Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttps://www.hgiguere.net/2024-03-28T17:04:25+01:00Webzine Maker46.814776-71.2https://www.hgiguere.net/favicon.icohttps://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour le 5e dimanche du Carême Année B « Si le grain de blé ne meurt... »2024-03-19T23:15:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-5e-dimanche-du-Careme-Annee-B-Si-le-grain-de-ble-ne-meurt_a1167.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/77063418-55904491.jpg2024-03-12T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Des Grecs demandent à voir Jésus. Avez-vous remarqué que Jésus à qui on transmet la demande n'y répond pas directement ? Il parle plutôt de lui. Dans les derniers jours de sa vie, il est totalement concentré sur sa mission. Et au lieu de répondre à la demande des Grecs, il partage aux personnes présentes ce qui l'habite.
Ce partage est un des plus beaux que nous ayons dans les évangiles. On y voit ce que saint Jean (qui était probablement présent) en a retenu, à savoir que Jésus a vécu les derniers moments de sa vie dans une confiance totale à son Père même si le plan de Dieu sur lui prenait une direction qui le mènerait à la croix, l'« élèverait» sur la croix.
I – Le sacrifice du Christ
La deuxième lecture tirée de la Lettre aux Hébreux décrit ce qu’ont pu être les sentiments de Jésus en voyant venir la croix. Des sentiments d'abandon et d'obéissance à son Père. Le texte de la Lettre aux Hébreux ne peut être plus clair. Relisons-le ensemble si vous le voulez bien :
« Le Christ, pendant les jours de sa vie dans la chair, offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect (en d’autres termes, en raison de son grand abandon). Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel. »
Laissons ces paroles entrer en nous. Elles nous préparent avec à propos à la Semaine Sainte qui s’en vient à grands pas. Elles nous placent sur le bon chemin pour vivre les Jours Saints, car elles mettent devant nos yeux l’offrande que fait Jésus sur la croix, le sacrifice de sa vie pour que ses frères et sœurs soient réconciliés avec Dieu.
II – Une Alliance nouvelle
Cette réconciliation on l’appelle la Nouvelle Alliance qu’annonce le prophète Jérémie dans la première lecture. Sur la croix et dans ses souffrances inouïes Jésus consomme la Nouvelle Alliance. Cette Nouvelle Alliance ne tiendra plus dans des prescriptions à sauvegarder et à appliquer, mais elle se développera dans une intériorisation personnelle. La Nouvelle Alliance se fera dans le cœur des personnes. Les personnes devront, à l'exemple de Jésus, choisir de s'y abandonner dans l'obéissance et dans la confiance.
Relisons la merveilleuse promesse que nous révèle texte du prophète Jérémie.
« Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant : ‘Apprends à connaître le Seigneur !’ Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés. »
« Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes, je l’inscrirai sur leur cœur. » Voilà l’essentiel de la Nouvelle Alliance.
III – La semence mise en terre
La réalisation de la Nouvelle Alliance passe par le sacrifice de Jésus qui donne sa vie pour le monde sur la croix. Jésus en parle comme de son Heure. Il prie pour pouvoir vivre cette Heure avec détachement et dans l’abandon total à la volonté de son Père. Cet abandon est reconnu et loué par la voix - celle de son Père - qui se fait entendre dans le récit de l’évangile, lu il y a un instant, et qui dit : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore ».
Jésus compare son Heure au parcours d'une semence mise en terre. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ».
Cette image est des plus parlantes. La semence est remplie de vie et de puissance de vie nouvelle, pourtant elle doit être enfouie en terre, se laisser défaire pour pouvoir donner toute son énergie à de nouvelles pousses qui apparaîtront petit à petit.
Ainsi de la mort de Jésus, elle est une semence. Sur la croix Jésus est non seulement élevé, mais son humanité est enfouie dans la masse humaine. Il porte toute l'humanité en lui avec ses limites et ses faiblesses. Il porte les péchés du monde. Il pourrait s'y refuser, mais c'est l'abandon à la volonté de son Père qui prend le dessus.
