Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttps://www.hgiguere.net/2024-03-28T15:40:05+01:00Webzine Maker46.814776-71.2https://www.hgiguere.net/favicon.icohttps://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour la Fête-Dieu, la fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ Année C : « Donnez-leur vous-mêmes à manger »2022-06-12T23:18:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-Fete-Dieu-la-fete-du-Saint-Sacrement-du-Corps-et-du-Sang-du-Christ-Annee-C-Donnez-leur-vous-memes-a_a1069.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/63484658-45758183.jpg2022-06-14T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Le récit de la multiplication des pains que nous venons de lire permet de revisiter et de revoir notre dévotion à l’Eucharistie, dans l’adoration eucharistique et surtout dans la célébration de l’Eucharistie dominicale ou quotidienne.
En effet la Fête-Dieu que la liturgie nomme la Solennité du Très Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ est une fête qui nous fait entrer au cœur du mystère de Jésus qui se donne à nous et au cœur de notre union mystérieuse avec Lui dans les sacrements, notamment dans le sacrement de l’Eucharistie que nous célébrons de façon particulière aujourd’hui.
I – Une nourriture qui est au-delà du pain matériel
Revenons au récit de l’évangile. Que nous dit-il? Il surprend, bien entendu, surtout si on se demande comment cela a-t-il pu se réaliser avec si peu de ressources? Si nous en restons à cette question nous perdons un peu notre temps. Car nous devons déclarer forfait : on n’en sait rien. Par ailleurs, si nous reprenons le récit en détail, on découvre que les apôtres sont représentés comme les agents nécessaires du geste que Jésus va faire pour nourrir toute la foule : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » « Faites-les asseoir par groupes de cinquante » « Il les donna à ses disciples pour qu’il les distribuent à tout le monde » « L’on ramassa les morceaux qui restaient, cela remplit douze paniers ».
La participation des apôtres au geste de Jésus en fait des instruments pour continuer de répandre une nourriture qu’ils n’ont pas créée, qui les dépasse et qui s’adresse à tous ceux et celles qui en veulent. L'homme ne se nourrit pas seulement de pain.
Jésus offre par sa Parole et par sa vie cette nourriture qui n'est pas seulement matérielle, elle est une nourriture spirituelle, elle réconforte, elle soutient, elle est communion avec Lui et avec la communauté, elle ne se tarit jamais. Jésus se présente ici comme porteur et donneur de vie, tel est le message de cet épisode de la multiplication des pains.
II – Un devoir de transmission
C’est dans le sillage de ce message que Jésus le soir du Jeudi Saint en consacrant le Pain et le Vin lui donnera tout son sens. « En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson» (Jean 6, 55) avait-il dit dans le discours sur le Pain de vie après un autre geste de multiplication des pains. Et à la Cène, avant de mourir, il se donne tout entier en disant « Ceci est mon Corps » sur le pain et « Ceci est mon Sang » sur la coupe de vin.
Les premières communauté chrétiennes ont, très tôt (aux environs de 65 après Jésus-Christ) comme on le voit dans la lettre de saint Paul aux Corinthiens, fait mémoire de ces gestes et les ont transmis aux générations subséquentes. La Cène du Seigneur que raconte saint Paul c’est la même que notre Eucharistie dominicale. Les paroles et les gestes qui nous y faisons témoignent de la présence de Jésus ici et maintenant en nous rappelant sa mort et sa résurrection « jusqu’à ce qu’il vienne ».
Vous voyez qu’il y a une continuité entre la multiplication des pains et l’Eucharistie que nous célébrons. Ici rassemblés, nous offrons, comme les chrétiens de Corinthe autour de saint Paul, le Pain et le Vin pour rendre grâces à Dieu et faire mémoire de son Fils Jésus dont le Corps et le Sang sont pour nous la nourriture qui nous donne la vie, « la vie en abondance » (Jean 10, 10).
III – La dévotion au Très Saint-Sacrement
C’est en entrant à fond dans la dynamique de l’Eucharistie que les chrétiens à partir du Moyen Âge ont vénéré de façon particulière l’Hostie qui est le Corps du Christ et le Vin consacré qui est son Sang.
Fasciné par la grandeur de ce mystère et aussi par son incroyable défi à la raison, on a insisté alors sur le caractère surnaturel et extraordinaire de ce mystère en vénérant de façon particulière la présence du Christ dans toutes les hosties et même dans chaque parcelle de celles-ci : « La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l'une et l'autre espèce » écrit saint Thomas d’Aquin dans l’hymne Lauda Sion Salvatorem qui sert de séquence, y trouvant là le signe d’une proximité avec chaque personne baptisée dans une intimité à nulle autre pareille.
