils bien-aimé dans le monde. Celui-ci s’est fait homme en Jésus sans quitter sa vie avec le Père et l’Esprit. C’est pourquoi, si souvent dans les évangiles et notamment dans l’évangile de saint Jean Jésus nous parle de son union avec le Père « Le Père et moi, nous sommes UN » (Jean 10, 30). L’évangile de ce matin nous le redit : « Tout ce que possède le Père est à moi ».
Cette union de Jésus avec le Père a fait l’objet de nombreuses discussions de théologiens, surtout dans les premiers siècles de l’Église où deux Conciles se sont penchés sur cette question car il y avait des déviations. Certains voyaient Jésus comme étant le Fils de Dieu qui avait fait semblant d’être comme nous, un genre de robot humain, et d’autres ne voulaient pas que Jésus fut plus qu’un être humain. Ces hérésies ont été condamnées et on a toujours tenu que le mystère de la Trinité fait partie de la révélation du vrai Dieu qui se manifeste d’abord à Abraham comme un seul Dieu, puis qu’on découvre dans le Nouveau Testament, avec l’enseignement de Jésus, comme un Dieu Un et Trine, un seul Dieu en trois personnes.
Retenons que le Fils bien-aimé se fait l’un de nous tout en demeurant au sein de la Trinité. Jésus est vrai homme et vrai Dieu. Et comme le dit saint Paul, « ayant la condition de Dieu, ( il ) ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes ». (Philippiens 2, 6-7)
III – La personne du Père
Au terme de notre chemin pour entrer dans le mystère de la Sainte Trinité, nous rencontrons la figure du Père éternel qui envoie son Fils dans le monde pour nous sauver en se faisant l’un de nous. C’est le mystère de l’Incarnation et en parlant de mystère de l’Incarnation, on est amené à se tourner vers Dieu le Père car c’est lui qui est vu comme l’origine et le commencement de tout. Ce qui fait dire à saint Jean « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». (Jean 3, 16)
Ce don va permettre à Dieu de se révéler sous un jour encore jamais atteint avec le peuple d’Israël. Cette révélation est extraordinaire. Elle nous révèle que notre Dieu est Père. Dans la prédication de Jésus, en effet, celui-ci ne se contente pas de parler de son Père, mais il enseigne à ses disciples à dire à Dieu « Notre Père ». (Mathieu 6, 9 et ss.) La paternité de Dieu qui est représentée de façon particulière par Dieu le Père est une paternité qui se réalise dans le Fils bien-aimé, le Fils « par nature » disent les théologiens, et cette paternité se donne des fils et les filles « par adoption » que nous sommes. Saint Paul l’avait compris et le rappelait ainsi aux chrétiens de Rome : « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; nous crions ‘ Abba ! ‘ c’est-à-dire : Père ! » (Romains 8, 15)
Conclusion
Je m’arrête, car vous voyez que le mystère de la Trinité est inépuisable. Il n’est pas seulement un dogme de la foi que nous proclamons chaque dimanche dans le Je crois en Dieu . Il est le chemin dans lequel depuis notre baptême nous sommes entrés et dans lequel nous avançons en reconnaissant, dans l'Esprit Saint, Jésus comme le Fils bien-aimé de Dieu, notre Père, jusqu’au jour où, comme dit saint Paul, « nous le verrons face à face » (1 Corinthiens 13, 12). Ce que je nous souhaite à toutes et à tous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
11 juin 2019
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Lectures de la messe de la solennité de la Très Sainte Trinité
Première lecture
La Sagesse a été conçue avant l’apparition de la terre (Pr 8, 22-31)
Lecture du livre des Proverbes
Écoutez ce que déclare la Sagesse de Dieu :
« Le Seigneur m’a faite pour lui,
principe de son action,
première de ses œuvres, depuis toujours.
Avant les siècles j’ai été formée,
dès le commencement, avant l’apparition de la terre.
Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée,
quand n’étaient pas les sources jaillissantes.
