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Pour le 350e : quelques documents sur la fondation du Séminaire de Québec le 26 mars 1663



Corridor du pavillon Jean-Olivier-Briand du Séminaire de Québec au 1, rue des Remparts (Résidence des prêtres et Grand Séminaire) emprunté autrefois par les écoliers du Petit Séminaire
Corridor du pavillon Jean-Olivier-Briand du Séminaire de Québec au 1, rue des Remparts (Résidence des prêtres et Grand Séminaire) emprunté autrefois par les écoliers du Petit Séminaire
Voici quelques textes intéressants sur la fondation du Séminaire de Québec par le bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec le 26 mars 1663:

- une homélie de Mgr Maurice Couture lors de la célébration eucharistique à l'occasion de l'Anniversaire de la fondation du Séminaire de Québec célébré le 25 mars 2009

- un discours du chanoine Louis-Joseph Lépine lors du 325e anniversaire de fondation du Séminaire de Québec en 1988

- un article de Noël Baillargeon, historien du Séminaire de Québec (voir plus loin)

- un texte du Père Campeau S.J., historien de la Nouvelle-France (voir plus loin)

- un texte de Mgr Hermann Giguère P.H., supérieur général du Séminaire de Québec (voir plus loin)





Article de l'abbé Noël Baillargeon, historien du Séminaire de Québec

«325 ans d’histoire : le Séminaire de Québec (1663-1988)» Noël Baillargeon
Cap-aux-Diamants : la revue d'histoire du Québec, vol. 4, n° 1, 1988, p. 13-16.


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Texte de l’article

Le fondateur du Séminaire, François de Laval, débarqua à Québec en qualité de vicaire apostolique sous le titre de Pétrée, le 15 juin 1659. À cette époque, la majorité de la population de la colonie, soit environ 1 800 sur quelque 2 500 habitants, se concentrait dans la région de Québec. La ville elle-même comptait près de 500 personnes. Le premier évêque de la Nouvelle-France comprit vite qu'à moins d'être assurés d'y passer leur vie, bien peu de prêtres de France consentiraient à venir au Canada. S'il voulait recruter des pasteurs pour son Église, c'est sur place qu'il lui faudrait les trouver.

L’oeuvre de François de Laval

Mgr de Laval rédige l'acte de fondation du Séminaire de Québec à Paris le 26 mars 1663. Le mois suivant, des lettres patentes émises par Louis XIV confirment l'existence de l'institution. D'après le mandement de son fondateur, il ressort que le Séminaire de Québec constitue une communauté de prêtres séculiers destinés à lui servir de clergé diocésain. Cette communauté est gouvernée par un conseil composé d'au moins quatre officiers ou directeurs: un supérieur, deux assistants et un procureur. Les directeurs et les membres se voient assigner trois tâches déterminées: l'éducation des jeunes gens en vue du sacerdoce; la formation du chapitre de la cathédrale; la desserte des paroisses. Toutes les paroisses et les dîmes sont unies au Séminaire qui se charge en retour de pourvoir à la subsistance des desservants, tant en santé qu'en maladie, et de contribuer à la construction des églises.

De retour au Canada, François de Laval entreprend la réalisation de son projet. Il commence, en 1664, par ériger canoniquement la paroisse Notre-Dame de Québec, il l'associe au Séminaire et lui donne pour curé le supérieur Henri de Bemières. Afin de ménager à son oeuvre naissante de puissants appuis en France et d'en tirer au besoin des sujets de valeur, il l'unit en 1665 au Séminaire des Missions-Étrangères de Paris, fondé aussi en 1663 et dont les directeurs étaient des amis de longue date. Le Séminaire de Québec adopte dès lors le monogramme S.M.E. de la maison parisienne et l'on prend l'habitude de le désigner sous le nom de Séminaire des Missions Étrangères établi à Québec.

Mgr de Laval se soucie aussi de doter son séminaire en achetant la vaste seigneurie de Beaupré et, à Québec même, en 1666, le fief Sault-au-Matelot de Guillemette Hébert, fille du premier colon canadien Louis Hébert et veuve de Guillaume Couillard.

