Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttps://www.hgiguere.net/2024-03-28T14:42:47+01:00Webzine Maker46.814776-71.2https://www.hgiguere.net/favicon.icohttps://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour le 2e dimanche du Carême Année A : « La transfiguration du Seigneur : une lumière divine à l'oeuvre »2023-02-26T20:58:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-2e-dimanche-du-Careme-Annee-A-La-transfiguration-du-Seigneur-une-lumiere-divine-a-l-oeuvre_a1108.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/70219787-49002223.jpg2023-02-28T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Comme à chaque année, le deuxième dimanche du Carême nous lisons le récit de la Transfiguration de Jésus. Cette année nous le lisons tel que le raconte l’évangéliste saint Mathieu parce c’est l’année liturgique A.
I – Le terme « transfiguration »
Que veut dire le mot « transfiguration » qui n’est pas un mot de tous le jours dans nos conversations?
Pour y comprendre quelque chose partons d’un exemple qui nous permettra d’aller plus loin.
Vous avez certainement vu un de ces programmes à la télévision où l'on invite une personne à se laisser transformer dans son look ou à permettre à une équipe de remodeler sa résidence. Puis à la fin, on nous présente le résultat : une dame transformée, transfigurée. On nous montre l’avant et l’après. La même chose pour la résidence. Et toutes les personnes présentes s’exclament « C’est incroyable, c’est formidable ». Certaines personnes se mettent à pleurer. Elles n’en attendaient pas tant.
C'est un pauvre exemple qui peut nous aider à comprendre les réactions des apôtres qui sont témoins de la Transfiguration de Jésus. C’est extraordinaire. Il a complètement changé.
Mais, il y a ici chez Jésus quelque chose de plus qu’un remodelage de la personne. Il faut se rappeler que, si les apôtres ont gardé si vivant le souvenir de cette Transfiguration de Jésus, c’est que non seulement ils ont été témoins, mais qu’eux aussi ont été transformés.
II – L’expérience des apôtres
Par cette scène de la Transfiguration, saint Mathieu veut nous faire comprendre que les apôtres ont expérimenté dans leur chair la face divine de cet homme avec qui ils voyageaient, ils mangeaient. Ils ont senti qu’il y avait en lui plus que ce qu’ils voyaient tous les jours : une lumière divine, une source, une beauté à nulles autres pareilles, un quelque chose qu’aucun autre homme n’avait. Et ça, ils l’ont expérimenté, ils l'ont comme touché du doigt et ils ne peuvent pas l’oublier. C'est ce que veut exprimer ce récit de la Transfiguration de Jésus sur le Thabor.
Pour Pierre, Jacques et Jean qui représentent tous les autres apôtres et les disciples de Jésus qui suivront au cours des âges, Jésus n’est pas seulement un homme, mais il est aussi divin, rempli de la lumière divine, de la beauté divine qui resplendit en lui. Il achève la révélation de Dieu à l’humanité commencée avec Abraham ce que la première lecture rappelle en le désignant par son nom sémite Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai ». C'est cette révélation qui se continue avec Moïse et se poursuit avec les prophètes. La présence de Moïse et d'Élie avec qui Jésus s'entretient dans le récit de la Transfiguration veut ainsi marquer la continuité du Dessein de Salut de Dieu sur l'humanité que Jésus accomplit totalement et définitivement, car il est la Parole de Dieu faite chair. Il est la révélation parfaite de Dieu à l’humanité.
Cette révélation de Dieu, cette lumière de Dieu, cette beauté de Dieu qui l’habite, Jésus ne veut pas les garder pour lui. Il veut les communiquer, les partager. Voilà la mission qu’il accomplit en prêchant, en guérissant, en allant jusqu'à mourir sur une croix. Jésus, la Lumière du monde, veut que celle-ci se répande et il la répand sur ceux et celles qui l’accueillent, qui le reconnaissent dans la foi comme l’envoyé du Père.
