Réflexions

Christian Rioux, correspondant du journal Le Devoir à Paris, nous livre des réflexions passionnantes sur la visite du pape Benoît XVI Paris et à Lourdes en septembre 2008. "Comment imaginer deux hommes plus différents? écrit-il. D'un côté, un président divorcé deux fois qui fréquente les stars, les yachts luxueux et cultive les déclarations-chocs. De l'autre, un théologien à la voix presque inaudible qui semble se complaire dans des discours truffés de citations latines."


L`ANTI-STAR
Si la visite de Benoît XVI en France cette semaine [12-13 septembre 2008 à Paris et 13-14-15 septembre 2008 à Lourdes] a produit un choc culturel, il était peut-être dans cette brève rencontre avec Nicolas Sarkozy.

Cette visite a pourtant relancé un débat que l'on croyait clos. Le président français en a profité pour faire la promotion de ce qu'il nomme la « laïcité positive ». Discret, le pape s'est contenté de se dire ouvert à « une nouvelle réflexion sur le vrai sens et sur l'importance de la laïcité ». Il avait déjà défini le contexte de sa visite en affirmant : « La foi n'est pas politique et la politique n'est pas une religion. »

On s'interroge depuis quelque temps sur ce que peut bien signifier cette « laïcité positive » qu'évoque régulièrement le président français. Si cette laïcité nouvelle consistait à mettre de côté un vieux discours anticlérical toujours vivace dans certains milieux, pourquoi pas. S'il s'agissait de reconnaître la contribution de la religion catholique à l'histoire de l'humanité, va encore. Mais s'il était question d'abandonner la réserve qui avait jusqu'ici caractérisé tous les présidents de la Ve République, de Charles de Gaulle à Jacques Chirac, il s'agirait d'une autre histoire.

C'est avec raison que de nombreux Français s'irritent aujourd'hui d'un président qui, en rupture avec la tradition, ne cesse d'afficher sa foi à tout propos. Un peu de la même façon qu'à une autre époque, il parlait sans pudeur de sa vie amoureuse. Si la France doit combattre l'anticléricalisme revanchard qui l'a parfois caractérisée, elle peut néanmoins s'enorgueillir de la réserve dont ont fait preuve dans le passé ses représentants dans le domaine religieux. Tout comme elle peut s'enorgueillir d'une école où (comme les policiers et les juges) les enseignants n'ont pas le droit de porter le voile, la croix ou la kipa dans l'exercice de leurs fonctions. Avec pour résultat que, même si le pays accueille les plus grandes communautés juive et musulmane d'Europe, celles-ci ne désertent pas l'école publique au profit de l'école privée. Tous les pays ne peuvent pas afficher un tel bilan.

À suivre cette visite du pape à Paris, on se prend néanmoins à regretter que Benoît XVI n’ait pas honoré de sa présence les festivités du 400e anniversaire de Québec. Peut-être leur aurait-il instillé le regard historique qui leur a tant manqué.

À l'époque du storytelling et des petites phrases, ce pape est un anachronisme. On dirait un homme du XIXe siècle égaré à Disney World. Alors que des milliers de fidèles l'attendent sur le parvis de Notre-Dame, le voilà qui court s'enfermer au collège des Bernardins pour s'adresser à un auditoire composé de 600 intellectuels. Tout cela pour prononcer, dans un français châtié, une conférence ardue sur les origines de la culture européenne et pleine de références à d'obscurs théologiens. Et pourtant, sous les somptueuses arches gothiques du XIIIe siècle, ces 600 esprits, parmi lesquels nombre d'athées et d'agnostiques, se sont pris au jeu.

Je ne suis pas du genre à m’intéresser à la petite cuisine de l’Église. L’ordination des femmes, la messe en latin et le mariage des couples divorcés ne me concernent pas plus que le sexe des imans, des rabbins ou des anges. Mais, à Paris, le pape avait décidé de livrer un message qui concernait tant les croyants que les non-croyants.

Je n'oserai vous résumer un discours dont l'exégèse reste à faire. Disons simplement que Benoît XVI s'est demandé ce qui avait donné naissance à la culture européenne apparue dans des monastères comme celui des Bernardins après la disparition de l'empire romain. Pour le pape, cette culture est née de la recherche de Dieu. Mais, dit-il, elle n'est pas née d'un livre unique, la Bible, mais des Écritures. Des Écritures qui ne prennent leur sens que par les interprétations souvent contradictoires que l'homme en donne. Benoît XVI en déduit qu'à sa source, cette « culture de la parole » d'abord littéraire exclut à la fois le fondamentalisme, pour lequel seul compte le texte, mais aussi l'arbitraire subjectif, pour lequel toutes les interprétations se valent. La culture européenne serait fondée sur cette tension permanente entre la fidélité à un texte, une loi, un héritage, et la liberté de les interpréter.

On aura compris que le pape visait ainsi tous les intégrismes, catholique ou musulman, pour qui le texte est la voix de Dieu. Mais il visait aussi la propension des sociétés modernes à penser que toutes les opinions se valent. Bref, à ne plus chercher la vérité.

C'est pourquoi on peut penser que si le Pape avait investi le séminaire de Québec, comme il l'a fait cette semaine au collège des Bernardins, il aurait fait pâlir de honte le recteur de l'Université Laval, qui a choisi cet été de décerner à Céline Dion un doctorat honoris causa plutôt que demeurer fidèle la vocation de grand savoir de cette institution fondée en 1663. Va pour la légion d'honneur ou l'ordre du Québec, qui peuvent récompenser la réussite. Mais un doctorat n'est-il pas censé récompenser, bien au-delà de la popularité personnelle, ceux et celles qui ont fait avancer la connaissance ?

Qu'est-ce que le relativisme absolu dont parlait précisément Benoît XVI ? C'est justement de confondre Céline Dion avec un savant. C'est de faire croire que, malgré ses qualités réelles, parfois sublimes, une chanteuse populaire est l'équivalent d'un grand mathématicien ou d'un grand poète. Comme si les disques d'or et les Félix ne suffisaient pas. La mystification est peut-être utile pour attirer de lucratives clientèles étudiantes, mais c'est une façon sûre et certaine d'avilir la fonction de l'université. Que dirait-on, demain, si Benoît XVI, lui-même universitaire de haut vol et pianiste à ses heures, recevait un Grammy Award ?

On pourra discuter les opinions du pape autant que l'on voudra, on ne pourra pas dire que ce théologien nous prend pour des imbéciles. Comme certaines de nos élites.

Christian Rioux
Journal "Le Devoir" (Montréal)
vendredi 19 septembre 2008


Source
http://www.ledevoir.com/2008/09/19/206270.html

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24/09/2008

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Religion: une fracture chez les jeunes. La religion disparaît de l'univers des jeunes "pure laine" au Québec. Elle continue d'habiter l'univers des jeunes issus de l'immigration. Une cassure s'installe entre les jeunes. Où cela nous mènera-t-il? Cette enquête du journal "La Presse" précise le portrait des jeunes et de la religion au Québec particulièrement dans la grand région montréalaise. Bonne lecture.


JEUNES ET RELIGION AU QUEBEC
Lorsqu'il est question de religion, les jeunes «pure laine» et ceux issus de l'immigration ne sont pas en communion.

Cinquante et un pour cent des jeunes Québécois francophones affirment en effet croire en Dieu, par rapport à 73% chez les jeunes provenant de familles anglophones ou immigrées, révèle notre sondage sur les 18-30 ans. La Presse a donné rendez-vous à un musulman, une protestante et un athée sur un perron d'église pour discuter de cet écart.

«Dès que je parle du fait que je vais à l'église, il y a toujours un petit malaise», lance Annie Altidor, protestante d'origine haïtienne. «Je sens que les Québécois ont une écoeurantite aiguë envers la religion parce qu'ils ont été échaudés par l'Église catholique.»

Étienne Houde, athée de 25 ans qui a grandi à Trois-Rivières, est encore plus tranché lorsqu'il tente d'expliquer pourquoi seulement 27% des francophones sont pratiquants.

«Les jeunes de notre âge ont complètement tassé l'aspect religieux de leur vie, dit-il. J'irais jusqu'à dire qu'il existe chez certains une véritable haine envers l'Église catholique. On le voit tous les jours dans nos sacres.»

L'étudiant, qui fait une maîtrise en histoire, a grandi dans une famille chrétienne. Comme bien des jeunes de son âge, il a été baptisé, a fait sa première communion puis sa confirmation. Mais à l'adolescence, il a remis la pertinence de ces rites en question.

«J'ai trouvé réponse à mes questions existentielles à travers la philosophie, mes relations interpersonnelles et dans le milieu universitaire, dit-il. Je n'ai pas eu besoin d'un livre ou de me transcender dans l'au-delà.»

«Je crois que les jeunes associent à tort la religion à un lot de règlements», rétorque Annie, qui étudie la sexologie mais pratique l'abstinence. «Avoir la foi, ce n'est pas suivre aveuglément comme des brebis. Les croyants aussi se posent des questions.»

Haydar Moussa, musulman de 24 ans qui a immigré du Liban, partage le point de vue d'Annie.

«Le croyant n'est pas un extra-terrestre. La religion est un mode de vie qui encourage des valeurs comme ne pas voler, ne pas insulter autrui ou ne pas parler dans le dos des autres. Bref, on n'est pas si différents des jeunes du Québec.»

Les jeunes qui vivent dans la ville de Québec sont les moins croyants de la province, avec 46% de fidèles. Les moins de 30 ans en région sont les plus religieux, avec près de 57% de croyants.

Croyez-vous en Dieu?

OUI: 53,4%

NON: 45,7%

NSP/NRP: 0,8 %

Êtes-vous pratiquant?

OUI: 30,0%
NON: 70,0%

Méthodologie : Ce sondage a été réalisé du 5 au 19 août 2008 par Segma pour le compte de La Presse et des six autres quotidiens du Groupe Gesca, auprès de 608 Québécois de 18 à 30 ans. Sa marge d'erreur est de 4 points de pourcentage, 19 fois sur 20, davantage pour les sous-groupes.


Le samedi 20 septembre 2008
Daphné Cameron
Collaboration spéciale

Journal "La Presse" de Montréal (Canada)


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23/09/2008

Actualité

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Marie Guyart, en religion Marie de l'Incarnation, mystique ursuline de Tours et Québec, béatifiée le 20 juin 1980 par le pape Jean-Paul II, est visitée par Jean-Daniel Lafond et Marie Tifo dont on suit le périple pour entrer dans l'aventure intérieure de cette personnalité exceptionnelle, veuve, femme d'affaires, éducatrice et mystique.


FOLLE DE DIEU : MARIE GUYART
FOLLE DE DIEU
Sur la trace de Marie de l'Incarnation
BRUNO LAPOINTE
Le Journal de Montréal
27-08-2008 | 10h38

Après près d'une trentaine d'années de gestation, Jean-Daniel Lafond présente son dernier projet, Folle de Dieu, en première mondiale ce soir, dans le cadre du Festival des films du monde.

L'aventure Folle de Dieu a débuté pour Jean-Daniel Lafond au début des années 1980. À l'époque, cette incursion dans la psyché de Marie de l'Incarnation était une pièce de théâtre. Et le personnage, seul sur scène, prenait vie grâce à... un homme.

De facture audacieuse à l'époque, le projet a tout de même séduit la communauté religieuse. Une réaction qui a ouvert bien des portes à Jean-Daniel Lafond au cours des années où il a planché sur sa propre version de Folle de Dieu.

De ce nombre, les Ursulines ont été d'une aide particulièrement précieuse lorsqu'est venu le temps de tourner chez elles.

«Elles ont été formidables», lance le réalisateur.

Dans le tourbillon

Mais le projet n'a pas vu le jour aussitôt. Jean-Daniel Lafond n'avait à l'époque pas les moyens de produire Folle de Dieu. Le scénario a été mis en veilleuse, et la vie s'est chargée de tenir le réalisateur occupé, documentaire après documentaire.

Puis, son épouse, Michaëlle Jean, a été nommée gouverneure générale. Aussitôt, Jean-Daniel Lafond s'est retrouvé au beau milieu d'une controverse, alors que ses affiliations politiques passées ont été montrées du doigt.

«Ça a été quelque chose de dément. Et certains excès de langage auraient pu être douloureux si je n'avais pas relativisé. Mais j'ai l'impression de l'avoir vécu de l'extérieur, comme si tout ceci arrivait à quelqu'un d'autre», se rappelle-t-il.

Mais cet épisode est désormais chose du passé pour lui et son épouse. Ils ont passé outre tout ceci.

«C'est derrière moi. Et je n'éprouve aucune rancoeur», précise Jean-Daniel Lafond.

Boucler la boucle

Comme Folle de Dieu était à la base une pièce de théâtre, la boucle sera bientôt bouclée. Lorraine Pintal signe la mise en scène de l'adaptation pour les planches, présentée à Québec dans le cadre des festivités du 400e anniversaire de la ville.

La production, mettant toujours en scène Marie Tifo, clôturera la saison prochaine du TNM, ici, à Montréal.

Le Folle de Dieu de Jean-Daniel Lafond devient en quelque sorte le compagnon de la pièce de théâtre, son prélude. À l'écran, Marie Tifo se lance sur la trace de Marie de l'Incarnation afin de s'approprier le personnage et de l'habiter corps et âme.

«Tout débute avec l'affront de la comédienne et du texte», remarque Jean-Daniel Lafond.

Durant quelque 75 minutes, on y suit donc Marie Tifo lorsqu'elle rencontre historiens et autres références afin de bien comprendre qui était cette soeur qui a débarqué en Nouvelle-France pour fonder le monastère des Ursulines de Québec en 1639.

«J'ai revu Marie Tifo récemment. Et elle m'a remercié, affirmant que son expérience l'a réellement transformée. Et moi aussi. Pendant 30 ans, nous avons vécu avec ce récit. Et il prend finalement l'affiche», conclut Jean-Daniel Lafond.

Présenté en première mondiale ce soir, Folle de Dieu prendra l'affiche le 12 septembre.

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Jean-Daniel Lafond

Cinéaste et écrivain, ex-professeur de philosophie. Auteur d'une quinzaine de films, qui s'inscrivent dans la continuité du cinéma documentaire de création, dont : Les traces du rêve (1986), La maniere nègre ou Aimé Césaire, chemin faisant (1991), Tropique Nord (1994), La liberté en colère (1994), Haïti dans tous nos rêves (1995), L’heure de Cuba (1999), Le temps des barbares (1999), Salam Iran, une lettre persane (2002), Le faiseur de théâtre (France, 2002), Le cabinet du docteur Ferron (2003), Le fugitif ou les vérités d’Hassan (2006). Observateur attentif du monde et de son temps, ses films composent des récits émouvants et provocants, véritables poèmes philosophiques qui sont autant d'invitations au voyage et a la réflexion sur le destin des êtres et des peuples. Parallèlement au cinéma, il a développé une œuvre radiophonique originale et publié plusieurs livres. Il est l’époux de Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean, gouverneure générale du Canada, et collabore activement à la fonction.



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05/09/2008

Actualité

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Edito

Hé oui! Déjà diront certains. L'été du 400e de Québec a été des plus remplis et les fêtes ne sont pas terminées.


LA RENTREE
La communauté des prêtres du Séminaire se réjouit de la place qu'a pris François de Laval dans ces fêtes et au Congrès eucharistique international. En effet, en 2008, se célèbre une ANNÉE JUBILAIRE pour commémorer le 350e anniversaire de l'ordination épiscopale de François de Laval le 8 décembre 1658 et le 300e anniversaire de son décès le 6 mai 1708.

Le spectacle multimedia "Mgr François" préparé par Olivier Dufour et Ghislain Turcotte dans la Cour du Vieux-Séminaire du 1 au 11 juillet fut un grand succès. L'exposition "francois de laval, premier evesque de quebec" au Musée de l'Amérique française connaît elle aussi un beau succès et elle sera prolongée tout au cours de l'année 2009.

Voyez le site internet du Séminaire de Québec pour de plus amples informations:www.seminairedequebec.org

Bonne rentrée!

Hermann Giguère, ptre p.h.
Supérieur général du Séminaire de Québec

le 24 août 2008


parler : le signe de la croix.

Autre geste significatif : elle a d'abord voulu s'agenouiller pour prier, sa mère, Yolanda Pulecio, agenouillée à sa droite, et quelques autres personnes, dont des compagnons de captivité. L'aumônier militaire a guidé la prière : trois « Je vous salue Marie », le « Gloire au Père, au Fils, au Saint-Esprit ».
Cliquez ici pour entendre cette prière

La caméra colombienne a fait un gros plan sur le visage recueilli d'Ingrid Betancourt, les yeux fermés. Des images diffusées en direct dans le monde entier, dont, en France, « France 2 ».

Elle montrait à sa mère un rosaire enroulé autour de son poignet gauche. Et lorsque la conférence de presse allait commencer, elle a dit au micro qu'elle voulait d'abord remercier Dieu de sa libération en disant : « Il faut surtout que vous vous joignez à moi pour remercier Dieu d'être libre, parce que j'ai beaucoup prié (...) ».

Et puis, elle remercie l'armée colombienne, pour cette opération « impeccable », « parfaite ». Et puis elle insiste, après le récit de leur libération : « Dieu nous a fait ce miracle, ceci est un miracle ».

Je recommande mes enfants à Dieu

Dans la plaquette « Lettres à maman par-delà l'enfer » (Seuil janvier 2008) qui publie sa lettre de captivité du 24 octobre 2007, rédigée entre 8 h 34 et 15 h 34, elle écrit notamment : « Je recommande mes enfants à Dieu afin que la foi les accompagne toujours et qu'ils ne s'écartent jamais de lui ».

