Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttps://www.hgiguere.net/2024-03-29T14:37:28+01:00Webzine Maker46.814776-71.2https://www.hgiguere.net/favicon.icohttps://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour le 17e dimanche du temps ordinaire Année C : « Prier sans se lasser »2022-07-25T02:39:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-17e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Prier-sans-se-lasser _a1074.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/64228934-46109436.jpg2022-07-19T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Des chercheurs américains ont demandé dans une enquête auprès de gens qui étaient passés près de la mort ou qui avaient eu de grandes épreuves s'ils avaient pensé à prier dans ces moments-là : 95% ont répondu oui, même des gens qui d'habitude ne priaient pas.
Près de nous, on voit la même chose souvent. Les gens, même des gens pas très croyants, devant un cancer, devant un divorce vont penser à prier, vont faire prier pour eux. Ils sentent qu’ils ont besoin de chercher l’aide d’un autre, plus grand qu’eux.
I – Deux faits révélateurs
Eh bien! dans les lectures d’aujourd’hui on a deux épisodes où se manifeste le même besoin de chercher de l’aide et qui nous donnent un bel enseignement sur la prière.
Dans l’évangile, après avoir enseigné la prière du Notre Père, Jésus met en scène un voisin qui importune son ami jusqu'à ce que celui-ci lui réponde.
Dans la première lecture, c’est Abraham qui est en cause et qui, à la façon orientale, négocie même avec Dieu, 50, 45, 40, 30, 20 justes seront-ils suffisants pour retenir le châtiment qui se prépare? Abraham ne lâche pas.
Qu’est-ce que ces faits nous enseignent au sujet de la prière dans notre vie?
II - Prier c’est crier vers Dieu
Deux choses complémentaires, je pense.
La première qui est très claire et qui nous surprend peut-être un peu : Prier c’est crier vers Dieu, C’est même l’importuner, le « tanner » [québécisme synonyme d’importuner], c’est même parfois l’engueuler, se disputer avec lui comme on le voit dans certains psaumes.
Souvent on cherche à faire de belles prières. On ne réussit pas. On s’arrête et on ne prie plus. Alors que prier c’est dire ce qu’on a sur le cœur à Dieu comme à un ami proche, à qui on se confie. On lui parle de tout. C’est comme dans une famille. On ne se gêne pas avec lui. On ne se cache pas de lui.
C’est-ce que nous dit Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui : « Demandez, cherchez, frappez.. .Dieu est votre père, si vous les pères de la terre donnez de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel vous écoutera et vous aidera par son Esprit Saint ».
Cela est bien beau et les textes d’aujourd’hui mettent cet aspect en évidence avec brio, mais on doit ajouter une deuxième chose à cela pour bien comprendre ce que c’est que prier.
III – Prier c’est écouter
Cette deuxième chose qui complète la première c’est que prier c’est écouter aussi.
Vous connaissez probablement cet épisode de la vie du Curé d’Ars où il se décide un jour à demander à un monsieur qu’il voyait souvent l’après-midi à l’église qu’est-ce qu’il y faisait. Et ce paysan de répondre en regardant le tabernacle où Jésus était présent « Je l’écoute, et il m’écoute » [dans le dialecte local « Je l’avise et il m’avise »]. Oui parler à Dieu, mais aussi se taire pour écouter.
Cela c’est difficile aujourd’hui. On a l’impression de perdre son temps. On arrive à la maison. Vite la télé. On regarde à tout moment sa page Facebook et ses textos (SMS) ou ses messages. On n’a pas le temps de méditer, de se replier sur soi un peu, de « jongler » [québécisme pour méditer], de s’arrêter, d’écouter. Un dialogue ça se fait à deux et Dieu me parle dans le silence de mon cœur. Pour cela il faut se taire. La prière personnelle disait sainte Thérèse d’Avila (1515-1582) c’est une « conversation amoureuse dans un seul à seul avec Dieu dont on se sait aimé ».
En résumé, prier c’est donc, d’un côté, ne pas avoir peur de dire à Dieu ses besoins, de lui parler de notre vie, de nos enfants, de nos projets, de nos peurs, de nos problèmes, etc. C’est aussi, de l’autre côté, penser à l’écouter, à faire silence de temps en temps pour saisir les inspirations de l’Esprit Saint et entendre sa voix.
