Je vous transcris, avec la permission de l'auteur, l'article de Marco Veilleux sur une chronique de Denise Bombardier qu'Il a intitulé : «L’Église en déroute», ou l’impasse intellectuelle du discours nostalgique et mélancolique


Journal de Québec 15 avril 2017
Journal de Québec 15 avril 2017
La chronique de Denise Bombardier intitulée «L’Église en déroute», publiée dans le journal de Québec du 15 avril, me semble être symptomatique de l’impasse intellectuelle du Québec d’aujourd’hui. Malheureusement, trop de personnes (y compris nombre de croyants) se laissent berner par cette rhétorique nostalgique et mélancolique.

Ce discours conservateur – entonné en chœur depuis des années et sur divers registres par des intellectuels allant de Mathieu Bock-Côté à Bernard Émond en passant par Éric Bédard – réduit le catholicisme québécois à une «fonction muséale» (donc essentiellement passéiste) de «gardien de notre identité et de notre mémoire collectives». Comme tous ces autres «catholiques athées ou agnostiques», Denise Bombardier fait encore ici cette distinction pour le moins problématique entre, d’une part, «notre culture religieuse» et, d’autre part, «la foi» dont cette culture serait «indépendante» (distinction à la base de cette fumeuse «catho-laïcité» typiquement québécoise).

Nombre de croyant(e)s – incluant des prêtres et des évêques –, trop heureux de trouver en cela une sorte de «bouée de sauvetage», adhèrent aveuglément à cette rhétorique identitaire vouée à l’impasse. Ils se réconfortent ainsi devant la crise actuelle et bien réelle de l’Église catholique au Québec. Ils se laissant donc seriner à l’oreille qu’ils représentent encore, au moins aux yeux de certains, la pieuse relique de ce Canada français qui, malheureusement, disparaît peu à peu sans jamais être advenu à sa pleine indépendance… Bien triste et illusoire consolation pour des «gens de foi» qui devraient plutôt se préoccuper davantage du présent à transformer et de l’avenir à bâtir!

Ne voit-on pas qu’on se berce d’illusions, ici, en croyant que l’on va «sauver» quelque chose de la «religion catholique», au Québec, en la laissant se faire instrumentaliser de la sorte dans un rôle de gardienne de notre identité et de notre histoire nationales en panne de projets d’avenir?

par l’abbé David Labossière, vicaire à St-Joseph/Granby (Diocèse de St-Hyacinthe au Québec)


Abbé David Labossière lors de son ordination presbytérale en 2013 (Granby)
Abbé David Labossière lors de son ordination presbytérale en 2013 (Granby)
Article publié dans L'Infolettre des paroisses de Granby du 31 mars 2017 et reproduit avec autorisation de l'auteur.

La récente sortie de quelques députés en faveur de l’élargissement de « l’aide médicale à mourir » illustre l’irréversibilité du processus : le groupe de travail mis sur pied par le ministre de la santé Gaétan Barrette ne constitue, soyons-en bien conscients, qu’une étape vers une accessibilité qui sera de plus en plus élargie. «Faire mourir n’est pas un soin, rappelle l’Assemblée des évêques (AEQ). Les expressions « mourir dans la dignité » et « aide médicale à mourir » employées pour qualifier une injection mortelle sèment la confusion et induisent en erreur. Il s’agit purement et simplement d’euthanasie, et non d’un soin de fin de vie» (Pierre-André Fournier, archevêque de Rimouski, président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, 27 mai 2014)


Dignité, avez-vous dit ?

Les progrès de la médecine ont permis des avancées spectaculaires pour prolonger la vie des malades et des personnes âgées. Il faut s’en réjouir. Toutefois, ces progrès n’ont pas été accompagnés d’une réflexion éthique et morale qui permette de fixer les balises de ce qui est souhaitable ou non pour maintenir le respect de la dignité humaine.

