Collectif et communautaire. Réflexions à la suite d’une conversation et d’un partage sur le sacrement de la Réconciliation où on touchait le sujet de l’absolution collective dans ce sacrement versus l’absolution individuelle quelqu’un a identifié collectif et communautaire. Ce qui a fait réagir dans le groupe. On a, à juste titre, souligné à l’intervenant que la célébration individuelle du sacrement de la Réconciliation garde toujours un caractère communautaire. Le collectif et le communautaire ne sont pas la même chose. Ils ne procèdent pas de la même dynamique. Bonne lecture!


Célébration du sacrement de baptême qui fait entrer dans la communauté chrétienne (Domaine public)
Célébration du sacrement de baptême qui fait entrer dans la communauté chrétienne (Domaine public)
La dynamique du collectif met en avant le groupe aux dépens des individus. Le sommet de ce mouvement a été atteint en Union Soviétique sous le régime communiste lorsqu’a été instauré le collectivisme. Toute propriété individuelle a été mise de côté au profit de la collectivité. Les personnes se sont retrouvées prisonnières du groupe. Leurs aspirations et leurs décisions individuelles se devaient de se mouler dans celles du groupe. Ce fut la période des Kolkhozes qui ont laissé de bien mauvais souvenirs.

Le collectif cependant n’est pas une dynamique sans vertus. Sans le développement de l’esprit collectif, nos systèmes démocratiques, nos associations de bénévolat, nos organismes non-gouvernementaux etc. perdraient leur vitalité et leurs ressources.

Ceci étant dit et dont il faut prendre acte, il est important d’éviter une adéquation malvenue du collectif et du communautaire.

La dynamique du communautaire fait appel à l’individu qui se regarde et regarde le autres comme des personnes uniques, dotées de qualités et dons qu’ils peuvent mettre au service du groupe. Ainsi leur apport demeure toujours l’objet d’un choix et le groupe ne se substitue pas aux individus.

Si nous appliquons cela à la communauté chrétienne, on voit tout de suite que, dans les groupes chrétiens auxquels se joignent des individus de leur plein gré, ce sont eux qui seront toujours à la base de la communauté. Celle-ci se caractérisera par un engagement de leur part, par une identité commune partagée et par des gestes propres.
Revenons sur ces trois caractéristiques de la dynamique du communautaire appliquées à la communauté chrétienne :

1) L’engagement personnel

C’est un premier pas qui se fait subitement parfois comme lors d’une conversion, mais qui, en général, est plutôt diffus dans le temps. Les parents qui demandent le baptême pour leur enfant lui ouvrent une porte qu’il aura à franchir par lui-même un jour ou l’autre. Le chrétien-baptisé verra ses années se dérouler remplies de questionnements, d’aller et retours parfois, de choix à faire et à refaire. C’est à cause de ces choix qu’il affirmera – confessera - ce qu’il a reçu dans la grâce du baptême.

2) L’identité commune

Le chrétien reçoit par le baptême une grâce invisible mais efficace qui le rend participant de la vie de Dieu avec le Christ ressuscité. Cette réalité le précède et demeure toujours, quels que soient ses choix. La théologie catholique l’exprime avec la notion de « caractère sacramentel ». Ainsi le baptisé n’est jamais à l’écart de la communauté dans laquelle il est entré en union avec le Christ ressuscité.

3) Les gestes appropriés (« propres » au sens philosophique)

Dans le christianisme, la communauté se nourrit de gestes qui la dépassent car ils sont reçus de Celui qui l’anime et la fait vivre, le Christ-Jésus. La théologie sacramentaire décrit les sacrements comme des gestes du Christ qui ont pour chacun un effet, une grâce reliée à sa présence active. De là l’importance des célébrations sacramentelles aux différentes étapes de la vie et en particulier celle l’Eucharistie et de la Réconciliation dans la vie courante.

Au terme de ces quelques réflexions, on constate que la dynamique du communautaire dans la vie des communautés chrétiennes ne se limite pas au collectif. De plus, lorsque les gestes du Christ que sont les sacrements prennent place dans la vie d’une personne baptisée, celle-ci, même lorsqu’elle les fait « privément » demeure toujours dans une dynamique communautaire. Il est souhaitable que celle-ci soit signifiée extérieurement dans des rassemblements ou dans des gestes partagées, mais elle prend sa source et sa signification dans Celui qui rassemble le Christ Seigneur Ressuscité. C’est lui qui est la Tête du Corps dont le baptisé fait partie. Et ainsi dans l’Église, Corps du Christ, le communautaire est toujours ecclésial que ce soit pour l’individu ou pour les groupes. Cette « ecclésialité », pour employer un terme très utilisé en Italie, est au-delà des communautarismes qui ont cours dans les pratiques sociales de nos jours. La vie communautaire de l’Église englobe toutes les dimensions de la vie de la personne baptisée.

Mgr Hermann Giguère P.H.
Faculté de théologie et de sciences religieuses
de l'Université Laval
Séminaire de Québec


25 octobre 2017


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