A sa mère, qui lui adresse des messages quotidiens grâce à la radio, elle écrit : « Tous les jours, je me lève en remerciant Dieu de t'avoir. Tous les jours, j'ouvre les yeux à 4 heures et je me prépare, afin d'être bien réveillée lorsque j'écouterai les messages de l'émission « La Carrilera de las 5 ».

Entendre ta voix, sentir ton amour, ta confiance, ton engagement à ne pas me laisser seule, c'est mon espoir quotidien . Tous les jours, je demande à Dieu de te bénir, de te protéger, et de me permettre de pouvoir un jour tout te rendre, te traiter commune reine à mes côtés, parce que je ne supporte pas l'idée d'être à nouveau séparée de toi ».

Elle dit aussi son espérance : « Je me nourris chaque jour de l'espoir d'être ensemble, et nous verrons comment Dieu nous montrera la voie, mais la première chose que je veux te dire, c'est que, sans toi, je n'aurais pas tenu jusque là ».

La prière pour Pinchao

Elle dit aussi sa prière pour « Pinchao », Jhon Frank Pionchao, un policier colombien, ancien otage des FARC pendant presque 9 ans, qui a réussi à s'évader en mai 2007 : il marchera 17 jours dans la jungle sans se faire reprendre. Il a passé trois de ses années de captivité avec Ingrid Betancourt.

« Dis-lui, écrit-elle à sa mère, combien je l'aime et que j'ai prié Dieu pour qu'il survive à son exploit ».
Aux stations de radio qu'elle réussit à capter, elle adresse ce message : « Que Dieu nous donne un jour la possibilité de nous embrasser et de leur rendre une partie de l'énergie que leur voix a inoculée dans nos cœurs, chaque jour de chaque mois de chaque année de cette terrible captivité ».

Et lorsque, sur la tarmac de Catam, un journaliste se présente comme de l'un de ces radios, « Caracol Radio », elle laisse le micro, s'avance vers lui, le serre longuement dans ses bras en guise de remerciement.

Dans cette même lettre, elle tient à envoyer « un salut fraternel à monseigneur Castro et au Père Echeverry ».

Elle souligne : « Ils se sont toujours battus pour nous. Ils ont toujours pris la parole quand le silence et l'oubli nous recouvraient plus que la jungle même ».

Une issue fatale était cependant envisagée comme une possibilité par Ingrid Betancourt, sans pour autant entamer sa foi dans la bonté de Dieu. Elle écrit, toujours à propos de ces deux prêtres : « Que Dieu les guide afin que très vite nous puissions parler de tout cela au passé. Et sinon, si Dieu en décide autrement, nous nous retrouverons au ciel et nous le remercierons pour son infinie miséricorde ».

Dans sa captivité, Ingrid Betancourt avait une Bible. Et, récemment, elle avait reçu ce dictionnaire qu'elle demandait pour ne pas se rouiller intellectuellement.

Mgr Castro et le P. Echeverri

Le Père Dario Echeverri (ou Echeverry) est avocat, spécialiste en Droit canonique, et prêtre Clarétin. Il est secrétaire national de la Commission de conciliation et membre de la Commission de paix de l'Eglise catholique et membre de la Commission de « facilitation » de ELN.

Il est reconnu par le gouvernement et par les FARC comme habilité à faciliter l'élaboration d'un accord humanitaire pour la libération des otages.

Mgr Luis Augusto Castro, évêque de Tunja, a joué un rôle clef dans la négociation avec les FARC.
Il est notamment l'auteur d'un livre intitulé « Réconciliation, individu et communauté en Colombie », qui offre une réflexion sur la réconciliation, à partir de l'expérience de la Colombie. Pour l'évêque, la vraie réconciliation commence lorsqu'une personne peut raconter la violence qu'elle a subie : la parole permet aux victimes de se reconstruire, pour arriver à la réconciliation. Cette réconciliation constitue, pour l'auteur, un évènement « libérateur » qui « vient finalement de Dieu », qui « rapproche ennemis et étrangers dans la mort du Christ ».

Une famille réunie

Ingrid Betancourt est franco-colombienne, et dans sa lettre, comme dans sa déclaration juste après sa libération, elle a remercié sa « douce France », où elle a passé une partie de sa vie et fait des études, rendant hommage à tous ceux qui l'ont soutenue.

« Je suis colombienne mais je suis française, mon coeur est partagé (...) Je vais très vite être avec vous, je rêve d'être en France », a-t-elle dit.

Betancourt ou Bethencourt ou Betancur, est un patronyme d'origine normande répandu en Amérique latine et Astrid Betancourt a déclaré qu'elles ont été éduquée dans l'amour de la France de leurs ancêtres.

A 15 h 25, ce 3 juillet, l'Airbus « République française » a amené à l'aéroport de Bogota les enfants d'Ingrid, Mélanie et Lorenzo Betancourt Delloye, leur père, Fabrice Delloye, et sa sœur Astrid Betancourt, et d'autres membres de sa famille. Ingrid Betancourt est montée à bord de l'avion pour des retrouvailles dans l'intimité. Elle sera demain à Paris : elle viendra par le même avion.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, était dans l'avion : il est venu remercier les autorités colombiennes.

Anita S. Bourdin

Extraits d'un article paru dans zenit.org : Le monde vu de Rome, le 3 juillet 2008




Extraits du journal LaCroix

07/07/2008 19:02
Ingrid Betancourt se dit "transformée" par la prière


Dans un entretien à paraître jeudi 10 juillet dans l’hebdomadaire « Pèlerin », Ingrid Betancourt raconte son parcours de foi. Ingrid Betancourt prie, sur le tarmac de l'aéroport de Bogota, juste après sa libération, avec sa mère, mercredi 2 juillet (Photo Vergara/AP).Dimanche 6 juillet au soir, à l’issue de la messe de 22 heures au Sacré-Cœur de Montmartre, à Paris, l’hebdomadaire Pèlerin a longuement rencontré Ingrid Betancourt, l’ex-otage des Farc libérée mercredi dernier en Colombie.

« La dernière fois que j’ai vu mon père, à la veille de mon enlèvement, nous étions assis dans sa chambre, sous une image du Sacré-Cœur », se souvient-elle, racontant comment elle a ensuite, en écoutant Radio Catholica Mundial, découvert la spiritualité du Sacré-Cœur.

« Je me souviens d’une bénédiction en particulier, celle de Jésus promettant de toucher les cœurs durs qui nous font souffrir, confie-t-elle aux journalistes de Pèlerin. Alors, j’ai fait cette prière : “Mon Jésus, je ne t’ai jamais rien demandé parce que tu es tellement grand que j’ai honte de te solliciter. Mais là, je vais te demander quelque chose de très concret. Je ne sais pas ce que cela signifie exactement “se consacrer au Sacré-Cœur”, mais si tu m’annonces, au cours du mois de juin qui est ton mois, la date à laquelle je vais être libérée, je serai toute à toi.” »

Or, le 27 juin, le commandant du camp ordonnait aux prisonniers de préparer leurs affaires car l’un d’entre eux allait être libéré. « Ma libération s’est déroulée de manière très différente, reconnaît-elle, mais le fait est que Jésus a tenu parole : je vis un miracle. »

"Soit on se laisse enlaidir... Soit on choisit l’autre chemin"
Longuement, l’ancienne otage raconte son parcours de foi. « Si je n’avais pas eu le Seigneur à mes côtés, je ne pense pas que j’aurais réussi à grandir dans la douleur, explique-t-elle. Être otage vous place dans une situation de constante humiliation. Vous êtes victime de l’arbitraire complet, vous connaissez le plus vil de l’âme humaine. Face à cela, il y a deux chemins. Soit on se laisse enlaidir, on devient hargneux, vindicatif, on laisse son cœur se remplir de rancune. Soit on choisit l’autre chemin, celui que Jésus nous a montré. Il nous demande : “Bénis ton ennemi.” »

Un chemin qu’elle reconnaît « difficile ». « Pourtant, dès que je faisais l’exercice de prononcer “Bénis ton ennemi” – alors que j’avais envie de dire tout le contraire –, c’était magique, il y avait comme une espèce de… soulagement. » Et Ingrid Betancourt, qui dit avoir vécu « un dialogue constant avec Dieu, à travers l’Évangile », de conclure : « Je sens qu’il y a eu une transformation en moi. »

Bien sûr, elle reconnaît avoir eu des moments de doute. « La première année, c’est vrai, j’étais en lutte contre Dieu. Je lui en voulais terriblement de la mort de mon père, se souvient-elle. Et puis j’ai compris qu’il fallait le remercier, car jamais papa n’aurait pu supporter ces six années d’horreur. Alors, oui, je peux dire que ma foi a grandi. » C’est ainsi qu’elle a pu approfondir son regard sur Marie : « Papa avait une grande dévotion pour la Vierge, alors que moi, je dois dire qu’à l’époque, je trouvais Marie un petit peu… bébête. »

Mais elle a ensuite découvert « une Marie forte, une Marie intelligente, une Marie qui a de l’humour ». Une Marie, aussi, mère comme elle : « Je pensais à sa souffrance de mère, et je lui demandais sans cesse : “Marie, s’il te plaît, occupe-toi de maman et de mes enfants.” (…) Et en disant cela, je sentais qu’elle m’écoutait. Et je m’apaisais. »

"Par des actes, faire que les gens soient touchés"
Si elle a pu tenter de partager cette foi avec d’autres prisonniers, l’ancienne otage dit « avoir renoncé à leur parler de l’Évangile, sans doute parce que je ne savais pas le faire ». « Mais je continuais à prier tous les jours, précise-t-elle. Et ce qui est extraordinaire, c’est que plusieurs de mes compagnons m’ont dit plus tard qu’ils avaient retrouvé la foi grâce à moi. » Comme son ancien compagnon de captivité John Pinchao (2).

« Parler de Dieu, c’est très compliqué, conclut Ingrid Betancourt. Mais on peut, par l’exemple, par des actes, faire que les gens soient touchés. » C’est aussi pour cela qu’elle répond aujourd’hui aux nombreuses sollicitations qui se présentent à elle – elle sera ainsi cet après-midi au Sénat et pourrait se rendre demain à l’Assemblée nationale. « Je me sens tellement redevable, explique-t-elle encore. Je dois tellement à l’amour de tous d’être ici, que je n’arrive pas à dire non. »

Nicolas SENÈZE

(1) Il vient de raconter son histoire dans Évadé de l’enfer (Éd. Florent Massot, 333 p., 19,90 €).




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27/08/2008

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Benoît XVI lors de sa rencontre les prêtres, diacres et séminaristes du diocèse de Bolzano-Bressanone, le 6 août 2008, durant ses vacances dans les Dolomites italiennes, s'est prêté à des questions auxquelles il a répondu avec simplicité en improvisant de façon familière. J'ai retenu la réponse à celle qui suit parce qu'elle m'a touché, qu'elle est d'une grand richesse et qu'elle nous fait entrer un peu plus dans l'âme de ce pape musicien. Dans cette réponse le pape explique que la raison et la réflexion sur la vérité et la beauté, vont de pair. Les beautés créées par la foi sont « la preuve vivante de la foi », dit-il. Bonne lecture!


BEAUTE, ART, RAISON, FOI
P. Willibald Hopfgartner, o.f.m.

- Très Saint-Père, je m'appelle Willibald Hopfgartner, je suis franciscain et je travaille dans une l'école et dans divers contextes du gouvernement de l'Ordre. Dans votre discours de Ratisbonne vous avez souligné le lien substantiel entre l'Esprit divin et la raison humaine. D'autre part, vous avez également souligné l'importance de l'art et de la beauté, de l'esthétique. Alors, à côté du dialogue conceptuel sur Dieu (en théologie) ne faudrait-il pas toujours réaffirmer l'expérience esthétique de la foi dans le cadre de l'Eglise, pour l'annonce et la liturgie ?

Benoît XVI

- Merci. Oui, je pense que les deux choses vont de pair la raison, la précision, l'honnêteté de la réflexion sur la vérité et la beauté. Une raison qui en quelque sorte voudrait se dévêtir de la beauté, serait diminuée, ce serait une raison aveuglée. Seules deux choses unies forment un ensemble, et pour la foi cette union est importante. La foi doit continuellement affronter les défis de la pensée de cette époque, afin qu'elle ne semble pas une sorte de légende irrationnelle que nous maintiendrions en vie, mais qu'elle soit véritablement une réponse aux grandes questions : afin qu'elle ne soit pas seulement habitude mais vérité - comme le déclara une fois Tertullien. Saint Pierre dans sa première Lettre, avait écrit cette phrase que les théologiens du Moyen Age avaient prise pour une légitimation, presque une commande pour leur travail théologique : "Soyez prêts à tout moment à rendre compte du sens de l'espérance qui est en vous" - apologie du logos de l'espérance, c'est-à-dire qui transforme le logos, la raison, en apologie, en réponse aux hommes. Bien sûr, il était convaincu du fait que la foi était logos, qu'elle était une raison, une lumière qui provient de la Raison créatrice, et non un beau mélange fruit de notre pensée. Voilà pourquoi elle est universelle, c'est pour cela qu'elle peut être communiquée à tous.

Mais ce logos créateur n'est pas seulement un logos technique - nous reviendrons sur cet aspect dans une autre réponse - il est ample, c'est un logos qui est amour et donc capable de s'exprimer dans la beauté et dans le bien. Et, en réalité, j'ai dit un jour que selon moi l'art et les saints sont la plus grande apologie de notre foi. Les arguments portés par la raison sont absolument importants et on ne peut y renoncer, mais il reste toujours quelque part un désaccord. En revanche, si nous regardons les saints, cette grande trace lumineuse par laquelle Dieu a traversé l'histoire, nous voyons que là se trouve véritablement une force de bien qui résiste aux millénaires, il y a véritablement la lumière de la lumière. Et de la même manière, si nous contemplons les beautés créées par la foi, elles sont simplement, dirais-je, la preuve vivante de la foi. Si je regarde cette belle cathédrale : c'est une annonce vivante ! Elle-même nous parle, et partant de la beauté de la cathédrale nous parvenons à annoncer visuellement Dieu, le Christ et tous ses mystères : ici ils ont pris forme et ils nous regardent. Toutes les grandes oeuvres d'art, les cathédrales - les cathédrales gothiques et les splendides églises baroques - sont toutes un signe lumineux de Dieu et donc véritablement une manifestation, une épiphanie de Dieu. Et dans le christianisme il s'agit précisément de cette épiphanie : Dieu est devenu une Epiphanie voilée - il apparaît et il resplendit. Nous venons d'écouter l'orgue dans toute sa splendeur et je pense que la grande musique née dans l'Eglise est une manière de rendre audible et perceptible la vérité de notre foi : du chant grégorien à la musique des cathédrales jusqu'à Palestrina et son époque, jusqu'à Bach puis Mozart, Bruckner et ainsi de suite... En écoutant toutes ces oeuvres - les Passions de Bach, sa Messe en si bémol et les grandes compositions spirituelles de la polyphonie du XVI siècle, de l'école viennoise, de toute la musique même celles des compositeurs mineurs - soudainement nous ressentons : c'est vrai ! Là où naissent des choses de ce genre, il y a la vérité. Sans une intuition qui découvre le vrai centre créateur du monde, une telle beauté ne peut naître. C'est pourquoi je pense que nous devrions toujours faire en sorte que les deux choses aillent ensemble, les porter ensemble. Lorsqu'à notre époque, nous discutons du caractère raisonnable de la foi, nous discutons précisément du fait que la raison ne finit pas où finissent les découvertes expérimentales, elle ne finit pas dans le positivisme ; la théorie de l'évolution voit la vérité, mais n'en voit que la moitié : elle ne voit pas que derrière il y a l'Esprit de la création. Nous luttons pour l'élargissement de la raison et donc pour une raison qui justement soit ouverte aussi au beau et ne doive pas le laisser de côté comme quelque chose de totalement différent et irrationnel. L'art chrétien est un art rationnel - pensons à l'art du gothique et à la grande musique ou même, justement à notre art baroque - mais c'est une expression artistique d'une raison très élargie, dans laquelle le coeur et la raison se rencontrent. Ainsi en est-il. Ceci est, je pense, d'une certaine manière la vérité du christianisme : coeur et raison se rencontrent, beauté et vérité se touchent. Et plus nous-mêmes réussissons à vivre dans la beauté de la vérité, plus la foi pourra redevenir créatrice même à notre époque et s'exprimer sous une forme artistique convaincante.

Alors, cher père Hopfgartner, merci de cette question ; essayons de faire en sorte que les deux catégories, celle de l'esthétique et celle de la noéthique, soient unies et que dans ce vaste cadre se manifeste la totalité et la profondeur de notre foi.

© Copyright : Librairie Editrice du Vatican

Traduction française : L'Osservatore Romano



parler : le signe de la croix.

Autre geste significatif : elle a d'abord voulu s'agenouiller pour prier, sa mère, Yolanda Pulecio, agenouillée à sa droite, et quelques autres personnes, dont des compagnons de captivité. L'aumônier militaire a guidé la prière : trois « Je vous salue Marie », le « Gloire au Père, au Fils, au Saint-Esprit ».
Cliquez ici pour entendre cette prière

La caméra colombienne a fait un gros plan sur le visage recueilli d'Ingrid Betancourt, les yeux fermés. Des images diffusées en direct dans le monde entier, dont, en France, « France 2 ».