Ainsi s’est développé l’usage de moments d’adoration en présence de l’Hostie consacrée puis, plus tard, on a institué une fête où celle-ci était portée en procession d’une église à une autre sous les acclamations et les chants de la foule. Ce furent les processions du Très Saint-Sacrement que j’ai connues dans ma jeunesse alors qu’on faisait un « reposoir » très décoré près de chez nous pour accueillir la procession qui y faisait un arrêt avant de retourner à l’église.
Les congrès eucharistiques internationaux, comme celui tenu à Québec en 2008, entretiennent ces manifestations de foi au niveau international.
Même si les processions du Très Saint-Sacrement sont de plus en plus rares, la pratique de l’adoration eucharistique connaît une popularité constante dans des chapelles qui lui sont consacrées en plusieurs villes.
Depuis Vatican II, le sens de celle-ci s’est enrichi d’un lien continuel avec la célébration de l’Eucharistie. Il ne s’agit plus seulement d’un colloque intime avec Jésus mais aussi d’une communion à son action dans l’Église et dans le monde. Ainsi les adorateurs et adoratrices s’offrent en union avec l’Église toute entière et avec Jésus qui continue de le faire partout et à toute heure dans les célébrations eucharistiques aux quatre coins de la planète.
Conclusion
Vous voyez la Fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ est une fête proche de notre vie de tous les jours. Elle arrive un fois par année, mais elle se vit tous les jours car le Christ dans l’Eucharistie continue de se donner pour le monde et nous entraîne à faire de même.
Il nous donne son Corps et son Sang pour que nous devenions à notre tour capables de donner notre corps et notre sang comme Lui afin que le monde où nous vivons voit les signes de l’amour et de la miséricorde de Dieu qui continuent de se répandre sur tous et toutes sans regarder leurs péchés, leurs fautes ou leurs erreurs.
Que cette fête aujourd’hui soit pour nous une occasion de devenir une offrande agréable à Dieu en union avec Jésus hier, aujourd’hui et demain.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
14 juin 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
Melkisédek offre le pain et le vin (Gn 14, 18-20)
Lecture du livre de la Genèse
En ces jours-là,
Melkisédek, roi de Salem,
fit apporter du pain et du vin :
il était prêtre du Dieu très-haut.
Il bénit Abram en disant :
« Béni soit Abram par le Dieu très-haut,
qui a fait le ciel et la terre ;
et béni soit le Dieu très-haut,
qui a livré tes ennemis entre tes mains. »
Et Abram lui donna le dixième de tout ce qu’il avait pris.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 109 (110), 1, 2, 3, 4)
R/ Tu es prêtre à jamais,
selon l’ordre de Melkisédek. (cf. Ps 109, 4)
Oracle du Seigneur à mon seigneur :
« Siège à ma droite,
et je ferai de tes ennemis
le marchepied de ton trône. »
De Sion, le Seigneur te présente
le sceptre de ta force :
« Domine jusqu’au cœur de l’ennemi. »
Le jour où paraît ta puissance,
tu es prince, éblouissant de sainteté :
« Comme la rosée qui naît de l’aurore,
je t’ai engendré. »
Le Seigneur l’a juré
dans un serment irrévocable :
« Tu es prêtre à jamais
selon l’ordre du roi Melkisédek. »
DEUXIÈME LECTURE
« Chaque fois que vous mangez ce pain et buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur » (1 Co 11, 23-26)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères
j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur,
et je vous l’ai transmis :
la nuit où il était livré,
le Seigneur Jésus prit du pain,
puis, ayant rendu grâce,
il le rompit, et dit :
« Ceci est mon corps, qui est pour vous.
Faites cela en mémoire de moi. »
Après le repas, il fit de même avec la coupe,
en disant :
« Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang.
Chaque fois que vous en boirez,
faites cela en mémoire de moi. »
Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain
et que vous buvez cette coupe,
vous proclamez la mort du Seigneur,
jusqu’à ce qu’il vienne.
– Parole du Seigneur.
SÉQUENCE
()
Cette séquence (ad libitum) peut être dite intégralement ou sous une forme abrégée à partir de : « Le voici, le pain des anges ».
Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.
Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
tu ne peux trop le louer.
Le Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.
Au repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.
Louons-le à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !
C’est en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet divin
la première institution.
À ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.
L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
et la lumière, la nuit.
Ce que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.
Instruits par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut.
C’est un dogme pour les chrétiens
que le pain se change en son corps,
que le vin devient son sang.
