La lecture d'un article de la revue Études recommandé par Mgr Pierre-Olivier Tremblay, évêque administrateur du diocèse de Trois-Rivières au Québec, a suscité chez moi plein de réflexions sur l'Église du Québec parce qu'il mettait bien souvent des mots sur ce que j'entrevois pour notre Église. C'est pourquoi, je vous en donne un aperçu tout en vous recommandant de cliquer sur le lien de cet article qui figure plus bas. Le théologien de grand calibre dont fait était le titre de cet article est MgrTomáš Halík, un théologien tchèque au parcours unique. Théologien et sociologue, Mgr Halík est une figure importante de l’Église tchèque. Plusieurs de ses textes ont eu une forte influence dans de nombreux pays durant la pandémie. Voir à la fin de cet article un résumé de sa biographie.


Mgr Tomáš Halík, théologien et sociologue tchèque (Crédits photo : Petr Novák Wikipedia via Wikimedia Commons)
Mgr Tomáš Halík, théologien et sociologue tchèque (Crédits photo : Petr Novák Wikipedia via Wikimedia Commons)
Cet article ne se propose pas de résumer celui de Mgr TOMÁŠ HALÍK dans le numéro de janvier 2022 de la revue ÉTUDES, je me contenterai ici de situer le cadre de cette intervention du grand théologien tchèque et de citer quelque passages qui, pour moi, pourraient nous guider avec bonheur dans ce que l'Église du Québec qui se défait sous nos yeux est en train de vivre et qui ouvrent des portes sur un avenir à définir et à vivre ensemble. Le titre de l'article de Mgr HALÍK est "Le christianisme instrumentalisé par les nationalismes" mais l'article va beaucoup plus loin dans l'analyse de la situation de l'Église catholique aujourd'hui dans le monde. Bonne lecture. L'article de la revue Études est accessible en cliquant sur ce lien

En commençant son entretien, Mgr Halík note qu'il est né dans une famille d’intellectuels laïques à Prague en 1948. Il se convertit au christianisme par étapes. "Au début, dit-il, il y avait l’attrait intellectuel et esthétique de la culture catholique interdite par le régime : l’architecture des églises de Prague, la musique sacrée, les livres d’auteurs comme G. K. Chesterton, C. S. Lewis, François Mauriac, Graham Green, Julien Green, Léon Bloy, Georges Bernanos et bien d’autres. Ce n’est qu’autour du Printemps de Prague de 1968 que j’ai fait la connaissance de quelques prêtres éminents qui venaient de rentrer des prisons staliniennes, après une quinzaine d’années passées derrière les barreaux. Certains d’entre eux considéraient la persécution communiste comme une pédagogie divine – une purification de l’Église de son ancien triomphalisme. En prison, où ils avaient fait l’expérience d’un œcuménisme pratique, ils rêvaient d’un autre type d’Église, une Église vraiment œcuménique, pauvre, ouverte, au service des gens. Ces personnes m’ont aidé à comprendre l’esprit des réformes du concile Vatican II. Au début des années 1970, certains des livres de Pierre Teilhard de Chardin sont tombés entre mes mains et m’ont ouvert un tout nouveau monde."

Mgr Halík répond simplement aux questions du journalistes qui lui demandent qu'est-ce que son expérience du communisme et ses contacts avec l'athéisme peuvent nous apporter, à nous Occidentaux du XXIe siècle.

Mgr Halík dévelope sa pensée de façon percutante et on le suit avec intérêt. Je me contenterai de vous mettre ici quelques citations que j'ai retenues de ma lecture.

Sur l'histoire de l'Église dans le monde : "Les histoires de vie des chrétiens et l’histoire de l’Église sont une participation mystique au mystère de Pâques, au mystère de la mort et de la résurrection. Les histoires de vie des chrétiens et l’histoire de l’Église ont leurs Vendredis saints, leurs souffrances et leurs descentes aux enfers, le silence du Samedi saint et la joie du matin de Pâques. Le drame de Pâques est la clé pour comprendre le drame de nos vies, et nos expériences nous ouvrent à leur tour à une compréhension plus profonde du mystère pascal.

