« Le texte est très bon et il explicite parfaitement le sens du chapitre 8 d’Amoris laetitia. Il n’y a pas d’autre interprétation. Et je suis sûr que cela fera beaucoup de bien », écrit le pape François aux évêques de la région de Buenos Aires ses anciens collègues, soulignant que « c’est précisément la charité pastorale qui nous pousse à sortir pour rencontrer ceux qui sont éloignés, et une fois que nous les avons rencontrés, à entamer un chemin d’accueil, d’accompagnement, de discernement et d’intégration dans la communauté ecclésiale ».


L'assemblée du Synodes des évêques à Rome en 2015
L'assemblée du Synodes des évêques à Rome en 2015
Cette citation est reprise de l'article de Nicolas Senèze, à Rome, pour le journal La Croix le 12 septembre 2016 qui rapporte que le pape François a reçu de la part de ses anciens collègues un document proposant des règles précises pour l'application concrète d'« Amoris laetitia » dans leurs diocèses respectifs intitulé «Critères fondamentaux pour l’application du chapitre VIII de 'Amoris Laetitia'». En réponse à cet envoi, dans une lettre envoyée à ses confrères, il juge que leur projet pastoral permettant, dans certains cas, d’accueillir des divorcés remariés à la communion, « exprime pleinement le sens du chapitre 8 d'« Amoris laetitia », l'Exhortation apostolique qui a suivi six mois plus tard les deux assemblées synodales sur la famille en 2014 et 2015.

Les évêques insistent particulièrement sur « la charité pastorale » avec laquelle « le prêtre doit recevoir les personnes qui viennent les voir et ils relèvent qu' « un chemin de discernement est également possible. Si on en arrive à reconnaître que, dans un cas concret, il y a des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité, particulièrement lorsqu’une personne estime qu’elle tomberait dans une nouvelle faute en faisant du tort aux enfants de la nouvelle union, 'Amoris laetitia' ouvre la possibilité de l’accès aux sacrements de la réconciliation et de l’eucharistie. »

Les évêques de Buenos Aires prennent néanmoins bien soin de souligner, écrit Nicoas Senèze, qu’« il faut éviter de comprendre cette possibilité comme l’accès sans restriction aux sacrements ». « Ce qui est proposé est un discernement qui distingue adéquatement au cas par cas », précisent-ils, rappelant aux prêtres qu’« il est toujours important de pousser les gens à mettre leur conscience devant Dieu ». Et de mettre en garde : « Quand il y a des injustices non résolues, l’accès aux sacrements est particulièrement scandaleux. »

Les évêques de Buenos Aires, continue Nicolas Senèze, sont d’ailleurs attentifs aux réactions des fidèles : « Il peut être opportun qu’un éventuel accès aux sacrements se réalise de manière discrète, surtout lorsque l’on prévoit des situations conflictuelles, mettent-ils en garde. Mais en même temps il ne faut pas cesser d’accompagner la communauté pour qu’elle grandisse dans l’esprit de compréhension et d’accueil, sans que cela implique de créer des confusions quant à l’enseignement de l’Église à propos du mariage indissoluble. »

Voici d'autre extraits de la lettre du pape François :

« Je vous félicite pour le travail que vous avez accompli : un véritable exemple d’accompagnement des prêtres »,

« Nous savons que cela est fatigant, il s’agit d’une pastorale du 'corps à corps' qui ne se satisfait pas des médiations programmatiques, organisationnelles ou légales, même si elles peuvent être nécessaires », reconnaît le pape qui rappelle quatre attitudes pastorales essentielles à ses yeux : « Simplement accueillir, accompagner, discerner, intégrer ».

« Parmi ces quatre attitudes pastorales, la moins cultivée, la moins pratiquée est le discernement ; et je considère urgente la formation au discernement, personnelle et communautaire, dans nos séminaires et dans nos presbytères », insiste-t-il.

Repris d'un article du journal La Croix le 12 septembre 2016]i

> Lire aussi : Pour le pape, « l’Église doit grandir dans sa capacité de discernement » ;a des jésuites polonais lors de la JMJ à Cracovie en juillet 2016