Ce qu’on ne peut comprendre et voir,
notre foi ose l’affirmer,
hors des lois de la nature.
L’une et l’autre de ces espèces,
qui ne sont que de purs signes,
voilent un réel divin.
Sa chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier demeure
sous chacune des espèces.
On le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.
Qu’un seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux autres,
il nourrit sans disparaître.
Bons et mauvais le consomment,
mais pour un sort bien différent,
pour la vie ou pour la mort.
Mort des pécheurs, vie pour les justes ;
vois : ils prennent pareillement ;
quel résultat différent !
Si l’on divise les espèces,
n’hésite pas, mais souviens-toi
qu’il est présent dans un fragment
aussi bien que dans le tout.
Le signe seul est partagé,
le Christ n’est en rien divisé,
ni sa taille ni son état
n’ont en rien diminué.
* Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on ne peut jeter aux chiens.
D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal immolé,
par la manne de nos pères.
Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.
Toi qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton héritage,
en compagnie de tes saints.
Amen.
ÉVANGILE
« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés » (Lc 9, 11b-17)
Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel, dit le Seigneur ;
si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.
Alléluia. (Jn 6, 51)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus parlait aux foules du règne de Dieu,
et guérissait ceux qui en avaient besoin.
Le jour commençait à baisser.
Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent :
« Renvoie cette foule :
qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs
afin d’y loger et de trouver des vivres ;
ici nous sommes dans un endroit désert. »
Mais il leur dit :
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Ils répondirent :
« Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons.
À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture
pour tout ce peuple. »
Il y avait environ cinq mille hommes.
Jésus dit à ses disciples :
« Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. »
Ils exécutèrent cette demande
et firent asseoir tout le monde.
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons,
et, levant les yeux au ciel,
il prononça la bénédiction sur eux,
les rompit
et les donna à ses disciples
pour qu’ils les distribuent à la foule.
Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ;
puis on ramassa les morceaux qui leur restaient :
cela faisait douze paniers.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 17e dimanche du temps ordinaire Année B : « Une nourriture qui comble nos faims » 2021-07-22T14:00:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-17e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Une-nourriture-qui-comble-nos-faims_a1018.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/56061130-41817798.jpg2021-07-20T18:00:00+02:00Hermann Giguère
J’ai eu la chance il y a quelques années de visiter le site de Tabgha, un site situé sur la rive nord-ouest de la mer de Galilée (ou Lac de Tibériade) en Terre Sainte, où la tradition place le miracle de la multiplication des pains telle que racontée dans notre évangile de ce matin.
Une chose étonnante m’a frappé dans cette visite. C’est le plancher de la petite église qui a été élevée sur le site. Plusieurs fois détruite, elle a été restaurée et ce qui a retenu mon attention c’est la mosaïque dans le plancher sous l’autel principal.
I – Une vieille mosaïque significative (Image à la fin)
Je vous la décris. On y voit deux poissons assez gros et au centre un panier avec des pains. Ce qui est étonnant c’est que, contrairement à ce qui est écrit dans l'évangile où on présente à Jésus le jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, ici dans la représentation sur la mosaïque, il n’y a que quatre pains au lieu des cinq auxquels on se serait attendu.
Pourquoi me suis-je demander? Et la réponse est venue tout de suite car j’ai noté que la mosaïque était située sous l’autel où se célèbre l’Eucharistie. Vous me voyez venir. La réponse que j’ai trouvée et qui est celle que l’auteur de la mosaïque voulait qu’on retienne c’est que le cinquième pain qu’il n’a pas mis dans sa représentation, se trouve sur l’autel, c’est le pain eucharistique, l'hostie, le pain consacré par le prêtre qui est Jésus lui-même
II – Explication du signe de la multiplication des pains
Il me semble que le message de cette représentation est des plus intéressants pour nous encore aujourd’hui. Pourquoi?
La multiplication des pains que raconte saint Jean est un signe fort de ce que Jésus vient faire dans son ministère. Il est décentré de lui-même et se préoccupe de donner à manger à ceux et celles qui le suivent. Il le fait ici de façon matérielle, mais sa mission est de les nourrir par sa parole, son exemple et ses enseignements.
Quand il dit à ses apôtres « donnez-leur vous-mêmes à manger », ils les invitent à faire eux aussi ce que lui fait. On comprend qu’ils se demandent comment ils feront devant cette foule nombreuse. Pourtant ils le font dans la confiance en Jésus. C’est le message que nous laisse le cinquième pain sur l’autel dans nos célébrations eucharistiques.