Elle montrait à sa mère un rosaire enroulé autour de son poignet gauche. Et lorsque la conférence de presse allait commencer, elle a dit au micro qu'elle voulait d'abord remercier Dieu de sa libération en disant : « Il faut surtout que vous vous joignez à moi pour remercier Dieu d'être libre, parce que j'ai beaucoup prié (...) ».

Et puis, elle remercie l'armée colombienne, pour cette opération « impeccable », « parfaite ». Et puis elle insiste, après le récit de leur libération : « Dieu nous a fait ce miracle, ceci est un miracle ».

Je recommande mes enfants à Dieu

Dans la plaquette « Lettres à maman par-delà l'enfer » (Seuil janvier 2008) qui publie sa lettre de captivité du 24 octobre 2007, rédigée entre 8 h 34 et 15 h 34, elle écrit notamment : « Je recommande mes enfants à Dieu afin que la foi les accompagne toujours et qu'ils ne s'écartent jamais de lui ».

A sa mère, qui lui adresse des messages quotidiens grâce à la radio, elle écrit : « Tous les jours, je me lève en remerciant Dieu de t'avoir. Tous les jours, j'ouvre les yeux à 4 heures et je me prépare, afin d'être bien réveillée lorsque j'écouterai les messages de l'émission « La Carrilera de las 5 ».

Entendre ta voix, sentir ton amour, ta confiance, ton engagement à ne pas me laisser seule, c'est mon espoir quotidien . Tous les jours, je demande à Dieu de te bénir, de te protéger, et de me permettre de pouvoir un jour tout te rendre, te traiter commune reine à mes côtés, parce que je ne supporte pas l'idée d'être à nouveau séparée de toi ».

Elle dit aussi son espérance : « Je me nourris chaque jour de l'espoir d'être ensemble, et nous verrons comment Dieu nous montrera la voie, mais la première chose que je veux te dire, c'est que, sans toi, je n'aurais pas tenu jusque là ».

La prière pour Pinchao

Elle dit aussi sa prière pour « Pinchao », Jhon Frank Pionchao, un policier colombien, ancien otage des FARC pendant presque 9 ans, qui a réussi à s'évader en mai 2007 : il marchera 17 jours dans la jungle sans se faire reprendre. Il a passé trois de ses années de captivité avec Ingrid Betancourt.

« Dis-lui, écrit-elle à sa mère, combien je l'aime et que j'ai prié Dieu pour qu'il survive à son exploit ».
Aux stations de radio qu'elle réussit à capter, elle adresse ce message : « Que Dieu nous donne un jour la possibilité de nous embrasser et de leur rendre une partie de l'énergie que leur voix a inoculée dans nos cœurs, chaque jour de chaque mois de chaque année de cette terrible captivité ».

Et lorsque, sur la tarmac de Catam, un journaliste se présente comme de l'un de ces radios, « Caracol Radio », elle laisse le micro, s'avance vers lui, le serre longuement dans ses bras en guise de remerciement.

Dans cette même lettre, elle tient à envoyer « un salut fraternel à monseigneur Castro et au Père Echeverry ».

Elle souligne : « Ils se sont toujours battus pour nous. Ils ont toujours pris la parole quand le silence et l'oubli nous recouvraient plus que la jungle même ».

Une issue fatale était cependant envisagée comme une possibilité par Ingrid Betancourt, sans pour autant entamer sa foi dans la bonté de Dieu. Elle écrit, toujours à propos de ces deux prêtres : « Que Dieu les guide afin que très vite nous puissions parler de tout cela au passé. Et sinon, si Dieu en décide autrement, nous nous retrouverons au ciel et nous le remercierons pour son infinie miséricorde ».

Dans sa captivité, Ingrid Betancourt avait une Bible. Et, récemment, elle avait reçu ce dictionnaire qu'elle demandait pour ne pas se rouiller intellectuellement.

Mgr Castro et le P. Echeverri

Le Père Dario Echeverri (ou Echeverry) est avocat, spécialiste en Droit canonique, et prêtre Clarétin. Il est secrétaire national de la Commission de conciliation et membre de la Commission de paix de l'Eglise catholique et membre de la Commission de « facilitation » de ELN.

Il est reconnu par le gouvernement et par les FARC comme habilité à faciliter l'élaboration d'un accord humanitaire pour la libération des otages.

Mgr Luis Augusto Castro, évêque de Tunja, a joué un rôle clef dans la négociation avec les FARC.
Il est notamment l'auteur d'un livre intitulé « Réconciliation, individu et communauté en Colombie », qui offre une réflexion sur la réconciliation, à partir de l'expérience de la Colombie. Pour l'évêque, la vraie réconciliation commence lorsqu'une personne peut raconter la violence qu'elle a subie : la parole permet aux victimes de se reconstruire, pour arriver à la réconciliation. Cette réconciliation constitue, pour l'auteur, un évènement « libérateur » qui « vient finalement de Dieu », qui « rapproche ennemis et étrangers dans la mort du Christ ».

Une famille réunie

Ingrid Betancourt est franco-colombienne, et dans sa lettre, comme dans sa déclaration juste après sa libération, elle a remercié sa « douce France », où elle a passé une partie de sa vie et fait des études, rendant hommage à tous ceux qui l'ont soutenue.

« Je suis colombienne mais je suis française, mon coeur est partagé (...) Je vais très vite être avec vous, je rêve d'être en France », a-t-elle dit.

Betancourt ou Bethencourt ou Betancur, est un patronyme d'origine normande répandu en Amérique latine et Astrid Betancourt a déclaré qu'elles ont été éduquée dans l'amour de la France de leurs ancêtres.

A 15 h 25, ce 3 juillet, l'Airbus « République française » a amené à l'aéroport de Bogota les enfants d'Ingrid, Mélanie et Lorenzo Betancourt Delloye, leur père, Fabrice Delloye, et sa sœur Astrid Betancourt, et d'autres membres de sa famille. Ingrid Betancourt est montée à bord de l'avion pour des retrouvailles dans l'intimité. Elle sera demain à Paris : elle viendra par le même avion.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, était dans l'avion : il est venu remercier les autorités colombiennes.

Anita S. Bourdin

Extraits d'un article paru dans zenit.org : Le monde vu de Rome, le 3 juillet 2008




Extraits du journal LaCroix

07/07/2008 19:02
Ingrid Betancourt se dit "transformée" par la prière


Dans un entretien à paraître jeudi 10 juillet dans l’hebdomadaire « Pèlerin », Ingrid Betancourt raconte son parcours de foi. Ingrid Betancourt prie, sur le tarmac de l'aéroport de Bogota, juste après sa libération, avec sa mère, mercredi 2 juillet (Photo Vergara/AP).Dimanche 6 juillet au soir, à l’issue de la messe de 22 heures au Sacré-Cœur de Montmartre, à Paris, l’hebdomadaire Pèlerin a longuement rencontré Ingrid Betancourt, l’ex-otage des Farc libérée mercredi dernier en Colombie.

« La dernière fois que j’ai vu mon père, à la veille de mon enlèvement, nous étions assis dans sa chambre, sous une image du Sacré-Cœur », se souvient-elle, racontant comment elle a ensuite, en écoutant Radio Catholica Mundial, découvert la spiritualité du Sacré-Cœur.

« Je me souviens d’une bénédiction en particulier, celle de Jésus promettant de toucher les cœurs durs qui nous font souffrir, confie-t-elle aux journalistes de Pèlerin. Alors, j’ai fait cette prière : “Mon Jésus, je ne t’ai jamais rien demandé parce que tu es tellement grand que j’ai honte de te solliciter. Mais là, je vais te demander quelque chose de très concret. Je ne sais pas ce que cela signifie exactement “se consacrer au Sacré-Cœur”, mais si tu m’annonces, au cours du mois de juin qui est ton mois, la date à laquelle je vais être libérée, je serai toute à toi.” »

Or, le 27 juin, le commandant du camp ordonnait aux prisonniers de préparer leurs affaires car l’un d’entre eux allait être libéré. « Ma libération s’est déroulée de manière très différente, reconnaît-elle, mais le fait est que Jésus a tenu parole : je vis un miracle. »

"Soit on se laisse enlaidir... Soit on choisit l’autre chemin"
Longuement, l’ancienne otage raconte son parcours de foi. « Si je n’avais pas eu le Seigneur à mes côtés, je ne pense pas que j’aurais réussi à grandir dans la douleur, explique-t-elle. Être otage vous place dans une situation de constante humiliation. Vous êtes victime de l’arbitraire complet, vous connaissez le plus vil de l’âme humaine. Face à cela, il y a deux chemins. Soit on se laisse enlaidir, on devient hargneux, vindicatif, on laisse son cœur se remplir de rancune. Soit on choisit l’autre chemin, celui que Jésus nous a montré. Il nous demande : “Bénis ton ennemi.” »

Un chemin qu’elle reconnaît « difficile ». « Pourtant, dès que je faisais l’exercice de prononcer “Bénis ton ennemi” – alors que j’avais envie de dire tout le contraire –, c’était magique, il y avait comme une espèce de… soulagement. » Et Ingrid Betancourt, qui dit avoir vécu « un dialogue constant avec Dieu, à travers l’Évangile », de conclure : « Je sens qu’il y a eu une transformation en moi. »

Bien sûr, elle reconnaît avoir eu des moments de doute. « La première année, c’est vrai, j’étais en lutte contre Dieu. Je lui en voulais terriblement de la mort de mon père, se souvient-elle. Et puis j’ai compris qu’il fallait le remercier, car jamais papa n’aurait pu supporter ces six années d’horreur. Alors, oui, je peux dire que ma foi a grandi. » C’est ainsi qu’elle a pu approfondir son regard sur Marie : « Papa avait une grande dévotion pour la Vierge, alors que moi, je dois dire qu’à l’époque, je trouvais Marie un petit peu… bébête. »

Mais elle a ensuite découvert « une Marie forte, une Marie intelligente, une Marie qui a de l’humour ». Une Marie, aussi, mère comme elle : « Je pensais à sa souffrance de mère, et je lui demandais sans cesse : “Marie, s’il te plaît, occupe-toi de maman et de mes enfants.” (…) Et en disant cela, je sentais qu’elle m’écoutait. Et je m’apaisais. »

"Par des actes, faire que les gens soient touchés"
Si elle a pu tenter de partager cette foi avec d’autres prisonniers, l’ancienne otage dit « avoir renoncé à leur parler de l’Évangile, sans doute parce que je ne savais pas le faire ». « Mais je continuais à prier tous les jours, précise-t-elle. Et ce qui est extraordinaire, c’est que plusieurs de mes compagnons m’ont dit plus tard qu’ils avaient retrouvé la foi grâce à moi. » Comme son ancien compagnon de captivité John Pinchao (2).

« Parler de Dieu, c’est très compliqué, conclut Ingrid Betancourt. Mais on peut, par l’exemple, par des actes, faire que les gens soient touchés. » C’est aussi pour cela qu’elle répond aujourd’hui aux nombreuses sollicitations qui se présentent à elle – elle sera ainsi cet après-midi au Sénat et pourrait se rendre demain à l’Assemblée nationale. « Je me sens tellement redevable, explique-t-elle encore. Je dois tellement à l’amour de tous d’être ici, que je n’arrive pas à dire non. »

Nicolas SENÈZE

(1) Il vient de raconter son histoire dans Évadé de l’enfer (Éd. Florent Massot, 333 p., 19,90 €).




Tiré de SME-Infonet http://www.webzinemaker.com/sme/, webzine publié par la Société des prêtres du Séminaire de Québec.
27/08/2008

Réflexions

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Ingrid Betancourt remercie d’abord Dieu pour sa libération. A genoux sur le tarmac de la base militaire de Catam, le 2 juillet 2008.


LA FOI D`INGRID BETANCOURT
À son arrivée sur le tarmac de la base militaire colombienne de Catam, mercredi 2 juillet, vers 18 h, heure locale, Ingrid Betancourt a eu un geste significatif et silencieux, avant même d'avoir un micro pour parler : le signe de la croix.

Autre geste significatif : elle a d'abord voulu s'agenouiller pour prier, sa mère, Yolanda Pulecio, agenouillée à sa droite, et quelques autres personnes, dont des compagnons de captivité. L'aumônier militaire a guidé la prière : trois « Je vous salue Marie », le « Gloire au Père, au Fils, au Saint-Esprit ».
Cliquez ici pour entendre cette prière

La caméra colombienne a fait un gros plan sur le visage recueilli d'Ingrid Betancourt, les yeux fermés. Des images diffusées en direct dans le monde entier, dont, en France, « France 2 ».

Elle montrait à sa mère un rosaire enroulé autour de son poignet gauche. Et lorsque la conférence de presse allait commencer, elle a dit au micro qu'elle voulait d'abord remercier Dieu de sa libération en disant : « Il faut surtout que vous vous joignez à moi pour remercier Dieu d'être libre, parce que j'ai beaucoup prié (...) ».

Et puis, elle remercie l'armée colombienne, pour cette opération « impeccable », « parfaite ». Et puis elle insiste, après le récit de leur libération : « Dieu nous a fait ce miracle, ceci est un miracle ».

Je recommande mes enfants à Dieu

Dans la plaquette « Lettres à maman par-delà l'enfer » (Seuil janvier 2008) qui publie sa lettre de captivité du 24 octobre 2007, rédigée entre 8 h 34 et 15 h 34, elle écrit notamment : « Je recommande mes enfants à Dieu afin que la foi les accompagne toujours et qu'ils ne s'écartent jamais de lui ».

A sa mère, qui lui adresse des messages quotidiens grâce à la radio, elle écrit : « Tous les jours, je me lève en remerciant Dieu de t'avoir. Tous les jours, j'ouvre les yeux à 4 heures et je me prépare, afin d'être bien réveillée lorsque j'écouterai les messages de l'émission « La Carrilera de las 5 ».

Entendre ta voix, sentir ton amour, ta confiance, ton engagement à ne pas me laisser seule, c'est mon espoir quotidien . Tous les jours, je demande à Dieu de te bénir, de te protéger, et de me permettre de pouvoir un jour tout te rendre, te traiter commune reine à mes côtés, parce que je ne supporte pas l'idée d'être à nouveau séparée de toi ».

Elle dit aussi son espérance : « Je me nourris chaque jour de l'espoir d'être ensemble, et nous verrons comment Dieu nous montrera la voie, mais la première chose que je veux te dire, c'est que, sans toi, je n'aurais pas tenu jusque là ».

La prière pour Pinchao

Elle dit aussi sa prière pour « Pinchao », Jhon Frank Pionchao, un policier colombien, ancien otage des FARC pendant presque 9 ans, qui a réussi à s'évader en mai 2007 : il marchera 17 jours dans la jungle sans se faire reprendre. Il a passé trois de ses années de captivité avec Ingrid Betancourt.

« Dis-lui, écrit-elle à sa mère, combien je l'aime et que j'ai prié Dieu pour qu'il survive à son exploit ».
Aux stations de radio qu'elle réussit à capter, elle adresse ce message : « Que Dieu nous donne un jour la possibilité de nous embrasser et de leur rendre une partie de l'énergie que leur voix a inoculée dans nos cœurs, chaque jour de chaque mois de chaque année de cette terrible captivité ».

Et lorsque, sur la tarmac de Catam, un journaliste se présente comme de l'un de ces radios, « Caracol Radio », elle laisse le micro, s'avance vers lui, le serre longuement dans ses bras en guise de remerciement.

Dans cette même lettre, elle tient à envoyer « un salut fraternel à monseigneur Castro et au Père Echeverry ».

Elle souligne : « Ils se sont toujours battus pour nous. Ils ont toujours pris la parole quand le silence et l'oubli nous recouvraient plus que la jungle même ».

Une issue fatale était cependant envisagée comme une possibilité par Ingrid Betancourt, sans pour autant entamer sa foi dans la bonté de Dieu. Elle écrit, toujours à propos de ces deux prêtres : « Que Dieu les guide afin que très vite nous puissions parler de tout cela au passé. Et sinon, si Dieu en décide autrement, nous nous retrouverons au ciel et nous le remercierons pour son infinie miséricorde ».

Dans sa captivité, Ingrid Betancourt avait une Bible. Et, récemment, elle avait reçu ce dictionnaire qu'elle demandait pour ne pas se rouiller intellectuellement.

Mgr Castro et le P. Echeverri

Le Père Dario Echeverri (ou Echeverry) est avocat, spécialiste en Droit canonique, et prêtre Clarétin. Il est secrétaire national de la Commission de conciliation et membre de la Commission de paix de l'Eglise catholique et membre de la Commission de « facilitation » de ELN.

Il est reconnu par le gouvernement et par les FARC comme habilité à faciliter l'élaboration d'un accord humanitaire pour la libération des otages.

Mgr Luis Augusto Castro, évêque de Tunja, a joué un rôle clef dans la négociation avec les FARC.
Il est notamment l'auteur d'un livre intitulé « Réconciliation, individu et communauté en Colombie », qui offre une réflexion sur la réconciliation, à partir de l'expérience de la Colombie. Pour l'évêque, la vraie réconciliation commence lorsqu'une personne peut raconter la violence qu'elle a subie : la parole permet aux victimes de se reconstruire, pour arriver à la réconciliation. Cette réconciliation constitue, pour l'auteur, un évènement « libérateur » qui « vient finalement de Dieu », qui « rapproche ennemis et étrangers dans la mort du Christ ».

Une famille réunie

Ingrid Betancourt est franco-colombienne, et dans sa lettre, comme dans sa déclaration juste après sa libération, elle a remercié sa « douce France », où elle a passé une partie de sa vie et fait des études, rendant hommage à tous ceux qui l'ont soutenue.

