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« Debout, la mère des douleurs..» : homélie pour la fête de Notre-Dame des douleurs

Homélie aux aspirants et candidats au diaconat permanent de Québec en la fête de Notre-Dame des douleurs au Séminaire de Québec le 15 septembre 2007 par Mgr Hermann Giguère P. H. conseiller épiscopal pour la formation initiale des futurs diacres permanents et Supérieur général du Séminaire de Québec. Textes de l'Écriture: Hébreux 5, 7-9 et Jean 19, 25-27.



« Debout, la mère des douleurs..» :  homélie pour la fête de Notre-Dame des douleurs


« Debout, la Mère des douleurs Près de la croix était en pleurs Quand son Fils pendait au bois »

Chers frères et sœurs, cette traduction française de la première strophe du « Stabat mater dolorosa » situe le cadre de notre méditation d'aujourd'hui. Elle reprend poétiquement le texte de l'évangile de Jean que nous venons d'entendre. Cette scène si forte inspire l'auteur de l'Épître aux Hébreux dont la liturgie a retenu un court passage qui inspirera mes réflexions.

I - Un nouvel enfantement

L'auteur de l'Épître aux Hébreux fait dire au Christ un peu plus loin dans sa méditation : « ...tu m'as façonné un corps... Voici, je suis venu pour faire ta volonté » (Hébreux 10, 5.9).

Ce corps reçu de Dieu c'est lui que contemple au pied de la croix la Mère de Jésus, Marie femme de Cléophas, Marie-Madeleine et l'apôtre Jean. Ce corps déchiré et meurtri marque la perfection de l'accomplissement de la volonté de Dieu. "Bien qu'il soit le Fils, il a pourtant appris l'obéissance par les souffrances de sa Passion; et, ainsi conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel» (Hébreux 5, 9). Le Serviteur souffrant donne sa vie pour la multitude.

Ce corps lacéré, à bout de souffle, défiguré, c'est celui que Marie a formé dans sa chair pendant neuf mois. Elle est là. C'est elle-même qui est sur la Croix. Une mère peut-elle voir son enfant ainsi traité sans en ressentir une douleur extrême, sans devenir une «mère en douleur»? Elle participe à un nouvel enfantement.

C'est en ces moments que s'accomplit le chant des anges à Bethléem: « Un enfant vous est né. Un sauveur vous est donné ». C'est en ces moments que le fils de Marie devient le Sauveur d'une multitude de frères et de soeurs, que l'amour de Dieu vient à la rencontre de l'humanité par le Corps et le Sang versé de celui qui est sur la croix. De ce corps transpercé par la lance du soldat sortiront du sang et de l'eau. De ce corps naîtra un peuple nouveau, une foule immense des quatre coins de la terre.

Voilà la beauté de cette scène de l'évangile que nous venons de lire. Oui! au pied de la Croix la Mère des douleurs devient la Mère de l'Église, de ce peuple nouveau des baptisés. « Femme, voici ton fils ».

C'est pourquoi, l'Église nourrit depuis les temps anciens une telle dévotion à Marie, Mère de Dieu et Mère de l'Église. « Voici ta mère ».

II - Toujours vivant, le Christ ne meurt plus

Ce n'est pas tout. Ce corps battu par les lanières des fouets, crucifié, percé par la lance, celui du Sauveur qui a été l'instrument dont celui-ci s'est servi pour accomplir la volonté de Dieu jusqu'au bout est sorti du tombeau. Le Christ est ressuscité.Il est devenu puissant pour nous sauver. « Il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel» (Hébreux 5, 9).

Naissance dans la douleur au pied de la Croix, naissance dans la gloire de Pâques où le Christ s'est levé du tombeau. Désormais le Christ est vivant et il ne meurt plus.

C'est ainsi qu'à chaque Eucharistie que nous célébrons en assemblée autour de la Croix associés à Marie et aux témoins qui se tenaient sur le Golgotha, nous tenons en nos mains, nous partageons et nous mangeons le Corps du Christ. Et nous pouvons dire en vérité et en souhaitant que cela s'inscrive de plus en plus profondément dans nos vies : « Ô Christ, tu m'as donné et façonné par cette Eucharistie ton Corps meurtri et ressuscité... Voici que je viens, comme toi, faire la volonté du Père qui n'a d'autre volonté que celle que toute l'humanité soit sauvée.»

Dans cette Eucharistie où nous nous tenons comme la Mère des douleurs au pied de la croix, demandons au Seigneur de le faire comme Marie dans l'abandon total à la volonté de Dieu.