Nous nous demandons comment faire pour rejoindre à nos frères et sœurs nombreux qui ont faim non seulement de pain matériel mais de sens à leur vie. Le cinquième pain est la réponse. La nourriture dont ils ont besoin c’est Jésus lui-même. À nous de les inciter à s’ouvrir à une rencontre personnelle avec Jésus. Ce qui n’est pas toujours facile, même pour ceux et celles qui sont déjà baptisés et disciples de Jésus. Mais cela vaut la peine, croyez-moi.
Il s’ajoute à cette merveilleuse réalité de l’action de Jésus toujours vivant au cœur de notre monde, l’assurance que son action dépasse tout ce qu’on peut imaginer. C’est ce que signifient les douze paniers de surplus. L’action de Dieu n’est jamais limitée. Ses voies ne sont pas nos voies. Quand il agit, il le fait avec largesse et en abondance. Pour ceux et celles qui apportent leur contribution, qui lui laissent ce qui les attachent loin de lui, il donne le centuple même dans cette vie. (cf. Marc 10, 30)
C’est ce qui arriva à Élisée, l’homme de Dieu, comme nous le raconte la première lecture. Faisant confiance à Dieu avec vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac cent personnes sont nourries « car ainsi parle le Seigneur : ‘On mangera, et il en restera.’ » (2 R 4, 42-44)
III – Le miracle, un signe
Vous voyez que ce beau récit de la multiplication des pains peut servir à nous motiver dans notre vie chrétienne aujourd’hui. Plutôt que de rester accroché au merveilleux qui est présenté dans ce beau récit, il est important d’aller au message qu’il apporte. Il en est ainsi de tous les miracles de l’évangile qui sont dit saint Jean des signes.
Un signe pointe vers autre chose. On ne regarde pas le signe en lui-même. On regarde vers où il nous conduit. Vous connaissez cette anecdote qui l’illustre bien. Deux amis se promènent le soir et à un moment donné, l’un d’eux lève la main et dit à son compagnon « regarde la beauté de la lune ce soir » et l’autre de répondre, parce qu’il ne regardait que la main de son compagnon, « je ne vois rien, je ne vois que ta main ».
« Quand le sage désigne la lune, l'idiot regarde le doigt. » dit le proverbe. L’idiot ne sait pas voir ce que le signe qui lui est fait indique. Ne faisons pas la même chose avec les miracles de l’évangile qui sont toujours pour nous des signes à déchiffrer bien sûr, mais signes qui nous révèlent des vérités essentielles de notre foi.
Conclusion
Le cinquième pain qui manque dans la mosaïque de l’église de Tabgha est le Christ présent sur l’autel. Ne serait-il pas aussi chacun et chacune de nous? Ne sommes-nous pas, en effet, appelés à être nous aussi nourriture pour nos frères et sœurs, pour notre entourage, pour le monde?
La personne baptisée ne s’isole jamais. Elle accepte d’être mangée par ceux et celles qui ont besoin de sa présence et de son amour. Ce n’est pas toujours évident, ni toujours facile, mais Jésus nous redit ce matin à chacun et chacune « Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
20 juillet 2021
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« On mangera, et il en restera » (2 R 4, 42-44)
Lecture du deuxième livre des Rois
En ces jours-là,
un homme vint de Baal-Shalisha
et, prenant sur la récolte nouvelle,
il apporta à Élisée, l’homme de Dieu,
vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac.
Élisée dit alors :
« Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. »
Son serviteur répondit :
« Comment donner cela à cent personnes ? »
Élisée reprit :
« Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent,
car ainsi parle le Seigneur :
‘On mangera, et il en restera.’ »
Alors, il le leur donna, ils mangèrent, et il en resta,
selon la parole du Seigneur.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 144 (145), 10-11, 15-16, 17-18)
R/ Tu ouvres la main, Seigneur :
nous voici rassasiés. (Ps 144, 16)
Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.
Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.
Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de tous ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.
DEUXIÈME LECTURE
« Un seul Corps, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4, 1-6)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
Frères,
moi qui suis en prison à cause du Seigneur,
je vous exhorte à vous conduire d’une manière digne de votre vocation :
ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience,
supportez-vous les uns les autres avec amour ;
ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit
par le lien de la paix.
Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance,
de même il y a un seul Corps et un seul Esprit.
Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême,
un seul Dieu et Père de tous,
au-dessus de tous, par tous, et en tous.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Ils distribua les pains aux convives, autant qu’ils en voulaient » (Jn 6, 1-15)
Alléluia. Alléluia.
Un grand prophète s’est levé parmi nous :
et Dieu a visité son peuple.