C’est ainsi que note prière deviendra de plus en plus un dialogue avec Dieu, une élévation de notre esprit et de notre cœur vers Dieu (comme le disait autrefois le Catéchisme de la Province de Québec dont les ainés se rappellent encore en empruntant la définition de la prière de saint Jean Damascène), une rencontre qui se continuera après notre mort où on récoltera ce qu’on aura semé, où l’on vivra éternellement ce qu’on aura commencé à vivre sur terre.
Conclusion
Redisons ensemble nos demandes personnelles et celles de toute l’Église en reprenant les paroles du Notre Père que nous récitons à chaque messe :
« Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
19 juillet 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère si j’ose parler encore » (Gn 18, 20-32)
Lecture du livre de la Genèse
En ces jours-là,
les trois visiteurs d’Abraham allaient partir pour Sodome.
Alors le Seigneur dit :
« Comme elle est grande,
la clameur au sujet de Sodome et de Gomorrhe !
Et leur faute, comme elle est lourde !
Je veux descendre pour voir
si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi.
Si c’est faux, je le reconnaîtrai. »
Les hommes se dirigèrent vers Sodome,
tandis qu’Abraham demeurait devant le Seigneur.
Abraham s’approcha et dit :
« Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ?
Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville.
Vas-tu vraiment les faire périr ?
Ne pardonneras-tu pas à toute la ville
à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ?
Loin de toi de faire une chose pareille !
Faire mourir le juste avec le coupable,
traiter le juste de la même manière que le coupable,
loin de toi d’agir ainsi !
Celui qui juge toute la terre
n’agirait-il pas selon le droit ? »
Le Seigneur déclara :
« Si je trouve cinquante justes dans Sodome,
à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. »
Abraham répondit :
« J’ose encore parler à mon Seigneur,
moi qui suis poussière et cendre.
Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq :
pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? »
Il déclara :
« Non, je ne la détruirai pas,
si j’en trouve quarante-cinq. »
Abraham insista :
« Peut-être s’en trouvera-t-il seulement quarante ? »
Le Seigneur déclara :
« Pour quarante,
je ne le ferai pas. »
Abraham dit :
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère,
si j’ose parler encore.
Peut-être s’en trouvera-t-il seulement trente ? »
Il déclara :
« Si j’en trouve trente,
je ne le ferai pas. »
Abraham dit alors :
« J’ose encore parler à mon Seigneur.
Peut-être s’en trouvera-t-il seulement vingt ? »
Il déclara :
« Pour vingt,
je ne détruirai pas. »
Il dit :
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère :
je ne parlerai plus qu’une fois.
Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? »
Et le Seigneur déclara :
« Pour dix, je ne détruirai pas. »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6-7ab, 7c-8)
R/ Le jour où je t’appelle,
réponds-moi, Seigneur. (cf. Ps 137, 3)
De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.
Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.
Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ;
de loin, il reconnaît l’orgueilleux.
Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre,
ta main s’abat sur mes ennemis en colère.
Ta droite me rend vainqueur.
Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.
DEUXIÈME LECTURE
« Dieu vous a donné la vie avec le Christ, il nous a pardonné toutes nos fautes » (Col 2, 12-14)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens
Frères,
dans le baptême,
vous avez été mis au tombeau avec le Christ
et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu
qui l'a ressuscité d’entre les morts.
Vous étiez des morts,
parce que vous aviez commis des fautes
et n’aviez pas reçu de circoncision dans votre chair.
Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ :
il nous a pardonné toutes nos fautes.
Il a effacé le billet de la dette qui nous accablait
en raison des prescriptions légales pesant sur nous :
il l’a annulé en le clouant à la croix.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Demandez, on vous donnera » (Lc 11, 1-13)
Alléluia. Alléluia.
Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ;
c’est en lui que nous crions « Abba », Père.
Alléluia. (Rm 8, 15bc)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière.
Quand il eut terminé,
un de ses disciples lui demanda :
« Seigneur, apprends-nous à prier,
comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit :
« Quand vous priez, dites :
‘Père,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne.
Donne-nous le pain
dont nous avons besoin pour chaque jour
Pardonne-nous nos péchés,
car nous-mêmes, nous pardonnons aussi
à tous ceux qui ont des torts envers nous.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
Jésus leur dit encore :
« Imaginez que l’un de vous ait un ami
et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander :
‘Mon ami, prête-moi trois pains,
car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi,
et je n’ai rien à lui offrir.’
Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond :
‘Ne viens pas m’importuner !
La porte est déjà fermée ;
mes enfants et moi, nous sommes couchés.
Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose’.
Eh bien ! je vous le dis :
même s’il ne se lève pas pour donner par amitié,
il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami,
et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
Moi, je vous dis :
Demandez, on vous donnera ;
cherchez, vous trouverez ;
frappez, on vous ouvrira.
En effet, quiconque demande reçoit ;
qui cherche trouve ;
à qui frappe, on ouvrira.
Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson,
lui donnera un serpent au lieu du poisson ?
ou lui donnera un scorpion
quand il demande un œuf ?
Si donc vous, qui êtes mauvais,
vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,
combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint
à ceux qui le lui demandent ! »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 17e dimanche du temps ordinaire Année C « Seigneur, apprends-nous à prier »2019-08-28T01:08:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-17e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Seigneur-apprends-nous-a-prier_a903.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/32550843-30318910.jpg2019-07-23T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Après avoir écouté les lectures, on pourrait qualifier ce dimanche de DIMANCHE DE LA PRIÈRE. En effet tant Abraham dont nous parle la première lecture que Jésus dans l’évangile nous font entrer dans l’expérience de la prière qui est ouverte à tous et à toutes,
I - Le « Notre Père »
Commençons par Jésus. Dans le texte de saint Luc, on le voit qui répond à une demande de ses disciples qui désirent avoir une prière comme les disciples de Jean-Baptiste. Quelle était cette prière reçue de Jean-Baptiste ? On n’en sait rien.
Jésus va obtempérer à la demande de ses disciples. Et cette réponse nous vaut ce qui est devenu depuis des siècles la marque caractéristique des chrétiens. En effet, le « Notre Père » n’est pas seulement une expression de notre prière personnelle, il est en même temps l’expression de ce que le Christ est venu donner au monde. Il est comme un résumé du programme de mission de Jésus.
Dans la version de Luc on a cinq demandes tandis que dans celle de saint Mathieu (Mathieu 6, 9-13) il y en a sept. Reprenons, si vous le voulez, chacune des demandes de saint Luc que nous venons d'entendre pour y entrer le mieux possible.
Le « Notre Père » se présente en deux parties très différentes. La première partie nous fait proclamer des demandes qui concernent Dieu lui-même tandis que la seconde nous tourne vers nos propres besoins. C’est la dimension verticale et la dimension horizontale qui se rencontrent dans ces mots et dans le cœur de Jésus qui veut nous y faire entrer.
La prière du « Notre Père » de saint Luc commence par l'invocation à Dieu « Père ». Ce mot est la nouveauté apportée par Jésus qui voit Dieu non pas comme une réalité lointaine mais comme quelqu'un proche de ses enfants comme un père. En araméen, la langue que parlait Jésus, le mot qui le dit est « Abba » ce qui se traduirait littéralement par « Papa ». Ce Père si proche est celui dont nous tirons mystérieusement notre origine et notre vie et il se distingue des autres pères par son caractère divin.
« Que ton Nom soit sanctifié » est la première demande. Le nom pour les juifs c’est la personne, c’est toute la réalité concrète de la personne et pas seulement une désignation commode. « Que ton soit sanctifié » revient à dire nous te reconnaissons toi notre Dieu comme le Saint des Saints. Ton nom est béni par ce que tu es celui qui répand tes bénédictions.
« Que ton règne vienne ». Le Règne de Dieu c’est le rayonnement de son amour pour le monde. Il s'agit d'un amour qui veut que toute personne soit sauvée, que la création soit libérée de ce qui la retient et que son Fils Jésus soit accueilli comme son Envoyé.
« Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour ». Le pain c’est bien sûr le pain matériel dont toute personne a besoin. C’est aussi le pain de la Parole de Dieu et celui du Corps et du Sang de Jésus que nous sommes invités à partager à chaque dimanche.
« Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. ». Le pardon des offenses revêt une place unique dans la prédication de Jésus lorsqu’il proclame le fameux « Aimez vos ennemis ». Le pardon pour Jésus n’a pas de limites comme l’amour miséricordieux de Dieu n’en a pas. Le « car nous-mêmes, nous pardonnons » est une invitation claire au sérieux de nos gestes et de nos choix pour Dieu. Nous serons jugés sur ce que nous aurons fait et non pas seulement sur ce que nous aurions voulu faire.
« Et ne nous laisse pas entrer en tentation ». La nouvelle traduction de cette demande met l'accent sur le soutien de notre Père dans les vicissitudes de la vie que nous lui remettons avec confiance puisqu’il nous l’a donnée ici-bas et l’a fait porteuse de vie éternelle.
II – Le récit de la conversation de Dieu avec Abraham
Continuons avec Abraham. La conversation où Abraham négocie avec Dieu relatée dans la première lecture est bien dans le style oriental.
Ce que j’en retiens c’est la familiarité qui se dégage de cet épisode et qui nous enseigne quelque chose de très important dans toute prière. La prière c’est d’abord et avant tout une personne qui s’exprime, qui prie. Ce ne sont pas des idées qu’on exprime ou des formules seulement. Dans la Bible, la révélation de la rencontre de Dieu avec Abraham, avec les prophètes et avec Jésus nous indique que notre Dieu entre en conversation avec nous. Sainte Thérèse d'Avila définissait la prière comme « une conversation amoureuse avec Dieu ». C’est là l’originalité de la prière dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament. C’est un dialogue avec Dieu.
Les musulmans n’ont pas la même vision de la prière. Ils y sont très fidèles, plusieurs fois par jour, mais c’est toujours dans la récitation de formules, ou dans des postures extérieures qu’ils l’expriment. Je ne veux pas dire qu’il n’y a de dialogue avec Dieu dans leur prière mais l’insistance n’est pas tant là que dans les gestes et les paroles qu’on prononce fidèlement avec exactitude. Pour les chrétiens, au contraire, comme Jésus nous y invite dans l’évangile de saint Mathieu, ce qui est important ce ne sont pas les paroles mais ce qui est dans ton cœur. « Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra ». (Mathieu 6, 6)
III – Notre expérience de la prière : prier sans se lasser
Après l'expérience de la prière chez Jésus et Abraham, venons-en maintenant à la nôtre. Jésus après avoir donné une formule qui est le « Notre Père » ne veut pas qu’on s’y astreigne sans mettre dans notre prière nos besoins personnels, ce qui fait notre vie de tous le jours. C’est pourquoi il donne l’image de l’ami importun. Cette image nous invite à entrer dans une telle familiarité avec Dieu que nous pouvons même, à l’occasion, le poursuivre de nos demandes et de nos désirs sans retenue et sans gêne comme l'ami importun. « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira », dit Jésus. Car c’est cela la conversation amoureuse.
Cette homélie a voulu vous faire partager ma joie et mon amour de la prière. Celle-ci ne se réalise pas seulement à la messe le dimanche. Elle s'exprime en reprenant des paroles comme celles du « Notre Père », du « Je vous salue Marie » ou du « Gloire soit au Père » ou d'autres et en y mettant notre cœur et nos sentiments comme on le fait dans le chapelet.
La prière s’exprime aussi en laissant notre esprit rendre grâces à Dieu devant un beau coucher de soleil, en entendant des nouvelles qui sont parfois très inspirantes et quand elles ne le sont pas en priant pour ceux et celles qui sont dans le besoin, etc. Ainsi la prière fait partie de notre vie quotidienne. Elle ne s’identifie pas seulement à des paroles et à des lieux, mais elle est au plus intime de nous-même, dans le secret, et Dieu la voit même lorsque les autres ne la voient pas. Elle devient de plus en plus un état d'âme, une manière de se tenir devant Dieu.
Conclusion
Que notre DIMANCHE DE LA PRIÈRE cette année soit l’occasion pour chacun et chacune de se laisser entrer dans une conversation amoureuse avec Dieu de plus en plus fréquente préparant la grande conversation qui se vivra pour toujours lorsque nous aurons rejoint notre Père dans les cieux, ce que je nous souhaite à toutes et tous.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
23 juillet 2019
Lectures de la messe pour le 17e dimanche du temps ordinaire Année C
Première lecture
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère si j’ose parler encore » (Gn 18, 20-32)
Lecture du livre de la Genèse
En ces jours-là,
les trois visiteurs d’Abraham allaient partir pour Sodome.
