Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttps://www.hgiguere.net/2024-03-29T01:44:34+01:00Webzine Maker46.814776-71.2https://www.hgiguere.net/favicon.icohttps://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour le 19e dimanche du temps ordinaire Année C : « Le Maître se fait serviteur »2022-08-02T22:58:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-19e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Le-Maitre-se-fait-serviteur_a1076.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/64228942-46109458.jpg2022-08-02T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Cette scène est un peu étrangère à nos habitudes ici au Québec, même si elle peut faire partie encore de la vie courante dans d’autres parties du monde. Il y a longtemps qu’on n'a plus ici de serviteurs, de servantes, de domestiques. Il y a longtemps qu’on n’a pas besoin d’allumer des flambeaux le soir ou des lampes à l’huile.
C’est une des difficultés de l’évangile et de la Bible en général. Comme me disait quelqu’un : « Toutes ces scènes d’une autre culture, ça ne nous dit pas grand-chose, pourquoi lire cela à l’église? » Et pourtant, c’est à travers ces récits, ces images que Dieu veut nous parler encore aujourd’hui. Il nous laisse un message. Il nous fait signe.
I – La scène : un maître et des serviteurs
Revenons donc à notre scène du maître qui revient des noces. Les serviteurs se tiennent prêts. Ils ne se laissent pas aller à dormir. Ils sont vigilants. Ils ne pensent pas à eux d‘abord, mais au maître. Ils sont tournés vers lui. Ils veulent son bien. Ils veulent qu’il soit heureux et content. Ils s’oublient eux-mêmes un peu comme des parents le font pour leurs enfants.
Voilà la scène de départ, le premier acte de la pièce de théâtre, pourrait-on dire, et qu'est-ce qui se passe? Le maître arrive et la situation est complètement renversée littéralement. Coup de théâtre. Les serviteurs tombent sur le dos. Ils n’en croient pas leur yeux. C’est leur maître qui les sert lui-même, qui les fait manger. Ils sont abasourdis, car ce n’est pas ainsi d’habitude dans la vie des maîtres et des serviteurs.
Voilà le récit, l’histoire que raconte Jésus. Quel est le message pour nous selon vous? La réponse est dans le renversement. Jésus veut nous dire ici que lui - le Maître - il n’agit pas comme les maîtres ordinaires. Il agit comme un maître d’un genre particulier. Il vient à notre secours. Il vient donner sa vie au service de l’Humanité. Il ne vient pas dominer, écraser. Il vient servir…jusqu’à donner tout ce qu’’il a pour nous, pour nous sauver. C’est cela le vrai service.
Vous voyez donc le pourquoi de ce petit récit bien simple qui fait appel à des habitudes que nous n’avons plus. Il garde quand même son intérêt. Car l’enseignement qu’il nous transmet est encore valable aujourd’hui et n’est pas sans conséquence si nous le prenons au sérieux
II – Comme Lui
Une première conséquence de cette attitude de service qui est au cœur de la vie de Jésus nous concerne tous et toutes. Jésus par ce récit veut nous dire que, comme le disciple n’est pas au-dessus du maître, nous ses disciples nous devons faire comme lui. Un chant de Robert Lebel que vous connaissez bien le dit admirablement : « Comme Lui, savoir dresser la table Comme Lui, nouer le tablier Se lever chaque jour et servir par amour Comme Lui. »
Pourquoi faire comme Lui ? Parce qu’il n’est plus là physiquement. Il est présent par ses disciples qui témoignent de Lui. Le Christ ce sont les chrétiens, le Christ c’est nous, nous sommes son Corps mystique, c'est à travers nous que les autres, nos contemporains, peuvent voir le Christ.
Vous êtes le Corps du Christ dit saint Paul aux chrétiens de Corinthe. Cela m’amène à me demander - à moi et que chacun et chacune se le demande à lui ou à elle aussi : « Est-ce que je pense de temps en temps à rendre témoignage de ma foi, à rendre le Christ visible? Est-ce que je veux le faire malgré mes limites et mes péchés? »
III – Des serviteurs dans l’attente
Une deuxième conséquence qui ressort de ce beau récit c’est une invitation à la vigilance dans l’attente de la venue du Maître qui se met au service de ses serviteurs. Nous sommes invités à être toujours dans l’attente de la venue de Dieu dans nos vies de chaque jour.