Alléluia. (Lc 7, 16)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée,
le lac de Tibériade.
Une grande foule le suivait,
parce qu’elle avait vu les signes
qu’il accomplissait sur les malades.
Jésus gravit la montagne,
et là, il était assis avec ses disciples.
Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche.
Jésus leva les yeux
et vit qu’une foule nombreuse venait à lui.
Il dit à Philippe :
« Où pourrions-nous acheter du pain
pour qu’ils aient à manger ? »
Il disait cela pour le mettre à l’épreuve,
car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.
Philippe lui répondit :
« Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas
pour que chacun reçoive un peu de pain. »
Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :
« Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge
et deux poissons,
mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
Jésus dit :
« Faites asseoir les gens. »
Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit.
Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.
Alors Jésus prit les pains
et, après avoir rendu grâce,
il les distribua aux convives ;
il leur donna aussi du poisson,
autant qu’ils en voulaient.
Quand ils eurent mangé à leur faim,
il dit à ses disciples :
« Rassemblez les morceaux en surplus,
pour que rien ne se perde. »
Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers
avec les morceaux des cinq pains d’orge,
restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.
À la vue du signe que Jésus avait accompli,
les gens disaient :
« C’est vraiment lui le Prophète annoncé,
celui qui vient dans le monde. »
Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever
pour faire de lui leur roi ;
alors de nouveau il se retira dans la montagne,
lui seul.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 18e dimanche du temps ordinaire Année A « La multiplication des pains : des gestes qui parlent »2020-07-28T15:21:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-18e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-La-multiplication-des-pains-des-gestes-qui-parlent_a962.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/46921165-37309859.jpg2020-07-28T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Les derniers dimanches nous avons entendu de la part de Jésus des histoires, des paraboles avec dans chaque cas un message pour ceux et celles qui les écoutaient et aussi pour nous qui les écoutons de nouveau.
Aujourd’hui, l’évangile de saint Mathieu change de ton. Il ne s’agit plus de paraboles, d’histoires, mais de gestes au cours d’un événement : la multiplication des pains.
I – Des gestes qui sont des signes
Ces gestes ne sont pas anodins. Ils sont des signes à interpréter et à recevoir. Ils nous livrent comme les paraboles des messages. On dit parfois que les gestes parlent plus fort que les paroles. Dans l’Ancien Testament, les prophètes en ont utilisés pour faire passer le message de Dieu. Isaïe, par exemple, qui se promène dévêtu pendant trois ans (Is 20,1-6), une façon de dire que si Israël fait avec l’Égypte, il sera dépouillé, dépossédé de tout. Le prophète Jérémie porte un attelage de bœuf, un joug (Jérémie 27,1-22), signifiant ainsi la soumission au roi Nabuchodonosor. Le prophète Osée épouse une prostituée pour faire réagir le peuple de Dieu qui lui-même se prostitue en rendant un culte à des divinités étrangères (Osée 1,1-3).
Jésus a accompli lui aussi beaucoup de gestes interpellants comme le changement de l’eau en vin aux noces de Cana, la tempête apaisée sur le Lac de Galilée etc.
Je vous propose de revoir le récit de la multiplication des pains dans cette perspective. Permettez que je souligne quatre gestes de Jésus dans ce récit de la multiplication des pains en dégageant la signification qu’on peut leur donner. Comme je viens de le dire, ce sont des signes que Jésus nous donne pour nous faire comprendre un message.
II – Les quatre gestes à retenir dans le récit de la multiplication des pains
Le premier, c’est l’invitation de Jésus aux disciples « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».
La situation est pourtant claire : c’est le temps d’aller faire l’épicerie pourrait-on dire. Le soir tombe, les gens ont faim et les villages ne sont pas loin. Et pourtant, Jésus répond à la préoccupation de ses disciples d’une façon surprenante. Ils les invitent à se mettre à l’œuvre. Jésus qui se fait notre nourriture est une nourriture qu’on partage. « Vous-mêmes donnez-leur à manger ». En d'autres mots, n'attendez pas le marché ou l'ouverture de l'épicerie. Vous avez avec vous en moi une nourriture spirituelle à partager.
Le deuxième geste nous met devant les yeux une quantité minime de nourriture : « cinq pains et deux poissons ».
Les pains et les poissons représentent l'action de Jésus. Jésus ne vient pas dans la splendeur. Il est présent dans la vie de tous les jours comme ces aliments simples que sont les pains et les poissons. Il est une nourriture accessible à toutes et à tous dans la pauvreté des moyens, dans la petitesse, dans la faiblesse. Sa mort sur la croix l'illustrera pour toutes les générations à venir.
