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Grand-Maman vient de mourir. Mort et résurrection. Les disciples d'Emmaüs (Lc 24,13-35).


Rédigé le Mardi 21 Janvier 2014 à 20:27 | Lu 4373 fois | 1 commentaire(s)


Homélie pour les funérailles de Grand-Maman, village de St-Flavien, 18 janvier 2014.


Grand-Maman vient de mourir. Mort et résurrection. Les disciples d'Emmaüs (Lc 24,13-35).
Depuis hier, plusieurs d’entre nous ont passé du temps au salon funéraire et entre autres, on a jasé. Au début de l’Évangile qu’on vient d’entendre (Lc 24,13-35), il y a justement du monde qui jase. Comme ils sont en train de jaser, un inconnu arrive et s’offre pour aller marcher avec eux. Il leur dit : «De quoi est-ce que vous êtes en train de jaser ?» Si vous permettez, je vais répondre à sa question. 

Samedi passé, c’était le party du jour de l’an des Laroche. Ils ont fait ça le 11 janvier. La parenté était réunie dans une salle, ici, à St-Flavien. Ils ont passé une belle veillée. Mais il est arrivé quelque chose que personne n’a vu venir. C’était leur dernier repas et leur dernière veillée avec Bibiane. Ça ressemblait à ce que les apôtres ont vécu le jeudi saint quand ils ont eu leur dernier repas et leur dernière veillée avec Jésus sans savoir qu’il allait mourir le lendemain. Chez les Laroche, Grand-Maman était là avec toute sa famille. Ils ont parlé avec elle, ils se sont souhaité la bonne année, elle les a bénis, elle a joué aux cartes. Après ça, elle est allée se coucher, heureuse d’avoir vu tout son monde.  Le lendemain matin, Léon téléphone pour dire : «Ça va mal. M’man est partie. Ils l’ont trouvé morte dans sa chambre.» Depuis une semaine, la nouvelle se répand. On s'offre nos condoléances. On prépare les funérailles. On pleure. On jase et on se rappelle des souvenirs.

À ce moment-ci, j’aimerais remercier mes cousins et cousines qui ont écrit des choses sur internet cette semaine. Je vais souvent les citer dans ce que je vais dire. D’après ce qui a été dit, Bibiane Bibeau, c’était pas n’importe qui : c’était une grande dame. On se souvient de son rire, de ses expressions, de ses «galettes à m’lasse», des mots croisés, des cartes, de ses chansons, de l’âme qu’elle donnait à la maison et au village et du fait qu’elle nous laissait sauter sur les lits. Il y a aussi des gens qui ont parlé de sa foi. Ils disaient : «Moi aujourd’hui, je ne vais pas souvent à l’église. Par contre, je ne pourrai jamais douter de la foi de Grand-Maman. Il y a quelque chose là-dedans qui va me rester comme référence.» Il y a aussi des gens qui ont dit que Grand-Maman est partie vers un monde meilleur. Même après sa mort, ils ont dit : «si tu as un problème, parle à Grand-Maman, elle va t’aider».

Dans l’Évangile qu’on vient d’entendre, quand les gens ont eu fini de jaser ce qu’ils avaient à jaser, Jésus prend la parole et la première chose qu’il leur dit c’est : «Ne saviez-vous pas que tout ça devait arriver ?» Et là, il se met à parler de la mort et de la résurrection. Grand-Maman, ça faisait longtemps qu’elle se préparait à mourir et elle était prête. Elle l’a répété souvent. Et j’ajouterais que Grand-Maman n’a pas attendu de mourir pour commencer à ressusciter. Dans la Bible, ressusciter, ça veut dire se lever, se tenir debout, choisir la vie, choisir d’être vivant. Grand-Maman, elle a fait ça toute sa vie. Elle a donné la vie à 17 enfants, elle a eu 31 petits-enfants et 52 arrière-petits-enfants : pour un total de 100 descendants. Elle a trimé dur. Elle a été un exemple de force, de courage et de ténacité. Encore ces derniers mois, j’étais surpris de voir à l’hôpital sa volonté de vivre : ça y prenait sa soupe ! La force de la résurrection était en elle depuis longtemps. Aujourd’hui, c’est le Seigneur lui-même qui la relève et qui la met debout.