III- Application
Nous sommes de ceux-là et de celles-là. Par le baptême nous sommes devenus participants de la nature divine (II Pierre 1,4) frères et sœurs de Jésus par adoption. La lumière de Jésus est en nous, Elle est là et elle se répand autour de nous. « Vous êtes vous aussi la lumière du monde » nous dit Jésus dans le Discours sur la montagne de l’évangile de saint Mathieu (Mathieu 5, 14).
Comment « être la lumière du monde » ? En laissant la lumière de Dieu en nous passer à travers nos gestes, nos préoccupations, nos engagements. Si nous la reconnaissons en nous par la foi, elle nous transfigurera à notre tour, à notre insu même. Nous serons surpris d’entendre les gens dire : « Il ou elle a quelque chose de spécial. Quand je l’approche, elle ou lui, je me sens bien, je me sens meilleur. »
Hé oui! La lumière de Dieu passe de diverses façons. Elle peut resplendir comme un soleil qui envahit tout comme à la Transfiguration de Jésus, mais elle peut aussi transparaître dans des rayons plus minces et par intermittence. C’est toujours la même source lumineuse qui est à l’œuvre, Dieu lui-même par son Esprit et par ses dons.
Conclusion
Que cette Eucharistie nous aide de plus en plus à resplendir à notre façon comme Jésus qui n’a eu d’autre souci que d’aller vers les autres, d’aimer ses frères et sœurs en se donnant totalement, comme il le fait encore aujourd'hui dans cette Eucharistie où nous partageons son Corps et son Sang.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
28 février 2023
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
Vocation d’Abraham, père du peuple de Dieu (Gn 12, 1-4a)
Lecture du livre de la Genèse
En ces jours-là,
le Seigneur dit à Abram :
« Quitte ton pays,
ta parenté et la maison de ton père,
et va vers le pays que je te montrerai.
Je ferai de toi une grande nation,
je te bénirai,
je rendrai grand ton nom,
et tu deviendras une bénédiction.
Je bénirai ceux qui te béniront ;
celui qui te maudira, je le réprouverai.
En toi seront bénies
toutes les familles de la terre. »
Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit,
et Loth s’en alla avec lui.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22)
R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous,
comme notre espoir est en toi ! (Ps 32, 22)
Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.
Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.
Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !
DEUXIÈME LECTURE
Dieu nous appelle et nous éclaire (2 Tm 1, 8b-10)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée
Fils bien-aimé,
avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances
liées à l’annonce de l’Évangile.
Car Dieu nous a sauvés,
il nous a appelés à une vocation sainte,
non pas à cause de nos propres actes,
mais à cause de son projet à lui et de sa grâce.
Cette grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus
avant tous les siècles,
et maintenant elle est devenue visible,
car notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté :
il a détruit la mort,
et il a fait resplendir la vie et l’immortalité
par l’annonce de l’Évangile.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 1-9)
Gloire au Christ,
Parole éternelle du Dieu vivant.
Gloire à toi, Seigneur.
De la nuée lumineuse,
la voix du Père a retenti :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! »
Gloire au Christ,
Parole éternelle du Dieu vivant.
Gloire à toi, Seigneur. (cf. Mt 17, 5)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère,
et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ;
son visage devint brillant comme le soleil,
et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie,
qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus :
« Seigneur, il est bon que nous soyons ici !
Si tu le veux,
je vais dresser ici trois tentes,
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il parlait encore,
lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre,
et voici que, de la nuée, une voix disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé,
en qui je trouve ma joie :
écoutez-le ! »
Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre
et furent saisis d’une grande crainte.
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit :
« Relevez-vous et soyez sans crainte ! »
Levant les yeux,
ils ne virent plus personne,
sinon lui, Jésus, seul.
