La fête du Corpus Christi, la Fête-Dieu, est une fête qui remonte au XIIIe siècle (voir à la fin). Elle s’est développée pour mettre en valeur la dévotion à la Sainte Eucharistie. Elle s’est employée à célébrer la présence toute spéciale de Jésus à travers les signes que sont le pain et le vin qui deviennent à chaque messe le Corps et le Sang du Christ. Présence incroyable, présence mystérieuse, accessible dans la foi au Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ.
À partir des textes de l’Écriture qui nous ont été lus, essayons dans un court moment de nous laisser habiter par ce mystère de la présence eucharistique.
I – Une nourriture spéciale
Le texte de la première lecture nous donne une clé intéressante pour comprendre ce mystère. Celui-ci est à situer dans le prolongement de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Cette Alliance ne se résume pas à des mots. Elle est une façon de vivre, elle est une vie nouvelle. C’est pourquoi, Dieu ne se contente pas d’écouter et de protéger son peuple, il le nourrit. Il lui donne ce qui le fait vivre et cette nourriture est spéciale, elle n’est pas comme les autres nourritures, elle remplit non seulement le corps, mais elle remplit le cœur. Elle n’est semblable à aucune autre. Moïse l’appelle la « manne » « cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue, pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. »
Voilà le don de Dieu à son peuple, celui d’une nourriture spirituelle qui vient apaiser nos faims de toutes sortes : faim d’amour, faim d’être reconnu et apprécié, faim d’absolu. La nourriture du ciel dont parle Moïse permet au peuple d’aller plus loin, de continuer son chemin à travers les embûches et les défis du désert vers la terre promise.
II – La Chair et le Sang du Christ
Le texte de l’évangile que nous venons de lire nous fait faire un pas de plus. C’est Jésus lui-même qui le propose à ses disciples après le miracle de la multiplication des pains. Voici en résumé ce qu’il propose.
Vous avez bien mangé, dit-il, mais attendez un peu avant de partir, je veux vous dire quelque chose d’important. Comme Moïse l’a fait comprendre au peuple, le Dieu de l’Alliance est généreux et il s’occupe de donner à son peuple la nourriture dont il a besoin pour vivre spirituellement et avancer dans la connaissance et l’amour de Dieu. Mais ce n’est pas tout, cette nourriture n’est plus la « manne » mais elle est désormais mon Corps et mon Sang.
C’est un peu fort se disent certains de ceux qui entendent ces paroles. Et en vérité, c’est un mystère profond que celui de la nouvelle Alliance inaugurée par Jésus où Dieu se fait tellement proche de nous qu’il prend un corps humain et qu’il verse son sang sur la croix pour le salut de tous.
C’’est ce mystère de la nouvelle Alliance qui est célébré dans le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ». Dieu à travers Jésus descend dans nos vies. Il se fait proche de chacun et de chacune comme un Père pour ses enfants. Jésus, lui, se fait nourriture spirituelle dans le pain et le vin que nous partageons. « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure ne lui ».
Quelle beauté que cette union si intime entre Jésus et moi. Les mots sont forts « mange ma chair » et « boit mon sang ». Il ne s'agit pas de cannibalisme. Ces mots ne sont pas à prendre au pied de la lettre quoiqu'ils signifient une présence réelle. Ils expriment, en effet, la profondeur et la nouveauté de cette union avec Dieu que Jésus rend possible, qui accomplit les promesses de l’Ancienne Alliance.
"Ce dogme est donné aux chrétiens : le pain se change en chair, et le vin en sang, écrit saint Thomas d'Aquin dans la séquence Lauda Sion Salvatorem. Ce que tu ne comprends ni ne vois, une ferme foi te l'assure, hors de l'ordre naturel. Sous diverses espèces, signes seulement et non réalités, des réalités sublimes se cachent. La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l'une et l'autre espèce."
III– Une vie de communion
La vie de Dieu en nous développée par la nourriture spirituelle qu’est le Christ lui-même dans son Corps et dans son Sang ne se limite pas à l’individu qui est rejoint. Bien sûr c’est l’individu qui s’avance pour recevoir le Corps du Christ à chaque messe, mais il y a quelque chose de plus dans cette démarche que nous faisons lorsque nous nous avançons pour communier.
