Carrefour Kairos - Site personnel d`Hermann Giguèrehttps://www.hgiguere.net/2024-03-29T00:27:30+01:00Webzine Maker46.814776-71.2https://www.hgiguere.net/favicon.icohttps://www.hgiguere.net/var/style/logo.jpg?v=1219314725Homélie pour la fête de Sainte Marie, Mère de Dieu, le 1er janvier, le Jour de l'An (Luc 2, 16-21)2024-01-09T14:35:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-Sainte-Marie-Mere-de-Dieu-le-1er-janvier-le-Jour-de-l-An-Luc-2-16-21_a1154.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/75838355-53431757.jpg2023-12-27T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Trois mots peuvent résumer ce que j'ai préparé comme homélie ce matin en m'inspirant des textes des lectures, de la fête de Marie, Mère de Dieu qui est célébrée le 1 janvier de chaque année et de la Journée mondiale pour la paix qui prend place elle aussi le 1 janvier : bénédiction, méditation et témoignage.
I- Bénédiction pour tous
En ce premier jour de l'année il convient de regarder en avant et demander la bénédiction du Seigneur sur nous et sur toutes les personnes qui nous sont chères ainsi que sur ceux et celles qui sont sans ressources et démunis.
Dans notre culture québécoise, le Jour de l'An a toujours été consacré aux réunions familiales. Parmi les gens d'un certain âge comme moi qui ne se souvient pas, avec un peu de nostalgie sans doute, des repas chez les grands parents, des promenades en traîneau, des jeux avec les cousins et cousines, de la bénédiction du Jour de l'An etc.?
Aujourd'hui, les choses ont bien changées, mais le Jour de l'An pour nous ici rassemblés à l'église est l'occasion de lever nos yeux vers l'Auteur de tout bien, de reprendre les paroles du vieux cantique traditionnel : "Mon Dieu bénissez la nouvelle année, Rendez heureux nos parents nos amis."
Déjà dans l'Ancien Testament, nos pères dans la foi savaient se tourner vers Dieu et solliciter sa bénédiction avec des mots qui sont parvenus jusqu'à nous et que nous pouvons faire nôtres ce matin. Ils sont empruntés à Aaron le frère de Moïse et rapportés dans le livre des Nombres et je les fais miens : "Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu'il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu'il t'apporte la paix !" (Nombres 6, 22-27).
III- Méditation avec Marie, Mère de Dieu
Une année bénie par Dieu c'est ce que je nous souhaite à toutes et à tous. Pour savoir comment recevoir cette bénédiction, il y a un modèle, c'est celui de la Vierge Marie "bénie entre toutes les femmes" comme le dit l'Ave Maria. La Vierge bénie de Dieu a accueilli dans la foi et la confiance le don du Fils de Dieu dont elle devient la Mère.
C'est cette situation à nulle autre pareille qui a amené le Peuple de Dieu à lui donner le titre de "theotokos" que le concile d'Éphèse a consacré en 431. Le terme grec veut dire "celle qui donne naissance à Dieu". En effet, Marie est devenue Mère de Dieu par l'enfantement de Jésus, Fils de Dieu et, ce qui en résulte c'est qu'elle est et demeure toujours Mère de Dieu. Le cardinal de Bérulle, un grand spirituel du XVIIe siècle, disait de Marie qu'elle est toujours en "état de Mère". Elle l'est pour son fils et par extension pour ses frères et soeurs que nous sommes car sur la croix son fils Jésus en saint Jean nous a confié à elle : "Femme, voilà ton fils" "Voilà ta mère! (Jean 19, 26-27)
L'évangile que nous venons de lire nous montre Marie toute remplie de ce mystère. Elle "retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur". En effet, la beauté de ce rôle de Mère de Dieu ne se crie pas sur les toits, mais il se vit dans le coeur et dans le quotidien. Marie, comme toutes les mères verra à nourrir son enfant, à l'éduquer, à le soutenir, à l'aimer plus que tout. Ce faisant, elle nous montre le visage humain de Dieu qui se fait l'un de nous dans l'incarnation de son Fils.
L'image de la "theotokos", de la Mère de Dieu, a été inspiratrice pour des générations et des générations de chrétiens et elle l'est encore pour nous aujourd'hui. Elle nous révèle la proximité de notre Dieu qui fait alliance avec nous si nous ouvrons la porte comme Marie l'a fait.
Que cette nouvelle année nous trouvent ouverts et disponibles à l'Esprit qui continue de souffler dans nos vies et qui nous inspirera les mots et les gestes à faire.
III- Témoignage pour la paix
Dans la ligne de cette ouverture et de cette disponibilité dont je viens de parler, le témoignage des chrétiens porte avant tout sur la paix dans le monde car l'Église a consacré cette journée à la paix dans le monde et chaque année le pape publie le 1 janvier un message pour la Journée mondiale pour la paix car, voyez-vous, les chrétiens sont dans le monde des témoins de la venue de Jésus qui témoigne de l'amour de Dieu pour l'humanité.
Comme chrétiens, nous sommes appelés à être des témoins du don de la paix, don de Dieu. À travers les obstacles et les lenteurs, remplis de confiance en Dieu, nous pouvons témoigner que la paix est possible dans le monde, dans nos familles, dans nos relations professionnelles, en nous et autour de nous.
Oui! nous pouvons témoigner que c'est possible parce nous voulons mettre nos efforts personnels pour une recherche sérieuse et vraie de cette paix que le monde ne peut donner mais que Dieu lui-même donne. Les guerres en Ukraine et en Palestine nous demandent de faire monter vers Dieu une prière insistante.
Le don de la paix nous le recevons à chaque Eucharistie lorsque le président nous dit "Que la paix soit avec vous". Et par la suite, le président ou le diacre nous invite à poser un geste d'échange de la paix. On se contente souvent d'un petit geste de la main ou d'un regard, mais quel que soit le geste, lorsque nous le faisons, nous montrons que nous voulons construire une paix durable.
Conclusion
Que cette messe aujourd'hui qui nous rassemble dans la foi commune en Jésus, Fils de Dieu et fils de Marie, Mère de Dieu, soit pour nous une ouverture aux surprises de l'Esprit au cours de l'année qui commence. Soyons comme des "portes de miséricorde" qui s'ouvrent à tous ceux et celles qui sont dans le besoin. Et que le Corps du Christ reçu dans la communion soit notre soutien.
Bonne, Heureuse et Sainte année à vous toutes et à vous tous!
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
27 décembre 2023
Le titre de Théotokos (du grec Θεοτόκος, « qui a enfanté Dieu »), ou la Mère de Dieu, attribué à la Vierge Marie, apparaît sous la plume d’Alexandre d’Alexandrie en 325, l’année du Premier concile de Nicée, avant celui définitif du concile d'Éphèse(431). Dans l'Église latine, le titre de Mère de Dieu est parfois rendu par deipare [celle qui donne naissance à Dieu] pour éviter toute confusion qui laisserait entendre que Marie précède Dieu et l'engendre.
La fête du 1er janvier qui avant 1974 célébrait la circoncision de Jésus qui l'avait eu comme un bon juif huit jours après sa naissance est devenue sous Paul VI la fête de Marie, Mère de Dieu. Voir l'Exhortation apostolique "Marialis cultus" sur la dévotion mariale du pape Paul VI le 2 février 2074 numéro 5.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Ils invoqueront mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai » (Nb 6, 22-27)
Lecture du livre des Nombres
Le Seigneur parla à Moïse. Il dit :
« Parle à Aaron et à ses fils. Tu leur diras :
Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël :
“Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage,
qu’il te prenne en grâce !
Que le Seigneur tourne vers toi son visage,
qu’il t’apporte la paix !”
Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël,
et moi, je les bénirai. »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 66 (67), 2-3, 5, 6.8)
R/ Que Dieu nous prenne en grâce
et qu’il nous bénisse ! (Ps 66, 2a)
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que son visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.
Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.
Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu'ils te rendent grâce tous ensemble !
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !
DEUXIÈME LECTURE
« Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4-7)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
Frères,
lorsqu’est venue la plénitude des temps,
Dieu a envoyé son Fils,
né d’une femme
et soumis à la loi de Moïse,
afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi
et pour que nous soyons adoptés comme fils.
Et voici la preuve que vous êtes des fils :
Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs,
et cet Esprit crie
« Abba ! », c’est-à-dire : Père !
Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils,
et puisque tu es fils, tu es aussi héritier :
c’est l’œuvre de Dieu.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né. Quand fut arrivé le huitième jour, l’enfant reçut le nom de Jésus » (Lc 2, 16-21)
Alléluia. Alléluia.
À bien des reprises, Dieu, dans le passé,
a parlé à nos pères par les prophètes ;
à la fin, en ces jours où nous sommes,
il nous a parlé par son Fils.
Alléluia. (cf. He 1, 1-2)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem,
et ils découvrirent Marie et Joseph,
avec le nouveau-né
couché dans la mangeoire.
Après avoir vu,
ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé
au sujet de cet enfant.
Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient
de ce que leur racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ;
ils glorifiaient et louaient Dieu
pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu,
selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour,
celui de la circoncision,
l’enfant reçut le nom de Jésus,
le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le Dimanche de la Pentecôte Année A : « Ils se trouvaient tous ensemble »2023-06-03T02:43:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-Dimanche-de-la-Pentecote-Annee-A-Ils-se-trouvaient-tous-ensemble_a1121.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/72043542-50160504.jpg2023-05-23T18:00:00+02:00Hermann Giguère
La première lecture tirée des Actes des Apôtres nous en met plein la vue. Quelle conclusion pour la fête de Pâques qui a duré cinquante jours (c’est ce que veut dire le mot Pentecôte qui vient du grec). S’arrêter aux détails de ce merveilleux récit, pilier de la prédication des Apôtres, n’est pas interdit. Mais il semble important aussi de cerner quelques éléments essentiels dans les aspects multiples de cette solennité illustrant l’action de l’Esprit Saint dans les débuts de l’Église.
I – La scène de l’effusion de l’Esprit
Commençons par situer la scène de l’événement de la Pentecôte.
Après l’Ascension, saint Luc raconte que les Apôtres dont il donne les noms se retrouvaient dans ce qu’il appelle la Chambre Haute – que la tradition a nommé le Cénacle -, qu’ils y choisirent Mathias comme remplaçant de Judas qui avait trahi Jésus. Les Douze y demeuraient « assidus a la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus et avec ses frères. » (Actes des Apôtres 1, 14).
Cette note est importante pour nous. Elle nous autorise à penser que lorsque saint Luc écrit au début du récit de la Pentecôte, « les frères se trouvaient réunis tous ensemble », il s'agit du même groupe.
C'est important pour nous. Pourquoi ? Parce qu’au Cénacle l’Esprit Saint ne s’est pas manifesté seulement aux Douze Apôtres qui deviendront les messagers privilégiés de l’Évangile. Il est aussi descendu sur tout le groupe. « Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit». (Actes des Apôtres 2, 4) C’est pourquoi, on voit souvent des icônes où Marie est au milieu des apôtres et sur elle, comme sur eux, plane une colombe ou descendent des langues de feu, symboles de l’Esprit Saint.
Ainsi, la mission d’annoncer l’Évangile n’est pas réservée aux prêtres et aux évêques. Elle touche tous les chrétiens représentés par Marie, plusieurs femmes et de nombreux frères.
C’est un beau message que confirme, si c’était nécessaire, la deuxième lecture où saint Paul emploie l’image du Corps pour montrer que chaque partie a sa place et où il rappelle aux Corinthiens que « chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous ».
Il n’y a aucune limite au don de l’Esprit. Et pour être plus clair encore, saint Paul précise que « tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps ».
II- Les deux facettes de l’action de l’Esprit Saint
Regardons maintenant comment s’actualise l’action de l’Esprit d’après le récit de la Pentecôte.
Elle s’actualise dans deux directions « ad extra » et « ad intra » disaient les théologiens.
« Ad extra » : c’est l’action de l’Esprit qui est dirigée vers l’extérieur, qui se répand sans limites, une expansion que Jésus voit jusqu’aux extrémités de la terre. Pour ce faire, Jésus rappelle souvent, comme il le fait ici, que ses disciples sont envoyés. « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. ». Et dans l’évangile que nous avons lu, il souligne, parmi plusieurs autres, un des aspects essentiels de cet envoi : porter le pardon à tous, manifester à toute personne la miséricorde de Dieu Père.
« Ad intra » : c’est l’intériorisation de l’action de l’Esprit qui habite dans le baptisé. La personne baptisée se voit et se sent remplie d’une puissance et d’une audace qui ne viennent pas d’elle-même. Mais ce qui est encore plus frappant, c’est qu’elle est entraînée à vivre une expérience unique de rencontre de Jésus Seigneur Ressuscité des morts. Désormais, elle ne peut s’empêcher de partager cette richesse qui donne sens à sa vie illuminée par la présence continuelle de l’Esprit Saint.
III – Les retombées
L’action de l’Esprit s’est manifestée avec éclat le jour de la Pentecôte. Et elle s’est continuée dans les siècles suivants, jusqu’à nous. Les Douze Apôtres, de peureux et craintifs qu’ils étaient, sont devenus des prédicateurs convaincants. Ils ont proclamé avec insistance et sans répit que le Jésus qui avait été crucifié était ressuscité, qu’il était Celui qu’on attendait, que Dieu l’avait établi Seigneur pour donner la vie à toute personne qui s’approcherait de lui dans la foi et une conversion sincère. C’est ce qu’on appelle le « kérygme » ou première proclamation de l’Évangile qui est des plus actuelle pour nous.
« Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu » disaient-ils devant le Conseil suprême et le grand prêtre qui les interrogeaient. (Actes 4, 20) De même les autres disciples dont on parle furent les relais de cette prédication. Ils se réunissaient, ils mettaient tout en commun, ils se supportaient au point ou leur groupe augmentait rapidement. Ils donnaient ainsi le témoignage d’une vie transformée par l’amour de Dieu et le souci des autres. (Actes des Apôtres 2, 41-47)
Conclusion
Que cette solennité de la Pentecôte cette année soit pour nous l’occasion de prendre conscience de l’action de l’Esprit Saint toujours présente dans les personnes et dans l’Église. Lorsqu’on voit, dans les églises anciennes, la chute des vocations et des baptêmes, la raréfaction des personnes pratiquantes, le mépris qui fond souvent sur ces Églises à cause de leurs limites et de leurs erreurs passées, les poursuites pour abus sexuels etc. nous avons besoin de revenir à cette conviction que Dieu n'abandonne pas son Église.
L’action de l’Esprit Saint peut nous révéler encore des surprises. L’élection du Pape François en fut une, comme on le voit par la richesse de son ministère. D’autres surprises nous attendent si nous savons, comme disciples, autour de Marie, nous unir dans la prière et demander pour notre temps une nouvelle Pentecôte et une nouvelle effusion de l’Esprit Saint.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
23 mai 2023
MESSE DU JOUR
PREMIÈRE LECTURE
« Tous furent remplis de l’Esprit Saint et se mirent à parler en d’autres langues » (Ac 2, 1-11)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
Quand arriva le jour de la Pentecôte,
au terme des cinquante jours après Pâques,
ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain un bruit survint du ciel
comme un violent coup de vent :
la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.
Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu,
qui se partageaient,
et il s’en posa une sur chacun d’eux.
Tous furent remplis d’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d’autres langues,
et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, résidant à Jérusalem,
des Juifs religieux,
venant de toutes les nations sous le ciel.
Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait,
ils se rassemblèrent en foule.
Ils étaient en pleine confusion
parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte
ceux qui parlaient.
Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient :
« Ces gens qui parlent
ne sont-ils pas tous Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende
dans son propre dialecte, sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites,
habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce,
de la province du Pont et de celle d’Asie,
de la Phrygie et de la Pamphylie,
de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène,
Romains de passage,
Juifs de naissance et convertis,
Crétois et Arabes,
tous nous les entendons
parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)
R/ Ô Seigneur, envoie ton Esprit
qui renouvelle la face de la terre !
ou : Alléluia ! (cf. Ps 103, 30)
Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
la terre s’emplit de tes biens.
Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.
Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.
DEUXIÈME LECTURE
« C’est dans un unique Esprit que nous tous avons été baptisés pour former un seul corps » (1 Co 12, 3b-7.12-13)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères,
personne n’est capable de dire :
« Jésus est Seigneur »
sinon dans l’Esprit Saint.
Les dons de la grâce sont variés,
mais c’est le même Esprit.
Les services sont variés,
mais c’est le même Seigneur.
Les activités sont variées,
mais c’est le même Dieu
qui agit en tout et en tous.
À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit
en vue du bien.
Prenons une comparaison :
le corps ne fait qu’un,
il a pourtant plusieurs membres ;
et tous les membres, malgré leur nombre,
ne forment qu’un seul corps.
Il en est ainsi pour le Christ.
C’est dans un unique Esprit, en effet,
que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres,
nous avons été baptisés pour former un seul corps.
Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit.
– Parole du Seigneur.
SÉQUENCE
()
Viens, Esprit Saint, en nos cœurs
et envoie du haut de ciel
un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres,
viens, dispensateur des dons,
viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le cœur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.
À tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient
donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu,
donne le salut final,
donne la joie éternelle. Amen.
ÉVANGILE
« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie : recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 19-23)
Alléluia. Alléluia.
Viens, Esprit Saint !
Emplis le cœur de tes fidèles !
Allume en eux le feu de ton amour !
Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
C’était après la mort de Jésus ;
le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé,
moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux
et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ;
à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Homélie pour le 4e dimanche du temps ordinaire Année A « Heureux, êtes-vous si... » : Les Béatitudes du Royaume2023-01-23T19:15:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-4e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-A-Heureux-etes-vous-si-Les-Beatitudes-du-Royaume_a1103.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/69908453-48824686.jpg2023-01-24T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Vous connaissez bien ces paroles de Jésus qui se nomment les « Béatitudes ». Elles inaugurent un grand entretien que présente saint Mathieu au chapitre 5 de son évangile et qu'on a appelé le « Discours sur la montagne ». Les « Béatitudes » sont la porte d’entrée de ce « Discours ou sermon sur la montagne » dont les prochains dimanches nous présenteront des extraits. Ce matin, laissons-nous interpeller par les paroles de Jésus au début de son entretien qui nous donnent ce qui pour lui est l’essentiel de son message.
I– Un message qui renverse les perspectives habituelles
Notons tout d’abord le caractère non seulement percutant mais à contre-courant de ces paroles. Dans une perspective humaine à courte vue, comme il arrive souvent, le bonheur se retrouve dans les possessions de toutes sortes, dans la reconnaissance sociale, et dans la réussite à tous les niveaux.
Or, Jésus prend la contrepartie de cette vision et proclame heureuses les personnes qui sont pauvres de cœur, celles qui pleurent, celles qui ont faim et soif de justice, celles qui sont persécutées. Avouez que c’est un message qui renverse nos façons habituelles de voir. Et pourtant, Jésus en fait la base de sa prédication du Royaume de Dieu parmi nous.
Pourquoi? La réponse se trouve dans la vie entière de Jésus lui-même, l’Envoyé du Père des cieux pour nous révéler sa bonté, son amour et sa miséricorde. En effet, Jésus qui se présentera comme le Fils de Dieu apporte un message d’amour universel destiné d’abord aux humbles et aux petits comme l’annonce le prophète Sophonie dans le texte de la première lecture: « Vous tous, les humbles du pays, ... cherchez la justice, cherchez l'humilité... Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit : il prendra pour abri le nom du Seigneur ».
