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Aux séminaristes lors du 49e Congrès eucharistique international à Québec: 'Quod isti et istae, cur non ego?' Les saints et saintes, bienheureux et bienheureuses, des modèles?

Mot du Supérieur général du Séminaire de Québec, Monseigneur Hermann Giguère, à l’occasion des Agapes Fraternelles des séminaristes participants au 49e Congrès eucharistique international à Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, le 18 juin 2008 qui ont réuni environ 220 séminaristes. La prière des Vêpres a été présidée par Monsieur le cardinal Juan Sandoval Iñiguez, archevêque de Quadalajara au Mexique.



Le supérieur général du Séminaire de Québec
Le supérieur général du Séminaire de Québec
Monsieur le cardinal,
Chers séminaristes,

Lorsque j’étais séminariste, j’adorais la lecture de la vie des saints. Déjà avant d’entrer au Grand Séminaire, j’avais lu la vie de Charles de Foucauld, de Guy de Larigaudie, de Dominique Savio, de Pier-Giorgio Frassati, de Stanislas Kostka, de Louis de Gonzague sans oublier celle des martyrs ougandais en Afrique ou des martyrs de Nagasaki au Japon.

Au Grand Séminaire, j’ai rencontré la Grande et la Petite Thérèse, puis Jean de la Croix, François d’Assise, le Curé d’Ars et bien d’autres encore. Dans mon enthousiasme, je reprenais à mon compte le cri d’Ignace de Loyola en lisant la Vie des Saints pendant sa convalescence « Quod isti et istae cur non ego ? » En vous racontant ces souvenirs aujourd’hui, l’homme que je suis maintenant ne peut éviter de se s'interroger sur le sens qu'il donnait aux mots de cette phrase célèbre.

Une première traduction de ce cri nous place sur le terrain de la compétition : « Ce qu’eux ont fait, pourquoi ne le ferais-je pas, moi aussi ? ». Ce terrain pour stimulant qu’il soit - saint Paul ne nous invite-t-il pas à imiter les athlètes qui courent dans le stade et qui tiennent bon jusqu'à la fin de la course (1 Co 10, 24-26) – n’est pas celui qui m'interpellait le plus.

Je constate à plusieurs années de distance que, si j’ai été inspiré toute ma vie par ce cri, c’est que je le comprenais d’une façon différente. En paraphrasant le texte, ma traduction devient : «Ce qu’ils ont fait, tu n’as pas à le refaire, mais pourquoi, toi aussi, ne pas aller au bout de ton engagement comme eux l’ont fait. »

Je crois que c’est ce message que laissaient toutes ces lectures de vies de saints. Imiter François d’Assise, le Curé d’Ars et tant d'autres saints, oui, mais sans vouloir les « cloner », si vous me permettez l’expression, sans bouloir les "singer" ou les reproduire matériellement. Imiter, oui, mais en plongeant au cœur du mystère de la réponse d’amour d’un être qui se laisse habiter totalement par Celui qui nous aime d’un amour tel qu’il nous donne son Fils et fait de nous ses frères et ses amis.

Les saints et les bienheureux de nos contrées et de nos pays ne disent pas autre chose. Pour nous, à Québec, le premier évêque du diocèse qui couvrait alors toute l’Amérique du Nord, sauf le Mexique, le bienheureux François de Laval (1623-1708), est une figure de pasteur extraordinaire qui continue de nous inspirer aujourd’hui. Nous sommes renversés par l’audace de cet évêque missionnaire. Il s’impose de visiter son vaste diocèse à pied, en canot et l’hiver en raquettes sur la neige. Il s’oppose aux commerçants et aux gouverneurs pour défendre les droits et la dignité des amérindiens à qui on donne de l'alcool en échange de leurs fourrures pour les revendre ensuite en faisant d'immenses profits.

Son corps est dans cette basilique-cathédrale. Mort à 85 ans, il a passé 50 ans de sa vie au service des gens d’ici. C’est lui qui a réuni son clergé en une société apostolique de prêtres qui existe encore : la Société des prêtres du Séminaire de Québec et qui est chargée de la formation des futurs prêtres jusqu'à aujourd'hui. Son esprit de détachement lui a fait donner tous ses biens à sa communauté dans laquelle il voulait que tous se regardent comme frères, sans faire aucune distinction de personne. Son idéal, hérité de Monsieur Jean de Bernières à Caen où il avait passé quatre ans comme jeune prêtre, était celui des Actes des Apôtres : une communauté où le partage et le soutien fraternels tiennent une si grande place. Le pape Jean-Paul II l’a proclamé bienheureux le 22 juin 1980.

En cette année 2008, notre communauté des prêtres du Séminaire de Québec, issue de François de Laval, commémore le 300e anniversaire de sa mort et le 350e de son ordination épiscopale à Paris, le 8 décembre 1658. Cette année est pour nous, pour l’Église et pour la société tout entière, une occasion de revisiter cette grande figure de l’histoire du Québec et du Canada.

J’ai été fort heureux de vous présenter sommairement notre fondateur et premier évêque de Québec, mais surtout d'avoir pu vous partager l’élan apostolique et pastoral qui m’anime encore aujourd’hui, cet élan, dis-je, que la fréquentation des saints et des saintes m’inspirent sans cesse.

En terminant, laissez-moi vous lire quelques-uns des conseils que le bienheureux François de Laval donnait à deux jeunes prêtres missionnaires allant sur les bords du Lac Ontario pour hiverner avec les amérindiens en 1668 :

“Qu’ils se persuadent bien qu'étant envoyés pour travailler à la conversion des infidèles, ils ont l'emploi le plus important qui soit dans l'Église; ce qui les doit obliger, pour se rendre dignes instruments de Dieu, à se perfectionner dans toutes les vertus.”

“Qu’ils se souviennent que la semence de la Parole de Dieu affert fructum in patientia (porte du fruit dans la patience). Ceux qui n'ont pas cette patience sont en danger, après avoir jeté beaucoup de feu au commencement, de perdre enfin courage et de quitter l'entreprise.

“Les talents qui font les bons missionnaires, sont:

- Être rempli de l'esprit de Dieu. Cet esprit doit animer nos paroles et nos coeurs. Ex abundantia cordis os loquitur (La bouche parle de l’abondance du cœur ).

- Avoir une grande prudence pour le choix et l'ordre des choses qu’il faut faire.

- …se faire aimer par sa douceur, sa patience et sa charité et se gagner les esprits et les coeurs pour les gagner à Dieu; souvent une parole d'aigreur, une impatience, un visage rebutant, détruiront en un moment ce que l’on avait fait en un long temps."

Et le dernier conseil et non le moindre: “ Il faut un visage joyeux”.

Les séminaristes présents au 49e Congrès eucharistique international de Québec réunis à la Cathédrale
Les séminaristes présents au 49e Congrès eucharistique international de Québec réunis à la Cathédrale
Oui, avoir un visage joyeux car le Christ est ressuscité, Il est vivant. Comme disait Notre Saint Père le Pape BenoÎt XVI à des pélerins de Turin, le 2 juin dernier: “N’ayez pas peur de vous en remettre au Christ: Lui seul peut satisfaire les attentes les plus profondes de l’âme humaine. Qu’aucune difficulté, qu’aucun obstacle ne ralentisse votre amour de son Évangile.”

Merci!
Laudetur Jesus Christus!

Mgr Hermann Giguère, P.H..
Supérieur général du Séminaire de Québec
Le 18 juin 2008


Mercredi 18 Juin 2008
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