En descendant de la montagne,
Jésus leur donna cet ordre :
« Ne parlez de cette vision à personne,
avant que le Fils de l’homme
soit ressuscité d’entre les morts. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 33e dimanche du temps ordinaire Année B : « Le figuier qui verdit »2021-11-07T21:56:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-33e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Le-figuier-qui-verdit_a1034.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/58887471-43368120.jpg2021-11-09T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Les jeunes, et les moins jeunes aussi, de nos jours aiment bien regarder des vidéos ou des films qui racontent des histoires remplies de péripéties. Les effets techniques sont au rendez-vous comme dans le dernier James Bond « Mourir peut attendre » qui vient de sortir sur nos écrans. Ce sont les voitures qui se poursuivent, des personnages qui changent d’aspect, des mondes inconnus qui apparaissent sur les écrans etc. Ce sont bien sûr des images et on aime les regarder. Pourquoi? Pour en ressentir une émotion, pour sortir de son quotidien, pour vivre des choses nouvelles ou inconnues, que sais-je?
Ce mot d’introduction vise à nous faire mieux entrer dans les lectures que la Parole de Dieu nous propose aujourd’hui. Ces lectures, celle du prophète Daniel et celle de l’évangile selon saint Marc, sont du même genre que les vidéos ou les films dont je parlais il y un instant. Ce sont des images qui sont là pour nous faire entrer dans des émotions et dans un monde nouveau qui est celui de la Révélation divine. Voir la note à la fin sur le style apocalyptique.
I - Le prophète Daniel
Commençons par le prophète Daniel. Ce qui est décrit vise la situation des juifs en ce temps-là. Ils ont persécutés par un roi qui veut les éliminer, Antiochus Épiphane vers 175 avant Jésus-Christ. Ils vivent dans la détresse. Ils sont écrasés. Certains remettent en cause leur foi. C’est une détresse qui apparaît insurmontable.
Et le message que le prophète apporte c’est qu’il y a une issue qui, même si elle n’est pas visible maintenant, sera un jour de joie et un jour de libération.
En d’autres termes, le bien triomphera du mal. La victoire est assurée. Les péripéties engagent la vie maintenant, mais au final elles ne n’empêcheront pas le bien de triompher. C’est un message que les juifs reçurent avec joie. Et leur foi fut récompensée plus tard lorsque vint Celui qu’ils attendaient, Jésus le Sauveur du monde, le Messie.
L’action de Dieu dans le monde ne se laisse jamais arrêter quoiqu’il en soit des tourmentes de l’Histoire. Elles seront toujours passagères. C'est l’amour de Dieu qui triomphera.
II - L’évangile
Cet enseignement rejoint celui de l’évangile. Les images de Jésus sont fortes. « Après une grande détresse, dit Jésus, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées ». Le monde est transformé. C’est la fin d’un monde.
Et apparaît Celui qui le renouvelle totalement : Le Fils de l’Homme, Jésus, le Christ, qui viendra « dans les nuées avec grande puissance et avec gloire ».
Pour nous faire mieux entrer dans cette nouveauté remplie d’espérance, Jésus nous donne l’image du figuier, un arbre de Palestine qui lorsqu'il entre en dormance semble mort, alors qu’à la saison suivante les bourgeons éclatent et lui redonnent vigueur et beauté.
Il en est ainsi de ce qui est vécu par la communauté de Rome à laquelle saint Marc s’adresse dans son évangile. Au moment où il leur écrit ce récit, les chrétiens et les chrétiennes de Rome, comme les juifs du temps d’Antiochus Épiphane, connaissent eux aussi les persécutions. C’est l’époque de l’empereur Néron. Les chrétiens sont hors-la-loi et pourchassés. Les paroles de Jésus seront pour eux un soutien inestimable dans leur résistance et dans leur résilience. Non! ils ne se laisseront pas abattre, car comme le figuier ils reverront la lumière.
Oui! Encore ici, le message donné par Jésus est un message d’espoir comme celui de Daniel. Le mal a beau nous entourer, il ne triomphera pas. C’est le bien, l’amour qui aura le dernier mot. Se lèvera un monde nouveau où Dieu « essuiera toute larme de [nos] yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé. » (Apocalypse 21,4).