Condensé de réflexions sur l'expérience mystique à la suite d'une lecture des écrits de Marie de l'Incarnation.


Icône de sainte Marie de l'Incarnation par Gilberte Massicotte-Éthier  (Collection du Musée des Ursulines de Trois-Rivières 2008)
Icône de sainte Marie de l'Incarnation par Gilberte Massicotte-Éthier (Collection du Musée des Ursulines de Trois-Rivières 2008)
Le postulat de départ pourrait se décrire ainsi: le sujet mystique chrétien se présente comme à la recherche d'une identité personnelle dans une tradition et un discours qui le précède. Il écrit son récit comme un récit unique mais en même temps comme un récit sous-tendu, tressé de récits "archéologiques", de récits fondateurs que sont a) l'Écriture Sainte et b) les textes des autres mystiques. Ainsi le texte produit se révèle non pas un dire sur l'objet de la croyance (de la foi), mais plutôt sur la réception de cette réalité autre par le sujet croyant.

La structure du récit mystique se caractérise ainjavascript:void(0)si par un processus de références qui s'accumulent et s'entrechoquent. Ce récit apparaît alors comme dynamique et non pas formé d'avance. Le mouvement inhérent au processus par lequel le sujet-croyant se dit à lui-même et aux autres creuse sans cesse en lui le désir d'aller au-delà des mots, des limites, des symboles pour être atteint en son " fond " dirait Marie de l'Incarnation par les réalités autres de la foi, de la Parole reçue en Église. Dans l’écriture de Marie de l’Incarnation nous découvrons un continuum où elle place un discours antécédent à l'expérience du sujet et un discours conséquent à celle-ci.

L'écriture du mystique chrétien se constitue sur l'horizon de l'Écriture sacrée où se donne à l'interprétation la voie absolue expérimentée. L'expérience mystique du chrétien-croyant repose comme sur un soubassement qui lui donne sens dans la foi.


05/01/2017

Réflexions

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J'ai pu participer au début de décembre à un colloque sur Charles de Foucauld qui n'était pas banal. Il avait lieu à l'Université Laval du 1er au 3 décembre 2016 pour commémorer le centenaire de la mort de Charles de Foucauld le 1 décembre 1916. Ayant fréquenté Charles de Foucauld que j'ai connu par le livre incontournable de René Bazin que j'ai lu à l'âge de 14 ans et ayant eu la chance par la suite d'entendre le Père Voillaume au Grand Séminaire de Québec en 1959, j'ai développé une proximité et un attrait toujours présents pour le frère Charles.


Charles de Foucauld revisité - Réflexions à l'occasion d'un colloque pour le centenaire de sa mort en 1916
Dans mon enseignement à l'Université Laval, je l'ai présenté comme un maître spirituel à de nombreuses générations d'étudiants et d'étudiantes dans mon cours Lecture des maîtres spirituels

Le livre de René Bazin, Charles de Foucauld, explorateur du Maroc et ermite au Sahara, écrit cinq ans après la mort du frère Charles eut un grand succès et fut couronné par l'Académie française. On en a fait une nouvelle édition récemment (Nouvelle CIté, 2003). Le Père René Voillaume (1905-2003), fondateur des Petits frères de Jésus et des Petites Soeurs de Jésus, a été l'auteur du volume devenu un classique de la spiritualité Au coeur des masses paru en 1952. J'ai aussi assez fréquenté les écrits de Carlo Carreto (1910-1988), l'un des Petits frères de Jésus les plus connu notamment à cause du best seller que fut son livre Lettres du désert publié en français en 1983.

Ce colloque a voulu aller chercher ce que les gens vivent en lien avec Charles de Foucauld apportant ainsi des nouvelles visions de ce qu'a été son cheminement. Il est normal que la richesse d'un expérience spirituelle comme celle du frère Charles ne puisse être contenue dans une seule ligne d'interprétation. Nous verrons les nouvelles voies qui se dégagent du colloque et comment elles se justifient dans le cadre d'une famille spirituelle.