Le troisième geste retenu est la réponse de Jésus : « Apportez-les moi ici …et levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ».
Cette nourriture pauvre est remise entre les mains de Jésus, l’Envoyé de Dieu. Elle est confiée à l’amour de Dieu qui se manifeste en Jésus. Une pauvreté que Jésus transforme dans la prière en s’abandonnant avec confiance à la puissance de son Père vers qui il lève les yeux en rendant grâces comme nous le faisons chaque dimanche dans l'Eucharistie. On peut voir dans ce geste un symbole du sacrement de l'Eucharistie, car ce que Jésus fait ressemble à ce que le prêtre fait à chaque messe au moment de la consécration.
Le quatrième geste retenu est le geste de la distribution de la nourriture que Jésus donne aux disciples et que ceux-ci donnent à la foule. « Il les donna…et les disciples les donnèrent à la foule… Tous mangèrent à leur faim ».
Jésus exprime ici une confiance totale en la puissance de Dieu son Père et invite les disciples à faire de même. Le résultat de cet abandon c’est un miracle étonnant qui se manifeste dans une abondance de nourriture qui répond à la faim des personnes qui sont là, mais aussi à nos faims de toutes sortes. La nourriture que Jésus donne est une nourriture de vie éternelle, qui va au-delà de nos attentes.
III – Application à la vie chrétienne
Tous ces gestes tournent autour d’un même thème, celui de la nourriture. Le récit de saint Mathieu en nous racontant l’événement de la multiplication des pains nous ouvre sur une nourriture autre que la nourriture matérielle. Celle-ci est le signe de la nourriture spirituelle que Dieu offre en abondance comme le dit la première lecture. « Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas? […] Venez à moi! Écoutez, et vous vivrez ». Cette nourriture spirituelle dépasse ce qu’on attend de la nourriture matérielle. Elle remplit le cœur. Elle ne se perd pas, Elle se partage avec les autres. Il y en a toujours de disponible.
Cette nourriture spirituelle quelle est-elle? Pour l’instant, le récit de la multiplication des pains ne le dit pas. Mais, Jésus y reviendra plus tard et il expliquera que cette nourriture c’est lui-même qui se donne à nous par amour. « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » (Jean 6, 51)
Conclusion
Cet événement de la multiplication des pains est un signe encore pour nous aujourd’hui. Devant les faims qui nous tenaillent, faim d’amour, faim de pardon, faim de bonheur, faim de Dieu etc., cet épisode de l’évangile nous invite à croire que si, comme Jésus, nous levons les yeux vers notre Père du ciel, ces faims seront comblées au-delà de nos espérances.
C’est ce que nous faisons à chaque Eucharistie en union les uns avec les autres et avec Jésus lui-même qui continue dans la gloire du ciel à intercéder pour ses disciples.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
28 juillet 2020
J’ai eu la chance il y a quelques années de visiter le site de Tabgha, un site situé sur la rive nord-ouest de la mer de Galilée (ou Lac de Tibériade) en Terre Sainte, où la tradition place le miracle de la multiplication des pains telle que racontée dans notre évangile de ce matin.
Une chose étonnante m’a frappé dans cette visite. C’est le plancher de la petite église qui a été élevée sur le site. Plusieurs fois détruite, elle a été restaurée et ce qui a retenu mon attention c’est la mosaïque dans le plancher sous l’autel principal.
I – Une vieille mosaïque significative (Image à la fin)
Je vous la décris. On y voit deux poissons assez gros et au centre un panier avec des pains. Ce qui est étonnant c’est que, contrairement à ce qui est écrit dans l'évangile où on présente à Jésus le jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, ici dans la représentation sur la mosaïque, il n’y a que quatre pains au lieu des cinq auxquels on se serait attendu.
Pourquoi me suis-je demander? Et la réponse est venue tout de suite car j’ai noté que la mosaïque était située sous l’autel où se célèbre l’Eucharistie. Vous me voyez venir. La réponse que j’ai trouvée et qui est celle que l’auteur de la mosaïque voulait qu’on retienne c’est que le cinquième pain qu’il n’a pas mis dans sa représentation, se trouve sur l’autel, c’est le pain eucharistique, l'hostie, le pain consacré par le prêtre qui est Jésus lui-même
II – Explication du signe de la multiplication des pains
Il me semble que le message de cette représentation est des plus intéressants pour nous encore aujourd’hui. Pourquoi?