Les disciples de Jésus sont des êtres d’attente comme la femme qui attend un enfant, comme le jeune qui attend le spectacle de son groupe rock préféré etc.
Jésus nous dit aujourd’hui « Vous rencontrerez un jour Celui que vous cherchez. Vous êtes ‘programmés’ pour une rencontre exceptionnelle, à ne pas manquer. … Un jour quelqu’un frappera à votre porte, quelqu’un qui vous connaît bien et vous aime… ce sera au soir de votre vie, ce sera le Grand Rendez-vous. Tenez-vous prêts dès maintenant, soyez prêts avec vos lampes allumées ». C'est direct et clair : le disciple de Jésus se sait en marche vers une demeure où Jésus est déjà arrivé et où il l'attend.
Conclusion
Que cette Eucharistie nous aide à nous laisser changer de plus en plus, à développer comme Jésus notre Maître cet esprit de service d’un véritable disciple qui marche à la suite de celui qui s’est fait le Serviteur parfait.
Comme l’écrit saint Paul aux Philippiens : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom. » (Philippiens 2, 5-10)
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
2 août 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais à la gloire » (Sg 18, 6-9)
Lecture du livre de la Sagesse
La nuit de la délivrance pascale
avait été connue d’avance par nos Pères ;
assurés des promesses auxquelles ils avaient cru,
ils étaient dans la joie.
Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes
et la ruine de leurs ennemis.
En même temps que tu frappais nos adversaires,
tu nous appelais à la gloire.
Dans le secret de leurs maisons,
les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice,
et ils consacrèrent d’un commun accord cette loi divine :
que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ;
et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 32 (33), 1.12, 18-19,20.22)
R/ Heureux le peuple
dont le Seigneur est le Dieu. (Ps 32, 12a)
Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu,
heureuse la nation qu’il s’est choisie pour domaine !
Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.
Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !
DEUXIÈME LECTURE
« Abraham attendait la ville dont le Seigneur lui-même est le bâtisseur et l’architecte » (He 11, 1-2.8-19)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères,
la foi est une façon de posséder ce que l’on espère,
un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas.
Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens,
c’est à cause de leur foi.
Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu :
il partit vers un pays
qu’il devait recevoir en héritage,
et il partit sans savoir où il allait.
Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré
dans la Terre promise, comme en terre étrangère ;
il vivait sous la tente,
ainsi qu’Isaac et Jacob,
héritiers de la même promesse,
car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations,
la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte.
Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge,
fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance
parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses.
C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort,
a pu naître une descendance aussi nombreuse
que les étoiles du ciel
et que le sable au bord de la mer,
une multitude innombrable.
C’est dans la foi, sans avoir connu la réalisation des promesses,
qu’ils sont tous morts ;
mais ils l’avaient vue et saluée de loin,
affirmant que, sur la terre,
ils étaient des étrangers et des voyageurs.
Or, parler ainsi, c’est montrer clairement
qu’on est à la recherche d’une patrie.
S’ils avaient songé à celle qu’ils avaient quittée,
ils auraient eu la possibilité d’y revenir.
En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure,
celle des cieux.
Aussi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu,
puisqu’il leur a préparé une ville.
Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve,
Abraham offrit Isaac en sacrifice.
Et il offrait le fils unique,
alors qu’il avait reçu les promesses
et entendu cette parole :
C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom.
Il pensait en effet
que Dieu est capable même de ressusciter les morts ;
c’est pourquoi son fils lui fut rendu :
il y a là une préfiguration.
– Parole du Seigneur.
OU LECTURE BREVE
DEUXIÈME LECTURE
« Abraham attendait la ville dont le Seigneur lui-même est le bâtisseur et l’architecte » (He 11, 1-2.8-12)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères,
la foi est une façon de posséder ce que l’on espère,
un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas.
Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens,
c’est à cause de leur foi.
Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu :
il partit vers un pays
qu’il devait recevoir en héritage,
et il partit sans savoir où il allait.
Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré
dans la Terre promise, comme en terre étrangère ;
il vivait sous la tente,
ainsi qu’Isaac et Jacob,
héritiers de la même promesse,
car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations,
la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte.
Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge,
fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance
parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses.
C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort,
a pu naître une descendance aussi nombreuse
que les étoiles du ciel
et que le sable au bord de la mer,
une multitude innombrable.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Vous aussi, tenez-vous prêts » (Lc 12, 32-48)
Alléluia. Alléluia.
