Carrefour Kairos Hermann Giguère Page personnelle

DERNIÈRES HOMÉLIES
Cliquez sur DERNIÈRES HOMÉLIES pour lire l'homélie du dimanche. Bienvenue!

           

Homélie pour la Fête-Dieu, la fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ Année C : « Donnez-leur vous-mêmes à manger »

Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P. H., Séminaire de Québec. Homélie pour la la Fête-Dieu, la fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, Année C le 19 juin 2022 à la Chapelle du Lac Poulin. Textes: Genèse 14, 18-20, 1 Corinthiens 11, 23-26 et Luc 9, 11b-17.



Jean Paul Lemieux, La Fête-Dieu à Québec, 1944. Huile sur toile. Coll. MNBAQ. Cette toile a été reproduite sur le poster pour les activités de la Nuit de la création organisée par les étudiants de la Faculté des lettres de l'Université Laval. Reproduction du poster parue dans le Fil des événements.
Jean Paul Lemieux, La Fête-Dieu à Québec, 1944. Huile sur toile. Coll. MNBAQ. Cette toile a été reproduite sur le poster pour les activités de la Nuit de la création organisée par les étudiants de la Faculté des lettres de l'Université Laval. Reproduction du poster parue dans le Fil des événements.
Le récit de la multiplication des pains que nous venons de lire permet de revisiter et de revoir notre dévotion à l’Eucharistie, dans l’adoration eucharistique et surtout dans la célébration de l’Eucharistie dominicale ou quotidienne.

En effet la Fête-Dieu que la liturgie nomme la Solennité du Très Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ est une fête qui nous fait entrer au cœur du mystère de Jésus qui se donne à nous et au cœur de notre union mystérieuse avec Lui dans les sacrements, notamment dans le sacrement de l’Eucharistie que nous célébrons de façon particulière aujourd’hui.

I – Une nourriture qui est au-delà du pain matériel

Revenons au récit de l’évangile. Que nous dit-il? Il surprend, bien entendu, surtout si on se demande comment cela a-t-il pu se réaliser avec si peu de ressources? Si nous en restons à cette question nous perdons un peu notre temps. Car nous devons déclarer forfait : on n’en sait rien. Par ailleurs, si nous reprenons le récit en détail, on découvre que les apôtres sont représentés comme les agents nécessaires du geste que Jésus va faire pour nourrir toute la foule : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » « Faites-les asseoir par groupes de cinquante » « Il les donna à ses disciples pour qu’il les distribuent à tout le monde » « L’on ramassa les morceaux qui restaient, cela remplit douze paniers ».

La participation des apôtres au geste de Jésus en fait des instruments pour continuer de répandre une nourriture qu’ils n’ont pas créée, qui les dépasse et qui s’adresse à tous ceux et celles qui en veulent. L'homme ne se nourrit pas seulement de pain.

Jésus offre par sa Parole et par sa vie cette nourriture qui n'est pas seulement matérielle, elle est une nourriture spirituelle, elle réconforte, elle soutient, elle est communion avec Lui et avec la communauté, elle ne se tarit jamais. Jésus se présente ici comme porteur et donneur de vie, tel est le message de cet épisode de la multiplication des pains.

II – Un devoir de transmission

C’est dans le sillage de ce message que Jésus le soir du Jeudi Saint en consacrant le Pain et le Vin lui donnera tout son sens. « En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson» (Jean 6, 55) avait-il dit dans le discours sur le Pain de vie après un autre geste de multiplication des pains. Et à la Cène, avant de mourir, il se donne tout entier en disant « Ceci est mon Corps » sur le pain et « Ceci est mon Sang » sur la coupe de vin.

Les premières communauté chrétiennes ont, très tôt (aux environs de 65 après Jésus-Christ) comme on le voit dans la lettre de saint Paul aux Corinthiens, fait mémoire de ces gestes et les ont transmis aux générations subséquentes. La Cène du Seigneur que raconte saint Paul c’est la même que notre Eucharistie dominicale. Les paroles et les gestes qui nous y faisons témoignent de la présence de Jésus ici et maintenant en nous rappelant sa mort et sa résurrection « jusqu’à ce qu’il vienne ».