La multiplication des pains que raconte saint Jean est un signe fort de ce que Jésus vient faire dans son ministère. Il est décentré de lui-même et se préoccupe de donner à manger à ceux et celles qui le suivent. Il le fait ici de façon matérielle, mais sa mission est de les nourrir par sa parole, son exemple et ses enseignements.
Quand il dit à ses apôtres « donnez-leur vous-mêmes à manger », ils les invitent à faire eux aussi ce que lui fait. On comprend qu’ils se demandent comment ils feront devant cette foule nombreuse. Pourtant ils le font dans la confiance en Jésus. C’est le message que nous laisse le cinquième pain sur l’autel dans nos célébrations eucharistiques.
Nous nous demandons comment faire pour rejoindre à nos frères et sœurs nombreux qui ont faim non seulement de pain matériel mais de sens à leur vie. Le cinquième pain est la réponse. La nourriture dont ils ont besoin c’est Jésus lui-même. À nous de les inciter à s’ouvrir à une rencontre personnelle avec Jésus. Ce qui n’est pas toujours facile, même pour ceux et celles qui sont déjà baptisés et disciples de Jésus. Mais cela vaut la peine, croyez-moi.
Il s’ajoute à cette merveilleuse réalité de l’action de Jésus toujours vivant au cœur de notre monde, l’assurance que son action dépasse tout ce qu’on peut imaginer. C’est ce que signifient les douze paniers de surplus. L’action de Dieu n’est jamais limitée. Ses voies ne sont pas nos voies. Quand il agit, il le fait avec largesse et en abondance. Pour ceux et celles qui apportent leur contribution, qui lui laissent ce qui les attachent loin de lui, il donne le centuple même dans cette vie. (cf. Marc 10, 30)
C’est ce qui arriva à Élisée, l’homme de Dieu, comme nous le raconte la première lecture. Faisant confiance à Dieu avec vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac cent personnes sont nourries « car ainsi parle le Seigneur : ‘On mangera, et il en restera.’ » (2 R 4, 42-44)
III – Le miracle, un signe
Vous voyez que ce beau récit de la multiplication des pains peut servir à nous motiver dans notre vie chrétienne aujourd’hui. Plutôt que de rester accroché au merveilleux qui est présenté dans ce beau récit, il est important d’aller au message qu’il apporte. Il en est ainsi de tous les miracles de l’évangile qui sont dit saint Jean des signes.
Un signe pointe vers autre chose. On ne regarde pas le signe en lui-même. On regarde vers où il nous conduit. Vous connaissez cette anecdote qui l’illustre bien. Deux amis se promènent le soir et à un moment donné, l’un d’eux lève la main et dit à son compagnon « regarde la beauté de la lune ce soir » et l’autre de répondre, parce qu’il ne regardait que la main de son compagnon, « je ne vois rien, je ne vois que ta main ».
« Quand le sage désigne la lune, l'idiot regarde le doigt. » dit le proverbe. L’idiot ne sait pas voir ce que le signe qui lui est fait indique. Ne faisons pas la même chose avec les miracles de l’évangile qui sont toujours pour nous des signes à déchiffrer bien sûr, mais signes qui nous révèlent des vérités essentielles de notre foi.
Conclusion
Le cinquième pain qui manque dans la mosaïque de l’église de Tabgha est le Christ présent sur l’autel. Ne serait-il pas aussi chacun et chacune de nous? Ne sommes-nous pas, en effet, appelés à être nous aussi nourriture pour nos frères et sœurs, pour notre entourage, pour le monde?
La personne baptisée ne s’isole jamais. Elle accepte d’être mangée par ceux et celles qui ont besoin de sa présence et de son amour. Ce n’est pas toujours évident, ni toujours facile, mais Jésus nous redit ce matin à chacun et chacune « Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
24 juillet 2018
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 17e dimanche du temps ordinaire Année B (Jean 6, 1-15 la multiplication des pains) : « Une nourriture qui comble nos faims »2015-08-13T16:34:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-17e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Jean-6-1-15-la-multiplication-des-pains-Une-nourriture-qui_a652.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8020824-12485640.jpg2015-07-22T17:00:00+02:00Hermann Giguère
Il y a des gestes qui parlent plus fort même que les paroles. « Ce que tu fais parle plus fort que ce que tu dis ». Eh bien! le passage de l’évangile de saint Jean qui vient d’être lu est un de ces gestes forts qui marque l’imagination et qu’on ne finira jamais de comprendre : la multiplication des pains.