Veillez, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y pensez pas
que le Fils de l’homme viendra.
Alléluia. (cf. Mt 24, 42a.44)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Sois sans crainte, petit troupeau :
votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.
Vendez ce que vous possédez
et donnez-le en aumône.
Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas,
un trésor inépuisable dans les cieux,
là où le voleur n’approche pas,
où la mite ne détruit pas.
Car là où est votre trésor,
là aussi sera votre cœur.
Restez en tenue de service,
votre ceinture autour des reins,
et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée,
trouvera en train de veiller.
Amen, je vous le dis :
c’est lui qui, la ceinture autour des reins,
les fera prendre place à table
et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin
et qu’il les trouve ainsi,
heureux sont-ils !
Vous le savez bien :
si le maître de maison
avait su à quelle heure le voleur viendrait,
il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas
que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors :
« Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole,
ou bien pour tous ? »
Le Seigneur répondit :
« Que dire de l’intendant fidèle et sensé
à qui le maître confiera la charge de son personnel
pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ?
Heureux ce serviteur
que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !
Vraiment, je vous le déclare :
il l’établira sur tous ses biens.
Mais si le serviteur se dit en lui-même :
‘Mon maître tarde à venir’,
et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes,
à manger, à boire et à s’enivrer,
alors quand le maître viendra,
le jour où son serviteur ne s’y attend pas
et à l’heure qu’il ne connaît pas,
il l’écartera
et lui fera partager le sort des infidèles.
Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître,
n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté,
recevra un grand nombre de coups.
Mais celui qui ne la connaissait pas,
et qui a mérité des coups pour sa conduite,
celui-là n’en recevra qu’un petit nombre.
À qui l’on a beaucoup donné,
on demandera beaucoup ;
à qui l’on a beaucoup confié,
on réclamera davantage. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
OU LECTURE BREVE
ÉVANGILE
« Vous aussi, tenez-vous prêts » (Lc 12, 35-40)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Restez en tenue de service,
votre ceinture autour des reins,
et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée,
trouvera en train de veiller.
Amen, je vous le dis :
c’est lui qui, la ceinture autour des reins,
les fera prendre place à table
et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin
et qu’il les trouve ainsi,
heureux sont-ils !
Vous le savez bien :
si le maître de maison
avait su à quelle heure le voleur viendrait,
il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts :
c’est à l’heure où vous n’y penserez pas
que le Fils de l’homme viendra. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 8e dimanche du temps ordinaire Année C « Trois images ou paraboles »2022-03-03T03:20:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-8e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Trois-images-ou-paraboles_a1051.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/60159116-44062568.jpg2022-02-22T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Nous continuons à écouter les conseils de Jésus dans le Discours ou Sermon sur la montagne que saint Luc a retenus. À la différence des autres évangélistes, saint Luc le situe « sur un terrain plat » cf. Luc 6,17. Ce matin saint Luc nous présente des images que Jésus utilisait pour enseigner à ses disciples et à ceux et à celles qui venaient l’entendre, car il leur parlait souvent ainsi. Les évangiles appellent ces images des paraboles. « Il leur disait en parabole… » écrit saint Luc ici. Les paraboles sont des images ou des histoires qui apportent un enseignement que Jésus veut que les gens comprennent et qu’ils retiennent.
Ce matin nous avons trois images ou paraboles : celle des deux aveugles, celle de la poutre et de la paille puis celle de l'arbre et de son fruit. Comment les comprendre et quoi en retenir?
On pense que saint Luc utilisait ces paraboles pour enseigner les nouveaux baptisés lorsqu’il prêchait avec saint Paul. Je ne sais comment saint Luc les commentait. Mais je vais faire un peu comme lui ce matin. Je vais y aller de mon commentaire personnel pour nous qui sommes tous et toutes d’une certaine façon des nouveaux baptisés car nous n’avons jamais été au fond des richesses de notre baptême et du message de Jésus. Nous avons toujours à découvrir et à vivre des choses nouvelles.
I - Les aveugles
Commençons avec la première parabole. « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? » dit Jésus. Cette observation est on ne peut plus évidente. Elle est très parlante et porteuse de sens.