C’est pourquoi, celui-ci le ressuscitera après trois jours et sa mort deviendra ainsi le début d'une vie nouvelle où, ressuscité par la puissance de Dieu, il entraîne derrière lui tous ceux et celles qui l'acceptent comme le Seigneur de leur vie.
Comment le fait-il ? En nous associant à lui par le Baptême. Par ce sacrement, la personne qui s’avance est plongée dans l’eau avec le Christ, lavée de ses fautes et elle naît à une vie nouvelle avec le Christ ressuscité comme on l’explique aux futurs baptisés qui, pendant le carême, s’y préparent et qui vivront leur baptême lors de la Vigile pascale.
C’est dans le sillage de cette transformation qui ressemble à celle de la semence que toute la vie du baptisé sera désormais, en union avec le Christ et à sa suite, une vie pour Dieu : « Car lui qui est mort, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes, écrit saint Paul dans sa Lettre aux Romains ; lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ » (Romains 6, 10).
Conclusion
Demandons au Seigneur aujourd'hui d’entrer avec tout notre cœur dans cette Nouvelle Alliance avec Dieu que Jésus est venu établir et dont nous sommes partie prenant depuis notre baptême.
À chaque messe, le président, lorsqu’il consacre le vin, nous le rappelle en disant ces paroles : « Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. » Chaque dimanche nous présentons au Seigneur, dans le pain et vin, fruits du travail humain, nos efforts pour entrer de tout notre cœur dans cette Alliance nouvelle et éternelle que Jésus a inaugurée.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
12 mars 2024
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Je conclurai une alliance nouvelle et je ne me rappellerai plus leurs péchés » (Jr 31, 31-34)
Lecture du livre du prophète Jérémie
Voici venir des jours – oracle du Seigneur –,
où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda
une alliance nouvelle.
Ce ne sera pas comme l’alliance
que j’ai conclue avec leurs pères,
le jour où je les ai pris par la main
pour les faire sortir du pays d’Égypte :
mon alliance, c’est eux qui l’ont rompue,
alors que moi, j’étais leur maître
– oracle du Seigneur.
Mais voici quelle sera l’alliance
que je conclurai avec la maison d’Israël
quand ces jours-là seront passés
– oracle du Seigneur.
Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ;
je l’inscrirai sur leur cœur.
Je serai leur Dieu,
et ils seront mon peuple.
Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon,
ni chacun son frère en disant :
« Apprends à connaître le Seigneur ! »
Car tous me connaîtront,
des plus petits jusqu’aux plus grands
– oracle du Seigneur.
Je pardonnerai leurs fautes,
je ne me rappellerai plus leurs péchés.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(50 (51), 3-4, 12-13, 14-15)
R/ Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu. (50, 12a)
Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.
DEUXIÈME LECTURE
« Il a appris l’obéissance et est devenu la cause du salut éternel » (He 5, 7-9)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Le Christ,
pendant les jours de sa vie dans la chair,
offrit, avec un grand cri et dans les larmes,
des prières et des supplications
à Dieu qui pouvait le sauver de la mort,
et il fut exaucé
en raison de son grand respect.
Bien qu’il soit le Fils,
il apprit par ses souffrances l’obéissance
et, conduit à sa perfection,
il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent
la cause du salut éternel.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Si le grain de blé tombé en terre meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 20-33)
Gloire à toi, Seigneur,
gloire à toi.
Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive,
dit le Seigneur ;
et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur.
Gloire à toi, Seigneur,
gloire à toi. (Jn 12, 26)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem
pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.
Ils abordèrent Philippe,
qui était de Bethsaïde en Galilée,
et lui firent cette demande :
« Nous voudrions voir Jésus. »
Philippe va le dire à André,
et tous deux vont le dire à Jésus.
Alors Jésus leur déclare :
« L’heure est venue où le Fils de l’homme
doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis :
si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,
il reste seul ;
mais s’il meurt,
il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie
la perd ;
qui s’en détache en ce monde
la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir,
qu’il me suive ;
et là où moi je suis,
là aussi sera mon serviteur.