Homélie de Mgr Pierre Gaudette P.H. au Séminaire de Québec en la fête de saint François de Laval où il célébrait son 60e anniversaire d'ordination presbytérale. Texte publié avec l'autorisation de l'auteur. Permission de reproduire à volonté.


Une ordination presbytérale en plein aire dans les années 1960 à un congrès eucharistique régional.  (Crédits photo: H. Giguère)
Une ordination presbytérale en plein aire dans les années 1960 à un congrès eucharistique régional. (Crédits photo: H. Giguère)
« Quand nous célébrons un anniversaire comme celui que Pierre et moi célébrons, on ne peut s’empêcher de jeter un regard en arrière pour voir le chemin parcouru. Surtout si un temps de pandémie a restreint considérablement nos activités extérieures. Ce chemin, il est bien différent de celui que mes confrères et moi avions imaginé il y a soixante ans. »


Texte de l'homélie en PDF

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Conclusion

« C’est peut-être là l’interpellation que le Seigneur nous lance en ces temps difficiles. «Être fidèles et laisser faire». Ou encore, pour reprendre une autre expression de Mgr de Laval, nous «désapproprier» de nos réalisations et de nos rêves et nous abandonner en toute confiance à la grâce du Seigneur. C’est cet abandon confiant et serein à la grâce qui fera de nous de vrais disciples du Christ, et par le fait même, missionnaires, des missionnaires capables de discerner dans l’Église et dans le monde des pousses nouvelles, des pistes de renouveau, des missionnaires capables de vibrer à la joie de l’Évangile et de la dire «a temps et à contretemps» comme nous y invite saint Paul. » 6 mai 2021

CITATION DU CARDINAL NEWMAN IN EXTENSO page suivante

Mon confrère, Mgr Pierre Gaudette, ancien doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval à Québec s'est mis à la lecture de l'encyclique « Fratelli tutti ». Il se proposait de s'en faire une petit résumé, mais il s'est pris au jeu et il a commis un long résumé des pus intéressants et que je vous partage avec son autorisation.


Le pape François avec les enfants des gardes suisses (Domaine public)
Le pape François avec les enfants des gardes suisses (Domaine public)
Pour lire le résumé de Mgr Pierre Gaudette cliquez ici
Pro manuscripto. Tous droits réservés.

En voici le début :

Ce qui me frappe d’abord dans cette encyclique, c’est le souci du pape d’adopter une approche capable de rejoindre toutes les personnes de bonne volonté, quelles que soient leur croyance.: «Bien que j’ai [écrit cette encyclique] à partir de mes convictions chrétiennes qui me soutiennent et me nourrissent, j’ai essayé de le faire de telle sorte que la réflexion s’ouvre au dialogue avec toutes les personnes de bonne volonté.» .

-Il a tenu, entre autres, à se référer (au début et à la fin) au texte qu’il a signé avec l’iman Ahmad Al-Tayyeb: Dieu « a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux».

-Il a commenté la parabole du bon samaritain comme un texte pouvant être reçu par tous comme emblématique de la fraternité humaine .

- Il a adopté un langage susceptible d’être compris aujourd’hui, en évitant, par exemple, le concept de ‘loi naturelle’, fort discrédité de nos jours. Le texte est particulièrement long, mais c’est voulu: «J’ai voulu recueillir dans cette encyclique beaucoup de [mes] interventions en les situant dans le contexte d’une réflexion plus large».

Cette décision engendre des répétitions qui rendent le texte difficile à résumer. Un texte plus concis, plus intégré aurait peut-être été plus incisif. Mais on aurait perdu des ajouts qui sont émouvants par leur simplicité, leur vigueur et leur souci de rejoindre le concret: par exemple les développement sur les caractéristiques de l’amitié sociale (chapitre 5), la nature et les exigences d’un véritable dialogue (chapitre 6), les conditions d’une vraie réconciliation (chapitre 7).

De plus, on constate que le pape est particulièrement attentif aux sentiments et aux attitudes qui poussent les personnes à agir de telle ou telle façon.

Pour lire la suite cliquez ici

Article paru dans la revue Pastorale Québec Vol. 131, n. 1 janvier-février 2019 pp. 8-9. Merci à l'abbé René Tessier rédacteur en chef, pour l'autorisation de le reproduire sur ce blogue.