Notre Dieu ne se présente pas comme un Maître souverain, éloigné et distant. Il s’incarne dans la vie de Jésus et à travers Lui il prend nos misères et nos faiblesses sur ses épaules. Il se fait proche.
II – Une invitation à se mettre en marche
C'est important de bien saisir que le message de Jésus est avant tout la révélation d’un Dieu bon et miséricordieux qui se préoccupe de chacun et chacune de nous avec attention et avec amour, car c'est le cœur de l’Évangile annoncé par Jésus, de la Bonne Nouvelle proclamée par Jésus
Ainsi, en commençant sa prédication sur les routes de Palestine, Jésus pose au point de départ ce qui doit servir de vision fondamentale pour tout le reste. Il le fait dans des phrases qui sont restées présentes au cours des siècles malgré leur formulation surprenante. En effet, Jésus emploie « heureux » ou « bienheureux » pour désigner ceux et celles qui sont le plus loin des réussites humaines habituelles. Ils sont «heureux » parce que dans leurs situations particulières, ils vivent la présence de Dieu qui est avec eux et avec elles, qui les consolent non seulement dans le futur, mais qui est déjà en action dans leur vie.
Cette idée est mise de l'avant par un traducteur de la Bible d’origine juive, André Chouraqui, qui propose de rendre le mot hébreu qu’on a traduit par « heureux » par « en marche » au sens de se lever debout et de marcher avec confiance dès maintenant sans attendre. Quelle belle traduction qui nous donne le goût de relire les béatitudes avec un regard nouveau en leur restituant leur caractère subversif et révolutionnaire! Je vous lis ce que cela donne comme traduction :
En marche, les humiliés du souffle! Oui, le royaume des ciels est à eux!
En marche, les endeuillés! Oui, ils seront réconfortés!
En marche, les humbles! Oui, ils hériteront la terre!
En marche, les affamés et les assoiffés de justice! Oui, ils seront rassasiés!
En marche, les matriciels [les miséricordieux] ! Oui, ils seront matriciés [ils obtiendront miséricorde] !
En marche, les cœurs purs! Oui, ils verront Dieu. [Chouraqui écrit Élohims, qui est un des noms de Dieu dans l’Ancien Testament].
En marche, les faiseurs de paix! Oui, ils seront criés fils de Dieu!
En marche, les persécutés à cause de la justice! Oui, le royaume des ciels est à eux!
En marche, quand ils vous outragent et vous persécutent, en mentant vous accusent de tout crime, à cause de moi.
Au lieu de lire ces maximes comme des promesses de récompense à venir, lisons-les plutôt comme des réalisations à chérir et à privilégier dans le temps présent.
III – Les béatitudes du pape François pour aujourd’hui
C’est ce qu’a fait le pape François dans une homélie lors de la messe de la Toussaint en 2016 en Suède. « Les béatitudes, dit-il, sont de quelque manière la carte d’identité du chrétien, qui l’identifie comme disciple de Jésus ». Et le pape de poursuivre avec une application actualisée des béatitudes de Jésus en ajoutant aux béatitudes de l’Évangile, six béatitudes d’aujourd’hui que je vous livre, en terminant.
Voici les six « nouvelles béatitudes» proposées par le pape François pour vivre les souffrances et les angoisses de notre époque avec un esprit renouvelé:
Bienheureux ceux qui supportent avec foi les maux que d’autres leur infligent et pardonnent du fond du cœur ;
bienheureux ceux qui regardent dans les yeux les rejetés et les marginalisés en leur manifestant de la proximité ;
bienheureux ceux qui reconnaissent Dieu dans chaque personne et luttent pour que d’autres le découvrent aussi ;
bienheureux ceux qui protègent et sauvegardent la maison commune ;
bienheureux ceux qui renoncent à leur propre bien-être pour le bien d’autrui ;
bienheureux ceux qui prient et travaillent pour la pleine communion des chrétiens… ils sont tous porteurs de la miséricorde et de la tendresse de Dieu, et ils recevront certainement de lui la récompense méritée.
Conclusion
Laissons-nous habiter, dans cette Eucharistie, par le présence vivifiante de Jésus qui est au cœur de notre vie et de la vie de l’Église. C’est en le suivant avec confiance et en nous laissant remuer par ses paroles que les Béatitudes seront l'inspiration de nos vies et que nous développerons, de plus en plus, un regard nouveau sur nos frères et sœurs à l’image de celui de Dieu notre Père.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
29 janvier 2023
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Nathan André Chouraqui(né le 11 août 1917 à Aïn Témouchent, Algérie et mort le 9 juillet 2007 à Jérusalem), était un avocat, écrivain, penseur et homme politique franco-israélien, connu pour sa traduction de la Bible, dont la publication, à partir des années 1970, donne un ton différent à sa lecture.
Pour la traduction des Béatitudes de Mathieu au chapitre 5 , Chouraqui précise : en hébreu, le mot (qu’on traduit habituellement par « Heureux » en français) que Jésus aurait utilisé est "ashreï" qui est une exclamation au pluriel construit, d'une racine "ashar" qui implique, non pas l'idée d'un vague bonheur hédoniste, mais la rectitude, "iashar", de l’homme en marche sur une route qui va droit vers Dieu.
ECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit » (So 2, 3 ; 3, 12-13)
Lecture du livre du prophète Sophonie
Cherchez le Seigneur,
vous tous, les humbles du pays,
qui accomplissez sa loi.
Cherchez la justice,
cherchez l’humilité :
peut-être serez-vous à l’abri
au jour de la colère du Seigneur.
Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit ;
il prendra pour abri le nom du Seigneur.
Ce reste d’Israël ne commettra plus d’injustice ;
ils ne diront plus de mensonge ;
dans leur bouche, plus de langage trompeur.
Mais ils pourront paître et se reposer,
nul ne viendra les effrayer.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 145 (146), 7, 8, 9ab.10b)
R/ Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux ! ou : Alléluia ! (Mt 5, 3)
Le Seigneur fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain,
le Seigneur délie les enchaînés.
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.
Le Seigneur protège l’étranger,
il soutient la veuve et l’orphelin,
le Seigneur est ton Dieu pour toujours.
DEUXIÈME LECTURE
« Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi » (1 Co 1, 26-31)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères,
vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien :
parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes,
ni de gens puissants ou de haute naissance.
Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour couvrir de confusion les sages ;
ce qu’il y a de faible dans le monde,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour couvrir de confusion ce qui est fort ;
ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde,
ce qui n’est pas,
voilà ce que Dieu a choisi,
pour réduire à rien ce qui est ;
ainsi aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu.
C’est grâce à Dieu, en effet, que vous êtes dans le Christ Jésus,
lui qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu,
justice, sanctification, rédemption.
Ainsi, comme il est écrit :
Celui qui veut être fier,
qu’il mette sa fierté dans le Seigneur.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Heureux les pauvres de cœur » (Mt 5, 1-12a)
Alléluia. Alléluia.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux !
Alléluia. (Mt 5, 12)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
voyant les foules,
Jésus gravit la montagne.
Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait.
Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent,
car ils seront consolés.
Heureux les doux,
car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice,
car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs,
car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte,
si l’on vous persécute
et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous,
à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 24e dimanche du temps ordinaire Année C : « L'amour a toujours le dernier mot »2022-09-16T03:14:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-24e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-L-amour-a-toujours-le-dernier-mot_a1081.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/64229171-46109541.jpg2022-09-06T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Il y une peinture célèbre, celle de Rembrandt que vous avez sûrement vue souvent, qui porte sur cet épisode de l'enfant prodigue, mais qui met l'accent plutôt sur le père miséricordieux.. On voit le fils prodigue à genoux et un homme plus âgé au visage doux et bon qui l’entoure de ses bras dont l'un ressemble à celui d'une femme, d'une mère, le tout dans une lumière diffuse et dans des teintes douces. Le peintre a compris le sens premier de cette parabole qu’on a appelée la plupart du temps « la parabole de l’enfant prodigue », alors que qu’elle raconte la « miséricorde d’un père » et qu’elle pourrait s’appeler plutôt « la parabole du Père miséricordieux ».
Cette parabole est un récit et une mise en scène des plus animées et des plus parlantes. Elle est portée par les interactions des trois personnages sur lesquels nous nous arrêterons brièvement à tour de rôle car, remarquez-le bien, nous pouvons à des degrés divers être chacun de ces personnages à un moment ou l’autre. Ils coexistent en nous pour le meilleur et pour le pire. Suivons les personnages de la parabole dans l’ordre du récit.
I - Le jeune fils
Il se jette aux genoux de son père pour exprimer sa conversion. Conversion au sens fort du terme veut dire « retournement » « changement ». C’est le sens du terme grec « metanoia ». C'est pourquoi, le fils prodigue se jette à genoux devant son père.
Même physiquement, se mettre à genoux demande un effort. Ce n’est pas facile. Aujourd’hui avec le temps et avec les limites de l’âge les dangers de cette manœuvre pour l’équilibre frappent bien des gens. Ils ne peuvent pas se mettre à genoux physiquement, on le comprends, mais ils peuvent le faire spirituellement comme l'a fait l’enfant prodigue.
Si nous nous mettons à genoux devant Dieu, si nous nous retournons vers Dieu, nous entrons dans une démarche de changement, un changement radical parfois où nous confessons que nous avons péché : « J’ai péché contre toi, Père ». Mais ce changement est aussi une démarche continuelle à poursuivre car, comme le dit saint Paul, les ténèbres et la lumière, le mal et le péché cohabitent toujours en nous : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas » (Romains 7, 19).
II - Le père
Si nous tournons notre regard vers le deuxième acteur de ce récit, le père, ce qui nous frappe dans le tableau de Rembrandt ce sont les bras ouverts qui encerclent le fils retrouvé.
Ces bras ouverts sont un symbole puissant d’un amour toujours prêt à se manifester, un amour qui désire la vie du pécheur et non sa mort, un amour désintéressé et inconditionnel. Oui, tel est l’amour du Père des cieux.
Les parents savent un peu ce qu’il en coûte de recevoir un fils ou une fille qui revient de loin parfois. Leur amour ne pose pas de question. Tel est l’amour du Père miséricordieux qui nous a donné Jésus, son Fils Bien-aimé pour notre salut et le salut du monde. Tel est l’amour du Père miséricordieux qui surpasse tout ce qu’on peut imaginer « folie pour les hommes » , mais « sagesse pour Dieu » (I Corinthiens 1, 25 ss.).
Il ne s’agit pas, par ailleurs, d’un amour qui se ferme les yeux sur l’autre, qui reste à un niveau superficiel et qui permet tout. Au contraire, cet amour fait grandir. Cet amour respecte la personne dans ce qu’elle est au plus profond d’elle-même. Cet amour te permet de devenir ce que tu es réellement « un fils » ou « une fille » bien-aimés de Dieu. « Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils du Père…vous n’êtes plus esclaves, mais enfants du Père » proclame saint Paul aux Romains (Romains 8, 15).
III - Le fils aîné
Enfin, venons-en au fils aîné. Il est en retrait dans le tableau de Rembrandt. Il murmure et se « défoule », dirait-on en québécois. Le récit de l’évangile nous rapporte les paroles qui lui sont prêtées. "Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Et quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras."
Que penser de ce personnage? Il nous interroge, car il a de bons arguments. Il souhaite ce qu'on appellerait aujourd'hui la "parité", le même traitement que son frère. mais il en reste à ce plan du "donnant-donnant", de la justice étroite et matérielle. Ce qui cloche, c’est son refus d’entrer dans le mouvement d’amour du père. Il se tient à l’écart dans son monde pour se protéger, pour ne pas se remettre en question. Bien sûr qu’il a été un bon fils. Mais où était son cœur pendant tout ce temps? S’est-il contenté de suivre des préceptes uniquement?
La question se pose non seulement pour lui mais pour chacun et à chacune d’entre nous. « Ce ne sont pas ceux qui disent ‘Seigneur’ qui entreront dans le Royaume des cieux, mais ceux qui font la volonté du Père » (Romains 2, 13), ceux et celles qui entrent dans le mouvement d’amour de Dieu qui se donne et qui sauve.
Conclusion
Que cette célébration dominicale dans le sillage de ce texte si riche de la parabole du Père miséricordieux, nous invite à nous mettre en marche pour entrer de plus en plus dans le mouvement d’amour du Père qui nous accueille à sa table sous les signes du Pain et du Vin partagés.
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
6 septembre 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire » (Ex 32, 7-11.13-14)
Lecture du livre de l’Exode
En ces jours-là,
le Seigneur parla à Moïse :
« Va, descends,
car ton peuple s’est corrompu,
lui que tu as fait monter du pays d’Égypte.
Ils n’auront pas mis longtemps
à s’écarter du chemin que je leur avais ordonné de suivre !
Ils se sont fait un veau en métal fondu
et se sont prosternés devant lui.
Ils lui ont offert des sacrifices en proclamant :
‘Israël, voici tes dieux,
qui t’ont fait monter du pays d’Égypte.’ »
Le Seigneur dit encore à Moïse :
« Je vois que ce peuple
est un peuple à la nuque raide.
Maintenant, laisse-moi faire ;
ma colère va s’enflammer contre eux
et je vais les exterminer !
Mais, de toi, je ferai une grande nation. »
Moïse apaisa le visage du Seigneur son Dieu
en disant :
« Pourquoi, Seigneur,
ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple,
que tu as fait sortir du pays d’Égypte
par ta grande force et ta main puissante ?
Souviens-toi de tes serviteurs,
Abraham, Isaac et Israël,
à qui tu as juré par toi-même :
‘Je multiplierai votre descendance
comme les étoiles du ciel ;
je donnerai, comme je l’ai dit,
tout ce pays à vos descendants,
et il sera pour toujours leur héritage.’ »
Le Seigneur renonça
au mal qu’il avait voulu faire à son peuple.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 50 (51), 3-4, 12-13, 17.19)
R/ Oui, je me lèverai,
et j’irai vers mon Père. (Lc 15, 18)
Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.
DEUXIÈME LECTURE
« Le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs » (1 Tm 1, 12-17)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée
Bien-aimé,
je suis plein de gratitude
envers celui qui me donne la force,
le Christ Jésus notre Seigneur,
car il m’a estimé digne de confiance lorsqu’il m’a chargé du ministère,
moi qui étais autrefois blasphémateur, persécuteur, violent.
Mais il m’a été fait miséricorde,
car j’avais agi par ignorance,
n’ayant pas encore la foi ;
la grâce de notre Seigneur a été encore plus abondante,
avec la foi, et avec l’amour qui est dans le Christ Jésus.
Voici une parole digne de foi,
et qui mérite d’être accueillie sans réserve :
le Christ Jésus est venu dans le monde
pour sauver les pécheurs ;
et moi, je suis le premier des pécheurs.
Mais s’il m’a été fait miséricorde,
c’est afin qu’en moi le premier,
le Christ Jésus montre toute sa patience,
pour donner un exemple à ceux qui devaient croire en lui,
en vue de la vie éternelle.
Au roi des siècles,
au Dieu immortel, invisible et unique,
honneur et gloire pour les siècles des siècles. Amen.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit » (Lc 15, 1-32)
Alléluia. Alléluia.
Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui :
il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation.
Alléluia. (cf. 2 Co 5, 19)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
les publicains et les pécheurs
venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,
et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une,
n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert
pour aller chercher celle qui est perdue,
jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
Quand il l’a retrouvée,
il la prend sur ses épaules, tout joyeux,
et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins
pour leur dire :
‘Réjouissez-vous avec moi,
car j’ai retrouvé ma brebis,
celle qui était perdue !’
Je vous le dis :
C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel
pour un seul pécheur qui se convertit,
plus que pour 99 justes
qui n’ont pas besoin de conversion.
Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une,
ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison,
et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
Quand elle l’a retrouvée,
elle rassemble ses amies et ses voisines
pour leur dire :
‘Réjouissez-vous avec moi,
car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !’
Ainsi je vous le dis :
Il y a de la joie devant les anges de Dieu
pour un seul pécheur qui se convertit. »
Jésus dit encore :
« Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père :
‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’
Et le père leur partagea ses biens.
Peu de jours après,
le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait,
et partit pour un pays lointain
où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.
Il avait tout dépensé,
quand une grande famine survint dans ce pays,
et il commença à se trouver dans le besoin.
Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays,
qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre
avec les gousses que mangeaient les porcs,
mais personne ne lui donnait rien.
Alors il rentra en lui-même et se dit :
‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance,
et moi, ici, je meurs de faim !
Je me lèverai, j’irai vers mon père,
et je lui dirai :
Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’
Il se leva et s’en alla vers son père.
Comme il était encore loin,
son père l’aperçut et fut saisi de compassion ;
il courut se jeter à son cou
et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit :
‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.
Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’
Mais le père dit à ses serviteurs :
‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller,
mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le,
mangeons et festoyons,
car mon fils que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé.’
Et ils commencèrent à festoyer.
Or le fils aîné était aux champs.
Quand il revint et fut près de la maison,
il entendit la musique et les danses.
Appelant un des serviteurs,
il s’informa de ce qui se passait.
Celui-ci répondit :
‘Ton frère est arrivé,
et ton père a tué le veau gras,
parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’
Alors le fils aîné se mit en colère,
et il refusait d’entrer.
Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père :
‘Il y a tant d’années que je suis à ton service
sans avoir jamais transgressé tes ordres,
et jamais tu ne m’as donné un chevreau
pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est revenu
après avoir dévoré ton bien avec des prostituées,
tu as fait tuer pour lui le veau gras !’
Le père répondit :
‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi,
et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait festoyer et se réjouir ;
car ton frère que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ;
il était perdu,
et il est retrouvé ! »
– Acclamons la Parole de Dieu.
OU LECTURE BREVE
ÉVANGILE
« Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit » (Lc 15, 1-10)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
les publicains et les pécheurs
venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui :
« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs,
et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une,
n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert
pour aller chercher celle qui est perdue,
jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
Quand il l’a retrouvée,
il la prend sur ses épaules, tout joyeux,
et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins
pour leur dire :
‘Réjouissez-vous avec moi,
car j’ai retrouvé ma brebis,
celle qui était perdue !’
Je vous le dis :
C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel
pour un seul pécheur qui se convertit,
plus que pour 99 justes
qui n’ont pas besoin de conversion.
Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une,
ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison,
et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
Quand elle l’a retrouvée,
elle rassemble ses amies et ses voisines
pour leur dire :
‘Réjouissez-vous avec moi,
car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !’
Ainsi je vous le dis :
Il y a de la joie devant les anges de Dieu
pour un seul pécheur qui se convertit. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 6e dimanche de Pâques Année C : « Un discernement porteur de paix »2022-05-20T20:40:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-6e-dimanche-de-Paques-Annee-C-Un-discernement-porteur-de-paix_a1063.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/62256407-45177990.jpg2022-05-17T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Le pape François, en bon jésuite, lorsqu'il traite des problèmes et des questions qui se posent aujourd’hui aborde souvent ces points dans une perspective de discernement. Cette « approche » de discernement n’est pas nouvelle dans l’Église. Elle a commencé très tôt car, dès les débuts de l'Église, les questions posées n’étaient pas faciles.
