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Homélie pour le 2e dimanche de Pâques Année A ou Dimanche de la Miséricorde divine « Vivant pour Dieu éternellement »

Homélies dominicales pour les temps liturgiques par Mgr Hermann Giguère P. H. du Séminaire de Québec. Homélie pour le 2e dimanche de Pâques Année A ou Dimanche de la Miséricorde divine le 19 avril 2020. Textes : Actes 2, 42-47, 1 Pierre 1, 3-9 et Jean 20, 19-31.



(Crédits photo : Bernadette Lopez, alias Berna dans Évangile et peinture)
(Crédits photo : Bernadette Lopez, alias Berna dans Évangile et peinture)
Habituellement, le 2e dimanche de Pâques que nous vivons met devant nos yeux les nouveaux baptisés qui depuis la Vigile pascale ont été revêtus d'un vêtement blanc marquant leur passage avec le Christ ressuscité vers une vie nouvelle pour Dieu. Hélas en 2020, en raison de la pandémie de la maladie du coronavirus COVID-19 les baptêmes dans la Nuit de Pâques n'ont pas eu lieu. Quoiqu'il en soit, le symbolisme de la liturgie demeure. Dans les temps anciens, les nouveaux baptisés portaient leur vêtement blanc, leur aube blanche, pendant toute la semaine et le huitième jour ils le déposaient à l'église et on donnait au 2e Dimanche de Pâques le nom de Dimanche « in albis ».

Depuis 2008, ce 2e dimanche de Pâques a été nommé par saint Jean-Paul II le Dimanche de la Miséricorde divine. Ce faisant il donnait suite au message diffusé par sainte Faustine Kowalska (25 août 1905-5 octobre 1938), religieuse polonaise du diocèse de Cracovie, lui demandant de répandre une image de Jésus miséricordieux où il est écrit « Jésus, j'ai confiance en toi » et de proposer que le 2e dimanche de Pâques soit celui de la Miséricorde divine.

Comment vivre les beautés de ce 2e Dimanche de Pâques dont les lectures sont des plus stimulantes ?

I - Pâques dure cinquante jours

Commençons par prendre conscience que la fête de Pâques s'étend sur cinquante jours que nous appelons le « Temps de Pâques ». On ne peut découvrir et expliciter toutes les richesses de Pâques en une seule fois. Il fait bon de se laisser habiter en profondeur par ce mystère fondamental de la foi chrétienne. En effet, comme dit saint Paul, si le Christ n'est pas ressuscité, ma foi est vaine (I Corinthiens 15, 14). Elle n'a pas de sens.

Au cours des jours du Temps pascal, nous sommes replongés dans les eaux de notre baptême, nous revivons les découvertes des Apôtres et des disciples après la Pentecôte, nous relisons les Écritures avec une lumière nouvelle et nous comprenons que Celui dont parlaient les Écritures de l'Ancien Testament depuis Abraham en passant par Moïse et les prophètes c'est Jésus.

Comme le proclame saint Pierre aux gens réunis autour de lui et des apôtres le jour de la Pentecôte « ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ » (Actes 2, 37). Oui! dans son abaissement sur la croix, Jésus a porté toutes les fragilités et les péchés du monde. Il a été relevé par Dieu qui l'a exalté et nous l'a donné comme « premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis » (I Corinthiens 15, 20), notre frère Premier-né "vivant pour Dieu éternellement". Il « est revenu à la vie, et c'est pour Dieu qu'il vit », écrit saint Paul (Romains 6, 10).

De même, comme baptisés, nous le suivons dans sa mort et sa résurrection. « Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur » (Romains 14, 8). C'est dans ce contexte baptismal que nous sommes passés avec Jésus de la mort à la vie, d'une mortalité marquée par la finitude à une vie qui ne finit plus, à la vie éternelle.

Comment recevoir ce Mystère de la Résurrection dans nos vies ?

II - La Résurrection de Jésus, une grâce à découvrir

Les trois lectures entendues seront ici pour nous autant de voies pour nous aider à entrer dans le Mystère de la Résurrection de Jésus.

La première nous indique que c'est en communauté que nous faisons une véritable rencontre du Christ ressuscité. Voyez la petite communauté naissante celle de de tous les croyants qu'on nous présente unie dans la même foi : « Les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte de Dieu était dans tous les cœurs à la vue des nombreux prodiges et signes accomplis par les Apôtres. Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; se tenant dans le Temple et attirant de plus en plus de personnes qui adhèrent au Seigneur par la foi ». Le témoignage que nous avons à rendre encore aujourd'hui est le même. C'est celui d'une foi commune vécue en communauté qui interpelle dans notre monde éclaté et invite à reconnaître Jésus comme Seigneur et Sauveur.