« Je suis colombienne mais je suis française, mon coeur est partagé (...) Je vais très vite être avec vous, je rêve d'être en France », a-t-elle dit.

Betancourt ou Bethencourt ou Betancur, est un patronyme d'origine normande répandu en Amérique latine et Astrid Betancourt a déclaré qu'elles ont été éduquée dans l'amour de la France de leurs ancêtres.

A 15 h 25, ce 3 juillet, l'Airbus « République française » a amené à l'aéroport de Bogota les enfants d'Ingrid, Mélanie et Lorenzo Betancourt Delloye, leur père, Fabrice Delloye, et sa sœur Astrid Betancourt, et d'autres membres de sa famille. Ingrid Betancourt est montée à bord de l'avion pour des retrouvailles dans l'intimité. Elle sera demain à Paris : elle viendra par le même avion.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, était dans l'avion : il est venu remercier les autorités colombiennes.

Anita S. Bourdin

Extraits d'un article paru dans zenit.org : Le monde vu de Rome, le 3 juillet 2008




Extraits du journal LaCroix

07/07/2008 19:02
Ingrid Betancourt se dit "transformée" par la prière


Dans un entretien à paraître jeudi 10 juillet dans l’hebdomadaire « Pèlerin », Ingrid Betancourt raconte son parcours de foi. Ingrid Betancourt prie, sur le tarmac de l'aéroport de Bogota, juste après sa libération, avec sa mère, mercredi 2 juillet (Photo Vergara/AP).Dimanche 6 juillet au soir, à l’issue de la messe de 22 heures au Sacré-Cœur de Montmartre, à Paris, l’hebdomadaire Pèlerin a longuement rencontré Ingrid Betancourt, l’ex-otage des Farc libérée mercredi dernier en Colombie.

« La dernière fois que j’ai vu mon père, à la veille de mon enlèvement, nous étions assis dans sa chambre, sous une image du Sacré-Cœur », se souvient-elle, racontant comment elle a ensuite, en écoutant Radio Catholica Mundial, découvert la spiritualité du Sacré-Cœur.

« Je me souviens d’une bénédiction en particulier, celle de Jésus promettant de toucher les cœurs durs qui nous font souffrir, confie-t-elle aux journalistes de Pèlerin. Alors, j’ai fait cette prière : “Mon Jésus, je ne t’ai jamais rien demandé parce que tu es tellement grand que j’ai honte de te solliciter. Mais là, je vais te demander quelque chose de très concret. Je ne sais pas ce que cela signifie exactement “se consacrer au Sacré-Cœur”, mais si tu m’annonces, au cours du mois de juin qui est ton mois, la date à laquelle je vais être libérée, je serai toute à toi.” »

Or, le 27 juin, le commandant du camp ordonnait aux prisonniers de préparer leurs affaires car l’un d’entre eux allait être libéré. « Ma libération s’est déroulée de manière très différente, reconnaît-elle, mais le fait est que Jésus a tenu parole : je vis un miracle. »

"Soit on se laisse enlaidir... Soit on choisit l’autre chemin"
Longuement, l’ancienne otage raconte son parcours de foi. « Si je n’avais pas eu le Seigneur à mes côtés, je ne pense pas que j’aurais réussi à grandir dans la douleur, explique-t-elle. Être otage vous place dans une situation de constante humiliation. Vous êtes victime de l’arbitraire complet, vous connaissez le plus vil de l’âme humaine. Face à cela, il y a deux chemins. Soit on se laisse enlaidir, on devient hargneux, vindicatif, on laisse son cœur se remplir de rancune. Soit on choisit l’autre chemin, celui que Jésus nous a montré. Il nous demande : “Bénis ton ennemi.” »

Un chemin qu’elle reconnaît « difficile ». « Pourtant, dès que je faisais l’exercice de prononcer “Bénis ton ennemi” – alors que j’avais envie de dire tout le contraire –, c’était magique, il y avait comme une espèce de… soulagement. » Et Ingrid Betancourt, qui dit avoir vécu « un dialogue constant avec Dieu, à travers l’Évangile », de conclure : « Je sens qu’il y a eu une transformation en moi. »

Bien sûr, elle reconnaît avoir eu des moments de doute. « La première année, c’est vrai, j’étais en lutte contre Dieu. Je lui en voulais terriblement de la mort de mon père, se souvient-elle. Et puis j’ai compris qu’il fallait le remercier, car jamais papa n’aurait pu supporter ces six années d’horreur. Alors, oui, je peux dire que ma foi a grandi. » C’est ainsi qu’elle a pu approfondir son regard sur Marie : « Papa avait une grande dévotion pour la Vierge, alors que moi, je dois dire qu’à l’époque, je trouvais Marie un petit peu… bébête. »

Mais elle a ensuite découvert « une Marie forte, une Marie intelligente, une Marie qui a de l’humour ». Une Marie, aussi, mère comme elle : « Je pensais à sa souffrance de mère, et je lui demandais sans cesse : “Marie, s’il te plaît, occupe-toi de maman et de mes enfants.” (…) Et en disant cela, je sentais qu’elle m’écoutait. Et je m’apaisais. »

"Par des actes, faire que les gens soient touchés"
Si elle a pu tenter de partager cette foi avec d’autres prisonniers, l’ancienne otage dit « avoir renoncé à leur parler de l’Évangile, sans doute parce que je ne savais pas le faire ». « Mais je continuais à prier tous les jours, précise-t-elle. Et ce qui est extraordinaire, c’est que plusieurs de mes compagnons m’ont dit plus tard qu’ils avaient retrouvé la foi grâce à moi. » Comme son ancien compagnon de captivité John Pinchao (2).

« Parler de Dieu, c’est très compliqué, conclut Ingrid Betancourt. Mais on peut, par l’exemple, par des actes, faire que les gens soient touchés. » C’est aussi pour cela qu’elle répond aujourd’hui aux nombreuses sollicitations qui se présentent à elle – elle sera ainsi cet après-midi au Sénat et pourrait se rendre demain à l’Assemblée nationale. « Je me sens tellement redevable, explique-t-elle encore. Je dois tellement à l’amour de tous d’être ici, que je n’arrive pas à dire non. »

Nicolas SENÈZE

(1) Il vient de raconter son histoire dans Évadé de l’enfer (Éd. Florent Massot, 333 p., 19,90 €).

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Commentaire tiré de la revue "Il est vivant" numéro 252


Ingrid Bétancourt, une foi à percer les écrans

par Claire Villemain [05/09/2008]

Il y a deux mois, Ingrid Betancourt recouvrait la liberté après plus de six ans de captivité aux mains des Farc, la tristement célèbre guerilla marxiste colombienne. Le témoignage que cette femme nous a offert méritait d’être évoqué ici.


Étonnant en effet, ce témoignage rendu devant les caméras du monde entier. Alors que l’on attendait une femme affaiblie, épuisée par sa longue captivité dans la jungle et une santé précaire, Ingrid Betancourt est apparue paisible. Fatiguée, mais paisible. Telle une “Vierge en gloire”, tant l’image de ferveur qu’elle renvoyait était saisissante. Image encore renforcorcée par le chapelet de fortune qui ne quittait pas son poignet. Le monde médiatique s’est laissé emporter par cette figure quasiment mystique, à l’instar de ce journaliste de France 2 qui, commentant en direct l’arrivée de Mme Betancourt sur le tarmac de la base militaire de Catam, laissait échapper : « C’est l’image d’une sainte ! »

Lorsqu’on s’intéresse d’un peu plus près à l’expérience spirituelle d’Ingrid Betancourt, on se rend compte que sa foi n’est pas que culturelle ou communicationnelle. Cette femme s’est laissé véritablement prendre par le Christ, par son Cœur.

Quelques jours avant son enlèvement, son père avait, devant elle, fait cette prière au Sacré-Cœur : « Seigneur, prenez soin de cette enfant. » Un moment dont Ingrid ne se souviendra que six ans plus tard, en écoutant au fond de la jungle sur Radio Catolica une émission consacrée au Sacré-Cœur de Jésus et aux promesses qu’il fit à sainte Marguerite-Marie Alacoque. Ingrid Betancourt décide alors de passer un ‘deal’ avec Jésus : « Si tu me donnes la date de ma libération pendant le mois de juin (mois du Sacré-Cœur), je serai à toi, je me consacrerai à toi. » C’est ce qui advient le 27 juin. Son acte de foi est couronné le 2 juillet par sa libération qu’elle qualifie de “miraculeuse”.

Ce témoignage est d’autant plus édifiant qu’il s’est concrétisé par un double pardon : celui donné à ses ravisseurs et celui demandé à Dieu pour ses propres accès de haine et de violence envers ses bourreaux. Elle déclarait à la presse : « La seule réponse à la violence, c’est une réponse d’amour. Ce que j’ai découvert, c’est qu’on peut être mené à haïr une personne de toutes ses forces et, en même temps, de trouver le soulagement de cette haine par l’amour. Parfois je voyais arriver un guérillo s’asseoir devant moi et j’étais capable de lui sourire. Je disais intérieurement : “Pour toi, Seigneur, je ne vais pas dire que je le déteste”. »

Celle qui, en janvier 2002, écrivait La rage au cœur, faisait déjà montre d’un caractère tenace, qui ne cède jamais ni ne baisse les bras. Maintenant libre, elle s’engage pour la libération des autres otages qu’on compte encore par centaines. Mais elle le fera sans doute autrement, comptant désormais plus sur Dieu et l’intercession de la Vierge Marie que sur sa propre force de conviction.


Tiré de SME-Infonet http://www.webzinemaker.com/sme/, webzine publié par la Société des prêtres du Séminaire de Québec.
03/07/2008

Actualité

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Embonpoint et vieillissement. Les aînés avec un léger embonpoint vivent plus longtemps. Surprise? Et si c'était vrai? C'est un des résultats d'une recherche qui se poursuivra au cours des dix prochaines années.

"Les aînés avec un léger embonpoint (IMC entre 25 et 27) tombent moins souvent malades, écrit Paul Journet dans le journal La Presse, et vivent plus longtemps que ceux qui ont un 'poids santé'", rapporte la Dre Hélène Payette.


 MAIGRE CONSOLATION!
«On ignore pourquoi exactement. La relation entre la nutrition et le vieillissement des personnes âgées reste méconnue. Elle n'est pas la même que celle pour les enfants ou les adultes. Dans ce domaine, il existe plus de questions que de réponses.»

Pour y répondre, la Dre Payette a lancé en 2003 NuAge, une vaste étude longitudinale sur la question. Les premiers résultats préliminaires étaient dévoilés hier après-midi à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal.

Près de 600 000 échantillons ont été amassés auprès de quelque 1800 sujets volontaires.

Jean Aubin est l'un d'eux. «Je suis orgueilleux. Quand je suis malade, je n'en parle pas. L'étude m'a permis d'être rassuré sur ma santé», confie l'ancien boucher de 84 ans.

La Dre Payette qualifie NuAge «d'étude la plus complète au monde».

"Bien sûr, des études américaines ont déjà été réalisées avec plus de sujets, concède-t-elle. Mais NuAge se distingue par la précision de ses données. Nous nous intéressons autant aux facteurs qui influencent la nutrition qu'à l'influence de la nutrition elle-même sur la santé."

Une cinquantaine de chercheurs ont participé à la première phase de NuAge. Des dizaines d'études ont commencé ou commenceront bientôt à partir de ces données.

Par exemple: l'influence de certaines caractéristiques du quartier habité sur le vieillissement. Ou l'apport nécessaire de protéines pour les aînés.

"On répète souvent que le besoin de protéine diminue chez les personnes âgées, car elles sont moins actives. Or, il semble que ce soit le contraire", observe la Dre Payette.

La première phase de NuAge disposait d'un budget de 3,7 millions, fourni par les Instituts de recherche en santé du Canada.

"Nous demandons un renouvellement de fonds pour les cinq prochaines années. Mais même si nous ne l'obtenons pas, nous disposons d'assez de données pour occuper les chercheurs pendant 10 ans."

Tiré du journal La Presse (Montréal)
Paul Journet
Le lundi 02 juin 2008
04/06/2008

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Le cardinal Marc Ouellet a émis le décret de fondation du Petit Séminaire diocésain de Québec le 19 mars 2008. Le Séminaire de Québec a accepté de prendre en charge avec le cardinal la mise sur pied de cette nouvelle insitution, s'attelant, comme aime à le dire le cardinal, à la "refondation" du petit séminaire dans l'esprit de Mgr de Laval : un séminaire destiné à donner une formation chrétienne à des jeunes qui sont intéressés par la vocation sacerdotale et par une vie crétienne signifiante dans le monde d'aujourd'hui.


VERS L'AVENIR: PETIT SEMINAIRE
Voici l'article d'Yves Fecteau paru sur le Blog de ECDQ.tv. présentant cette fondation qui prendra son envol en septembre 2008. Merci Yves.

C'est au cours de la célébration de la messe chrismale du mercredi 19 mars 2008 en la Basilique-Cathédrale Notre-Dame de Québec, que le cardinal Ouellet et le chancelier du diocèse de Québec, Mgr Jean Pelletier, ont signé, en présence de l'assemblée, le décret de fondation du Petit séminaire diocésain de Québec.

L'acte de fondation

Le texte du décret stipule, dans un premier «attendu», la nécessité de «former de bons chrétiens mais (aussi de) favoriser la vocation sacerdotale en germe».

Dans le deuxième «attendu» du document, on y apprend que les petits séminaires diocésains ont la mission spécifique d'accueillir des jeunes «qui acceptent formellement, eux et leur famille, l'hypothèse d'une vocation qui a besoin d'être protégée et favorisée dans un climat adéquat de formation».

Il est aussi précisé dans le texte que le milieu scolaire actuel n'est plus un milieu propice au discernement des «signes d'une possible vocation sacerdotale ou religieuse» et qu'il revient aux responsables diocésains d'y suppléer.

Le quatrième «Attendu» résume bien ce que sera la nouvelle réalité du Petit Séminaire diocésain de Québec, c'est-à-dire un lieu «centré sur la vocation sacerdotale», un lieu d'éducation aux vérités de la foi catholique, un lieu de développement de la piété, mais aussi un lieu de formation scolaire comme dans toutes les écoles du Québec, avec l'obtention du diplôme d'État (DES) pour le niveau secondaire.

Après la lecture du texte du décret par le chancelier devant toute l'assemblée, les signatures du cardinal Ouellet et de Mgr Jean Pelletier furent apposées sur le document.

La formation scolaire

Grâce à une entente avec le Collège de Champigny, les futurs «petits séminaristes» y recevront leur formation scolaire dans un environnement de grande qualité. Cette institution reconnue possède un statut d'école privée d'intérêt public de confession catholique dirigée par les Frères du Sacré-Coeur depuis sa fondation en 1969.


La résidence

Ils résideront par contre dans un autre lieu où ils bénéficieront notamment d'un accompagnement et d'une formation spirituels appropriés. Ils seront logés à la Maison Colin des Pères Maristes à Saint-Augustin-de-Desmaures. Un transport est prévu pour les déplacements du lieu de résidence au Collège de Champigny.


Il y a plusieurs jeunes qui, avec leurs parents, ont manifesté leur intérêt en vue d'une inscription pour l'automne 2008. Acutellement toutes les places sont remplies. Il est toujours possible de communiquer avec l'abbé André Gagné de la Maison François-de-Laval pour plus d'informations (Tél. 418-688-2872) pour prévoir une inscription pour l'an prochain. Il faut le faire avant le mois de novembre 2008.

Samedi 19 Avril 2008
Yves Fecteau

site internet du Petit Séminaire diocésain de Québec.

Tiré de SME-Infonet http://www.webzinemaker.com/sme/, webzine publié par la Société des prêtres du Séminaire de Québec.
29/04/2008

Actualité

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Le discours du Pape à l'ONU, à New-York, le 18 avril 2008. Le Souverain Pontife s'est adressé en français à la tribune de l'ONU. Voici le texte de ce discours. Il y défend les droits humains en montrant qu'ils sont enracinés dans la dignité de la personne qui a un caractère transcendant. Si leur application peut prendre diverses formes, ils ne sont pas l'objet d'un consensus social suelement, mais ils ont une valeur en eux-mêmes et demandent à être respectés en tout temps et partout.

Bonne lecture.


DIGNITE ET DROITS HUMAINS
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

En m'adressant à cette Assemblée, j'aimerais avant tout vous exprimer, Monsieur le Président, ma vive reconnaissance pour vos aimables paroles. Ma gratitude va aussi au Secrétaire général, Monsieur Ban Ki-moon, qui m'a invité à venir visiter le Siège central de l'Organisation, et pour l'accueil qu'il m'a réservé. Je salue les Ambassadeurs et les diplomates des Pays membres et toutes les personnes présentes. À travers vous, je salue les peuples que vous représentez ici. Ils attendent de cette institution qu'elle mette en oeuvre son inspiration fondatrice, à savoir constituer un « centre pour la coordination de l’activité des Nations unies en vue de parvenir à la réalisation des fins communes » de paix et de développement (cf. Charte des Nations unies, art. 1.2-1.4). Comme le Pape Jean-Paul II l'exprimait en 1995, l'Organisation devrait être un « centre moral, où toutes les nations du monde se sentent chez elles, développant la conscience commune d'être, pour ainsi dire, une famille de nations » (Message à l'Assemblée générale des Nations unies pour le 50e anniversaire de la fondation, New York, 5 octobre 1995).