Si quelqu’un me sert,
mon Père l’honorera.
Maintenant mon âme est bouleversée.
Que vais-je dire ?
“Père, sauve-moi
de cette heure” ?
– Mais non ! C’est pour cela
que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! »
Alors, du ciel vint une voix qui disait :
« Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »
En l’entendant, la foule qui se tenait là
disait que c’était un coup de tonnerre.
D’autres disaient :
« C’est un ange qui lui a parlé. »
Mais Jésus leur répondit :
« Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix,
mais pour vous.
Maintenant a lieu le jugement de ce monde ;
maintenant le prince de ce monde
va être jeté dehors ;
et moi, quand j’aurai été élevé de terre,
j’attirerai à moi tous les hommes. »
Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 5e dimanche du Carême Année B « Si le grain de blé ne meurt... »2021-03-28T15:41:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-5e-dimanche-du-Careme-Annee-B-Si-le-grain-de-ble-ne-meurt_a998.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/52796951-40141401.jpg2021-03-16T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Des Grecs demandent à voir Jésus. Avez-vous remarqué que Jésus à qui on transmet la demande n'y répond pas directement ? Il parle plutôt de lui. Dans les derniers jours de sa vie, il est totalement concentré sur sa mission. Et au lieu de répondre à la demande des Grecs, il partage aux personnes présentes ce qui l'habite.
Ce partage est un des plus beaux que nous ayons dans les évangiles. On y voit ce que saint Jean (qui était probablement présent) en a retenu, à savoir que Jésus a vécu les derniers moments de sa vie dans une confiance totale à son Père même si le plan de Dieu sur lui prenait une direction qui le mènerait à la croix, l'« élèverait» sur la croix.
I – Le sacrifice du Christ
La deuxième lecture tirée de la Lettre aux Hébreux décrit ce qu’ont pu être les sentiments de Jésus en voyant venir la croix. Des sentiments d'abandon et d'obéissance à son Père. Le texte de la Lettre aux Hébreux ne peut être plus clair. Relisons-le ensemble si vous le voulez bien :
« Le Christ, pendant les jours de sa vie dans la chair, offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect (en d’autres termes, en raison de son grand abandon). Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel. »
Laissons ces paroles entrer en nous. Elles nous préparent avec à propos à la Semaine Sainte qui s’en vient à grands pas. Elles nous placent sur le bon chemin pour vivre les Jours Saints, car elles mettent devant nos yeux l’offrande que fait Jésus sur la croix, le sacrifice de sa vie pour que ses frères et sœurs soient réconciliés avec Dieu.
II – Une Alliance nouvelle
Cette réconciliation on l’appelle la Nouvelle Alliance qu’annonce le prophète Jérémie dans la première lecture. Sur la croix et dans ses souffrances inouïes Jésus consomme la Nouvelle Alliance. Cette Nouvelle Alliance ne tiendra plus dans des prescriptions à sauvegarder et à appliquer, mais elle se développera dans une intériorisation personnelle. La Nouvelle Alliance se fera dans le cœur des personnes. Les personnes devront, à l'exemple de Jésus, choisir de s'y abandonner dans l'obéissance et dans la confiance.
Relisons la merveilleuse promesse que nous révèle texte du prophète Jérémie.
« Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant : ‘Apprends à connaître le Seigneur !’ Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés. »
« Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes, je l’inscrirai sur leur cœur. » Voilà l’essentiel de la Nouvelle Alliance.
III – La semence mise en terre
La réalisation de la Nouvelle Alliance passe par le sacrifice de Jésus qui donne sa vie pour le monde sur la croix. Jésus en parle comme de son Heure. Il prie pour pouvoir vivre cette Heure avec détachement et dans l’abandon total à la volonté de son Père. Cet abandon est reconnu et loué par la voix - celle de son Père - qui se fait entendre dans le récit de l’évangile, lu il y a un instant, et qui dit : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore ».