III – Application
Nous ne sommes plus « en ce temps-là » bien sûr, au temps d'Antiochus Épiphane ou de Néron , nous vivons « en ce temps-ci ». Et comme « en ce temps-là » cependant, les nuages sont importants dans le monde d’aujourd’hui. Les croyants et l’Église connaissent de durs moments : désaffectation des personnes, mise au rancart de la religion, séquelles des abus sexuels etc. pour n’en nommer que quelques-uns.
Mais l’horizon n’est pas rempli que de problèmes à résoudre avec sagesse, il nous montre aussi la place de tous ceux et celles qui témoignent dans leur vie de la présence du Fils de l’homme, le Christ, déjà là Ressuscité et vivant pour nous sauver. Même si on ne la voit pas extérieurement, l'action de Dieu habite ceux et celles qui se remettent à Lui avec foi comme nos devanciers des temps perturbés d'autrefois.
Les baptisés attendent le Retour du Christ dans l’espérance. Cette attente ne les sort pas des réalités présentes qu'ils vivent dans la foi. Malgré les détresses, les malheurs, les difficultés, ils ont la promesse que l’amour aura le dernier mot, que le monde nouveau viendra.
C’est vers ce monde que tous et toutes nous nous dirigeons. Il n’empêche pas de vivre dans celui-ci. Au contraire, c’est parce que nous sommes bien insérés dans celui-ci que nous pouvons, comme le figuier, voir des pousses nouvelles apparaître.
Le monde à venir est déjà commencé.
Conclusion
Quelle belle leçon et quel beau message nous sont livrés aujourd’hui à travers des images dignes des vidéos et films d’action. Oui! Nous en avons l’assurance, le bien est plus fort que le mal, la vie est plus forte que la mort.
Faisons cette prière : « Seigneur Jésus, nous ne connaissons ni le jour ni l’heure de ton Retour, mais nous t’attendons et nous sommes sûrs que tes paroles ne passeront pas. Que ton Esprit nous fasse comprendre à quel point elles donnent sens aux événements de notre vie, les plus marquants comme les plus simples. À travers ceux-ci, nous apprenons l’amour du Père qui fait de toi notre Sauveur et nous désirons demeurer unis à toi maintenant et pour l’éternité ».
Soulignons en terminant que ce dimanche, le 33e dimanche du temps ordinaire avant la fête du Christ-Roi, à la demande du pape François est devenu la Journée Mondiale des Pauvres. La première édition de la Journée Mondiale des Pauvres a eu lieu le 19 novembre 2017 et cette année la 5ème Journée Mondiale des Pauvres a lieu le dimanche 14 novembre 2021. Le Pape François a publié le 13 juin 2021, message qui annonce le thème de cette journée : « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous » (Marc 14,7).
Le style apocalyptique utilise de nombreux symboles pour produire une émotion et un message. Chaque détail symbolique contribue à la recherche d'une signification d’ensemble sur le plan de la foi. L’apocalyptique aime accumuler les métaphores et les images. Le mot « apocalypse » est la transcription d’un terme grec (ἀποκάλυψις / apokálupsis) qui signifie « dévoilement » ou, sous un aspect religieux, « révélation ». Ce genre littéraire est particulièrement approprié pour décrire les réalités divines transcendantes, en révéler la richesse et la profondeur. Le modèle du genre se trouve dans le livre de Daniel dans l'Ancien Testament et dans le livre de l'Apocalypse du Nouveau Testament.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« En ce temps-ci, ton peuple sera délivré » (Dn 12, 1-3)
Lecture du livre du prophète Daniel
En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges,
celui qui se tient auprès des fils de ton peuple.
Car ce sera un temps de détresse
comme il n’y en a jamais eu
depuis que les nations existent,
jusqu’à ce temps-ci.
Mais en ce temps-ci, ton peuple sera délivré,
tous ceux qui se trouveront inscrits dans le Livre.
Beaucoup de gens qui dormaient
dans la poussière de la terre
s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle,
les autres pour la honte et la déchéance éternelles.