Avant que les montagnes ne soient fixées,
avant les collines, je fus enfantée,
avant que le Seigneur n’ait fait la terre et l’espace,
les éléments primitifs du monde.
Quand il établissait les cieux, j’étais là,
quand il traçait l’horizon à la surface de l’abîme,
qu’il amassait les nuages dans les hauteurs
et maîtrisait les sources de l’abîme,
quand il imposait à la mer ses limites,
si bien que les eaux ne peuvent enfreindre son ordre,
quand il établissait les fondements de la terre.
Et moi, je grandissais à ses côtés.
Je faisais ses délices jour après jour,
jouant devant lui à tout moment,
jouant dans l’univers, sur sa terre,
et trouvant mes délices avec les fils des hommes. »
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 8, 4-5, 6-7, 8-9)
R/ Ô Seigneur, notre Dieu,
qu’il est grand, ton nom,
par toute la terre ! (Ps 8, 2)
À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu fixas,
qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui,
le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?
Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu,
le couronnant de gloire et d’honneur ;
tu l’établis sur les œuvres de tes mains,
tu mets toute chose à ses pieds.
Les troupeaux de bœufs et de brebis,
et même les bêtes sauvages,
les oiseaux du ciel et les poissons de la mer,
tout ce qui va son chemin dans les eaux.
Deuxième lecture
Vers Dieu par le Christ dans l’amour répandu par l’Esprit (Rm 5, 1-5)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères,
nous qui sommes devenus justes par la foi,
nous voici en paix avec Dieu
par notre Seigneur Jésus Christ,
lui qui nous a donné, par la foi,
l’accès à cette grâce
dans laquelle nous sommes établis ;
et nous mettons notre fierté
dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu.
Bien plus, nous mettons notre fierté
dans la détresse elle-même,
puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ;
la persévérance produit la vertu éprouvée ;
la vertu éprouvée produit l’espérance ;
et l’espérance ne déçoit pas,
puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs
par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Tout ce que possède le Père est à moi ; l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître » (Jn 16, 12-15)
Alléluia. Alléluia.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit :
au Dieu qui est, qui était et qui vient !
Alléluia. (Ap 1, 8)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière.
En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même :
mais ce qu’il aura entendu, il le dira ;
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Lui me glorifiera,
car il recevra ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître.
Tout ce que possède le Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
L’Esprit reçoit ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 10e dimanche du temps ordinaire Année C : « Ne pleure pas » (Luc 7, 11-17)2016-06-05T04:31:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-10e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Ne-pleure-pas-Luc-7-11-17_a714.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/9471653-15194895.jpg2016-05-31T19:00:00+02:00Hermann Giguère
Je vais commencer par une phrase à la manière de Charles Péguy. « Ce n'est pas votre peine et votre malheur que je veux, mais votre bonheur » dit Dieu. Comment peut-il alors abandonner cette pauvre veuve dont le seul soutien était un fils en santé, jeune et plein d'énergie? Et pourtant, la voici derrière son cercueil avec sa famille et des amis pour le porter en terre.
Jésus passe par là. Il est remué par ce cortège. Ce n'est sûrement pas la première fois qu'il voit un cortège funèbre, mais, cette fois-ci, il s'arrête. Regardons-le faire et entrons dans le message que le signe de la résurrection du fils de la veuve de Naïm nous révèle. Ce message tient en un mot : miséricorde. Jésus transmet ici à travers ce signe une image de Dieu que le mot miséricorde illustre parfaitement. Dans cette année jubilaire que le pape François a consacré à la miséricorde, arrêtons-nous pour essayer de nous imprégner de celle-ci à la suite de Jésus.
I - Le mot miséricorde
La miséricorde descend de l’amour comme les enfants descendent des parents. Il ne peut y avoir d’amour sans miséricorde. C’est pourquoi Dieu qui est Amour est aussi Miséricorde. En effet dans le sein de la Trinité où l’amour est tout, les « entrailles » de Dieu » [c’est le sens premier du mot hébreu hesed et du mot grec eleios qu’on a traduits par le mot miséricorde] sont celles d’un Père regardant son Fils qu’il aime et engendre dans l’amour qui est l’Esprit Saint. Dans ce mouvement d’amour naît comme une chaleur et une affection qui est la miséricorde. C’est « l’amour viscéral de Dieu » écrit le Père Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale depuis 30 ans [voir la référence à la fin du texte].