Tout d’abord, elle nous dit qu’on doit choisir qui on suit. Si on suit tout un chacun, celui ou celle qui parle le plus fort, celui ou celle qui ne veut que plaire à nos désirs, sans discernement, on risque de « tomber dans le trou » comme dit Jésus. La première leçon de cette petite parabole est donc une invitation au discernement. Dans nos vies, il est important de prendre le temps de s’arrêter un peu, de temps à autre, pour regarder où notre vie s’en va, pour se laisser éclairer par la lumière de l’Esprit de Dieu en nous. C'est dans la prière que se réalise le mieux ce temps d'arrêt qui favorise l'écoute.
L’autre enseignement de cette petite parabole est contenu dans la deuxième phrase : « Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître ». Toute personne qui se lance dans la vie et qui cherche à se réaliser a besoin de guides et de mentors comme on dit aujourd’hui. Encore là, il faut choisir un bon maitre, lui il nous formera et alors nous pourrons aller de l’avant par nous-même. Bien entendu, saint Luc pense à Jésus comme ce Maître idéal. Si nous le suivons, il nous formera et nous pourrons par nous-même faire face aux aléas de la vie et avancer sans tomber dans les fossés et les ravins. Il sera lui-même notre chemin comme il le dit dans l’évangile de saint Jean « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». (Jean 14, 6)
II - La poutre et la paille
Passons maintenant à l’image de la poutre et de la paille. Cette image est très connue. Et elle est tellement bien choisie qu’elle n’a presque pas besoin d’explication. Tout le monde la comprend. Le message est le suivant « Avant de mettre les responsabilités sur autrui commence par te regarder ».
Cette invitation si elle était suivie éviterait bien des conflits dans les familles et les couples, dans les groupes de toutes sortes, n’est-ce pas? Elle est un gage de réalisme et de vérité dans son regard sur soi et sur les autres.
Nous avons tendance à minimiser nos travers et à grossir ceux des autres. La nature humaine est faite ainsi. Jésus nous met en garde. Cette image nous invite à mettre toujours dans notre regard sur les autres de la miséricorde et de la compassion comme le fait Dieu quand il nous regarde.
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » rapporte saint Luc quelques versets avant le passage que nous venons de lire. Ce regard miséricordieux est encore plus nécessaire si nous sommes d'une façon ou de l'autre en position d’autorité comme les sont les parents, les enseignants, les pasteurs. Il est facile de se rabattre sans discernement sur des normes ou des règles sans regarder ce qu’il y dans le cœur des personnes.
Jésus nous invite ici ajuster notre regard sur la réalité des personnes en respectant leur dignité et leur originalité. Car les personnes ne sont pas toutes pareilles. Nous avons besoin d’en tenir compte dans nos jugements et nos contacts avec elles
III - L’arbre et son fruit
La troisième image, celle de l’arbre et de son fruit, me suggère de souligner, comme un jardinier que je suis dans mes temps libres, que les arbres fruitiers, en particulier, ont besoin de soins suivis et d’attention pour que leurs fruits soient beaux. Ce qui est important c’est cette attention à soigner l’arbre lui-même, car « c’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre » comme le note si bien le passage du livre de Ben Sira le Sage lu dans la première lecture. Les fruits sont le résultat de ces soins. Plusieurs mettent la charrue devant les bœufs et ne pensent qu’aux fruits à récolter. Ils oublient de prendre soin de l’arbre qui porte les fruits
Cette leçon est très riche pour nous. Dans notre vie il est beaucoup mieux de laisser le Seigneur s’occuper des fruits, il fera sortir « du trésor de notre cœur qui est bon » comme le dit l'évangile. Quant à nous nous avons à mettre les efforts pour préparer le terreau où les arbres vont pousser. Comme de bons jardiniers nous ensemencerons, nous abriterons les pousses au besoin, nous couperons et émonderons l’arbre parfois, nous le nourrirons aussi avec soin. Cet arbre c’est notre vie et notre communauté chrétienne.
Conclusion
Vous voyez bien par mes commentaires que les images de Jésus retenues par saint Luc, ces trois petites paraboles, peuvent encore aujourd’hui entraîner des applications concrètes. En effet, les paroles de l’Évangile et des Écritures Saintes en général sont esprit et vie. Elles ne sont pas des paroles vaines mais des paroles qui peuvent nous inspirer si nous prenons la peine de les écouter et de les méditer.