Ceux qui ont l’intelligence resplendiront
comme la splendeur du firmament,
et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude
brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11)
R/ Garde-moi, mon Dieu,
j’ai fait de toi mon refuge. (Ps 15, 1)
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !
DEUXIÈME LECTURE
« Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie » (He 10, 11-14.18)
Lecture de la lettre aux Hébreux
Dans l’ancienne Alliance,
tout prêtre, chaque jour, se tenait debout dans le Lieu saint
pour le service liturgique,
et il offrait à maintes reprises les mêmes sacrifices,
qui ne peuvent jamais enlever les péchés.
Jésus Christ, au contraire,
après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice,
s’est assis pour toujours à la droite de Dieu.
Il attend désormais
que ses ennemis soient mis sous ses pieds.
Par son unique offrande,
il a mené pour toujours à leur perfection
ceux qu’il sanctifie.
Or, quand le pardon est accordé,
on n’offre plus le sacrifice pour le péché.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Il rassemblera les élus des quatre coins du monde » (Mc 13, 24-32)
Alléluia. Alléluia.
Restez éveillés et priez en tout temps :
ainsi vous pourrez vous tenir debout devant le Fils de l’homme.
Alléluia. (cf. Lc 21, 36)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« En ces jours-là,
après une grande détresse,
le soleil s’obscurcira
et la lune ne donnera plus sa clarté ;
les étoiles tomberont du ciel,
et les puissances célestes seront ébranlées.
Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées
avec grande puissance et avec gloire.
Il enverra les anges
pour rassembler les élus des quatre coins du monde,
depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel.
Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier :
dès que ses branches deviennent tendres
et que sortent les feuilles,
vous savez que l’été est proche.
De même, vous aussi,
lorsque vous verrez arriver cela,
sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte.
Amen, je vous le dis :
cette génération ne passera pas
avant que tout cela n’arrive.
Le ciel et la terre passeront,
mes paroles ne passeront pas.
Quant à ce jour et à cette heure-là,
nul ne les connaît,
pas même les anges dans le ciel,
pas même le Fils,
mais seulement le Père. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 33e dimanche du temps ordinaire Année B (Marc 13, 24-32) « Une fin qui transforme tout »2021-10-04T15:01:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-33e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Marc-13-24-32-Une-fin-qui-transforme-tout_a672.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8490903-13346769.jpg2015-11-11T15:20:00+01:00Hermann Giguère
Quand on voyage on poursuit un itinéraire et lorsqu'on a fait le parcours rempli d'imprévus parfois, on se désole que ce soit la fin. Quand la fin arrive, on se dit à la prochaine fois. Et la vie reprend dans le quotidien et dans les activités habituelles.
Ce matin les textes de l'Écriture nous préviennent que notre parcours sur la terre comme individu et comme Église ne se termine pas comme se terminent nos voyages ou nos randonnées. Il n'y a pas de « à la prochaine fois » avant de se quitter. Il y a une fin, bien sûr, mais c'est une fin qui transforme tout. C'est une fin qui est un nouveau commencement, une fin qui bouscule les personnes, leurs assurances, leur environnement spirituel et physique. Une fin qui ouvre « un ciel nouveau et une terre nouvelle ». Bernard Tapie disait avant son décès en 2021 : " la mort c'est la définition du départ de la vie."
Voilà en quelques mots, le message des textes de la fin de l'année liturgique qui nous a permis de revivre tous les mystères de la vie de Jésus. Ces textes nous mettent devant les yeux un ultime mystère, celui du Retour du Christ à la fin des temps.
I - Le prophète Daniel
Remplie d'images qui nous sont assez étrangères, le récit du prophète Daniel dans la première lecture présente un tableau symbolique de ce Retour du Christ où celui qu'il appelle le "Fils de l'Homme" se manifeste dans une théophanie flamboyante. On peut appliquer ce titre de "Fils de l'Homme" à Jésus qui l’a fait lui-même dans les évangiles (cf. Marc 4, 63; Luc 9, 22 et 26).
