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Homélie pour le 27e dimanche du temps ordinaire Année C : « Foi confiante et service humble » (Luc 17, 5-10)

Homélie pour le 27e dimanche du temps ordinaire Année C le 2 octobre 2016 par Mgr Hermann Giguère P. H., Séminaire de Québec. Textes : Habacuc 1, 2-4, II Timothée 1, 6-14 et Luc 17, 5-10.



Tous appelés à servir aujourd'hui comme hier (Crédits photo www.calledtoday.com)
Tous appelés à servir aujourd'hui comme hier (Crédits photo www.calledtoday.com)
Homélie pour l'année A

L'évangile qui vient d'être lu nous invite dans la première partie à vivre une foi confiante et dans la seconde à servir avec humilité. Ce sont deux messages clairs qui sont donnés par Jésus dans ces extraits de sa prédication.

Jésus a le don de présenter des conseils simples qui vont au cœur de la vie de ses disciples. Il a passé trois ans à les former et à leur inculquer son esprit pour qu'ils puissent à leur tour le faire avec ceux et celles qu'ils rejoindront dans leur prédication après la résurrection.

Les deux attitudes préconisées ici, la foi confiante et le service humble, ne vont pas de soi. Dans les deux cas, elles perturbent nos façons habituelles de faire et nous provoquent.

I - La foi confiante

Commençons par la foi confiante.

Les paroles de Jésus sont bien connues : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l'arbre que voici 'Déracine-toi et va te planter dans la mer' et il vous aurait obéi ». J'ai entendu des gens qui prétendaient mettre cela en pratique en demandant au Seigneur n'importe quoi sans discernement. J'en étais surpris et l’on me répondait avec cette phrase de l'évangile. Voilà pourquoi, j'ai toujours eu de la difficulté à bien comprendre ce que Jésus veut dire ici.

Quand je m'y arrête un peu plus, je me dis que Jésus ne souhaite sûrement pas une foi magique comme celle des gens dont je viens de parler, une foi qui serait comme un truc pour obtenir tout ce qu'on veut.

Ce genre de foi a été dénoncé dans l'Ancien Testament. C'est ce genre de foi qui a amené le peuple hébreu à se créer des idoles et à délaisser l'Alliance avec Dieu pour se complaire dans ses aspirations de pouvoir et de puissance au lieu de se laisser habiter par la présence de son Dieu, le Dieu de l'Alliance avec Abraham, Isaac et Jacob, prêché par les prophètes dont le dernier est Jean-Baptiste qui annonce la venue de Jésus qui renouvellera l'Alliance ancienne par une Nouvelle Alliance dans sa mort et sa résurrection.

Vous voyez que tout au cours de l’histoire du salut la foi confiante se vit dans une relation personnelle avec Dieu, elle n'est pas une foi magique ou intéressée. Elle exprime ses demandes et ses désirs bien sûr, mais ce qui la caractérise c'est que ses demandes et ses désirs sont calqués sur ceux de Dieu. Ils ne sont pas « mes » demandes et « mes » désirs. Ils sont les demandes et les désirs de Dieu.

On comprend dès lors que Jésus dise de ne pas avoir peur de demander, de développer notre foi car en la développant elle nous fait entrer dans l'intimité de Dieu. Elle ouvre un espace, un monde où tout est possible, bien au-delà de ce que l'on peut imaginer avec nos réflexes humains.

C'est le monde du mystère de l'amour de Dieu pour l'humanité, pour chacun et chacune d'entre nous quelles que soit nos limites et nos faiblesses. Ce mouvement de l'amour de Dieu vers nous se nomme l'amour-agapè. C'est l'amour qui est en Dieu répandu dans nos cœurs et partagé avec nos frères et sœurs dans le « aimez-vous les uns les autres ».

La foi confiante ne peut se séparer de l'amour. Une foi sans amour est une foi morte. Elle dépérit. L'amour est la mesure de la foi. Si on a ce genre de foi, oui alors! tout devient possible, car tout est possible à l'amour. Une foi même minuscule accomplit sur le plan spirituel des choses incomparables.

II - L'humilité du service

Passons maintenant à la seconde attitude demandée par Jésus : l'humilité dans le service.

Le récit de saint Luc demande quelques explications. En effet, il décrit un type de relations entre maître et serviteurs qui n'a plus cours aujourd'hui...si ce n'est dans des séries télévisées comme Downtown Abbey où le mur entre les classes sociales est infranchissable. Les positions de chacun : maître et serviteurs sont figées et inchangeables.

Il en est un peu comme cela dans ce que Jésus raconte. La situation des personnes est une donnée qui n'est pas remise en cause. Et Jésus loin de le faire, nous surprend en déclarant que les serviteurs doivent se considérer inutiles et sans importance pour le maître.

C’est vraiment déroutant, n'est-ce pas? Essayons, si vous le voulez bien, d'entendre ces paroles non plus dans le contexte des usages du temps, mais dans le contexte de la vie de l'Église dont nous sommes.

Appliquée à l'Église, ces paroles lui rappellent qu'elle ne peut jamais se comporter comme si elle possédait la vérité, mais qu'elle doit toujours regarder vers Celui qui l'anime et la fait vivre : Jésus, le Serviteur parfait.

Ainsi, elle sera, elle aussi, toujours en service et au service de toute l'humanité et elle se rappellera que ce service n'est pas le sien, qu'il est le service que Dieu lui-même donne en son Fils Jésus qui vient pour sauver toute l'humanité.

Comme membres de l'Église nous sommes invités alors à reconnaître que nous sommes interchangeables, pas nécessaires, inutiles non pas par manque de talent, mais inutiles parce nous passons et que d'autres viendront. Nous sommes devant Dieu totalement dépendants de Lui sans droits spéciaux que nous pourrions revendiquer.

C'est donc ici une invitation à l'humilité qu'adresse Jésus à tous ses disciples en présentant cette scène du maître et des serviteurs.

Conclusion

Que notre prière aujourd'hui soit une prière désintéressée qui nous centre sur le Seigneur, car comme le dit saint Paul aux chrétiens de Philippes : « c'est Dieu qui fait en vous et le vouloir et le faire selon son dessein bienveillant » (Philippiens 2, 13).

Oui, Seigneur, augmente en nous la foi et fais de nous des serviteurs et des servantes humbles dans l'exercice de leurs dons et charismes au service de l'Église.

Dans cette Eucharistie, nous nous retrouvons autour d'une table à nulle autre pareille : il n'y a plus de maître et de serviteur, mais des amis comme le dit Jésus le soir du Jeudi Saint : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître» (Jean 15, 15).

Amen!



Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec


27 septembre 2016





Mardi 27 Septembre 2016
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