La seconde lecture tirée de la Première Lettre attribuée a saint Pierre invite les personnes croyantes à exprimer sans peur leur foi dans l'héritage reçu de Jésus, un héritage de vie éternelle que les soucis et le temps ne peuvent amoindrir, un héritage qui mène dans l'intimité de Dieu en union avec Jésus Ressuscité. Comme dit saint Pierre, c'est « un héritage qui ne connaîtra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure. Cet héritage vous est réservé dans les cieux, à vous que la puissance de Dieu garde par la foi, pour un salut prêt à se révéler dans les derniers temps. Aussi vous exultez de joie ». Nous sommes les héritiers et les héritières d'une Bonne Nouvelle dont notre monde a un grand besoin. Que notre vie laisse paraître la joie qui nous habite. Oui! Exultons de joie. Ceux et celless qui nous croiseront le remarqueront. C'est le plus beau témoignage que nous pouvons donner et qui est à la portée de toutes les personnes quelles qu'elles soient.

Enfin en troisième lieu, l'évangile nous présente deux visites de Jésus Ressuscité qui sont des rencontres inoubliables pour les disciples. L'une à tout le groupe au soir de Pâques sans la présence de Thomas et l'autre une semaine plus tard. Thomas en apprenant que les autres apôtres avait rencontré le Ressuscité ne voulait pas croire ce qu'on lui racontait. Et une semaine plus tard nous le retrouvons à genoux devant le Ressuscité lui disant « Mon Seigneur et mon Dieu ». Les hésitations et les doutes de Thomas ressemblent aux nôtres parfois. Nos sens et notre raison cherchent des preuves de la résurrection. Ils n'en auront jamais. C'est une affaire de foi, une foi qui s'appuie sur des témoins qui ont fait une rencontre avec le Ressuscité qui remplit leur cœur d'une présence à nulle autre pareille. C'est ce qu'ont vécu les premiers témoins : les apôtres, Marie-Madeleine, les disciples d'Emmaüs et c'est ce que nous sommes invités à vivre. « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

Nous sommes donc invités ce matin à recevoir le mystère de la Résurrection dans la foi à travers des questionnements parfois semblables à ceux de l'apôtre Thomas, mais avec une confiance absolue dans le témoignage des premiers disciples qui ont vu et reconnu la présence de Jésus Ressuscité toujours vivant.

III- La fête de la Miséricorde divine

Ajoutons en terminant un mot sur la fête de la Miséricorde divine associée au 2e Dimanche de Pâques. La prière « Jésus, j’ai confiance en toi » (Jezu ufam tobie en polonais) qui figure sur l’image de Jésus miséricordieux de sainte Faustine exprime notre assurance que Dieu ouvre ses bras à toutes les personnes sans faire de distinction car « la puissance de Dieu est amour et sa justice est miséricorde » dit justement le pape François dans un tweet posté sur son compte Twitter. Notre attitude de confiance est l’expression concrète de notre abandon à la Miséricorde divine. En nous jetant dans les bras de Jésus nous nous remettons totalement entre les mains de la Miséricorde divine.

Sainte Faustine propose des moyens concrets pour développer ce sens de la Miséricorde divine comme le chapelet de la miséricorde, l’arrêt pour un moment de prière dans l’après-midi à 15 heures l'heure de la mort du Christ en croix, la prière devant l’image de Jésus miséricordieux, la neuvaine de la miséricorde du Vendredi Saint au 2e dimanche de Pâques.

Ces gestes de dévotion ont été entérinés par l’autorité de l’Église en nommant le 2e dimanche de Pâques le Dimanche de la Miséricorde divine. Ils rejoignent plusieurs chrétiens et chrétiennes.

Conclusion

Que la célébration eucharistique de ce dimanche vécue soit en famille soit par internet ou par la télévision à cause du confinement où nous relègue la COVID-19 nous garde malgré tout dans la joie de Pâques et la confiance dans le Père qui a ressuscité Jésus pour en faire le Seigneur et le Sauveur de l’humanité.

Ainsi nous pourrons, chacun et chacune dans nos milieux de travail, dans nos familles, dans nos lieux de loisirs et/ou de retraite être des témoins que Jésus est vivant et que la puissance de Dieu qui l’a ressuscité des morts se manifeste principalement dans la miséricorde.

Amen!

Mgr Hermann Giguère P.H.
Séminaire de Québec
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval


14 avril 2020






« La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu'elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu'il ne se tournera pas vers la source de ma Miséricorde. » (Petit Journal de saint Faustine Kowalska, § 699).