Pourquoi Jésus va-t-il utiliser cette image du « Fils de l’Homme » empruntée au prophète Daniel? La réponse est obvie. Jésus utilise cette image parce qu'elle permet de comprendre sa mission.
Comme le personnage de Daniel, Jésus ne vient pas pour lui-même, ni de lui-même, il est un Envoyé. Il est le Messie promis par Dieu à son peuple. Sa venue se fait dans l'histoire "au temps de l'empereur Auguste", dans une famille bien précise celle de Marie et Joseph, mais sa venue transcende le temps et l'histoire, ce que les images du prophète Daniel montrent bien. Sa venue est un mystère qui est commencée au temps de sa vie mortelle, qui se déroule dans le temps de l’Église et dans chacune de nos vies et qui s’achève dans la gloire du ciel. Jésus vivant hier, aujourd’hui et demain. Il est venu, il vient et il reviendra dans la gloire comme de « Fils de l’Homme » dont parle Daniel.
II - Les recommandations de l'évangile
Dans l'évangile de saint Marc, Jésus nous parle lui-même de son Retour dans la gloire à la fin des temps. Il montre qu’il assume totalement et pleinement sa mission, une mission qui touche tout l'univers.
Le Verbe de Dieu ayant pris chair, le monde ne peut plus être comme avant. Il est transformé. Et comme dans tout changement, il y un avant et un après. Le monde matériel lui-même est changé. La comparaison avec le figuier va dans ce sens. Durant l’hiver, il est au repos, mais au printemps ses branches deviennent tendres et les feuilles sortent, il se transforme et renaît (Mc 13,28). Le Retour du Christ et la venue du Fils de l'Homme, pour imprévus qu'ils soient - "Quant au jour et à l'heure nul ne les connaît...seulement le Père les connaît" - ne manqueront pas de tout transformer et de tout renouveler selon le plan de Dieu.
Jésus invite à la vigilance, à veiller pour ne pas se laisser dépasser par les événements. Et il assure ses disciples que malgré les bouleversements qui peuvent se produire, sa présence intime et glorieuse ne leur manquera pas. Il sera toujours là, près d'eux et de ceux et celles qui les suivront.
Présence réconfortante, mais aussi présence transformante. Toute la création qui est en attente de rédemption est alors emmenée près du Père à la suite de Jésus qui par sa résurrection ouvre la porte qui désormais ne sera plus jamais fermée.
III- Application
Que retenir pour nous des lectures de ce dimanche qui est l'avant-dernier de l'année liturgique, le dernier étant le dimanche du Christ Roi? La réponse se trouve dans la deuxième lecture où la lettre aux Hébreux nous présente Jésus comme le grand prêtre unique par qui tout passe pour devenir une agréable offrande à Dieu.
Jésus est le chemin par lequel nous pouvons aller à Dieu avec confiance. "Par son sacrifice unique, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté". Note rencontre de Dieu ne se fait pas seulement à la fin de notre vie, mais tous les jours de celle-ci. C'est toute notre vie qui devient une offrande à Dieu en union avec l'offrande de sa vie que fait Jésus.
Ce "sacrifice spirituel" culmine dans l'offrande finale à la fin de notre vie où nous serons transformés et où nous deviendrons totalement semblables à Jésus le Fils Bien-Aimé du Père. Nous lui serons unis alors dans la gloire du ciel, "pour les siècles des siècles".
Conclusion
Que cette célébration nous permette de vivre déjà cette rencontre transformante avec Dieu que Jésus nous annonce puisque sous les signes du Pain et du Vin, nous sommes unis de façon mystérieuse dans la foi à Jésus qui est là au cœur de nos vies et que nous attendons dans l'espérance... « jusqu’à ce qu’il vienne » ( I Corinthiens 11, 26).