Demandons au Seigneur de recevoir ces paroles aujourd’hui avec un cœur ouvert. Nourris par ces paroles, nous pouvons maintenant nous tourner vers Celui qui est la Parole de Dieu incarnée présent parmi nous par son Corps et son Sang que nous vénérons dans le Pain et Vin consacrés.
Qu’il soit pour nous le Maître par qui nous nous laissons former afin de devenir à sa suite de plus en plus ajustés à la volonté de Dieu sur nous et sur notre communauté.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
22 février 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé » (Si 27, 4-7)
Lecture du livre de Ben Sira le Sage
Quand on secoue le tamis, il reste les déchets ;
de même, les petits côtés d’un homme
apparaissent dans ses propos.
Le four éprouve les vases du potier ;
on juge l’homme en le faisant parler.
C’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre ;
ainsi la parole fait connaître les sentiments.
Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé,
c’est alors qu’on pourra le juger.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 91 (92), 2-3, 13-14, 15-16)
R/ Il est bon, Seigneur, de te rendre grâce ! (cf. Ps 91, 2)
Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur,
de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut,
d’annoncer dès le matin ton amour,
ta fidélité, au long des nuits !
Le juste grandira comme un palmier,
il poussera comme un cèdre du Liban ;
planté dans les parvis du Seigneur,
il grandira dans la maison de notre Dieu.
Vieillissant, il fructifie encore,
il garde sa sève et sa verdeur
pour annoncer : « Le Seigneur est droit !
Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! »
DEUXIÈME LECTURE
« Dieu nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » (1 Co 15, 54-58)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères,
au dernier jour,
quand cet être périssable
aura revêtu ce qui est impérissable,
quand cet être mortel
aura revêtu l’immortalité,
alors se réalisera la parole de l’Écriture :
La mort a été engloutie dans la victoire.
Ô Mort, où est ta victoire ?
Ô Mort, où est-il, ton aiguillon ?
L’aiguillon de la mort,
c’est le péché ;
ce qui donne force au péché,
c’est la Loi.
Rendons grâce à Dieu qui nous donne la victoire
par notre Seigneur Jésus Christ.
Ainsi, mes frères bien-aimés,
soyez fermes, soyez inébranlables,
prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur,
car vous savez que, dans le Seigneur,
la peine que vous vous donnez n’est pas perdue.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » (Lc 6, 39-45)
Alléluia. Alléluia.
Vous brillez comme des astres dans l’univers
en tenant ferme la parole de vie.
Alléluia. (Ph 2, 15d.16a)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples en parabole :
« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ?
Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ?
Le disciple n’est pas au-dessus du maître ;
mais une fois bien formé,
chacun sera comme son maître.
Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère,
alors que la poutre qui est dans ton œil à toi,
tu ne la remarques pas ?
Comment peux-tu dire à ton frère :
‘Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’,
alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ?
Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ;
alors tu verras clair
pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.
Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ;
jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit.
Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit :
on ne cueille pas des figues sur des épines ;
on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces.
L’homme bon tire le bien
du trésor de son cœur qui est bon ;
et l’homme mauvais tire le mal
de son cœur qui est mauvais :
car ce que dit la bouche,
c’est ce qui déborde du cœur. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 27e dimanche du temps ordinaire Année C « Si vous aviez la foi... »2019-10-03T01:37:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-27e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Si-vous-aviez-la-foi_a913.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/34112383-31266062.jpg2019-10-01T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Jésus est en marche vers Jérusalem depuis sa Galilée natale ce qui fait un peu plus de 100 kilomètres. Il fait cette longue marche à pied. Il la fait avec ses apôtres et plusieurs personnes qui le suivent. Tout ce beau monde monte à Jérusalem pour la Pâque. Durant cette marche, on prend des pauses, on cause et Jésus communique soit aux apôtres qu'il prend à part parfois soit à toute le monde ses pensées sur l’Alliance avec Dieu vécue par Israël en annonçant qu’elle deviendra une nouvelle Alliance dont il est porteur comme il l'a dit à Nazareth devant se concitoyens. En effet, c'est là qu'un jour, après avoir lu les paroles du prophète Isaïe décrivant la venue du Messie, il a proclamé : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ».(cf. Luc 4, 21)
I - Les exigences de la Nouvelle Alliance
Dans sa prédication publique et dans ses conversations privées, Jésus promet l’accomplissement de ce que Dieu a promis. Pour entrer dans son Royaume, les exigences sont radicales toutefois, elles vont bien au-delà des exigences de la Loi de Moïse. Les gens sont surpris, mais intéressés et gagnés à cette nouvelle façon de voir les relations de l'humanité avec Dieu, un Dieu qui n'est pas seulement une Maître exigeant mais un père pour ses enfants.