Jésus compare son Heure au parcours d'une semence mise en terre. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Cette image est des plus parlantes. La semence est remplie de vie et de puissance de vie nouvelle, pourtant elle doit être enfouie en terre, se laisser défaire pour pouvoir donner toute son énergie à de nouvelles pousses qui apparaîtront petit à petit.
Ainsi de la mort de Jésus, elle est une semence. Sur la croix Jésus est non seulement élevé, mais son humanité est enfouie dans la masse humaine. Il porte toute l'humanité en lui avec ses limites et ses faiblesses. Il porte les péchés du monde. Il pourrait s'y refuser, mais c'est l'abandon à la volonté de son Père qui prend le dessus. C’est pourquoi, celui-ci le ressuscitera après trois jours et sa mort deviendra ainsi le début d'une vie nouvelle où, ressuscité par la puissance de Dieu, il entraîne derrière lui tous ceux et celles qui l'acceptent comme le Seigneur de leur vie.
Comment le fait-il ? En nous associant à lui par le Baptême. Par ce sacrement, la personne qui s’avance est plongée dans l’eau avec le Christ, lavée de ses fautes et elle naît à une vie nouvelle avec le Christ ressuscité comme on l’explique aux futurs baptisés qui, pendant le carême, s’y préparent et qui vivront leur baptême lors de la Vigile pascale.
C’est dans le sillage de cette transformation qui ressemble à celle de la semence que toute la vie du baptisé sera désormais, en union avec le Christ et à sa suite, une vie pour Dieu : « Car lui qui est mort, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes, écrit saint Paul dans sa Lettre aux Romains ; lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ » (Romains 6, 10).
Conclusion
Demandons au Seigneur aujourd'ui d’entrer avec tout notre cœur dans cette Nouvelle Alliance avec Dieu que Jésus est venu établir et de laquelle nous sommes partie prenant depuis notre baptême.
À chaque messe, le président, lorsqu’il consacre le vin, nous le rappelle en disant ces paroles : « Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l'Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. »
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
16 mars 2021
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Je conclurai une alliance nouvelle et je ne me rappellerai plus leurs péchés » (Jr 31, 31-34)
Lecture du livre du prophète Jérémie
Voici venir des jours – oracle du Seigneur –,
où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda
une alliance nouvelle.
Ce ne sera pas comme l’alliance
que j’ai conclue avec leurs pères,
le jour où je les ai pris par la main
pour les faire sortir du pays d’Égypte :
mon alliance, c’est eux qui l’ont rompue,
alors que moi, j’étais leur maître
– oracle du Seigneur.
Mais voici quelle sera l’alliance
que je conclurai avec la maison d’Israël
quand ces jours-là seront passés
– oracle du Seigneur.
Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ;
je l’inscrirai sur leur cœur.
Je serai leur Dieu,
et ils seront mon peuple.
Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon,
ni chacun son frère en disant :
« Apprends à connaître le Seigneur ! »
Car tous me connaîtront,
des plus petits jusqu’aux plus grands
– oracle du Seigneur.
Je pardonnerai leurs fautes,
je ne me rappellerai plus leurs péchés.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(50 (51), 3-4, 12-13, 14-15)
R/ Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu. (50, 12a)
Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.
DEUXIÈME LECTURE
« Il a appris l’obéissance et est devenu la cause du salut éternel » (He 5, 7-9)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Le Christ,
pendant les jours de sa vie dans la chair,
offrit, avec un grand cri et dans les larmes,
des prières et des supplications
à Dieu qui pouvait le sauver de la mort,
et il fut exaucé
en raison de son grand respect.
Bien qu’il soit le Fils,
il apprit par ses souffrances l’obéissance
et, conduit à sa perfection,
il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent
la cause du salut éternel.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Si le grain de blé tombé en terre meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 20-33)
Gloire à toi, Seigneur,
gloire à toi.
Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive,
dit le Seigneur ;
et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur.
Gloire à toi, Seigneur,
gloire à toi. (Jn 12, 26)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem
pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.