Mais l’histoire n’est pas encore finie. Dans l’Évangile qu’on vient d’entendre, il s’est passé autre chose après. À ce moment-ci, j’aimerais vous faire une proposition et vous êtes libres d’embarquer ou pas. Je vous propose qu’on se rapproche davantage de Grand-Maman en refaisant un geste qui était important pour elle, quelque chose qu’elle a fait souvent : aller à la messe, revivre le dernier repas de Jésus. On pourrait faire ça en mémoire de Grand-Maman.

Tantôt, le prêtre va tenir un morceau de pain dans ses mains et il va dire : «Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous.» Ce geste-là que le prêtre va faire, Grand-Maman, elle l’a vécu. Je ne pense pas exagérer en disant que Grand-Maman, elle s’est donnée corps et âme à sa famille. Elle l’a fait de façon généreuse  ; certains parlent de son amour inconditionnel. Une des raisons pour lesquelles Grand-Maman a été comme ça, c’est parce qu’elle était disciple de Jésus. Alors quand le prêtre va nous dire «ceci est mon corps livré pour vous», il va d’abord nous parler de Jésus, mais peut-être que ça va aussi nous parler de Grand-Maman qui a suivi son exemple.

Plus tard, il va y avoir la communion. La communion, on l’a beaucoup vécue avec Grand-Maman. Elle nous a nourris et pas seulement avec ses tartes au sucre. Elle nous a nourris avec tout ce qu’elle était. Elle a laissé des traces dans nos vies. Elle nous a changés. Aujourd’hui, on n’est pas pareils parce qu’on l’a connue. Mais elle aussi, Grand-Maman, elle se nourrissait quelque part. Je m’en suis rendu compte quand j’allais lui porter la communion à l’hôpital. Je n’ai jamais vu quelqu’un communier comme elle. Quand je lui donnais la communion, elle se mettait à réciter par cœur des longues prières qui duraient cinq minutes. Pendant qu’elle priait, j’étais bouleversé de voir comment son visage changeait et en particulier comment ses yeux changeaient. J’ai eu la chance de la voir en communion avec Dieu.

J’aimerais terminer par une prière.  Si vous le voulez, vous pourriez vous joindre à moi. «Seigneur, merci d’avoir créé Grand-Maman, merci de nous l’avoir donnée. Merci pour tout ce qu’elle a été pour nous. Aujourd’hui,  nous te demandons de bien vouloir l’accueillir … au Paradis. Amen.»




1.Posté par Michel Laberge le 02/02/2014 17:02
D'entré de jeu, je te présente mes plus sincères condoléances pour la perte de ta grand-mère que tu décris comme une grande dame pleine de vie et d'amour.

J'ai entendu plusieurs de tes homélies, j'en ai lu d'autres. À travers celle-ci, je te reconnais beaucoup. J'aime les rapprochement que tu fais avec la vie concrète des gens. l'humeur des deux disciples d'Emmaüs qui vivaient la perte de Jésus devait ressembler à celle de la centaines de descendants et parents et amis de ta grand-mère. Je vois que tu as le talent pour rendre vivantes des épisodes de l'Évangile et faire goûter à l'avance la joie de la résurrection qui consiste, pour le moment, à " se tenir debout, choisir la vie, choisir d’être vivant".
Je t'en félicite.

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Profil
Roger Laroche
Roger Laroche
J'ai fait un stage dans l'Unité pastorale du Vieux-Beauport à Québec. Je suis psychologue et j'ai travaillé durant plusieurs années dans les hôpitaux de Montréal. Je suis à l'origine du Comité Jeunesse 12-35 ans du Vieux-Beauport qui offre des activités aux ados et aux jeunes adultes. Dans ce blogue, je mets en ligne mes principales prises de parole et des commentaires que je vous partage avec joie. En espérant que tout cela saura vous plaire.




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