Alors le Seigneur dit :
« Comme elle est grande,
la clameur au sujet de Sodome et de Gomorrhe !
Et leur faute, comme elle est lourde !
Je veux descendre pour voir
si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi.
Si c’est faux, je le reconnaîtrai. »
Les hommes se dirigèrent vers Sodome,
tandis qu’Abraham demeurait devant le Seigneur.
Abraham s’approcha et dit :
« Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ?
Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville.
Vas-tu vraiment les faire périr ?
Ne pardonneras-tu pas à toute la ville
à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ?
Loin de toi de faire une chose pareille !
Faire mourir le juste avec le coupable,
traiter le juste de la même manière que le coupable,
loin de toi d’agir ainsi !
Celui qui juge toute la terre
n’agirait-il pas selon le droit ? »
Le Seigneur déclara :
« Si je trouve cinquante justes dans Sodome,
à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. »
Abraham répondit :
« J’ose encore parler à mon Seigneur,
moi qui suis poussière et cendre.
Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq :
pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? »
Il déclara :
« Non, je ne la détruirai pas,
si j’en trouve quarante-cinq. »
Abraham insista :
« Peut-être s’en trouvera-t-il seulement quarante ? »
Le Seigneur déclara :
« Pour quarante,
je ne le ferai pas. »
Abraham dit :
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère,
si j’ose parler encore.
Peut-être s’en trouvera-t-il seulement trente ? »
Il déclara :
« Si j’en trouve trente,
je ne le ferai pas. »
Abraham dit alors :
« J’ose encore parler à mon Seigneur.
Peut-être s’en trouvera-t-il seulement vingt ? »
Il déclara :
« Pour vingt,
je ne détruirai pas. »
Il dit :
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère :
je ne parlerai plus qu’une fois.
Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? »
Et le Seigneur déclara :
« Pour dix, je ne détruirai pas. »
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6-7ab, 7c-8)
R/ Le jour où je t’appelle,
réponds-moi, Seigneur. (cf. Ps 137, 3)
De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.
Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.
Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ;
de loin, il reconnaît l’orgueilleux.
Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre,
ta main s’abat sur mes ennemis en colère.
Ta droite me rend vainqueur.
Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.
Deuxième lecture
« Dieu vous a donné la vie avec le Christ, il nous a pardonné toutes nos fautes » (Col 2, 12-14)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens
Frères,
dans le baptême,
vous avez été mis au tombeau avec le Christ
et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu
qui l'a ressuscité d’entre les morts.
Vous étiez des morts,
parce que vous aviez commis des fautes
et n’aviez pas reçu de circoncision dans votre chair.
Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ :
il nous a pardonné toutes nos fautes.
Il a effacé le billet de la dette qui nous accablait
en raison des prescriptions légales pesant sur nous :
il l’a annulé en le clouant à la croix.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Demandez, on vous donnera » (Lc 11, 1-13)
Alléluia. Alléluia.
Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ;
c’est en lui que nous crions « Abba », Père.
Alléluia. (Rm 8, 15bc)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière.
Quand il eut terminé,
un de ses disciples lui demanda :
« Seigneur, apprends-nous à prier,
comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit :
« Quand vous priez, dites :
‘Père,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne.
Donne-nous le pain
dont nous avons besoin pour chaque jour
Pardonne-nous nos péchés,
car nous-mêmes, nous pardonnons aussi
à tous ceux qui ont des torts envers nous.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
Jésus leur dit encore :
« Imaginez que l’un de vous ait un ami
et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander :
‘Mon ami, prête-moi trois pains,
car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi,
et je n’ai rien à lui offrir.’
Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond :
‘Ne viens pas m’importuner !
La porte est déjà fermée ;
mes enfants et moi, nous sommes couchés.
Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose’.
Eh bien ! je vous le dis :
même s’il ne se lève pas pour donner par amitié,
il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami,
et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
Moi, je vous dis :
Demandez, on vous donnera ;
cherchez, vous trouverez ;
frappez, on vous ouvrira.
En effet, quiconque demande reçoit ;
qui cherche trouve ;
à qui frappe, on ouvrira.
Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson,
lui donnera un serpent au lieu du poisson ?
ou lui donnera un scorpion
quand il demande un œuf ?