La miséricorde ne peut se séparer du mouvement d’amour en Dieu. « La miséricorde n’est rien d’autre qu’une nuance particulière de l’amour » précise le Père Cantalamessa [voir la référence à la fin du texte]. Ainsi lorsque l’amour de Dieu rejoint les êtres humains que nous sommes, il les enveloppe toujours de miséricorde.
C’est pourquoi, Jésus, le Fils de Dieu, dans ses gestes humains va montrer en plusieurs occasions, comme ici devant le cortège des funérailles du fils de la veuve de Naïm, son cœur miséricordieux. Jésus se fait un témoin et un messager de Dieu dont le nom est Amour et Miséricorde. Ses paroles « Ne pleure pas » à la mère éplorée l’illustrent à merveille. Son cœur est touché et ému devant la douleur de cette femme. Il ne peut passer sans s’arrêter.
II - Les gestes de miséricorde
Et que va-t-il faire ? Il pose un geste de miséricorde. Ce geste a un côté spectaculaire, car il s’agit de ramener quelqu’un à la vie, ce qui n’est pas peu dire. Mais le geste de Jésus ne vise pas ici à manifester sa puissance divine. Il est un geste de proximité humaine et fraternelle. Il est saisi de pitié.
Jésus dit par ce geste : « Écoutez, je suis à côté d’une misère que je puis soulager. Je laisse non seulement mon cœur être touché, mais je joins le geste à la parole. Et je dis ‘Jeune homme, je te l'ordonne, lève-toi’ pour que le voyant revenu à la vie, vous sachiez vous retourner vers vos frères et sœurs et ramener à la vie ceux et celles qui sont dans la peine et le malheur, à l’exemple du prophète Élie invoquant le Seigneur pour le fils de la veuve chez qui il logeait et le lui rendant vivant ».
Tels sont les gestes de miséricorde qui sont des gestes concrets qui nous rendent miséricordieux à l’image du Dieu Amour et Miséricorde que nous aimons et vénérons.
La tradition de l’Église en a fait une liste que le pape François nous invite à fréquenter : « La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces œuvres de miséricorde, pour que nous puissions comprendre si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples » écrit-il dans Misericordiae Vultus, Bulle d’Indiction du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde 11 avril 2015 au numéro 15. Cette liste comprend quatorze gestes qu’on appelle les œuvres de miséricorde. Ils sont répartis en sept gestes de miséricorde corporelle et sept gestes de miséricorde spirituelle.
Les œuvres de miséricorde corporelles sont :
- donner à manger aux affamés,
- donner à boire à ceux qui ont soif,
- vêtir ceux qui sont nus,
- accueillir les étrangers,
- assister les malades,
- visiter les prisonniers,
- ensevelir les morts.
Et les œuvres de miséricorde spirituelles sont:
- conseiller ceux qui sont dans le doute,
- enseigner les ignorants,
- avertir les pécheurs,
- consoler les affligés,
- pardonner les offenses,
- supporter patiemment les personnes ennuyeuses,
- prier Dieu pour les vivants et pour les morts.
III – Application
L’évangile d’aujourd’hui où l’on voit Jésus miséricordieux nous stimule à être nous aussi selon le thème du Jubilé extraordinaire de la miséricorde : « Miséricordieux comme le Père ». Cet évangile et cette année jubilaire nous invitent à poser des gestes. La miséricorde n’est pas un concept ou une idée, elle n’a rien d’abstrait, elle se pratique dans la vie concrète. C’est autour de nous qu’on rencontre ceux et celles qui sont dans le doute, ceux et celles qui sont étrangers, ceux et celles qui sont malades etc. Il y a un espace d'application très vaste pour les cœurs miséricordieux.