Ils abordèrent Philippe,
qui était de Bethsaïde en Galilée,
et lui firent cette demande :
« Nous voudrions voir Jésus. »
Philippe va le dire à André,
et tous deux vont le dire à Jésus.
Alors Jésus leur déclare :
« L’heure est venue où le Fils de l’homme
doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis :
si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,
il reste seul ;
mais s’il meurt,
il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie
la perd ;
qui s’en détache en ce monde
la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir,
qu’il me suive ;
et là où moi je suis,
là aussi sera mon serviteur.
Si quelqu’un me sert,
mon Père l’honorera.
Maintenant mon âme est bouleversée.
Que vais-je dire ?
“Père, sauve-moi
de cette heure” ?
– Mais non ! C’est pour cela
que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! »
Alors, du ciel vint une voix qui disait :
« Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »
En l’entendant, la foule qui se tenait là
disait que c’était un coup de tonnerre.
D’autres disaient :
« C’est un ange qui lui a parlé. »
Mais Jésus leur répondit :
« Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix,
mais pour vous.
Maintenant a lieu le jugement de ce monde ;
maintenant le prince de ce monde
va être jeté dehors ;
et moi, quand j’aurai été élevé de terre,
j’attirerai à moi tous les hommes. »
Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le Jeudi Saint 2015 : « L’offrande de soi comme celle de l'Agneau »2016-03-26T19:38:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-Jeudi-Saint-2015-L-offrande-de-soi-comme-celle-de-l-Agneau_a638.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/7628195-11786282.jpg2015-03-31T01:08:00+02:00Hermann Giguère
La mémoire de la Cène du Seigneur ne peut se dissocier de celle de sa Passion. Ces deux événements sont réunis par un lien indissociable. Sans la Passion la Cène reste un repas festif, une louange et une bénédiction pour les actions de Dieu, un « berakha ». Et sans la Cène la mort de Jésus au terme de sa Passion est un geste d’amour incroyable mais sans lendemain. Sans la Cène pas de mémorial, sans la Passion une Cène vide.
Essayons ce soir d’entrer plus à fond dans cette dynamique essentielle du salut révélé en Jésus et laissons-nous porter par les textes que la liturgie du Jeudi Saint propose et qui nous l'exprime bien.
I – Dieu sauve
C’est le texte de l’Exode qu’il faut garder comme portail pour entrer dans notre réflexion sur le salut qui nous est offert par le Père des miséricordes. Ce salut a une histoire à laquelle le livre de l’Exode nous sensibilise en décrivant le geste fondateur de la mémoire de son peuple : celui du passage de la Mer Rouge. Cette intervention est celle d’un Dieu proche qui protège, éduque, nourrit son peuple, d’un Dieu qui l’arrache à l’ennemi et le libère.
Tel est le sens du passage de l’Ange de Dieu qui évite les portes marquées du sceau de l’agneau. Cet agneau associé ensuite au passage de la Mer Rouge et à la délivrance d’Israël deviendra pour les chrétiens le symbole du nouvel Agneau qu’est le Christ qui permet par son obéissance le salut de tous. Son sacrifice n’est pas une fin de vie, il est un don suréminent à la hauteur des attentes de son Père.
Ainsi, Jésus a-t-il voulu laisser non seulement la coupe partagée et le pain rompu comme symboles de ce sacrifice, mais aussi le geste du lavement des pieds retenu par l’évangéliste Jean que nous lisons dans l’évangile de ce jour.
Ces gestes sont porteurs d’un symbolisme et d’une grâce à nuls autres pareils. Ils nous révèlent chacun à leur façon comment Dieu nous aime d’un amour qui lui fait offrir son Fils pour notre salut. On lit dans l’évangile de saint Jean que le Grand prêtre Caïphe disait à ses compatriotes : « Il vaut mieux qu’un seul meurt pour le salut de tous » (Jean 11, 50). Hé bien! C’est ce qui arrivera, le nouvel Agneau sera porté sur la croix qui deviendra l’autel de son sacrifice et c’est là que notre salut s’accomplira une fois pour toutes.