Vous voyez qu’il y a une continuité entre la multiplication des pains et l’Eucharistie que nous célébrons. Ici rassemblés, nous offrons, comme les chrétiens de Corinthe autour de saint Paul, le Pain et le Vin pour rendre grâces à Dieu et faire mémoire de son Fils Jésus dont le Corps et le Sang sont pour nous la nourriture qui nous donne la vie, « la vie en abondance » (Jean 10, 10).

III – La dévotion au Très Saint-Sacrement

C’est en entrant à fond dans la dynamique de l’Eucharistie que les chrétiens à partir du Moyen Âge ont vénéré de façon particulière l’Hostie qui est le Corps du Christ et le Vin consacré qui est son Sang.

Fasciné par la grandeur de ce mystère et aussi par son incroyable défi à la raison, on a insisté alors sur le caractère surnaturel et extraordinaire de ce mystère en vénérant de façon particulière la présence du Christ dans toutes les hosties et même dans chaque parcelle de celles-ci : «  La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l'une et l'autre espèce » écrit saint Thomas d’Aquin dans l’hymne Lauda Sion Salvatorem qui sert de séquence, y trouvant là le signe d’une proximité avec chaque personne baptisée dans une intimité à nulle autre pareille.

Ainsi s’est développé l’usage de moments d’adoration en présence de l’Hostie consacrée puis, plus tard, on a institué une fête où celle-ci était portée en procession d’une église à une autre sous les acclamations et les chants de la foule. Ce furent les processions du Très Saint-Sacrement que j’ai connues dans ma jeunesse alors qu’on faisait un « reposoir » très décoré près de chez nous pour accueillir la procession qui y faisait un arrêt avant de retourner à l’église.

Les congrès eucharistiques internationaux, comme celui tenu à Québec en 2008, entretiennent ces manifestations de foi au niveau international.

Même si les processions du Très Saint-Sacrement sont de plus en plus rares, la pratique de l’adoration eucharistique connaît une popularité constante dans des chapelles qui lui sont consacrées en plusieurs villes.

Depuis Vatican II, le sens de celle-ci s’est enrichi d’un lien continuel avec la célébration de l’Eucharistie. Il ne s’agit plus seulement d’un colloque intime avec Jésus mais aussi d’une communion à son action dans l’Église et dans le monde. Ainsi les adorateurs et adoratrices s’offrent en union avec l’Église toute entière et avec Jésus qui continue de le faire partout et à toute heure dans les célébrations eucharistiques aux quatre coins de la planète.

Conclusion

Vous voyez la Fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ est une fête proche de notre vie de tous les jours. Elle arrive un fois par année, mais elle se vit tous les jours car le Christ dans l’Eucharistie continue de se donner pour le monde et nous entraîne à faire de même.

Il nous donne son Corps et son Sang pour que nous devenions à notre tour capables de donner notre corps et notre sang comme Lui afin que le monde où nous vivons voit les signes de l’amour et de la miséricorde de Dieu qui continuent de se répandre sur tous et toutes sans regarder leurs péchés, leurs fautes ou leurs erreurs.

Que cette fête aujourd’hui soit pour nous une occasion de devenir une offrande agréable à Dieu en union avec Jésus hier, aujourd’hui et demain.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec


14 juin 2022






LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
Melkisédek offre le pain et le vin (Gn 14, 18-20)
Lecture du livre de la Genèse

En ces jours-là,
Melkisédek, roi de Salem,
fit apporter du pain et du vin :
il était prêtre du Dieu très-haut.
Il bénit Abram en disant :
« Béni soit Abram par le Dieu très-haut,
qui a fait le ciel et la terre ;
et béni soit le Dieu très-haut,
qui a livré tes ennemis entre tes mains. »
Et Abram lui donna le dixième de tout ce qu’il avait pris.

– Parole du Seigneur.