Personnes priantes qu'on nomme orants dans les catacombes (Domaine public)
Personnes priantes qu'on nomme orants dans les catacombes (Domaine public)
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Lorsqu'on observe un "sujet qui prie", un "priant", on est renvoyé à une attitude, une expérience. Ce "sujet", cette personne met quelque chose en action. Il cherche à ouvrir un espace de communication, de dialogue. L'attitude, l'expérience particulière qui se développe et apparaît alors prend naissance et origine (anthropologiquement et existentiellement) à partir d'un "aveu d'insuffisance" ouvrant sur l'altérité, sur une espace où vont pouvoir se nouer des rapports interpersonnels, mais sans jamais enlever une sorte de tension faite de présence et d'absence, de proximité (d'union) et de distance (de séparation), de clarté radieuse et de nuit enténébrée...

La prière, en dernière analyse, est une réponse d'acceptation amoureuse du Dessein d'amour de Dieu, "formulée" ou rendue tangible d'une manière ou d'une autre.

Avec l'autorisation du rédacteur en chef de la revue Pastorale Québec, monsieur l'abbé René Tessier, je vous présente en primeur mon article sur l' Exhortation apostolique du pape François portant sur la sainteté qui paraîtra dans le numéro de mai de la revue Pastorale Québec. Merci à René pour cette autorisation qui me permet de rendre disponible cet article aux internautes qui fréquentent mon site internet. Bonne lecture!


Crédits photo : H. Giguère
Crédits photo : H. Giguère
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En lisant, l’Exhortation apostolique du pape François sur la sainteté intitulée Gaudete et Exultate (Soyez dans la joie et l’allégresse), je me suis retrouvé dans une spiritualité que j’aime et qui m’a rappelé la spiritualité de saint François de Sales et celle de Charles de Foucauld proposée par le Père Voillaume qui ont nourri mes années de Grand Séminaire et par la suite toute ma vie de prêtre. Quelle belle surprise ! Mais en fait, à la réflexion, on se dit qu’il ne pouvait en être autrement.

L’appel universel à la sainteté

Le pape François ici ne fait que reprendre dans ses mots et dans le contexte d’aujourd’hui un fil conducteur, héritage de Vatican II, qui est celui de l’appel universel à la sainteté que la Constitution sur l’Église dessine vigoureusement dans le chapitre cinq qui porte ce titre.

Sur ce sujet, le pape prend la peine de référer à saint François de Sales – ce qui me réjouit vous le comprendrez – car ce dernier est celui qui a milité pour accréditer ce qui nous paraît maintenant évident, à savoir que la sainteté n’est pas réservée aux personnes qui entrent dans une communauté religieuse ou un groupe spirituel précis. La sainteté est pour les gens qui vivent « ès villes, ès ménages, en la cour, et qui par leur condition sont obligés de faire une vie commune quant à l'extérieur » écrivait saint François de Sales dans sa préface au best-seller que fut l’Introduction à la vie dévote. Le pape nous invite à aller dans le même sens en considérant « la grande nuée de témoins » qui nous incitent à continuer de marcher vers le but. « Et parmi eux, écrit-il, il peut y avoir notre propre mère, une grand-mère ou d’autres personnes proches (cf. 2 Tm 1, 5). Peut-être leur vie n’a-t-elle pas toujours été parfaite, mais, malgré des imperfections et des chutes, ils sont allés de l’avant et ils ont plu au Seigneur. » (GE 3) Il les appelle « les saints de la porte d’à côté » ou « la classe moyenne de la sainteté » (GE 7).

Collectif et communautaire. Réflexions à la suite d’une conversation et d’un partage sur le sacrement de la Réconciliation où on touchait le sujet de l’absolution collective dans ce sacrement versus l’absolution individuelle quelqu’un a identifié collectif et communautaire. Ce qui a fait réagir dans le groupe. On a, à juste titre, souligné à l’intervenant que la célébration individuelle du sacrement de la Réconciliation garde toujours un caractère communautaire. Le collectif et le communautaire ne sont pas la même chose. Ils ne procèdent pas de la même dynamique. Bonne lecture!


