La tentation de Jésus au désert - Peintre russe I.N. Kramskoi (1837-1887)
L’Évangile d’aujourd’hui nous parle d’un sujet qu’on trouve un peu arriéré de nos jours: la tentation. En préparant mon homélie, je me demandais : pour les gens de notre paroisse, ça veut dire quoi une tentation ? Est-ce que vous en avez des tentations ? Comment est-ce que vous vivez ça ? Comme nous sommes tous des disciples de Jésus, ce que je vous propose, c’est de réfléchir sur l’expérience de la tentation dans nos vies, en regardant comment lui, Jésus a vécu ça.
Je vais commencer en vous racontant une expérience que j’ai vécue. Il y a quelques années, j’étais bénévole dans un autre diocèse et on m’avait demandé d’animer une démarche pour une unité pastorale de 4 paroisses. Au début du projet, on a présenté aux paroissiens des statistiques sur l’avenir de leur Église. On leur a dit que si la tendance se maintient, bientôt il n’y aura plus beaucoup de prêtres et on va manquer d’argent pour garder toutes les églises ouvertes. La question à laquelle il fallait répondre c’était: qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On a fait une belle démarche qui a duré un an, mais pendant la démarche, il y a eu une réunion très difficile. À cette réunion-là, il y a eu une grosse chicane entre les représentants des 4 paroisses et il s’est dit des choses que je ne vous répéterai pas. Pendant que les gens se chicanaient, j’ai fait une prière: «Seigneur, les gens qui sont ici dans la salle de réunion, c’est ton peuple, c’est ton Église. Regarde qu’est-ce qu’ils sont devenus : une gang de gens qui se battent entre eux pour de l’argent et pour du pouvoir. » Ces gens-là étaient ben fins d’habitude, mais on aurait dit que le démon était entré dans l’Église pour essayer de détruire la belle communauté qui a été bâtie.
Qu’est-ce qui s’est passé ? En fait, ces gens-là ont été confrontés à leurs limites et ils ont eu peur de perdre l’église qu’ils aimaient beaucoup. C’est à ce moment-là qu’ils sont entrés dans la tentation de se faire du mal les uns aux autres. Et c’est souvent comme ça que ça fonctionne la tentation. Quand nos affaires vont bien, d’habitude on est de bonne humeur et on est une bonne personne. Mais si on perd quelque chose qu’on aime, on devient frustré. Ça fait sortir le caractère comme on dit. On est en danger de faire des choses qu’on va regretter plus tard. Je pense qu’on a tous nos points faibles. Quand certaines choses nous arrivent, on devient frustrés et c’est là qu’on commence à avoir envie de faire du mal.
Dans l’Évangile, Jésus fait quelque chose qui a l’air bizarre : il s’en va dans le désert et il se prive de nourriture. On dirait qu’il fait exprès pour se frustrer lui-même. Mais en faisant ça, c’est comme s’il disait : «Avant de commencer à dire aux autres comment vivre, je veux savoir qu’est-ce que c’est que de manquer de quelque chose que j’aime, d’être frustré et de juste avoir envie de faire du mal. Ici dans notre paroisse, il y a 3000 personnes en insécurité alimentaire. Ce sont des personnes pauvres qui ont peur de manquer d’argent pour faire leur épicerie. Avec des mots d’aujourd’hui, je dirais que Jésus a passé 40 jours sur l’aide sociale pour se mettre dans la peau des gens de notre paroisse qui vivent ça, puis qui en arrachent.
Qu’est-ce qui arrive à Jésus quand il est privé de nourriture ? Le démon lui propose de faire quelque chose de mal en excitant certains désirs. Il fait comme certaines annonces publicitaires qui lui disent : achète donc ci, achète donc ça ! Il lui crée des envies et il lui propose toutes sortes de raisonnements tordus pour se justifier. Il lui trouve des excuses. Il essaie de mélanger Jésus pour qu’il ne soit plus capable de faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal. Et comment Jésus s’y prend pour combattre la tentation ? Sa méthode est simple : il dit la vérité. Il appelle les problèmes par leur nom. Il est capable de s’affirmer, de dire «je regrette, mais ça, c’est bien et ça, c’est mal.» Il prend des décisions claires.
Et quel genre de péché est-ce que le démon propose à Jésus de faire ? Le démon lui propose de faire de la magie pour faire apparaître du pain. Il lui propose de se jeter en bas du temple pour impressionner tout le monde. Il lui propose de contrôler tous les rois de la terre. En résumé, le démon propose à Jésus d’être une sorte de dieu tout-puissant qui n’a plus aucune limite. C’est la tentation de ne pas accepter d’être un être humain limité. On a la même tentation quand nous aussi, on ne veut pas reconnaître nos limites. On a la même tentation quand on est malade, mais qu’on ne fait pas attention à sa santé, quand on a un problème de couple, mais qu’on fait comme si le problème n’existait pas. Jésus a décidé de faire face à la réalité plutôt que de vivre dans l’illusion. C’est dans la réalité que Dieu nous rejoint.