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Séminaire de Québec
10 novembre 2015
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Homélie pour les fidèles défunts : « La vie ne passe pas, elle est transformée »2020-11-01T22:37:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-les-fideles-defunts-La-vie-ne-passe-pas-elle-est-transformee_a220.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/1096089-1395032.jpg2008-11-03T22:10:00+01:00Hermann Giguère
Cette année nous nous réunissons le lendemain de la Commémoration des fidèles défunts puisque celle-ci tombait le dimanche et se célébrait en paroisse. Nous avons tenu à ce que la communauté des prêtres se réunisse autour de la table eucharistique aujourd’hui pour prier ensemble pour nos confrères défunts, en particulier pour monsieur l’abbé Noël Baillargeon décédé le 18 janvier 2008 l’âge de 93 ans et 11 mois et pour qui nous avons célébré une messe des funérailles le 22 janvier suivant à la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. Nous ferons mémoire aussi de tous ceux que nous avons connu et de tous nos devanciers qui ont établi et servi le Séminaire de Québec depuis 345 ans maintenant.
I- Une vie après la mort
En faisant mémoire de nos devanciers et en priant pour eux, notre solidarité avec les défunts se manifeste de façon simple, mais riche. En effet, c’est dans une relation toujours actuelle, malgré le changement, que se vit cette relation. La prière pour les défunts nous permet d’entrer dans ce réseau d’amour, de paix, de bonheur dont nous faisons partie avec eux. Ils ont franchi une limite qui nous est familière celle du temps et de l’espace. Leur vie, cependant, comme le dit la préface de la messe des défunts, n’est pas terminée, elle est transformée.
La fête de la Toussaint et la commémoration des fidèles défunts ont quelque chose en commun. Ces deux fêtes nous parlent d’une même vie, d’une vie transformée, une vie éternelle, une vie après la mort. Si nous ne croyions pas à une vie après la mort, il serait contre-indiqué de célébrer la fête de la Toussaint et, encore moins indiqué, de prier pour les défunts.
Par sa résurrection, Jésus ouvre la voie d’ « un lieu où le temps s'arrêtera sur nous pour céder le pas à l'éternité ; où l'amour sera total », comme le dit si bellement le Père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison de sa Sainteté.
Qu’est-ce à dire? Permettez-moi de partager avec vous quelques moments de méditation sur ce thème de la « vie transformée ».
II- Une transformation d’un don reçu
Notre vie ne nous est pas prêtée. Elle nous est donnée. Et ce qui nous est donné nous le recevons. Nous ne sommes pas l’auteur de ce don merveilleux. Benoît XVI le note avec justesse dans son encyclique Spe salvi : "La vie dans le sens véritable, on ne l'a pas en soi, de soi tout seul et pas même seulement par soi: elle est une relation", écrit-Il. Et il poursuit : "Et la vie dans sa totalité est relation avec Celui qui est la source de la vie." (numéro 27)
Bien sûr que nous pouvons, comme l’incroyant dont parle le livre de la Sagesse, nous contenter d’une lecture superficielle, à ras de terre. Notre souffle s’évanouit. La pensée s’éteint. Le corps s’en va en cendres. Il n’y a plus rien. Écoutez-le : « Nous sommes nés par hasard, et après, nous serons comme si nous n’avions pas existé : le souffle de nos narines s’évanouit comme la fumée, et la pensée est une étincelle qui jaillit au battement de notre cœur : si elle s’éteint, le corps s’en ira en cendres, et l’esprit se dissipera comme une brise légère. » (Sg 2, 2-3)
Ne peut-on pas prendre le risque d’aller plus loin que cette lecture sans espérance? Pourquoi ne pas reconnaître que si la vie nous est donnée, elle l’est « pour le temps et l’éternité »? Avouons que nous ne connaissons pas encore toute la richesse du don reçu. Pourquoi ce don devrait-il disparaître? N’est-il pas plus juste de reconnaître, comme nous le faisons dans la foi, que nous n’avons pas pris encore toute la mesure du don reçu?