À l’exemple de sainte Faustine Kowalska (190 5-1938), qui a reçu de Jésus la mission de développer la dévotion à la miséricorde divine, laissons-nous imprégner de cette miséricorde divine en répétant comme elle nous l’a enseigné dans son Journal : « Jésus, j’ai confiance en toi » [en polonais « Jezu Ufam Tobie »]. C’est lui qui par son cœur miséricordieux, le Sacré-Cœur, que nous avons fêté vendredi dernier, nous fera voir les gestes à poser selon nos possibilités et selon les circonstances
Conclusion
Que notre Messe aujourd’hui ouvre nos cœurs à ce mouvement d’amour et de miséricorde issu du cœur de Dieu qui nous a donné son Fils pour que nous puissions à notre tour devenir des fils et des filles de Dieu vivant dans l’action de grâces à la suite de Jésus sur les chemins du monde et reprenons ce refrain d’un vieux cantique encore bien populaire au Québec : « O Jésus, doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
31 mai 2016
Raniero Cantalamessa o.f.m. cap., Le regard de la miséricorde. Petit traité sur la miséricorde de Dieu et celle de l’homme, Éditions des Béatitude, Paris, Paris, 2016, p. 21 et p. 9
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Marie de l'Incarnation (1599-1672) : la séparation de la mère et du fils présentée par Henri Brémond2016-03-01T21:01:00+01:00https://www.hgiguere.net/Marie-de-l-Incarnation-1599-1672-la-separation-de-la-mere-et-du-fils-presentee-par-Henri-Bremond_a696.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8925544-14150420.jpg2016-02-10T04:47:00+01:00Hermann Giguère
Titre: «La réelle difficulté d'un cas de conscience: la séparation mère-fils présentée par Henri Bremond »
par Mgr Hermann Giguère P.H.¸
professeur titulaire de théologie spirituelle et d’histoire de spiritualité de 1968 à 2002
professeur associé
Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval (Québec)
Raymond Brodeur, responsable scientifique du Centre d’Études Marie de l’Incarnation (CÉMI), m'a demandé de présenter ce que dit Henri Brémond de la séparation du fils de Marie de l’Incarnation avec sa mère et de présenter l’état de question qu’il en fait dans le sixième tome de l’Histoire du sentiment religieux en France à partir des guerres de religion. J’ai accepté de le faire en lui disant que je me contenterais de résumer Brémond pour votre bénéfice sans entrer dans la discussion de ses positions. Qui est Brémond? C’est un historien mort en 1933. Il a étudié en Angleterre alors qu’il était jésuite. Il quitta par la suite la Compagnie de Jésus. Il a publié plus de 20 ouvrages. Son œuvre majeure est l’Histoire du sentiment religieux en France à partir des guerres de religion commencée en 1909 et non terminée. Réédition avec annotations en 2006 et édition de la partie que nous allons utiliser sur Marie de l’Incarnation aux éditions du Cerf à Paris en 2014 intitulée Sainte Marie de l’Incarnation.
PLAN
Introduction : un cas de conscience
I – L’épisode raconté dans le 7e état d’oraison
a) les faits
- La version de la mère : Marie de l’Incarnation
- La version du fils : Dom Claude
b) les raisons évoquées
II – Les suites retenues par Brémond
a) les retombées
b) les retours sur cette situation
III – Le jugement de Brémond
a) La vraie pensée de Mme Martin sur ce cas de conscience
b) A la place de son directeur, qu'eussions-nous conseillé?
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« Debout, la mère des douleurs..» : homélie pour la fête de Notre-Dame des douleurs2022-09-15T16:10:00+02:00https://www.hgiguere.net/Debout-la-mere-des-douleurs-homelie-pour-la-fete-de-Notre-Dame-des-douleurs_a133.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/723862-885013.jpg2015-09-14T20:54:00+02:00Hermann Giguère
« Debout, la Mère des douleurs Près de la croix était en pleurs Quand son Fils pendait au bois »
Chers frères et sœurs, cette traduction française de la première strophe du « Stabat mater dolorosa » situe le cadre de notre méditation d'aujourd'hui. Elle reprend poétiquement le texte de l'évangile de Jean que nous venons d'entendre. Cette scène si forte inspire l'auteur de l'Épître aux Hébreux dont la liturgie a retenu un court passage qui inspirera mes réflexions.