L'abbé Jacques Grand’Maison (1931-2016), acteur incontournable et observateur averti des 50 dernières années dans le sillage de la Révolution tranquille au Québec qui s'est déroulée dans les années 60 et 70 est décédé à 5 novembre 2016 à l'âge de 84 ans des suites d'un cancer des os. Il était prêtre du diocèse de St-Jérôme (Québec). Il a oeuvré dans la pastorale ouvrière, comme professeur à l'Université de Montréal et comme auteur de nombreux ouvrages sur la société québécoise et sur l'Église catholique au Québec. Son rayonnement fut immense. Il a écrit plus de 50 volumes.


Pensées d'un fils de la Révolution tranquille inspirées par le décès de Jacques Grand’Maison
Dans ses derniers écrits, il prenait ses distances avec certaines orientations de la société québécoise actuelle et manifestait un certain dépit de voir la chute des valeurs dans cette société qu'il a aimé au plus haut point. «Ce qui me scandalise le plus du monde d’ici au Québec, écrivait-il, c’est sa superficialité et son vide spirituel » dans Ces valeurs dont on parle si peu (2015). Un "passeur" sans héritiers : tel fut le drame de Jacques Grand'Maison.

Les suites de la Révolution tranquille (voir note à la fin) des années 1960 au Québec

Les deux chemins des acteurs de la Révolution tranquille du côté religieux pourraient se caractériser ainsi :

- Adaptation qui évacue non seulement les pratiques mais aussi le contenu de la foi et qui prône l'émancipation dure et totale qui aboutit pour certains à renier officiellement les racines catholiques.

- Adaptation et réforme conscientes, comme chez Grand’Maison et tant d'autres, avec comme effet secondaire non recherché, la disparition des racines dans le processus d'émancipation. Ce mouvement se développe à à l'intérieur et aussi à l'extérieur de l'Église qui perd non seulement son statut et sa crédibilité sociale mais aussi son pouvoir d'attraction pour les nouvelles générations. D'où le désert religieux où le Québec se retrouve et une certain vide spirituel du peuple québécois qui se console dans l'humour. Voir mon article sur le Code Québec de Jean-Marc Léger et autres..

Des icônes

Une icône qui a accompagné le passage sans laisser d'héritiers : Gilles Vigneault Voir Gilles Vigneault : un pays intérieur

Un autre icône qui marque la rupture et ouvre un temps nouveau : Robert Charlebois.

Le processus de couper avec les racines religieuses se retrouve sur le plan de la nation et de sa culture française. La loi 101 a maintenu des francophones mais elle a été incapable de conserver la culture française. Montréal est passé à autre chose qui ressemble à un multiculturalisme à outrance où tout ce qui est étranger est chéri et valorisé alors que les traditions, les usages et l'histoire des « Canadiens français » est rejetée ou moquée.

Avec simplicité le pape François, en soulignant le 50e anniversaire de l'apparition du Renouveau charismatique dans l'Église catholique aux États-Unis en 1967, a confié combien il s'est opposé fermement à son implantation en Argentine.


Le pape François sur l'avion à son retour de Suède le 1 novembre 2016
Le pape François sur l'avion à son retour de Suède le 1 novembre 2016
Voici ses propres paroles prononcées lors de sa conférence de presse sur l'avion qui le ramenait de Suède le 1 novembre 2016 telles que rapportées par l'agence Zenit :

"Le Pape a évoqué la célébration des 50 ans du Renouveau charismatique qui aura lieu à la Pentecôte 2017 à Rome : « Je prévois – si Dieu me prête vie – d’aller y parler » a-t-il précisé.
Il s’est souvenu de ses propres réticences lors de la naissance de ce mouvement : « Un des premiers opposants en Argentine a été moi-même – parce que j’étais Provincial des jésuites à cette époque (…) et j’ai interdit aux jésuites d’avoir des liens avec eux. Et j’ai dit publiquement que quand on faisait une célébration liturgique il fallait faire une chose liturgique et non une ‘école de samba’ (escuela do samba). C’est ce que j’ai dit. Et aujourd’hui je pense le contraire, quand les choses sont bien faites ».