À travers les Nations unies, les États ont établi des objectifs universels qui, même s'ils ne coïncident pas avec la totalité du bien commun de la famille humaine, n'en représentent pas moins une part fondamentale. Les principes fondateurs de l'Organisation - le désir de paix, le sens de la justice, le respect de la dignité de la personne, la coopération et l'assistance humanitaires - sont l'expression des justes aspirations de l'esprit humain et constituent les idéaux qui devraient sous-tendre les relations internationales. Comme mes prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II l'ont affirmé depuis cette même tribune, tout cela fait partie de réalités que l'Église catholique et le Saint-Siège considèrent avec attention et intérêt, voyant dans votre activité un exemple de la manière dont les problèmes et les conflits qui concernent la communauté mondiale peuvent bénéficier d'une régulation commune. Les Nations unies concrétisent l'aspiration à « un degré supérieur d'organisation à l'échelle internationale » (Jean-Paul II, Encycl. Sollicitudo rei socialis, n. 43), qui doit être inspiré et guidé par le principe de subsidiarité et donc être capable de répondre aux exigences de la famille humaine, grâce à des règles internationales efficaces et à la mise en place de structures aptes à assurer le déroulement harmonieux de la vie quotidienne des peuples. Cela est d'autant plus nécessaire dans le contexte actuel où l'on fait l'expérience du paradoxe évident d'un consensus multilatéral qui continue à être en crise parce qu'il est encore subordonné aux décisions d'un petit nombre, alors que les problèmes du monde exigent, de la part de la communauté internationale, des interventions sous forme d'actions communes.

En effet, les questions de sécurité, les objectifs de développement, la réduction des inégalités au niveau local et mondial, la protection de l'environnement, des ressources et du climat, requièrent que tous les responsables de la vie internationale agissent de concert et soient prêts à travailler en toute bonne foi, dans le respect du droit, pour promouvoir la solidarité dans les zones les plus fragiles de la planète. Je pense en particulier à certains pays d'Afrique et d'autres continents qui restent encore en marge d'un authentique développement intégral, et qui risquent ainsi de ne faire l'expérience que des effets négatifs de la mondialisation. Dans le contexte des relations internationales, il faut reconnaître le rôle primordial des règles et des structures qui, par nature, sont ordonnées à la promotion du bien commun et donc à la sauvegarde de la liberté humaine. Ces régulations ne limitent pas la liberté. Au contraire, elles la promeuvent quand elles interdisent des comportements et des actions qui vont à l'encontre du bien commun, qui entravent son exercice effectif et qui compromettent donc la dignité de toute personne humaine. Au nom de la liberté, il doit y avoir une corrélation entre droits et devoirs, en fonction desquels toute personne est appelée à prendre ses responsabilités dans les choix qu'elle opère, en tenant compte des relations tissées avec les autres. Nous pensons ici à la manière dont les résultats de la recherche scientifique et des avancées technologiques ont parfois été utilisés. Tout en reconnaissant les immenses bénéfices que l'humanité peut en tirer, certaines de leurs applications représentent une violation évidente de l'ordre de la création, au point non seulement d'être en contradiction avec le caractère sacré de la vie, mais d'arriver à priver la personne humaine et la famille de leur identité naturelle. De la même manière, l'action internationale visant à préserver l'environnement et à protéger les différentes formes de vie sur la terre doit non seulement garantir un usage rationnel de la technologie et de la science, mais doit aussi redécouvrir l'authentique image de la création. Il ne s'agira jamais de devoir choisir entre science et éthique, mais bien plutôt d'adopter une méthode scientifique qui soit véritablement respectueuse des impératifs éthiques.


La reconnaissance de l'unité de la famille humaine et l'attention portée à la dignité innée de toute femme et de tout homme reçoivent aujourd'hui un nouvel élan dans le principe de la responsabilité de protéger. Il n'a été défini que récemment, mais il était déjà implicitement présent dès les origines des Nations unies et, actuellement, il caractérise toujours davantage son activité. Tout État a le devoir primordial de protéger sa population contre les violations graves et répétées des droits de l'homme, de même que des conséquences de crises humanitaires liées à des causes naturelles ou provoquées par l'action de l'homme. S'il arrive que les États ne soient pas en mesure d'assurer une telle protection, il revient à la communauté internationale d'intervenir avec les moyens juridiques prévus par la Charte des Nations unies et par d'autres instruments internationaux. L'action de la communauté internationale et de ses institutions, dans la mesure où elle est respectueuse des principes qui fondent l'ordre international, ne devrait jamais être interprétée comme une coercition injustifiée ou comme une limitation de la souveraineté. À l'inverse, c'est l'indifférence ou la non-intervention qui causent de réels dommages. Il faut réaliser une étude approfondie des modalités pour prévenir et gérer les conflits, en utilisant tous les moyens dont dispose l'action diplomatique et en accordant attention et soutien même au plus léger signe de dialogue et de volonté de réconciliation.

Le principe de la « responsabilité de protéger » était considéré par l'antique ius gentium comme le fondement de toute action entreprise par l'autorité envers ceux qui sont gouvernés par elle : à l'époque où le concept d'État national souverain commençait à se développer, le religieux dominicain Francisco De Vitoria, considéré à juste titre comme un précurseur de l'idée des Nations unies, décrivait cette responsabilité comme un aspect de la raison naturelle partagé par toutes les nations, et le fruit d’un droit international dont la tâche était de réguler les relations entre les peuples. Aujourd'hui comme alors, un tel principe doit faire apparaître l'idée de personne comme image du Créateur, ainsi que le désir d'absolu et l'essence de la liberté. Le fondement des Nations unies, nous le savons bien, a coïncidé avec les profonds bouleversements dont a souffert l'humanité lorsque la référence au sens de la transcendance et à la raison naturelle a été abandonnée et que par conséquent la liberté et la dignité humaine furent massivement violées. Dans de telles circonstances, cela menace les fondements objectifs des valeurs qui inspirent et régulent l'ordre international et cela mine les principes intangibles et coercitifs formulés et consolidés par les Nations unies. Face à des défis nouveaux répétés, c’est une erreur de se retrancher derrière une approche pragmatique, limitée à mettre en place des « bases communes », dont le contenu est minimal et dont l'efficacité est faible.

La référence à la dignité humaine, fondement et fin de la responsabilité de protéger, nous introduit dans la note spécifique de cette année, qui marque le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'homme. Ce document était le fruit d'une convergence de différentes traditions culturelles et religieuses, toutes motivées par le désir commun de mettre la personne humaine au centre des institutions, des lois et de l'action des sociétés, et de la considérer comme essentielle pour le monde de la culture, de la religion et de la science. Les droits de l'homme sont toujours plus présentés comme le langage commun et le substrat éthique des relations internationales. Tout comme leur universalité, leur indivisibilité et leur interdépendance sont autant de garanties de protection de la dignité humaine. Mais il est évident que les droits reconnus et exposés dans la Déclaration s'appliquent à tout homme, cela en vertu de l'origine commune des personnes, qui demeure le point central du dessein créateur de Dieu pour le monde et pour l'histoire. Ces droits trouvent leur fondement dans la loi naturelle inscrite au coeur de l'homme et présente dans les diverses cultures et civilisations. Détacher les droits humains de ce contexte signifierait restreindre leur portée et céder à une conception relativiste, pour laquelle le sens et l'interprétation des droits pourraient varier et leur universalité pourrait être niée au nom des différentes conceptions culturelles, politiques, sociales et même religieuses. La grande variété des points de vue ne peut pas être un motif pour oublier que ce ne sont pas les droits seulement qui sont universels, mais également la personne humaine, sujet de ces droits.

À la fois nationale et internationale, la vie de la communauté met clairement en évidence que le respect pour les droits et pour les garanties qui leur sont attachées sont la mesure du bien commun, utilisée pour apprécier le rapport entre justice et injustice, développement et pauvreté, sécurité et conflits. La promotion des droits de l'homme demeure la stratégie la plus efficace quand il s'agit de combler les inégalités entre des pays et des groupes sociaux, quand il s'agit aussi de renforcer la sécurité. En effet les victimes de la misère et du désespoir dont la dignité humaine est impunément violée, deviennent des proies faciles pour les tenants du recours à la violence et deviennent à leur tour des destructeurs de paix. Pourtant le bien commun que les droits de l'homme aident à réaliser ne peut pas être atteint en se contentant d'appliquer des procédures correctes ni même en pondérant des droits en opposition. Le mérite de la Déclaration universelle a été d'ouvrir à des cultures, à des expressions juridiques et à des modèles institutionnels divers la possibilité de converger autour d'un noyau fondamental de valeurs et donc de droits : mais c'est un effort qui, de nos jours, doit être encore plus soutenu face à des instances qui cherchent à réinterpréter les fondements de la Déclaration et à compromettre son unité interne pour favoriser le passage de la protection de la dignité humaine à la satisfaction de simples intérêts, souvent particuliers. La Déclaration a été adoptée comme « un idéal commun qui est à atteindre » (Préambule) et elle ne peut pas être utilisée de manière partielle, en suivant des tendances ou en opérant des choix sélectifs qui risquent de contredire l'unité de la personne humaine et donc l'indivisibilité de ses droits.
Nous constatons souvent dans les faits une prédominance de la légalité par rapport à la justice quand se manifeste une attention à la revendication des droits qui va jusqu'à les faire apparaître comme le résultat exclusif de dispositions législatives ou de décisions normatives prises par les diverses instances des autorités en charge. Quand ils sont présentés sous une forme de pure légalité, les droits risquent de devenir des propositions de faible portée, séparés de la dimension éthique et rationnelle qui constitue leur fondement et leur fin. La Déclaration universelle a en effet réaffirmé avec force la conviction que le respect des droits de l'homme s'enracine avant tout sur une justice immuable, sur laquelle la force contraignante des proclamations internationales est aussi fondée. C'est un aspect qui est souvent négligé quand on prétend priver les droits de leur vraie fonction au nom d'une perspective utilitariste étroite. Parce que les droits et les devoirs qui leur sont liés découlent naturellement de l'interaction entre les hommes, il est facile d'oublier qu'ils sont le fruit du sens commun de la justice, fondé avant tout sur la solidarité entre les membres du corps social et donc valable dans tous les temps et pour tous les peuples. C'était une intuition exprimée, dès le Ve siècle après Jésus Christ, par l'un des maîtres de notre héritage intellectuel, Augustin d'Hippone. Il enseignait que « le précepte : 'Ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, ne le fais pas à autrui' ne peut en aucune façon varier en fonction de la diversité des peuples » (De Doctrina Christiana III, 14). Les droits de l'homme exigent alors d'être respectés parce qu'ils sont l'expression de la justice et non simplement en raison de la force coercitive liée à la volonté des législateurs.

Mesdames et Messieurs,
À mesure que l'on avance dans l'histoire, de nouvelles situations surgissent et l'on cherche à y attacher de nouveaux droits. Le discernement, c'est-à-dire la capacité de distinguer le bien du mal, est encore plus nécessaire quand sont en jeu des exigences qui appartiennent à la vie et à l'action de personnes, de communautés et de peuples. Quand on affronte le thème des droits, qui mettent en jeu des situations importantes et des réalités profondes, le discernement est une vertu à la fois indispensable et féconde.
Le discernement nous amène alors à souligner que laisser aux seuls États, avec leurs lois et leurs institutions, la responsabilité ultime de répondre aux aspirations des personnes, des communautés et de peuples tout entier peut parfois entraîner des conséquences rendant impossible un ordre social respectueux de la dignité de la personne et de ses droits. Par ailleurs, une vision de la vie solidement ancrée dans la dimension religieuse peut permettre d'y parvenir, car la reconnaissance de la valeur transcendante de tout homme et de toute femme favorise la conversion du coeur, ce qui conduit alors à un engagement contre la violence, le terrorisme ou la guerre, et à la promotion de la justice et de la paix. Cela favorise aussi un milieu propice au dialogue interreligieux que les Nations unies sont appelées à soutenir comme elles soutiennent le dialogue dans d'autres domaines de l'activité humaine. Le dialogue doit être reconnu comme le moyen par lequel les diverses composantes de la société peuvent confronter leurs points de vue et réaliser un consensus autour de la vérité concernant des valeurs ou des fins particulières. Il est de la nature des religions librement pratiquées de pouvoir mener de manière autonome un dialogue de la pensée et de la vie. Si, à ce niveau là aussi, la sphère religieuse est séparée de l'action politique, il en ressort également de grands bénéfices pour les personnes individuelles et pour les communautés. D'autre part, les Nations unies peuvent compter sur les fruits du dialogue entre les religions et tirer des bénéfices de la volonté des croyants de mettre leur expérience au service du bien commun. Leur tâche est de proposer une vision de la foi non pas en termes d'intolérance, de discrimination ou de conflit, mais en terme de respect absolu de la vérité, de la coexistence, des droits et de la réconciliation.

Les droits de l'homme doivent évidemment inclure le droit à la liberté religieuse, comprise comme l'expression d'une dimension à la fois individuelle et communautaire, perspective qui fait ressortir l'unité de la personne tout en distinguant clairement entre la dimension du citoyen et celle du croyant. Au cours des dernières années, l'action des Nations unies a permis que le débat public offre des points de vue inspirés par une vision religieuse dans toutes ses dimensions y compris le rite, le culte, l'éducation, la diffusion d'information et la liberté de professer et de choisir sa religion. Il n'est donc pas imaginable que des croyants doivent se priver d'une partie d'eux-mêmes " de leur foi " afin d'être des citoyens actifs. Il ne devrait jamais être nécessaire de nier Dieu pour jouir de ses droits. Il est d'autant plus nécessaire de protéger les droits liés à la religion s'ils sont considérés comme opposés à une idéologie séculière dominante ou à des positions religieuses majoritaires, de nature exclusive. La pleine garantie de la liberté religieuse ne peut pas être limitée au libre exercice du culte, mais doit prendre en considération la dimension publique de la religion et donc la possibilité pour les croyants de participer à la construction de l'ordre social. Ils le font effectivement à l'heure actuelle par exemple à travers leur engagement efficace et généreux dans un vaste réseau d'initiatives qui va des Universités, des Instituts scientifiques et des écoles, jusqu'aux structures qui promeuvent la santé et aux organisations caritatives au service des plus pauvres et des laissés-pour-compte. Refuser de reconnaître l'apport à la société qui s'enracine dans la dimension religieuse et dans la recherche de l'Absolu - qui par nature exprime une communion entre les personnes - reviendrait à privilégier dans les faits une approche individualiste et, ce faisant, à fragmenter l'unité de la personne.

Ma présence au sein de cette Assemblée est le signe de mon estime pour les Nations unies et elle veut aussi manifester le souhait que l'Organisation puisse être toujours davantage un signe d'unité entre les États et un instrument au service de toute la famille humaine. Elle manifeste aussi la volonté de l'Église catholique d'apporter sa contribution aux relations internationales d'une manière qui permette à toute personne et à tout peuple de sentir qu'ils ont leur importance. D'une manière qui est en harmonie avec sa contribution au domaine éthique et moral et à la libre activité de sa foi, l'Église travaille aussi à la réalisation de ces objectifs à travers l'activité internationale du Saint-Siège. Le Saint-Siège a en effet toujours eu sa place dans les assemblées des Nations tout en manifestant son caractère spécifique comme sujet dans le domaine international. Comme les Nations unies l'ont récemment confirmé, le Saint-Siège apporte aussi sa contribution selon les dispositions du droit international, aidant à la définition de ce droit et y recourant.
Les Nations unies demeurent un lieu privilégié où l'Église s'efforce de partager son expérience « en humanité », qui a mûri tout au long des siècles parmi les peuples de toute race et de toute culture, et de la mettre à la disposition de tous les membres de la Communauté internationale. Cette expérience et cette activité, qui visent à obtenir la liberté pour tout croyant, cherchent aussi à assurer une protection plus grande aux droits de la personne. Ces droits trouvent leur fondement et leur forme dans la nature transcendante de la personne, qui permet aux hommes et aux femmes d'avancer sur le chemin de la foi et de la recherche de Dieu dans ce monde. Il faut renforcer la reconnaissance de cette dimension si nous voulons soutenir l'espérance de l'humanité en un monde meilleur et si nous voulons créer les conditions pour la paix, le développement, la coopération et la garantie des droits pour les générations à venir.

Dans ma récente encyclique Spe salvi, je rappelais que « la recherche pénible et toujours nouvelle d'ordonnancements droits pour les choses humaines est le devoir de chaque génération » (n. 25). Pour les chrétiens, cette tâche trouve sa justification dans l'espérance qui jaillit de l'oeuvre salvifique de Jésus Christ. C'est pourquoi l'Église est heureuse d'être associée aux activités de cette honorable Organisation qui a la responsabilité de promouvoir la paix et la bonne volonté sur toute la terre. Chers Amis, je vous remercie de m'avoir permis de m'adresser à vous aujourd'hui et je vous promets le soutien de mes prières pour que vous poursuiviez votre noble tâche.

Avant de prendre congé de cette illustre Assemblée, je voudrais adresser mes souhaits dans les langues officielles à toutes les nations qui y sont représentées :

[En anglais; en français; en espagnol; en arabe; en chinois; en russe:]
Paix et prospérité, avec l'aide de Dieu !

_____________________________________

Voici le texte complet des paroles que le Pape a prononcé en improvisant après les voeux du cardinale Bertone, à la cathédrale St.Patrick le 19 avril 2008, car elle sont très belles et décrivent bien la grande humilité, humanité et spiritualité de Benoît XVI.