C'est sur le sommet de ce domaine, face au fleuve, que le fondateur fera construire de 1675 à 1681 les deux grands corps de logis qui abriteront non seulement la communauté des prêtres et les grands séminaristes, mais aussi les élèves du Petit Séminaire. Ce second séminaire, Mgr de Laval a accepté de l'ouvrir, le 9 octobre 1668, afin de répondre au désir de Louis XIV et de son ministre Colbert de franciser de jeunes autochtones en les éduquant à la manière des Français. Les treize premiers écoliers, dont six Hurons, sont logés dans une vieille maison située sur la propriété acquise de Guillemette Hébert. Quatre des Français deviennent prêtres, mais aucun des Hurons ne persévère. Dix ans après l'érection du diocèse de Québec par le pape Clément X, le 6 novembre 1684, Mgr de Laval fonde le chapitre complétant ainsi le dernier article de son programme. L'Église canadienne comprend alors vingt-cinq paroisses ou districts paroissiaux. À l'exception de l'île de Montréal, domaine des Sulpiciens, toutes les régions sont desservies par les prêtres du Séminaire de Québec. On compte vingt missionnaires: onze Français et neuf Canadiens. En dehors de Québec et de Trois-Rivières, sept paroisses, Beauport, l'Ange-Gardien, Château-Richer, Sainte-Anne-de-Beaupré, Saint-Joachim, Sainte-Famille dans l'Ile d'Orléans et Lauzon, possèdent une église de pierre. Les autres n'ont que des chapelles de bois couvertes de chaume. Aucun presbytère n'existe encore de sorte que les desservants logent chez l'habitant; le Séminaire constitue leur unique refuge et soutien.

À Québec même, le Petit Séminaire compte une trentaine d'élèves sous la direction de l'abbé Louis Ango des Maizerets que François de Laval a ramené avec lui en 1663- Le taux de persévérance est faible et les grands séminaristes ne dépassent guère 5 ou 6. Grands et petits fréquentent le Collège des Jésuites situé tout près, sur l'emplacement occupé aujourd'hui par l'Hôtel de ville. Les petits séminaristes se distinguent des autres écoliers par le port d'un capot de drap bleu orné de nervures blanches. Les directeurs du Séminaire et leur fondateur se préoccupent en outre de l'éducation des enfants de la campagne. Ils ont établi deux écoles élémentaires de garçons en 1674, l'une à Château-Richer et l'autre à Saint-Joachim où l'on enseigne également les rudiments de l'agriculture et divers métiers. Cette dernière école dite «des Arts et Métiers» est en plein essor en 1684. Plus tard, en 1695, Mgr de Laval et le Séminaire font construire un couvent pour les filles à Château-Richer et en confient la direction aux religieuses de la Congrégation de Notre-Dame.

Sous la gouverne du nouvel évêque

Depuis plusieurs années, les travaux et les voyages incessants minent la santé du premier évêque de Québec. En 1685, croyant sa fin pro¬chaine, Mgr de Laval se rend en France remettre sa démission au roi. Louis XIV lui désigne l'abbé Jean-Baptiste de la Croix de Chevrières de Saint-Vallier comme successeur. Après avoir reconnu les mérites de son prédécesseur, le nouvel évêque décide néanmoins de gouverner son Église sur le même pied que les diocèses de France. Le règlement qu'il obtint du roi en 1692 stipule que tous les membres du clergé diocésain relèvent uniquement de l'évêque qui les emploiera de la manière qu'il jugera à propos. L'union des paroisses au Séminaire de Québec est supprimée. Une seule, la cure de Notre-Dame de Québec, échappe à la règle et demeure au Séminaire. Pour le reste, le rôle de ce dernier se réduit à la formation des candidats au sacerdoce. L'union au Séminaire des Missions-Étrangères est cependant maintenue et, à l'avenir, c'est de Paris que les directeurs de Québec seront informés de leur nomination. Ils peuvent s'associer des sujets avec le consentement du prélat qui se réserve le droit de les reprendre à son service le cas échéant. Une ordonnance royale de 1713 interdit à tous les prêtres du Séminaire de Québec de faire partie du chapitre de la cathédrale.