Quel chemin parcouru et par le pape et par les groupes du Renouveau charismatique qui sont une immense force dans plusieurs pays d'Amérique du Sud et d'Afrique de même qu'en Italie et en Inde, entre autres pays, et qui ont donné naissance à des communautés dont, en France, celle de l'Emmanuel (10 000 laïcs, prêtres, consacrés dans 64 pays) et celle du Chemin Neuf (près de 2 000 membres permanents dans vingt-six pays, et 12 000 personnes au service des missions de la communauté).

L’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) a présenté le 26 octobre 2016 devant la Commission des Institutions, son mémoire sur le projet de loi 62, portant sur la neutralité religieuse de l’État. La délégation était composée du président, Mgr Paul Lortie, évêque de Mont-Laurier, et des archevêques de Québec et de Montréal, Monsieur le cardinal Gérald Cyprien Lacroix et Mgr Christian Lépine.


Cardinal Lacroix, Mgr Paul Lortie et Mgr Chrisian Lépine présentant, le 26 octobre 2016, à Québec devant la Commission des Institutions, son mémoire sur le projet de loi 62, portant sur la neutralité religieuse.
Cardinal Lacroix, Mgr Paul Lortie et Mgr Chrisian Lépine présentant, le 26 octobre 2016, à Québec devant la Commission des Institutions, son mémoire sur le projet de loi 62, portant sur la neutralité religieuse.
Le mémoire de l’AECQ comporte trois parties, portant (1) sur la signification et la raison d’être de la neutralité religieuse de l’État, (2) la liberté de conscience et de religion, et (3) la valeur du pluralisme québécois actuel. J'ai lu avec intérêt ce mémoire qu'on peut trouver sur le site internet de l'Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) en cliquant ici.

Les remarques de la première partie frappent dans le mille et sont un apport que le gouvernement se devrait d'introduire dans son projet de loi. Elles peuvent se résumer à deux points. Le premier est la définition de la neutralité religieuse. « L’article 5, écrivent les évêques, contient bien une définition de la neutralité religieuse, mais ce n’est pas celle de l’État, mais son application au cas particulier d’ "un membre du personnel d’un organisme public", exprimée ainsi: "veiller à ne pas favoriser ni défavoriser une personne en raison de l’appartenance ou non de cette dernière à une religion" ». De leur côté les évêques ne le font malheureusement pas. Le second point est tout à fait logique et obvie. La neutralité n'est pas une fin, elle est un moyen. La fin poursuivie est la liberté de religion protégée par les Chartes fédérale et provinciale des droits de la personne. La neutralité religieuse de l'État fait partie des moyens pour assurer la liberté de religion, ce que les évêques notent avec bonheur.
Le Frère Charles de Foucauld  (1858-1916)
Le Frère Charles de Foucauld (1858-1916)
Ce témoignage de Mgr Pierre Gaudette, ancien doyen de la Faculté de théologie et ancien responsable national des Fraternités Jesus-Caritas, a été préparé à la demande du comité organisateur du Colloque Charles de Foucauld intitulé "Une spiritualité en marche!" à l'occasion du centenaire de sa mort. Ce colloque a lieu du 1er au 3 décembre 2016 à l'Université Laval, Québec, Canada. Il est dû à l'initiative de la Professeure Elaine Champagne, titulaire de la Chaire de leadership en enseignement en théologie spirituelle et spiritualités de la Faculté de théologie et de sciences religieuses (FTSR) de l’Université Laval.