C’est ainsi que devant ces nouvelles exigences et l’incitation à choisir ce camp par opposition à celui des gens remplis d’eux-mêmes et profiteurs des réalités de ce monde comme le riche dont parlait l’évangile de dimanche dernier, les disciples sont un peu dépassés. Ils comprennent ce que Dieu attend d’eux. Ils sont prêts à adhérer à la vision de Jésus, mais ils ne sentent pas assez de force pour réussir à vivre ces nouvelles exigences.
C’est pourquoi ils demandent à Jésus d’augmenter leur foi, de leur donner une foi plus forte. Cette foi qu’ils demandent c’est l’abandon à la volonté de Dieu, c'est d’être capables de se laisser guider par les enseignements de Jésus dans toute leur vie.
Pour leur répondre, Jésus utilise une comparaison surprenante et il leur dit que s’ils avaient un peu de foi ils diraient à l’arbre qu'ils voient devant eux de se planter dans la mer et il le ferait! Par cette image, il leur indique que pour Dieu un tout petit peu de foi peut transformer toute une vie. Rien n'est impossible à Dieu. Il compare ce petit peu de foi à une graine de moutarde qui est une des plus petites graines qu’on trouve en Palestine. Elle est toute petite mais elle donne une plante vigoureuse. Ainsi de la foi.
Comme les apôtres, demandons au Seigneur d'augmenter notre foi car bien souvent nous laissons les visions humaines obscurcir celle-ci alors qu’en vivant dans l'abandon nous sommes sûrs que Dieu lui-même fera des merveilles et même des miracles.
II – La fidélité dans la foi
Le disciple qui s'abandonne dans une foi confiante est un disciple vivant la fidélité comme le souhaite la fin du texte lu dans la première lecture où il est dit « le juste vivra par sa fidélité ». Jésus, dans la petite parabole qui suit ses paroles sur la foi, explique que la fidélité du disciple est comparable à celle d’un ouvrier ou serviteur sur une ferme. Il fait son travail et en plus dans les mœurs du temps, il s’occupe du ravitaillement et de la bouffe. C’est tout un contrat, mais il est clair quand il accepte de boulot.
Sans juger des exigences de ce type de contrat, Jésus, retient que pour son disciple, il en va de même. Il a été choisi. Son engagement avec son Maître qui est Dieu est un engagement qu’il doit respecter en tout temps. Les deux ne sont pas sur le même pied. Le disciple, pour Jésus, est comme le serviteur. Il ne peut rien exiger de Dieu. C'est toujours Dieu qui a l’initiative dans son mouvement d’amour qui l’a rejoint et l’a sauvé. Le disciple ne peut prétendre imposer ses exigences à son Dieu.
Nous l’oublions parfois, hélas! lorsque nous sommes tentés de dire dans nos prières. « Mon Dieu, si tu me donnes cela, je te remercierai par un don à l’Église, mais si tu ne me donnes pas cela je bouderai, je laisserai de côté mes rencontres avec toi et je filerai mon chemin sans toi ». On sera toujours tentés de négocier comme cela avec Dieu alors que Jésus ici nous dit : « On ne négocie pas avec Dieu. Il sait ce dont vous avez besoin, vous êtes des serviteurs un point c’est tout ».
III – Application
J’aurais aimé être dans le groupe autour de Jésus pour l’entendre de vive voix faire ces recommandations et lui poser mes questions. Mais à bien y penser, il me permet de le faire aujourd’hui encore car il est toujours présent. Vivant et ressuscité il ne nous a pas quittés. C’est lui que je rencontre dans la célébration eucharistique en ce moment. Je fais confiance à l’Esprit Saint pour qu’il ouvre mon cœur et mon intelligence à la compréhension et à l’acceptation de son message.
Le message de Jésus, la Bonne Nouvelle, son Évangile a nourri des générations de disciples, dont ce matin la deuxième lecture nous présente un témoin exceptionnel. Il s’agit de Timothée qui a été converti par saint Paul et qu’il a choisi comme un de ses successeurs. Il lui rappelle dans cette lettre qu’il a reçu un esprit de force, d’amour et de pondération pour garder le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous. (Cf. 2 Timothée 1, 6-7 )
Cet Esprit est toujours à l’œuvre dans l’Église aujourd’hui, dans ceux et celles qui veulent suivre Jésus comme Timothée. Ne l’oublions pas.
