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LE GRAND ESCALIER
1 Quand on le voit pour la première fois, on remarque les énormes poutres en acier qui soutiennent les marches. Elles ne sont pas décoratives. Chaque marche est un bloc de pierre solide, du dessus au dessous, pesant environ 250 kg ou 550 livres (densité moyenne de 160 livres au pied cube).

2 Chaque escalier pèse donc environ 7 000 kg ou 16 000 livres, ce qui fait, pour les 5 escaliers, un poids total de 35 000 kg ou 69 700 livres, soit 35 tonnes. Et ceci ne tient pas compte du poids des personnes qui montent et descendent. Dans l’ancien Grand Séminaire, les 200 séminaristes descendaient ces escaliers en cortège de deux rangs midi et soir à partir du 4e étage. Cela ajoutait un poids d’environ 2 300 kg ( 5 000 livres) au poids de chaque escalier.

3 Les marches en pierre et les paliers furent taillés sur mesure et installés en 1882 (deux ans après le début de la construction de l'édifice). À l'origine, toute la surface des marches était bouchardée, c’est-à-dire couverte de petites aspérités pour rendre la surface antidérapante. Ces aspérités sont encore visibles dans le fond des marches et sur les côtés. Les autres ont été usées par les milliers de semelles qui ont "caressé" les marches depuis plus d'un siècle.

4 Le bras de cet escalier constitue en lui-même une oeuvre d'art et un tour de force d'ébénisterie. Il s'agit d'une main courante en trois lobes, sculptée en érable, large de 15 cm (6"), qui part, en bas, de l'énorme pilier en fonte et monte ensuite les étages, rarement en ligne droite, presque toujours incurvée, serpentant autour des colonnes et se rendant sans interruption du point de départ, en bas, jusqu'à l'extrémité du grand palier au sixième étage.

5 – Ce grand escalier est l'oeuvre de l'architecte Ferdinand Peachy qui a aussi conçu l'édifice. À l'origine, il y eut un problème difficile à résoudre : les étages n'ont pas la même hauteur, et on désirait que les escaliers soient parallèles pour un plus beau coup d'oeil. On raconte que le problème fut résolu par un humble ouvrier, Thomas Pampalon, qui savait à peine écrire son nom. La solution : aux étages plus hauts, l'escalier commence plus tôt et finit plus loin en bas.

6 Joseph Ferdinand Peachy (1830-1909), auteur de l'escalier et de l'édifice (Pavillon Jean-Olivier-Briand), fut un architecte très en demande durant sa carrière. En 1875, il avait réalisé le toit de l'Université Laval (Pavillon Camille-Roy construit par Charles Baillairgé en 1855-56) avec ses trois lanternes, ainsi que la fausse façade de l'extrémité est de l'édifice, surplombant la rue des Remparts. Cette façade fut démolie en 1970. À Québec, il fit les plans des églises Saint-Jean-Baptiste, Saint-Sauveur et Notre-Dame-de-la-Garde, de l'édifice de la Banque Nationale, 71, rue Saint-Pierre, et de l'Hôtel Château-Laurier à Place George V. Il est aussi l'auteur de la Cathédrale de Chicoutimi, construite en 1878 (incendiée en 1912), des églises Saint-Bernard de Dorchester et Saint-Christophe de Victoriaville.

7 Ce grand escalier a été le principal moyen de se déplacer d'un étage à l'autre pendant près de 60 ans. Ce n'est qu'à l'automne de 1939 que l'ascenseur actuel fut mis en service. À sa place, depuis 1880, se trouvait un monte-charge avec une poulie et un câble tiré par un cheval dans le jardin de la rue des Remparts. Ce monte-charge servait seulement deux fois par année, en septembre et en juin, pour monter et descendre les valises des séminaristes et il ne se rendait pas à l'étage du réfectoire.

Georges Marceau, ptre.
11 janvier 2005
Mis à jour le 26 octobre 2007