" En ce moment je peux seulement vous remercier pour votre amour à l`Eglise et à notre Seigneur, vous remercier car vous donnez votre amour au pauvre successeur de Pierre.Je chercherai à faire tout mon possible pour être un digne successeur du grand apôtre,lequel était aussi un homme avec ses défauts et ses péchés, mais qui reste à la fin le rocher pour l`Eglise.Et ainsi moi aussi avec toute ma pauvreté spirituelle je peux être pour ce temps, en vertu de la grâce du Seigneur le successeur de Pierre. Ce sont vos prières et votre amour qui me donnent la certitude que le Seigneur m`aidera dans mon ministère. Je vous suis donc profondément reconnaissant pour votre amour et votre prière."



Tiré de SME-Infonet http://www.webzinemaker.com/sme/, webzine publié par la Société des prêtres du Séminaire de Québec.
19/04/2008

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Réflexions

Ces réflexions de Mgr Dagens, évêque d'Angoulême en France et membre de l'Académie française où il dit : «Je ne me résigne pas à la résignation ambiante sur l'avenir du christianisme» peuvent inspirer les catholiques québécois qui vivent eux aussi de tels changements que plusieurs ont envie de baisser les bras.

Quelques pistes évoquées ici pourraient s'appliquer au Québec avec bonheur. Pourquoi pas? Parler de "combativité intérieure" n'est-ce pas une ouverture vers des horizons qui dépassent "l'offre et la demande" dont Mgr Dagens dit: "Nous nous enfermons trop souvent dans la loi de l’offre et de la demande. L’Église serait du côté de l’offre, les autres, du côté de la demande. La demande n’étant pas en accord avec l’offre, il faudrait donc réviser l’offre. C’est idiot !"

L'artisan principal de la « Lettre aux catholiques de France », publiée en 1996 par l'épiscopat français, reconnaît l'affaiblissement institutionnel de l'Église. Mais il récuse les analyses statistiques sur l'avenir du christianisme, qui cachent, à ses yeux, un renouveau en profondeur et actuel de la demande spirituelle

Bonne lecture.


L`OFFRE ET LA DEMANDE
Mgr Claude Dagens, évêque d'Angoulême, a été élu à l'Académie française le 17 avril 2008 au fauteuil de l'historien René Rémond, décédé le 14 avril 2007. Bordelais de naissance, Mgr Dagens, âgé de 67 ans, est évêque d'Angoulême depuis 1993. Il est notamment l'auteur de la "Lettre aux catholiques", une réflexion sur la place de l'Eglise dans la société contemporaine. Ancien élève de l'École normale supérieure et ancien membre de l'École française de Rome, agrégé de l'Université, docteur en lettres et en théologie, Mgr Claude Dagens exerça son ministère de prêtre à Bordeaux, en paroisse et au séminaire interdiocésain, puis à Toulouse, où il enseigna l'histoire des origines chrétiennes tout en étant doyen de la faculté de théologie. Il fut durant six ans évêque auxiliaire de Poitiers, avant d'être nommé évêque d'Angoulême.

La Croix :
Une dizaine d’années après l’enthousiasme suscité par la Lettre aux catholiques de France, la résignation semble dominer la réflexion sur l’avenir des chrétiens. Qu’en pensez-vous ?


Mgr Dagens :
Je conteste le terme d’enthousiasme que vous employez. Car notre Lettre aux catholiques de France a été inégalement reçue : elle est aujourd’hui ignorée de beaucoup, et surtout on l’a parfois comprise comme un bilan du catholicisme français à la fin du XXe siècle, avec une insistance sur notre situation supposée minoritaire.

Pourtant, cette lettre était d’abord un acte de discernement à partir d’une question primordiale : dans les mutations actuelles de la société et de l’Église, qu’est-ce qui s’efface et qu’est-ce qui émerge ? Et comment des catholiques relèvent-ils le défi de la foi ? Ces questions demeurent très actuelles. Et l’obstacle est en effet cette résignation ambiante à laquelle je ne me résigne pas.

Les chiffres sont pourtant implacables…

Nous nous laissons trop facilement déterminer de l’extérieur par des évaluations statistiques : baisse de la pratique religieuse, raréfaction des prêtres, pénurie des vocations, éclatement de la mémoire chrétienne… Ou influencer par une conception de l’Église comme groupe de pression, auquel devraient s’appliquer des catégories sociales et politiques.

Au-delà de ces conditionnements, l’intuition de la Lettre reste toujours valable : quels que soient les difficultés et les obstacles, nous sommes appelés à nous déterminer, non de l’extérieur, mais de l’intérieur de la foi, à partir du premier appel de Jésus à ses disciples, « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. »

Comment vivre concrètement cet appel ?

En appliquant un autre critère, celui du défi. Comme en montagne, il y a deux versants : celui des difficultés et celui des possibilités. Nous avons du mal à les discerner : il y a un affaiblissement incontestable, mais il y a aussi des signes de renouveau en profondeur.

Influencés par des catégories extérieures, beaucoup ne peuvent percevoir ces signes positifs. Dans l’Église, certains catholiques, prêtres et même évêques ne veulent pas les voir… Dans la pauvreté actuelle, se réalise pourtant une recomposition intérieure du tissu de la foi et de l’Église.

Il faut vraiment y croire…

Nous avons peut-être été trop occupés par la réforme des structures régionales et nationales de l’Église. Avec d’autres, je crains que ces réformes nous aient éloignés d’un autre horizon, celui des conditions et des exigences de l’évangélisation. Les conditions c’est que, même en étant moins nombreux, les chrétiens forment l’âme du monde.

Quant aux exigences de l’évangélisation, elles pourraient tenir en deux mots : intériorité et combativité. Madeleine Delbrêl, qui vivait il y a une cinquantaine d’années dans la banlieue de Paris, l’a bien exprimé : la rédemption et l’évangélisation n’arrivent pas de l’extérieur mais passent à travers nous-mêmes, et à travers les gens qui viennent frapper à la porte de l’Église.

Certains courants insistent aujourd’hui sur la combativité intérieure ; ils ont raison, à condition que cette combativité de l’évangélisation soit digne de Jésus. Car Lui ne vient pas de l’extérieur avec la recette de la vie éternelle. Il entre chez Zachée, il parle à la Samaritaine, il marche avec les disciples d’Emmaüs. Cette pastorale du cheminement exige un combat intérieur qui nous appelle à ne pas désespérer quand nous ne sommes pas compris…

Quelles pistes proposez-vous pour l’avenir ?

Le défi est de ne pas nous résigner à n’être que l’Église des catholiques pour les catholiques mais à devenir davantage l’Église catholique du Christ qui n’a pas peur de vivre et d’annoncer le mystère du Christ à tout être humain en attente spirituelle.

Avec quelles priorités ?

Je propose trois pistes. La première consiste à réévaluer l’évangélisation ; il faut décloisonner nos propres catégories. Nous nous enfermons trop souvent dans la loi de l’offre et de la demande. L’Église serait du côté de l’offre, les autres, du côté de la demande. La demande n’étant pas en accord avec l’offre, il faudrait donc réviser l’offre. C’est idiot !

Les demandeurs de Dieu ne sont pas des clients, mais des signes de Dieu. La conversion est certes demandée pour eux mais aussi pour nous-mêmes. Sommes-nous en effet capables de les accueillir et de les aimer comme des signes de Dieu ?


Le deuxième axe touche la liturgie et l’expérience spirituelle. La liturgie est un terrain sensible, mais les signes qu’elle exprime peuvent parler à beaucoup de gens qui ne sont pas familiers du sérail catholique. Il nous faut pratiquer la liturgie non comme un enfermement dans la citadelle catholique mais comme le beau déploiement des signes de la vérité et de l’amour de Dieu.

Lors des baptêmes, des mariages, des obsèques, je suis frappé par l’attention profonde des familles et des personnes présentes : elles sont alors en état d’éveil et d’attente. De même nous ne savons pas assez pratiquer la prière pour elle-même. Non comme un élément parmi d’autres mais comme un temps gratuitement ouvert à Dieu. C’est une demande nouvelle, elle vient des plus jeunes qui attendent ces temps de recueillement et de silence.

Dernier élément, le dialogue. Il y a chez les chrétiens une capacité considérable de relations humaines. Regardez dans les municipalités des villes et villages comme les chrétiens sont sollicités et consultés. Réalisons-nous combien l’Église catholique est profondément liée à d’autres dans notre société laïque ? Il nous faut encore déployer cette capacité de relation.

Une Église idéale existe-t-elle pour demain ?

Il y a une forte tentation à chercher pour demain des solutions immédiates et radicales… Saint Augustin nous a appris à regarder l’Église et la société comme un mélange inextricable. Dieu lui-même a choisi d’habiter notre humanité si mélangée.

De même avons-nous oublié l’eschatologie et sa réalité profonde : l’Éternel est présent dans le temps et les signes du royaume de Dieu sont semés dans la lourde pâte de notre monde. À nous de discerner cette pédagogie divine à base de confiance.

Propos recueillis par Jean-Marie GUENOIS
dans la-Croix.com 11/11/2007 18:35

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Note du webmestre

A propos du dernier livre de Mgr Dagens Méditations sur l'Eglise catholique de France, libre et présente, publié récemnent - avril 2008 - aux éditions du Cerf, on peut lire sur le site de l'éditeur : « Ces paroles de l'apôtre Paul inspirent ce livre qui se présente comme un écho de la grande Méditation sur l'Église du Père Henri de Lubac. Mgr Dagens, qui fut, il y a une dizaine d'années, le maître d'œuvre de la Lettre aux catholiques de France, a voulu livrer dans ces pages son expérience, ses épreuves et ses convictions. En contemplant le travail de Dieu au sein du peuple des baptisés, il montre comment l'Église catholique en France, tout en étant institutionnellement affaiblie, est aussi en état de renouvellement intérieur : elle se reconnaît elle-même non plus comme un bloc, mais comme un corps, peut-être usé ou blessé, mais vivant de la vie du Christ. Elle a le droit de se dire «libre et présente» dans notre société oublieuse de ses racines. Ce livre porte en lui un appel insistant : comprendra-t-on que des temps d'épreuves peuvent être aussi des temps de renaissances, et donc d'espérance ? »

Il est aussi l'auteur de La Nouveauté chrétienne dans la société française. Espoirs et combats d'un évêque (Cerf 2005, Collection L'Histoire à vif), de Le Rosaire de lumière (avec Véronique Margron, Cerf 2003), et de nombreux ouvrages en collaboration.




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17/04/2008

Réflexions

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Le Centre international San Lorenzo propose une aide pour organiser des pèlerinages pour les jeunes. Il est comme une « maison du pape » pour les jeunes à Rome a déclaré Mgr Francis Kohn lors de la célébration du 25e anniversaire de l'ouverture de ce centre unique.


RENDEZ-VOUS : JEUNES  A ROME
L'agence Zenit nous rapporte ces propos de Mgr Francis Kohn concernant le Centre San Lorenzo près de la Place St-Pierre à Rome. Ce centre peut « rendre de grands services à des groupes ou des pèlerins individuels de passage à Rome, ainsi qu'à des jeunes venus à Rome pour leur travail ou leurs études » affirme Mgr Kohn dans un entretien accordé à Zenit à l'occasion des 25 ans du Centre San Lorenzo. Celui-ci est responsable de la section jeunes du Conseil pontifical pour les laïcs, et prêtre de la Communauté de l'Emmanuel. Le Conseil pontifical pour les Laïcs est chargé de la responsabilité pastorale du Centre.

Dans son entrevue à Zenith, Mgr Kohn s'est réjoui de la venue de Benoît XVI au Centre. Le pape a en effet célébré la messe dimanche 9 mars 2008, dans la petite chapelle du Centre San Lorenzo, en présence de plus de 200 jeunes du monde entier qui ont collaboré aux activités du Centre au cours de ces 25 ans.

Mgr Kohn a rappelé que le Centre San Lorenzo est né de la « grande sollicitude du pape Jean-Paul II pour les jeunes », juste avant l'année sainte de la Rédemption en 1983, avant la remise de la croix de l'année sainte aux jeunes, et juste avant l'institution de la Journée mondiale de la Jeunesse.

« Je crois que la plus grande richesse du Centre San Lorenzo, et c'est sa mission, est d'aider les jeunes à découvrir l'universalité et le visage jeune de l'Eglise », a-t-il souligné. Il a expliqué en effet que les jeunes qui animent le Centre (les permanents de la Communauté de l'Emmanuel mais aussi les jeunes d'autres mouvements et communautés qui ont assuré des permanences ou participé d'une manière ou d'une autre aux activités du Centre au cours de ces 25 ans), et ceux qui le fréquentent, viennent du monde entier et reflètent cette universalité de l'Eglise.

Concrètement, pour accomplir sa mission d'aider les jeunes de passage à Rome à faire une démarche de pèlerinage, le Centre a reçu trois priorités du pape Jean-Paul II : l'accueil, la prière et la formation, a expliqué le responsable de la section jeunes du Conseil pour les laïcs.

« Il y a également une dimension de l'accueil qui n'était peut-être pas prévue au départ mais qui s'est développée au cours de ces 25 ans, a précisé Mgr Kohn. En effet, le Centre est aussi une famille pour beaucoup de jeunes étrangers qui vivent à Rome pendant quelques années », dans le cadre de leurs études ou de leur travail.

La deuxième priorité du Centre est celle de la prière.

Le Centre San Lorenzo est « avant tout un Centre de prière. Le Saint-Sacrement est exposé tous les jours dans cette petite église romane magnifique, et la messe y est célébrée chaque jour », a dit Mgr Kohn.

« Beaucoup de jeunes ont pu témoigner depuis 25 ans qu'ils ont fait, seuls ou en rencontrant d'autres jeunes, l'expérience de la rencontre avec Dieu » dans ce Centre, a-t-il ajouté.

Mgr Kohn a noté, de plus, que, depuis quelques années, la messe du vendredi soir est « célébrée par un cardinal ou un évêque de la curie romaine ou de passage, en visite ad limina par exemple ».

« Cela permet aux jeunes de découvrir des Eglises différentes, d'Amérique latine, d'Asie, à travers le témoignage des prélats, mais c'est aussi une occasion pour ces évêques de connaître le centre et de rencontrer les jeunes qui viennent », a-t-il expliqué.

La troisième dimension de la mission du Centre est la formation : « permettre aux jeunes d'approfondir ce qu'est l'Eglise, la foi, les fondements de la vie spirituelle », a poursuivi Mgr Kohn.

« Cette dimension de la formation a été concrétisée depuis 25 ans par de nombreux cycles de conférences, par des personnalités, des témoins de la foi », a-t-il déclaré.

Soulignant le caractère particulier du Centre San Lorenzo puisqu'il est le « centre du pape pour les jeunes », situé tout près de la place Saint-Pierre, Mgr Kohn a reconnu toutefois que ce modèle pourrait être reproduit dans d'autres endroits du monde et « qu'il existe déjà dans des sanctuaires ou des diocèses », comme à Lourdes.

Mgr Kohn a conclu que son désir aujourd'hui pour le Centre est qu'il soit « davantage connu, à Rome et à l'extérieur » et que soient établis des « liens plus étroits, plus profonds avec différents diocèses dans les pays du monde, pour profiter des expériences des uns et des autres ».

Le Centre fête actuellement ses 25 ans. Des activités y sont organisées jusqu'au dimanche 16 mars 2008 (cf. Zenit du 3 mars)

Pour toute information complémentaire

Via Pfeiffer 24 - 00193 ROMA

Tel : +39-06.698.85332

Extraits de "Le monde vu de Rome" de Zenit du 13 mars 2008

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14/03/2008

Actualité

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Avertissement. Ces textes doivent se lire avec respect. Ils dérangent, comme le Jardin des Oliviers et le "Père, pourquoi, m'as-tu abandonné?". Ils ouvrent la porte sur le mystère de la rencontre de Dieu dans la foi pure. "Nuit des émotions - Nuit des sens", "Nuit de l'esprit - Nuit de la foi", "Nuit de la transcendance - Nuit de Dieu", dirait saint Jean de la Croix.

¡Oh noche que guiaste!
¡Oh noche amable más que la alborada!
¡Oh noche que juntaste
Amado con amada,
amada en el Amado transformada!

Que bien sé yo la fonte que mana y corre, aunque es de noche.

(voir traduction à la fin)

Bonne méditation pour votre Semaine Sainte !