Célébration du sacrement de baptême qui fait entrer dans la communauté chrétienne (Domaine public)
Célébration du sacrement de baptême qui fait entrer dans la communauté chrétienne (Domaine public)
La dynamique du collectif met en avant le groupe aux dépens des individus. Le sommet de ce mouvement a été atteint en Union Soviétique sous le régime communiste lorsqu’a été instauré le collectivisme. Toute propriété individuelle a été mise de côté au profit de la collectivité. Les personnes se sont retrouvées prisonnières du groupe. Leurs aspirations et leurs décisions individuelles se devaient de se mouler dans celles du groupe. Ce fut la période des Kolkhozes qui ont laissé de bien mauvais souvenirs.

Le collectif cependant n’est pas une dynamique sans vertus. Sans le développement de l’esprit collectif, nos systèmes démocratiques, nos associations de bénévolat, nos organismes non-gouvernementaux etc. perdraient leur vitalité et leurs ressources.

Ceci étant dit et dont il faut prendre acte, il est important d’éviter une adéquation malvenue du collectif et du communautaire.

La dynamique du communautaire fait appel à l’individu qui se regarde et regarde le autres comme des personnes uniques, dotées de qualités et dons qu’ils peuvent mettre au service du groupe. Ainsi leur apport demeure toujours l’objet d’un choix et le groupe ne se substitue pas aux individus.

Conférence donnée par Marco Veilleux dans le cadre de la SOIRÉE RELATIONS du jeudi 20 avril 2017, au Diocèse de Québec. Texte reproduit avec l'autorisation de l'auteur. Merci!


Vision et esprit de la réforme du pape François par Marco Veilleux
Nous parlons ce soir de la réforme de la Curie romaine, mais il ne faut pas l’oublier, cette réforme structurelle et administrative, s’inscrit – à mon point de vue – dans quelque chose de plus globale et de plus profond: une réforme théologique, spirituelle et pastorale – qui n’est rien de moins qu’un approfondissement de la mise en œuvre de l’ecclésiologie de Vatican II.

J’essaierai donc ici de dégager la vision et l’esprit qui animent le pape François. Pour ce faire, je vous propose, dans les deux premières parties de mon exposé, de survoler deux prises de position remontant au tout début de son pontificat. Ces prises de positions initiales sont, il me semble, la «source inspiratrice» et «l’horizon» de ce qui est en train de se mettre en place, à Rome, depuis 4 ans. Puis, dans une troisième partie, je mentionnerai quelques éléments de la spiritualité ignatienne qui marquent clairement «le style François» – et explique donc sa manière typiquement jésuite de procéder à des réformes.
Enfin, en conclusion, j’évoquerai brièvement l’Exhortation apostolique «La joie de l’Évangile» – qui demeure, ne l’oublions pas, le texte programmatique par excellence de ce pontificat.

Je vous transcris, avec la permission de l'auteur, l'article de Marco Veilleux sur une chronique de Denise Bombardier qu'Il a intitulé : «L’Église en déroute», ou l’impasse intellectuelle du discours nostalgique et mélancolique


Journal de Québec 15 avril 2017
Journal de Québec 15 avril 2017
La chronique de Denise Bombardier intitulée «L’Église en déroute», publiée dans le journal de Québec du 15 avril, me semble être symptomatique de l’impasse intellectuelle du Québec d’aujourd’hui. Malheureusement, trop de personnes (y compris nombre de croyants) se laissent berner par cette rhétorique nostalgique et mélancolique.

Ce discours conservateur – entonné en chœur depuis des années et sur divers registres par des intellectuels allant de Mathieu Bock-Côté à Bernard Émond en passant par Éric Bédard – réduit le catholicisme québécois à une «fonction muséale» (donc essentiellement passéiste) de «gardien de notre identité et de notre mémoire collectives». Comme tous ces autres «catholiques athées ou agnostiques», Denise Bombardier fait encore ici cette distinction pour le moins problématique entre, d’une part, «notre culture religieuse» et, d’autre part, «la foi» dont cette culture serait «indépendante» (distinction à la base de cette fumeuse «catho-laïcité» typiquement québécoise).