Pour plus de détails sur le Bienheureux Charles de Foucauld, béatifié le ‎13 novembre 2005 par le pape Benoît XVI, voir la page que je lui ai consacrée dans mes notes de cours d'histoire de la spiritualité. Voir aussi dans le journal La Croix un article intéressant de Anne-Bénédicte Hoffner : "L’héritage à multiples facettes de Charles de Foucauld" le 1 décembre 2016



Dans une Église humble et pauvre, le témoignage de l’amitié

Le désir d’une Église humble et pauvre

20 février 1959 . Je suis en deuxième année de théologie au Grand Séminaire de Québec. Nous sommes environ deux cents séminaristes et nous nous préparons à emménager dans un tout nouvel édifice au coeur de la Cité Universitaire. Nous appartenons à une Église riche et puissante qui exerce son autorité sur toutes les couches de la population. Etre prêtre, c’est une profession valorisée qui inspire le respect. Ce jour-là, le père René Voillaume, disciple du père de Foucauld et fondateur des Petits frères de Jésus, est invité à nous donner une conférence. Pour plusieurs - dont je suis - c’est une découverte. Avec chaleur et conviction, il nous présente la figure de Charles de Foucauld et nous introduit dans une spiritualité toute centrée sur une relation intime à Jésus adoré dans l’Eucharistie et rencontré dans les pauvres, une relation qui provoque au dépouillement, à la simplicité, à l’abandon, à l’adoration, à l’amour fraternel. Son livre intitulé. Au coeur des masses, devient rapidement un best- seller au Grand Séminaire et il teinte la spiritualité de plusieurs générations d’étudiants.

Ce livre est le fruit de plus de cinq ans de recherches et d'enquêtes. Les auteurs se sont donné la peine de vérifier leurs affirmations. Au-delà des données recueillies, l'intérêt de leur enquête réside dans la méthode employée pour les classer et les mettre en relation les unes avec les autres. Cette méthode est inspirée de la sémiotique et ils la nomment la sémiométrie.


En quoi consiste-t-elle? Prenez par exemple le cinquième trait identitaire : "villageois". Ce terme du point de vue de la sémiométrie est le dénominateur commun d'un ensemble de mots comme campagne, conservateur, familial, local, nationaliste, partage, simplicité et traditionnel qui sont perçus plus favorablement par les Franco-Québécois que par les Anglo-Québécois. Pour les auteurs "le langage est le marqueur d'identité". C'est à partir de mots que se révèlent les traits identitaires.

Cette méthode fait ressortir sept traits identitaires propres aux Franco-Québécois. En effet, le Code Québec recherché se limite aux Québécois de langue française, les "canadiens-français" disait-on autrefois. Ceci étant dit, le portrait tracé par les sept traits retenus est très révélateur : heureux, consensuel, détaché, victime, villageois, créatif et fier. Ce sont ces traits qui forment le Code Québec et qui sont comme les terrains où les communicateurs de toutes sortes lancent leurs messages avec profit. Plusieurs exemples en sont donnés comme la campagne de publicité de Bell au milieu des années 90 avec Benoît Brière etc.

Dans la présentation de chaque trait identitaire, on fait appel à des enquêtes récentes, on illustre ce trait par des considérations tirées du marketing, on présente les mots sous le trait décrit et on donne les résultats chiffrés des enquêtes pertinentes. On le voit l'ouvrage a une structure simple. Il est agréable à lire. Le style est soigné sans être recherché. On peut le parcourir du début à la fin ou aller à tel ou tel trait identitaire selon son intérêt.

Tel est le message qu'a livré aux prêtres du Séminaire de Québec, lors d'une journée de ressourcement, Mgr Yvon-Joseph Moreau, évêque du diocèse de Ste-Anne-de-la-Pocatière au Québec, le 28 octobre 2016. Cette journée s'est tenue au Pavillon Jean-Olivier-Briand du Séminaire de Québec qui est la résidence des prêtres du Séminaire et des séminaristes du Grand Séminaire de Québec.