III- Un don « pour le temps et l’éternité »
Bien sûr l’expérience commune ne peut être mise de côté et rejetée du revers de la main : notre vie change et par la mort elle échappe à nos certitudes et à nos sensations. Le croyant n’évite ni ne fuit l’angoisse du « devoir mourir ».
La foi, cependant, nous dit que la vie après la mort existe. « Vita mutatur, non tollitur.» La vie est changée, elle n’est pas détruite. Le don de la vie est un don « pour le temps et l’éternité ». Après le passage de la mort physique, il continue de se déployer encore, de se livrer, dans une beauté que nous ne pouvons imaginer et dans une plénitude inouïe. C’est l’ « amour total » dont parle le Père Cantalamessa.
Saint Paul n’écrivait-il pas aux Corinthiens : « L’amour ne passera pas » (I Co 13,8), car, voyez-vous, la transformation est déjà commencée. Comme l’expérimente saint Jean de la Croix (1543-1591), le grand docteur mystique espagnol, nous sommes sur le chemin d’une « union transformante », une « union d’amour » (cf. La Montée du Carmel, livre 2, chapitre 4) avec Celui que l’œil ne peut voir et que les mains ne peuvent toucher, une union vécue ici-bas dans le mystère de la nuit bien souvent, derrière le voile qui atténue sa souveraine splendeur, dans la foi en Celui qui est passé par la mort et que le Père a relevé le rendant puissant pour nous sauver et le faisant le Premier-Né d’une multitude.
Ces nuits terribles comme celles que nous découvrons dans les écrits intimes de Mère Teresa de Calcutta (Viens soit ma lumière. Les écrits intimes de la "Sainte de Calcutta", textes édités et commentés par Brian Kolodiejchuk MC - traduit de l'anglais par Cécile Deniard et Delphine Rivet, Éditions Lethielleux, Paris, 2008, 444 pages) sont le signe d’une transformation « totale » que nous attentons dans la foi et l’espérance, attente qui faisait répéter aux premiers chrétiens le célèbre « Maranatha » (Viens, Seigneur, viens).
Ce qui s’ouvre à nos frères et sœurs défunts au moment du passage par la mort c’est l’ « union transformante » totale. Une plénitude de vie. Une relation d’amour qui les fait dire comme le ferait un nouveau-né : « voilà que j’arrive à la pleine lumière », « c’est donc cela que je vivais déjà sans pouvoir en mesurer toute la beauté ».
Il arrivera que certains devront encore progresser dans leur marche vers cette union à nulle autre pareille. Ils sont rendus, mais encore éloignés de quelque façon. Ce sont nos frères et sœurs de l’Église « souffrante », « ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés » comme le dit Catéchisme de l’Église catholique (numéro 1030). Nous offrons pour eux et pour elles la sainte Eucharistie et nous les portons dans notre prière.
Conclusion
L’ « amour total », l’ « union transformante » : voilà, mes frères, ce que le croyant expérimente lorsqu’il attend son maître; voilà ce que le croyant confesse quand il dit : « Je crois à la résurrection des morts et à la vie du monde à venir »; voilà ce que le croyant incarne dans les gestes envers le pauvre, l’affamé, le prisonnier, le malade comme le dit l’évangile de Mathieu au chapitre 25. Le croyant que nous sommes, comme disciple de Jésus, entrevoit un monde autre, transformé. Il espère le retour du Maître et il l’attend.
Le Maître lui aussi l’attend. Il a revêtu la tenue de service, il lave les pieds de ses serviteurs. Il est là à la porte. « Voici que je me tiens à la porte et que je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai, je prendrai le repas avec lui et lui avec moi. » (Apocalypse 3, 20).
Chers frères, c’est déjà ce que nous pouvons vivre dans cette Eucharistie. À travers le signe du Pain et du Vin partagés, laissons nos cœurs s’approcher de celui qui a dit : « Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie, qu’on l’ait en plénitude. » (Jn 10,10).
Amen !
Mgr Hermann Giguère P.H.
Supérieur général du Séminaire de Québec
le 3 novembre 2008
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net