Si donc vous, qui êtes mauvais,
vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,
combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint
à ceux qui le lui demandent ! »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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"Modernité de la veuve de la parabole du juge inique" (Luc 18, 1-8) - Homélie de l'abbé D. Cyriaque Somé2012-01-22T20:46:00+01:00https://www.hgiguere.net/Modernite-de-la-veuve-de-la-parabole-du-juge-inique-Luc-18-1-8-Homelie-de-l-abbe-D-Cyriaque-Some_a440.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/3432487-4939299.jpg2011-11-14T19:33:00+01:00abbé D. Cyriaque Somé
La veuve moderne
L’actualité nationale et internationale nous livre quotidiennement des scènes plus ou moins semblables à la démarche de la veuve que Jésus nous présente dans l’évangile de ce jour : depuis les indignés d’Espagne et de leurs collègues grecs jusqu’aux «Occupy Wall street» de New York qui ont contaminé et fait rallier les «Occupons Québec», partout, il y a comme des groupes qui s’organisent pour protester, manifester, défendre des valeurs. Ils marchent ou s’installent à la porte des grands de ce monde pour demander plus de justice et de partage. C’est une forme plus ou moins mondialisée de ce que fut cette veuve de la parabole. Délaissée, spoliée et sans défense, elle a décidé de braver les états d’âme d’un juge «pas très catholique»- puisqu’il ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes- pour avoir gain de cause.
Dieu, seul juste juge
L’humanité souffre d’un manque d’équilibre : équilibre dans les conditions de vie, dans les rapports sociaux. C’est ce désir d’harmonie ou de bonheur équitable que portent les divers mouvements sociaux dont nous observons les manifestations à travers les continents. Et la 1ère lecture tirée du livre de la Sagesse, dans un style poétique, nous fait découvrir que Dieu est sensible aux aspirations profondes, justes des hommes et des femmes. Elle rappelle les événements de la sortie d’Égypte en racontant les hauts faits de Dieu : «Ta parole toute-puissante fondit en plein milieu de ce pays de détresse». Comme il l’a fait dans le passé pour son peuple élu de l’Alliance, il déploie son salut en faveur de ceux et celles «qui crient vers lui nuit et jour».
Prière et persévérance
L’expérience nous montre qu’à force d’insistance, les luttes finissent par aboutir. Cependant, si Jésus nous invite à prier avec insistance, sans nous décourager, ce n’est pas dans un esprit de revendication mais dans la confiance que, si même les cœurs insensibles de certaines personnes finissent par céder aux appels incessants des faibles, combien plus le ferait le cœur de Dieu, lui qui est tout proche de nous, par son fils qui s’est fait l’un de nous. En raison de nos faiblesses, nos paroles et nos prières humaines doivent être persévérantes, persistantes ; à la différence de la parole de Dieu qui, elle, est opérationnelle. À la prière persévérante s’ajoute un engagement personnel quotidien pour la justice, le droit et l’équité. C’est ce que nous exprimons dans la prière du pater noster. Je termine justement par une anecdote sur cette prière.
Notre pain de séjour
Les enfants peuvent bien souvent nous enseigner des choses profondes même quand ils se trompent. Lors d’une interrogation de catéchèse, J’avais demandé aux enfants d’écrire le Notre Père sur leur feuille. Alors un enfant avait écrit ceci : «Donne-nous aujourd’hui notre pain de séjour…» Son camarade s’empressa de me signaler que son voisin a fait une faute. N’ayant pas la copie, je lui répondis que ce n’était pas grave. Mais lorsque je corrigeai les copies, je me rendis compte effectivement qu’au lieu de «pain de ce jour» l’élève avait écrit «notre pain de séjour». Cela m’a fait comprendre cette autre dimension de la prière : nous demandons aussi le pain pour notre séjour ici-bas, et non pas seulement le pain quotidien. Aujourd’hui, d’après les textes et avec l’actualité présente, notre pain de séjour s’appelle «justice, équité, partage, solidarité…» L’engagement de chacune et chacun d’entre vous, sur le chemin du diaconat, en est une participation. Puissions-nous la rendre effective par notre vie.
Abbé D. Cyriaque Somé
Prêtre étudant du diocèse de Diebougou (Burkina Faso)
résidant au Séminaire de Québec
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net