Mgr Yvon-Joseph Moreau, évêque de Ste-Anne de la Pocatière devant la statue de sainte Anne au Séminaire de Québec (Crédits photo : H. Giguère)
Mgr Yvon-Joseph Moreau, évêque de Ste-Anne de la Pocatière devant la statue de sainte Anne au Séminaire de Québec (Crédits photo : H. Giguère)
Mgr Moreau a commencé son entretien en citant la devise du pape François "Miserando et eligendo" qu'il a proposé de traduire ainsi "miséricordié et choisi" et pour appuyer ce départ, il s'est référé à la Règle de saint Benoît où celui-ci, après plusieurs citations de l'Écriture, conclut en écrivant "Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu".

Sur cette lancée, Mgr Moreau s'est attardé sur le mot "miséricorde". Il a noté à la suite de l'exégète Jean Duhaime dans Parabole de décembre 2015 que le mot français "miséricorde" avait été banni du psautier de la traduction dite Bible de Jérusalem au profit du mot "tendresse" ou "amour".

Inspiré par ce mot de Jean XIII : "Le plus beau nom et le pus bel attribut de Dieu c'est sa misréricorde", Mgr Moreau évoque les textes fondateurs du livre de l'Exode. Il rappelle qu'en Exode 34, 6 le Seigneur se présente comme un Dieu tendre et miséricordieux. C'est la "carte de visite" de Dieu, commente-t-il. Et en Exode 3. 7, où le Seigneur dit à Moïse "J'ai vu la misère de mon peuple, et j'ai entendu ses cris, je suis descendu pour le délivrer", Mgr Moreau voit là non seulement la vocation de Moïse, mais il y décèle derrière ces mots le coeur même de Dieu, la "vocation de Dieu". Car comme le dit le pape François "ignorer la souffrance de l'Humanité, c'est ignorer Dieu" dont le nom est "Miséricorde".

Lorsqu'on regarde et observe un "sujet qui prie", un "priant", on est renvoyé à une attitude, une expérience. Ce "sujet", cette personne met quelque chose en action. Il cherche à ouvrir un espace de communication, de dialogue.


Procession aux flambaux à Fatima le 24 septembre 2016 (Crédits photo : H. Giguère)
Procession aux flambaux à Fatima le 24 septembre 2016 (Crédits photo : H. Giguère)
L'attitude, l'expérience particulière qui se développe et apparaît alors prend naissance et origine (anthropologiquement et existentiellement)

- à partir d'un "aveu d'insuffisance" ouvrant sur l'altérité, sur une espace où vont pouvoir se nouer des rapports interpersonnels
- mais sans jamais enlever une sorte de tension faite de présence et d'absence, de proximité (d'union) et de distance (de séparation), de clarté radieuse et de nuit enténébrée...

La prière, en dernière analyse, est une réponse d'acceptation amoureuse du Dessein d'amour de Dieu, "formulée" ou rendue tangible d'une manière ou d'une autre.

La grâce ne détruit pas la nature. Il en est ainsi dans la prière comme dans toute activité spirituelle. Donc, je suis en droit de parler toujours de ma prière, même dans les plus hauts sommets de contemplation mystique. La prière reste toujours humaine. C'est le coeur, la voix d'un homme, d'une femme, qui se saisit dans sa relation à Dieu. D'où actualité permanente des psaumes.

« Le texte est très bon et il explicite parfaitement le sens du chapitre 8 d’Amoris laetitia. Il n’y a pas d’autre interprétation. Et je suis sûr que cela fera beaucoup de bien », écrit le pape François aux évêques de la région de Buenos Aires ses anciens collègues, soulignant que « c’est précisément la charité pastorale qui nous pousse à sortir pour rencontrer ceux qui sont éloignés, et une fois que nous les avons rencontrés, à entamer un chemin d’accueil, d’accompagnement, de discernement et d’intégration dans la communauté ecclésiale ».