Nombre de croyant(e)s – incluant des prêtres et des évêques –, trop heureux de trouver en cela une sorte de «bouée de sauvetage», adhèrent aveuglément à cette rhétorique identitaire vouée à l’impasse. Ils se réconfortent ainsi devant la crise actuelle et bien réelle de l’Église catholique au Québec. Ils se laissant donc seriner à l’oreille qu’ils représentent encore, au moins aux yeux de certains, la pieuse relique de ce Canada français qui, malheureusement, disparaît peu à peu sans jamais être advenu à sa pleine indépendance… Bien triste et illusoire consolation pour des «gens de foi» qui devraient plutôt se préoccuper davantage du présent à transformer et de l’avenir à bâtir!

Ne voit-on pas qu’on se berce d’illusions, ici, en croyant que l’on va «sauver» quelque chose de la «religion catholique», au Québec, en la laissant se faire instrumentaliser de la sorte dans un rôle de gardienne de notre identité et de notre histoire nationales en panne de projets d’avenir?

par l’abbé David Labossière, vicaire à St-Joseph/Granby (Diocèse de St-Hyacinthe au Québec)


Abbé David Labossière lors de son ordination presbytérale en 2013 (Granby)
Abbé David Labossière lors de son ordination presbytérale en 2013 (Granby)
Article publié dans L'Infolettre des paroisses de Granby du 31 mars 2017 et reproduit avec autorisation de l'auteur.

La récente sortie de quelques députés en faveur de l’élargissement de « l’aide médicale à mourir » illustre l’irréversibilité du processus : le groupe de travail mis sur pied par le ministre de la santé Gaétan Barrette ne constitue, soyons-en bien conscients, qu’une étape vers une accessibilité qui sera de plus en plus élargie. «Faire mourir n’est pas un soin, rappelle l’Assemblée des évêques (AEQ). Les expressions « mourir dans la dignité » et « aide médicale à mourir » employées pour qualifier une injection mortelle sèment la confusion et induisent en erreur. Il s’agit purement et simplement d’euthanasie, et non d’un soin de fin de vie» (Pierre-André Fournier, archevêque de Rimouski, président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, 27 mai 2014)


Dignité, avez-vous dit ?

Les progrès de la médecine ont permis des avancées spectaculaires pour prolonger la vie des malades et des personnes âgées. Il faut s’en réjouir. Toutefois, ces progrès n’ont pas été accompagnés d’une réflexion éthique et morale qui permette de fixer les balises de ce qui est souhaitable ou non pour maintenir le respect de la dignité humaine.

Condensé de réflexions sur l'expérience mystique à la suite d'une lecture des écrits de Marie de l'Incarnation.


Icône de sainte Marie de l'Incarnation par Gilberte Massicotte-Éthier  (Collection du Musée des Ursulines de Trois-Rivières 2008)
Icône de sainte Marie de l'Incarnation par Gilberte Massicotte-Éthier (Collection du Musée des Ursulines de Trois-Rivières 2008)
Le postulat de départ pourrait se décrire ainsi: le sujet mystique chrétien se présente comme à la recherche d'une identité personnelle dans une tradition et un discours qui le précède. Il écrit son récit comme un récit unique mais en même temps comme un récit sous-tendu, tressé de récits "archéologiques", de récits fondateurs que sont a) l'Écriture Sainte et b) les textes des autres mystiques. Ainsi le texte produit se révèle non pas un dire sur l'objet de la croyance (de la foi), mais plutôt sur la réception de cette réalité autre par le sujet croyant.

La structure du récit mystique se caractérise ainjavascript:void(0)si par un processus de références qui s'accumulent et s'entrechoquent. Ce récit apparaît alors comme dynamique et non pas formé d'avance. Le mouvement inhérent au processus par lequel le sujet-croyant se dit à lui-même et aux autres creuse sans cesse en lui le désir d'aller au-delà des mots, des limites, des symboles pour être atteint en son " fond " dirait Marie de l'Incarnation par les réalités autres de la foi, de la Parole reçue en Église. Dans l’écriture de Marie de l’Incarnation nous découvrons un continuum où elle place un discours antécédent à l'expérience du sujet et un discours conséquent à celle-ci.

L'écriture du mystique chrétien se constitue sur l'horizon de l'Écriture sacrée où se donne à l'interprétation la voie absolue expérimentée. L'expérience mystique du chrétien-croyant repose comme sur un soubassement qui lui donne sens dans la foi.