LA NUIT DE MERE TERESA
Extraits des lettres de Mère Teresa


« Parce que Jésus le veut »

« Pendant cette année très souvent j'ai ardemment désiré être toute à Jésus et faire que d'autres âmes " surtout indiennes, viennent et L'aiment avec ferveur " m'identifier moi-même complètement aux Indiennes, et ainsi L'aimer comme Il n'a jamais été aimé. Je pensais que c'était un de mes nombreux désirs fous. J'ai lu la vie de sainte M. Cabrini (NDLR : missionnaire italienne du XIXe s., première sainte des États-Unis). " Elle a tant fait pour les Américains parce qu'elle est devenue une des leurs. Pourquoi ne puis-je pas faire pour l'Inde ce qu'elle a fait pour l'Amérique ? Elle n'a pas attendu que les âmes viennent à elle " elle est allée à elles avec ses ouvrières zélées. Pourquoi ne puis-je pas faire la même chose pour Lui ici ? Il y a tant d'âmes " pures " saintes qui désirent ne se donner qu'à Dieu. Les ordres européens sont trop riches pour elles. " Ils reçoivent plus qu'ils ne donnent. " "N'aiderais-tu pas." Comment puis-je ? J'ai été et je suis très heureuse en tant que soeur de Lorette. " Quitter ce que j'aime et m'exposer à de nouveaux travaux et à de nouvelles souffrances qui seront grandes, être la risée de tant de gens " surtout religieux " pour m'attacher et choisir délibérément les rigueurs d'une vie indienne " la solitude et l'ignominie " l'incertitude " et tout le reste parce que Jésus le veut " parce que quelque chose m'appelle à "tout quitter et à en rassembler quelques-unes " à vivre Sa vie " à faire Son oeuvre en Inde." Ces pensées ont été la cause de bien des souffrances " mais la voix répétait toujours "Refuseras-tu." ()

J'ai longtemps prié " j'ai tant prié " j'ai demandé à notre Mère Marie de demander à Jésus d'éloigner tout cela de moi. Plus je priais " plus la voix devenait claire dans mon coeur alors j'ai prié pour qu'Il fasse tout ce qu'Il voulait de moi. Il demandait encore et encore. Puis une nouvelle fois la voix a été très claire " "Tu disais toujours "faites de moi tout ce qu'il Vous plaira"" Maintenant Je veux agir " laisse-Moi faire " Ma petite Épouse " Ma toute petite. " Ne crains pas " Je serai toujours avec toi. " Tu souffriras et tu souffres à présent " mais si tu es Ma petite Épouse " l'Épouse de Jésus Crucifié " il te faudra endurer ces tourments dans ton coeur. " Laisse-Moi agir " Ne Me refuse rien " Fais-Moi tendrement confiance " fais-Moi aveuglément confiance. » ()

Voilà ce qui s'est passé entre Lui et moi pendant ces jours où j'ai tant prié. »

(Lettre à Mgr Périer, archevêquede Calcutta, janvier 1947 p. 69-72)

« Il y a en moi des ténèbres si terribles »

« Excellence,

() S'il vous plaît priez spécialement pour moi afin que je ne gâche pas Son oeuvre et que Notre Seigneur puisse Se montrer car il y a en moi des ténèbres si terribles, comme si tout était mort. C''est plus ou moins comme cela depuis le moment où j'ai commencé l'oeuvre. Demandez à Notre Seigneur de me donner du courage. Je vous en prie donnez-nous votre bénédiction. »

(Lettre à Mgr Périer,mars 1953 p. 178.)

« Où est ma foi ? »
« Matière de confession
Dans les ténèbres ()

Seigneur, mon Dieu, qui suis-je pour que Vous me rejetiez ? L'enfant de Votre amour et maintenant devenue comme la plus haïe, celle que Vous avez rejetée telle une indésirable, pas aimée. J'appelle, je m'accroche, je veux , et il n'y a personne pour me répondre, personne à qui me raccrocher, non, personne. Seule. Les ténèbres sont si sombres et je suis seule. Indésirable, abandonnée. La solitude du coeur qui veut de l'amour est insoutenable.Où est ma foi ? Même au plus profond, tout au fond, il n'y a rien d'autre que le vide et l'obscurité. Mon Dieu qu'elle est douloureuse, cette souffrance inconnue. Cela fait mal sans cesse. Je n'ai pas la foi. Je n'ose pas prononcer les mots et les pensées qui se bousculent dans mon coeur et me font souffrir une indicible agonie. Tant de questions sans réponses vivent en moi j,ai peur de les dévoiler à cause du blasphème Si Dieu est, s'il Vous plaît pardonnez-moi. Ayez confiance tout se terminera au Ciel avec Jésus. Lorsque j,essaie d'élever mes pensées vers le Ciel il y a un vide si accusateur que ces mêmes pensées retombent comme des couteaux acérés et blessent mon âme elle-même. L'amour le mot n'apporte rien. On me dit que Dieu m'aime et pourtant la réalité de l'obscurité, du froid et du vide est si grande que rien ne touche mon âme. Avant que l'oeuvre ne commence il y avait tant d'union d'amour de foi de confiance de prière de sacrifice. Ai-je commis une erreur en me livrant aveuglément à l'appel du Sacré-Coeur ? Je ne doute pas de l'oeuvre parce que je suis convaincue qu'elle est Sienne et non mienne. Je ne sens pas pas même la moindre pensée ni tentation n'entre dans mon coeur pour m'attribuer quoi que ce soit dans cette oeuvre.

Tout le temps souriante. Les Soeurs et les gens font ces remarques. Ils croient que ma foi, la confiance et l'amour envahissent tout mon être et que l'intimité avec Dieu et l'union à Sa volonté doivent imprégner mon coeur. S'ils pouvaient seulement savoir et combien ma gaieté est le manteau sous lequel je couvre le vide et la misère. En dépit de tout cette obscurité et ce vide ne sont pas aussi douloureux que le désir de Dieu. Cette contradiction j'en ai peur va me déséquilibrer. Qu'êtes-Vous en train de faire, mon Dieu, à quelqu'un de si petit ? Lorsque Vous m'avez demandé d'imprimer Votre Passion sur mon coeur est-ce là la réponse ?

Si cela Vous apporte quelque gloire, si Vous en tirez une goutte de joie si cela Vous amène des âmes si ma souffrance apaise Votre Soif me voici Seigneur, avec joie j'accepte tout jusqu'à la fin de la vie et je sourirai à Votre Face Cachée toujours. »

(Texte de prière, communiqué en 1959 au P. Picachy, son confesseur p. 218-219.)

« Aimer sans être aimée »

« Cher Père J. Neuner,

() J'attends avec impatience ma visite à Bombay. Les grandes assemblées ont un effet terrible sur moi, elles me rendent malade. C'est un véritable sacrifice et un acte d'obéissance aveugle pour moi. Je viendrais avec plaisir à Pune pour demander à ces 400 théologiens de prier pour moi et pour nos Soeurs, mais votre proposition de leur parler me glace. Vous m'avez écrit de ne pas répondre NON avant d'y réfléchir. Le fruit de ma réflexion c'est de demander à Son Excellence ce qu'il souhaite. Si c'est oui je ferai ce que vous voulez que je fasse je viendrai leur parler de la belle oeuvre de Dieu.

Non, Père, je ne suis pas seule. J'ai Ses ténèbres j'ai Sa souffrance j,ai ce terrible désir de Dieu d'aimer sans être aimée. Je sais que j'ai Jésus dans cette union ininterrompue car dans ma volonté, mon esprit est fixé sur Lui et dans Lui seul.

Au cas où je ne viendrais pas à Pune je vous en prie ne vous donnez pas le mal de vous rendre jusqu'à Bombay, car cela ne vaut pas votre voyage si vous venez et que je n'ai rien à dire. Ces jours-ci Il m'a pris aussi cela. Alors je Lui offre un grand sourire en retour. Merci à Dieu qui S'abaisse encore pour prendre quelque chose de moi. br />
Je vous enverrai une carte postale si Son Excellence dit oui.

Priez pour moi. »

(Lettre au P. Neuner, jésuite,son directeur spirituel,octobre 1961 p. 259.)

« Je n,ai pas peur »

« Cher Père,

C'est très gentil à vous d'être venu et de m''avoir donné autant de votre temps car vous avez bien d'autres âmes plus dignes de votre sollicitude et de votre amour que la mienne, qui est si petite et si vide et si faible.

Pardonnez-moi de vous avoir demandé de venir et de ne vous avoir rien dit. Cela vous montre combien mon âme est terriblement vide mais je n'ai pas peur. Il a fait pour moi des merveilles Saint est Son Nom. Priez pour moi afin que dans ces ténèbres je n'allume pas ma propre lumière ni ne remplisse ce vide de moi-même. De toute ma volonté je ne veux que Jésus.

Père, je voulais vous dire combien mon âme désire ardemment Dieu seulement Lui, combien il est douloureux d'être sans Lui combien mes pensées ne sont que les Soeurs et les Pauvres. Est-ce de la distraction (ou) ces pensées sont-elles la cause de ma prière ? Elles sont ma prière elles sont ma vie même. Je les aime autant que j'aime Jésus et maintenant comme je n'aime pas Jésus je ne les aime pas non plus. Je sais que ce ne sont que des sentiments car ma volonté est fermement liée à Jésus et donc aussi aux Soeurs et aux Pauvres. »

(Lettre au P. Neuner,juillet 1967 p. 294.)

« N'ayez pas peur »

« Je sais ce que vous ressentez c'est vraiment la pleine signification de la pauvreté de Jésus. Lui qui s'est fait pauvre, de riche qu'Il était. Les richesses qu'Il avait en compagnie de Son Père, il y a renoncé en devenant un homme semblable à nous en toutes choses à l'exception du péché. Vous aussi vous faites l'expérience de ce renoncement par amour de Lui. N'ayez pas peur. Tout ira bien. Le grain doit mourir afin de porter du fruit. Je suis plus que sûre que Jésus veut que les M.W. (Missionary Brothers of the Word Frères Missionnaires de la Parole) existent et cette solitude est le commencement d'un grand amour. Vous n'êtes pas seul Jésus et vous. (Le) Tabernacle est le plus beau signe que vous puissiez regarder quand vous vous sentez seul. N'ayez pas peur. Il est là malgré les ténèbres et l'échec. C'est comme pour Jésus au jardin des Oliviers. Ne pouviez-vous pas veiller une heure ? Il s'est senti si seul cette nuit-là. N'ayez pas peur. Mettez votre main dans la main de Notre-Dame et marchez avec elle.

(Lettre au P. Sebastian,Missionnaire de la Charité,octobre 1979 p. 329-330.)

Mère Teresa de Calcutta a été béatifiée par le pape Jean-Paul II lors de la Journée Mondiale des Missions, dimanche, le 19 octobre 2003 et canonisée par le pape François le 4 septembre 2016 à Rome.

Traduction des citations de saint Jean de la Croix

Oh, nuit qui fus ma conductrice!
Oh, nuit qu'à l'aube je préfère!
Oh, nuit qui sus si bien unir
L'Amant avec la bien-aimée,
L'amante en l'Amant tranformée!

Je sais une source qui jaillit et s'écoule, mais c'est au profond de la nuit.


"...Jésus en croix reprendra aussi des paroles extrêmes qu'un psalmiste a osé écrire et proposer comme prière ; il criera : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Ps 22, 2). Les paroles extrêmes du désespoir extrême, Jésus les fait siennes. Ainsi, il n'y a plus un extrême dans nos vies et dans nos paroles qui ne soit visité par le Christ, qui ne puisse être exprimé par Lui." (Frère Philippe Lefebvre o.p. dans Retraite dans la ville le 19 mars 2008)


Publié le 14 mars 2008.

Tiré du blog d'Hermann Giguère cliquez ici.

Une grand-messe composée par Gilles Vigneault pour le 400e anniversaire de la fondation de Québec. Dans le cadre de la 12e édition du Festival des musiques sacrées de Québec, Gilles Vigneault sera le maître d’œuvre d’une grand-messe. Composée en collaboration avec Bruno Fecteau, directeur musical du poète depuis 1994 et professeur au Conservatoire de musique de Québec, interprétée par l’Orchestre symphonique de Québec, le choeur symphonique et quatre solistes, la messe chantée sera présentée en première les 17 et 19 octobre 2008 au Palais Montcalm à Québec.


GRAND-MESSE GILLES VIGNEAULT
Le projet dormait sur la table depuis déjà quelques années. Vigneault y pensait du vivant de son ancien pianiste et arrangeur Gaston Rochon, il y a plus de 40 ans. Une rencontre au printemps avec l'ancien curé de la paroisse Saint-Roch à Québec, monsieur l'abbé Mario Dufour, également fondateur du Festival des musiques sacrées et président de la Commission des biens culturels, a rendu le projet possible.

Aujourd’hui, il devient réalité, explique Marcel Dallaire, président du Festival. «Nous concrétisons un rêve que nous avions au festival depuis longtemps. Nous sommes fiers d’accueillir au cœur de notre projet Gilles Vigneault qui incarne depuis plus de 50 ans les grandes valeurs des Québécois, qu’il chante toujours sur toutes les tribunes», a-t-il souligné lors d’une conférence de presse tenue au Palais Montcalm, ce mardi.

Grand-messe

«Qu'est-ce qu'une messe ? C'est une intention d'être ensemble, de demander, de louer. C'est l'occasion de se rassembler pour manger et boire à la santé de quelqu'un ou à sa propre santé. On loue un être qu'on invente parfois ou, dans un autre temps, en lequel on croit. Mais cela est certes nécessaire à tout être humain. Cela fait partie de notre histoire», a décrit celui qui se fait ambassadeur de la culture québécoise.

«Nous avons abordé l'idée d'écrire une messe avec beaucoup de respect pour ceux qui étaient là avant nous, pour nos parents. Nous ferons une messe avec la foi. La foi en quoi? Envers les êtres humains d'abord, avant même la foi en Dieu», a-t-il ajouté.

L'oeuvre sera disponible en trois versions : pour un grand ensemble avec solistes, pour un orchestre de chambre avec solistes ainsi que pour une petite formation pour chorale de paroisse, solistes, orgue d’église ou harmonium. Elle pourra donc être reprise dans toutes les régions du Québec par des ensembles musicaux et vocaux qui souhaiteront se l'approprier.

Les prestations offertes au Palais Montcalm seront interprétées dans la version grand ensemble. Mais pas question pour le compositeur de chanter la messe. Il laissera plutôt la place à 60 musiciens, 40 choristes et quatre solistes.

En ce qui concerne la composition de la grand-messe, c'est déjà parti. «Nous avons déjà commencé le travail. Les thématiques ont été établies en grande partie, mais reste l'orchestration et la mise en forme." a déclaré Bruno Fecteau. Questionné à savoir si l'oeuvre ferait éventuellement l'objet d'un album, il a laissé le doute planer. «Nous ne sommes pas rendus là. On verra. Il faut commencer par écrire d'abord», a-t-il dit.

Notons que c'est en partie grâce à la participation financière du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine pour un total de 100 000$ que le projet verra le jour. «Gilles Vigneault est un don du ciel pour la culture québécoise. Dans certains pays, il est possible de désigner une personne comme étant un trésor national. Nous sommes à revoir notre politique, afin que des artistes comme lui puissent aussi s'inscrirent comme trésor national dans le patrimoine québécois», a indiqué la ministre Christine St-Pierre.


L'aide financière du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine est accordée en vertu de son programme Aide aux projets. Le Festival des musiques sacrées de Québec ainsi que la Société du 400e anniversaire de Québec complètent le financement de ce projet évalué à 300 000 $.

Quant au sens à donner à tout cela, le poète, Gilles Vigneault, se dit très à l'aise particulièrement dans le contexte des fêtes du 400e de Québec et du sommet de la Francophonie. Il rappelle les paroles de sa chanson de "Avec nos mots":

Avec nos mots, nos jeux, nos travaux et nos danses
Nos joies et nos chagrins aussi
Quatre cents ans de foi, d'amour et d'espérance
Avec ceux qui vivaient ici.


d'après le communiqué de presse rapporté par Mélanie Tremblay sur Canoë 26-02-2008 et complété par le webmestre.

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EXTRAITS DU COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU MINISTÈRE DE LA CULTURE, DES COMMUNICATIONS ET DE LA CONDITION FÉMININE

Québec, le 26 février 2008 - La ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Mme Christine St-Pierre, a annoncé aujourd'hui, au cours d'une conférence de presse, qu'elle accorde 100 000 $ au Festival des musiques sacrées de Québec pour la création et la production de la Grand-messe composée par MM. Gilles Vigneault et Bruno Fecteau. Cet événement s'est déroulé en présence de M. Vigneault.

« Je remercie monsieur Gilles Vigneault d'avoir accepté l'offre du Festival des musiques sacrées de Québec de prêter son immense talent pour composer la Grand messe qui sera offerte à la population en octobre prochain. Je suis persuadée que ce projet d'envergure fera date dans l'expression musicale québécoise, d'autant plus que sa présentation en grande première s'inscrira dans les festivités du 400e anniversaire de la ville de Québec et dans le cadre du 12e Sommet de la Francophonie », a déclaré la ministre Christine St-Pierre.

Le Festival des musiques sacrées de Québec existe depuis onze ans. Au cours de ces années, il a suscité l'intérêt de nombreux artistes en les invitant à interpréter les oeuvres de ce vaste répertoire pendant le festival. À l'occasion du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, le Festival va plus loin en demandant à M. Gilles Vigneault de composer sa Grand-messe. Cette oeuvre de musique sacrée sera présentée au grand public pendant le Sommet qui se déroulera à Québec en octobre prochain...

Le Festival des musiques sacrées de Québec a pour mission de faire découvrir la musique sacrée au plus vaste public possible, sans barrière religieuse ou linguistique ni restrictions dans les styles. Du classique au chant grégorien, en passant par le jazz, le tango et les musiques anciennes, des artistes de renommée internationale y proposent d'année en année des musiques inspirées par la spiritualité d'ici et d'ailleurs.


GILLES VIGNEAULT

Auteur, compositeur, interprète et poète, Gilles Vigneault est né à Natashquan en 1928. Licencié ès lettres de l'Université Laval, il a reçu un nombre impressionnant de prix et distinctions, tant au Québec qu'au Canada et en France. Une oeuvre imposante, d'une richesse et d'une qualité littéraire remarquables, plus de 400 chansons, une quarantaine de livres publiés au Québec et en France font de Gilles Vigneault un poète majeur et un grand ambassadeur de la culture québécoise. Lauréat du prix Denise-Pelletier en 1983, il a été fait Chevalier de l'Ordre national du Québec en 1985, puis Grand Officier en 2000. La France l'a également fait Chevalier de la Légion d'honneur en 1986, puis Officier de l'Ordre des arts et des lettres de France en 1990. En 2005, il était reçu Officier de l'Ordre de la Pléiade pour son rôle majeur dans la Francophonie et le dialogue des cultures. En 2007, Les quatre saisons de Piquot : conte symphonique, musique de Marc Bélanger sur des textes de Gilles Vigneault, recevait le prix Félix Album de l'année - Jeunesse de l'ADISQ. Gilles Vigneault est aussi membre du Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens. Depuis 2006, la SOCAN remet le prix Gilles-Vigneault.