I- Le Concile de Jérusalem : une première expérience de discernement communautaire
La première lecture nous en donne un exemple parlant. On se demandait alors, vers l’an 50, après Jésus-Christ s’il fallait obliger tout le monde à continuer de suivre les lois culinaires des juifs, comme se priver de manger du porc, continuer de faire la circoncision aux enfants et l'imposer aux païens convertis. Le problème divisait la communauté.
Qu’est-ce qu’on a fait? On a procédé à un discernement communautaire. Saint Paul, le grand prédicateur, est monté à Jérusalem avec Barnabé pour rencontrer les autres apôtres et les fidèles. On a prié, on a dialogué, on a échangé, on a pesé le pour et le contre et finalement on a pris une décision avec l’aide de l’Esprit Saint, car le discernement n'est pas seulement une analyse mais il implique un choix pour l'agir.
On a donc proposé une ligne de conduite claire et précise qui a été acceptée par la communauté et qui a amené la paix : « L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d'autres obligations que celles-ci, qui s'imposent : vous abstenir de manger des aliments offerts aux idoles, du sang ou de la viande non saignée, et vous abstenir des unions illégitimes. En évitant tout cela, vous agirez bien. Courage. »
Cette démarche est connue sous le nom de Concile de Jérusalem et est regardé comme le premier concile de l’histoire chrétienne.
II- Une expérience d’Église
Cet épisode nous est rappelé aujourd’hui dans le sillage de Pâques et dans notre préparation à la fête de l'Ascension pour nous permettre de suivre nous aussi le chemin du discernement des signes de l'Esprit et de vivre aujourd’hui dans la confiance et l’abandon à l’action de l’Esprit dans nos communautés et dans l’Église.
Celle-ci comme les images de la seconde lecture le disent de façon symbolique est le rassemblement des personnes croyantes autour du Christ Seigneur, l’Agneau qui est au milieu non seulement comme celui qui trône dans sa gloire, mais comme celui qui continue de faire vivre son Corps qu’est l’Église dont il est « la source de lumière ». L’Église en effet, est un mystère qui dépasse les discussions, les prises de position, les échanges. Elle est une réalité spirituelle qui est reliée au Christ d’une façon spéciale reposant « sur [les] douze fondations portant les noms des douze Apôtres de l'Agneau ». C’est par le Christ Ressuscité qu’elle vit. C’est par Lui qu’elle existe. C’est par Lui qu’elle agit, ce qu'on expérimente de façon particulière dans les sacrements du Baptême, de la Confirmation et de l’Eucharistie, les sacrements de l’initiation chrétienne.
Ce mystère de l’Église est chanté par l’Apocalypse de saint Jean sous une forme poétique. Il est toujours en action. On le voit au début de l'histoire de l'Église dans ce Concile de Jérusalem. On le voit dans les gestes quotidiens des chrétiens et chrétiennes qui marchent à la suite de Jésus et qui donnent le témoignage d’une vie comme il le souhaite dans l’Évangile.
III- Le don de la paix : un don qui se transforme en joie
Les paroles de Jésus rapportées dans l’évangile que nous venons de lire nous orientent vers ce qui rend belle et précieuse la vie de l'Église avec Jésus : la paix reçue et partagée entre nous et autour de nous. « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés ».
Une paix qui n’est pas le confort béat et le laisser faire. Une paix remplie de présence, d’attention et de partage. Une paix qui assume les deuils et les départs, les craintes et les échecs et qui, ô surprise, engendre la joie, une joie qui ne se mesure pas sur les possessions et les sentiments uniquement, mais une joie qui vient du fond de l’âme où Dieu est toujours présent, où il demeure. « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui ».
Laissons notre coeur s'ouvrir à ce don de la paix tout particulièrement aujourd'hui au moment de l'échange d'un signe de cette paix que nous recevons du Seigneur dans chaque Eucharistie lorsque le célébrant nous dit après l'Agneau de Dieu « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous » et lorsqu'il nous invite à transmettre autour de nous cette paix reçue du Seigneur par une signe comme le geste de serrer la main, ou une accolade ou un mouvement de salutation de la tête etc.
Conclusion
En terminant, comme le souhaite Jésus, prions l’Esprit Saint, notre Défenseur, de nous garder dans la bonne voie - « Lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » - et de nous inspirer dans les discernements que nous avons à faire dans notre vie de tous les jours pour répondre avec générosité aux appels de Dieu.
Que notre communauté rassemblée autour de la Parole et du Pain et du Vin, Corps et Sang de Jésus, se laisse emporter dans le mystère de l’Église, Corps du Christ, en union avec Lui qui est toujours vivant et intercédant pour nous dans la gloire du ciel (cf. Hébreux 7, 25).
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
17 mai 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci qui s’imposent » (Ac 15, 1-2.22-29)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
En ces jours-là,
des gens, venus de Judée à Antioche,
enseignaient les frères en disant :
« Si vous n’acceptez pas la circoncision
selon la coutume qui vient de Moïse,
vous ne pouvez pas être sauvés. »
Cela provoqua un affrontement ainsi qu’une vive discussion
engagée par Paul et Barnabé contre ces gens-là.
Alors on décida que Paul et Barnabé,
avec quelques autres frères,
monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des Anciens
pour discuter de cette question.
Les Apôtres et les Anciens
décidèrent avec toute l’Église
de choisir parmi eux
des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé.
C’étaient des hommes
qui avaient de l’autorité parmi les frères :
Jude, appelé aussi Barsabbas, et Silas.
Voici ce qu’ils écrivirent de leur main :
« Les Apôtres et les Anciens, vos frères,
aux frères issus des nations,
qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie,
salut !
Attendu que certains des nôtres, comme nous l’avons appris,
sont allés, sans aucun mandat de notre part,
tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi,
nous avons pris la décision, à l’unanimité,
de choisir des hommes que nous envoyons chez vous,
avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul,
eux qui ont fait don de leur vie
pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ.
Nous vous envoyons donc Jude et Silas,
qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit :
L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé
de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations
que celles-ci, qui s’imposent :
vous abstenir des viandes offertes en sacrifice aux idoles,
du sang,
des viandes non saignées
et des unions illégitimes.
Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela.
Bon courage ! »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8)
R/ Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu’ils te rendent grâce tous ensemble !
ou : Alléluia. (Ps 66, 4)
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que son visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.
Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.
La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !
DEUXIÈME LECTURE
« Il me montra la Ville sainte qui descendait du ciel » (Ap 21, 10-14.22-23)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean, j’ai vu un ange.
En esprit, il m’emporta
sur une grande et haute montagne ;
il me montra la Ville sainte, Jérusalem,
qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu :
elle avait en elle la gloire de Dieu ;
son éclat était celui d’une pierre très précieuse,
comme le jaspe cristallin.
Elle avait une grande et haute muraille,
avec douze portes et, sur ces portes, douze anges ;
des noms y étaient inscrits :
ceux des douze tribus des fils d’Israël.
Il y avait trois portes à l’orient,
trois au nord,
trois au midi,
et trois à l’occident.
La muraille de la ville reposait sur douze fondations
portant les douze noms des douze Apôtres de l’Agneau.
Dans la ville, je n’ai pas vu de sanctuaire,
car son sanctuaire,
c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers,
et l’Agneau.
La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer,
car la gloire de Dieu l’illumine :
son luminaire, c’est l’Agneau.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« L’Esprit Saint vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 23-29)
Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ;
mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui.
Alléluia. (Jn 14, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Si quelqu’un m’aime,
il gardera ma parole ;
mon Père l’aimera,
nous viendrons vers lui
et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas
ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi :
elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi,
tant que je demeure avec vous ;
mais le Défenseur,
l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout,
et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
Je vous laisse la paix,
je vous donne ma paix ;
ce n’est pas à la manière du monde
que je vous la donne.
Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
Vous avez entendu ce que je vous ai dit :
Je m’en vais,
et je reviens vers vous.
Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie
puisque je pars vers le Père,
car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit ces choses maintenant,
avant qu’elles n’arrivent ;
ainsi, lorsqu’elles arriveront,
vous croirez. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 5e dimanche de Pâques Année C : « Un amour qui fait tomber les murs »2022-05-20T20:40:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-5e-dimanche-de-Paques-Annee-C-Un-amour-qui-fait-tomber-les-murs_a1062.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/62256405-45177988.jpg2022-05-10T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Reprenons la dernière phrase de Jésus qu’on vient d’entendre : « Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. ».
I – Un amour fraternel en acte
Ce commandement nouveau a un lien direct avec la première lecture. En effet, c’est l’amour mutuel que les chrétiens vivaient qui nous donne la meilleure explication de la diffusion rapide de la Bonne Nouvelle qui se répand comme une traînée de poudre tout autour de la Méditerranée avec Paul et Barnabé qui relaient le message de Jésus aux nouveaux disciples. Lorsqu’ils entrent dans la communauté, ceux-ci sont accueillis au nom de Jésus envoyé par Dieu pour rassembler son peuple, rassembler toute l'humanité. Leur entrée dans les communautés se fait dans le partage, même le partage des biens matériels. « Ils n’avaient qu’un cœur et qu’une âme » témoigne saint Luc dans les Actes des Apôtres (Actes 4, 32)
La suite de l'histoire montre que les nouveaux disciples de Jésus ont attiré plein de gens avec eux parce qu'ils mettaient en pratique ce commandement de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres ». C'est ainsi qu'on voit les premières communautés, en plus du partage et de la mise en commun, développer l'hospitalité, prendre soin des nécessiteux comme le montre l'épisode des sept personnes choisies pour s'occuper des veuves ans les Actes des apôtres au chapitre 6 (versets 1-7), les ancêtres des diacres permanents d'aujourd'hui.
Puis au cours de l'histoire de l’Église cet élan et cette inspiration ont continué de souffler dans la vie des communautés chrétiennes : au temps des persécutions les chrétiens des catacombes se soutenaient dans un amour mutuel qui faisait l'admiration de leurs persécuteurs. Au Moyen Âge commencent à se mettre sur pied les hospices, les léproseries, les hôpitaux pour accueillir les malades souvent délaissés par les familles ou mis au ban de la société. Puis ce sont les soubresauts des révolutions en Europe qui suscitent un renouveau dans la société au service de l’éducation, des travailleurs, des personnes déplacées, des opprimés de toutes sortes qui culmine dans le Concile Vatican II.
II – La force de transformation de l’amour fraternel
Oui! la Parole de Dieu reçue et mise en pratique dans l'amour mutuel est capable de créer des "cieux nouveaux, une terre nouvelle" comme le dit la deuxième lecture. Notre monde d'aujourd'hui comme celui d’hier a besoin de ce témoignage. Les pentes vers le rétrécissement des aspirations - "moi, je m'en fous" "moi je n'ai rien à faire des autres" - l'aveuglement de la consommation à outrance et les luttes de pouvoir pour dominer le marché, les dérives des radicalismes ne peuvent être guéris que si les disciples de Jésus savent apporter, avec confiance et avec l'aide de l'Esprit Saint, le témoignage qu'autre chose est possible en vivant cette charité fraternelle qui va au- delà des conflits et au-delà des frontières de toutes sortes.
L’amour mutuel fait l’objet d’un commandement car c’est ainsi qu’on entre dans le sillage de l’amour même de Dieu pour l’humanité. C’est parce qu’ils suivent Jésus et qu’ils sont ses disciples que les chrétiens désirent témoigner et vivre d’un amour fraternel au-delà des normes sociales et humaines, signe de l’amour de Dieu pour l’humanité (que le Nouveau Testament appelle « agapè »).
L’amour fraternel dans la vie quotidienne et dans les situations concrètes de la vie manifeste la présence d'un Dieu-Amour. Les chrétiens deviennent ainsi comme le dit Jésus le « sel de la terre » et la « lumière du monde ». Ils ne se présentent pas comme supérieurs à leurs concitoyens, mais ils témoignent, en s'aimant les uns les autres, qu'ils sont remplis d'un amour qui les dépasse et qui les fait entrer dans le mystère d’un Dieu qui est Amour car, dit saint Jean, « si Dieu nous a aimé ainsi, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres » (I Jean 4, 1).
III – Un horizon ouvert sans murs
Notons en terminant que lorsque l’amour fraternel se laisse habiter par l’amour même de Dieu il se transforme tout naturellement en amour miséricordieux. En effet, la miséricorde est le fruit de l’amour. Elle est cette sensibilité intérieure à la misère de nos frères et sœurs et à la nôtre.
Cette misère est souvent vécue comme un poids qui écrase. Elle recouvre toutes les limites que nous rencontrons dans nos cheminements divers. Elle se nomme rejet, haine, envie, égoïsme, domination, fermeture, orgueil. Cette misère c’est notre péché qui prend diverses teintes car nous sommes tous pécheurs. Ce sont les murs que nous érigeons autour de nous et en nous, des murs qui nous referment sur nous, qui bloquent les horizons. C’est pourquoi, le pape François avec humilité demande souvent de prier pour lui en se reconnaissant limité et pécheur devant Dieu ayant besoin comme nous tous de la miséricorde de Dieu.
On pourrait dire que lorsque l’amour fraternel est enrobé de miséricorde, il s’épanouit alors à son meilleur. En effet, à quoi servirait un prétendu amour fraternel qui ne serait pas capable de nous garder conscients de nos péchés et de notre besoin de l’amour miséricordieux du Père.
Conclusion
Tournons maintenant, en terminant, notre regard vers le parfait visage de l’amour miséricordieux du Père qu’est le Seigneur Jésus Ressuscité. Il est là « au cœur de nos vies » comme on le chante parfois à la messe. Nous le rencontrons maintenant dans le Pain et le Vin consacrés qu'il donne pour la vie du monde.
Nous pouvons être sûrs qu’il continue, par cette nourriture spirituelle, de développer dans le cœur de ceux et celles qui se déclarent ses disciples, malgré leurs limites, des merveilles d’amour et de don pour leurs frères et sœurs qui attendent, sans le savoir parfois, des paroles et des gestes libérateurs...que l'Esprit vous inspirera au cours de la semaine j'en suis sûr.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
15 mai 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Ayant réuni l’Église, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux » (Ac 14, 21b-27)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
En ces jours-là,
Paul et Barnabé,
retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche de Pisidie ;
ils affermissaient le courage des disciples ;
ils les exhortaient à persévérer dans la foi,
en disant :
« Il nous faut passer par bien des épreuves
pour entrer dans le royaume de Dieu. »
Ils désignèrent des Anciens pour chacune de leurs Églises
et, après avoir prié et jeûné, ils confièrent au Seigneur
ces hommes qui avaient mis leur foi en lui.
Ils traversèrent la Pisidie et se rendirent en Pamphylie.
Après avoir annoncé la Parole aux gens de Pergé,
ils descendirent au port d’Attalia,
et s’embarquèrent pour Antioche de Syrie,
d’où ils étaient partis ;
c’est là qu’ils avaient été remis à la grâce de Dieu
pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie.
Une fois arrivés, ayant réuni l’Église,
ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux,
et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 144 (145), 8-9, 10-11, 12-13ab)
R/ Mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
ou : Alléluia. (Ps 144, 1)
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.
Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.
Ils annonceront aux hommes tes exploits,
la gloire et l’éclat de ton règne :
ton règne, un règne éternel,
ton empire, pour les âges des âges.
DEUXIÈME LECTURE
« Il essuiera toute larme de leurs yeux » (Ap 21, 1-5a)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean,
j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle,
car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés
et, de mer, il n’y en a plus.
Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle,
je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu,
prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari.
Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône.
Elle disait :
« Voici la demeure de Dieu avec les hommes ;
il demeurera avec eux,
et ils seront ses peuples,
et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu.
Il essuiera toute larme de leurs yeux,
et la mort ne sera plus,
et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur :
ce qui était en premier s’en est allé. »
Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara :
« Voici que je fais toutes choses nouvelles. »
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres » (Jn 13, 31-33a.34-35)
Alléluia. Alléluia.
Je vous donne un commandement nouveau,
dit le Seigneur :
« Aimez-vous les uns les autres,
comme je vous ai aimés. »
Alléluia. (cf. Jn 13, 34)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples,
quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara :
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié,
et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui,
Dieu aussi le glorifiera ;
et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants,
c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous.
Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés,
vous aussi aimez-vous les uns les autres.
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples :
si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 6e dimanche du temps ordinaire Année C : « Heureux êtes-vous... »2022-02-01T13:42:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-6e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Heureux-etes-vous_a1049.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/60159018-44062507.jpg2022-02-08T18:00:00+01:00Hermann Giguère
En préparant cette homélie sur les béatitudes, j’ai demandé à des amis qu’est-ce qu’ils diraient sur ce texte archiconnu des évangiles. Plusieurs réponses ont surgies. L’une des personnes présentes s’est contenté de dire « Il faut toutes les pratiquer ».
J’ai été surpris de cette réponse, mais, en relisant l’Exhortation du pape François sur la sainteté, j’ai entendu la même chose. En effet, le pape François y présente les béatitudes comme la carte d’identité du chrétien. « Donc, écrit le pape, si quelqu’un d’entre nous se pose cette question, 'comment fait-on pour parvenir à être un bon chrétien ?' la réponse est simple : il faut mettre en œuvre, chacun à sa manière, ce que Jésus déclare dans le sermon des béatitudes » (n. 63)
Ce n’est pas surprenant car ce que Jésus déclare dans les béatitudes c’est ce qu’il vit. Les béatitudes ne sont pas un enseignement théorique, mais la façon de vivre sa foi. On en est bien loin parfois, hélas! mais je vais profiter de cette lecture qui vient d’être faite dans la version qu’en donne saint Luc pour partager avec vous quelques réflexions sur chacune des béatitudes et des avertissements que donne Jésus.
I - Considérations générales
Alors que l'évangile de saint Mathieu dans ce qu'on est convenu d'appeler le Sermon sur la montage relève huit béatitudes (Matthieu 5, 3-12), saint Luc dans son évangile présente ici, d'un côté, quatre béatitudes qui commencent par « Heureux… » et, de l'autre, quatre avertissements qui commencent par « Quel malheur pour vous… » Cette présentation différente vise la vie concrète des gens. Elle veut les rejoindre sur le terrain pour que leur vie soit changée ou améliorée dès maintenant. Saint Luc s’adresse au disciple de Jésus qui a décidé de prendre son message au sérieux. Il mise sur une motivation déjà là. Il rappelle donc les points où Jésus lui-même a mis l’accent pour la vie de ses disciples.
Lorsque qu’on entend les huit phrases qui font partie de cet exposé que saint Luc met dans la bouche de Jésus, on reconnaît l’essentiel du message de Jésus. On n’est pas surpris qu’il tourne notre regard vers les pauvres, les démunis, les laissés pour compte et qu’il renvoie les riches les mains vides, car « ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades, dira-t-il, Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs ». (Marc 2, 17)
Passons maintenant à la méditation de chacune des observations de Jésus que je vous livre bien simplement. Pour la première je me contenterai de citer le pape François dans son Exhortation sur la sainteté.
