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Que veut dire « pardonner 70 fois 7 fois»?


Rédigé le Lundi 11 Mars 2013 à 10:37 | Lu 1369 fois | 1 commentaire(s)


Homélie pour le 24me dimanche du temps ordinaire (année A, cf. Matthieu 18,21-35, septembre 2011)


Que veut dire « pardonner 70 fois 7 fois»?
Comment est-ce que je vais faire pour vous parler du pardon alors que j’ai moi-même beaucoup de misère à pardonner? Je ne sais pas si vous autres, vous trouvez ça facile de pardonner, mais pas moi. Quand quelqu’un nous fait mal et que ça fait vraiment mal ; quand quelqu’un nous blesse et qu’on est vraiment blessé : qu’est-ce qu’on fait ? Je vous propose qu’on regarde l’Évangile d’aujourd’hui et qu’on essaie de voir qu’est-ce que Jésus veut nous apprendre. Jésus nous raconte l’histoire d’un roi et il nous propose de suivre l’exemple de ce roi-là. 

Au début de l’histoire, le roi est frustré et il a de bonnes raisons de l’être parce qu’il y a quelqu’un qui lui doit 60 millions de pièces d’argent. Qu’est-ce fait le roi frustré ? Il fait venir son serviteur pour lui demander d’être remboursé. Le roi ne reste pas assis dans son coin à attendre que le problème se règle. Il fait quelque chose. Il rencontre son serviteur pour lui dire qu’est-ce qui ne va pas et qu’est-ce qu’il veut. Il nomme les choses, il fait la vérité avec son serviteur. Il le dit qu’il n’est pas content et il n’essaie pas de faire semblant que ce n’est pas grave. Il me semble qu’à travers ça, on a déjà des pistes pour apprendre à pardonner. Nous autres, des fois, il y a des gens qui nous font du mal, mais on reste assis, frustrés, sans rien dire et sans rien faire. Il y a des gens qui s’habituent à être maltraités. Ils finissent par trouver ça normal et ils finissent par dire que ce n’est pas grave. Pardonner, ça ne veut pas dire endurer des choses inacceptables sans rien dire et sans rien faire. La première étape du pardon, c’est peut-être d’accepter de reconnaître qu’il y a quelque chose de mal qui s’est passé … et de réagir.

Après que le roi eût clarifié les choses avec son serviteur, il y a un événement inattendu qui se passe (ce n’est pas toujours comme ça dans la vraie vie). Le serviteur reconnaît qu’il y a un problème, il reconnaît qu’il est dans le tort, il reconnaît qu’il doit de l’argent à son maître, il lui demande pardon et il implore sa pitié. Et le roi a 3 réactions en entendant ça. Premièrement, il ouvre son cœur et il accepte d’écouter le point de vue de la personne qui lui a fait du mal. C’est déjà quelque chose. Deuxièmement, on dit qu’il est «saisi de pitié» et être «saisi de pitié», dans la Bible, c’est quelque chose de très profond. Ça veut dire être «ému aux entrailles». Le roi se laisse toucher par ce que lui dit celui qui lui a fait du mal. Et troisièmement, le roi pardonne. Pardonner, dans la Bible, c’est un mot qui veut dire «laisser aller». Le roi laisse aller son serviteur pour qu’il puisse suivre son chemin en étant libéré de son problème ; il le libère de sa dette.

Pour nous aider à comprendre ce que tout ça veut dire, j’aimerais ça qu’on s’arrête à notre propre expérience d’être pardonné par Dieu, dans le sacrement du pardon. Je ne sais pas si ça fait longtemps que vous êtes allés vous confesser, je ne sais pas comment vous avez trouvé l’expérience. Moi j’ai vécu ça cette semaine. On se sent mal, et on décide d’aller voir un prêtre. Un peu comme le serviteur avec le roi, on lui dit ce qui ne va pas, on nomme les choses, on fait la vérité. Et comme le roi avec son serviteur, Dieu prend le temps de nous écouter. En nous écoutant, il est est «saisi de pitié», «ému aux entrailles» et il s’empresse de nous pardonner. Et nous, après avoir vécu ça, on s’en retourne chez nous avec le cœur un peu plus libéré, dégagé. On continue notre chemin avec la bénédiction de Dieu, on est libéré de ce qui nous fatiguait.  