Amen!


Mgr Hermann Giguère, ptre, p.h.
Le 15 septembre 2007


Le titre de cette homélie est une traduction des premiers vers de l'hymne « Stabat mater dolorosa ». En voici le texte latin complet ainsi qu'une traduction française.

Sur cette belle prière du « Stabat mater » le site le plus complet est en anglais et d'une richesse incroyable. Tout y est. L'adresse du site est http://www.stabatmater.info/index1.html


Compte tenu de ses nombreuses variantes nous donnons ici le texte latin "canonique" d'origine et une traduction française officielle de l'Église.

TEXTE LATIN

Stabat mater dolorosa
juxta crucem lacrimosa
dum pendebat Filius.

Cujus animam gementem
constristatam et dolentem
pertransivit gladius.

O quam tristis et afflicta
fuit illa benedicta
mater Unigenti.

Quae maerebat et dolebat
pia mater dum videbat
nati poenas incliti

Quis est homo qui non fleret
matrem Christi si videret
in tanto supplicio?

Quis non posset contristari
Christi matrem contemplari
dolentem cum Filio?

Pro peccatis suae gentis
vidit Jesum in tormentis
et flagellis subditum.

Vidit suum dulcem natum
moriendo desolatum
dum emisit spiritum.

Eia Mater, fons amoris,
me sentire vim doloris
fac ut tecum lugeam.

Fac ut ardeat cor meum
in amando Christum Deum
ut sibi complaceam.

Sancta Mater, istud agas,
crucifixi fige plagas
cordi meo valide.

Tui nati vulnerati
tam dignati pro me pati
paenas mecum divide.

Fac me vere tecum flere
crucifixo condolere
donec ego vixero.

Juxta crucem tecum stare
et me sibi sociare
in planctu desidero.

Virgo virginum praeclara
mihi jam non sis amara
fac me tecum plangere.

Fac ut portem Christi mortem
passionis fac consortem
et plagas recolere.

Fac me plagis vulnerari
fac me cruce inebriari
et cruore Filii.

Flammis ne urar succensus
per te Virgo sim defensus
in die judicii.

Christe,cum sit hinc exire,
da per matrem me venire
ad palmam victoriae.

Quando corpus morietur
fac ut animae donetur
paradisi gloria.


TEXTE FRANÇAIS

Debout, la mère des douleurs
Près de la croix était en pleurs
Quand son Fils pendait au bois.

Alors, son âme gémissante
Toute triste et toute dolente
Un glaive la transperça.

Qu'elle était triste, anéantie,
La femme entre toutes bénie,
La Mère du Fils de Dieu!

Dans le chagrin qui la poignait,
Cette tendre Mère pleurait
Son Fils mourant sous ses yeux.

Quel homme sans verser de pleurs
Verrait la Mère du Seigneur
Endurer si grand supplice?

Qui pourrait dans l'indifférence
Contempler en cette souffrance
La Mère auprès de son Fils?

Pour toutes les fautes humaines,
Elle vit Jésus dans la peine
Et sous les fouets meurtri.

Elle vit l'Enfant bien-aimé
Mourir tout seul, abandonné,
Et soudain rendre l'esprit.

O Mère, source de tendresse,
Fais-moi sentir grande tristesse
Pour que je pleure avec toi.

Fais que mon âme soit de feu
Dans l'amour du Seigneur mon Dieu:
Que je lui plaise avec toi.

Mère sainte, daigne imprimer
Les plaies de Jésus crucifié
En mon cœur très fortement.

Pour moi, ton Fils voulut mourir,
Aussi donne-moi de souffrir
Une part de ses tourments.

Pleurer en toute vérité
Comme toi près du crucifié
Au long de mon existence.

Je désire auprès de la croix
Me tenir, debout avec toi,
Dans ta plainte et ta souffrance.

Vierge des vierges, toute pure,
Ne sois pas envers moi trop dure,
Fais que je pleure avec toi.

Du Christ fais-moi porter la mort,
Revivre le douloureux sort
Et les plaies, au fond de moi.

Fais que ses propres plaies me blessent,
Que la croix me donne l'ivresse
Du sang versé par ton Fils.

Je crains les flammes éternelles;
O Vierge, assure ma tutelle
A l'heure de la justice.

O Christ, à l'heure de partir,
Puisse ta Mère me conduire
A la palme de la victoire.

A l'heure où mon corps va mourir,
A mon âme fais obtenir
La gloire du paradis.






Lundi 14 Septembre 2015
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