05/01/2017

Réflexions

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J'ai pu participer au début de décembre à un colloque sur Charles de Foucauld qui n'était pas banal. Il avait lieu à l'Université Laval du 1er au 3 décembre 2016 pour commémorer le centenaire de la mort de Charles de Foucauld le 1 décembre 1916. Ayant fréquenté Charles de Foucauld que j'ai connu par le livre incontournable de René Bazin que j'ai lu à l'âge de 14 ans et ayant eu la chance par la suite d'entendre le Père Voillaume au Grand Séminaire de Québec en 1959, j'ai développé une proximité et un attrait toujours présents pour le frère Charles.


Charles de Foucauld revisité - Réflexions à l'occasion d'un colloque pour le centenaire de sa mort en 1916
Dans mon enseignement à l'Université Laval, je l'ai présenté comme un maître spirituel à de nombreuses générations d'étudiants et d'étudiantes dans mon cours Lecture des maîtres spirituels

Le livre de René Bazin, Charles de Foucauld, explorateur du Maroc et ermite au Sahara, écrit cinq ans après la mort du frère Charles eut un grand succès et fut couronné par l'Académie française. On en a fait une nouvelle édition récemment (Nouvelle CIté, 2003). Le Père René Voillaume (1905-2003), fondateur des Petits frères de Jésus et des Petites Soeurs de Jésus, a été l'auteur du volume devenu un classique de la spiritualité Au coeur des masses paru en 1952. J'ai aussi assez fréquenté les écrits de Carlo Carreto (1910-1988), l'un des Petits frères de Jésus les plus connu notamment à cause du best seller que fut son livre Lettres du désert publié en français en 1983.

Ce colloque a voulu aller chercher ce que les gens vivent en lien avec Charles de Foucauld apportant ainsi des nouvelles visions de ce qu'a été son cheminement. Il est normal que la richesse d'un expérience spirituelle comme celle du frère Charles ne puisse être contenue dans une seule ligne d'interprétation. Nous verrons les nouvelles voies qui se dégagent du colloque et comment elles se justifient dans le cadre d'une famille spirituelle.

L'abbé Jacques Grand’Maison (1931-2016), acteur incontournable et observateur averti des 50 dernières années dans le sillage de la Révolution tranquille au Québec qui s'est déroulée dans les années 60 et 70 est décédé à 5 novembre 2016 à l'âge de 84 ans des suites d'un cancer des os. Il était prêtre du diocèse de St-Jérôme (Québec). Il a oeuvré dans la pastorale ouvrière, comme professeur à l'Université de Montréal et comme auteur de nombreux ouvrages sur la société québécoise et sur l'Église catholique au Québec. Son rayonnement fut immense. Il a écrit plus de 50 volumes.


Pensées d'un fils de la Révolution tranquille inspirées par le décès de Jacques Grand’Maison
Dans ses derniers écrits, il prenait ses distances avec certaines orientations de la société québécoise actuelle et manifestait un certain dépit de voir la chute des valeurs dans cette société qu'il a aimé au plus haut point. «Ce qui me scandalise le plus du monde d’ici au Québec, écrivait-il, c’est sa superficialité et son vide spirituel » dans Ces valeurs dont on parle si peu (2015). Un "passeur" sans héritiers : tel fut le drame de Jacques Grand'Maison.

Les suites de la Révolution tranquille (voir note à la fin) des années 1960 au Québec

Les deux chemins des acteurs de la Révolution tranquille du côté religieux pourraient se caractériser ainsi :

- Adaptation qui évacue non seulement les pratiques mais aussi le contenu de la foi et qui prône l'émancipation dure et totale qui aboutit pour certains à renier officiellement les racines catholiques.

- Adaptation et réforme conscientes, comme chez Grand’Maison et tant d'autres, avec comme effet secondaire non recherché, la disparition des racines dans le processus d'émancipation. Ce mouvement se développe à à l'intérieur et aussi à l'extérieur de l'Église qui perd non seulement son statut et sa crédibilité sociale mais aussi son pouvoir d'attraction pour les nouvelles générations. D'où le désert religieux où le Québec se retrouve et une certain vide spirituel du peuple québécois qui se console dans l'humour. Voir mon article sur le Code Québec de Jean-Marc Léger et autres..