Je ne sais pas si vous vous êtes reconnus dans le sacrement du pardon. L’affaire, c’est que cette expérience-là d’être pardonné par Dieu, Jésus nous propose de la faire vivre à notre tour aux gens qui nous ont fait du mal à nous. J’aimerais vous donner l’exemple d’une personne qui m’a raconté sa vie. C’est une dame qui n’a jamais été mariée, mais elle a vécu quelques années avec un homme et ils ont eu trois enfants. Malheureusement, ça a mal tourné et ils se sont séparés. La dame a passé plusieurs années d’enfer à haïr son ex-conjoint. Quinze ans plus tard, elle a fait une expérience spéciale. Elle était en train de prier, et pendant qu’elle priait, elle a senti qu’elle recevait la force de pardonner à son ex. Et elle a décidé d’accepter. Elle a vécu ça comme une grâce. À ce moment- là, elle s’est dit :«dorénavant, je n’accepterai plus de subir ce que mon ex-conjoint m’a fait subir. Mais maintenant, je le libère de la rancune que j’avais contre lui, j’arrête de lui vouloir du mal et je le laisse aller pour qu’il puisse suivre son chemin dans la bénédiction de Dieu.» En faisant ça, la dame n’a pas juste libéré son ex-conjoint, mais elle s’est aussi libérée elle-même. Et le pardon, il me semble que c’est ça : laisser quelqu’un s’en aller dans la bénédiction de Dieu, sans le retenir prisonnier du mal qu’on veut lui faire. Et il y a toutes sortes de manières d’emprisonner quelqu’un dans le mal qu’on veut lui faire.

Il me semble que la meilleure approche du pardon, ce n’est pas de se dire «il faut que je pardonne, il faut que je pardonne». La meilleure approche c’est peut-être d’accueillir la grâce, de laisser Dieu nous inspirer et consentir à suivre ce mouvement inspiré par Dieu. Dans la suite de l’eucharistie, on pourrait demander à Dieu de nous aider à comprendre tout l’amour qu’il a pour nous en particulier dans le sacrement du pardon. Et demandons-lui de nous apprendre à pardonner … à ceux qui nous ont offensés.

Texte commenté
«Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à sept fois ? »Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois. En effet, le Royaume des cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu'un qui lui devait dix mille talents (c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent). Comme cet homme n'avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.' Saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Mais, en sortant, le serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d'argent. Il se jeta sur lui pour l'étrangler, en disant : 'Rembourse ta dette !' Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : 'Prends patience envers moi, et je te rembourserai.' Mais l'autre refusa et le fit jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé. Ses compagnons, en voyant cela, furent profondément attristés et allèrent tout raconter à leur maître. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : 'Serviteur mauvais ! je t'avais remis toute cette dette parce que tu m'avais supplié. e devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j'avais eu pitié de toi ?' Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il ait tout remboursé.  C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son coeur. » (Matthieu 18,21-35)
»




1.Posté par chantal michaud le 25/03/2013 07:12
C'est difficile de pardonner mais, essentiel. On cesse de vivre parfois si on ne pardonne pas. On compromet l'autre et nous-même parce que l'on agit dans nos vies en fonction de nos rancunes. On reste amer et notre vie en est "parfumée", de même que toutes nos relations aux autres,

En pardonnant, on s'aide et c'est peut-être ainsi qu'on aide l'autre et qu'il voudra devenir meilleur.

C'est la lecture d'un livre qui m'amène à penser comme ça. Je me suis dit, dans quel sens je veux que l'amour agisse dans ma vie? Aussi, comme je tente d'aimer Dieu et mon prochain, ça m'aide à vivre un détachement vis-à-vis de la personne. Par contre, c'est important de le faire pour nous, en nous, dans l'amour. L'amour du bien.
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Profil
Roger Laroche
Roger Laroche
J'ai fait un stage dans l'Unité pastorale du Vieux-Beauport à Québec. Je suis psychologue et j'ai travaillé durant plusieurs années dans les hôpitaux de Montréal. Je suis à l'origine du Comité Jeunesse 12-35 ans du Vieux-Beauport qui offre des activités aux ados et aux jeunes adultes. Dans ce blogue, je mets en ligne mes principales prises de parole et des commentaires que je vous partage avec joie. En espérant que tout cela saura vous plaire.




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