Tout à l’heure, dans la célébration, nous allons réciter le Notre Père et on va dire «Ne nous soumets pas à la tentation». Ça veut dire «fais qu’on n’agisse pas comme des soumis quand on est face à la tentation». Alors je vous propose de terminer par une prière qui résume tout ça. «Dieu notre Père, quand nous rencontrons des difficultés dans notre vie, apprends-nous à les traverser à la manière de Jésus ton fils. Apprends-nous d’abord à reconnaître la réalité de nos problèmes et à y faire face. Aide-nous à chercher ce qui est vrai et donne-nous la lumière pour trouver quelle attitude adopter dans chacune de nos épreuves. Et s’il nous vient l’envie de faire quelque chose de mal, donne-nous la force de faire le bien. NOTRE PÈRE, QUI ES AUX CIEUX, NE NOUS SOUMETS PAS À LA TENTATION, MAIS DÉLIVRE-NOUS DU MAL. »
Qu’est-ce qui s’est passé ? En fait, ces gens-là ont été confrontés à leurs limites et ils ont eu peur de perdre l’église qu’ils aimaient beaucoup. C’est à ce moment-là qu’ils sont entrés dans la tentation de se faire du mal les uns aux autres. Et c’est souvent comme ça que ça fonctionne la tentation. Quand nos affaires vont bien, d’habitude on est de bonne humeur et on est une bonne personne. Mais si on perd quelque chose qu’on aime, on devient frustré. Ça fait sortir le caractère comme on dit. On est en danger de faire des choses qu’on va regretter plus tard. Je pense qu’on a tous nos points faibles. Quand certaines choses nous arrivent, on devient frustrés et c’est là qu’on commence à avoir envie de faire du mal.
Dans l’Évangile, Jésus fait quelque chose qui a l’air bizarre : il s’en va dans le désert et il se prive de nourriture. On dirait qu’il fait exprès pour se frustrer lui-même. Mais en faisant ça, c’est comme s’il disait : «Avant de commencer à dire aux autres comment vivre, je veux savoir qu’est-ce que c’est que de manquer de quelque chose que j’aime, d’être frustré et de juste avoir envie de faire du mal. Ici dans notre paroisse, il y a 3000 personnes en insécurité alimentaire. Ce sont des personnes pauvres qui ont peur de manquer d’argent pour faire leur épicerie. Avec des mots d’aujourd’hui, je dirais que Jésus a passé 40 jours sur l’aide sociale pour se mettre dans la peau des gens de notre paroisse qui vivent ça, puis qui en arrachent.
Qu’est-ce qui arrive à Jésus quand il est privé de nourriture ? Le démon lui propose de faire quelque chose de mal en excitant certains désirs. Il fait comme certaines annonces publicitaires qui lui disent : achète donc ci, achète donc ça ! Il lui crée des envies et il lui propose toutes sortes de raisonnements tordus pour se justifier. Il lui trouve des excuses. Il essaie de mélanger Jésus pour qu’il ne soit plus capable de faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal. Et comment Jésus s’y prend pour combattre la tentation ? Sa méthode est simple : il dit la vérité. Il appelle les problèmes par leur nom. Il est capable de s’affirmer, de dire «je regrette, mais ça, c’est bien et ça, c’est mal.» Il prend des décisions claires.
Et quel genre de péché est-ce que le démon propose à Jésus de faire ? Le démon lui propose de faire de la magie pour faire apparaître du pain. Il lui propose de se jeter en bas du temple pour impressionner tout le monde. Il lui propose de contrôler tous les rois de la terre. En résumé, le démon propose à Jésus d’être une sorte de dieu tout-puissant qui n’a plus aucune limite. C’est la tentation de ne pas accepter d’être un être humain limité. On a la même tentation quand nous aussi, on ne veut pas reconnaître nos limites. On a la même tentation quand on est malade, mais qu’on ne fait pas attention à sa santé, quand on a un problème de couple, mais qu’on fait comme si le problème n’existait pas. Jésus a décidé de faire face à la réalité plutôt que de vivre dans l’illusion. C’est dans la réalité que Dieu nous rejoint.
Tout à l’heure, dans la célébration, nous allons réciter le Notre Père et on va dire «Ne nous soumets pas à la tentation». Ça veut dire «fais qu’on n’agisse pas comme des soumis quand on est face à la tentation». Alors je vous propose de terminer par une prière qui résume tout ça. «Dieu notre Père, quand nous rencontrons des difficultés dans notre vie, apprends-nous à les traverser à la manière de Jésus ton fils. Apprends-nous d’abord à reconnaître la réalité de nos problèmes et à y faire face. Aide-nous à chercher ce qui est vrai et donne-nous la lumière pour trouver quelle attitude adopter dans chacune de nos épreuves. Et s’il nous vient l’envie de faire quelque chose de mal, donne-nous la force de faire le bien. NOTRE PÈRE, QUI ES AUX CIEUX, NE NOUS SOUMETS PAS À LA TENTATION, MAIS DÉLIVRE-NOUS DU MAL. »
Texte commenté
«Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le démon. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s'approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Alors le démon l'emmène à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. » Le démon l'emmène encore sur une très haute montagne et lui fait voir tous les royaumes du monde avec leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m'adorer. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c'est lui seul que tu adoreras. » Alors le démon le quitte. Voici que des anges s'approchèrent de lui, et ils le servaient.»
(Matthieu 4,1-11)
«Jésus, après son baptême, fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le démon. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s'approcha et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Alors le démon l'emmène à la ville sainte, à Jérusalem, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. » Le démon l'emmène encore sur une très haute montagne et lui fait voir tous les royaumes du monde avec leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m'adorer. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c'est lui seul que tu adoreras. » Alors le démon le quitte. Voici que des anges s'approchèrent de lui, et ils le servaient.»
(Matthieu 4,1-11)
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