« Dis, ma fille, que la fête de la Miséricorde a jailli de mes entrailles pour la consolation du monde entier. » (Ibidem § 1517).
















Sanctuaire de la Miséricorde Divine qui se trouve dans le quartier de Łagiewniki - Borek Fałęcki dans le sud de la ville de Cracovie (Pologne). La basilique a été construite entre 1999 et 2002 et consacrée le 17 août 2002 par Jean-Paul II. (Crédits photo: H. Giguère)
Sanctuaire de la Miséricorde Divine qui se trouve dans le quartier de Łagiewniki - Borek Fałęcki dans le sud de la ville de Cracovie (Pologne). La basilique a été construite entre 1999 et 2002 et consacrée le 17 août 2002 par Jean-Paul II. (Crédits photo: H. Giguère)
Lectures pour le 2e dimanche de Pâques

Première lecture
« Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun » (Ac 2, 42-47)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres
et à la communion fraternelle,
à la fraction du pain
et aux prières.
La crainte de Dieu était dans tous les cœurs
à la vue des nombreux prodiges et signes
accomplis par les Apôtres.

Tous les croyants vivaient ensemble,
et ils avaient tout en commun ;
ils vendaient leurs biens et leurs possessions,
et ils en partageaient le produit entre tous
en fonction des besoins de chacun.

Chaque jour, d’un même cœur,
ils fréquentaient assidûment le Temple,
ils rompaient le pain dans les maisons,
ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur ;
ils louaient Dieu
et avaient la faveur du peuple tout entier.
Chaque jour, le Seigneur leur adjoignait
ceux qui allaient être sauvés.

– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24)

R/ Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
ou : Alléluia ! (Ps 117, 1)

Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Que le dise la maison d’Aaron :
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

On m’a poussé, bousculé pour m’abattre ;
mais le Seigneur m’a défendu.
Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.
Clameurs de joie et de victoire
sous les tentes des justes.

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle ;
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
Deuxième lecture
« Il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts » (1 P 1, 3-9)

Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre

Béni soit Dieu, le Père
de notre Seigneur Jésus Christ :
dans sa grande miséricorde,
il nous a fait renaître pour une vivante espérance
grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts,
pour un héritage qui ne connaîtra
ni corruption, ni souillure, ni flétrissure.
Cet héritage vous est réservé dans les cieux,
à vous que la puissance de Dieu garde par la foi,
pour un salut prêt à se révéler dans les derniers temps.
Aussi vous exultez de joie,
même s’il faut que vous soyez affligés,
pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ;
elles vérifieront la valeur de votre foi
qui a bien plus de prix que l’or
– cet or voué à disparaître
et pourtant vérifié par le feu –,
afin que votre foi reçoive louange, gloire et honneur
quand se révélera Jésus Christ.
Lui, vous l’aimez sans l’avoir vu ;
en lui, sans le voir encore, vous mettez votre foi,
vous exultez d’une joie inexprimable et remplie de gloire,
car vous allez obtenir le salut des âmes
qui est l’aboutissement de votre foi.

– Parole du Seigneur.
Évangile
« Huit jours plus tard, Jésus vient » (Jn 20, 19-31)

Alléluia. Alléluia.
Thomas, parce que tu m’as vu, tu crois,
dit le Seigneur.
Heureux ceux qui croient sans avoir vu !
Alléluia. (Jn 20, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

C’était après la mort de Jésus.
Le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé,
moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux
et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés,
ils seront remis ;
à qui vous maintiendrez ses péchés,
ils seront maintenus. »

Or, l’un des Douze, Thomas,
appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),
n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient :
« Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara :
« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous,
si je ne mets pas la main dans son côté,
non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard,
les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison,
et Thomas était avec eux.
Jésus vient,
alors que les portes étaient verrouillées,
et il était là au milieu d’eux.
Il dit :
« La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas :
« Avance ton doigt ici, et vois mes mains ;
avance ta main, et mets-la dans mon côté :
cesse d’être incrédule,
sois croyant. »
Alors Thomas lui dit :
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit :
« Parce que tu m’as vu, tu crois.
Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes
que Jésus a faits en présence des disciples
et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits
pour que vous croyiez
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

– Acclamons la Parole de Dieu.


Image de Jésus miséricordieux décrite par sainte Faustine Kowalska (1905-1938) (Crédits photo : H. Giguère)
Image de Jésus miséricordieux décrite par sainte Faustine Kowalska (1905-1938) (Crédits photo : H. Giguère)

Mardi 14 Avril 2020
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