I - Un nouvel enfantement
L'auteur de l'Épître aux Hébreux fait dire au Christ un peu plus loin dans sa méditation : « ...tu m'as façonné un corps... Voici, je suis venu pour faire ta volonté » (Hébreux 10, 5.9).
Ce corps reçu de Dieu c'est lui que contemple au pied de la croix la Mère de Jésus, Marie femme de Cléophas, Marie-Madeleine et l'apôtre Jean. Ce corps déchiré et meurtri marque la perfection de l'accomplissement de la volonté de Dieu. "Bien qu'il soit le Fils, il a pourtant appris l'obéissance par les souffrances de sa Passion; et, ainsi conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel» (Hébreux 5, 9). Le Serviteur souffrant donne sa vie pour la multitude.
Ce corps lacéré, à bout de souffle, défiguré, c'est celui que Marie a formé dans sa chair pendant neuf mois. Elle est là. C'est elle-même qui est sur la Croix. Une mère peut-elle voir son enfant ainsi traité sans en ressentir une douleur extrême, sans devenir une «mère en douleur»? Elle participe à un nouvel enfantement.
C'est en ces moments que s'accomplit le chant des anges à Bethléem: « Un enfant vous est né. Un sauveur vous est donné ». C'est en ces moments que le fils de Marie devient le Sauveur d'une multitude de frères et de soeurs, que l'amour de Dieu vient à la rencontre de l'humanité par le Corps et le Sang versé de celui qui est sur la croix. De ce corps transpercé par la lance du soldat sortiront du sang et de l'eau. De ce corps naîtra un peuple nouveau, une foule immense des quatre coins de la terre.
Voilà la beauté de cette scène de l'évangile que nous venons de lire. Oui! au pied de la Croix la Mère des douleurs devient la Mère de l'Église, de ce peuple nouveau des baptisés. « Femme, voici ton fils ».
C'est pourquoi, l'Église nourrit depuis les temps anciens une telle dévotion à Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Église. « Voici ta mère ».
II - Toujours vivant, le Christ ne meurt plus
Ce n'est pas tout. Ce corps battu par les lanières des fouets, crucifié, percé par la lance, celui du Sauveur qui a été l'instrument dont celui-ci s'est servi pour accomplir la volonté de Dieu jusqu'au bout est sorti du tombeau. Le Christ est ressuscité.Il est devenu puissant pour nous sauver. « Il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel» (Hébreux 5, 9).
Naissance dans la douleur au pied de la Croix, naissance dans la gloire de Pâques où le Christ s'est levé du tombeau. Désormais le Christ est vivant et il ne meurt plus.
C'est ainsi qu'à chaque Eucharistie que nous célébrons en assemblée autour de la Croix associés à Marie et aux témoins qui se tenaient sur le Golgotha, nous tenons en nos mains, nous partageons et nous mangeons le Corps du Christ. Et nous pouvons dire en vérité et en souhaitant que cela s'inscrive de plus en plus profondément dans nos vies : « Ô Christ, tu m'as donné et façonné par cette Eucharistie ton Corps meurtri et ressuscité... Voici que je viens, comme toi, faire la volonté du Père qui n'a d'autre volonté que celle que toute l'humanité soit sauvée.»
Dans cette Eucharistie où nous nous tenons comme la Mère des douleurs au pied de la croix, demandons au Seigneur de le faire comme Marie dans l'abandon total à la volonté de Dieu.
Amen!
Mgr Hermann Giguère, ptre, p.h.
Le 15 septembre 2007
Le titre de cette homélie est une traduction des premiers vers de l'hymne « Stabat mater dolorosa ». En voici le texte latin complet ainsi qu'une traduction française.