Saint Paul dans la deuxième lecture nous ouvre les yeux sur les retombées communautaires de l’Eucharistie que nous partageons en groupe chaque dimanche : « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ».
Voilà! À chaque messe, à chaque célébration eucharistique, je me joins à une communauté de croyants et de croyantes qui forment le Corps mystique du Christ. Je ne suis pas isolé dans la vie et dans mon chemin vers Dieu. Je fais partie d’une multitude de gens qui se reconnaissent frères et sœurs, disciples d’un même Maître et serviteurs de leurs frères et sœurs.
Conclusion
Pour terminer ces quelques réflexions, disons qu’on comprend mieux que la Fête-Dieu ait parcouru tant de chemin depuis le temps où elle est apparue. Nous n’avons plus ici, sauf en de rares occasions, les processions que nous avons connues autrefois, mais le message reste toujours là : le Corps et le Sang du Christ présent dans l’Eucharistie nous sont données « pour que le monde ait la vie ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Séminaire de Québec
21 juin 2014
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Quelques notes tirées de Wikipedia
L’origine de la Fête-Dieu est due à un miracle qui a eu lieu au XIIIe siècle à Bolsena en 1263. Ce miracle est relaté par les fresques de la Cathédrale d’Orvieto Cathédrale d'Orvieto. Un prêtre de Bohême, Pierre de Prague, avait fait un pèlerinage et avait de grands doutes spirituels notamment sur la présence du Christ dans l’Eucharistie. Lors d’une messe célébrée par le prêtre, lors de la consécration, l’hostie prit une couleur rosée et des gouttes de sang tombèrent sur le corporal et sur le pavement2. Le prêtre interrompit la messe pour porter à la sacristie les saintes espèces. Le Pape Urbain IV vint alors constater ce qui était survenu. Le pape, ancien confesseur de sainte Julienne de Cornillon institua alors à sa demande la fête du Corpus Domini par la bulle "Transiturus de hoc mundo" le 8 septembre 1264. Il la fixa au jeudi après l’octave de la Pentecôte et confia la rédaction des textes liturgiques à saint Thomas d’Aquin. La Fête-Dieu ne fut reçue dans toutes les églises latines qu'au temps de Clément V, à l'époque du Concile de Vienne (1311 - 1312) où il renouvela la constitution d'Urbain IV.
À partir des textes de l’Écriture qui nous ont été lus, essayons dans un court moment de nous laisser habiter par ce mystère de la présence eucharistique.
I – Une nourriture spéciale
Le texte de la première lecture nous donne une clé intéressante pour comprendre ce mystère. Celui-ci est à situer dans le prolongement de l’Alliance de Dieu avec son peuple. Cette Alliance ne se résume pas à des mots. Elle est une façon de vivre, elle est une vie nouvelle. C’est pourquoi, Dieu ne se contente pas d’écouter et de protéger son peuple, il le nourrit. Il lui donne ce qui le fait vivre et cette nourriture est spéciale, elle n’est pas comme les autres nourritures, elle remplit non seulement le corps, mais elle remplit le cœur. Elle n’est semblable à aucune autre. Moïse l’appelle la « manne » « cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue, pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. »
Voilà le don de Dieu à son peuple, celui d’une nourriture spirituelle qui vient apaiser nos faims de toutes sortes : faim d’amour, faim d’être reconnu et apprécié, faim d’absolu. La nourriture du ciel dont parle Moïse permet au peuple d’aller plus loin, de continuer son chemin à travers les embûches et les défis du désert vers la terre promise.
II – La Chair et le Sang du Christ
Le texte de l’évangile que nous venons de lire nous fait faire un pas de plus. C’est Jésus lui-même qui le propose à ses disciples après le miracle de la multiplication des pains. Voici en résumé ce qu’il propose.
Vous avez bien mangé, dit-il, mais attendez un peu avant de partir, je veux vous dire quelque chose d’important. Comme Moïse l’a fait comprendre au peuple, le Dieu de l’Alliance est généreux et il s’occupe de donner à son peuple la nourriture dont il a besoin pour vivre spirituellement et avancer dans la connaissance et l’amour de Dieu. Mais ce n’est pas tout, cette nourriture n’est plus la « manne » mais elle est désormais mon Corps et mon Sang.