Des icônes

Une icône qui a accompagné le passage sans laisser d'héritiers : Gilles Vigneault Voir Gilles Vigneault : un pays intérieur

Un autre icône qui marque la rupture et ouvre un temps nouveau : Robert Charlebois.

Le processus de couper avec les racines religieuses se retrouve sur le plan de la nation et de sa culture française. La loi 101 a maintenu des francophones mais elle a été incapable de conserver la culture française. Montréal est passé à autre chose qui ressemble à un multiculturalisme à outrance où tout ce qui est étranger est chéri et valorisé alors que les traditions, les usages et l'histoire des « Canadiens français » est rejetée ou moquée.
Le Frère Charles de Foucauld  (1858-1916)
Le Frère Charles de Foucauld (1858-1916)
Ce témoignage de Mgr Pierre Gaudette, ancien doyen de la Faculté de théologie et ancien responsable national des Fraternités Jesus-Caritas, a été préparé à la demande du comité organisateur du Colloque Charles de Foucauld intitulé "Une spiritualité en marche!" à l'occasion du centenaire de sa mort. Ce colloque a lieu du 1er au 3 décembre 2016 à l'Université Laval, Québec, Canada. Il est dû à l'initiative de la Professeure Elaine Champagne, titulaire de la Chaire de leadership en enseignement en théologie spirituelle et spiritualités de la Faculté de théologie et de sciences religieuses (FTSR) de l’Université Laval.

Pour plus de détails sur le Bienheureux Charles de Foucauld, béatifié le ‎13 novembre 2005 par le pape Benoît XVI, voir la page que je lui ai consacrée dans mes notes de cours d'histoire de la spiritualité. Voir aussi dans le journal La Croix un article intéressant de Anne-Bénédicte Hoffner : "L’héritage à multiples facettes de Charles de Foucauld" le 1 décembre 2016



Dans une Église humble et pauvre, le témoignage de l’amitié

Le désir d’une Église humble et pauvre

20 février 1959 . Je suis en deuxième année de théologie au Grand Séminaire de Québec. Nous sommes environ deux cents séminaristes et nous nous préparons à emménager dans un tout nouvel édifice au coeur de la Cité Universitaire. Nous appartenons à une Église riche et puissante qui exerce son autorité sur toutes les couches de la population. Etre prêtre, c’est une profession valorisée qui inspire le respect. Ce jour-là, le père René Voillaume, disciple du père de Foucauld et fondateur des Petits frères de Jésus, est invité à nous donner une conférence. Pour plusieurs - dont je suis - c’est une découverte. Avec chaleur et conviction, il nous présente la figure de Charles de Foucauld et nous introduit dans une spiritualité toute centrée sur une relation intime à Jésus adoré dans l’Eucharistie et rencontré dans les pauvres, une relation qui provoque au dépouillement, à la simplicité, à l’abandon, à l’adoration, à l’amour fraternel. Son livre intitulé. Au coeur des masses, devient rapidement un best- seller au Grand Séminaire et il teinte la spiritualité de plusieurs générations d’étudiants.

Tel est le message qu'a livré aux prêtres du Séminaire de Québec, lors d'une journée de ressourcement, Mgr Yvon-Joseph Moreau, évêque du diocèse de Ste-Anne-de-la-Pocatière au Québec, le 28 octobre 2016. Cette journée s'est tenue au Pavillon Jean-Olivier-Briand du Séminaire de Québec qui est la résidence des prêtres du Séminaire et des séminaristes du Grand Séminaire de Québec.


Mgr Yvon-Joseph Moreau, évêque de Ste-Anne de la Pocatière devant la statue de sainte Anne au Séminaire de Québec (Crédits photo : H. Giguère)
Mgr Yvon-Joseph Moreau, évêque de Ste-Anne de la Pocatière devant la statue de sainte Anne au Séminaire de Québec (Crédits photo : H. Giguère)
Mgr Moreau a commencé son entretien en citant la devise du pape François "Miserando et eligendo" qu'il a proposé de traduire ainsi "miséricordié et choisi" et pour appuyer ce départ, il s'est référé à la Règle de saint Benoît où celui-ci, après plusieurs citations de l'Écriture, conclut en écrivant "Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu".

