La Parole de Dieu est une lampe pour mes pas et une lumière sur ma route.

La colère justifiée. Jésus contre les vendeurs du temple.


Rédigé le Dimanche 3 Mars 2013 à 16:37 | Lu 2134 fois | 1 commentaire(s)


Homélie pour le 3me dimanche du carême (année B, cf. Jean 2,13-25; Exode 20,1-17, mars 2012)


Est-ce que ça vous est déjà arrivé de vous sentir différents des autres ? Est-ce que ça vous est déjà arrivé d’être en désaccord avec d’autres personnes? Est-ce que ça vous est déjà arrivé d’être indignés, d’être révoltés, d’être en maudit ou d’être en colère ? Quand ça vous arrive, avez-vous l’impression que c’est correct de vous sentir comme ça ? Qu’est-ce que vous pensez que Dieu pense de votre sentiment de colère ? Pensez-vous qu’il est plutôt avec vous ou plutôt contre vous ? 

On vient d’entendre un Évangile qui est très spécial, au point qu’on se demande si c’est vraiment écrit dans la Bible. Jésus entre dans le temple de Jérusalem. Il se fabrique un fouet. Il jette dehors tous les vendeurs et tous leurs animaux. Il renverse leurs tables et il jette leur argent par terre. On peut facilement s’imaginer la scène. Jésus devait être énergique, déterminé ; il devait y avoir de l’émotion dans l’air. On appelle ça la sainte colère.

D’après vous, si vous aviez à évaluer Jésus, diriez-vous que c’est un bon chrétien ? Trouvez-vous que ça a de l’allure, de jeter le monde dehors avec un fouet ? Est-ce que vous donneriez une note de 100% à Jésus pour la qualité de sa charité chrétienne ?

Quand nous ça nous arrive d’être en colère, la première chose qu’on pourrait se dire c’est que dans ce qu’on vit, il y a probablement quelque chose qui ressemble à Jésus. Alors notre colère, ça ne doit pas être 100%  négatif. Et si autour de nous, il y a des gens qui eux aussi sont en colère et qui nous parlent de leurs frustrations, peut-être qu’eux aussi, ils ressemblent à Jésus. Et s’il y a des gens qui sont en colère contre nous, qui ne sont pas contents parce qu’ils disent qu’on leur a fait du mal, peut-être que ces gens-là eux aussi, ils ressemblent à Jésus. La première chose à faire, quand on est en colère, c’est peut-être de l’accepter et de nous accueillir là-dedans. Être bienveillants envers nous-mêmes et envers les autres qui vivent des choses semblables.

Mais pourquoi est-ce que Jésus s’est mis en colère dans le temple ? Le temple de Jérusalem, c’est un lieu sacré pour rencontrer Dieu. Mais les vendeurs du temple en ont fait une occasion de faire de l’argent sur le dos de la religion. Le lieu sacré pour rencontrer Dieu est perverti pour en faire autre chose. Jésus trouve ça inacceptable, mais il ne fait pas juste trouver ça inacceptable. Il pose des gestes concrets pour corriger la situation. Il donne son opinion publiquement sur ce qui se passe dans le temple. En faisant ça, il pose un geste d’amour et de libération. Il fait en sorte que le temple de Jérusalem redevienne un vrai lieu de rencontre de Dieu. Jésus se démène, pour nous, pour qu’on ait un lieu où on va vraiment rencontrer Dieu. C’est un grand geste de charité.

Si on revient maintenant à notre expérience à nous, qu’est-ce qui se passe quand nous on se met en colère ? Quand on est en colère, d’habitude c’est parce qu’il y a quelque chose de grave qui s’est passé avant. On a touché à quelque chose de sacré qui était très important pour nous et ça, on ne l’a pas pris et ça nous a mis en colère. Des fois, ça peut être un geste de libération que de suivre l’exemple de Jésus en trouvant un lieu et un moyen pour que notre colère puisse s’exprimer. Des fois, on peut dire clairement ce qui ne nous convient pas. Des fois, on peut faire quelque chose de concret pour corriger le problème qui nous dérange.