Conclusion
Demandons au Seigneur de se manifester en nous par un abandon confiant à la parole du Seigneur Jésus, d'« augmenter notre foi » et soyons sûrs qu’il veille à ce que l’Esprit Saint fasse fructifier ce qui a été semé en nous.
Faisons, si vous le voulez bien, cette belle prière qu'on trouve dans la liturgie des ordinations presbytérales et diaconales : « Achève en nous, Seigneur, ce que tu as commencé ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
1 octobre 2019
Lectures de la messe pour le 27e dimanche du temps ordinaire Année C
Première lecture
« Le juste vivra par sa fidélité » (Ha 1, 2-3 ; 2, 2-4)
Lecture du livre du prophète Habacuc
Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler,
sans que tu entendes ?
crier vers toi : « Violence ! »,
sans que tu sauves ?
Pourquoi me fais-tu voir le mal
et regarder la misère ?
Devant moi, pillage et violence ;
dispute et discorde se déchaînent.
Alors le Seigneur me répondit :
Tu vas mettre par écrit une vision,
clairement, sur des tablettes,
pour qu’on puisse la lire couramment.
Car c’est encore une vision pour le temps fixé ;
elle tendra vers son accomplissement, et ne décevra pas.
Si elle paraît tarder, attends-la :
elle viendra certainement, sans retard.
Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite,
mais le juste vivra par sa fidélité.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9)
R/ Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur,
mais écoutez la voix du Seigneur ! (cf. Ps 94, 8a.7d)
Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !
Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.
Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »
Deuxième lecture
« N’aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur » (2 Tm 1, 6-8.13-14)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée
Bien-aimé,
je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu
ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains
Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné,
mais un esprit de force, d’amour et de pondération.
N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur,
et n’aie pas honte de moi, qui suis son prisonnier ;
mais, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances
liées à l’annonce de l’Évangile.
Tiens-toi au modèle donné par les paroles solides
que tu m’as entendu prononcer
dans la foi et dans l’amour qui est dans le Christ Jésus.
Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté,
avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Si vous aviez de la foi ! » (Lc 17, 5-10)
Alléluia. Alléluia.
La parole du Seigneur demeure pour toujours ;
c’est la bonne nouvelle qui vous a été annoncée.
Alléluia. (cf. 1 P 1, 25)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
les Apôtres dirent au Seigneur :
« Augmente en nous la foi ! »
Le Seigneur répondit :
« Si vous aviez de la foi,
gros comme une graine de moutarde,
vous auriez dit à l’arbre que voici :
‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’,
et il vous aurait obéi.
Lequel d’entre vous,
quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes,
lui dira à son retour des champs :
‘Viens vite prendre place à table’ ?
Ne lui dira-t-il pas plutôt :
‘Prépare-moi à dîner,
mets-toi en tenue pour me servir,
le temps que je mange et boive.
Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ?
Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur
d’avoir exécuté ses ordres ?
De même vous aussi,
quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné,
dites :
‘Nous sommes de simples serviteurs :
nous n’avons fait que notre devoir’ »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 19e dimanche du temps ordinaire Année C : « Le Maître se fait serviteur » (Luc 12, 32-41)2019-04-24T04:04:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-19e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Le-Maitre-se-fait-serviteur-Luc-12-32-41_a723.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/9490515-15230379.jpg2016-08-02T20:00:00+02:00Hermann Giguère
Cette scène est un peu étrangère à nos habitudes ici au Québec, même si elle peut faire partie encore de la vie courante dans d’autres parties du monde. Il y a longtemps qu’on n'a plus ici de serviteurs, de servantes, de domestiques. Il y a longtemps qu’on n’a pas besoin d’allumer des flambeaux le soir ou des lampes à l’huile.
C’est une des difficultés de l’évangile et de la Bible en général. Comme me disait quelqu’un : « Toutes ces scènes d’une autre culture, ça ne nous dit pas grand-chose, pourquoi lire cela à l’église? » Et pourtant, c’est à travers ces récits, ces images que Dieu veut nous parler encore aujourd’hui. Il nous laisse un message. Il nous fait signe.