Dans un document daté de 1713, les directeurs indiquent les fins poursuivies par leu r institut conformément aux voeux de son fondateur. «Ce Séminaire, déclarent-ils, a été institué principalement pour avancer le royaume de Dieu dans l'établissement et le progrès de la religion, soit parmi les Français de la colonie, soit parmi les Sauvages et infidèles du Canada». En raison de son association avec le Séminaire de Paris, celui de Québec se considérait tenu de participer aux entreprises missionnaires. En 1698, Mgr de Laval et ses collaborateurs reçoivent de Mgr de Saint-Vallier l'autorisation de fonder des missions en Acadie et même dans la Vallée du Mississippi. Jusqu'en 1735, le Séminaire entretient à ses frais plusieurs missionnaires français et canadiens en Nouvelle-Ecosse et à l'Ile Royale. En Louisiane, après des tentatives infructueuses auprès de peuplades diverses, le Séminaire conserve la seule mission de la Sainte-Famille des Tamarois située en face de l'actuelle ville de Saint-Louis, Missouri. Au prix de lourds sacrifices, il maintient jusqu'à la Conquête cet établissement auquel s'est ajouté un petit village appelé Cahokia, fondé par des voyageurs et des trafiquants de fourrure canadiens.

Une mission en évolution

La cession du Canada à l'Angleterre oblige le Séminaire de Québec à s'adapter aux circonstances. Son premier geste a été en 1764 d'offrir l'hospitalité à l'évêque alors dépourvu de logis et sans moyens de subsister. À deux exceptions près, Mgr Jean-Olivier Briand et ses successeurs profitent de la générosité du Séminaire jusqu'à la construction du palais episcopal en 1847.

Les relations avec la France n'étant plus possibles, les directeurs .se sont résignés à rompre des liens avec le Séminaire des Missions-Étrangères de Pa ris. En 1765, pour suppléer à la fermeture du Collège des Jésuites et à la demande de Mgr Briand le Petit Séminaire ouvre ses portes à tous les jeunes gens désireux et capables de faire des études. Enfin, le 20 août 1768, l'évêque donne son approbation à de nouvelles constitutions. Le Séminaire est désormais une corporation soumise à l'autorité diocésaine. Le supérieur est désigné par ses confrères du conseil et son élection doit être confirmée par l'évêque. Les 31 mars et 1er avril précédents, le Séminaire renonçait à la cure de Notre-Dame et il n'était plus question pour lui de se charger à l'avenir de quelque paroisse ou mission que ce soit. Former des jeunes gens à l'état ecclésiastique ou, du moins, «les élever à lapiété chrétienne et dans l'étude des humanités», voilà quels sont «les emploispropres et uniques du Séminaire de Québec», déclarent les statuts de 1768.

Petit à petit, grâce à d’éminents éducateurs tels Antoine-Bernardin Robert à la fin du dix-huitième siècle et, surtout, au siècle suivant, avec Jérôme Demers et Jean Holmes, le Séminaire de Québec met au point un cours d'études comparable à celui des meilleurs collèges d'Europe et des États-Unis qui lui vaut une grande renommée. En 1850, il compte 14 prêtres, 22 ecclésiastiques et 378 élèves répartis en dix classes. Le corps professoral, en plus des prêtres et des grands séminaristes, comprend 5 laïcs qui se partagent l'enseignement de l'anglais, du dessin et de la musique vocale et instrumentale. Le Séminaire possède en outre trois bibliothèques, dont l'une de 12 000 volumes à l'usage des professeurs, un laboratoire de physique et de chimie pourvu d'instruments modernes et la plus belle collection de minéraux au Canada. En 1852, cédant aux instances de l'épiscopat, le supérieur Louis-Jacques Casault et ses collègues du conseil consentent à fonder une université, la première de langue française en Amérique, à laquelle ils donnent le nom de Laval. Le Sémina ire de Québec soutient cette entreprise pendant plus d'un siècle, au détriment de son oeuvre principale, l'éducation classique des garçons et la formation théologique des aspirants au sacerdoce.