Sur cette lancée, Mgr Moreau s'est attardé sur le mot "miséricorde". Il a noté à la suite de l'exégète Jean Duhaime dans Parabole de décembre 2015 que le mot français "miséricorde" avait été banni du psautier de la traduction dite Bible de Jérusalem au profit du mot "tendresse" ou "amour".

Inspiré par ce mot de Jean XIII : "Le plus beau nom et le pus bel attribut de Dieu c'est sa misréricorde", Mgr Moreau évoque les textes fondateurs du livre de l'Exode. Il rappelle qu'en Exode 34, 6 le Seigneur se présente comme un Dieu tendre et miséricordieux. C'est la "carte de visite" de Dieu, commente-t-il. Et en Exode 3. 7, où le Seigneur dit à Moïse "J'ai vu la misère de mon peuple, et j'ai entendu ses cris, je suis descendu pour le délivrer", Mgr Moreau voit là non seulement la vocation de Moïse, mais il y décèle derrière ces mots le coeur même de Dieu, la "vocation de Dieu". Car comme le dit le pape François "ignorer la souffrance de l'Humanité, c'est ignorer Dieu" dont le nom est "Miséricorde".

Lorsqu'on regarde et observe un "sujet qui prie", un "priant", on est renvoyé à une attitude, une expérience. Ce "sujet", cette personne met quelque chose en action. Il cherche à ouvrir un espace de communication, de dialogue.


Procession aux flambaux à Fatima le 24 septembre 2016 (Crédits photo : H. Giguère)
Procession aux flambaux à Fatima le 24 septembre 2016 (Crédits photo : H. Giguère)
L'attitude, l'expérience particulière qui se développe et apparaît alors prend naissance et origine (anthropologiquement et existentiellement)

- à partir d'un "aveu d'insuffisance" ouvrant sur l'altérité, sur une espace où vont pouvoir se nouer des rapports interpersonnels
- mais sans jamais enlever une sorte de tension faite de présence et d'absence, de proximité (d'union) et de distance (de séparation), de clarté radieuse et de nuit enténébrée...

La prière, en dernière analyse, est une réponse d'acceptation amoureuse du Dessein d'amour de Dieu, "formulée" ou rendue tangible d'une manière ou d'une autre.

La grâce ne détruit pas la nature. Il en est ainsi dans la prière comme dans toute activité spirituelle. Donc, je suis en droit de parler toujours de ma prière, même dans les plus hauts sommets de contemplation mystique. La prière reste toujours humaine. C'est le coeur, la voix d'un homme, d'une femme, qui se saisit dans sa relation à Dieu. D'où actualité permanente des psaumes.

« Le texte est très bon et il explicite parfaitement le sens du chapitre 8 d’Amoris laetitia. Il n’y a pas d’autre interprétation. Et je suis sûr que cela fera beaucoup de bien », écrit le pape François aux évêques de la région de Buenos Aires ses anciens collègues, soulignant que « c’est précisément la charité pastorale qui nous pousse à sortir pour rencontrer ceux qui sont éloignés, et une fois que nous les avons rencontrés, à entamer un chemin d’accueil, d’accompagnement, de discernement et d’intégration dans la communauté ecclésiale ».


L'assemblée du Synodes des évêques à Rome en 2015
L'assemblée du Synodes des évêques à Rome en 2015
Cette citation est reprise de l'article de Nicolas Senèze, à Rome, pour le journal La Croix le 12 septembre 2016 qui rapporte que le pape François a reçu de la part de ses anciens collègues un document proposant des règles précises pour l'application concrète d'« Amoris laetitia » dans leurs diocèses respectifs intitulé «Critères fondamentaux pour l’application du chapitre VIII de 'Amoris Laetitia'». En réponse à cet envoi, dans une lettre envoyée à ses confrères, il juge que leur projet pastoral permettant, dans certains cas, d’accueillir des divorcés remariés à la communion, « exprime pleinement le sens du chapitre 8 d'« Amoris laetitia », l'Exhortation apostolique qui a suivi six mois plus tard les deux assemblées synodales sur la famille en 2014 et 2015.
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