I – Des gestes qui sont des signes
Un geste comme celui de la multiplication des pains n’est pas anodin. C’est pour nous 2000 ans plus tard, un signe à interpréter et à recevoir. À travers une description très vivante et remplies de détails : le nombre de poissons et de pains etc. il nous livre un message qui a traversé les siècles
Dans l’Ancien Testament, les prophètes en ont utilisés parfois des gestes forts pour faire passer le message de Dieu. Isaïe, par exemple, qui se promène dévêtu pendant trois ans (Is 20,1-6), une façon de dire que si Israël fait avec l’Égypte, il sera dépouillé, dépossédé de tout. Le prophète Jérémie porte un attelage de bœuf, un joug (Jr 27,1-22), signifiant ainsi la soumission au roi Nabuchodonosor. Le prophète Osée épouse une prostituée pour faire réagir le peuple de Dieu qui lui-même se prostitue en rendant un culte à des divinités étrangères (Os 1,1-3).
Jésus a accompli lui aussi beaucoup de gestes interpellants comme le changement de l’eau en vin aux noces de Cana, la tempête apaisée sur le Lac de Galilée que nous rappelé la liturgie au début de l’été etc.
Je vous propose de revoir le récit de la multiplication des pains dans cette perspective. J’ai choisi trois gestes plus significatifs pour moi. Je vous les partage. Chacun et chacune pourrait choisir un autre des gestes de Jésus et chercher à en découvrir la signification.
II – Les trois gestes que j’ai retenus dans le récit de la multiplication des pains
Le premier, ce sont les deux poissons et les cinq pains d’orge. Le soir tombe, les gens ont faim et les villages ne sont pas loin. Et pourtant, Jésus se préoccupe de la foule qui n’a pas mangé. Les disciples se trouvent désemparés.
Le deuxième geste que j’ai retenu est le geste de Jésus qui prie puis distribue la nourriture à la foule « autant qu’ils en voulaient » écrit saint Jean.
Le troisième et dernier geste retenu est le fait que tous mangèrent à leur faim et qu’il resta de la nourriture : douze paniers avec les morceaux qui restaient des cinq pains d’orge après le repas.
Arrêtons-nous pour approfondir le message que portent ces gestes qui sont des signes que Jésus nous donne pour inspirer notre vie chrétienne aujourd’hui.
III – Application à la vie chrétienne
Tous ces gestes retenus tournent autour d’un même thème, celui de la nourriture. Et le récit de saint Jean en nous racontant l’événement de la multiplication des pains nous ouvre sur une nourriture autre que la nourriture matérielle.
Cette nourriture spirituelle quelle est-elle? C’est là que les trois gestes retenus nous éclairent.
Premièrement, on voit à que les cinq pains et les deux poissons sont une image d’une nourriture qui n’est pas matérielle. Ils sont l’image de cette nourriture spirituelle qui est Jésus qui se donne à nous par amour. Et Jésus notre nourriture est une nourriture qu’on partage. Jésus qui se fait notre nourriture dans le Pain et le Vin de l’Eucharistie n’est pas une nourriture réservée, il s’offre à tous et à toutes, il s’offre pour le salut de tous. Cette nourriture spirituelle dépasse ce qu’on attend de la nourriture matérielle. Elle remplit le cœur. Elle ne se perd pas, Elle se partage avec les autres. Il y en a toujours de disponible.
Deuxième message à partir de la phrase « après avoir rendu grâces, il les leur distribua ». Jésus transforme ce que nous lui apportons comme il le fait pour les poissons et les pains. Il nous demande de lui présenter avec confiance ce que nous sommes malgré nos faiblesses et nos petitesses. C’est ce que signifie à chaque messe la goutte d’eau que le prêtre verse dans le calice au moment de la préparation des offrandes.
Troisième point à retenir inspiré par les douze corbeilles qui restent. C’est celui de la gratuité et de l’abondance de la grâce de Dieu qui vient vers nous de multiples façons. Il est toujours là même lorsque nous ne le sentons pas et il peut rassasier nos faims de toutes sortes : faim d’amour, faim de dignité, faim de pardon, faim de respect, faim de bonheur, faim de Dieu... bien au-delà de nos attentes si nous lui faisons confiance et si nous nous abandonnons à son amour.
Conclusion
Cet événement de la multiplication des pains est un signe encore pour nous aujourd’hui. Cet épisode de l’évangile nous invite à croire que si, comme Jésus, nous levons les yeux vers notre Père du ciel, toutes nos faims seront comblées au-delà de nos espérances. C’est ce que nous faisons à chaque Eucharistie en union les uns avec les autres et avec Jésus lui-même qui continue dans la gloire du ciel d’intercéder pour ses disciples.
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Séminaire de Québec
22 juillet 2015
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net