L'assemblée du Synodes des évêques à Rome en 2015
L'assemblée du Synodes des évêques à Rome en 2015
Cette citation est reprise de l'article de Nicolas Senèze, à Rome, pour le journal La Croix le 12 septembre 2016 qui rapporte que le pape François a reçu de la part de ses anciens collègues un document proposant des règles précises pour l'application concrète d'« Amoris laetitia » dans leurs diocèses respectifs intitulé «Critères fondamentaux pour l’application du chapitre VIII de 'Amoris Laetitia'». En réponse à cet envoi, dans une lettre envoyée à ses confrères, il juge que leur projet pastoral permettant, dans certains cas, d’accueillir des divorcés remariés à la communion, « exprime pleinement le sens du chapitre 8 d'« Amoris laetitia », l'Exhortation apostolique qui a suivi six mois plus tard les deux assemblées synodales sur la famille en 2014 et 2015.

Mgr Pierre Gaudette P.H. qui a été professeur d'Éthique pendant de nombreuses années à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval (Québec) nous livre dans cet article se réactions au document du pape François sur la famille intitulé "La joie de l'amour" (Amoris laetitia).


La joie de l'amour
La joie de l'amour
Cet article préparé pour la revue Pastorale-Québec et paru dans cette revue, est publié ici avec l'autorisation de cette dernière, ce dont nous remercions chaleureusement le Rédacteur en chef, monsieur l'abbé René Tessier.

Deux grandes préoccupations traversent l’Exhortation post-synodale Amoris Laetitia: aborder les situations vécues, quelles qu’elles soient, avec respect et compassion; présenter l’idéal évangélique d’une façon stimulante et joyeuse, capable de rejoindre les aspirations les plus profondes des personnes. Cela est particulièrement manifeste dans le chapitre 8 de l’Exhortation où le pape aborde ce qu’il appelle « les situations irrégulières » qui contreviennent d’une façon ou de l’autre à la vision chrétienne du mariage et de la sexualité: la cohabitation, le mariage civil et surtout la situation des divorcés remariés qui a polarisé l’attention médiatique.

Marco Veilleux a rédigé cette critique dans le sillage du témoignage de Bernard Émond à l'Assemblée du clergé du Diocèse de Québecle le 7 mai 2016 et elle mérite une réflexion sérieuse. Les pasteurs et les chrétiens et chrétiennes y trouveront des points de référence qui permettent de sortir des habituelles et banales constatations sur l'état de l'Église au Québec et qui ouvrent des avenues nouvelles à emprunter...au plus vite. Nous vous la présentons avec l'autorisation de l'auteur qui en souhaite une large diffusion. Bonne lecture!


Sur le film « La divine stratégie » : la condition de l'Église québécoise et de son personnel par Marco Veilleux
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Marco Veilleux

Marco Veilleux est diplomé en théologie de l'Université Laval. Il a été directeur adjoint d'un centre d'éducation des adultes à Québec, puis rédacteur de la revue Vie liturgique (Ottawa). Il a publié une étude sur la vie et l'oeuvre de Simone Monet dans le livre Les visages de la foi (Fides, 2003), il a été membre de l'équipe du Centre Justice et foi à Montréal et directeur adjoint de la revue Relations. Il est actuellement adjoint aux communications pour les Jésuites du Canada français.

Le blogue de Marco Veilleux


Réunis à la Maison généralice des Soeurs de la Charité de Québec à Beauport, le 4 mai 2016, plus de 200 prêtres et diacres ont goûté avec avidité le témoignage de Bernard Émond dans le cadre leur Assemblée annuelle. Je transcris les notes que j'ai prises lors de ce témoignage émouvant. Elles ne prétendent pas rapporter textuellement la teneur de l'entretien. Elles sont un aide-mémoire qui permet, cependant, d'identifier une démarche riche de sens et d'interrogations.