PSAUME
(Ps 109 (110), 1, 2, 3, 4)
R/ Tu es prêtre à jamais,
selon l’ordre de Melkisédek. (cf. Ps 109, 4)

Oracle du Seigneur à mon seigneur :
« Siège à ma droite,
et je ferai de tes ennemis
le marchepied de ton trône. »

De Sion, le Seigneur te présente
le sceptre de ta force :
« Domine jusqu’au cœur de l’ennemi. »

Le jour où paraît ta puissance,
tu es prince, éblouissant de sainteté :
« Comme la rosée qui naît de l’aurore,
je t’ai engendré. »

Le Seigneur l’a juré
dans un serment irrévocable :
« Tu es prêtre à jamais
selon l’ordre du roi Melkisédek. »

DEUXIÈME LECTURE
« Chaque fois que vous mangez ce pain et buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur » (1 Co 11, 23-26)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères
j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur,
et je vous l’ai transmis :
la nuit où il était livré,
le Seigneur Jésus prit du pain,
puis, ayant rendu grâce,
il le rompit, et dit :
« Ceci est mon corps, qui est pour vous.
Faites cela en mémoire de moi. »
Après le repas, il fit de même avec la coupe,
en disant :
« Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang.
Chaque fois que vous en boirez,
faites cela en mémoire de moi. »
Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain
et que vous buvez cette coupe,
vous proclamez la mort du Seigneur,
jusqu’à ce qu’il vienne.

– Parole du Seigneur.

SÉQUENCE
()
Cette séquence (ad libitum) peut être dite intégralement ou sous une forme abrégée à partir de : « Le voici, le pain des anges ».


Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.

Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
tu ne peux trop le louer.

Le Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.

Au repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.

Louons-le à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !

C’est en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet divin
la première institution.

À ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.

L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
et la lumière, la nuit.

Ce que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.

Instruits par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut.

C’est un dogme pour les chrétiens
que le pain se change en son corps,
que le vin devient son sang.

Ce qu’on ne peut comprendre et voir,
notre foi ose l’affirmer,
hors des lois de la nature.

L’une et l’autre de ces espèces,
qui ne sont que de purs signes,
voilent un réel divin.

Sa chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier demeure
sous chacune des espèces.

On le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.

Qu’un seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux autres,
il nourrit sans disparaître.

Bons et mauvais le consomment,
mais pour un sort bien différent,
pour la vie ou pour la mort.

Mort des pécheurs, vie pour les justes ;
vois : ils prennent pareillement ;
quel résultat différent !

Si l’on divise les espèces,
n’hésite pas, mais souviens-toi
qu’il est présent dans un fragment
aussi bien que dans le tout.

Le signe seul est partagé,
le Christ n’est en rien divisé,
ni sa taille ni son état
n’ont en rien diminué.

* Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on ne peut jeter aux chiens.

D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal immolé,
par la manne de nos pères.

Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.

Toi qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton héritage,
en compagnie de tes saints.

Amen.

ÉVANGILE
« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés » (Lc 9, 11b-17)
Alléluia. Alléluia.
Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel, dit le Seigneur ;
si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.
Alléluia. (Jn 6, 51)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
Jésus parlait aux foules du règne de Dieu,
et guérissait ceux qui en avaient besoin.
Le jour commençait à baisser.
Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent :
« Renvoie cette foule :
qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs
afin d’y loger et de trouver des vivres ;
ici nous sommes dans un endroit désert. »
Mais il leur dit :
« Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
Ils répondirent :
« Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons.
À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture
pour tout ce peuple. »
Il y avait environ cinq mille hommes.
Jésus dit à ses disciples :
« Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. »
Ils exécutèrent cette demande
et firent asseoir tout le monde.
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons,
et, levant les yeux au ciel,
il prononça la bénédiction sur eux,
les rompit
et les donna à ses disciples
pour qu’ils les distribuent à la foule.
Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ;
puis on ramassa les morceaux qui leur restaient :
cela faisait douze paniers.

– Acclamons la Parole de Dieu.


Mardi 14 Juin 2022
Lu 3854 fois




Actualités et documents | Allocutions et conférences | Homélies | Réflexions | Actualité SME Archives | SME-Info Archives | Nominations SME Archives | Année jubilaire François de Laval 2008 | Année sacerdotale | 350e du SME


Cliquez sur le nom de la rubrique au début de l'article pour avoir la liste des articles précédents dans la même rubrique.





Cliquez pour des explications sur le sigle SME qui identifie le Séminaire de Québec depuis ses origines
Porte cochère du Vieux Séminaire

Séminaire de Québec
1, rue des Remparts
Québec,QC
Canada
G1R 5L7
tél.:418-692-3981
téléc.:418-692-4345


Pour nous rejoindre veuillez envoyer vos messages en cliquant ici.