Sur cette belle prière du « Stabat mater » le site le plus complet est en anglais et d'une richesse incroyable. Tout y est. L'adresse du site est http://www.stabatmater.info/index1.html
Compte tenu de ses nombreuses variantes nous donnons ici le texte latin "canonique" d'origine et une traduction française officielle de l'Église.
TEXTE LATIN
Stabat mater dolorosa
juxta crucem lacrimosa
dum pendebat Filius.
Cujus animam gementem
constristatam et dolentem
pertransivit gladius.
O quam tristis et afflicta
fuit illa benedicta
mater Unigenti.
Quae maerebat et dolebat
pia mater dum videbat
nati poenas incliti
Quis est homo qui non fleret
matrem Christi si videret
in tanto supplicio?
Quis non posset contristari
Christi matrem contemplari
dolentem cum Filio?
Pro peccatis suae gentis
vidit Jesum in tormentis
et flagellis subditum.
Vidit suum dulcem natum
moriendo desolatum
dum emisit spiritum.
Eia Mater, fons amoris,
me sentire vim doloris
fac ut tecum lugeam.
Fac ut ardeat cor meum
in amando Christum Deum
ut sibi complaceam.
Sancta Mater, istud agas,
crucifixi fige plagas
cordi meo valide.
Tui nati vulnerati
tam dignati pro me pati
paenas mecum divide.
Fac me vere tecum flere
crucifixo condolere
donec ego vixero.
Juxta crucem tecum stare
et me sibi sociare
in planctu desidero.
Virgo virginum praeclara
mihi jam non sis amara
fac me tecum plangere.
Fac ut portem Christi mortem
passionis fac consortem
et plagas recolere.
Fac me plagis vulnerari
fac me cruce inebriari
et cruore Filii.
Flammis ne urar succensus
per te Virgo sim defensus
in die judicii.
Christe,cum sit hinc exire,
da per matrem me venire
ad palmam victoriae.
Quando corpus morietur
fac ut animae donetur
paradisi gloria.
TEXTE FRANÇAIS
Debout, la mère des douleurs
Près de la croix était en pleurs
Quand son Fils pendait au bois.
Alors, son âme gémissante
Toute triste et toute dolente
Un glaive la transperça.
Qu'elle était triste, anéantie,
La femme entre toutes bénie,
La Mère du Fils de Dieu!
Dans le chagrin qui la poignait,
Cette tendre Mère pleurait
Son Fils mourant sous ses yeux.
Quel homme sans verser de pleurs
Verrait la Mère du Seigneur
Endurer si grand supplice?
Qui pourrait dans l'indifférence
Contempler en cette souffrance
La Mère auprès de son Fils?
Pour toutes les fautes humaines,
Elle vit Jésus dans la peine
Et sous les fouets meurtri.
Elle vit l'Enfant bien-aimé
Mourir tout seul, abandonné,
Et soudain rendre l'esprit.
O Mère, source de tendresse,
Fais-moi sentir grande tristesse
Pour que je pleure avec toi.
Fais que mon âme soit de feu
Dans l'amour du Seigneur mon Dieu:
Que je lui plaise avec toi.
Mère sainte, daigne imprimer
Les plaies de Jésus crucifié
En mon cœur très fortement.
Pour moi, ton Fils voulut mourir,
Aussi donne-moi de souffrir
Une part de ses tourments.
Pleurer en toute vérité
Comme toi près du crucifié
Au long de mon existence.
Je désire auprès de la croix
Me tenir, debout avec toi,
Dans ta plainte et ta souffrance.
Vierge des vierges, toute pure,
Ne sois pas envers moi trop dure,
Fais que je pleure avec toi.
Du Christ fais-moi porter la mort,
Revivre le douloureux sort
Et les plaies, au fond de moi.
Fais que ses propres plaies me blessent,
Que la croix me donne l'ivresse
Du sang versé par ton Fils.
Je crains les flammes éternelles;
O Vierge, assure ma tutelle
A l'heure de la justice.
O Christ, à l'heure de partir,
Puisse ta Mère me conduire
A la palme de la victoire.
A l'heure où mon corps va mourir,
A mon âme fais obtenir
La gloire du paradis.
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