BRUNO FECTEAU

Directeur musical de Gilles Vigneault depuis 1994 et professeur de fugue au Conservatoire de musique de Québec depuis 2006, Bruno Fecteau a contribué à la composition musicale de la Grand-messe de Gilles Vigneault et signera les arrangements et l'orchestration. M. Fecteau est né à Rimouski. Il complète ses études au Conservatoire de musique de Québec, obtenant les prix d'harmonie, de contrepoint, de fugue et de composition. Depuis sa sortie du Conservatoire, il s'est consacré à la chanson, devenant un acteur important de la vitalité culturelle à Québec. Son métier d'écriture le sert constamment comme compositeur, orchestrateur, arrangeur et réalisateur de nombreux albums : citons Lever du jour, de Paule-Andrée Cassidy, qui a reçu le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros et Au bout du coeur, de Gilles Vigneault.

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Devant l’engouement du public à la suite de l’annonce de la Grand-messe de Gilles Vigneault, composée par MM. Vigneault et Bruno Fecteau à la demande du Festival des musiques sacrées de Québec, la direction du Festival a décidé de procéder dès maintenant à la mise en vente des billets pour les 17 et 19 octobre prochains à la Salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm à Québec. L’Orchestre symphonique de Québec, le Choeur symphonique et quatre solistes interprèteront cette oeuvre en grande première.

Les billets seront disponibles dès le vendredi 29 février 2008 à midi à la billetterie du Palais Montcalm au 418 641-6040 ou 1 877 641-6040 et sur le réseau Billetech. Le prix des billets varie de 35 $ à 50 $ plus frais de service.


Tiré de SME-Infonet http://www.webzinemaker.com/sme/, webzine publié par la Société des prêtres du Séminaire de Québec.
28/02/2008

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Lancement à Québec d'un livre sur les fondateurs et fondatrices de la Nouvelle-France dans le cadre du 400e de Québec et de l'Année jubilaire François de Laval 2008.


IL SUFFIT D`UNE FOI
Le 21 février 2008 à 19 h les Éditions Anne Sigier présentaient un livre intitulé "Il suffit d'une foi... Marie et l'Eucharistie chez les fondateurs de la Nouvelle-France" sous la direction de Thérèse Nadeau-Lacour avec la collaboration du Père René Latourelle s.j., soeur Carmelle Bisson a.m.j., Mgr Hermann Giguère p.h. et le Père Vincent Siret. Plus de 100 personnes étaient réunies à l'édifice des Servies diocésains de Québec pour cette présentation sous la présidence d'honneur du cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec et primat du Canada.

Lancement d'un livre sur les fondateurs et fondatrices de la Nouvelle-France dans le cadre du 400e de Québec et de l'Année jubilaire François de Laval
Les contributions touchent les jésuites de Nouvelle-France: "Les premiers jésuites de Nouvelle France. Dévotion à Marie et à l'Eucharistie (Père Latourelle), Marie-Catherine de Saint-Augustin: "De Marie à l'offrande rédemptrice" (Soeur Bisson), Marie de l'Incarnation : "Marie et l'Eucharistie ou le secret de Marie Guyart de l'Incarnation (Mme Nadeau-Lacour) et, pour François de Laval: "Marie dans la vie d'un pasteur" (Mgr Giguère) et "Mgr François de Laval, un amoureux de l'Eucharistie (Père Siret).

"L'inspiration qui est à l'origine de cet ouvrage, a expliqué Mme Thérèse Nadeau-Lacour, concerne le souffle de ces fondateurs en ce qu'il a de singulier et communicable aussi. Les cinq chercheurs, chacun à sa manière, tentent de libérer ce souffle qu'ils considèrent comme l'âme de ce pays, en retrouvant ses traces dans ses manifestations visibles puis en amorçant, à partir d'elles, comme une remontée vers son origine...Ce livre a pour seule ambition de lever une partie du voile sur la source de ces forces fondatrices."

Anne Sigier au début de la soirée a réitéré sa joie de contribuer à mettre cet ouvrage à la disposition d'un large public au moment où en 2008 les regards se portent sur les origines de Québec. Les faits et gestes qui ont accompagné la vie des fondateurs et fondatrices ne manquent pas de laisser des traces et de nous interpeller aujourd'hui dans une Église qui a besoin de retrouver son souffle et ses racines.

Ensuite, les auteurs dirent leurs remerciements et présentèrent brièvement leur contribution, le Père Latourelle, âgé de 90 ans, faisant lire son texte par son confrère le Père Champagne. En cliquant ici, on peut lire le mot d'un des auteurs, Mgr Hermann Giguère, supérieur général du Séminaire de Québec fondé par François de Laval en 1663.

Pour terminer, avant le buffet et la séance de signatures, le cardinal Ouellet a tenu à féliciter Mme Nadeau-Lacour pour cette heureuse initiative qui permet de mettre en valeur ce qui a été la source de ces destins à nul autre pareils que ceux des fondateurs et fondatrices de notre Église en terre d'Amérique. Il a souligné qu'il appréciait particulièrement cet effort centré sur la dévotion à Marie et sur l'Eucharistie chez les fondateurs dans la perspective du 49e Congrès eucharistique international qui se tiendra à Québec du 18 au 22 juin 2008. "Il ne pouvait pas y avoir d'ouvrage plus approprié", a-t-il confié. Il a aussi noté la qualité de l'édition et de la présentation matérielle du livre et en a chaleureusement félicité l'éditrice Anne Sigier.

Que ce livre, comme le souhaite Mme Nadeau-Lacour dans l'Avant-propos soit "source d'inspiration...pour les croyants au seuil du troisième millénaire de la nouvelle évangélisation".


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25/02/2008

Actualité

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La Journée mondiale de la jeunesse peut susciter des liens amoureux. La vocation au mariage y a toute sa place. Voici le témoignage d'un jeune couple issu de leur rencontre à la JMJ de Toronto en 2002. Anthony et Sonia Holmes ne s'étaient jamais rencontrés. Après s'être connus durant la JMJ de 2002, ils se sont mariés en 2004 et ont aujourd'hui deux enfants: Jessica de 2 ans et Catherine de 5 mois. Romantique? Certainement. Rare? Pas tant que ça, pour les Journées mondiales de la jeunesse.


AMOUR, MARIAGE ET JMJ
Quand deux jeunes catholiques du diocèse de Parramatta sont partis comme pèlerins pour la Journée mondiale de la jeunesse à Toronto (Canada), le seul et unique amour qu'il s'attendait à vivre était avec Dieu. Bien qu'ayant grandi dans le même diocèse, ils ne se connaissaient pas. Mais apparemment le Seigneur avait d'autres plans pour eux.

Les Holmes attribuent ce qui leur est arrivé à la nature ouverte, sûre et spirituelle, de l'événement.

Anthony, originaire de Plumpton, affirme que « lorsque l'on rencontre quelqu'un dans un milieu séculier il faut un peu de temps pour comprendre ses valeurs et ce en quoi l'on croit ».

Pour son épouse Sonia, de Greystanes, la JMJ « a rendu les choses plus faciles » car, dit-elle, « nous nous ouvrions plus volontiers reconnaissant automatiquement que nous partagions un système de valeurs commun qui venait de nos familles et nous étions pratiquants tous les deux. Cela nous a également aidé pour l'avenir car nous ne nous demandions pas comment nous aurions construit notre famille ».

L'histoire d'amour des Holmes confirme la décision, de la part des organisateurs de la Journée mondiale des jeunes de Sydney, d'inclure la vocation au mariage dans la Vocations Expo, qui se tiendra du 15 au 20 juillet au Sydney Exhibition Center.

« Dans la société d'aujourd'hui beaucoup de gens ont perdu l'idée de la compréhension du mariage au sein de la foi catholique », relève Sonia. « C'est pourquoi il est important de souligner que le mariage doit être vu comme une vocation à un engagement pour toute la vie comme il est dit dans l'enseignement catholique, et non comme une solution à brève échéance ».

« Je pense que c'est un pas très significatif », souligne pour sa part Anthony. « Beaucoup de gens pensent à la 'vocation' en terme de vocation religieuse; cette vocation-là est une excellente expression de foi et de réponse à l'appel de Dieu, mais il est important de ne pas oublier les vocations laïques qui construisent d'autres bases chrétiennes pour la société, comme le mariage sacramentel ».

Anthony Holmes souligne que l'aspect religieux du mariage ne se limite pas au seul fait de fréquenter une église, mais relève plutôt de la manière de vivre l'existence quotidienne ensemble et le fait d'avoir une bonne base de foi. De ce point de vue-là, le soutien de la paroisse et de la communauté locale ne peut être sous-évalué.

C'est pour cela que, lors des Journées mondiales de la jeunesse, sa femme et lui veulent partager avec ces jeunes qui discernent leur propre vocation comme catholiques et qui souvent se sentent isolés dans leur communauté, le message selon lequel la JMJ peut aider à abattre ces barrières.
« Cela élargit notre vision de ce qu'est notre communauté », explique Anthony.

« Et cela donne l'opportunité de parler avec des jeunes du même âge mais dont les orientations sont différentes », ajoute Sonia. « Toutes les rencontres aident à remettre sa propre foi dans les mains de Dieu et le laisser nous guider là où il veut que nous allions ».

Catherine Smibert; Isabelle Cousturié

Extraits d'un article paru dans zenit.org : Le monde vu de Rome, le 19 février 2008


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20/02/2008

Documents

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Retraite au Vatican pour le Carême 2008: Grâce à l'Esprit Saint, Dieu lui-même peut agir dans le chrétien, a expliqué le cardinal Vanhoye, prédicateur invité, jésuite exégète célèbre, en méditant sur le Sang du Christ, lors de la retraite qu'il a prêchée du 11 au 16 février 2008 en présence du pape et de la curie romaine.


NOUVEAUTE DU CHRISTIANISME
Dans sa seconde méditaton de vendredi matin, le 15 février 2008, le prédicateur a achevé sa réflexion sur la Lettre aux Hébreux en commentant sa conclusion solennelle centrée sur la résurrection et l'alliance éternelle.

Le cardinal jésuite français a parcouru les différents niveaux d'approfondissement de la doctrine chrétienne, en passant de la compréhension initiale de la Résurrection de Jésus comme simple restitution de la vie de Dieu au Fils, à la Résurrection en tant que fruit de l'intervention de l'Esprit Saint, le souffle vital de Dieu. Le cardinal Vanhoye a souligné le lien, mis en lumière par la Lettre aux Hébreux, entre l'Esprit de vie et le sang, ce dernier déjà considéré comme sacré par les Anciens et par la Bible parce que porteur du souffle de vie. Une intuition correcte confirmée par la science lorsque l'on a découvert que c'est le sang qui oxygène le corps, et qui porte le « souffle » de la respiration humaine aux cellules.

« De même que nous respirons l'air de l'atmosphère pour oxygéner notre sang et le rendre capable de vivifier tout le corps, de même le Christ dans sa Passion, par sa prière intense a ‘respiré' l'Esprit Saint. Pour vaincre la peur de la mort, il a prié, supplié, il a reçu l'Esprit Saint qui est entré en lui et l'a poussé à offrir sa vie en don d'amour. Nous pouvons dire que dans la Passion, le sang du Christ s'est imprégné de l'Esprit Saint, et qu'il a ainsi acquis la capacité de communiquer une vie nouvelle et de fonder la Nouvelle Alliance ».

En réfléchissant à ce nouveau rapport entre Dieu et l'homme, par le Christ, l'auteur de la Lettre aux Hébreux a lui aussi une intiuition qui, selon le cardinal Vanhoye, exprime une vérité du christianisme à une profondeur jamais atteinte jusque là. L'auteur ne souhaite pas seulement aux chrétiens de faire la volonté de Dieu mais que Dieu lui-même fasse en eux ce qui lui plaît.

« Il nous est ainsi montré ce qui me paraît être l'élément le plus profond de la Nouvelle Alliance. Le fait que nous recevons en nous l'action de Dieu. Dans l'Ancienne Alliance, Dieu prescrivait ce que l'on devait faire, à travers une loi extérieure. Ce type d'alliance n'a pas fonctionné, parce que l'homme n'est pas capable par ses seules forces d'accomplir la volonté de Dieu. C'est pourquoi le Seigneur a voulu instituer une Nouvelle Alliance : il a promis d'écrire sa loi dans le cœur de l'homme, de lui donner un cœur nouveau et de lui donner son Esprit (...). La Nouvelle Alliance ne consiste donc pas seulement dans la réception des lois de Dieu à l'intérieur de notre cœur, mais dans la réception de l'action de Dieu même en nous ».

Dans l'Évangile de saint Jean aussi, a rappelé le cardinal Vanhoye, le Christ parle de ses œuvres comme d'un don du Père. Cela vaut pour les chrétiens qui sont accompagnés dès la fondation de l'Eglise de la certitude exprimée par Jésus de pouvoir accomplir des œuvres encore plus grandes que les siennes : ou plutôt, accomplies par le Christ lui-même à travers leur intelligence, leur générosité, leur dévouement.

Anita S. Bourdin

ROME, Dimanche 17 février 2008
paru dans zenit.org 2008


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Voici un extrait de son dernier ouvrage en français : « Le don du Christ. Lecture spirituelle », chez Bayard, collection Christus en mars 2005 (240 pages).

Dans cet ouvrage, le Père Vanhoye, qui est considéré comme l’un des meilleurs connaisseurs de l’épître aux Hébreux, nous introduit à une lecture spirituelle du mystère du Christ, tel qu’il peut être perçu dans la prière.

Extrait de “ La prière des chrétiens dans l’épître aux Hébreux ” p. 41-42

Quelle doit être la prière des chrétiens ? Que nous dit sur la question l’Épître aux Hébreux ?
Bien entendu, nous ne trouvons pas dans cette épître un exposé méthodique sur la prière chrétienne, encore qu’elle nous fournisse de précieuses indications.

Pour commencer, l’auteur invite les fidèles à la prière de contemplation. Dans deux passages, nous lisons une exhortation explicite dans ce sens, et dans deux perspectives différentes. Cela constitue, à mon avis, un aspect original de la prédication de l’auteur, sans parallèle dans le Nouveau Testament.

La contemplation de Jésus vivant

La première invitation à la contemplation chrétienne se trouve au début du chapitre 3. S’adressant aux fidèles l’auteur leur dit : “ Frères saints, vous qui avez en partage une vocation céleste, fixez bien votre regard sur Jésus, apôtre et grand-prêtre de la foi que nous professons : il est digne de foi pour celui qui l’a constitué... ” Dans ce texte, il s’agit incontestablement de la contemplation chrétienne, parce que l’auteur n’appelle pas l’attention sur une idée abstraite, sur quelque vérité métaphysique, mais sur la personne de Jésus ; il invite à regarder Jésus. Cette contemplation, remarquons-le, ne se réfère pas à la vie terrestre de Jésus, n’implique pas un retour au passé, mais concerne la situation actuelle de Jésus. Les fidèles sont exhortés à contempler le Christ glorieux, jouissant de sa gloire devant Dieu qui l’en a jugé digne. La phrase suivante évoque la gloire du Christ, supérieure à celle de Moïse. Cette orientation vers le Christ glorieux est une attitude spontanée de l’auteur, qui commence chaque partie de son discours par une contemplation du Christ dans sa gloire actuelle. La situation religieuse du chrétien se définit avant tout par sa relation avec le Christ tel qu’il est maintenant, c’est-à-dire avec le Christ vivant, avec le Christ ressuscité et glorifié, intronisé à la droite du Père ; et la prière chrétienne doit avant tout raviver cette relation, la rendre plus consciente : “ Fixez bien votre regard sur Jésus... ”

Cette prière contemplative est d’une importance fondamentale pour la vie chrétienne ; elle est d’une inépuisable fécondité. Quel fruit en espère l’auteur ? En premier lieu, un renforcement de la foi : le Christ ressuscité est reconnu “ digne de foi ”. Il a droit à notre adhésion sans réserve : “ Puisque nous avons un grand-prêtre souverain qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme la profession de notre foi ” (He 4,4). En second lieu, la contemplation du Christ glorifié produit une autre forme de prière, que nous pouvons appeler la prière de l’écoute. En effet, l’auteur joint directement son invitation à la contemplation à une exhortation à l’écoute, employant les paroles du psaume 95 : “ Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs ” (He 3,7-8 ; Ps 95,7-8). Ces paroles sont répétées à trois reprises pour marquer les trois subdivisions d’une longue exhortation.

La contemplation du chrétien n’est par conséquent pas destinée à demeurer passive : elle n’est pas une attitude de spectateurs, sans engagement. Bien plus, la contemplation de la gloire du Christ nous rend attentifs à un appel qui nous met en mouvement et produit la docilité active ; nous rend plus conscients de notre “ vocation céleste ” (He 3,1) ; nous invite à entrer dans le royaume de Dieu sans retard. La même relation contemplation-écoute est perçue dans l’épisode évangélique de la transfiguration : Pierre, Jacques et Jean eurent le privilège de contempler la gloire divine du Christ, mais ils furent invités à passer de la vision à l’écoute : “ Survint une nuée qui les prit sous son ombre, et de la nuée partit une voix : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le!” ” (Mc 9,7). L’auteur de l’épître adopte la même perspective.



Tiré de SME-Infonet http://www.webzinemaker.com/sme/, webzine publié par la Société des prêtres du Séminaire de Québec.
18/02/2008

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