Le Séminaire aujourd'hui

Le Séminaire de Québec n'a pas été sans subir les contrecoups des changements qui ont transformé la société québécoise depuis un quart de siècle. Dès 1966, ses dirigeants ont eu la sagesse de comprendre qu'ils ne pouvaient plus répondre adéquatement aux besoins de l'Université Laval. Ils lui ont accordé son autonomie qu'une loi de l'Assemblée nationale a sanctionnée en 1970. Par la suite, devant la diminution constante du nombre de ses membres et l'insuffisance de ses ressources financières, le Séminaire en a conclu qu'il devait aussi se retirer totalement de l'enseignement secondaire et collégial. En conséquence, une autre loi du Parlement du Québec a fait du Petit Séminaire une corporation autonome le 30 juin 1987. Comme dans le cas de l'abandon de l'Université Laval, la séparation s'est opérée dans un climat de bonne entente, de compréhension et d'estime mutuelles. Du reste, une vingtaine de prêtres continuent de collaborer avec leurs collègues laïcs en qualité d'administrateurs, d'animateurs de pastorale et de professeurs. En outre, pour lui faciliter la tâche, la corporation créée par la loi de 1987 a été autorisée à retenir pour les dix prochaines années l'appellation de Petit Séminaire de Québec. •


Document téléchargé le 8 Novembre 2010 1:39

CAP-AUX-DIAMANTS, Vol 4, no 1. Printemps 1988











Texte du Père Lucien Campeau S.J., historien de la Nouvelle-France

Extraits d'une interview de la revue Caps-aux-Diamants par Yves Beauregard avec le Père Lucien Campeau S.J. spécialiste de l'histoire de la Nouvelle-France

Yves Beauregard, "François de Laval, un bâtisseur. Entrevue avec Lucien Campeau s.j." dans François de Laval, premier évêque de Québec, Revue Cap-aux-Diamants, numéro hors série printemps 1993 pp. 10-15


C.A.D.: Quand M"' de Laval instaure son Église en Nouvelle-France, il adapte ou adopte un modèle?

L.C.: Il n'a pas l'intention de créer des institutions ou une Église différentes de celles d'un diocèse de France. Mais il évitera, autant que possible, les défauts qu'il reconnaît dans l'Église française et dont celle-ci est en train de se débarrasser ou aimerait corriger à ce moment-là. La plus grande idée de M"' de Laval, c'est la création du Séminaire. Le Séminaire, on voit cela aujourd'hui comme une école, mais dans l'esprit de son créateur, c'est une communauté du clergé, c'est-à-dire des prêtres diocésains. Évidemment, les jésuites restent en dehors de cela; ils resteront toutefois en étroite union avec le clergé de M"' de Laval. Il est très important pour lui d'avoir une communauté du clergé dans un pays qui n'est pas encore en état de soutenir ses pasteurs.

C.A.D.: M"' de Laval va-t-il jouer un rôle important dans la formation académique de ses futurs prêtres?

L.C.: La façon dont M"' de Laval va influer sur le collège des jésuites de Québec est très marquée. Quand il arrive, le cours du collège de Québec ne dépasse pas la rhétorique, c'est-à-dire qu'on n'y fait pas encore de philosophie, encore moins de théologie. Et alors, tout de suite, il prend un des rhétoriciens et il en fait son premier clerc, c'est Germain Morin.

C.A.D.: Qui va devenir le premier prêtre de naissance canadienne, je pense...
L.C.: C'était un saint homme.