II - Commentaires de chaque admonition
Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous
« Le mot “heureux” ou “bienheureux”, devient synonyme de “saint”, parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur » dit le pape François (n. 64). Pour le pape François, la première béatitude nous invite « à une existence austère et dépouillée. De cette façon, [Jésus] nous appelle à partager la vie des plus pauvres, la vie que les Apôtres ont menée, et en définitive à nous configurer à Jésus qui, étant riche, 's’est fait pauvre' (2 Co 8, 9). Être pauvre de cœur, c’est cela la sainteté ! » (n. 70)
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés.
Les faims et les soifs humaines ne sont pas seulement matérielles, bien qu’elles soient très présentes aujourd’hui où de nombreuses personnes n’ont pas ce qu’il faut pour survivre, les faims et les soifs humaines sont aussi d’ordre spirituel. Toute personne a besoin d'être reconnue dans sa dignité de personne par tous et partout. Trop de personnes sont encore dépouillées de leur dignité dans diverses circonstances et détruites littéralement. Jésus invite à les soutenir pour qu’elles sortes de ces situations aberrantes et soient prises en charge. C’est ainsi qu’elles commenceront à goûter la vie et pourront en être rassasiés un jour.
Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Cette béatitude a été mal comprise bien souvent. On la lisait comme si elle était une médaille et son envers, comme si la vie était un balancier où tout est blanc ou noir alors qu’elle connaît des peines parfois très grandes mais aussi des joies de toutes sortes. Les peines et les joies heureusement se côtoient et ainsi la personne peut aller toujours plus loin sans se laisser abattre
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme.
Cette béatitude s’adresse surtout aux premiers chrétiens pour qui écrivait saint Luc et qui étaient déjà l’objet de la persécution des autorités romaines. Luc leur rappelle ici que Jésus les a assurés qu’ils ne seront jamais laissés seuls et abandonnés. Il leur a garanti sa présence vivante continuelle. Cette présence nous la connaissons, c’est celle de Jésus Ressuscité qui continue de vivre avec ses disciples en les entraînant avec lui vers le Père.
Nous passons maintenant aux quatre admonitions suivantes qui sont comme des avertissements incontournables et des mises en garde à prendre au sérieux pour toute personne qui veut suivre Jésus dans sa vie concrète.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Le résultat des richesses mal reçues et mal utilisées c’est l’enfermement du cœur, l’isolement dans son monde et dans son moi. Cet isolement peut créer une forme de bien-être, mais celui-ci sera passager et toujours incomplet. Le vrai bien-être, la vraie consolation, réside dans l’intimité avec Celui qui est notre Seigneur et notre Sauveur.
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim !
Il s’agit ici de la même dynamique que celle que j’ai décrite pour la richesse. Il s’agit d’un enfermement sur soi qui ne satisfait aucunement les faims humaines. L’abondance matérielle ne peut se substituer à la faim spirituelle qui ne peut être comblée que par Dieu lui-même en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être (Actes 17, 28), car il est le souverain bien et l’éternelle nourriture dont nous avons besoin.
Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Rire et pleurer : des situations bien fréquentes dans les vies humaines. Ce que cette admonition m’inspire c’est de me poser la question de savoir qu’est-ce qu’Il y a derrière les rires, car Jésus ne condamne sûrement pas la vie épanouie ou les rires devant un enfant qui fait ses premiers pas. De quels rires s’agit-il ici? N’est-ce pas ces rires qui masquent le sérieux de la vie et des choix de vie et qui empêchent l’âme de s’élever vers Celui qui en est l’auteur et de l’en remercier?
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous !
Cet avertissement est une mise en garde très pratique. Il est toujours facile de céder à l’éloge et à la flatterie et ainsi de dévier des buts qu’on s’est donné en décidant de suivre Jésus. Il est important de se rappeler que son message n’est pas modelé par les aspirations du monde ambiant, ce que le pape François appelle l’ « esprit mondain ». Il ne faut pas avoir peur d'être à contre-courant.
Conclusion
Voilà en quelques mots, non pas une explication des paroles de Jésus, mais une invitation à les méditer par vous-mêmes, à les intégrer, selon vos possibilités - « chacun à sa manière » dit le pape François - dans vos vies. J’avoue que je suis toujours dérouté, mais aussi interpellé par la lecture de ce texte fondamental des évangiles.
Lorsqu’on le proclame au cours d’une Eucharistie comme on l’a fait ce matin, il prend un sens encore plus profond car il décrit la vie de Celui qui l'a donnée pour nous, qui a vécu pauvre, méprisé, dépouillé et que le Père a ressuscité « d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis » comme saint Paul le note dans la deuxième lecture, pour le faire asseoir à sa droite et en faire le Seigneur de nos vies .
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
8 février 2022
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel. Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur » (Jr 17, 5-8)
Lecture du livre du prophète Jérémie
Ainsi parle le Seigneur :
Maudit soit l’homme
qui met sa foi dans un mortel,
qui s’appuie sur un être de chair,
tandis que son cœur se détourne du Seigneur.
Il sera comme un buisson sur une terre désolée,
il ne verra pas venir le bonheur.
Il aura pour demeure les lieux arides du désert,
une terre salée, inhabitable.
Béni soit l’homme
qui met sa foi dans le Seigneur,
dont le Seigneur est la confiance.
Il sera comme un arbre, planté près des eaux,
qui pousse, vers le courant, ses racines.
Il ne craint pas quand vient la chaleur :
son feuillage reste vert.
L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude :
il ne manque pas de porter du fruit.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 1, 1-2, 3, 4.6)
R/ Heureux est l’homme
qui met sa foi dans le Seigneur. (Ps 39, 5a)
Heureux est l’homme
qui n’entre pas au conseil des méchants,
qui ne suit pas le chemin des pécheurs,
ne siège pas avec ceux qui ricanent,
mais se plaît dans la loi du Seigneur
et murmure sa loi jour et nuit !
Il est comme un arbre
planté près d’un ruisseau,
qui donne du fruit en son temps,
et jamais son feuillage ne meurt ;
tout ce qu’il entreprend réussira.
Tel n’est pas le sort des méchants.
Mais ils sont comme la paille
balayée par le vent.
Le Seigneur connaît le chemin des justes,
mais le chemin des méchants se perdra.
DEUXIÈME LECTURE
« Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur » (1 Co 15, 12.16-20)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères,
nous proclamons que le Christ est ressuscité d’entre les morts ;
alors, comment certains d’entre vous peuvent-ils affirmer
qu’il n’y a pas de résurrection des morts ?
Car si les morts ne ressuscitent pas,
le Christ non plus n’est pas ressuscité.
Et si le Christ n’est pas ressuscité,
votre foi est sans valeur,
vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés ;
et donc, ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus.
Si nous avons mis notre espoir dans le Christ
pour cette vie seulement,
nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.
Mais non ! le Christ est ressuscité d’entre les morts,
lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Heureux les pauvres ! Quel malheur pour vous les riches ! » (Lc 6, 17.20-26)
Alléluia. Alléluia.
Réjouissez-vous, tressaillez de joie,
dit le Seigneur,
car votre récompense est grande dans le ciel.
Alléluia. (Lc 6, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
Jésus descendit de la montagne avec les Douze
et s’arrêta sur un terrain plat.
Il y avait là un grand nombre de ses disciples,
et une grande multitude de gens
venus de toute la Judée, de Jérusalem,
et du littoral de Tyr et de Sidon.
Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara :
« Heureux, vous les pauvres,
car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant,
car vous serez rassasiés.
Heureux, vous qui pleurez maintenant,
car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent
et vous excluent,
quand ils insultent
et rejettent votre nom comme méprisable,
à cause du Fils de l’homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie,
car alors votre récompense est grande dans le ciel ;
c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches,
car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant,
car vous aurez faim !
Quel malheur pour vous qui riez maintenant,
car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous !
C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour la fête de Sainte Marie, Mère de Dieu, le 1er janvier, le Jour de l'An (Luc 2, 16-21)2022-01-02T04:51:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-Sainte-Marie-Mere-de-Dieu-le-1er-janvier-le-Jour-de-l-An-Luc-2-16-21_a1041.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/60004735-43983796.jpg2021-12-27T18:00:00+01:00Hermann Giguère
Trois mots peuvent résumer ce que j'ai préparé comme homélie ce matin en m'inspirant des textes des lectures, de la fête de Marie, Mère de Dieu qui est célébrée le 1 janvier de chaque année et de la Journée mondiale pour la paix qui prend place elle aussi le 1 janvier : bénédiction, méditation et témoignage.
I- Bénédiction pour tous
En ce premier jour de l'année il convient de regarder en avant et demander la bénédiction du Seigneur sur nous et sur toutes les personnes qui nous sont chères ainsi que sur ceux et celles qui sont sans ressources et démunis.
Dans notre culture québécoise, le Jour de l'An a toujours été consacré aux réunions familiales. Parmi les gens d'un certain âge comme moi qui ne se souvient pas, avec un peu de nostalgie sans doute, des repas chez les grands parents, des promenades en traîneau, des jeux avec les cousins et cousines, de la bénédiction du Jour de l'An etc.?
Aujourd'hui, les choses ont bien changées, mais le Jour de l'An pour nous ici rassemblés à l'église est l'occasion de lever nos yeux vers l'Auteur de tout bien, de reprendre les paroles du vieux cantique traditionnel : "Mon Dieu bénissez la nouvelle année, Rendez heureux nos parents nos amis."
Déjà dans l'Ancien Testament, nos pères dans la foi savaient se tourner vers Dieu et solliciter sa bénédiction avec des mots qui sont parvenus jusqu'à nous et que nous pouvons faire nôtres ce matin. Ils sont empruntés à Aaron le frère de Moïse et rapportés dans le livre des Nombres et je les fais miens : "Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu'il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu'il t'apporte la paix !" (Nombres 6, 22-27).
III- Méditation avec Marie, Mère de Dieu
Une année bénie par Dieu c'est ce que je nous souhaite à toutes et à tous. Pour savoir comment recevoir cette bénédiction, il y a un modèle, c'est celui de la Vierge Marie "bénie entre toutes les femmes" comme le dit l'Ave Maria. La Vierge bénie de Dieu a accueilli dans la foi et la confiance le don du Fils de Dieu dont elle devient la Mère.
C'est cette situation à nulle autre pareille qui a amené le Peuple de Dieu à lui donner le titre de "theotokos" que le concile d'Éphèse a consacré en 431. Le terme grec veut dire "celle qui donne naissance à Dieu". En effet, Marie est devenue Mère de Dieu par l'enfantement de Jésus, Fils de Dieu et, ce qui en résulte c'est qu'elle est et demeure toujours Mère de Dieu. Le cardinal de Bérulle, un grand spirituel du XVIIe siècle, disait de Marie qu'elle est toujours en "état de Mère". Elle l'est pour son fils et par extension pour ses frères et soeurs que nous sommes car sur la croix son fils Jésus en saint Jean nous a confié à elle : "Femme, voilà ton fils" "Voilà ta mère! (Jean 19, 26-27)
L'évangile que nous venons de lire nous montre Marie toute remplie de ce mystère. Elle "retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur". En effet, la beauté de ce rôle de Mère de Dieu ne se crie pas sur les toits, mais il se vit dans le coeur et dans le quotidien. Marie, comme toutes les mères verra à nourrir son enfant, à l'éduquer, à le soutenir, à l'aimer plus que tout. Ce faisant, elle nous montre le visage humain de Dieu qui se fait l'un de nous dans l'incarnation de son Fils.
L'image de la "theotokos", de la Mère de Dieu, a été inspiratrice pour des générations et des générations de chrétiens et elle l'est encore pour nous aujourd'hui. Elle nous révèle la proximité de notre Dieu qui fait alliance avec nous si nous ouvrons la porte comme Marie l'a fait.
Que cette nouvelle année nous trouvent ouverts et disponibles à l'Esprit qui continue de souffler dans nos vies et qui nous inspirera les mots et les gestes à faire.
III- Témoignage pour la paix
Dans la ligne de cette ouverture et de cette disponibilité dont je viens de parler, le témoignage des chrétiens porte avant tout sur la paix dans le monde car l'Église a consacré cette journée à la paix dans le monde et chaque année le pape publie le 1 janvier un message pour la Journée mondiale pour la paix car, voyez-vous, les chrétiens sont dans le monde des témoins de la venue de Jésus qui témoigne de l'amour de Dieu pour l'humanité.
Dans son message pour la 55e Journée mondiale pour la paix du 1 janvier 2022, le pape François propose trois voies pour construire une paix durable. Tout d’abord, le dialogue entre les générations comme base pour la réalisation de projets communs. Deuxièmement, l’éducation en tant que facteur de liberté, de responsabilité et de développement. Enfin, le travail pour une pleine réalisation de la dignité humaine. "Éducation, travail, dialogue entre les générations : des outils pour construire une paix durable" voilà le thème du message du pape François pour cette 55e Journée Mondiale de la Paix qui est célébrée aujourd'hui le 1er janvier 2022.
Comme chrétiens, nous sommes appelés à être des témoins du don de la paix, don de Dieu. À travers les obstacles et les lenteurs, remplis de confiance en Dieu, nous pouvons témoigner que la paix est possible dans le monde, dans nos familles, dans nos relations professionnelles, en nous et autour de nous.
Oui! nous pouvons témoigner que c'est possible parce nous voulons mettre nos efforts personnels pour une recherche sérieuse et vraie de cette paix que le monde ne peut donner mais que Dieu lui-même donne.
Cette paix nous la recevons à chaque Eucharistie lorsque le président nous dit "Que la paix soit avec vous". Et par la suite, le président ou le diacre nous invite à poser un geste d'échange de la paix. On se contente maintenant, à cause de la pandémie, d'un petit geste de la main ou d'un regard, mais quel que soit le geste, lorsque nous le faisons, nous montrons que nous voulons, comme nous y invite le pape François, "construire une paix durable".
Conclusion
Que cette messe aujourd'hui qui nous rassemble dans la foi commune en Jésus, Fils de Dieu et fils de Marie, Mère de Dieu, soit pour nous une ouverture aux surprises de l'Esprit au cours de l'année qui commence. Soyons comme des "portes de miséricorde" qui s'ouvrent à tous ceux et celles qui sont dans le besoin. Et que le Corps du Christ reçu dans la communion soit notre soutien.
Bonne, Heureuse et Sainte année à vous toutes et à vous tous!
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
le 27 décembre 2021
Le titre de Théotokos (du grec Θεοτόκος, « qui a enfanté Dieu »), ou la Mère de Dieu, attribué à la Vierge Marie, apparaît sous la plume d’Alexandre d’Alexandrie en 325, l’année du Premier concile de Nicée, avant celui définitif du concile d'Éphèse(431). Dans l'Église latine, le titre de Mère de Dieu est parfois rendu par deipare [celle qui donne naissance à Dieu] pour éviter toute confusion qui laisserait entendre que Marie précède Dieu et l'engendre.
La fête du 1er janvier qui avant 1974 célébrait la circoncision de Jésus qui l'avait eu comme un bon juif huit jours après sa naissance est devenue sous Paul VI la fête de Marie, Mère de Dieu. Voir l'Exhortation apostolique "Marialis cultus" sur la dévotion mariale du pape Paul VI le 2 février 2074 numéro 5.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Ils invoqueront mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai » (Nb 6, 22-27)
Lecture du livre des Nombres
Le Seigneur parla à Moïse. Il dit :
« Parle à Aaron et à ses fils. Tu leur diras :
Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël :
“Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage,
qu’il te prenne en grâce !
Que le Seigneur tourne vers toi son visage,
qu’il t’apporte la paix !”
Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël,
et moi, je les bénirai. »
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 66 (67), 2-3, 5, 6.8)
R/ Que Dieu nous prenne en grâce
et qu’il nous bénisse ! (Ps 66, 2a)
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que son visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.
Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.
Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ;
qu'ils te rendent grâce tous ensemble !
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !
DEUXIÈME LECTURE
« Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4-7)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
Frères,
lorsqu’est venue la plénitude des temps,
Dieu a envoyé son Fils,
né d’une femme
et soumis à la loi de Moïse,
afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi
et pour que nous soyons adoptés comme fils.
Et voici la preuve que vous êtes des fils :
Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs,
et cet Esprit crie
« Abba ! », c’est-à-dire : Père !
Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils,
et puisque tu es fils, tu es aussi héritier :
c’est l’œuvre de Dieu.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
« Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né. Quand fut arrivé le huitième jour, l’enfant reçut le nom de Jésus » (Lc 2, 16-21)
Alléluia. Alléluia.
À bien des reprises, Dieu, dans le passé,
a parlé à nos pères par les prophètes ;
à la fin, en ces jours où nous sommes,
il nous a parlé par son Fils.
Alléluia. (cf. He 1, 1-2)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem,
et ils découvrirent Marie et Joseph,
avec le nouveau-né
couché dans la mangeoire.
Après avoir vu,
ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé
au sujet de cet enfant.
Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient
de ce que leur racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ;
ils glorifiaient et louaient Dieu
pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu,
selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour,
celui de la circoncision,
l’enfant reçut le nom de Jésus,
le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 15e dimanche du temps ordinaire Année B : « Envoi en mission » 2021-06-28T14:57:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-15e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Envoi-en-mission_a1016.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/56061122-41817777.jpg2021-07-06T18:00:00+02:00Hermann Giguère
Il y a des fois où il est difficile de bien saisir le message de l’évangile le dimanche. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, il me semble. Si nous regardons de plus près ce que Jésus fait aujourd’hui avec les Douze Apôtres, nous pouvons penser que c’est un peu, toute proportion gardée, ce qu’il veut faire avec chacun et chacune de nous.
I – L’envoi en mission
Que fait Jésus avec ses apôtres? Aujourd’hui, il les envoie en mission en leur donnant ses conseils, des conseils qui s’adressent aussi à chaque chrétien qui est, lui aussi, elle aussi, envoyé pour annoncer l’Évangile, la Bonne Nouvelle autour de lui. Les apôtres d'aujourd'hui c'est nous. Dieu compte sur nous pour l’évangélisation du monde, pas seulement sur le pape (qui le fait très bien) pas seulement sur les évêques et les prêtres, mais sur chacune et chacun d’entre nous.
Pourquoi Dieu compte-t-il ainsi sur nous? Eh bien! La réponse se trouve dans la deuxième lecture où saint Paul nous dit que Dieu nous a comblés de sa bénédiction. Il a fait de nous ses enfants. Il nous a choisis. Il nous a prédestinés à être des fils et des filles de Dieu. Nous sommes son peuple. Nous avons en héritage la vie éternelle.
Alors si Dieu nous a beaucoup donné, nous devons donner à notre tour. S'il nous a fait connaître son amour pour nous, nous, nous devons en retour le faire connaitre autour de nous. Dans l’évangile de saint Mathieu Jésus dit dans le Discours sur la montagne « Vous êtes la lumière du monde. On ne met pas une lampe sous le lit, mais sur un chandelier pour qu’elle éclaire toute la maison ». Il ne dit pas seulement « Moi, je suis la lumière du monde » mais « vous, vous êtes la lumière du monde » (Mathieu 5, 14-67).
Hé oui! D’une certaine façon, Dieu a besoin de nous, il compte sur nous pour répandre la Bonne nouvelle.
II – Comment faire pour évangéliser : les conseils de Jésus
Évidemment, la question qui nous vient à l’esprit, tous et toutes, est la suivante : comment faire pour évangéliser, annoncer l’Évangile, la Bonne Nouvelle ?