I – La scène : un maître et des serviteurs
Revenons donc à notre scène du maître qui revient des noces. Les serviteurs se tiennent prêts. Ils ne se laissent pas aller à dormir. Ils sont vigilants. Ils ne pensent pas à eux d‘abord, mais au maître. Ils sont tournés vers lui. Ils veulent son bien. Ils veulent qu’il soit heureux et content. Ils s’oublient eux-mêmes un peu comme des parents le font pour leurs enfants.
Voilà la scène de départ, le premier acte de la pièce de théâtre, pourrait-on dire, et qu'est-ce qui se passe? Le maître arrive et la situation est complètement renversée littéralement. Coup de théâtre. Les serviteurs tombent sur le dos. Ils n’en croient pas leur yeux. C’est leur maître qui les sert lui-même, qui les fait manger. Ils sont abasourdis, car ce n’est pas ainsi d’habitude dans la vie des maîtres et des serviteurs.
Voilà le récit, l’histoire que raconte Jésus. Quel est le message pour nous selon vous? La réponse est dans le renversement. Jésus veut nous dire ici que lui - le Maître - il n’agit pas comme les maîtres ordinaires. Il agit comme un maître d’un genre particulier. Il vient à notre secours. Il vient donner sa vie au service de l’Humanité. Il ne vient pas dominer, écraser. Il vient servir…jusqu’à donner tout ce qu’’il a pour nous, pour nous sauver. C’est cela le vrai service.
Vous voyez donc le pourquoi de ce petit récit bien simple qui fait appel à des habitudes que nous n’avons plus. Il garde quand même son intérêt. Car l’enseignement qu’il nous transmet est encore valable aujourd’hui et n’est pas sans conséquence si nous le prenons au sérieux
II – Comme Lui
Une première conséquence de cette attitude de service qui est au cœur de la vie de Jésus nous concerne tous et toutes. Jésus par ce récit veut nous dire que, comme le disciple n’est pas au-dessus du maître, nous ses disciples nous devons faire comme lui. Un chant de Robert Lebel que vous connaissez bien le dit admirablement : « Comme Lui, savoir dresser la table Comme Lui, nouer le tablier Se lever chaque jour et servir par amour Comme Lui. »
Pourquoi faire comme Lui ? Parce qu’il n’est plus là physiquement. Il est présent par ses disciples qui témoignent de Lui. Le Christ ce sont les chrétiens, le Christ c’est nous, nous sommes son Corps mystique, c'est à travers nous que les autres, nos contemporains, peuvent voir le Christ.
Vous êtes le Corps du Christ dit saint Paul aux chrétiens de Corinthe. Cela m’amène à me demander - à moi et que chacun et chacune se le demande à lui ou à elle aussi : « Est-ce que je pense de temps en temps à rendre témoignage de ma foi, à rendre le Christ visible? Est-ce que je veux le faire malgré mes limites et mes péchés? »
III – Des serviteurs dans l’attente
Une deuxième conséquence qui ressort de ce beau récit c’est une invitation à la vigilance dans l’attente de la venue du Maître qui se met au service de ses serviteurs. Nous sommes invités à être toujours dans l’attente de la venue de Dieu dans nos vies de chaque jour.
Les disciples de Jésus sont des êtres d’attente comme la femme qui attend un enfant, comme le jeune qui attend le spectacle de son groupe rock préféré etc.
Jésus nous dit aujourd’hui « Vous rencontrerez un jour Celui que vous cherchez. Vous êtes ‘programmés’ pour une rencontre exceptionnelle, à ne pas manquer. … Un jour quelqu’un frappera à votre porte, quelqu’un qui vous connaît bien et vous aime… ce sera au soir de votre vie, ce sera le Grand Rendez-vous. Tenez-vous prêts dès maintenant, soyez prêts avec vos lampes allumées ». C'est direct et clair : le disciple de Jésus se sait en marche vers une demeure où Jésus est déjà arrivé et où il l'attend.
Conclusion
Que cette Eucharistie nous aide à nous laisser changer de plus en plus, à développer comme Jésus notre Maître cet esprit de service d’un véritable disciple qui marche à la suite de celui qui s’est fait le Serviteur parfait.
Comme l’écrit saint Paul aux Philippiens : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom. » (Philippiens 2, 5-10)
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
2 août 2016
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net