C.A.D.: Donc le Séminaire qu'il crée va devenir le pivot central de sa nouvelle Église.
L.C.: S'il l'a créé si puissant, c'est que le Séminaire devait prendre la responsabilité du clergé. Le vrai curé des paroisses canadiennes devait être le Séminaire; ainsi les revenus des dîmes, revenus propres du clergé, devaient revenir au Séminaire. Il se chargeait de la subsistance des curés, et c'était avantageux à l'époque, parce que la population ne pouvait pas soutenir les curés. C'était une période de défrichement et de pauvreté. Alors le Séminaire, bénéficiant des aumônes qu'il pouvait obtenir en France, suppléait ce que la colonie ne pouvait pas faire.

C.A.D.: L'État a-t-elle apporté son aide?

L.C.: Non, parce que justement l'Église avait sa responsabilité propre et elle l'a conservée en différents domaines, dont l'hospitalisation et l'enseignement, ainsi que la charité et le domaine social, tout le domaine social. L'Église recevait des dotations particulières. Ainsi, la duchesse d’Aiguillon, avec sa fortune personnelle, avait doté l'Hôtel- Dieu. Madame de la Peltrie a fondé les ursulines. Mais ces fondations étaient insuffisantes.

C.A.D.: Et les seigneuries données aux communautés?

L.C.: C'était la Compagnie des Cent Associés à l'époque qui donnait les seigneuries et non pas le roi, parce qu'il avait tout donné à la Compagnie. Remarquez qu'une seigneurie, à l'origine, c'est une dépense. Il fallait investir et le revenu ne pouvait être touché qu'au bout d'un nombre d'années assez considérable, trente ou quarante ans.

C.A.D.: Mg, de Laval a utilisé ses revenus personnels provenant de France pour acheter des seigneuries. Il assurait ainsi à son Séminaire une véritable pérennité. Est-ce qu'on peut parler de talents d'administrateur, de clairvoyance?

L.C.: Oui, sûrement. Il a très bien organisé son Eglise et son centre, le cœur: le Séminaire. Il a acheté Beaupré; il n'en n'avait pas tellement les moyens, mais il l'a acheté, ainsi que l'Île d'Orléans. C'est pour ça qu'il a su si fortement doter son Séminaire. Il voulait qu'un jour celui-ci possède les revenus suffisants pour assumer ses responsabilités. Il voulait même l'institutionnaliser de telle sorte que les évêques eux-mêmes ne pourraient pas le défaire.







Texte de Mgr Hermann Giguère P.H., supérieur général du Séminaire de Québec

Extrait de « Un évêque missionnaire du XVIIe siècle : François de Laval, premier évêque de Québec » conférence de Mgr Hermann Giguère, P.H., Supérieur général du Séminaire de Québec et professeur à l’Université Laval, le 16 mars 2010.

SALA CONFERENZE DEI MUSEI VATICANI pour le colloque “Omaggio a due figure chiave della presenza missionaria cristiana a Québec : Marie de l’Incarnation e François de Laval » à l’occasion du 40e anniversaire des relations diplomatiques entre le Canada et le Saint-Siège organisé par le Délégation du Québec à Rome et l’Ambassade du Canada près le Saint-Siège

Voici une façon de présenter la fondation du Séminaire (qui rejoint celle de Campeau) :


2.3 Les conseils de la congrégation « De Propaganda fide » aux vicaires apostoliques

Une autre influence me semble devoir aussi être prise en compte : c’est celle de la vision liée à l’envoi d’évêques « in partibus infidelium » par la Congrégation « De Propaganda fide ». Cette vision a pris une forme précise dans la fameuse Instruction pour les vicaires apostoliques en partance vers l’Asie que le pape Alexandre VII signait en 1659.

Arrêtons-nous un moment sur ce texte. François de Laval, avec ses amis du Séminaire des Missions-Étrangères de Paris, l’a sûrement lu et relu plusieurs fois. Même si l’Instruction vise expressément l’Asie, elle peut s’appliquer aussi en Nouvelle-France où le contexte est similaire : assurer à une Église naissante les structures et les moyens de durer. En Asie, le défi est celui de l’adaptation à des cultures anciennes et millénaires ; en Nouvelle-France c’est celui de la rencontre avec l’autre à travers les nations autochtones et celui du projet d’une nouvelle Église inspirée des Actes des apôtres.