Période de questions après le témoignage de Bernard Émond à Québec le 4 mai 2016  (Crédit photo : H. Giguère)
Période de questions après le témoignage de Bernard Émond à Québec le 4 mai 2016 (Crédit photo : H. Giguère)
Monsieur Émond commence par situer d'où il parle. Pour le bénéfice de l'auditoire constitué de prêtres et de diacres, il rappelle qu'il se définit comme agnostique ouvert sur le mystère plus grand que nous et il résume le tout par ces mots "Je suis baptisé, mécréant et catholique". C'est la culture canadienne-française qui l'a nourri, explique-t-il. Il en garde une nostalgie qui est, pour lui, l'indice d'un manque. Les modèles qui ont nourri son enfance, les saints, sont disparus de l'horizon chez les contemporains. "Aujourd'hui, dit-il, je me sens orphelin." C'est l'hédonisme, le chacun pour soi plutôt que la sainteté qui prend toute la place. Il manque de quelque chose d'essentiel. "C'est un orphelin qui vous parle".

L'essentiel transcendant j'en ai trouvé des traces dans plusieurs de vos célébrations, notamment des funérailles comme celles de Pierre Falardeau présidée par le Père Guy Paiement S.J. ou celle de Pierre Vadeboncoeur chez les dominicains de Côte Ste-Catherine. Je me sens à l'aise en dehors de milieux intellectuels. Ma famille est une famille de petites gens où le respect de la solidarité et des convenances sociales avait une grande importance. Admiration.

Le sacré s'en va aujourd'hui. Il reste la parole, mais on compose trop facilement avec ce que les gens désirent au lieu de les inviter à s'élever. Ainsi au lieu des beaux chants liturgiques lors de funérailles, on acceptera la chanson de France Gall Besoin d'amour composée par Luc Plamondon parce que les gens la trouvent belle. Rien là pour sortir de soi-même, élever le niveau, c'est la "petite musique de la transcendance". Le monde ne se ramène pas à nous-mêmes, ni à ce que nous attendons. Si nous ne nous dépassons pas dans un ailleurs transcendant, alors on se contente d'avoir du "fun", du "fun", du "fun" et du "fun" jusqu'à la fin [en québécois "avoir du fun" c'est se donner du plaisir seul ou en groupe].

La persécution, c’est « le pain quotidien de l’Église», sous deux formes, indique le pape François : la persécution sanglante et une grande apostasie, une persécution « idéologique ».


Le pape François à Quito lros de son voyage pastoral en en Équateur en 2015
Le pape François à Quito lros de son voyage pastoral en en Équateur en 2015
Le pape a commenté la lecture des Actes des apôtres lors de la messe quotidienne célébrée ce mardi 12 avril, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe du Vatican, rapporte Radio Vatican.

Il existe des persécutions sanglantes – être jeté aux fauves, ou être victime d’une bombe à la sortie de la messe – et des « persécutions en gants blancs, des persécutions culturelles, celles qui te confinent dans un recoin de la société, qui en viennent à te faire perdre ton travail si tu n’adhères pas aux lois qui vont contre Dieu Créateur», a expliqué le pape.

«La persécution, je dirais, c’est le pain quotidien de l’Église. Jésus l’a dit. Nous, quand nous faisons un peu de tourisme à Rome et allons au Colisée, nous pensons que les martyrs étaient ceux qui étaient tués avec les lions. Mais les martyrs n’ont pas été seulement ceux-là. Ce sont des hommes et femmes de tous les jours : aujourd’hui, le jour de Pâques, il y a à peine trois semaines… Ces chrétiens qui fêtaient Pâques au Pakistan ont été martyrisés justement parce qu’ils fêtaient le Christ Ressuscité. Et ainsi l’histoire de l’Église avance avec ses martyrs», a encore expliqué le pape François.

Puis il a ajouté : «Mais, il y a une autre persécution dont on ne parle pas tellement», une persécution «travestie de culture, travestie de modernité, travestie de progrès».
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