C’est à cette question que l’évangile d’aujourd’hui répond. Regardons-y de plus près. Qu'est-ce que Jésus donne comme conseils aux Douze (et à nous aussi)? Il dit de ne rien emporter, sinon un bâton, d’aller deux par deux, pas de pièces de monnaie, pas de sandales, pas vêtement de rechange, et si on refuse de les accueillir, d’aller ailleurs.
Ces conseils sont bien adaptés à la vie en Palestine au temps de Jésus il y deux mille ans, mais ils ne sont pas à prendre à la lettre. Au Canada, par exemple, en hiver, il est sûr qu’on ne peut se promener nu-pieds lorsqu'il fait moins 20 °C. Même s’il faut savoir adapter nos manières de faire pour parler de Dieu, il faut se rappeler qu’il y a des choses qui, elles, ne changeront jamais. Il y a en a deux qu’on peut tirer des conseils de Jésus et qui s'appliquent encore à nous aujourd’hui. Au-delà des détails des moyens mis en œuvre, ces deux conseils gardent toujours une actualité certaine.
Premièrement : pour annoncer l’Évangile, il faut se débarrasser de l’accessoire, de ce qui n’est pas important. C’est la simplicité qui compte, car ce qu’on propose ce n’est pas une produit destiné à plaire, c’est Jésus lui-même. Le pape François l’a bien compris lorsqu’il a choisi d’habiter en dehors des appartements des autres papes se contentant d’une petite chambre et d’un bureau à la Maison Sainte-Marthe au Vatican. Ce qu’il faut donc, c’est une richesse d’amour dans le cœur pour nos frères et sœurs. Le reste, l’accessoire : argent, techniques de marketing, publicité, tout cela est utile mais jamais indispensable. Jésus nous a donné l’exemple d’une totale simplicité. Il a vécu pauvrement, il a partagé ce qu'il avait dans le cœur.
En second lieu, Jésus nous dit que le succès de notre évangélisation ne dépend pas de nous uniquement. « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Le résultat de l'évangélisation ne dépend pas de nos efforts uniquement, mais de la grâce de Dieu.
Aujourd’hui on rencontre souvent des insuccès. Autrefois tous étaient chrétiens au Québec : beaux-frères, belles-sœurs, cousins et cousines, amis, relations, voisins. Aujourd’hui beaucoup autour de nous ont tourné le dos à l’Église, à Jésus parfois, et se disent même athées. C’est une souffrance. On refuse de nous accueillir, d’accueillir Jésus. En écoutant Jésus ce matin, nous sommes invités à respecter la liberté des personnes et à continuer avec patience à rendre témoignage. Il ne faut pas se décourager trop vite, et même si les fruits se font attendre, il faut continuer sans se lasser, car nous savons que Jésus nous laisse placer une semence, très petite parfois. Il faut faire confiance à la grâce de l'Esprit qui la fera croître et s’épanouir, car c'est Dieu qui donne la croissance. Saint Paul, un grand évangélisateur comme vous le savez, disait aux chrétiens de Corinthe « Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui donnait la croissance ». ( I Corinthiens 3, 6).
Nous sommes des semeurs et des semeuses. Dieu fait lever la semence quand bon lui semble. Nous y allons avec confiance et avec abandon à sa volonté dans la simplicité en allant à l'essentiel.
Conclusion
Disons en conclusion que le message de l’évangile de ce dimanche est clair : annoncer la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour nous c’est notre mission à tous et à toutes. Nous avons beaucoup reçu, il est normal de donner en retour.
À nous d’y penser plus souvent…et nous trouverons plusieurs occasions de le faire de diverses manières, si nous sommes un peu attentifs : un mot d’encouragement, une réponse à une demande de service, une écoute de son ado, un partage avec des gens dans le besoin, une ouverture à des étrangers etc. Voilà autant de manières de dire l’amour de Dieu autour de nous, d'évangéliser, d'aller en mission et de proclamer la Bonne Nouvelle à laquelle nous croyons.
Que cette Eucharistie, cette messe, nous aide à être toujours de plus en plus, à la suite de Jésus, la lumière monde et le sel de la terre, ne l’oublions pas nous sommes des « semeurs » et des « semeuses ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
6 juillet 2021
Lectures de la messe
Première lecture
« Va, tu seras prophète pour mon peuple » (Am 7, 12-15)
Lecture du livre du prophète Amos
En ces jours-là,
Amazias, prêtre de Béthel, dit au prophète Amos :
« Toi, le voyant, va-t’en d’ici,
fuis au pays de Juda ;
c’est là-bas que tu pourras gagner ta vie
en faisant ton métier de prophète.
Mais ici, à Béthel, arrête de prophétiser ;
car c’est un sanctuaire royal,
un temple du royaume. »
Amos répondit à Amazias :
« Je n’étais pas prophète
ni fils de prophète ;
j’étais bouvier, et je soignais les sycomores.
Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau,
et c’est lui qui m’a dit :
‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël.’ »
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 84 (85), 9ab.10, 11-12, 13-14)
R/ Fais-nous voir, Seigneur, ton amour,
et donne-nous ton salut. (Ps 84, 8)
J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles.
Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.
Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s’embrassent ;
la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.
Le Seigneur donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
La justice marchera devant lui,
et ses pas traceront le chemin.
Deuxième lecture
« Il nous a choisis dans le Christ avant la fondation du monde » (Ep 1,3-14)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
Béni soit Dieu, le Père
de notre Seigneur Jésus Christ !
Il nous a bénis et comblés
des bénédictions de l’Esprit,
au ciel, dans le Christ.
Il nous a choisis, dans le Christ,
avant la fondation du monde,
pour que nous soyons saints, immaculés
devant lui, dans l’amour.
Il nous a prédestinés
à être, pour lui, des fils adoptifs
par Jésus, le Christ.
Ainsi l’a voulu sa bonté,
à la louange de gloire de sa grâce,
la grâce qu’il nous donne
dans le Fils bien-aimé.
En lui, par son sang,
nous avons la rédemption,
le pardon de nos fautes.
C’est la richesse de la grâce
que Dieu a fait déborder jusqu’à nous
en toute sagesse et intelligence.
Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté,
selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ :
pour mener les temps à leur plénitude,
récapituler toutes choses dans le Christ,
celles du ciel et celles de la terre.
En lui, nous sommes devenus
le domaine particulier de Dieu,
nous y avons été prédestinés
selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé :
il a voulu que nous vivions
à la louange de sa gloire,
nous qui avons d’avance espéré dans le Christ.
En lui, vous aussi,
après avoir écouté la parole de vérité,
l’Évangile de votre salut,
et après y avoir cru,
vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint.
Et l’Esprit promis par Dieu
est une première avance sur notre héritage,
en vue de la rédemption que nous obtiendrons,
à la louange de sa gloire.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Il commença à les envoyer » (Mc 6,7-13)
Alléluia. Alléluia.
Que le Père de notre Seigneur Jésus Christ
ouvre à sa lumière les yeux de notre cœur,
pour que nous percevions l’espérance que donne son appel.
Alléluia. (cf. Ep 1, 17-18)
Evangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
Jésus appela les Douze ;
alors il commença à les envoyer en mission deux par deux.
Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,
et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route,
mais seulement un bâton ;
pas de pain, pas de sac,
pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.
« Mettez des sandales,
ne prenez pas de tunique de rechange. »
Il leur disait encore :
« Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison,
restez-y jusqu’à votre départ.
Si, dans une localité,
on refuse de vous accueillir et de vous écouter,
partez et secouez la poussière de vos pieds :
ce sera pour eux un témoignage. »
Ils partirent,
et proclamèrent qu’il fallait se convertir.
Ils expulsaient beaucoup de démons,
faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades,
et les guérissaient.
– Acclamons la Parole de Dieu.
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour la fête de la Toussaint Année A « Une grande nuée de témoins »2022-11-01T18:36:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-fete-de-la-Toussaint-Annee-A-Une-grande-nuee-de-temoins_a975.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/48955066-38234018.jpg2020-10-27T18:00:00+01:00Hermann Giguère
L'évangile de cette fête nous fait relire les Béatitudes en Mathieu 5, 1-12a qui sont le chemin incontournable de la sainteté, la « carte d'identité du chrétien » comme l'a écrit le pape François dans son Exhortation apostolique sur la sainteté intitulée Gaudete et Exultate publiée le 9 avril 2018.
Dans cette Exhortation, le pape François nous invite à considérer « la grande nuée de témoins » qui nous incitent à continuer de marcher vers la sainteté. « Et parmi eux, écrit-il, il peut y avoir notre propre mère, une grand-mère ou d’autres personnes proches (cf. 2 Timothée 1, 5). Peut-être leur vie n’a-t-elle pas toujours été parfaite, mais, malgré des imperfections et des chutes, ils sont allés de l’avant et ils ont plu au Seigneur. » (GE 3) Il les appelle « les saints de la porte d’à côté » ou « la classe moyenne de la sainteté » (GE 7).
I – Le sens de la fête de la Toussaint
Vous le voyez cette fête de la Toussaint qui arrive un dimanche cette année nous permet de nous associer de façon particulière aux saintes et saints connus et inconnus, à l’Église du ciel. Comme membres de l’Église ici-bas, sur terre, qui est le Corps mystique du Christ, nous ne sommes pas isolés. Nous sommes en lien continu et permanent avec nos frères et sœurs dans le Christ, non seulement avec ceux et celles qui sont sur la terre mais avec tous ceux et celles qui nous ont précédés et qui jouissent maintenant de la vie éternelle auprès de Dieu au ciel qu'on appelait autrefois l'Église triomphante.
Cette réalité merveilleuse de la « communion des saints » comme nous le confessons dans le Je crois en Dieu à chaque dimanche est au cœur de notre foi. Le christianisme, à l’inverse de plusieurs religions orientales qui se centrent sur la personne et son bien-être physique et spirituel, le christianisme, dis-je, est une religion de communion. Ce terme est parfois galvaudé et a servi à toutes les sauces, mais pour nous la communion n’est pas seulement le geste de partager le Corps du Christ à la messe. C’est beaucoup plus que cela et c’est des plus stimulants pour nous croyants et croyantes.
En effet, l’Église, Corps mystique du Christ, est d’abord et avant tout un rassemblement de communion dans la même foi et dans les mêmes liens. Comme le dit Saint Paul, il y a une seule foi, un seul baptême. « Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit, écrit-il aux Éphésiens. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. » (Éphésiens 4, 4-6)
La fête de la Toussaint fait lever nos regards vers cette multitude de personnes baptisées de toutes races, de toutes langues, de toutes nations, fils adoptifs et filles adoptives par la grâce divine et participants de la vie trinitaire. Dieu les connaît par leur nom car c’est lui qui les a appelés. Ils sont nos frères et soeurs rendus à la maison du Père et vivants pour Dieu éternellement avec le Christ ressuscité ( cf. Romains 6, 10-11 ).
II – Qui sont les saints et les saintes que nous fêtons à la Toussaint ?
Cette nué de saints et saintes de la Toussaint nous permet de regarder avec joie autour de nous et de voir, en particulier, les traces de Jésus chez des personnes que l’Église nous présente officiellement comme modèles en les canonisant. Le pape saint Jean- Paul II a voulu le manifester en canonisant au cours de ses voyages des personnes de toutes les contrées qu’il visitait comme aux Indes ou en Palestine. Au cours de son pontificat, il a ainsi procédé à plus de 1,300 béatifications et près de 500 canonisations. Hé oui! L’Église, par des gestes officiels reconnaît certaines personnes comme saintes en les proposant à notre vénération. Elle le fait parce qu’ils ont déjà reçu une reconnaissance de leur sainteté de leur vivant comme Marie de l’Incarnation et François de Laval au Québec qui ont été reconnus saints en 2014.
Outre ces saints et saintes canonisés, la fête de la Toussaint nous fait vénérer en bloc, comme le dit si bien le pape François, ceux et celles qu’il appelle les « les saints de la porte d’à côté » ou « la classe moyenne de la sainteté », car pour imiter Jésus il n’est pas nécessaire d’attirer l’attention. Comme le dit si bien le concile Vatican II lorsqu’il décrit l’appel universel à la sainteté dans la Constitution sur l’Église au chapitre cinq qui porte ce titre : « Tous les fidèles du Christ sont donc invités et tenus à chercher et à atteindre la sainteté et la perfection propres à leur état ». C’est dans la vie de tous les jours que les chrétiens arrivent à la sainteté qui est l’imitation de Jésus.
III - Application
Profitons de cette belle fête de la Toussaint pour laisser nos cœurs s’enflammer du même amour que ces saints et saintes, inconnus ou vénérés officiellement, qui nous ont précédés. Il est bon de les célébrer. car en le faisant c’est la richesse de la grâce de Dieu que nous reconnaissons. Elle se manifeste, en effet, sans relâche au cours des âges dans toutes les situations et dans tous les états de vie.
Si les saintes et les saints canonisés sont souvent issus de communautés religieuses, cela ne doit pas nous cacher le fait qu’elles sont très nombreuses les personnes saintes sans nom et qu’elles sont pour nous des modèles aussi bien que les premiers.
Conclusion
Notre célébration ce matin est une belle occasion de vivre la proximité avec tous les saints et saintes et de nous laisser inspirer par Dieu les gestes qui nous permettront de les rejoindre un jour dans la gloire du Père en union avec Jésus Ressuscité.
Bonne fête de la Toussaint!
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
Dès le IVe s. l'Église syrienne consacrait un jour à fêter tous les martyrs dont le nombre était devenu si grand qu'il rendait impossible toute commémoration individuelle. Trois siècles plus tard, dans son effort pour christianiser les traditions païennes, le pape Boniface IV transformait un temple romain dédié à tous les dieux, le Panthéon, en une église consacrée à tous les saints.
La coutume de fêter tous les saints ensemble se répandit en Occident, mais chaque Église locale les fêtait à des dates différentes, jusqu'en 835, où elle fut fixée au 1er novembre. Dans l'Église byzantine, c'est le dimanche après la Pentecôte qui est consacré à la fête de tous les saints.
Trois sujets pour commencer notre nouvelle année. Premièrement : des vœux, deuxièmement : la fête de Marie, Mère de Dieu et troisièmement : la Journée Mondiale de la Paix. Un mot sur chacun de ces sujets.
I - Les vœux pour la nouvelle année
Les vœux que je veux vous faire cette année se modèlent sur la première lecture et je vous dis « Que le Seigneur vous bénisse et vous garde ! Que le Seigneur fasse briller sur vous son visage, qu’il vous prenne en grâce ! ».
Mes vœux se veulent une bénédiction pour vous et tous ceux et celles que vous aimez, pour ceux et celles qui sont ici, pour ceux et celles qui sont loin, pour ceux et celles qui en ont besoin et qui luttent, pour qui la nouvelle année est loin de changer leur situation parfois miséreuse et pour ceux et celles qui sont dans le besoin d’amour ou de ressources matérielles.
Si je mets mes vœux sous le signe de la bénédiction, c’est parce que j’implore sur vous la bénédiction de Dieu. Et qu’est-ce que la bénédiction? La bénédiction est toujours une reconnaissance que c’est Dieu qui est à l’œuvre comme au début du livre de la Genèse dans la création. « Il y eut un soir, il y eut un matin. Et Dieu vit que cela était bon ». La bénédiction c’est du bien qui sort de Dieu et qui rejoint ceux et celles qu’il a créés humains, êtres vivants et êtres inanimés.
Je souhaite que cette année nous rende de plus en plus conscients que ce que nous sommes nous le tenons de Dieu. Ainsi la bénédiction de Dieu nous incite à tout retourner à Dieu dans l’action de grâces. Je suis béni de Dieu et je bénis Dieu. Voilà le coeur de toute bénédiction et celui de mes vœux cette année.
Recevez ma bénédiction car je vous désire de plus en plus près de celui qui est toute bénédiction et je vous désire des hommes et des femmes de louange et d’action de grâces.
Bien sûr les revers ou les moments difficiles ne nous seront pas épargnés mais ils ne pourront avec la bénédiction de Dieu nous enlever la joie de le reconnaitre et de le louer. Bonne et Heureuse Année!
II – La fête de Marie, Mère de Dieu
Dans ce chemin que sera la nouvelle année pour nous, Marie que nous fêtons aujourd’hui sous le titre de Mère de Dieu, sera celle qui nous conduit et nous ramène toujours vers son Fils Jésus.
Saint Bernard (1090-1153) ce grand docteur de l'Église qui était aussi un grand dévot de Marie utilisait une image pour décrire le rôle qui est le sien dans la vie des chrétiens. Il la présentait comme un aqueduc qui est un conduit qui amène l’eau pour les besoins de toutes sortes. Marie, disait-il, est comme un aqueduc. Mère de Dieu, elle porte et donne Jésus, son fils, comme une eau vivifiante qu’elle nous transmet dans toutes les circonstances de notre vie.
Ce rôle de Mère, d’intercession et d’intermédiaire a été bien mis en évidence par saint Jean lors de son récit des noces de Cana (Jean, 2,1-11) où il rapporte ce que Marie dit aux serviteurs qui constatent qu’il n'y a plus de vin : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Et le miracle des urnes remplies de nouveau à pleine capacité de bon vin se produit faisant les invités s’exclamer « On sert d’abord le meilleur vin, mais ici c’est le meilleur qui est pour la fin! ».
Comme un aqueduc, un canal, Marie est pour toute personne baptisée la guide et la lumière qui non seulement nous mène à Jésus, mais elle est aussi, comme Mère de Dieu, celle qui nous donne Jésus. Elle l’a donné une fois à Bethléhem en le mettant au monde, elle continue de le donner à chaque jour à tous ceux et celles qui se confient à elle. Marie a retenu tous les événements entourant la naissance de Jésus de façon spéciale comme le dit l'Évangile et elle les méditait dans son cœur. Elle peut ainsi nous aider à les faire nôtres et à les approfondir sans cesse nous aussi.
A son exemple, méditons les mystères de la vie du Christ (voir l'énumération plus bas) en récitant, si possible à chaque jour, le chapelet ou prenons la résolution de dire au moins quelques « Je vous salue Marie » le soir avant de nous endormir.
III – La Journée Mondiale de la Paix
Le troisième thème de réflexion qui nous est proposé ce matin par le pape est celui de la paix. Comme à chaque année, le pape nous remet une lettre où il nous invite à rechercher par divers moyens que la paix s’instaure de plus en plus dans le monde. Vous comme moi, nous constatons que notre monde en a bien besoin. Les conflits sont monnaie courante dans nos vies, dans nos familles dans nos patries, dans le monde. Mais, ils ne doivent pas prendre le pas sur cette volonté au cœur de toute personne de vivre dans la paix pour pouvoir s’épanouir et se révéler.
Le pape François écrit à l’occasion de cette 52e Journée Mondiale de la Paix, le 1er janvier 2018 : « Il n’y a pas de paix sans confiance mutuelle. Et la confiance a pour première condition le respect de la parole donnée ». Et à partir de là, il développe le thème de cette année qui est : « La bonne politique au service de la paix ».