II– Jésus sauve
Saint Paul dans la deuxième lecture nous met devant nos yeux cette réalité du salut de façon réelle mais aussi symbolique et sacramentelle lorsqu’il reprend pour le Corinthiens le récit de la Cène du Jeudi Saint. En effet, il dégage le sacrifice de Jésus sur la Croix d’une mémoire rétrécie qui ne consisterait qu’à le photographier dans nos souvenirs. Il en montre plutôt toute l’ampleur en proclamant sa vivante actualité toujours créatrice à travers les paroles de Jésus lui-même qui a voulu ainsi que son sacrifice sur la croix deviennent une offrande spirituelle pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
Cette offrande spirituelle est mystérieuse et c’est le but de la Cène du Jeudi Saint de nous en révéler la grandeur. En effet, les murs du temps et de l’espace tombent au moment où Jésus dit « Ceci est mon corps » et « Ceci est mon sang ». Le mémorial de son amour rédempteur devient une réalité pérenne, toujours présente jusqu’à la fin des temps et jusque dans la gloire du ciel où le Christ est devant le Père toujours vivant « l’interpellant pour nous » (Hébreux 7, 25) et lui présentant ses plaies de Ressuscité.
Voilà ce que saint Paul nous rappelle. Jésus sauve et il continue de la faire aujourd’hui comme hier « jusqu’à ce qu’il vienne ».
III – Sauvés en union avec Jésus
Comment recevoir cette bonne nouvelle, si ce n’est en nous unissant à Jésus lui-même dans son acte d’amour suprême pour toute l’humanité qu’il a portée sur la croix? Cet acte lui a valu une exaltation qui est couronnée le matin de Pâques dans la résurrection.
Ce soir nous recevons le moyen principal pour entrer dans l’union avec Jésus : le sacrement de l'Eucharistie. Notre vie comme la sienne est un sacrifice spirituel offert à Dieu de qui l’avons reçue. Elle se déroule toute entière en une histoire du salut à l’image de celle du peuple d’Israël faite de passages, de nuits, de lumières, de peines, de joies, d’action de grâces, de demandes de pardon. Notre sacrifice spirituel ne nous appartient pas, il est lié à celui de nos frères et sœurs de la communauté qui fait Église et, par-dessus tout, au sacrifice du Christ le seul qui a pu plaire à Dieu totalement.
C’est pourquoi, nous reprenons souvent la célébration de l'Eucharistie, de la Cène du Seigneur dans la célébration eucharistique. Celle-ci est le moyen par excellence d’union au Christ et le sommet de toute vie chrétienne comme le dit le Concile Vatican II dans le Décret sur le ministère et la vie des prêtres : « …c’est par le ministère des prêtres que se consomme le sacrifice spirituel des chrétiens, en union avec le sacrifice du Christ, unique médiateur, offert au nom de toute l’Église dans l’Eucharistie par les mains des prêtres, de manière sacramentelle et non sanglante, jusqu’à ce que vienne le Seigneur lui-même. C’est là qu’aboutit leur ministère, c’est là qu’il trouve son accomplissement : commençant par l’annonce de l’Évangile, il tire sa force et sa puissance du Sacrifice du Christ et il aboutit à ce que ‘la Cité rachetée tout entière, c’est-à-dire la société et l’assemblée des saints, soit offerte à Dieu comme un sacrifice universel par le Grand Prêtre qui est allé jusqu’à s’offrir pour nous dans sa Passion, pour faire de nous le Corps d’une si grande Tête' » (numéro 2).
Conclusion
En ce Jeudi Saint, la mémoire de la Cène du Seigneur nous a plongés dans le mouvement et la réalité du salut reçu de Dieu et Jésus. Chaque fois que nous le faisons nous annonçons le Christ « jusqu’à ce qu’il vienne ». Qu’il nous garde dans l’attente joyeuse et dans le service généreux comme il nous le montre ce soir dans le lavement des pieds de ses disciples et de chacune et chacun de nous qu’il désire entraîner avec lui dans une offrande totale au Père.