Autour de nous, on en voit beaucoup de gens qui  sont en colère. Il y a des gens qui se plaignent ; il y a des gens qui chialent ; il y a des gens qui font des revendications. Il y a aussi des gens qui sont en colère, mais qui se retiennent. Ils ne le disent pas. Ces gens-là qui sont en colère autour de nous, souvent ils sont maladroits. Ils sont en colère, mais ils ne s’expriment pas de la bonne manière, ils ne prennent pas les bons mots. Malgré tout, ces gens-là ont souvent de bonnes raisons d’être en colère. Il leur est arrivé quelque chose de grave. Ce sont souvent des gens qui ont beaucoup souffert et qui ont besoin d’être entendus. Comme chrétiens, est-ce que nous on peut les écouter ?

J’aimerais terminer avec une grande question. Quand il nous arrive quelque chose de grave et puis qu’on est en colère. Dieu, il est où là-dedans ? Est-ce que Dieu est d’abord là pour nous surveiller ? Pour vérifier si on se tient droit ? Pour nous demander d’endurer ? Pour nous demander de ne pas crier trop fort et de ne pas déranger personne ? Il me semble que ce n’est pas ça, en tout cas pas d’abord ça. Il me semble que la vraie place de Dieu, elle est présentée dans le livre de l’Exode qu’on a lu tantôt. «Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.» S’il y a des gens qui t’ont fait du mal, s’il y a des gens qui t’ont mis en colère, s’il y a des gens qui t’ont lâché, moije suis le Seigneur ton Dieu et moi, je ne te lâcherai pas. Je vais être avec toi ; je vais être de ton bord et je vais faire le chemin avec toi. Tu peux compter sur moi. Si tu vis de la colère, c’est au milieu de ta colère que je t’aime et c’est là que tu vas me trouver. Si vous le voulez, pour la suite de l’eucharistie, on pourrait remercier Dieu d’être toujours avec nous, même quand ça ne va pas bien, même dans nos sentiments tordus et même dans nos sentiments de colère. 

Textes commentés
«Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de boeufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs boeufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Écriture : L'amour de ta maison fera mon tourment. Les Juifs l'interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps.  Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l'Écriture et à la parole que Jésus avait dite.  Pendant qu'il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en lui, à la vue des signes qu'il accomplissait. Mais Jésus n'avait pas confiance en eux, parce qu'il les connaissait tous et n'avait besoin d'aucun témoignage sur l'homme : il connaissait par lui-même ce qu'il y a dans l'homme.» (Jean 2,13-25)

«Sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage. Tu n'auras pas d'autres dieux que moi. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces images, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu'à la troisième et la quatrième génération ; mais ceux qui m'aiment et observent mes commandements, je leur garde ma fidélité jusqu'à la millième génération. Tu n'invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal. Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l'honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l'immigré qui réside dans ta ville. Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, mais il s'est reposé le septième jour. C'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l'a consacré. Honore ton père et ta mère, afin d'avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d'adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »» (Exode 20,1-17)




1.Posté par J-René D. le 10/03/2013 11:55
Démystifier le sentiment qu'est la colère n'est certes pas une entreprise facile... Déjà ici, par cette brève esquisse, plus d'un élément pertinent est mis en relief. Évidemment, la formule ne vous permettait pas de développer davantage le sujet, ni même d'apporter certaines nuances... Vous aurez peut-être l'occasion d'en traiter plus en détails ultérieurement. Félicitation pour la pertinence du propos, et bonne continuation !

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Profil
Roger Laroche
Roger Laroche
J'ai fait un stage dans l'Unité pastorale du Vieux-Beauport à Québec. Je suis psychologue et j'ai travaillé durant plusieurs années dans les hôpitaux de Montréal. Je suis à l'origine du Comité Jeunesse 12-35 ans du Vieux-Beauport qui offre des activités aux ados et aux jeunes adultes. Dans ce blogue, je mets en ligne mes principales prises de parole et des commentaires que je vous partage avec joie. En espérant que tout cela saura vous plaire.




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