Même si le thème semble s’adresser uniquement aux personnes qui gouvernent, le pape montre que le service de la paix demande une attitude de dialogue et de respect qui est nécessaire dans toutes les situations et à tous les niveaux politique, social, familial, professionnel. Il cite saint Jean XXIII qui a souvent rappelé la dignité des personnes et il écrit « Nous sommes donc appelés à apporter et à annoncer la paix comme la bonne nouvelle d’un avenir où chaque être vivant sera considéré dans sa dignité et dans ses droits. »
Conclusion
Au début de cette nouvelle année, que la bénédiction du Seigneur descende sur vous et y demeure à jamais et qu’il fasse de vous des gens renouvelés dans leur cœur et dans leur esprit pour sa plus grande gloire.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P. H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
27 décembre 2018
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Lectures de la messe de la fête de Marie, Mère de Dieu
Première lecture
« Ils invoqueront mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai » (Nb 6, 22-27)
Lecture du livre des Nombres
Le Seigneur parla à Moïse. Il dit :
« Parle à Aaron et à ses fils. Tu leur diras :
Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël :
“Que le Seigneur te bénisse et te garde !
Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage,
qu’il te prenne en grâce !
Que le Seigneur tourne vers toi son visage,
qu’il t’apporte la paix !”
Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël,
et moi, je les bénirai. »
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 66 (67), 2b.3, 5abd, 7.8b)
R/ Que Dieu nous prenne en grâce
et qu’il nous bénisse ! (Ps 66, 2)
Que son visage s’illumine pour nous,
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.
Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
sur la terre, tu conduis les nations.
La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que la terre tout entière l’adore !
Deuxième lecture
« Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4-7)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
Frères,
lorsqu’est venue la plénitude des temps,
Dieu a envoyé son Fils,
né d’une femme
et soumis à la loi de Moïse,
afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi
et pour que nous soyons adoptés comme fils.
Et voici la preuve que vous êtes des fils :
Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs,
et cet Esprit crie
« Abba ! », c’est-à-dire : Père !
Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils,
et puisque tu es fils, tu es aussi héritier :
c’est l’œuvre de Dieu.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né. Quand fut arrivé le huitième jour, l’enfant reçut le nom de Jésus » (Lc 2, 16-21)
Alléluia. Alléluia.
À bien des reprises, Dieu, dans le passé,
a parlé à nos pères par les prophètes ;
à la fin, en ces jours où nous sommes,
il nous a parlé par son Fils.
Alléluia. (cf. He 1, 1-2)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem,
et ils découvrirent Marie et Joseph,
avec le nouveau-né
couché dans la mangeoire.
Après avoir vu,
ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé
au sujet de cet enfant.
Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient
de ce que leur racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ;
ils glorifiaient et louaient Dieu
pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu,
selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour,
celui de la circoncision,
l’enfant reçut le nom de Jésus,
le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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Les 20 mystères du Rosaire
Le rosaire en son entier se compose depuis le 16 octobre 2002 : de 20 dizaines de "Je vous Salue Marie" (cf. : Lettre apostolique "Rosarium Virginis Mariae" du Pape Jean-Paul II). Il est coutume de réciter le chapelet qui consiste en cinq dizaines. Chaque dizaine sera dédiée en l'honneur d'un mystère de la vie de Notre Seigneur ou de celle de sa Sainte Mère. Il est recommandé qu'onmédite sur le mystère annoncé, en demandant d'obtenir la grâce du fruit de ce mystère. Les méditations portent sur les mystères joyeux, lumineux, douloureux ou glorieux, et le chapelet de coutume est médité en fonction du jour de la semaine:mystères joyeux les lundi et samedi, lumineux le jeudi, douloureux les mardi et vendredi, et glorieux les mercredi et dimanche.
Pour chaque dizaine:
Annoncer le mystère et méditer sur ce mystère au cours de la récitation de la dizaine.
Mystères Fruit suggéré
Joyeux lundi et samedi
1er: Annonciation de l'Ange à Marie Conformité à la Volonté De Dieu, Humilité
2e: Visitation de Marie à sa cousine Elisabeth Charité, oeuvres de miséricorde temporelle
3e: Naissance de Jésus Joie, paix, détachement des biens matériels
4e: Présentation de Jésus au temple Esprit de sacrifice, obéissance
5e: Recouvrement de Jésus au temple Ferveur, réponse à l'appel de Dieu
Mystères Lumineux jeudi
1er: Le Baptême au Jourdain Miséricorde, mission, vocation
2e: Le début des signes à Cana Intercession de Marie
3e: La prédication Écoute de la parole de Dieu, conversion
4e: La Transfiguration Contemplation, prière, union à Dieu
5e: L'institution de l'Eucharistie Adoration eucharistique et action de grâce
Mystères Douloureux mardi et vendredi
1er: Agonie de Jésus au jardin des oliviers Repentir et résignation à la volonté de Dieu
2e: Flagellation de Jésus Mortification
3e: Couronnement d'épines Courage
4e: Portement de la croix Patience dans les épreuves
5e: Crucifiement et mort de Jésus sur la croix Persévérance et pardonner à ses ennemis
Mystères Glorieux mercredi et dimanche
1er: Résurrection de Jésus Foi
2e: Ascension de Jésus Espérance
3e: Descente du Saint Esprit sur les apôtres Dons du Saint Esprit
4e: Assomption de la Sainte Vierge Marie Bonne mort et union avec Jésus
5e: Couronnement de la Sainte Vierge au ciel Dévotion envers Marie
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Homélie pour le 15e dimanche du temps ordinaire Année B « Envoi en mission »2018-07-10T04:37:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-15e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Envoi-en-mission_a843.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/22137788-24960817.jpg2018-07-10T20:00:00+02:00Hermann Giguère
Il y a des fois où il est difficile de bien saisir le message de l’évangile le dimanche. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, il me semble. Si nous regardons de plus près ce que Jésus fait aujourd’hui avec les Douze Apôtres, nous pouvons penser que c’est un peu, toute proportion gardée, ce qu’il veut faire avec chacun et chacune de nous.
I – L’envoi en mission
Que fait Jésus avec ses apôtres? Aujourd’hui, il les envoie en mission en leur donnant ses conseils, des conseils qui s’adressent aussi à chaque chrétien qui est, lui aussi, elle aussi, envoyé pour annoncer l’Évangile, la Bonne Nouvelle autour de lui. Les apôtres d'aujourd'hui c'est nous. Dieu compte sur nous pour l’évangélisation du monde, pas seulement sur le pape (qui le fait très bien) pas seulement sur les évêques et les prêtres, mais sur chacune et chacun d’entre nous.
Pourquoi Dieu compte-t-il ainsi sur nous? Eh bien! La réponse se trouve dans la deuxième lecture où saint Paul nous dit que Dieu nous a comblés de sa bénédiction. Il a fait de nous ses enfants. Il nous a choisis. Il nous a prédestinés à être des fils et des filles de Dieu. Nous sommes son peuple. Nous avons en héritage la vie éternelle.
Alors si Dieu nous a beaucoup donné, nous devons donner à notre tour. S'il nous a fait connaître son amour pour nous, nous, nous devons en retour le faire connaitre autour de nous. Dans l’évangile de saint Mathieu Jésus dit dans le Discours sur la montagne « Vous êtes la lumière du monde. On ne met pas une lampe sous le lit, mais sur un chandelier pour qu’elle éclaire toute la maison ». Il ne dit pas seulement « Moi, je suis la lumière du monde » mais « vous, vous êtes la lumière du monde » (Mathieu 5, 14-67).
Hé oui! D’une certaine façon, Dieu a besoin de nous, il compte sur nous pour répandre la Bonne nouvelle.
II – Comment faire pour évangéliser : les conseils de Jésus
Évidemment, la question qui nous vient à l’esprit, tous et toutes, est la suivante : comment faire pour évangéliser, annoncer l’Évangile, la Bonne Nouvelle ?
C’est à cette question que l’évangile d’aujourd’hui répond. Regardons-y de plus près. Qu’est-ce que Jésus donne comme conseils aux Douze (et à nous aussi)? Il dit de ne rien emporter, sinon un bâton, d’aller deux par deux, pas de pièces de monnaie, pas de sandales, pas vêtement de rechange, et si on refuse de les accueillir, d’aller ailleurs.
Ces conseils sont bien adaptés à la vie en Palestine au temps de Jésus il y deux mille ans, mais ils ne sont pas à prendre à la lettre. Au Canada, par exemple, en hiver, il est sûr qu’on ne peut se promener nu-pieds lorsqu'il fait moins 20 °C. Même s’il faut savoir adapter nos manières de faire pour parler de Dieu, il faut se rappeler qu’il y a des choses qui, elles, ne changeront jamais. Il y a en a deux qu’on peut tirer des conseils de Jésus et qui s'appliquent encore à nous aujourd’hui. Au-delà des détails des moyens mis en œuvre, ces deux conseils gardent toujours une actualité certaine.
Premièrement : pour annoncer l’Évangile, il faut se débarrasser de l’accessoire, de ce qui n’est pas important. C’est la simplicité qui compte, car ce qu’on propose ce n’est pas une produit destiné à plaire, c’est Jésus lui-même. Le pape François l’a bien compris lorsqu’il a choisi d’habiter en dehors des appartements des autres papes se contentant d’une petite chambre et d’un bureau à la Maison Sainte-Marthe au Vatican. Ce qu’il faut donc, c’est une richesse d’amour dans le cœur pour nos frères et sœurs. Le reste, l’accessoire : argent, techniques de marketing, publicité, tout cela est utile mais jamais indispensable. Jésus nous a donné l’exemple d’une totale simplicité. Il a vécu pauvrement, il a partagé ce qu'il avait dans le cœur.
En second lieu, Jésus nous dit que le succès de notre évangélisation ne dépend pas de nous uniquement. « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Le résultat de l'évangélisation ne tient pas à nos efforts uniquement, mais à l'action de la grâce de Dieu. Aujourd’hui on rencontre souvent des insuccès. Autrefois tous étaient chrétiens au Québec : beaux-frères, belles-sœurs, cousins et cousines, amis, relations, voisins. Aujourd’hui beaucoup autour de nous ont tourné le dos à l’Église, à Jésus parfois, et se disent même athées. C’est une souffrance. On refuse de nous accueillir, d’accueillir Jésus.
En écoutant Jésus ce matin, nous sommes invités à respecter la liberté des personnes et à continuer avec patience à rendre témoignage. Il ne faut pas se décourager trop vite, et même si les fruits se font attendre, il faut continuer sans se lasser, car nous savons que Jésus nous laisse placer une semence, très petite parfois. Il faut faire confiance à la grâce de l'Esprit qui la fera croître et s’épanouir, car c'est Dieu qui donne la croissance. Saint Paul, un grand évangélisateur comme vous le savez, disait aux chrétiens de Corinthe « Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui donnait la croissance ». ( I Corinthiens 3, 6).
Nous sommes des semeurs et des semeuses. Dieu fait lever la semence quand bon lui semble. Nous y allons avec confiance et avec abandon à sa volonté dans la simplicité en allant à l'essentiel.
Conclusion
Disons en conclusion que le message de l’évangile de ce dimanche est clair : annoncer la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour nous c’est notre mission à tous et à toutes. Nous avons beaucoup reçu, il est normal de donner en retour.
À nous d’y penser plus souvent…et nous trouverons plusieurs occasions de le faire de diverses manières, si nous sommes un peu attentifs : un mot d’encouragement, une réponse à une demande de service, une écoute de son ado, un partage avec des gens dans le besoin, une ouverture à des étrangers etc. Voilà autant de manières de dire l’amour de Dieu autour de nous, d'évangéliser, d'aller en mission et de proclamer la Bonne Nouvelle à laquelle nous croyons.
Que cette Eucharistie, cette messe, nous aide à être toujours de plus en plus, à la suite de Jésus, la lumière monde et le sel de la terre.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
10 juillet 2018
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Homélie pour la mémoire de la Dédicace des basiliques de saint Pierre et de saint Paul, apôtres, à Rome Année A « Des pierres nécessaires… »2017-11-18T03:04:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-la-memoire-de-la-Dedicace-des-basiliques-de-saint-Pierre-et-de-saint-Paul-apotres-a-Rome-Annee-A-Des_a812.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/18272558-22505927.jpg2017-11-17T21:02:00+01:00Hermann Giguère
Je me contenterai de commenter le sens de la fête de la Dédicace des basiliques saint Pierre et saint Paul sans commenter directement les textes des lectures. Ce ne sera donc pas une véritable homélie que je vous proposerai, mais un commentaire spirituel inspiré par cette mémoire.
I – Un cas éclairant
Permettez-moi de commencer par un épisode de la vie de saint Augustin juste avant sa conversion que je viens de lire dans ses Confessions. Il y a une phrase qui m’a frappée et qui s’applique très bien, selon moi, à la célébration de la Dédicace de ces deux églises de pierre construites par l'empereur Constantin que saint Augustin a connues.
Saint Augustin raconte que, dans son cheminement immédiat avant de demander le baptême, il a été accompagné par un chrétien laïc du nom de Simplicianus déjà rendu à un âge vénérable, un chrétien qui avait accompagné de nombreux convertis dont le plus célèbre était saint Ambroise, évêque de Milan, où demeurait Augustin à ce moment-là.
Simplicianus, au cours de ses rencontres avec Augustin, lui a parlé d’un autre converti, personnage reconnu pour sa sagesse à Rome dans le monde politique et dans la vie sociale qui s’appelait Victorinus. Conférencier très écouté, il s’est, petit à petit, ouvert au message de l’Évangile de Jésus. Il est devenu chrétien en secret, mais il ne se sentait pas poussé à le dire à l’extérieur de son petit cercle d’amis. Ceux-ci le priaient de rendre public son choix, de se faire baptiser et de faire la profession de foi catholique. « Je suis chrétien, leur répondait-il qu’est-ce que les pierres pourraient ajouter à cela? » « À dire vrai, écrit saint Augustin, il redoutait de désappointer ses amis ».
Victorinus comprend finalement que sa présence à l’église, son baptême et sa profession de foi ne sont pas des réalités secondaires. Elles sont partie prenantes de la foi en Jésus. Car celle-ci ne peut se limiter à un sentiment et à une conviction intérieurs. Elle ne peut demeurer invisible, elle doit se faire visible, se montrer et se faire voir.
II – Des signes de la foi
Les édifices construits par Constantin comme d’ailleurs nos merveilleuses églises au Québec ont joué le même rôle. Aujourd’hui, elles font partie d’un patrimoine mondial dans le cas de saint Pierre de Rome et de saint Paul-hors-les-murs ou d’un patrimoine national comme nos églises québécoises. Nous piochons sur les meilleures façons de conserver et d’entretenir ces édifices de chez nous. C’est une tâche importante, mais elle pourrait s’avérer vaine si nous nous limitons aux pierres.
En effet, comme Victorinus nous avons à rendre visible notre foi et les gestes extérieurs sont là pour ce faire. Si nous laissons plusieurs de nos édifices religieux à un sort muséal, cela ne veut pas dire que les communautés chrétiennes laissent leurs signes d’appartenance au musée. La proclamation extérieure de notre foi dans des signes, des objets, des rites qui nous rassemblent demeurera toujours nécessaire. Vous me direz que vous n’en avez pas besoin comme le faisait Victorinus. Je vous réponds, comme l’écrit saint Augustin, qu’une foi qui se contente de l’intériorité peut être une foi riche mais incomplète.
Jésus nous a invités à proclamer notre foi sur les toits. Ce qui n’est pas à prendre au pied de la lettre, mais à méditer en profondeur pour inventer les façons adaptées à notre culture pour le faire dans la modernité que nous vivons.
III- Les nouvelles basiliques d’aujourd’hui
Nos nouvelles basiliques seront les malades, les aveugles, les personnes marginalisées etc. Je suis là nous dit Jésus en saint Mathieu : « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mathieu 25, 35-36)
Demain c’est Journée pour les pauvres fixée par le pape François dans « Miséricorde et Misera » au 33ème Dimanche du Temps Ordinaire, et qui est donc célébrée cette année le 19 novembre 2017.
Dans son message pour cette journée, le pape conseille de la prolonger durant toute la semaine pour nous préparer à la fête du Christ-Roi : « Je souhaite que les communautés chrétiennes, au cours de la semaine qui précède la Journée Mondiale des Pauvres, qui cette année sera le 19 novembre, 33ème dimanche du Temps Ordinaire, œuvrent pour créer de nombreux moments de rencontre et d’amitié, de solidarité et d’aide concrète. Ils pourront, ensuite, inviter les pauvres et les volontaires à participer ensemble à l’Eucharistie de ce dimanche, en sorte que la célébration de la Solennité de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’univers se révèle encore plus authentique, le dimanche suivant. La royauté du Christ, en effet, émerge dans toute sa signification précisément sur le Golgotha, lorsque l’Innocent cloué sur la croix, pauvre, nu et privé de tout, incarne et révèle la plénitude de l’amour de Dieu. Son abandon complet au Père, tandis qu’il exprime sa pauvreté totale, rend évident la puissance de cet Amour, qui le ressuscite à une vie nouvelle le jour de Pâques. »
Conclusion
Pour la première Journée mondiale des pauvres 4 000 personnes démunies participeront à la messe avec le pape François et 1500 partageront le déjeuner du pape. Un « Centre de soins solidaire » a été également ouvert du lundi 13 au dimanche 19 novembre, sur la Place Pie XII en face de la basilique saint Pierre de Rome Voilà la nouvelle basilique saint Pierre.
Cet événement a été voulu par le pape François, en conclusion du Jubilé de la miséricorde, « afin que toute la communauté chrétienne soit appelée à tendre la main aux pauvres, aux faibles, aux hommes et aux femmes dont la dignité est bafouée » car ils sont le Christ parmi nous et les nouvelle basiliques des temps modernes.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
18 novembre 2017
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« Victimae paschali laudes » : Message de Pâques2022-04-30T03:38:00+02:00https://www.hgiguere.net/Victimae-paschali-laudes-Message-de-Paques_a174.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/884948-1089447.jpg2017-04-16T20:36:00+02:00Webmestre
"Victimæ paschali laudes immolent christiani..."
À la Victime pascale,
chrétiens, offrez le sacrifice de louange.
L'Agneau a racheté les brebis;
le Christ innocent a réconcilié
l'homme pécheur avec le Père.
Les paroles de la Séquence pascale expriment admirablement le mystère qui s'accomplit dans la Pâque du Christ. Elles font apparaître la force rénovatrice qui se dégage de la résurrection. Avec les armes de l'amour, Dieu a vaincu le péché et la mort. Le Fils éternel, qui s'est dépouillé lui-même pour prendre la condition du serviteur obéissant jusqu'à la mort sur la croix (cf. Ph 2, 7-8) , a vaincu le mal à la racine, ouvrant aux cœurs repentants le chemin du retour au Père.Il est la Porte de la Vie qui, à Pâques, triomphe sur les portes de l'enfer. Il est la Porte du salut, grande ouverte pour tous, la porte de la divine miséricorde, qui jette une lumière nouvelle sur l'existence humaine.
Le Christ ressuscité montre des chemins d'espérance, pour que nous y avancions ensemble envers un monde plus juste et plus solidaire, où l'égoïsme aveugle de quelques-uns ne l'emporte pas sur le cri de douleur d'un grand nombre, réduisant des populations entières à des conditions de misère avilissante. Que le message de vie, dont l'ange près de la pierre roulée du sépulcre se fait l'écho, l'emporte sur la dureté des cœurs, conduise au dépassement des barrières injustifiées et favorise une rencontre féconde entres les peuples et entre les cultures.