Dans la seconde partie de l’Instruction, la Congrégation énonce trois règles importantes à suivre en pays de mission. Nous allons voir comment François de Laval s’en est inspiré et les a mises en pratique en Nouvelle-France.

La première règle est celle de s'adapter aux mœurs et coutumes du pays. En effet l’Instruction invite au respect des cultures, comme le dit si bien l’extrait suivant que j’ai lu avec joie sur le site internet du Musée missionnaire-ethnologique dans la présentation du secteur « Synthèse missionnaire » : « N'est-il pas en effet absurde de vouloir transplanter en Chine la France, l'Espagne, l'Italie ou tout autre pays d'Europe ? Ce n'est pas ceci que vous devez introduire, mais la foi, qui ne repousse ni lèse les rites et les habitudes d'aucun peuple, à condition que ces rites et habitudes ne soient pas mauvais».

François de Laval retrouve dans cette Instruction ce dont il a fait l’expérience dans ses contacts avec les missionnaires jésuites de la Nouvelle-France. Il poursuivra dans cette voie, tant dans les missions comme telles que dans les paroisses, la mise sur pied d’une Église adaptée aux conditions où vivait la population de Nouvelle-France: climat, distances, insécurité etc.

La deuxième règle proposée par l’Instruction était de créer un clergé autochtone aussi nombreux et aussi bien formé que possible. C’est une tâche que la Congrégation juge prioritaire pour les vicaires apostoliques parce que la formation d’un clergé sur place aboutira à terme et avec prudence à la constitution d’un Église locale distincte de celles de l’Europe. C’est peut-être cette partie de l’Instruction qui a le plus inspiré la créativité de François de Laval. Comme le souhaitait la Congrégation, François de Laval ne ménagera pas ses énergies et ses ressources financières pour donner à l’Église de Nouvelle-France les moyens de naître et de s’établir fermement sur un modèle différent de celui de la France.

Pour concrétiser cet objectif, il réunit en 1663 ses prêtres dans une société apostolique sur le modèle du Séminaire des Missions-Étrangères de Paris ( le Séminaire de Québec ) qui devient en 1665 le Séminaire des Missions-Étrangères établi à Québec par son union à celui de Paris.

Le Séminaire de François de Laval apparaît comme la structure de base nécessaire à la constitution d’une Église locale où le Séminaire servira de clergé à cette nouvelle Église comme il est écrit dans l
’Acte de fondation. Celui-ci sera aussi un lieu d’où on puisse tirer des sujets pour répondre aux besoins du vicariat apostolique qui sera élevé au rang de diocèse en 1674. En 1665, François de Laval ordonnera le premier prêtre canadien : Germain Morin. Tous les prêtres devront, selon le souhait de François de Laval, se considérer comme des missionnaires dans les agglomérations où ils vont rendre service. Leur point d’attache sera le Séminaire où ils pourront toujours revenir pour se ressourcer et repartir où les attendent de nouvelles tâches pastorales.

Enfin, la troisième règle proposée par l’Instruction enjoignant les vicaires apostoliques de toujours garder un lien avec Rome et de ne prendre aucune décision importante sans en référer avec les autorités romaines a été scrupuleusement respectée par François de Laval. Le nombre de lettres envoyées au pape et à la congrégation « De Propaganda fide » est impressionnant : cinquante-deux lettres de 1659 à 1685.

Est-il possible d’aller plus loin dans l’exploration des sources qui ont inspiré l’action missionnaire de François de Laval ? Sans doute, mais je préfère consacrer le temps qu’il nous reste à regarder les réalisations sur le terrain de cet évêque missionnaire du XVIIe siècle que fut François de Laval.

Lundi 20 Juin 2011
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