C’est un peu fort se disent certains de ceux qui entendent ces paroles. Et en vérité, c’est un mystère profond que celui de la nouvelle Alliance inaugurée par Jésus où Dieu se fait tellement proche de nous qu’il prend un corps humain et qu’il verse son sang sur la croix pour le salut de tous.
C’’est ce mystère de la nouvelle Alliance qui est célébré dans le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel ». Dieu à travers Jésus descend dans nos vies. Il se fait proche de chacun et de chacune comme un Père pour ses enfants. Jésus, lui, se fait nourriture spirituelle dans le pain et le vin que nous partageons. « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure ne lui ».
Quelle beauté que cette union si intime entre Jésus et moi. Les mots sont forts « mange ma chair » et « boit mon sang ». Il ne s'agit pas de cannibalisme. Ces mots ne sont pas à prendre au pied de la lettre quoiqu'ils signifient une présence réelle. Ils expriment, en effet, la profondeur et la nouveauté de cette union avec Dieu que Jésus rend possible, qui accomplit les promesses de l’Ancienne Alliance.
"Ce dogme est donné aux chrétiens : le pain se change en chair, et le vin en sang, écrit saint Thomas d'Aquin dans la séquence Lauda Sion Salvatorem. Ce que tu ne comprends ni ne vois, une ferme foi te l'assure, hors de l'ordre naturel. Sous diverses espèces, signes seulement et non réalités, des réalités sublimes se cachent. La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l'une et l'autre espèce."
III– Une vie de communion
La vie de Dieu en nous développée par la nourriture spirituelle qu’est le Christ lui-même dans son Corps et dans son Sang ne se limite pas à l’individu qui est rejoint. Bien sûr c’est l’individu qui s’avance pour recevoir le Corps du Christ à chaque messe, mais il y a quelque chose de plus dans cette démarche que nous faisons lorsque nous nous avançons pour communier.
Saint Paul dans la deuxième lecture nous ouvre les yeux sur les retombées communautaires de l’Eucharistie que nous partageons en groupe chaque dimanche : « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ».
Voilà! À chaque messe, à chaque célébration eucharistique, je me joins à une communauté de croyants et de croyantes qui forment le Corps mystique du Christ. Je ne suis pas isolé dans la vie et dans mon chemin vers Dieu. Je fais partie d’une multitude de gens qui se reconnaissent frères et sœurs, disciples d’un même Maître et serviteurs de leurs frères et sœurs.
Conclusion
Pour terminer ces quelques réflexions, disons qu’on comprend mieux que la Fête-Dieu ait parcouru tant de chemin depuis le temps où elle est apparue. Nous n’avons plus ici, sauf en de rares occasions, les processions que nous avons connues autrefois, mais le message reste toujours là : le Corps et le Sang du Christ présent dans l’Eucharistie nous sont données « pour que le monde ait la vie ».
Amen!
Mgr Hermann Giguère, P.H.
Séminaire de Québec
21 juin 2014
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Quelques notes tirées de Wikipedia
L’origine de la Fête-Dieu est due à un miracle qui a eu lieu au XIIIe siècle à Bolsena en 1263. Ce miracle est relaté par les fresques de la Cathédrale d’Orvieto Cathédrale d'Orvieto. Un prêtre de Bohême, Pierre de Prague, avait fait un pèlerinage et avait de grands doutes spirituels notamment sur la présence du Christ dans l’Eucharistie. Lors d’une messe célébrée par le prêtre, lors de la consécration, l’hostie prit une couleur rosée et des gouttes de sang tombèrent sur le corporal et sur le pavement2. Le prêtre interrompit la messe pour porter à la sacristie les saintes espèces. Le Pape Urbain IV vint alors constater ce qui était survenu. Le pape, ancien confesseur de sainte Julienne de Cornillon institua alors à sa demande la fête du Corpus Domini par la bulle "Transiturus de hoc mundo" le 8 septembre 1264. Il la fixa au jeudi après l’octave de la Pentecôte et confia la rédaction des textes liturgiques à saint Thomas d’Aquin. La Fête-Dieu ne fut reçue dans toutes les églises latines qu'au temps de Clément V, à l'époque du Concile de Vienne (1311 - 1312) où il renouvela la constitution d'Urbain IV.
Procession du Très Saint Sacrement à la Montée Jeunesse d'Ottawa en 2010