Que l'image de l'homme nouveau, qui resplendit sur le visage du Christ, pousse tous les hommes à reconnaître la valeur intangible de la vie humaine; qu'elle suscite des réponses appropriées à l'exigence toujours plus profonde de justice et de chances égales dans les différents domaines de la vie sociale; qu'elle engage les individus et les États au plein respect des droits essentiels et authentiques, fondés sur la nature même de l'être humain.
Seigneur Jésus, notre Paix (cf. Ep 2, 14),
Verbe incarné il y a deux mille ans,
qui, en ressuscitant, as vaincu le mal et le péché,
donne à l'humanité du troisième millénaire
une paix juste et durable;
conduis à une bonne issue les dialogues entrepris
par des hommes de bonne volonté qui,
bien qu'au milieu de nombreuses perplexités et de nombreuses difficultés,
entendent mettre fin aux conflits préoccupants en Afrique,
aux combats armés dans certains pays d'Amérique latine,
aux tensions persistantes qui meurtrissent
le Moyen Orient, de vastes zones de l'Asie
et certaines régions d'Europe.
Aide les nations à dépasser les rivalités anciennes et nouvelles,
en rejetant tout sentiment de racisme et de xénophobie.
Puisse la terre entière,
inondée par la splendeur de la résurrection,
se réjouir car "la lumière du Roi éternel
a vaincu les ténèbres du monde" (Annonce pascale).
Oui, le Christ est ressuscité victorieux,
et il a offert à l'homme,
héritier d'Adam dans le péché et dans la mort,
un nouvel héritage de vie et de gloire.
Jean-Paul II (Pâques 2000)
O FILII ET FILIAE
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Joyeuses Pâques !
Regarde !
La pierre du tombeau a basculé
Elle laisse passer le Vivant.
Entre ciel et terre,
Déchirure de lumière
Éclatée en millions d’étincelles.
Joyeuse nouvelle portée au monde
Comme levain, semence et feu.
A la fin du mois de février 2013, le cardinal Jorge Mario Bergoglio avait enregistré un message destiné à être diffusé par la télévision du diocèse de Buenos Aires à l’occasion de la fête de Pâques. C'était juste avant qu'il ne devienne le pape François .Peu après l’annonce de renonciation au pontificat de Benoît XVI, en effet, l’archevêque de la capitale argentine avait demandé aux responsables de la chaîne télévisée du diocèse d’enregistrer son traditionnel message de vœux avant de devoir partir pour l’Italie. Cette très brève vidéo a été difffusée par le quotidien argentin «La Nación».
On y voit le cardinal Bergoglio en clergyman mais sans croix pectorale, ainsi qu’il avait l’habitude de le faire lorsqu’il vivait encore en Argentine. On entend son message en espagnol.
En voici la traduction :
«Nul n’a plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ses amis, affirme-t-il, et Lui (le Christ, ndlr) l’a donnée pour nous. Pour toi. Pour moi. Il l’a reprise et il nous accompagne avec sa vie en plénitude. Laisse-toi accompagner par Lui. Il t’aime. Pâques, c’est Jésus vivant».
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Homélie pour le 25e dimanche du temps ordinaire Année C : « Un choix transparent : du bon usage des biens matériels » (Luc 16, 1-13)2019-04-11T03:37:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-25e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-C-Un-choix-transparent-du-bon-usage-des-biens-materiels-Luc-16-1_a729.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/9490527-15230396.jpg2016-09-13T20:00:00+02:00Hermann Giguère
« Il n'y a qu'un seul Dieu, il n'a qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes. » (I Timothée 2, 5). Cette phrase de la deuxième lecture nous servira de clé de lecture.
C’est avec cette clé de lecture que nous pouvons méditer le texte de l’évangile de saint Luc que nous venons d'entendre.
I - Le parcours de l'Argent trompeur
Dans ce texte, saint Luc aujourd’hui nous livre des recommandations de Jésus qui sont des plus percutantes et même mystifiantes surtout la première où Jésus semble louer les détours malhonnêtes du gérant de la parabole.
Ces recommandations n'y vont pas par quatre chemins et incitent avec force le disciple à la transparence, à mettre ses priorités à la bonne place. L’appel de Jésus est clair et il est radical : « Aucun domestique ne peut servir deux maîtres…vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent ». Les recommandations de Jésus ne veulent pas empêcher les disciples, l’Église, de se donner les moyens de répandre la Bonne Nouvelle, mais elles lui indiquent que c’est en choisissant ce qui dure tout le temps et non en se laissant fasciner par ce qui dure un temps, la « mondanité » dont parle souvent le pape François, que le disciple suit son Maître qui s’est anéanti totalement en se dépouillant de tout et qui s’est livré pour nous.
II - Le chemin de la « mondanité »
« Le chemin de la mondanité, disait le pape François dans une homélie sur le gérant malhonnête, des ennemis de la Croix du Christ est ainsi : il te porte à la corruption! Cela arrive aux personnes qui n’ont de chrétien que le vernis, des chrétiens mondains, des païens recouverts de deux coups de pinceau de christianisme, habitués à la médiocrité ». Ces chrétiens-là, continue le Pape, ont une mentalité mondaine au lieu « d’être des chrétiens des cieux », ils sont attachés à l’argent. Ils ressemblent à ces pharisiens que dénonce Jésus à la fin de l’évangile. (Voir aussi La joie de l’Évangile nos 93-97).
« Non à la mondanité spirituelle », écrit le pape François dans son Exhortation apostolique « La joie de l'Évangile ». Et il continue « La mondanité spirituelle, qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d’amour de l’Église, consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien-être personnel. C’est ce que le Seigneur reprochait aux pharisiens : 'Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez la gloire les uns des autres, et ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ?" (Jn 5, 44). Il s’agit d’une manière subtile de rechercher 'ses propres intérêts, non ceux de Jésus-Christ ' (Ph 2, 21). Elle prend de nombreuses formes, suivant le type de personne et la circonstance dans laquelle elle s’insinue. Du moment qu’elle est liée à la recherche de l’apparence, elle ne s’accompagne pas toujours de péchés publics, et, extérieurement, tout semble correct. Mais si elle envahissait l’Église, 'elle serait infiniment plus désastreuse qu’une quelconque autre mondanité simplement morale '. »
Et le pape de conclure « Celui qui est tombé dans cette mondanité regarde de haut et de loin, il refuse la prophétie des frères, il élimine celui qui lui fait une demande, il fait ressortir continuellement les erreurs des autres et est obsédé par l’apparence. Il a réduit la référence du cœur à l’horizon fermé de son immanence et de ses intérêts et, en conséquence, il n’apprend rien de ses propres péchés et n’est pas authentiquement ouvert au pardon. C’est une terrible corruption sous l’apparence du bien. Il faut l’éviter en mettant l’Église en mouvement de sortie de soi, de mission centrée en Jésus Christ, d’engagement envers les pauvres. Que Dieu nous libère d’une Église mondaine sous des drapés spirituels et pastoraux ! Cette mondanité asphyxiante se guérit en savourant l’air pur du Saint Esprit, qui nous libère de rester centrés sur nous-mêmes, cachés derrière une apparence religieuse vide de Dieu. Ne nous laissons pas voler l’Évangile ! »
III- Application
Nous sommes donc invités aujourd’hui à un examen de conscience comme individus et comme groupes. Quel est notre rapport à l’argent et aux biens matériels? Comment nous préserver de l’esprit de mondanité dénoncé par le pape François? Comment mesurer avec sagesse l’utilisation de ces biens?
Il n’y a pas de réponse toute faite. C’est à nous de prendre les voies concrètes adaptées tout en donnant la priorité aux biens qui ne passent pas plutôt qu’aux choses qui ne durent qu’un temps et qui nous enferment dans une étroitesse et un horizon sans ouverture.
Conclusion
Que cette célébration soit l’occasion de renouveler notre attachement à Jésus Sauveur, le Seigneur de notre vie, le seul médiateur entre Dieu et les hommes, comme le dit saint Paul à Timothée dans la deuxième lecture, et qu’elle nous donne la force d’aller toujours plus loin sur le chemin du dépouillement nécessaire qui nous prépare au dépouillement suprême, celui du passage de ce monde à celui de l’éternité bienheureuse.
C’est ce que dit cette belle prière avec laquelle je termine ce mot : « Dieu, qui peux mettre au cœur de tes fidèles un unique désir, donne à ton peuple d’aimer ce que tu commandes et d’attendre ce que tu promets; pour qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs s’établissent fermement à où se trouvent les vraies joies. ».
C’est la grâce que je vous souhaite de tout cœur.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec
13 septembre 2016
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Méditation pour le Vendredi Saint2023-04-07T19:20:00+02:00https://www.hgiguere.net/Meditation-pour-le-Vendredi-Saint_a177.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/890018-1096149.jpg2016-03-25T06:01:00+01:00Chiara Lubich
Le Vendredi saint, Jésus nous donne, par sa mort, une leçon sublime, divine, héroïque sur l'amour. Il avait tout donné: sa vie auprès de Marie dans la pauvreté et l'obéissance. Trois années de prédication où il a révélé la Vérité, rendu témoignage au Père, promis l'Esprit Saint et fait toutes sortes de miracles d'amour.
Trois heures sur la croix d'où il pardonne à ses bourreaux, ouvre au larron les portes du Paradis, nous donne sa Mère ( lire te texte de l'hymne Stabat Mater) et finalement son Corps et son Sang qu'il nous avait peu avant mystiquement donnés dans l'Eucharistie. Il lui restait sa divinité.
Son union avec le Père, sa très douce et ineffable union avec lui, qui l'avait rendu si puissant sur la terre en tant que Fils de Dieu et si royal sur la croix, ce sentiment de la présence de Dieu devait disparaître de son âme; l'union ne devait plus être ressentie; il devait se sentir désuni en quelque sorte de Celui avec qui il affirmait être un: "Le Père et moi nous sommes un" (Jean 10,30). En lui l'amour était anéanti. La lumière éteinte. La Sagesse se taisait.
Il s'est donc fait rien pour nous faire participer au Tout. Ver de la terre (cf. Psaume 22,7) pour faire de nous des fils de Dieu. Nous étions séparés du Père.
Il était nécessaire que le Fils, en qui nous sommes tous récapitulés, éprouvât la séparation du Père. Il devait expérimenter l'abandon de Dieu pour que nous ne soyons jamais plus abandonnés (lire les textes sur la "Nuit de Mêre Teresa"). Il avait enseigné que personne n'a de plus grand amour que celui qui donne sa vie pour ses amis.
Lui, la Vie, donnait tout de lui-même. C'était le sommet, la plus belle expression de l'amour.
Son visage est caché derrière les multiples souffrances de nos vies qui ne sont rien d'autre que Lui. Oui, parce que Jésus abandonné est l'image du muet: il ne sait plus parler. Il est l'image de l'aveugle: il ne voit pas; du sourd: il n'entend pas. C'est l'homme épuisé qui gémit. Il est au bord du désespoir. Il est l'affamé d'union avec Dieu. C'est l'image du désenchanté, du trahi, on dirait un raté. Il représente le peureux, le timide, le désorienté. Jésus abandonné est ténèbres, mélancolie, contradiction. Il est l'image de tout ce qui est étrange, incompréhensible, de ce qui est à la limite du monstrueux, car c'est un Dieu qui crie: "Au secours!". Il est le solitaire, le délaissé... Il apparaît inutile, exclu, traumatisé...
Nous pouvons donc le reconnaître en chaque frère souffrant. Alors, en approchant ceux qui lui ressemblent, nous pouvons leur parler de Jésus abandonné.
Et pour ceux qui se voient semblables à lui et acceptent de partager son sort, il devient: pour le muet, la parole; pour l'ignorant, la réponse; pour l'aveugle, la lumière; pour le sourd, la voix; pour l'épuisé, le repos; pour le désespéré, l'espérance; pour celui qui est séparé des siens, l'unité; pour l'anxieux, la paix. Grâce à lui, les personnes se transforment et le non-sens de la souffrance acquiert un sens. Il avait crié sa question à laquelle nul n'avait répondu, afin que nous ayons une réponse à chacune de nos questions. Le problème de la vie humaine est la souffrance. Quelle que soit sa forme, aussi terrible soit-elle, nous savons que Jésus l'a prise sur lui et transforme, par une alchimie divine, la souffrance en amour. Je peux dire par expérience que dès que nous accueillons avec joie une souffrance, pour être comme lui, puis nous continuons à aimer en faisant la volonté de Dieu, la douleur, si elle est spirituelle, disparaît, et si elle est physique, son joug devient plus léger.
Notre amour pur, au contact de la souffrance, la transforme en amour; d'une certaine façon, il la divinise, comme si se poursuivait en nous si l'on peut s'exprimer ainsi la divinisation que Jésus a faite de la souffrance. Et, après chaque rencontre avec Jésus abandonné aimé ou accepté, je trouve Dieu de façon nouvelle, dans un rapport plus intime, plus ouvert, dans une unité plus pleine.
La lumière et la joie resplendissent à nouveau; et avec la joie, la paix qui est le fruit de l'Esprit. La lumière, la joie, la paix particulières, qui émanent de ceux qui étreignent la souffrance, frappent même les personnes les plus difficiles et les désarment. Cloués sur la croix, nous devenons mères et pères d'âmes. Son effet est donc une grande fécondité. Comme l'écrit Olivier Clément: "Et l'abîme un instant ouvert s'emplit du grand Souffle de la résurrection".
Les manques d'unité disparaissent, les déchirures sont recousues, la fraternité universelle resplendit, on assiste à des miracles de résurrection, un nouveau printemps naît dans l'Église et dans l'humanité.
Chirara Lubich
En complément de ces mots de Chiara Lubich, voici les mots du pape François lors de l'Ostension du Saint Suaire le 30 mars 2013 Samedi saint, de 17h15 à 18h40, en la cathédrale de Turin. On a exposé de façon exceptionnelle le Saint Suaire. Cette initiative a lieu dans le cadre de l’Année de la foi proclamée par le Pape Benoît XVI. Cette ostension a été retransmise par la RAI en mondiovision. "Se laisser regarder" par l'Homme du suaire de Turin, c'est ce que recommandait le pape François à cette occasion. "Laissons-nous donc rejoindre par ce regard, qui ne cherche pas nos yeux mais notre coeur", a dit le pape François.
NOTE le 9 avril 2020 : Le Saint-Suaire sort de l'ombre pour Pâques pendant la période de crise sasnitaire causée par la maladie du coronavirus COVID-19. Une ostension extraordinaire du linceul qui aurait recouvert le Christ aura lieu pendant la semaine pascale, très perturbée à cause de la crise sanitaire. ... L'événement aura lieu au moment des fêtes de Pâques, soit du jeudi 9 au dimanche 12 avril
Lien pour l'ostentation virtuelle : Samedi saint prochain, 11 avril, à 17h, Mgr Nosiglia animera un temps de prière et de contemplation du linceul depuis la cathédrale de Turin, en direct à la télévision, sur Internet et les réseaux sociaux. Dans le monde francophone, émission spéciale en français sur KTO https://www.ktotv.com/video/00329986/2020-04-11-direct-3-semaine-sainte
Message du pape François à l'issue de la vénération
Chers frères et soeurs,
Je me place, moi aussi avec vous devant le Saint Suaire, et je remercie le Seigneur qui nous offre cette possibilité avec les moyens d’aujourd’hui.
Même si cela se fait sous cette forme, il ne s’agit pas d’une simple observation, mais d’une vénération, c’est un regard de prière. Je dirais davantage : c’est un se laisser regarder. Ce Visage a les yeux clos, c’est le visage d’un défunt, et pourtant mystérieusement il nous regarde, et dans le silence il nous parle.
Comment est-ce possible ? Comment se fait-il que le peuple fidèle, comme vous, veuille s’arrêter devant cette Icône d’un Homme flagellé et crucifié ? Parce que l’Homme du Suaire nous invite à contempler Jésus de Nazareth. Cette image – imprimée dans la toile – parle à notre coeur et nous pousse à gravir le Mont du Calvaire, à regarder le bois de la croix, à nous immerger dans le silence éloquent de l’amour.
Laissons-nous donc rejoindre par ce regard, qui ne cherche pas nos yeux mais notre coeur.
Écoutons ce qu’il veut nous dire, dans le silence, en passant au-delà de la mort même. À travers le Saint Suaire nous parvient la Parole unique et ultime de Dieu : l’Amour fait homme, incarné dans notre histoire ; l’Amour miséricordieux de Dieu qui a pris sur lui tout le mal du monde pour nous libérer de sa domination.
Ce Visage défiguré ressemble à tant de visages d’hommes et de femmes blessés par une vie qui ne respecte pas leur dignité, par des guerres et des violences qui frappent les plus faibles. Pourtant le Visage du Suaire communique une grande paix ; ce Corps torturé exprime une souveraine majesté.
C’est comme s’il laissait transparaître une énergie contenue mais puissante, c’est comme s’il nous disait : aies confiance, ne perd pas l’espérance ; la force de l’amour de Dieu, la force du Ressuscité vainc tout.
Pour cela, contemplant l’Homme du Suaire, je fais mienne, en ce moment, la prière que saint François d’Assise prononça devant le Crucifié :
Dieu Très-Haut et glorieux,
viens éclairer les ténèbres de mon coeur ;
donne-moi une foi droite, une espérance solide et une parfaite charité ;
donne-moi de sentir et de connaître, Seigneur,
afin que je puisse l’accomplir, ta volonté sainte qui ne saurait m’égarer. Amen.
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Homélie pour le 5e dimanche du Carême Année C : « La femme adultère : la personne d'abord » (Jean 8, 1-11)2016-03-20T04:08:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-5e-dimanche-du-Careme-Annee-C-La-femme-adultere-la-personne-d-abord-Jean-8-1-11_a699.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8967361-14226830.jpg2016-03-08T15:15:00+01:00Hermann Giguère
Accueillir la nouveauté du don que Dieu nous fait de sa miséricorde pour les personnes quelles qu'elles soient, peu importe leurs erreurs, leurs fautes, leurs péchés. Voilà en une phrase le fil qui relie merveilleusement les trois lectures de l’Écriture que nous venons d’entendre.
Bien sûr, l’extrait de l’évangile de saint Jean qui raconte l’épisode de la femme adultère est un texte qui nous frappe droit au coeur, mais il ne doit pas être séparé des deux autres lectures qui nous permettent de le mieux saisir et comprendre.
Commençons par ces deux lectures qui permettent d’éclairer avec bonheur l’épisode de la femme adultère.
I- La lecture d’Isaïe et celle de saint Paul
Dans la première lecture, le prophète Isaïe proclame la nouveauté continuelle de l’action de Dieu: « Ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas? ».
Voilà où doit se porter notre attention comme chrétien croyant : regarder en avant avec confiance. Saint Paul l'avait bien compris. Aux aux chrétiens de la ville de Philippes qu’il aimait bien, il confie qu’il a été saisi par le Christ et qu’il est comme un athlète qui compétitionne sans jamais regarder en arrière, mais tendu vers en avant poursuivant sa course à la suite de Jésus, enflammé d’un amour tenace et sans cesse en action.
Cet exemple de saint Paul illustre que, pour nous aussi. le chemin qui est le nôtre à la suite du Christ n’est jamais terminé et il ne peut se mesurer à partir de nos péchés, de nos fautes, de nos échecs, mais à partir du regard de Dieu sur chacun de nous, sur la personne d'abord et non sur ses péchés.
C’est ici que l’épisode de la femme adultère apporte une lumière bienvenue et nous éclaire sur l’ampleur et la richesse du regard de Dieu sur nous.
II- La scène de la femme adultère
Revoyons cette scène.
D’un côté, les pharisiens défenseurs des règles et des valeurs de leur religion, des gens sincères et fidèles aux obligations de leur loi. De l’autre côté, une femme qui a chuté et a commis une erreur qu’ils jugent irréparable et qui attend d'être lapidée.
Entre les deux, Jésus qui se trouve comme assis entre deux chaises. S’il ne condamne pas cette femme adultère, il méprise les commandements de Dieu. S’il le fait, il manque à cette miséricorde de Dieu dont il est le messager.
Jésus surprend tout le monde en se situant en dehors de ce dilemme, en le dépassant d’une façon qui est pour nous un enseignement précieux : "Dieu ne regarde pas seulement les actes, mais il regarde les personnes". Sur cette pauvre femme écrasée devant ses accusateurs, Jésus porte un regard qui manifeste que la miséricorde de Dieu n’a pas de limites. Elle dépasse les fautes, les erreurs et voit le cœur des personnes.
Jésus rappelle à la femme cette bonté de Dieu qui ne condamne personne. « Personne ne t’a condamnée?» « Personne, Seigneur. » « Moi non plus je ne te condamnerai pas. » Est-ce à dire que Jésus favorise le péché? Loin de là, car il poursuit en invitant la femme à se laisser habiter désormais par la grâce de Dieu qu’elle a retrouvée. « Va et ne pèche plus! ». Jésus condamne le péché, mais pas le pécheur.
III- L’actualité du message
C’est le message que le pape François a donné dans cette fameuse phrase sur l’avion à son retour des Journées mondiales de Rio le 29 juillet 2013 lorsqu’il a dit en réponse à une question d’un journaliste sur les homosexuels « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? »
Dieu regarde avec amour chacun et chacune de nous. Il ne l’écrase pas, il lui tend toujours la main. Il l’invite à regarder en avant car il peut faire toutes choses nouvelles. L’espérance de devenir meilleur n’est pas un leurre. Elle est le moteur de toute notre vie chrétienne. Nous pouvons, malgré nos fautes, regarder en avant comme saint Paul et accueillir la nouveauté de la miséricorde de Dieu qui peut faire passer « des routes dans le désert, des fleuves dans les terres arides » comme dit le prophète Isaïe dans la première lecture.
À chacun et à chacune de nous, Dieu dit, comme le fait Jésus à la femme adultère, « Va et ne pèche plus ».
Conclusion
Au début de notre célébration eucharistique, nous nous sommes reconnus comme pécheurs dans l’Acte pénitentiel. Pécheurs nous le sommes, mais pécheurs aimés de Dieu qui regarde les cœurs de ses enfants. Que cette messe soit pour nous un moment intense de communion avec Jésus qui, toujours vivant, continue d’intercéder pour nous auprès de Dieu notre père dans la gloire du ciel que je nous souhaite à tous et à toutes.
Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
8 mars 2016
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Homélie pour le 3e dimanche du Carême Année C : « Bêcher sans se décourager » (Luc 13, 1-9)2019-02-25T04:31:00+01:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-3e-dimanche-du-Careme-Annee-C-Becher-sans-se-decourager-Luc-13-1-9_a695.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8892298-14089191.jpg2016-02-23T22:40:00+01:00Hermann Giguère
Je me suis demandé comme vous le faites probablement vous-mêmes pourquoi la liturgie aujourd’hui nous présente l’épisode célèbre et fondateur du Buisson ardent qui a marqué toute l’histoire de Moïse d’une lumière incomparable en parallèle avec trois scènes de la vie courante au temps de Jésus : deux accidents et un vigneron mal pris avec un arbre qui se meurt.
En me rappelant que nous sommes toujours en Carême sur la route de Pâques avec Jésus, j’ai compris que ces textes viennent soutenir nos efforts de conversion en nous donnant l’heure juste et l'élan pour continuer notre chemin sans nous décourager.
I – Le Buisson ardent
La première lecture nous raconte un épisode célèbre de la vie de Moïse : celui du Buisson ardent comme on l'appelle habituellement. L’expérience de Moïse est inattendue. Elle survient dans les circonstances de la vie quotidienne de Moïse qui garde le troupeau de son beau-père. La visite de l’Ange du Seigneur lui permet de s’arrêter pour découvrir la présence de Dieu lui-même dans ce Buisson qui ne brûle pas, une présence où Dieu se révèle dans son mystère : « Yahvé » qui veut dire en français « Je-suis-celui-qui-suis ».
Cette révélation se double pour Moïse d’une mission à laquelle désormais il ne pourra échapper. Il est chargé d’œuvrer à la libération de son peuple asservi et devenu esclave en Égypte. Et nous le savons, Moïse réussira cette tâche incroyable.
Mais comment la réussira-t-il? En s'appuyant sur son expérience du Buisson ardent qui est celle d’un feu qui ne s’éteint pas. Au cœur de Moïse s’est allumée alors une flamme d’amour qui brûle sans se consumer. L’histoire de la libération du peuple hébreu : traversée de la Mer Rouge, marche dans le désert, révoltes et abandons etc. c'est celle de la mission que Dieu lui a donnée : conduire le peuple hébreu dans la Terre promise qu'il ne connaîtra pas lui-même, mais qu'il verra de loin. Moïse vivra cette mission sans se décourager en s'appuyant sur la présence de son Dieu, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Il est un modèle de persévérance dans la foi.
Notre temps de carême est un temps de marche au désert à l’image de celle du peuple hébreu. Ne laissons pas le découragement et la lassitude prendre le dessus. Au contraire, que l'exemple de Moïse nous inspire. Revenons à ce feu qui a brûlé nos cœurs un jour comme ce fut le cas pour Moïse. Les récriminations, comme le dit saint Paul aux chrétiens de Corinthe dans la deuxième lecture, entraînent loin de Dieu. Laissons la grâce de Dieu faire son travail de transformation en nous, car sa puissance est à l’œuvre aujourd’hui comme hier.
II – Les avertissements de Jésus
Cependant, il faut toujours se rappeler que, si la puissance et la grâce de Dieu peuvent tout, Dieu ne veut pas nous sauver sans nous. Il nous revient de mettre en application ce que dit le vigneron à son maître dans l'évangile : « Bêcher, bêcher sans se lasser ». Saint Ignace de Loyola disait que, dans la vie chrétienne, il faut faire comme si tout dépendait de nous en sachant que tout dépend de Dieu.
Si nous sommes sincères dans nos efforts de conversion pendant le Carême, nous profiterons de ce moment pour nous mettre à une forme d’entraînement spirituel par une fidélité plus grande dans la prière, le partage et le jeûne sous diverses formes. C’est le but des œuvres de miséricordes corporelles et spirituelles que le pape François ne cesse de nous proposer en ce Carême au cœur du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde. Bêcher ne donne pas la croissance, mais l’arbre dont on ne s’occupe pas peut se rabougrir au point de mourir. Il en est ainsi dans notre rencontre avec Dieu. Si les efforts ne sont pas là, nous devenons alors comme un figuier qui dépérit et meurt. « La foi sans les oeuvres est une foi morte » dit la lettre de l'apôtre saint Jacques (Jacques 2, 26) .
Et il y a une certaine urgence d'agir, ce que Jésus rappelle fortement en relevant les deux accidents qui se sont produits à Jérusalem lors de son passage dans la ville : les Galiléens massacrés par le procurateur romain, Pilate, qu’on retrouvera plus tard au procès de Jésus et les 18 personnes tuées par la chute de la tour de Siloé. Ses paroles sont mêmes un peu dures : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux ».
Cette invitation pressante n’a pas comme but de nous forcer la main, mais elle souligne que c’est notre liberté qui est en cause. Personne ne peut décider à notre place d’ouvrir la porte à la visite de Dieu qui se produira bien souvent de façon inattendue comme il est arrivé à Moïse.
III – Aujourd’hui, Dieu passe
C’est le message à retenir, je pense, de ces textes de la liturgie du 3e dimanche du Carême de cette année : l’ouverture aux surprises de Dieu dans nos vies en y allant patiemment, en bêchant sans nous décourager. Dieu se manifestera au bon moment soyons-en sûrs.
Bêcher, c'est s'arrêter un peu de temps à autre pour faire le point et pour prier dans le secret comme on nous y invitait lors du Mercredi des Cendres ?
Rendu au milieu de notre carême, nous pouvons regarder en arrière et nous décourager peut-être, mais il est beaucoup plus utile de regarder en avant et d’aller avec confiance à la suite de Jésus.
Avec lui nous nous laissons entrer dans le plan de Dieu sur nous et sur toute l’humanité qu’il veut de plus en plus belle, généreuse et ouverte. En effet, Dieu a envoyé son Fils Unique pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance (Jean 10, 10). Les revers, les difficultés rencontrées n’auront jamais le dessus sur cet volonté salvifique de Dieu qui nous aime tous et toutes comme ses enfants bien-aimés sur qui il répand avec abondance son amour miséricordieux. La plus grande tentation serait celle de la résignation qu'a dénoncée le pape François dans une très belle homélie au Mexique. Voir le texte à la fin.
Conclusion
Que cette Eucharistie, nous trouvent attentifs comme Moïse aux paroles et aux inspirations que l’Esprit Saint met dans notre cœur. Et ainsi nous arriverons à Pâques avec des cœurs nouveaux et des esprits nouveaux. C’est la grâce que je vous souhaite à tous et à toutes. Amen!
Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l’Université Laval
Séminaire de Québec
24 février 2016
Du pape François à la Messe avec les prêtres, les consacrés et les séminaristes à Morelia (Mexique) le 16 février 2016
Le pape se demande quelle tentation pouvons-nous avoir face à notre monde qui semble devenir un système inamovible et sans âme et il répond : « Je crois que nous pourrions la résumer en un seul mot: résignation. Et face à cette réalité, l'une des armes préférées du démon, la résignation, peut nous tenter. Et que pouvons-nous y faire? La vie est ainsi. Une résignation qui nous paralyse et nous empêche non seulement de marcher, mais aussi de faire du chemin; une résignation qui non seulement nous effraie, mais qui nous fait aussi nous retrancher dans nos sacristies et dans nos sécurités apparentes; une résignation qui non seulement nous empêche d'annoncer, mais qui nous empêche aussi de louer, nous retire l'allégresse, la joie de louer. Une résignation qui non seulement nous empêche de prévoir, mais qui nous empêche aussi de prendre des risques et de transformer. Par conséquent, Notre Père, ne nous laisse succomber à la tentation. Qu'il nous fait du bien de recourir, dans les moments de tentation, à notre mémoire! Comme cela nous aide de regarder l'étoffe dont nous sommes faits. Tout n'a pas commencé avec nous, tout ne finira pas non plus avec nous, c'est pourquoi cela nous fait du bien de récupérer l'histoire qui nous a conduits jusqu'ici! »
« Et dans ce souvenir, nous ne pouvons pas passer sous silence une personne qui tant aimé cet endroit, qui s'est fait fils de cette terre. Une personne qui a su dire d'elle-même: Ils m'ont arraché à la magistrature et ils m'ont placé au timon du sacerdoce à cause de mes péchés. Moi, inutile et entièrement inapte pour l'exécution d'une si grande entreprise; moi, qui ne savais pas manier la pagaie, ils m'ont fait premier évêque de Michoacán ».
« Avec vous, je voudrais faire mémoire de cet évangélisateur, connu également comme Tata Vasco, comme l'espagnol qui s'est fait indien. La réalité que vivaient les indiens Purhépecha décrits par lui comme vendus, harcelés et errants dans les marchés, recueillant les miettes jetées au sol, loin de le conduire à la tentation et à la paresse de la résignation, a stimulé sa foi, a stimulé sa vie, a stimulé sa compassion et l'a incité à réaliser divers projets qui ont donné du souffle face à cette réalité si paralysante et injuste ».
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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"Le Séminaire de Québec, une Église verte?" SME-Info Vol. 42 n. 4, décembre 2015 2015-12-09T23:02:00+01:00https://www.hgiguere.net/Le-Seminaire-de-Quebec-une-Eglise-verte-SME-Info-Vol-42-n-4-decembre-2015_a681.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8637656-13624516.jpg2015-12-09T22:49:00+01:00Hermann Giguère
Bulletin SME-Info du Séminaire de Québec du 1 décembre 2015
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net
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Homélie pour le 27e dimanche du temps ordinaire Année B (Marc 10, 2-12) : « L'amour est notre mission »2018-05-04T03:14:00+02:00https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-27e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Marc-10-2-12-L-amour-est-notre-mission_a665.htmlhttps://www.hgiguere.net/photo/art/imagette/8321465-13032550.jpg2015-09-30T03:16:00+02:00Hermann Giguère
Dans le sillage de la VIIIe Rencontre internationale des familles qui s'est terminée à Philadelphie dimanche dernier 27 septembre 2015, les textes des lectures d'aujourd'hui nous permettent de nous en approprier le thème qui était "L'amour est notre mission : la famille pleinement vivante". Sans l'amour du couple, homme et femme, la famille est un vain mot, elle s'étiole et perd sa vie. En effet, au coeur du couple, homme et femme, c'est l'amour qui explique tout, qui vivifie tout, qui s'épanouit.
Regardons ensemble le parcours de l'amour dans le couple et la famille.
I - La source
Commençons par en chercher la source. Et c'est le pape François qui nous guidera vers elle.
Pour répondre à cette question, le pape François dans son intervention improvisée à la Veillée de prière le samedi soir à Philadelphie a raconté l'épisode suivant de sa vie. Un jour, dit-il, un enfant me demande à brûle-pourpoint après une catéchèse sur la création : qu'est-ce que faisait Dieu avant de créer le monde? J'ai été surpris de la question, continue le pape, puis j'ai réfléchi rapidement et la réponse m'est venue. Je vous la donne.
Avant de créer le monde, ai-je dit alors à mon jeune interlocuteur, Dieu vivait l'amour. Le Père aimait le Fils, le Fils aimait le Père et tous les deux aimaient l'Esprit Saint qui à son tour les aimait. Dieu est un foyer d'amour et cet amour, il n'a pas voulu le garder seulement pour lui, c'est pourquoi, il a créé le monde qui est un reflet de son amour. Toute la création est à son image et en particulier les êtres humains qu'il a créés à sa ressemblance et qui peuvent voir et reconnaître ce qu'il a fait, qui peuvent, s'ils le veulent, entrer dans ce grand mouvement d'amour.
Ainsi pour répondre à notre question, la source de notre mission d'amour est dans l'amour de Dieu au sein de la Trinité qui n'arrête jamais de se répandre dans le monde. Pour assurer cette épanchement d'amour continuel, Dieu a créé comme le dit le texte de la Genèse que nous venons de lire l'homme et la femme pour qu'ils ne fassent qu'un dans une seule chair: "Tous deux ne feront plus qu'un." Ce mystère de l'union de l'homme et de la femme est celui du mariage dont parle Jésus dans l'évangile.
II - Le défi
Unis dans une seule chair par le mariage, les époux reflètent sur la terre l'amour qu'il y a en Dieu, dans la Trinité. Cela ne va pas sans tensions ni sans échecs. Ainsi, dans l'Évangile Jésus accueille la question des ses auditeurs qui font état de ces échecs possibles que Moïse dans l'Ancien Testament avaient reconnus en ouvrant la porte à une forme de divorce.
Jésus tout en sachant que la vie dans le mariage est un incroyable défi ne se laisse pas démonter et il préfère regarder la puissance de l'amour que Dieu met dans le coeur des époux. Ceux-ci pour Jésus ne bâtissent pas leur relation en milieu fermé. Ils entrent dans un mouvement d'amour qui les dépasse et ainsi, malgré leurs limites, ils peuvent envisager avec confiance le défi de vivre cette union dans une seule chair en prenant modèle, comme le dira saint Paul plus tard, sur le Christ et l'Église qui ne sont qu'un et dont l'amour est le ciment. En effet, le Christ a tellement aimé l'Église qu'il a donné sa vie pour elle, dira saint Paul (Éphésiens 5, 25).
Il reste que le défi est un défi qui n'est pas affronté une fois pour toutes. C'est un défi quotidien. On a l'habitude de dire que l'on ne se marie pas seulement le jour de l'échange des consentements, mais qu'on se marie à chaque jour. Toute journée devrait se terminer dans une union renouvelée pour les époux et s'il y a eu quelques heurts, il ne faut jamais s'endormir avant de s'être réconciliés. C'est là un énorme défi qui s'ajoute aux autres, mais avec la grâce du sacrement de mariage tout est possible.
III- La récompense
Le chemin du mariage chrétien ne serait pas possible sans la grâce du sacrement de mariage comme nous venons de la dire, mais aussi sans la bénédiction du Seigneur à travers la famille qui se crée autour des époux. Ceux-ci, la plupart du temps, deviennent parents. Leur amour fleurit dans des êtres qu'ils reçoivent de Dieu et qu'ils aiment d'un amour à nul autre pareil dans une "famille pleinement vivante". Ainsi cette grand-maman qui écrivait dans son journal à la fin de sa longue vie : "J'ai tellement aimé mes enfants. Cela a été mon plus grand bonheur....La tendresse et l'amour sont comme une eau qui court. Plus on donne, plus il en vient. "
En effet, l'amour des parents pour leurs enfants continue sur la terre l'amour de Dieu où il prend sa source. Il ne peut se réduire à aucun autre amour, Il unit tout ce que Dieu donne, tout ce que les époux partagent et tout ce qu'ils sont. Il est le mouvement même du don qui ne se referme pas sur soi mais qui, comme l'amour de Dieu, devient créateur. Quelle belle mission! Oui, peuvent dire les couples chrétiens et les familles chrétiennes "l'amour est notre mission".
Comme nous y invite la scène finale du texte de l'évangile qui a été lu tout à l'heure : "Laissez venir à vous les petits enfants" comme le fait Jésus. Ils sont des modèles d'abandon et d'accueil. Leur petitesse les rend fragiles et dépendants, mais en même temps ouverts et confiants. Ils sont la récompense des couples chrétiens qui les reçoivent comme un cadeau précieux, signes de l'amour de Dieu qui "court et se donne" dans jamais retourner en arrière.
Conclusion
Que cette Eucharistie dans le sillage de la Rencontre internationale des familles à Philadelphie et dans la perspective de la deuxième étape du Synode sur la famille dont le pape François a fait l'ouverture solennelle à Saint-Pierre de Rome ce matin soit pour nous un moment fort d'amour et d'abandon confiant à l'amour de la Trinité, Père, Fils et Esprit qui continue de se répandre dans toutes les créatures et particulièrement dans les couples et les familles qui en sont des signes visibles dans notre monde d'aujourd'hui.
Que le Pain de vie partagé soit le soutien et la nourriture de vos couples et de vos familles !
Amen!
Mgr Hermann Giguère
Séminaire de Québec
30 septembre 2015
Tiré du site internet Carrefour Kairos, site internet d'Hermann Giguère www.hgiguere.net